Sujet : La polémique sino-albanaise | | Posté le 30-06-2006 à 23:21:13
| @Finimore A lire à tête reposée... Voici un élément concernant les raisons des Chinois dans l'arrêt de l'aide à l'Albanie en 1978. Article d'HR bimensuel n°35 (26 juillet 25 août 1978) supplément à l'Humanité Rouge n°918 La Chine met fin à son aide à l'Albanie (Extraits de la note du ministère chinois des affaires étrangères) Nos lecteurs ont appris par les journaux et la radio-télévision que la Chine avait pris la décision de mettre fin à son aide à l'Albanie et de rappeler ses experts. Une note du ministère chinois des Affaires étrangères explique les raisons qui ont amené la Chine à cela. Pour donner à nos lecteurs un certain nombre d'éléments d'information sur cette question nous en publions de larges extraits. Partant de son désir de promouvoir l'amitié entre les deux peuples et de développer les relations amicales entre les deux pays et suivant les principes du marxisme-léninisme et de l'internationalisme prolétarien, le gouvernement chinois, à la demande du gouvernement albanais, a accordé depuis 1954 une aide économique et militaire à l'Albanie. L'exécution des accords conclus entre la Chine et l'Albanie exige du gouvernement chinois une dépense de plus de dix milliards de yuans (renminbi) dont la plus grande partie a déjà été payée. La Chine a accepté d'aider l'Albanie à entreprendre en tout 142 projets de construction complets dont 91 ont été achevés, 23 sont pratiquement accomplis ou en cours de réalisation et 17 ont fait l'objet de travaux d'étude ou de conception. La Chine a apporté son aide à l'Albanie alors qu'elle faisait face elle-même à de nombreuses difficultés. Nous vous avons livré 1 800 000 tonnes de céréales, bien que nous n'en ayons pas en abondance. Nous vous avons fourni plus d'un million de tonnes de produits en acier, en dépit de l'insuffisance d'acier chez nous. Nous vous avons procuré plus de 10 000 tracteurs, alors que le degré de mécanisation agricole dans notre pays est encore bas et que nous devons compter principalement sur le labeur des hommes et des bêtes de trait. Malgré notre faible capacité de production électrique, nous vous avons prêté notre aide qui vous a permis d'achever ou pratiquement d'achever la construction de centrales de diverses dimensions totalisant une puissance installée de 885 000 kwh, de sorte que la production électrique de l'Albanie dépasse ses besoins. Nous avons fourni à vos forces armées des tanks et des chars d'assaut de fabrication chinoise avant même d'en équiper nos propres troupes. S'agissant des équipements complets à l'usine d'engrais azotés de Fieri, nous n'étions pas en mesure de les fabriquer nous-mêmes, donc nous avons dû les acheter avec des devises dont nous avions grand besoin pour les réexporter en Albanie. Nous avons mené des expérimentations spéciales et procédé à la production d'essai pendant plus de dix ans, dépensant plus de 100 millions de yuans (renminbi) pour votre complexe métallurgique utilisant comme matières premières une paragenèse albanaise en latérite composée de nickel, de cobalt, de fer et de chrome, parce que nous n'avions pas d'expérience pratique à cet égard et qu'il nous était impossible d'acquérir au marché international la technologie et les équipements demandés. A présent, sur les vingt-deux ateliers de ce complexe, vingt ont été achevés et mis en fonctionnement. Le projet a permis à l'Albanie de produire pour la première fois du fer et de l'acier en mars 1976... La Chine a une base économique et technique faible; de plus, ces dernières années, son économie nationale a été affectée par le sabotage de Lin Piao et de la bande des Quatre ainsi que par de graves calamités naturelles. Nous ne sommes donc pas en mesure de satisfaire entièrement les demandes d'aide croissantes de la partie albanaise, de lui donner tout ce qu'elle désire et quand elle veut. Toutefois, le peuple chinois peut dire avec la conscience tranquille, qu'animé de l'esprit internationaliste prolétarien, il a déployé le maximum d'effort en faisant des économies sur l'habillement et la nourriture pour mener à bien son aide à l'Albanie. Il convient également de souligner que ces dernières années, la partie albanaise a sans cesse attaqué par insinuation la politique intérieure et extérieure de la Chine et que malgré cela, nous avons continué à remplir notre devoir d'aide. En 1975, nous avons consenti un nouveau prêt sans intérêt de 500 millions de yuans (renminbi) et signé un nouvel accord d'aide militaire gratuite. Depuis le 7e congrès, les dirigeants albanais ont attaqué ouvertement et avec perfidie le grand dirigeant du peuple chinois, le président Mao et le Parti communiste chinois, blessant gravement les sentiments du peuple chinois. Même dans ces circonstances, la Chine, gardant à coeur l'amitié entre les deux peuples, a poursuivi son aide à l'Albanie et les experts chinois ont continué d'exécuter les accords et de travailler à leur poste. Depuis 1977 jusqu'à ce jour, la Chine a expédié en Albanie environ 300 000 tonnes de matériel dans le cadre de l'assistance économique et militaire, a aidé ce pays à réaliser, ou pratiquement réaliser, dix projets de construction, a accepté la demande du gouvernement albanais en remettant à la période 1991-2000 le remboursement du crédit de 217000 000 yuans (renminbi) qui devait se faire avant 1980 et a signé un accord sur la fourniture sans contrepartie à l'Albanie de pièces de rechange pour les équipements militaires. Les sincères sentiments amicaux du gouvernement et du peuple chinois à l'égard du peuple albanais, de même que leur bon désir de préserver la coopération entre les deux pays, n'échappent pas au peuple, aux cadres et aux soldats albanais... Mue par ses besoins politiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, la partie albanaise, tout en intensifiant ses activités antichinoises sur le plan politique, entreprend maintenant de dénigrer sans vergogne l'aide chinoise à l'Albanie et de saper la coopération économique et militaire entre les deux parties. Des nombreux faits, nous n'en citons ici que quelques uns à titre d'exemple. 