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Pour commencer à définir une ligne révolutionnaire

supernova
   Posté le 01-04-2024 à 11:17:16   

Pour commencer à définir une ligne révolutionnaire

Avec ces points, nous voulons participer, en tant que camarades de Supernova, à la discussion sur ce que signifie avoir une ligne révolutionnaire dans un contexte métropolitain et impérialiste aujourd'hui.

Le communisme

Nous nous disons communistes, non pas comme revendication d’une identité ni comme affirmation morale — la volonté de communisme peut d’ailleurs sans doute reposer sur des motivations philosophiques assez diverses —, mais comme référence à un sens et, avant tout, à un projet concret, précis, bien matériel. Société sans classes donc sans État, réalisation de l’humanité dans le sens de sa vocation, par la résolution dialectique des contradictions qui maintiennent l’humanité potentielle dans une phase primitive où l’humain est nié par la domination et l’exploitation de l’homme par l’homme. Cet espoir est le moteur et le but de notre combat; l’action révolutionnaire sur l’Histoire est donc la pratique devant réaliser cet objectif.
Alors nous parlons de Révolution, en redonnant à ce mot tout son sens, tout son poids, son extrême précision et son absolue globalité. Notre objectif est de faire la Révolution et d’instaurer le socialisme comme nouveau rapport social.
Cela détermine des choix politiques d’ordre stratégique. En effet, pour gagner notre libération de l’exploitation et de l’oppression, il s’agit de maîtriser notre situation au sein de l’Histoire. Dans l’action sur le présent, c’est notre futur que nous construisons. La réalité ne se morcelle pas, soit on la comprend dans sa totalité complexe, soit on ne la comprend pas et on reste un réformiste en essayant de préserver on ne sait quels acquis faisant partie intégrante des mécanismes de la domination bourgeoise. Les luttes partielles (économiques, sociales, idéologique et politique) sont importantes non pas seulement pour les victoires ou les défaites mais également pour l'accumulation de l'expérience et de force du mouvement prolétarien. Les processus révolutionnaires mêlent des éléments spontanés et organisationnels, des éléments de construction. Le socialisme n'est pas une idée tombée du ciel, mais un mode de production et d'organisation rationnel pour l'espèce humaine.
Être révolutionnaire, ce n’est pas être contre le développement historique du capitalisme, mais au contraire pour le dépassement de celui-ci ; c’est être pour la destruction du capitalisme par son dépassement historique, et non par la vaine tentative de ralentir son mouvement inexorable.

La crise et la composition de classe

La crise est un élément central de notre époque. Nous sommes depuis longtemps dans une crise générale de surproduction. Nous vivons dans un monde qui produit un excès de biens, qui ne peuvent être consommés avec une anarchie du marché. Cela est dû au fait que nous vivons dans une société fondée sur l'accumulation de la richesse sociale et son exploitation par le marché, et non sur les besoins de l'espèce humaine. Nous assistons aujourd'hui à une pénurie artificielle due à la lutte entre les différents blocs et monopoles économiques et aux mécanismes de la financiarisation. Dans les relations entre Etats, le capital financier opère par le biais d'investissements de portefeuille (c'est-à-dire spéculatifs), de crédits, de création de succursales et de filiales (avec rapatriement des bénéfices), etc. et, en règle générale, domine ; le capital industriel, quant à lui, se limite à l'exportation de marchandises et, par conséquent, est presque toujours en difficulté. Cela se traduit par des changements dans l'organisation du travail. La classe ouvrière industrielle (le cœur de la plus-value) a augmenté (l'immense atelier asiatique), mais son nombre a diminué proportionnellement au nombre total de prolétaires salariés ou de secteurs en voie de prolétarisation. Parallèlement à ce phénomène, nous assistons à la fluctuation de plus en plus évidente entre l'armée industrielle active et de réserve, avec une augmentation des prolétaires sans réserve.
Les zones métropolitaines concentrent aujourd'hui les masses populaires et les principales portions de la classe ouvrière et du prolétariat en général, créant de nouvelles jungles urbaines. A cette réalité statistique correspond une donnée politique : la ville est aujourd'hui le cœur du système, le centre organisateur de l'exploitation économico-politique. Mais c'est aussi le point le plus faible du système : là où les contradictions apparaissent les plus aiguës, là où le chaos organisé qui caractérise le capitalisme dans sa phase impérialiste est le plus évident, là où les scissions politiques affectent verticalement l'ensemble du tissu social. C'est sur ce terrain que le prolétariat moderne émerge le plus impétueusement, où il prend conscience de son unité. C'est ici, en son cœur, que le système doit être frappé.
Il existe un lien dialectique entre crise et lutte des classes. Cependant, lorsque nous parlons de processus de crise, nous ne parlons jamais de l’effondrement automatique du capitalisme, son dépassement ne sera possible que par la lutte des classes.

