Sujet : qui va payer la crise à Wall Street ? | | Posté le 01-10-2008 à 23:24:50
| Sous ce titre, le site de Michel Collon publie un article de Fred Goldstein, http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-09-22%2006:59:11&log=invites qui apporte des informations intéressantes sur la crise aux USA. Le blocage du crédit et des investissements annoncé tout récemment risque d'aggraver profondément pour les travailleurs américains la situation décrite ici :
Qui va payer la crise à Wall Street ? Fred Goldstein - 17 sept 2008 "Avec les 85 milliards de dollars débloqués par le gouvernement pour renflouer le géant des assurances AIG, la direction de la Banque centrale des USA (Federal Reserve) et le département du Trésor ont fait une nouvelle tentative désespérée de renflouement d’une structure financière mondiale en plein effondrement. Cette dernière tentative pour secourir une gigantesque société financière capitaliste vient s’ajouter à la remise à flot, pour plus de 200 milliards de dollars, des deux plus grosses banques d’hypothèques de la planète, Fannie Mae et Freddie Mac, voici exactement dix jours. 17 septembre 2008 Des transactions secrètes collent la facture sur le dos des travailleurs Le président de la Banque centrale des USA à New York, Timothy Geithner, et le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, se sont réunis en petit comité pour des discussions interminables au cours desquelles ils se sont mis d’accord sur certaines transactions. Le tout en secret, derrière le dos des travailleurs et de la classe moyenne, qui vont endosser la facture. Ces messieurs ont mis au point ces transactions en compagnie des mêmes usuriers de la haute finance dont les orgies spéculatrices, le gros jeu et les tromperies dans la poursuite du profit ont en tout premier lieu abouti à la crise. La razzia spéculatrice de Wall Street a abouti à une crise mondiale réellement effrayante. Ces trois derniers jours, AIG, la plus grosse compagnie d’assurances au monde, avec 1000 milliards de dollars en avoirs, s’est retrouvée en faillite en quelques heures. Lehman Brothers, une prestigieuse banque d’investissements vieille de 158 ans, avec 639 milliards de dollars en avoirs, a de son côté connu la plus grosse faillite de l’histoire des États-Unis. Merrill Lynch, un autre pilier des investissements, avec lui aussi 1000 milliards de dollars en avoirs, n’a évité la faillite qu’après avoir été repris par la Bank of America. Washington Mutual, la plus importante société d’épargne et de prêt des États-Unis, a vu ses obligations se réduire au prix du papier et elle est aujourd’hui sur la corde raide. Comme la crise des faillites se développait, le jeudi 11 septembre, Paulson a raconté aux banquiers que le gouvernement en avait assez d’intervenir et qu’ils allaient devoir résoudre le problème entre eux. C’était la semaine dernière. Aujourd’hui, le gouvernement américain a injecté 85 autres milliards de dollars pour renflouer les banques. C’est un signe de crise et de faiblesse. Alors que le renflouement de Fannie Mae et Freddie Mac a procuré quelque soulagement aux détenteurs de milliers de milliards de dollars en dettes que leurs doivent les deux banques d’hypothèques, il a également soumis le système financier à une pression colossale, ce qui est un autre signe de profonde faiblesse et de fragilité. D’autres renflouages étaient exclus, a déclaré le gouvernement. Il tirait « une ligne dans le sable ». Terminé ! Mais les déclarations de Paulson et de Geithner n’ont eu aucun impact sur les banquiers. Tous poursuivaient leurs propres intérêts immédiats et ont fait de l’obstruction vis-à-vis de leur propre gouvernement. À la fin, alors que Washington laissait Lehman Brothers aller à la faillite, c’était une tout autre histoire avec AIG. La direction de la Banque centrale des USA et le Trésor faisaient une volte-face humiliante et intervenait à la toute dernière minute, « craignant une crise financière mondiale ». (New York Times, 17 septembre) Le renflouage d’AIG par la Banque centrale des USA est très instructif sur le plan de la profondeur de la crise. AIG n’est même pas une banque. La compagnie n’est pas contrôlée par le gouvernement fédéral. Celui-ci doit user de pouvoirs d’urgence pour intervenir, ce qui a été estimé nécessaire non seulement parce que AIG fournit