1. Pendant le premier trimestre de 1978, le vice-ministre albanais de l'industrie et des Mines menait avec nous des discussions sur la réalisation avec l'assistance chinoise de projets de construction tels que le complexe métallurgique, il nous a demandé arbitrairement de fixer, en l'absence des résultats de l'expérimentation, le calendrier de livraison des plans et des équipements destinés aux ateliers de laminage des tôles à froid, de tubes sans soudure et à la fonderie. Nous n'avons pas accepté cette demande déraisonnable, alors il a refusé de poursuivre les consultations en affirmant que ce que la partie albanaise avait dit était " définitif et catégorique ", et il a insolemment rompu les discussions, ce qui a non seulement empêché de résoudre, au moyen de consultations, les nombreuses questions en suspens, mais interrompu le travail d'assistance portant sur les ateliers de laminage des tôles à chaud et de soudure des tubes, travail au sujet duquel les deux parties étaient déjà parvenues à un accord. "La raffinerie de pétrole polyvalente de Ballsh fonctionne dans des conditions caractérisées par une température élevée et de hautes pressions, et ses produits sont inflammables et explosibles. Les experts chinois ont donné, il y a longtemps, des indications détaillées aux responsables et aux ouvriers de cette usine en insistant sur la nécessité d'observer strictement les règles des opérations. Mais après la mise en service de ladite raffinerie au début de 1978, la partie albanaise n'a pas suivi les indications techniques données par les experts chinois ni respecté les règles des opérations, ce qui fait qu'en plus de trois mois, il s'est produit successivement huit graves accidents. Par exemple, suivant les consignes, la teneur en eau du pétrole brut utilisé dans l'unité de raffinage -hydrogénation ne doit pas dépasser un pour cent, pourtant, la partie albanaise a même utilisé, dans la production d'essai, du pétrole brut dont la teneur en eau atteignait 70 %, provoquant ainsi l'arrêt du fonctionnement de l'unité, ce qui est encore plus grave, c'est que la partie albanaise, à l'insu des experts chinois, a fermé les valves du dispositif de cokéfaction mis en marche normale pour le faire fonctionner à température excessive. Cette façon d'agir visait sans aucun doute à créer de graves accidents pour en attribuer la responsabilité aux experts chinois et ternir l'image de la Chine. (Suivent six autres points dont voici le dernier). 8. Le 29 avril et le 20 mai 1978, le ministère albanais des Affaires étrangères a envoyé à l'ambassade de Chine en Albanie des notes dans lesquelles il portait des accusations sans aucun fondement, alléguant que les experts chinois " avaient le dessein délibéré de nuire à l'économie albanaise" et que la Chine, " en violation" des accords, " avait dressé des obstacles " dans son assistance à l'Albanie, et " porté gravement atteinte" à l'économie de l'Albanie. Le 7 juin 1978, le ministère chinois des Affaires étrangères a adressé à la partie albanaise une note de réponse dan laquelle il a exprimé le voeu que les deux pays, au moyen de notes, échangent des vues et règlent les divergences surgies dans la coopération bilatérale, pour que celle-ci puisse se poursuivre. Cependant, l'ambassadeur d'Albanie en Chine a même refusé d'accepter ladite note et de résoudre les problèmes par voie de consultations. Tous ces faits montrent que la direction albanaise s'est décidée à aller toujours plus loin dans la voie anti-chinoise, violant délibérément les accords conclus entre les deux parties sur l'assistance de la Chine à l'Albanie, calomniant et incriminant faussement les experts chinois et sabotant systématiquement, selon un plan préétabli, la coopération économique et militaire entre les deux pays. Cela nous a mis dans l'impossibilité de continuer notre travail d'assistance. De plus, vous avez bloqué la voie du règlement des problèmes à travers des consultations. Dans ces circonstances, le gouvernement chinois n'a d'autres choix que de mettre fin à son aide économique et militaire à l'Albanie, de cesser ses paiements à titre d'assistance à cette dernière et de rappeler ses experts économiques et militaires qui travaillent en Albanie. Le gouvernement chinois espère que le gouvernement albanais accordera aux experts chinois des facilités pour leur retour au pays. Que les relations de coopération économique et militaire entre les deux pays aient été sapées, cela est du exclusivement à la partie albanaise, et l'entière responsabilité en incombe à cette dernière. Le gouvernement chinois attache invariablement un grand prix à l'amitié qui lie les peuples chinois et albanais, et il espère toujours que des rapports normaux pourront se maintenir et se développer entre la Chine et l'Albanie...
Message édité le 30-06-2006 à 23:22:03 par Melestam |
| | Posté le 30-06-2006 à 23:24:12
| @Finimore HR Bimensuel n°36 (24 août au 7 septembre 1978 ) p.12 supplément à l'Humanité Rouge n°918 Albanie : des coups portés à la révolution mondiale. Dans une lettre de cinquante pages, en date du 29 juillet 1978, le Comité central du Parti du travail d' Albanie s'est adressé au monde entier à propos de la cessation des aides et crédits de la République populaire de Chine à l'Albanie, qualifiée comme un " acte réactionnaire accompli à partir de positions de grande puissance, comme un acte qui renouvelle, par son contenu comme par sa forme, les féroces méthodes chauvines de Tito, Khrouchtchev et Brejnev, que la Chine a naguère dénoncées. " Selon cette lettre de la direction du PTA, l'aide chinoise visait " à dicter et à imposer à notre pays des points de vue politiques et idéologiques qui sont en opposition avec le marxisme-léninisme ", " la direction du PCC ne connaît pas d'autre voie que la voie du diktat et de l'imposition de ses points de vue aux autres, en particulier aux petits. ". Spéculant ainsi sur un réflexe répandu qui consiste à prendre partie contre les " gros ", pour les " faibles ", la direction du PTA cherche à accréditer l'idée que la République populaire de Chine se comporte à son égard comme s'était comportée l'URSS de Khrouchtchev avec l'Albanie et la Chine au début des années soixante. L'" aide " soviétique consistait, à l'époque, à écouler du matériel périmé dans bien des cas, à pratiquer des échanges inégaux et le chantage. La réalité de l'aide Chinoise Or, pour quelqu'un qui a visité l'Albanie, il est clair que l'aide chinoise a toujours été d'une grande qualité et d'un haut niveau technologique. Les équipements sidérurgiques ou hydroélectriques réalisés en Albanie avec la collaboration de la République populaire de Chine, qui ont permis à l'Albanie de se suffire à elle-même en électricité et même plus, sont d'un niveau d'avant-garde en République populaire de Chine elle-même. De plus, les Albanais, cadres et ouvriers, ont toujours vanté aux visiteurs la qualité idéologique de leur collaboration avec le gouvernement et les techniciens chinois, la donnaient en exemple, à juste titre, d'une coopération réalisée sur un pied d'égalité à l'opposé du comportement des techniciens soviétiques et de la nature de l'aide de l'URSS à la fin des années cinquante. Comme le rappelle le gouvernement de la République populaire de Chine dans sa note du 7 juillet sur l'interruption de son aide, la partie chinoise n'a jamais ménagé ses efforts pour que les équipements fournis soient adaptés aux réalités concrètes de l'Albanie, à ses ressources en matières premières afin de lui permettre de compter sur ses propres