L'impérialisme et les tendances à la guerre

Nous sommes à l'intérieur de l'époque impérialiste, la phase suprême et ultime du capitalisme. Une phase où le monopole et la concurrence dominent et où les contradictions sont de plus en plus aiguës. Dans l'impérialisme, c'est l'omnipotence de l'oligarchie financière qui domine, conséquence de la domination du capital financier : tout cela met à nu le caractère brutalement parasitaire du capitalisme monopoliste, rend cent fois plus fort le joug des trusts et des lobbies capitalistes.
La concurrence commerciale n'est pas l'indicateur principal de la phase impérialiste, les rivalités inter-impérialistes sont le facteur prédominant. Le déficit commercial de l'Amérique est l'un des plus élevés, ce qui ne l'empêche pas de rester le "gendarme" du monde, de continuer à dicter sa loi à tout le monde, de la métropole à la périphérie.
L'impérialisme, c'est la guerre, la guerre, c'est la militarisation, à la fois contre les différents fronts extérieurs, mais surtout contre son propre front intérieur (contre les masses populaires de son propre pays).
Cela n'enlève rien au fait que la phase impérialiste est multiforme. Et elle peut comporter des moments de connectivité liés à la médiation des conflits, mais il faut toujours tenir compte du contexte transitoire de ces moments. La bourgeoisie, dans toutes ses factions, avec des phases et des intensités différentes, utilise toujours la force et la violence, elle change seulement son statut de "potentiel" à "cinétique": les classes dirigeantes conservent toujours le monopole de la violence, son utilisation directe détermine/est liée aux étapes dans la lutte des classes.
La forme démocratique reste cependant la meilleure enveloppe pour la bourgeoisie impérialiste : "la république démocratique est la meilleure enveloppe possible pour le
capitalisme ; c'est pourquoi le capital, ayant pris possession de cette enveloppe - qui est la meilleure - fonde son pouvoir si fermement, si sûrement, qu'aucun changement, ni de personnes, ni d'institutions, ni de partis au sein de la république démocratique bourgeoise ne peut l'ébranler", Lénine.
L'analyse de l'interaction et de l'interpénétration des stratégies de la contre-révolution au niveau mondial doit être considérée comme la clé de la compréhension, en dépassant la fausse opposition entre "eurocentrisme" et "tiers-mondisme". Comprendre quelles factions de la bourgeoisie prennent en charge les mécanismes de commandement actuels, non pas pour sauver un camp, mais pour avoir toujours la capacité d'analyser l'ennemi de manière dialectique et donc scientifique, et d'analyser leurs rapports de force et leurs conflits réels. Les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Allemagne, l'Angleterre et la France représentent les principaux pays impérialistes. Les États-Unis représentent toujours la principale contradiction dans le monde d'aujourd'hui. Cependant, l'analyse selon laquelle ces différentes forces impérialistes s'affrontent dans une bataille interimpérialiste de plus en plus féroce reste centrale. Cela se manifeste par un système de pays capitalistes qui s'affrontent dans une hiérarchie de force et d'hégémonie basée sur des groupements et des blocs plus ou moins stables. Une théorie du moindre mal aujourd'hui revient donc à accepter le présent : la guerre impérialiste. Le nœud politique de la guerre devient ainsi un axe central de la stratégie de lutte des communistes, non pas en fantasmant sur d'éventuels équilibres ou harmonies internationaux, mais en se demandant comment transformer aujourd'hui, dans ce contexte social spécifique, cette tendance à la guerre en un instrument d'action pour les communistes.