des polices d’assurance à des millions d’individus et entreprises commerciales, mais aussi parce que la compagnie a assuré pour plus de 400 milliards de dollars des titres garantis par hypothèque et autres investissements à risques de gros joueurs boursiers et autres spéculateurs partout dans le monde. AIG a emprunté de l’argent auprès d’un grand nombre de grosses banques et a pris des risques avec ses avoirs afin d’encore accroître ses bénéfices. Quand les hypothèques se sont mises à faire défaut et quand les détenteurs de titres garantis par hypothèque ont commencé à réclamer leurs purges d’hypothèques, la position financière d’AIG s’est détériorée de jour en jour, puis d’heure en heure. On peut se rendre compte de la témérité financière du système quand une compagnie d’assurances, qui est censée être contrôlée de façon à demeurer conservatrice – précisément parce qu’elle est la gardienne de fonds qui doivent être disponibles afin de couvrir les besoins d’urgence des personnes assurées – est libre, en fait, de participer au grand casino mondial. AIG opère dans plus de 100 pays, elle emploie 116.000 personnes – dont 62.000 en Asie – et elle dispose de facilités bancaires privées pour personnes fortunées. Elle négocie des transactions boursières, gère des fonds mutuels, possède 900 avions qu’elle loue et, en général, a fait de son département d’assurances un champ d’opérations spéculatrices à l’échelle mondiale. Pendant ce temps, on ignore la crise des travailleurs et des opprimés La crise des banquiers a rempli la une des journaux de gros titres sensationnels, avec des comptes rendus à l’heure près de l’agonie d’une poignée de millionnaires et de milliardaires à Wall Street. Mais les médias capitalistes ont laissé de côté le véritable drame des saisies et licenciements affectant la vie de millions de travailleurs. Des centaines de milliards de dollars ont été refilés à des banquiers qui se sont retrouvés dans une crise en raison de la rapacité des prêts hypothécaires et de la revente de ces hypothèques sur le marché mondial des capitaux. Aucun secours n’est venu pour les victimes de l’industrie bancaire des hypothèques. On n’a guère accordé d’attention à l’information disant qu’en août, il y avait eu 303.879 dossiers de saisies – une augmentation de 12 pour cent par rapport au mois précédent et de 27 pour cent par rapport au mois d’août de l’an dernier. Un ménage américain sur 416 a reçu un avis de saisie en août. Pour la seule Californie, il y a eu 101.714 dossiers, soit 40 pour cent de plus que le mois précédent et 75 pour cent de plus qu’en août de l’an dernier. Alors qu’elle se lamente sur les affres des banquiers, la presse capitaliste n’a pas de gros titres pour une étude récente intitulée « State of the Dream : Foreclosed » (L’État du rêve : sous saisie) qui montrait que la crise des saisies avait abouti à la pire destruction de la richesse personnelle de l’histoire dans les communautés afro- et latino-américaines. Selon cette étude, les emprunteurs afro-américains ont perdu entre 71 et 92 milliards de dollars en raison de prêts contractés ces huit dernières années. Les chiffres pour la population latino-américaine, qui sont un peu plus élevés que ceux de la population afro-américaine, indiquent des pertes gravitant entre 75 et 98 milliards de dollars. Par rapport à la crise financière, la crise croissante de l’économie capitaliste sévit partout, du fait que la surproduction se traduit par une hausse du chômage. Plus de 84.000 travailleurs ont perdu leur emploi en août, ce qui porte le total de l’année à 605.000. Plus de 2 millions de personnes se sont ajoutées aux sans-emploi ces douze derniers mois, portant le total officiel à 9,4 millions de sans-emploi. Le chômage à long terme est lui aussi à la hausse. Le chômage des travailleurs noirs à atteint 10,6 pour cent et est dû surtout aux pertes d’emplois parmi les femmes noires. Le chômage parmi les mères célibataires et les jeunes est lui aussi à la hausse. Et ces chiffres du gouvernement n’incluent pas les millions de travailleurs découragés qui ont renoncé à chercher un emploi. En pleine crise du crédit, on a annoncé que la production industrielle, la base de l’emploi et du revenu, avait connu en août la pire chute depuis trois ans. Il y a eu une baisse de 1,1 pour cent dans la production des