forces. D'autre part, nul ne peut déformer la réalité de la politique chinoise en matière d'aide économique; le gouvernement chinois a toujours séparé l'aide qu'il pouvait fournir à tel ou tel pays en voie de développement du degré d'accord idéologique et politique avec les gouvernements ou les partis au pouvoir bénéficiant de cette aide. Le Parti communiste chinois n'a jamais mélangé les relations d'État à État avec les relations entre partis frères. Le document albanais n'apporte aucun fait à l'appui de ce qu'il affirme. Par contre, tout le monde sait que les désaccords et divergences de points de vue entre le Parti communiste chinois et le Parti des travailleurs du Vietnam n'ont jamais eu de conséquences sur l'aide considérable tant militaire qu'économique accordée par la Chine au gouvernement et au peuple vietnamiens au cours de la lutte contre l'impérialisme américain et après, jusqu'à l'expulsion des ressortissants chinois du Vietnam et l'agression contre le Kampuchea. Qui a voulu la rupture de l'aide? Mais le document albanais ne s'en tient pas aux mensonges grossiers sur l'aide chinoise, il proclame que l'interruption de cette aide est une " conséquence de la déviation de la direction chinoise par rapport au marxisme-léninisme et aux principes de l'internationalisme prolétarien, de son rapprochement et de sa collusion avec l'impérialisme américain, le capital international et la réaction, de sa renonciation à aider et à soutenir les forces révolutionnaires et de libération dans l'arène internationale, des ambitions de la Chine de devenir une superpuissance impérialiste. " N'est-ce pas là l'aveu que c'est plutôt la direction albanaise qui a tout fait pour rendre l'aide de la Chine impossible, que c'est la direction albanaise qui ne voulait plus de cette aide en raison des divergences politiques et idéologiques qui l'opposent au Parti communiste chinois ? N'est-ce pas la partie albanaise qui préparait le terrain à cette interruption de la coopération, quand moins de trois semaines après elle édite un document de cinquante pages en plusieurs langues dans lequel sont confondues la dénonciation de l'aide chinoise et les attaques politiques contre le Parti communiste chinois ? A propos d'ingérences Car en fait, les trois cinquièmes du document développent en onze points une série d'attaques contre le Parti communiste chinois, sa direction, sa politique extérieure et intérieure. Depuis deux ans, la direction albanaise ne cesse de porter ses attaques publiquement contre la théorie des trois mondes et la ligne ,politique du Parti communiste chinois et d'autres partis frères de manière unilatérale, sans que le Parti communiste chinois ait une seule fois évoqué ces divergences publiquement. C'est la direction albanaise qui a pris l'initiative de porter ces divergences sur la place publique lors de son 7e congrès en 1976 et qui depuis, seule, n'a cessé d'escalader les échelons d'une pratique scissionniste au sein du Mouvement communiste international jusqu'à assimiler la Chine à une puissance impérialiste ! Sous prétexte de lutter contre les diktats politiques du Parti communiste chinois, le document albanais révèle en fait que c'est la direction du PTA qui ne supporte pas que d'autres partis élaborent en toute indépendance leur ligne politique. La direction du PTA reproche à la direction du PCC d'avoir invité Nixon en Chine en 1971, critique divers aspects de la politique extérieure chinoise depuis vingt ans, attaque les principes et les formes de la Révolution culturelle, est-ce que ce ne sont pas là des ingérences caractérisées dans les affaires intérieures du PCC et du peuple chinois ? Le PCC ne serait pas marxiste-léniniste ! Le document enfin nous éclaire sur l'appréciation des dirigeants albanais selon lesquels le PCC n'a jamais été un authentique parti communiste appliquant les principes du marxisme-léninisme : " Toute la période de la Grande révolution culturelle était une période très difficile pour le socialisme en Chine et il s'y créa une situation compliquée et chaotique. Cette situation était le résultat logique des luttes fractionnistes qui ont eu lieu, contrairement aux principes, au sein du Parti communiste chinois au cours de la période de la lutte pour le développement de la révolution démocratique-bourgeoise et, après 1949, sur la voie que la Chine devait suivre dans le développement ultérieur de la révolution. " " Les grandes idées de la Grande révolution socialiste d'Octobre et l'idéologie marxiste-léniniste ne devinrent pas, comme elles auraient dû le devenir, pour le Parti communiste chinois, un exemple, une boussole, l'axe de son action dans les conditions concrètes de la Chine. Il en est résulté que même le noyau marxiste-léniniste du Parti a été poussé à un éclectisme dangereux, qui a suscité une lutte chaotique effrénée de fractions, de personnes et de groupes aux diverses conceptions non marxistes-léninistes sur le pouvoir, ce qui entrava sérieusement la construction des bases du socialisme en Chine. " Les camarades Mao Tsé-toung et Chou En-laï sont attaqués tout au long de ce texte injurieux tentant d'affaiblir ainsi l'immense prestige mondial du président Mao, du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine, acquis dans la lutte contre le révisionnisme moderne pour la défense et le développement créateur du marxisme-léninisme. En s'attaquant ainsi à la pensée-maotsétoung, les dirigeants albanais s'en prennent en fait à ce qui, pour de nombreux révolutionnaires dans le monde, est un apport créateur fondamental à la théorie de la continuation de la révolution dans un pays de dictature du prolétariat, à la pratique et à la théorie de la solution des contradictions dans la société socialiste et dans le Parti communiste. Quelle arrogance pour des gens qui prétendent combattre le chauvinisme chinois ! Pour le profit de qui ? De telles attaques qui concentrent également sur la Chine les accusations de fauteur de guerre et d'hégémonisme, qui servent-elles aujourd'hui sinon les deux superpuissances et plus particulièrement le social-impérialisme qui ne cesse de proférer des attaques identiques depuis quinze ans afin de détourner la vigilance des peuples du monde contre le danger de guerre ? N'est-il pas révélateur à cet égard que les dirigeants du PTA profèrent ces accusations au moment ou le gouvernement vietnamien adhère au Comecon (1), au moment de l'agression du Vietnam contre le Kampuchea, de l'expulsion des ressortissants chinois du Vietnam ? A l'heure où les manoeuvres du social-impérialisme russe se précisent pour tenter d'encercler la Chine, pour provoquer des troubles en Asie, à l'heure où le continent africain et divers autres pays dans le monde souffrent de l'ingérence et de l'agression du social-impérialisme, dix ans après l'invasion de la Tchécoslovaquie, les dirigeants