L'objectivité des contradictions

Face à ces processus de crise, le mouvement communiste s'arrête à l'analyse ou à la constatation de la crise et de la perspective de dépassement du capitalisme, mais ne parvient pas à se développer en conséquence de ces prémisses, à assumer une perspective politique et une forme d'organisation conséquentes.
D'une part, le système bourgeois impérialiste non seulement ne s'effondre pas de lui même, sans que la classe prolétarienne ne le renverse, mais chaque jour où il parvient à rester debout malgré l'objectivité de la crise, il se renforce subjectivement dans un sens contre-révolutionnaire, dans l'acte politique même de réussir à imposer le poids de la crise sur les épaules du prolétariat, des masses populaires et des peuples opprimés.
Ce n'est pas un hasard si la bourgeoisie s'est emparée de la notion de crise, que seuls les "utopistes communistes" concevaient auparavant. L'opération idéologique vise à transformer sa faiblesse objective en force subjective : étant donné que l'alternative historique au capitalisme, le communisme "le mouvement réel qui abolit l'existant" n'a pas de force subjective. L'objectivité des contradictions capitalistes devient ainsi la seule réalité possible, à laquelle le prolétariat et les masses populaires doivent se soumettre.
Nous sommes passés, dans la rhétorique impérialiste occidentale, du meilleur des mondes possibles, proclamé après l'effondrement de l'URSS, au seul monde possible. Que ce soit celui de l'austérité, de la précarité économique et sociale pour les nouvelles générations, du sort du prolétariat de plus en plus écrasé par l'arrogance et le pouvoir patronal, de la misère qui sévit même ici en Europe.
C'est un monde marqué par les tendances à la guerre impérialiste, comme nous le voyons en permanence et principalement dans la politique internationale et nationale, par la création de fronts extérieurs (les missions des guerres se succèdent de plus en plus rapidement) et de fronts intérieurs dans les métropoles impérialistes, par la criminalisation de masses de nouveaux damnés de la terre.
Le poids de l'objectivité des contradictions du capitalisme, face à l'avancée de plus en plus grave des processus de crise, devient un poids subjectif que la classe dominante utilise contre les dominés, en l'absence d'une perspective autonome de la part du prolétariat et des masses populaires. Comme le racisme et la " guerre des pauvres " chez les prolétaires nationaux en France, qui devient l'habillage idéologique de la peur d'un nouveau recul de leur condition sociale, du fait de la disponibilité sur le marché du travail d'autres prolétaires " étrangers " plus affamés et donc plus achetables à vil prix, car l'unité des exploités contre l'ennemi commun ne se concrétise pas. Unité qui devrait reposer sur les besoins et la nécessité pour les prolétaires de s'unir, de se solidariser et de lutter pour défendre leurs intérêts de classe.
L'aspect objectif de la crise ne détermine pas l'effondrement spontané du système, ni n'implique automatiquement la perte de l'hégémonie des classes dominantes, ni n'ouvre nécessairement des espaces pour la perspective communiste révolutionnaire - mais pas non plus pour la perspective - antagoniste du prolétariat et des classes populaires. Ce qu'elle détermine, c'est exclusivement un terrain sur lequel les communistes et les militants actifs du prolétariat peuvent s'ouvrir des espaces.