usines, des mines et des services. La production automobile a chuté de 12 pour cent, un record pour la décennie écoulée. Une chose est certaine, au vu de la crise actuelle : Ni la classe capitaliste, qui détient tout la richesse productive, ni le gouvernement capitaliste, qui supervise le système, n’ont le contrôle de la situation économique ou financière. Chacune des mesures qu’ils prennent pour enrayer la crise du crédit est suivie d’une autre explosion de panique. Chaque fois que la bourse grimpe, elle perd rapidement tous ses gains et plus encore. Et qu’importe les déclarations fracassantes des experts prétendant qu’il n’y a pas de récession, la croissante constante du chômage et le déclin de la production se poursuivent, indépendamment de tout prétendu « stimulus économique ». Un changement de cap dans la psychologie de la classe dirigeante L’intervention du gouvernement capitaliste dans la crise bancaire a amené un changement de cap dans la psychologie de la classe dirigeante, qui voit son système échapper de plus en plus à son contrôle. Après que le système capitaliste eut surmonté la crise des années 1930, les patrons américains finirent par oublier pourquoi le président Roosevelt avait pris des mesures sans précédent pour venir au secours de l’économie. Ils se mirent à exprimer leur dédain à l’égard des interventions gouvernementales dans leurs affaires. Bien sûr, ils ont toujours été disposés à ramasser des aumônes sous quelque forme que ce soit – subsides, dépenses militaires, législations spéciales, réductions de taxes, etc. Mais cela ne les empêche pas de se prendre pour les plus grands et puissants dirigeants de sociétés du monde. L’intervention du gouvernement, disaient-ils, c’était bon pour l’Europe et les social-démocrates. Les classes dirigeantes européennes avaient été ébranlées par les travailleurs et par la lutte des classes, par la division et par la guerre. Du fait que les chefs d’entreprises européens étaient faibles et qu’il leur fallait des coups de pouce des gouvernements capitalistes, ils devaient se soumettre au contrôle de leurs affaires par l’État. Un tel cours des choses, toutefois, était fermement rejeté par Wall Street et les géants de l’industrie. Cette dernière crise constitue une énorme dégringolade pour le capital financier américain, habitué à faire la leçon aux autres gouvernements capitalistes à propos des inconvénients des interventions gouvernementales. Brusquement, toutefois, les banquiers et les patrons sont tous unis, de la droite aux modérés et aux libéraux, dans leurs applaudissements à l’adresse du Trésor et de la direction de la Banque centrale des USA pour leur intervention au moment opportun. Ils se soumettent, à contrecœur mais de façon évidente, au regard et au contrôle du gouvernement, soucieux de sauver leur système de la dégringolade. Avec cette crise, la structure du capitalisme américain entre dans une nouvelle phase. Le gouvernement capitaliste a commencé, fragmentairement d’abord mais peut-être systématiquement à l’avenir, à absorber les obligations et mauvaises dettes de l’oligarchie financière boursière et spéculatrice. À long terme, cela ne peut qu’approfondir la crise en la faisant pénétrer plus au cœur encore de l’organisme du capitalisme américain. Il s’ensuivra nécessairement des répercussions, non seulement économiques mais politiques aussi, dans le monde entier, du fait que les rivaux impérialistes voient la vulnérabilité des dirigeants des USA. Cela entraînera un affaiblissement de l’impérialisme américain et, dans un même temps, cela va le rendre plus dangereux encore quand il cherchera à sortir de sa crise. C’est n’est pas un hasard si, le 16 septembre, au beau milieu de ses comptes rendus détaillés de la crise financière, le Wall Street Journal a publié un article intitulé « Keeping Their Powder Dry: Draft Boards Hang On, Just in Case » (Ils gardent leur poudre au sec : les conseils de révision s’accrochent, juste en prévision). Le journal ne parle pas nécessairement de toute la classe dirigeante, ni du Pentagone, pour l’instant. Mais un réflexe, émergeant du beau milieu de la crise chez l’une ou l’autre section de la classe dirigeante, la pousse à envisager une extension accrue de la guerre comme solution. Avec le « Nouvel Ordre mondial » qui attise le conflit avec la Russie en