du PTA accusent la Chine d'hégémonisme en Asie du Sud-Est et de fauteur de guerre dans les Balkans. Assurément, un tel document honteux afflige et peine bon nombre de communistes et de peuples révolutionnaires de par le monde, amis sincères de la République populaire Socialiste d'Albanie et de son peuple héroïque, causant par là même de graves dommages à la cause de la révolution prolétarienne mondiale. Guy LEBRETON (1) " A travers le Comecon, organisation révisionniste soviétique qui a pour but l'asservissement des pays membres, l'Union soviétique applique sa politique néo-colonialiste dans les pays satellites, elle pille leurs richesses et réalise leur intégration économique dans l'Etat soviétique. L'Union soviétique a appauvri économiquement ses alliés, elles les tient pieds et poings liés, elle leur impose les prix qui lui conviennent, elle conditionne le développement de leur économie à ses intérêts, elle leur fournit quand il lui plait et comme il lui plait, la quantité de matières premières tout juste suffisante pour assurer le fonctionnement de leur industrie, car il n'est pas question d'en promouvoir le progrès. Les crédits que l'Union soviétique accorde à ses satellites sont asservissants " . (Rapport au 7e congrès du PTA, pages 179.) |
| | Posté le 01-07-2006 à 08:06:23
| Voici un article dont le sujet est la réécriture de l'histoire du PTA par... le PTA lui-même. Les passages en bleu indiquent le texte original de 1956 et en rouge la réédition de 1971. Cet article provient de « Prolétariat »n°20 -revue théorique et politique du Comité central du PCML- 2è trimestre 1979 « Le Parti du Travail d'Albanie réécrit son histoire » pages 73 à 80. La revue « Front Rouge » n°8 nouvelle série : revue théorique et politique du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste- 1er trimestre 1980- a également publié cet article pages 74 à 78. Je signal également qu'hormis ces deux revues "prochinoises", la revue éditée par le groupe l'Union Bolchévique du Canada -groupe staliniste opposé à Mao- publie un article " Hoxha contre Staline " dans Lignes de Démarcation n° 15 -juillet 1980- et confirme de fait les affirmations de Prolétariat au sujet des falsifications du PTA. Le Parti du Travail d'Albanie réécrit son histoire A lire les documents officiels albanais d'aujourd'hui comme les écrits encenseurs français du PTA, le Parti du Travail d'Albanie serait le premier et le seul à avoir véritablement combattu le révisionnisme khrouchtchévien au cours de la bataille des années 60 au sein du Mouvement communiste international. Quiconque met en doute cette affirmation tombe sous le coup du qualificatif de « serpent venimeux » d'Enver Hoxha. Encore faut-il la prouver ! Assurément, le Parti du Travail d'Albanie a joué un rôle dans la lutte contre le révisionnisme moderne à cette époque. Personne ne le nie. Mais pourquoi cet acharnement à prouver qu'il est le premier ? Nous sommes retournés aux sources, aux textes et avons étudié le texte intégral et original du Rapport d'Enver Hoxha au IIIe Congrès du PTA. Ce Congrès se tient en mai 1956, trois mois après le XX" Congrès du Parti communiste d'Union soviétique. Ce fameux XXe Congrès fut le premier pas caractérisé de la direction soviétique dans la voie du révisionnisme. Khrouchtchev y répudia Staline sous couvert de « lutte contre le culte de la personnalité" et y avança une série de thèses révisionnistes : la thèse du passage pacifique au socialisme, la conception révisionniste de la coexistence pacifique et de la "compétition pacifique". la thèse selon laquelle les guerres impérialistes ne sont plus à l'ordre du jour, etc. Comment le PTA réagit-il à ces reniements lors de son IIIe Congrès ? Voilà ce qu'en dit L'Histoire du Parti du travail d'Albanie éditée en 1971 (pages 427 à 443 de l'édition en français) : " Dans tous les secteurs, le IIIe Congrès décida à l'unanimité et sans la moindre hésitation de poursuivre la ligne marxiste-léniniste suivie par le parti depuis sa fondation. " Toutes les conclusions et les décisions du IIIe Congrès du Parti du travail d'Albanie étaient pénétrées d'un esprit révolutionnaire marxiste-léniniste qui était, en son essence , à l'opposé de l'esprit révisionniste dont étaient empreintes les conclusions et les décisions du XXe Congrès du PCUS. " Néanmoins, le IIIe Congrès ne dénonça pas ouvertement les thèses antimarxistes du XXè Congrès. " L'essentiel était que le Parti du travail d'Albanie, à la différence de ce qui se produit dans plusieurs autres partis communistes et ouvriers, ne fit aucune concession de principe face à la pression du groupe de Khrouchtchev et n'adoptât pas comme base de sa propre ligne la ligne révisionniste du XXe Congrès du PCUS. Il garda intacte sa ligne générale marxiste-léniniste ". Ce texte laisse entendre que la dénonciation ouverte ne fut pas faite par opportunité car il n'aurait pas été encore temps de mener la bataille à visage découvert. Et ce point de vue tactique serait tout à fait acceptable. La vérité oblige à dire néanmoins que cette présentation des faits de 1971 n'est pas conforme au texte original de 1956 et que les historiens de l'Institut des Etudes marxistes-léninistes de Tirana ont procédé à une manipulation malhonnête de la réalité historique. C'est ce que nous voulons prouver ci-dessous par un examen attentif de l'original du IIIe Congrès de 1956 et par une étude comparée de ce texte avec une réédition de 1975 dans les Oeuvres choisies d'Enver Hoxha (Tome II, page 508). Il existe en effet deux versions du Rapport d'Enver Hoxha au IIIe Congrès : - le texte intégral publié après le Congrès, en 1956. dont nous possédons l'original, texte difficile à se procurer aujourd'hui ; - une réédition en "extraits" de 1975 (Tome II). L'étude comparée des deux textes est édifiante, les coupures et les modifications de la réédition de 1975 donnent une appréciation du XXe Congrès du PCUS contradictoire avec celle du texte de 1956. Qu'on en juge rapidement par la comparaison des deux conclusions différentes selon les deux versions : 1975 " Notre parti marxiste-léniniste n'a pas commis d'erreurs parce qu'il a été dirigé d'une manière juste par le CC, parce qu'il a toujours été compact, parce qu'en toute chose et à chaque pas, il s'est guidé sur les intérêts supérieurs de notre peuple et a construit sa ligne générale sur les fondements du marxisme-léninisme... " (Tome II.) 1956 : le Parti n'avait pas commis d'erreurs car il a construit sa ligne générale sur : " l'expérience du glorieux Parti communiste de l'Union soviétique, dont la politique léniniste a été et sera toujours juste, indépendamment des graves erreurs qui se sont vérifiées dans le travail de Joseph Vissarionovitch Staline ". (texte original) Voilà un remaniement de textes qui en dit long... mais ce n'est pas le seul. De fait, les