Utiliser la crise et la guerre

Les guerres, les processus de crise économique et politique sont les terrains sur lesquels les révolutionnaires ont le devoir d'intervenir. Les communistes doivent utiliser la crise et la guerre. Mais comment ? "Pour le marxiste, il ne fait aucun doute que la révolution n'est pas possible sans une situation révolutionnaire et que toutes les situations révolutionnaires ne mènent pas à la révolution". Dans ce passage de Lénine, la vérité est processus, puisqu'elle est la connaissance du passage d'une situation révolutionnaire à une révolution. Quand la crise économique et politique se transforme-telle en situation révolutionnaire ? Lénine l'explique ainsi : 1) l'impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sans en changer la forme ; toute crise dans les couches supérieures, une crise dans la politique de la classe dominante qui ouvre une fissure dans laquelle s'engouffrent le mécontentement et l'indignation des classes opprimées. Le secret de l’éclatement de la révolution ne réside pas seulement dans le fait que les couches inférieures ne veulent pas, mais aussi en ce que les couches supérieures ne peuvent plus vivre comme par le passé. L'état de crise se transforme en révolution lorsque la dialectique indiquée par Lénine s'établit entre les couches inférieures et supérieures de la société. Les deux autres symptômes principaux sont les suivants : 2) une aggravation, plus grande que d'habitude, de la détresse et de la misère des classes opprimées ; 3) en vertu des causes susmentionnées, une augmentation significative de l'activité des masses qui, en période "paisible", se laissent piller tranquillement, mais qui, en période de tempête, sont poussées, à la fois par l'ensemble de la crise et par les couches supérieures elles-mêmes, à l'action historique indépendante.
Une telle indication précise des symptômes devient nécessaire pour l'évaluation et la pratique politiques. Plus l'analyse de la situation objective est précise, plus la nécessité d'une transformation subjective devient évidente : sans ces changements objectifs, indépendants de la volonté, non seulement des groupes et des partis , mais aussi des classes , la révolution, en règle générale, est impossible. La révolution ne naît pas de chaque situation révolutionnaire, mais seulement dans les cas où, aux transformations objectives mentionnées ci-dessus, s'ajoute une transformation subjective, c'est-à-dire la capacité du prolétariat à mener des actions révolutionnaires de masse suffisamment fortes pour briser (ou au moins fissurer) "l'ancien gouvernement" qui, même en période de crise, ne "tombera" jamais s'il n'est pas "abattu".

Objectif et subjectif

Dans son analyse, Lénine considère le rapport entre le mouvement subjectif des classes, les classes dominantes et les classes opprimées, c'est-à-dire entre la forme de pouvoir des premières et l'activité combative des secondes, et le place dans une condition objective précise, c'est-à-dire dans un contexte déterminé de crise qui aggrave les conditions de vie des masses elles-mêmes.
Si donc aujourd'hui l'accroissement objectif de l'oppression (économique, sociale, politique) est visible, en ce qui concerne les facteurs subjectifs de l'évolution des masses opprimées, l'analyse et l'investigation doivent être approfondies et actualisées. Que signifie aujourd'hui intervenir au sein d'une métropole impérialiste ? Quels sont les blocs sociaux qui composent les métropoles impérialistes ? Quelles sont les caractéristiques de la crise et de l'organisation du travail aujourd'hui ?
La bourgeoisie impérialiste a développé un patrimoine stratégique et tactique pour la préservation et la reproduction de son hégémonie à la fois sur la forme de son pouvoir sur les autres classes et contre l'émergence d'un mouvement indépendant des classes opprimées. Il l'a fait en confrontation avec le mouvement communiste et prolétarien dans le contexte de ce que nous appelons la contre-révolution préventive.
Le développement des régimes démocratiques parlementaires a stabilisé le pouvoir de la bourgeoisie en lui donnant la forme la plus variable possible. La forme démocratique permet de "gouverner" les bouleversements et les contradictions sociales, mais sans laisser aux classes révolutionnaires la possibilité de mener des actions révolutionnaires de masse suffisamment fortes pour briser ou saper les anciens gouvernements. L'ancienne forme fasciste a échoué dans ses tentatives de "nier" ces turbulences et contradictions sociales (une société sans conflits sociaux, sous un même drapeau ou une même race). La fascisation de la société, l'autoritarisme et la centralisation des forces économiques et politiques, l'état d'urgence permanent, la dé-intégration sociale ne sont pas des facteurs qui s'opposent à la formule de la démocratie impérialiste.
Les appareils de domination de la bourgeoisie sur la classe prolétarienne, mis en place au fil des décennies, ont visé non pas tant à empêcher l'accroissement significatif de l'activité des masses qu'à empêcher le développement de l'action autonome du prolétariat. Il suffit de penser au rôle passé et présent des syndicats, des mouvements et partis "d'opposition" bourgeois, des ONG, des mouvements de masse populistes, réactionnaires, social-libéral, social-démocratique au cours des dernières années de crise en Europe et aux États-Unis.
Le terrain objectif de la crise oblige, d'une part, la bourgeoisie impérialiste à reproduire sa domination, en développant le patrimoine qu'elle a accumulé dans l'exercice de son pouvoir dans la confrontation de classe. D'autre part, le prolétariat et les masses populaires passent constamment d'une tendance spontanée positive à la rébellion - qui s'exprime avec les formes et les forces dont ils disposent - à sa récupération dans le cadre de la reproduction de la domination de la bourgeoisie impérialiste. Seule une action politique subjective - inévitablement menée par l'avant-garde de la classe prolétarienne - peut briser ce cycle dialectique réactionnaire pour développer la contradiction de classe dans un sens révolutionnaire.
C'est le rôle des communistes dans le présent, qu'ils doivent exercer, pour éviter de s'enliser, inconsciemment ou non, dans la dialectique entre la rébellion sans révolution et la récupération réactionnaire par la classe dirigeante. Cela signifie tirer les leçons du passé, agir dans le présent et transformer l'avenir.

