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Perpète pour un fasciste grec

Membre désinscrit
   Posté le 18-10-2010 à 19:24:29   

Une info passée un peu inaperçue, la condamnation à perpétuité du flic qui avait assassiné Alexandre Grigoropoulos fin 2008.

Inimaginable en France, où la légitime défense est systématiquement reconnue; ça montre le rapport de force radicalement différent en Grèce, comme en témoignent la résurgence d'assassinats politiques ces derniers mois (flics, journalistes) par des autonomes.


Grèce: prison à vie pour le policier ayant tué un lycéen en décembre 2008
(AFP) – 11 oct. 2010

AMFISSA (Grèce) — Le policier grec qui avait tué un lycéen fin 2008 à Athènes, lors d'une bavure qui a fait exploser en violences urbaines le malaise de toute la jeunesse grecque, a été condamné lundi à la prison à vie, reconnu coupable d'avoir intentionnellement tiré sur sa victime.

Concluant une affaire qui a dressé tout le pays contre une police décrédibilisée par des années de brutalités impunies, la cour d'assises d'Amfissa, une bourgade du centre de la Grèce, a décidé à la majorité de charger au maximum l'accusé, Epaminondas Korkonéas, 38 ans.

A l'issue de neuf mois d'audience, trois des quatre jurés et un des trois juges l'ont jugé coupable d'"homicide avec intention de donner la mort", sans lui reconnaître aucune circonstance atténuante.

Remis en liberté conditionnelle depuis juin, après 18 mois de détention provisoire, le policier devait commencer à purger sa peine dans la soirée de lundi, dans l'attente du procès en appel que sa défense a demandé.

Korkonéas s'était défendu devant la cour de toute volonté de tuer, affirmant avoir tiré pour tenter de repousser une attaque de jeunes. Il avait toutefois reconnu ne pas avoir été la cible de cocktails Molotov, comme il l'avait d'abord affirmé dans ses dépositions.

Son avocat, Me Alexis Kouyas, une star controversée du barreau d'Athènes, a réagi en estimant que le verdict serait tout à fait différent en appel "au nom de l'Etat de droit". Au cours du procès, Me Kouyas avait présenté la victime, Alexandre Grigoropoulos, 15 ans, comme un fauteur de troubles, suscitant l'indignation de la famille.

"Justice est rendue", a commenté l'avocat de la famille, Nikos Constantopoulos.

Patrouillant avec un collègue le 6 décembre 2008 au soir dans le quartier contestataire d'Exarchia dans le centre d'Athènes, le policier avait tiré trois balles avec son arme de service en direction d'un groupe de jeunes. Touché au torse, l'adolescent était décédé avant son arrivée à l'hôpital.

La cour a en revanche choisi d'infliger la peine minimum, 10 ans de prison, à Vassilios Saraliotis, un policier de 32 ans qui faisait équipe avec Korkonéas, reconnu coupable de complicité.

Finalement rejetée par la cour, la demande d'une remise en liberté de ce policier a rompu le calme qui prévalait jusque là dans le prétoire, où se cotoyaient la presse et les familles de la victime et des accusés. Le public a dû être rappelé à l'ordre après qu'un policier de garde eut demandé qu'on fasse sortir la grand-mère du lycéen, qui apostrophait la mère de Saraliotis.

Le procès avait été délocalisé à Amfissa pour prévenir tout incident, et d'importantes forces de police avaient été déployées autour du tribunal.

La mort de l'adolescent avait provoqué plus d'un mois de manifestations, émaillées de actes de vandalismes, dans les grandes villes, attestant du malaise d'une jeunesse minée par l'insécurité économique et l'incurie politique, moins d'un an avant que le pays ne sombre dans une crise financière inédite.

Fédérant et radicalisant une mouvance contestataire toujours vivace, la bavure a aussi été suivie d'un regain de l'activisme extrémiste, avec une multiplication d'attentats visant particulièrement la police, dont deux membres ont été tués et sept blessés.

Manifestement pris de court, le gouvernement conservateur a fini par jeter l'éponge face à l'impasse socio-économique du pays, convoquant à mi-mandat et après cinq ans au pouvoir des élections anticipées, remportées en octobre 2009 par les socialistes de Georges Papandréou.

Le précédent de décembre a alimenté ces derniers mois la crainte, jusque là démentie, d'une explosion sociale en Grèce face à la cure de rigueur infligée au pays pour redresser ses finances, entraînant chute du niveau de vie et flambée du chômage, qui frappe actuellement 22,8% des 15-29 ans.