coupures, escamotages et remaniements concernent des points fondamentaux de la lutte contre le révisionnisme moderne : la ligne générale du Mouvement communiste international, la question de la Yougoslavie, la question de Staline. la ligne générale du mouvement communiste international Dans les vingt premières pages de l'original, il est traité de l'Union soviétique et de son XXe Congrès. Ces pages n'ont pas été rééditées dans le Tome II. Surtout " en (leur) essence ", les thèses énoncées dans ces pages ne sont pas du tout " à l'opposé de l'esprit révisionniste ". En voici les preuves : . A propos de la coexistence pacifique : Sans aller jusqu'à dénoncer ouvertement la thèse de Khrouchtchev, était-il nécessaire de la louer avec tant d'enthousiasme ? " Les questions de principe qui furent posées au XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en ce qui concerne le développement de la situation internationale actuelle ont une grande importance historique pour l'humanité et constituent un trésor précieux qui vient s'ajouter au marxisme-léninisme dans les circonstances concrètes de la situation internationale actuelle. Le principe léniniste de la coexistence pacifique des deux systèmes, du système socialiste et du système capitaliste, a toujours guidé la politique pacifique de l'Union soviétique. " (...) ." Les communistes affirment que le système socialiste triomphera du système capitaliste dans la compétition pacifique et le triomphe du communisme est inévitable en raison de la supériorité du système socialiste sur le système capitaliste. Cette grande vérité a été confirmée par la vie et elle gagne des centaines de millions d'hommes. " (texte original) . Les guerres impérialistes sont-elles inévitables ? Citons un passage de l'original non réédité : " Une autre thèse d'une grande importance de principe, que le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique vient d'ajouter au marxisme-léninisme, c'est la question de la possibilité de conjurer les guerres à l'époque actuelle . Cette question qui préoccupe continuellement l'humanité, a reçu une réponse juste et scientifique de la part du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique. Les guerres à notre époque ne peuvent pas être fatales et inévitables; "dans la question de savoir si la guerre aura lieu ou non, une grande importance s'attache au rapport des forces de classe, des forces politiques, au niveau d'organisation et à la volonté consciente des hommes". Les thèses marxistes-léninistes selon lesquelles les guerres sont inévitables tant qu'existe l'impérialisme, ont été formulées à l'époque où l'impérialisme était un système mondial unique et où les forces sociales et politiques opposées à la guerre étaient encore assez faibles. Tandis que, à notre époque, les forces du socialisme et de la paix dans le monde sont très puissantes. Le camp du socialisme est une force colossale et le socialisme est aujourd'hui un système mondial. La politique pacifique du camp du socialisme jouit de l'appui de centaines de millions d'hommes dans le monde et de beaucoup d'Etats pacifiques, C'est ainsi que, actuellement, existent des forces ayant des moyens moraux et matériels puissants pouvant empêcher les aventuriers impérialistes de déclencher une troisième guerre mondiale. Cependant, la thèse léniniste selon laquelle, aussi longtemps qu'existe l'impérialisme, reste aussi la base économique pour le déclenchement des guerres, garde toute sa valeur; c'est pourquoi les forces du socialisme et de la paix doivent être toujours vigilantes. "Ces thèses importantes du Parti communiste de l'Union soviétique ont ouvert devant l'humanité des perspectives radieuses, ont suscité l'enthousiasme, éveillé les espoirs des peuples et renforcé leur lutte pour la défense de la paix. Les peuples du monde se rendent mieux compte à présent que la guerre ne plane pas sur leur tête comme l'épée de Damoclès et qu'ils sont en état de briser pour toujours cette épée qui a causé à l'humanité tant de catastrophes périodiques. Le monde va connaître désormais un mouvement encore plus puissant et plus vaste des partisans de la paix ; de nombreux autre Etats dans le monde vont conquérir encore leur indépendance nationale et adopteront une attitude pacifique, loin de la guerre, loin des pactes agressifs tramés par les impérialistes américains ". (texte original) II y a d'autres endroits dans le rapport du IIIe Congrès où le problème de la guerre est traité. Nous retrouverons ces passages sans coupures dans la réédition, en particulier: (OEuvres choisies, page 513. Le Parti du travail d'Albanie a adopté cette thèse révisionniste de Khrouchtchev à son IIIe Congrès et l'a conservée jusqu'à ce jour, à la différence des autres thèses khrouchtchéviennes qu'il dénonça ultérieurement. Le passage ci-dessus présente un intérêt particulier : il revendique clairement la paternité de cette thèse du XXe Congrès du PCUS. C'est sans nul doute la raison de son escamotage lors de la réédition de 1975. . Sur le passage pacifique au socialisme : Là, Enver Hoxha fait carrément le pas : " La thèse sur les formes du passage des divers pays au socialisme, basée sur les célèbres thèses du grand Lénine, ouvre devant les peuples et la classe ouvrière de tous les pays des perspectives éclatantes pour le passage au socialisme par des voies diverses. La question du passage au socialisme, par la guerre civile ou sans la guerre civile, est également une grande lumière et une aide très précieuse pour les partis de la classe ouvrière et pour les peuples travailleurs, pour prendre le pouvoir en main, pour réaliser les transformations sociales, pour transformer le parlement bourgeois, là où la bourgeoisie n'est pas en mesure de recourir à la violence et d'opposer la force, en un moyen de la véritable volonté populaire, pour assurer le passage des principaux moyens de production entre les mains du peuple ". (texte original) Pour camoufler le soutien objectif du IIIe Congrès aux thèses du XXe Congrès du PCUS, la réédition est obligée de supprimer les deux paragraphes publiés ci-dessous : " Pour passer au socialisme, le recours ou non à la violence et à la guerre civile ne dépend pas tant du prolétariat que de la bourgeoisie, Pour le passage au socialisme, les partis communistes et ouvriers auront toujours en vue les enseignements de Lénine, qui souligne que "pour toutes les formes de transition au socialisme, la direction politique de la classe ouvrière, avec en tête son avant-garde, est une condition indispensable, la condition majeure. Sinon, il est impossible de passer au socialisme ". " Ces thèses qui enrichissent le marxisme-léninisme ouvrent devant la classe ouvrière et les masses travailleuses des pays capitalistes: coloniaux et semi-coloniaux, des perspectives éclatantes pour réaliser l'unité de la classe ouvrière, à