Le marxisme-léninisme

Sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de processus révolutionnaire, C'est pourquoi il est essentiel d'utiliser le marxisme-léninisme, qui n'est pas une culte mais une science moderne, c'est-à-dire un outil.
Le terme marxisme-léninisme doit être lu comme une vulgarisation du concept de socialisme scientifique, qui n'est pas né dans la tête d'une ou plusieurs personnes, mais qui est né comme une théorie du prolétariat moderne, et comme une science qui progresse par essais, erreurs et approximations.
Le marxisme-léninisme pour nous signifie la relation qui existe entre le parti révolutionnaire et l'autonomie-hégémonie du prolétariat, entre la lutte révolutionnaire et l'action de résistance des masses populaires, entre la conscience politique et la lutte pour ses propres intérêts et besoins, pour transformer l'élément positif de la rébellion en une tendance à la révolution. Dépasser tous les particularismes pour adopter un point de vue général : le pouvoir du peuple, c'est-à-dire le socialisme.
L'histoire du mouvement communiste et ouvrier est déjà longue, faite de révolutions victorieuses, d'États socialistes fondés sur le pouvoir populaire, mais aussi de défaites et de l'hégémonie du réformisme. Faire le bilan de ce qu'a été le mouvement communiste au XXème siècle, c'est d'abord ne pas vivre dans le mythe du passé.
Nous devons être capables d'appliquer la méthode d'analyse marxiste-léniniste à notre réalité afin d'identifier correctement les problèmes fondamentaux de l'état actuel de la lutte des classes.
Le marxisme-léninisme se distingue de toutes les théories de la "gauche" parce qu'il ne lie pas la lutte des classes à une forme déterminée de lutte. Il admet les formes les plus diverses et ne les invente pas, mais se contente de les généraliser et de les organiser, et d'introduire la conscience dans les formes de lutte de classe révolutionnaire qui surgissent spontanément au cours du conflit entre les classes elles-mêmes. À cet égard, le marxisme-léninisme apprend, pour ainsi dire, de l'expérience pratique des masses, et il est étranger à la prétention d'enseigner aux masses des formes de lutte conçues sur un clavier d'ordinateur. Ce processus : de “praxis-théorie-praxis”, devient de plus en plus efficace lorsqu'il est dialectiquement lié au développement de l'autonomie prolétarienne (la capacité d'agir pour ses propres besoins et intérêts) et du Parti révolutionnaire. La subjectivité politique (les militants révolutionnaires, le parti) et la subjectivité sociale (la résistance des masses populaires) sont deux éléments liés mais néanmoins distincts. Des phénomènes tels que les mouvements de masse réactionnaires (dans le passé comme dans le présent) exigent une lecture non mythologique des l'action de masses. Tout comme il est essentiel d'analyser la lutte des classes non seulement comme une simple lutte entre ouvriers et patrons, mais aussi comme un ensemble de relations et de conflits entre les différentes classes et entre les classes elles-mêmes. Apprendre des masses à partir de leur capacité de résistance est un trait fondamental du marxisme-léninisme, mais cela signifie aussi avoir la même capacité à utiliser les armes et la science de l'ennemi et savoir les rejeter contre lui.