Géorgie, qui voudrait envahir le Pakistan et durcir encore la guerre en Afghanistan, la possibilité d’une nouvelle aventure militaire ne devrait jamais être écartée. La contradiction de base du capitalisme Les Démocrates veulent rejeter le blâme sur Bush et ils réclament plus de contrôle de l’État. Naturellement, les financiers, en soumettant leurs jeux de spéculations à certaines restrictions, ont obtenu que le gouvernement abandonne la plupart des régulations, et la chose remonte à la Dépression. Cette dérégulation a débuté sous l’administration Reagan et elle a atteint son point culminant avec l’administration Clinton. À l’instigation de Citicorp et de Robert Rubin, qui quitta Goldman Sachs pour devenir secrétaire au Trésor, la Loi Glass-Steagall fut abrogée en 1998 sous la protection de l’actuel conseiller économique de McCain, Phil Gramm. La loi interdit aux banques commerciales de s’impliquer dans des opérations d’investissement, de garantir des stocks d’actions et de se livrer à des opérations boursières, de garantie et à toutes autres activités ayant facilité une prolifération de spéculations gigantesques du genre de celles pratiquées avant la Dépression. Et, naturellement, l’administration Bush sabota toutes les tentatives de décourager ces prédateurs que sont les prêteurs sur hypothèques et elle laissa le champ complètement libre à toutes les formes de spéculations boursières échappant à tout contrôle et portant sur des milliers de milliards de dollars, ce qui augmenta les risques en les généralisant à la totalité du système financier mondial. Mais, en dépit de toute la démagogie affichée par le Parti démocratique, l’administration Bush n’est nullement la cause de la crise. L’intervention du gouvernement, le régulation plus sévère des monopoles et des pratiques plus « prudentes » ne peuvent surmonter la contradiction fondamentale du capitalisme : le propriété privée des moyens sociaux d’une production globalisée. C’est une contradiction irréconciliable qu’une infime minorité contrôle la production de la richesse mondiale à son propre profit. C’est une contradiction irréconciliable que cette appareil mondial s’arrête de fonctionner quand il y a une crise de profitabilité pour les patrons. Et une telle crise surgit toujours, tôt ou tard, en raison de l’anarchie de la production capitaliste. Aucun capitaliste ne sait où ce qui est produit peut être vendu. Mais, dans la précipitation vers la « part du marché » en vue du profit le plus élevé, chaque groupe capitaliste est forcé d’accroître sa production. Simultanément, les lois du capitalisme forcent chaque capitaliste à réduire les salaires des travailleurs autant que faire se peut. Au cours des trois dernières décennies, la classe capitaliste a créé un système capitaliste à bas salaires qui dresse les travailleurs les uns contre les autres à l’échelle mondiale. Cela ne fait qu’aggraver et accélérer la contradiction du système du profit. Sous le capitalisme, la production est anarchique et, en fin de compte, elle prolifère à un point où les travailleurs ne peuvent plus acheter ce qui est produit à un prix qui rapportera un profit au patron. L’anarchie de la production se reflète dans l’anarchie du système financier dans sa crise actuelle. Dans la crise actuelle, les milliardaires du sommet de la société capitaliste peuvent perdre une partie de leur richesse, qui n’existait réellement que sur papier, mais ils gardent leurs luxueuses résidences, leurs serviteurs, les limousines et leurs jets privés. Ce sont les travailleurs qui encaissent le choc de la crise économique. La seule façon d’en sortir, c’est la voie de la résistance – comme le mouvement pour mettre un terme aux saisies, qui acquiert de la force un peu partout dans le pays. " Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action |
| | Posté le 06-11-2008 à 22:41:31
| la récession aux USA Ci-dessous un article sur la récession et les licenciements aux USA. Ils frappent durement les travailleurs américains. Comme on a pu l'observer durant la campagne électorale, Barak Obama a déjà retourné plusieurs fois sa veste et s'est joint à l'Union Sacrée souhaitée par G. Bush lors de l'approbation houleuse du plan Paulson. Sa victoire aux élections ne constitue pas un changement radical d'orientation ni pour les masses ni pour les oligopoles US.