laquelle incombe la tâche de rassembler sous sa direction la paysannerie travailleuse, les intellectuels et tous les homme honnêtes, pour opérer les transformations radicales dans la voie vers le socialisme, vers la conquête du pouvoir et l'effondrement des forces réactionnaires capitalistes qui dominent à l'heure actuelle les peuples de ces pays. C'est précisément pour tout cela que le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique a suscité un enthousiasme indescriptible dans le monde entier précisément pour cette raison que les documents du XXe Congrès sont étudiés avec le plus grand soin et sont devenus le phare éclairant tous les hommes d'action et de bonne volonté qui luttent pour la paix et pour une vie meilleure ". (texte original) Et ce ne sont pas les seuls passages qui glorifient le XXe Congrès. Il y en a d'autres. Mais ceux-ci ont une signification politique nullement ambiguë. le parti du travail d'albanie et la yougoslavie Dans la préface au Tome II, il est écrit : " En un temps où sous l'influence du PCUS la plupart des partis communistes et ouvriers avaient cessé leur lutte contre le révisionnisme yougoslave, le PTA continuait sa lutte sans répit et avec la plus grande âpreté, non seulement parce que ce courant était l'ennemi du marxisme-léninisme et constituait un danger pour l'ensemble du Mouvement communiste et ouvrier international, mais aussi parce que son propre combat contre ce courant contribuait puissamment à la lutte contre toute forme de révisionnisme, surtout contre les thèses antimarxistes du XXe Congrès du PCUS ". Or, là encore, il faut un escamotage malhonnête dans la réédition de 1975 pour pouvoir établir le caractère « sans répit » et la « plus grande âpreté » de la lutte antititiste du PTA. Qu'indique le Tome II quant aux relations albano-yougoslaves à cette période ? " Nos relations amicales avec les peuples frères de Yougoslavie sont entrées dans la voie normale et elles se renforcent de jour en jour... Nous avons conclu et mis en oeuvre avec la RPFY plusieurs accords dans l'intérêts commun et établi avec elle des relations commerciales et culturelles. " (texte du Tome Il) Autrement dit, l'édition de 1975 laisse entendre qu'il s'agit là uniquement de relations d'Etat à Etat, alors que la lutte antititiste se développe avec âpreté et sans répit. Telle n'est pas la vérité cependant. Les pages 35, 36 et 37 de l'édition originale de 1956, pudiquement remplacées en 1975 par des points de suspension, méritent d'être lues avec attention. Les voici : « Le peuple albanais et le Parti du travail d'Albanie ont salué avec enthousiasme et ont pleinement approuvé la déclaration de Belgrade signée entre les dirigeants de l'Etat soviétique et de l'Etat yougoslave au mois de juin 1955 et se sont beaucoup réjouis de la normalisation des relations entre l'Union soviétique et la Yougoslavie. La même voie de normalisation et d'amélioration ont suivie aussi les relations de notre peuple et des peuples des autres pays de démocratie populaire avec les peuples de Yougoslavie. C'était là un grand succès pour nos pays et un échec pour les plans de l'impérialisme et de son agent Béria qui avait monté la grande provocation diabolique, laquelle a causé le désaccord amer entre nos pays et la Yougoslavie. (...) (I) " La déclaration de Belgrade a été également un tournant radical pour les relations de notre Etat avec la Yougoslavie. ( I) Ces points de suspension correspondent à des passages publiés dans le Tome II des OEuvres choisies, page 523. Les relations entre le Parti communiste albanais et le Parti communiste yougoslave, comme on sait, ont été cordiales dès avant la libération. Après la libération se sont établies entre nos Etats des relations plus larges. Durant cette période dans ces relations se sont vérifiées des erreurs et des déformations de principe qui devaient être corrigée par la voie normale ; mais, malheureusement, elles n'ont pas été corrigées. Il faut souligner que, malgré tout cela, notre Parti, non seulement n'a pas mis en doute l'amitié avec la Yougoslavie, mais il a fait tous les efforts jusqu'au dernier moment pour que l'amitié et les relations établies ne fussent atteintes. « Notre Parti s'est solidarisé avec les résolutions du Bureau d'information. Nous avons reconnu et nous reconnaissons que nous avons été trompés, comme ont été trompés les autres partis communistes et ouvriers, par la provocation ourdie contre la Yougoslavie par le vil agent de l'impérialisme, Béria. Dans les circonstances difficiles ainsi créées, nous avons, de notre part, lié toutes les questions ensemble : les fautes et les différends qui existaient entre le Parti communiste albanais et le Parti communiste yougoslave, ainsi qu'entre nos deux Etats, les délits et les crimes de Kotchi Dzodzé commis contre le Parti et l'Etat, pour lesquels il a été condamné comme il le méritait, ainsi que la grande provocation montée par l'agent Béria. " Dans ces circonstances-là, il était difficile pour nous de ne pas lier ensemble ces trois questions, au lieu de les apprécier, comme il fallait, séparément. C'est là une erreur de notre part. Plus tard, la logique de la lutte qui nous opposait l'un contre l'autre nous a amenés à des erreurs consistant à nous servir d'accusations infondées, montées par l'agent Béria contre le Parti communiste yougoslave et l'Etat yougoslave, à accuser la Yougoslavie comme un pays ennemi et comme un instrument de l'impérialisme, le Parti communiste yougoslave comme un parti fasciste et les dirigeants yougoslaves comme des antimarxistes, etc. Ces accusations étaient injustes; nous avons de notre part eu tort dans ces questions. Maintenant, tout est clair, notre Parti a reconnu les erreurs qui le concernent parce qu'il les a analysées objectivement et il est résolu à ce que le passé amer soit enterré et il n'existe plus aucun obstacle pour le renforcement de l'amitié sincère entre nos deux Etats et nos deux partis. Nous sommes sûrs qu'une telle amitié dans l'esprit du marxisme-léninisme et sur la base de la déclaration de Belgrade s'élargira et se renforcera continuellement. Nous sommes unis par la lutte héroïque de libération que nous avons faite ensemble, nous sommes unis par les idées immortelles du marxisme-léninisme qui inspirent nos partis, nous sommes unis par la lutte commune contre les convoitises de l'impérialistes et des ennemis de nos peuples qui tentent de semer la discorde entre nous et de nous diviser. Avec la République populaire fédérale de Yougoslavie, nous avons conclu et mis en oeuvre plusieurs accords dans l'intérêt commun (souligné par nous -NDLR). Nous avons établi des relations commerciales et nous ferons tout notre possible pour les élargir chaque année. De concert avec les Yougoslaves, nous avons décidé d'étudier les possibilités de la construction de certaines oeuvres