Parti révolutionnaire et autonomie prolétarienne

Le processus de reconstruction d'un Parti révolutionnaire ne repose pas sur la simple croissance quantitative de sa ligne. Aucun groupe communiste en France aujourd'hui n'a le potentiel pour devenir ou être le Parti révolutionnaire. Par conséquent, même si nous fonctionnons comme des groupes, des fractions ou des partis séparés de communistes et de révolutionnaires, accumulant des expériences et mûrissant des projets, nous devons être conscients que, isolés, nous ne serons jamais en mesure de réaliser des stratégies réellement supérieures. Nous devons faire des pas vers l'unité des communistes, en partant des principes et de la confrontation des lignes stratégiques pour résoudre les tâches de la révolution d'aujourd'hui. Cependant, le processus de reconstruction et d'unité des communistes n'est pas une bataille académique, il nécessite un travail direct qui compare différentes méthodes d'action et tactiques. Et ce processus doit être traduit en pratique pour être crédible.
Le travail de reconstruction du parti révolutionnaire se base sur la recherche d'une perspective révolutionnaire crédible dans le présent, qui se réalise dans la recherche "celui qui n'a pas fait l'enquête n'a pas le droit à la parole" Mao Tsé Toung, dans l'accumulation d'expériences d'action "Dans toute guerre, chaque action introduit une désorganisation de papier dans les rangs des combattants, mais il ne faut pas en déduire qu'il ne faut pas se battre. Il faut en déduire qu'il faut apprendre à se battre" Lénine, et enfin dans la capacité à organiser les éléments les plus avancés du prolétariat. Ces cadres prolétariens sont l'axe central de notre action de masse, ils sont le lien qui nous permet de nous unir réellement aux masses populaires et au prolétariat en particulier. Aujourd'hui, même en l'absence de parti, il faut agir dans un esprit de parti. Mais quel parti voulons-nous ? Un parti n'est pas un tout métaphysique et a-historique. Les formes et les actions de l'organisation sont liées aux rapports de force entre les classes, qui modifient dialectiquement les rapports eux-mêmes. Parti qui doit adopter une position générale et donc politique et militaire vis-à-vis de nos ennemis de classe.
Aujourd'hui, bien que nous soyons l'une des nombreuses fractions de communistes, nous luttons pour la construction d'un parti communiste de cadres ayant une fonction de masse. C'est-à-dire une organisation capable d'intervenir et de promouvoir l'autonomie prolétarienne, dans le respect des formes et des actions que les masses populaires se donnent aujourd'hui comme terrain de lutte. La fonction des communistes est de ramener le plan des contradictions à un niveau plus général, en se débarrassant des catégories de la bourgeoisie (extrême droite, libéraux et conservateurs, réformistes), et en même temps identifier les organes de domination de la bourgeoisie (l'Etat impérialiste) comme la cible et le terrain de notre lutte.

Conclusions

Nous vivons une époque marquée par la vitesse, qui se traduit également par une politique schizophrénique, conduisant à des exaltations faciles et à des désillusions tout aussi rapides. Ne pas se laisser entraîner dans cette dynamique est déjà une dure bataille pour les communistes d'aujourd'hui. Nous détestons les indifférents, les conformistes, tout autant que l'activisme vide.
Travailler à la construction du parti révolutionnaire et au développement de l'autonomie du prolétariat, c'est avoir la capacité de développer une politique qui remette au centre la catégorie de l'hégémonie et du pouvoir. Nous devons créer et participer à des fronts parmi les masses populaires, à différents niveaux (économique, social, politique, etc.). Notre travail de recherche, notre combat idéologique, notre action visent à créer un lien direct avec les masses populaires. Rejeter ce terrain, signifie se cacher dans une tour d'ivoire.
Supernova est une outil de recherche, d'enquête et de liaison au service du travail politique pour tous les camarades qui considèrent le travail à la construction de l'organisation révolutionnaire comme l’élément fondamental, en participant activement aux fronts de lutte et d'organisation, pour le développement de l'autonomie prolétarienne. Nous devons rêver et donner une forme organisée à nos rêves!

Supernova, revue communiste
Marseille, 2024
Mengistu
   Posté le 26-05-2024 à 15:05:53   

"Nous vivons une époque marquée par la vitesse, qui se traduit également par une politique schizophrénique, conduisant à des exaltations faciles et à des désillusions tout aussi rapides. Ne pas se laisser entraîner dans cette dynamique est déjà une dure bataille pour les communistes d'aujourd'hui."

je suis d'accord donc votre conclusion plutôt que de rejoindre des organisations qui existent depuis plusieurs décennies c'est de construire un enième groupuscule qui ne va pas durer. En tous cas pour avoir vu de mes yeux, c'est encore du sectarisme de gauche stérile qui parle beaucoup et ne fait rien de concret