de grande importance économique pour nos deux pays. Dans notre pays sont venus des artistes yougoslaves. Nous enverrons en Yougoslavie les nôtres. Nous attendons avec plaisir que les frères yougoslaves viennent visiter notre patrie, que des troupes de théâtre, des groupes de sportifs, des touristes viennent chez nous. Nous aussi, nous enverrons en Yougoslavie les nôtres. Nous voudrions et demandons de projeter sur les écrans de notre pays des films yougoslaves, d'échanger de la littérature, etc. Tout sera fait de notre part, dans ce sens et nous sommes persuadés que la même volonté existe aussi chez les camarades yougoslaves pour renforcer notre amitié dans l'esprit nouveau de l'intérêt commun et de la non-ingérence dans les affaires intérieures ". (texte original) Ce long passage escamoté contredit l'affirmation de la préface de 1975 concernant la lutte " sans répit ", " avec la plus grande âpreté " : des relations de parti à parti fraternelles ont été établies quelques mois. En novembre de la même année, le PTA reprend l'attaque contre Tito en raison de son attitude à propos des événements de Hongrie et de Pologne. Mais pourquoi cacher la vérité ? Pourquoi escamoter l'attitude réellement adoptée au IIIe Congrès ? le pta et la question de staline Dans le Tome II, la publication du Rapport du IIIe Congrès remanie à volonté tous les passages traitant de cette question. Dans l'original, cette question est traitée dans le Chapitre III, sous-chapitres 6 et 7. Dans la réédition, il n'y a plus que le sous-chapitre 6, habile compilation des 6-7 originaux. Nous ne publions ici que les passages omis concernant la question de Staline. Nos points de suspension signalent des passages cités dans le Tome II, pages 627 et suivantes. Au début de l'année 1957, dans un texte intitulé Sur la situation internationale, Enver Hoxha refait ensuite volte-face sur la question de Staline, affirmant que: " Sur les questions essentielles, dans la défense des intérêts de la classe ouvrière et dans le combat pour la théorie marxiste-léniniste, dans la bataille contre l'impérialisme et les autres ennemis du socialisme, il ne s'est jamais trompé. Il était et demeure un exemple ". Ce n'est pas du tout le point de vue développé en mai 1956. Qu'on en juge: 7 - Le culte de la personnalité et ses conséquences nuisibles et autres questions. " Le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique a fait une profonde analyse marxiste-léniniste du rôle décisif joué dans l'édification du socialisme et du communisme par les masses populaires, dirigées par le Parti communiste, et du grand dommage causé par le culte de la personnalité, étranger au marxisme-léninisme. La Résolution du XXe Congrès , dit: " Le Congrès estime que le Comité central a eu parfaitement raison de se lever contre le culte de la personnalité dont l'extension amoindrissait le rôle du Parti et des masses populaires, rabaissait le rôle de la direction collective dans le Parti et entraînait souvent de graves défauts dans le travail ". (...) " Le culte de la personnalité signifie l'exaltation exagérée des individus, l'attribution de caractéristiques et de qualités surnaturelles à ceux-ci, leur transformation en êtres qui font des merveilles et, enfin, l'agenouillement devant eux. Ces conceptions non justes et non marxistes sur l'individu, étrangères et nuisibles à l'esprit du marxisme-léninisme, ont été développées et cultivées pendant une très longue période à l'égard du camarade Staline. " Il n'y a pas de doute que le camarade Staline a de grands mérites devant le Parti communiste de l'Union soviétique, devant la classe ouvrière de l'Union soviétique et le mouvement ouvrier international. Il est évident qu'il a joué un rôle connu dans la préparation et le développement de la révolution socialiste. dans la Guerre civile et dans la lutte pour l'édification du socialisme. En commun avec les autres membres du Comité central, il a lutté contre les déformateurs et les ennemis du léninisme. Dans les conditions où le peuple soviétique, guidé par le parti communiste, remportait avec succès de grandes victoires dans la lutte pour l'industrialisation socialiste du pays, pour la collectivisation de l'agriculture, pour l'accomplissement de la révolution culturelle, victoires qui ont été remportées dans une lutte sans relâche contre les ennemis du léninisme, les trotskystes, les boukharinistes, les opportunistes de droite, les nationalistes bourgeois, a été rendue possible la propagation, parmi les larges masses du peuple, du nom et de la valeur de J.V. Staline qui tenait l'important poste de secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique. " Pendant ce temps, lorsque J.V. Staline a acquis de la popularité, de la sympathie et de l'appui dans le parti et chez le peuple, dans sa personne, dons la pratique de son travail se sont manifestées graduellement de telles caractéristiques et dispositions qui se sont développées d'une manière difforme, en devenant le culte de la personnalité. " Les grands succès historiques de portée mondiale remportés par le peuple soviétique dans l'édification du socialisme, dans la victorieuse guerre patriotique, dans le raffermissement du système social et étatique soviétique et dans l'accroissement du prestige international de l'Union soviétique, toutes ces éclatantes victoires du peuple soviétique, sous la direction du parti communiste n'ont pas été soumis à une juste interprétation marxiste-léniniste mais ont été injustement attribués aux mérites d'une seule personne, à Staline, et ont été tous expliqués par ses mérites à lui. La grande erreur de J.V. Staline réside en ce que, non seulement il a admis les louanges et les flatteries à son adresse, mais il a, de sa part, soutenu et encouragé ces points de vue antimarxistes. « Le culte de la personnalité et la pratique de direction créés par J.V. Staline ont marqué la violation ouverte et difforme des principes léninistes de la direction collective dans le Parti, ont marqué la violation des normes léninistes du parti. Le mépris de J.V. Staline pour les normes de la vie du parti, la solution des problèmes d'une manière individuelle de sa part, le mépris envers l'opinion du parti, en prenant même des mesures sévères contre ceux qui exprimaient des opinions contraires aux siennes, ne pouvaient pas manquer de causer et ont causé de grands préjudices, en donnant lieu à de graves altérations des règles léninistes dans la vie du parti et à la violation de la légalité révolutionnaire. " Le culte de la personnalité et le mépris, à l'égard des critiques et des conseils, formulés à juste litre par les membres du Bureau politique du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, ainsi qu'à l'égard des normes du parti, ont conduit le camarade Staline à des erreurs ; il n'a pas montré la vigilance nécessaire à la veille de la guerre patriotique contre le nazisme allemand ; il n'a pas consacré l'attention voulue au développement ultérieur de l'agriculture socialiste et au bien-être matériel des kolkhoziens; il a soutenu et incité dans une ligne erronée l'affaire yougoslave, etc. Dans de pareilles circonstances, le camarade Staline s'est montré unilatéral dans ses idées et s'est détaché des masses. " Le culte de la personnalité et la violation des normes de la vie du parti ont servi comme le terrain le plus favorable dont ont tiré avantage les ennemis du parti et de l'Etat soviétique, tel que l'agent de l'impérialisme, Béria, qui pendant longtemps a agi, sous masque, au détriment du parti et de l'Etat socialiste. " Le Parti communiste de l'Union soviétique et son Comité central léniniste ont pris des mesures décisives pour le rétablissement des normes léninistes dans le parti, pour le rétablissement du principe de la direction collective dans tous les maillons du parti, de haut en bas, pour le développement de l'autocritique et de la critique, pour la discussion et la solution collectives des questions les plus importantes. Les mesures prises par le Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique et le XXe Congrès pour rétablir et développer davantage les principes démocratiques de la vie et de l'activité du parti, les mesures prises contre la gestion par les méthodes bureaucratiques, contre la dissimulation des défauts, le maquillage de la réalité, la satisfaction béate, l'indifférentisme, ainsi que les mesures prises pour développer la critique et l'autocritique concrètes, de principe, sont en train d'assurer une activité plus grande de la part des travailleurs et des communistes en développant l'immense énergie créatrice des hommes soviétiques. " Les succès historiques du peuple soviétique sont une preuve éclatante et convaincante du caractère juste de la politique du Parti communiste de l'Union soviétique. Le fait que le Parti communiste de l'Union soviétique a mené une politique résolue contre les défauts dans le travail du parti et du gouvernement, dans l'édification économique, pour éliminer les conséquences du culte de la personnalité est une autre preuve de la grande puissance du parti et de sa grande fidélité à l'égard du léninisme. (Applaudissements). C'est seulement sur le libre développement de ces survivances petites-bourgeoises au sein de nos partis communistes et ouvriers que les impérialistes peuvent trouver appui pour affaiblir les partis communistes et les Etats socialistes. "Le Parti du travail d'Albanie et le peuple albanais tout entier ont pleinement approuvé les décisions historiques et justes du XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique et considèrent ces décisions non seulement comme une victoire éclatante du parti communiste et du peuple soviétique, mais aussi comme une grande victoire du Parti du travail et du peuple albanais. (Applaudissements). " Notre parti et notre peuple approuvent la lutte hardie et de principe menée contre le culte de la personnalité. Le culte de la personnalité à l'égard du camarade Staline a eu aussi des manifestations très accentuées dans notre parti et notre pays. Notre peuple et notre parti ont souligné et souligneront, à juste titre, que l'Union soviétique et le glorieux parti communiste, fondés par le grand Lénine, sont les facteurs décisifs de la libération, à jamais, de notre peuple, et c'est pour cette raison que l'amour de notre parti et de notre peuple à leur égard sera indestructible et éternel. (Applaudissements prolongés. Ovations. Les délégués se lèvent debout). Mais maintenant nous comprenons bien le rôle et la place qui doivent revenir au camarade Staline dans l'édification du socialisme et du communisme en Union soviétique et dans l'aide et le rôle qu'il a joué pour la libération de notre pays. La juste compréhension marxiste-léniniste de cet important problème de principe nous a été rendue claire par le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique " (texte original) [centre]* * * -- Cette étude comparée des deux versions du rapport au IIe Congrès du PTA appelle plusieurs remarques : - D'abord, elle permet d'établir les faits. Lors de son IIIe Congrès, en mai 1956, le PTA a épousé assez étroitement les thèses khrouchtchéviennes. Il ne s'agit pas d'une simple tactique destinée à mener la bataille dans de meilleures conditions ultérieurement. Il s'agit bien d'une adhésion politique claire, voire d'une glorification des thèses du XXe Congrès du PCUS. Le Rapport du IIIe Congrès du PTA exprime une appréciation principalement négative de Staline ; il déclare que les guerres sont évitables, soutient les thèses du XXe Congrès quant au passage pacifique et à la coexistence pacifique : à cette époque, le PTA a interrompu sa polémique contre la Yougoslavie. En conséquence, les thèses albanaises hautement claironnées selon lesquelles le PTA a mené le premier la bataille anti-khrouchtchévienne, leurs affirmations d'une lutte sans répit contre Tito, tombent d'elles-mêmes, à une simple lecture du texte original de 1956 ! - Dans son Histoire de 1971 et dans la réédition de 1975, le PTA a falsifié la vérité. Procédant par coupures, escamotages et remaniements, il s'efforce de donner au IIIe Congrès un visage contraire à la réalité des faits. Le PTA veut accréditer le mensonge selon lequel le IIIe congrès aurait participé à la bataille contre le révisionnisme moderne. Cette pratique révèle une attitude idéologique contraire à la conception du monde des communistes qui recherchent la vérité dans les faits et pratiquent la critique et l'autocritique. Le mensonge et la falsification sont étrangers au marxisme-léninisme. - Reconnaître que la lutte du PTA contre le khrouchtchévisme débuta après le IIIe Congrès du PTA n'est nullement une infamie. La prise de conscience du révisionnisme moderne fut pour les partis et les militants communistes un processus long et complexe qui aboutit à une bataille difficile. Le PTA y a tenu une place, et cela est bien ainsi. Vouloir à toute force se construire une image de marque de « parti qui n'a jamais fait d'erreurs », qui ne se trompe jamais, qui est le premier partout... est également étranger au marxisme. Le PTA pèche par orgueil et par suffisance. Assurément, de telles pratiques idéologiques font perdre beaucoup de crédibilité au PTA aujourd'hui. Comment le croire sur n'importe quelle question s'il est prouvé qu'il recourt sans vergogne à la falsification et au mensonge pour étayer « ses thèses » ? Ces manipulations malhonnêtes, ces prétentions à la grandeur et à l'infaillibilité jettent le discrédit sur la véracité de tous ses écrits et déclarations actuels. Qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même d'un telle situation. |
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