Indications d’une récession profonde aux Etats-Unis, sur fond de licenciements s’étendant de la côte Ouest à la côte Est Le patronat américain, tant dans le privé que le public, a annoncé des dizaines de licenciements de masse ces derniers jours. L’impact de la récession a commencé à s’étendre largement au-delà du secteur de l’implosion financière et des industries en difficulté telle l’automobile pour toucher l’économie en général. Les Etats-Unis sont à présent entrés dans ce qui est, dans l’attente de certains analystes, la pire récession depuis plus d’un quart de siècle. Les économistes de JPMorgan Chase ont évalué vendredi que le produit intérieur brut est tombé à un taux annuel de 0,5 pour cent au troisième trimestre de cette année en prévoyant un déclin de 4 pour cent au cours des trois prochains mois d’ici décembre. Ceci signifierait le déclin le plus abrupt depuis la récession de 1981-82. Le chômage devrait subir une accélération rapide. « A mon avis il sera de l’ordre de 8 ou 8,5 pour cent d’ici la fin de l’année prochaine », a dit au New York Times Nigel Gault, économiste en chef de Global Insight. Les statistiques rassemblées par le cabinet de conseil en recrutement Challenger, Gray & Christmas, révèlent que les cinq premiers secteurs responsables de licenciements durant les neuf premiers mois, donc jusqu’à septembre de cette année sont : le secteur financier avec 111 200 suppressions d’emploi ; le secteur des services à l’automobile avec 94 900 licenciements ; le secteur gouvernemental à but non lucratif, 66 800 licenciements ; les transports, 62 000 licenciements ; et le commerce de détail avec une perte de 51 300 emplois. Dix-sept des vingt-neuf hauts fourneaux des aciéries américaines ont cessé de fonctionner suite à une baisse de la demande, ce qui devrait accélérer la baisse de la production qui a connu un déclin de 4 pour cent durant le mois d’août à septembre. L’analyste Michelle Applebaum, de Chicago, a dit au Times que ces chiffres reflétaient « des réductions presque instantanées de production suite à une baisse de la demande mondiale d’acier vu que les acheteurs d’acier différaient leurs achats en préférant recourir à leurs propres stocks par ces temps incertains ». Les géants américains de l’automobile ont annoncé presque tous les jours au cours de ces deux dernières semaines de nouvelles séries de suppressions d’emplois. Vendredi, Chrysler a révélé que 25 pour cent de ses salariés dans le secteur administratif seraient licenciés avant la fin de l’année et qu’une autre restructuration aurait lieu « dans un avenir proche ». L’annonce qui touche environ 5000 cols blancs, est tombée un jour après que Chrysler eut révélé ses projets de supprimer 1825 autres emplois. Un porte-parole de l’entreprise a dit que les suppressions étaient provoquées par une baisse des ventes au pays et n’étaient pas liées à une éventuelle fusion avec General Motors (GM), Nissan ou Renault. Les experts de l’industrie automobile ont rejeté cette affirmation. « Les gens qu’ils licencient n’accepteraient certainement pas les différentes alternatives qu’on leur propose », a dit au Wall Street Journal, Van Conway, directeur et partenaire de la firme Conway MacKenzie & Dunleavy sise à Detroit. « Pourquoi les garder, si GM ou Renault ou un autre va reprendre l’entreprise ? Ils sont en train de réduire leurs capacités, c’est sûr, et il semble bien qu’ils vont vendre. C’est évident. » Les licenciements ne sont qu’un avant-goût des dizaines de milliers de suppressions d’emplois qui vont aller de pair avec une fusion finalisée entre les principales entreprises automobiles. GM a annoncé la semaine dernière qu’ils allaient suspendre de nombreuses allocations dont bénéficient les employés, y compris les contributions pour les produits de retraite 401(k) des salariés, ils ont aussi dit qu’ils envisageaient de supprimer fin 2008 et début 2009 un nombre non défini d’emplois de leurs effectifs salariés et contractuels. Le Journal a rapporté samedi à l’occasion d’un autre indice du rapide déclin de l’ancien géant industriel, que Toyota dépasserait probablement en octobre GM comme premier producteur mondial en termes de ventes. GM avait occupé cette position pendant plus de 50 ans. La récession que connaît le secteur manufacturier va exacerber la crise sociale qui touche déjà de vastes couches de la classe ouvrière et des classes moyennes. Les Etats tributaires de l’emploi industriel tels le Michigan et Rhode Island, dont les taux de chômage officiels sont respectivement de 8,7 et 8,8 pour cent ont été tout particulièrement touchés. Les suppressions d’emplois se sont étendues dans l’ensemble des Etats-Unis, en touchant tous les secteurs industriels y compris de nombreux employeurs du secteur des services. La production ayant trait à l’automobile a été durement touchée : Le Group Diez a annoncé la fermeture de trois usines d’emboutissage de métaux au Michigan avec suppression de 352 emplois. DMAX, une joint-venture de GM et d’Isuzu sise à Moraine en Ohio, a supprimé 300 emplois. B.F. Goodrich a supprimé 500 emplois à son usine de pneus à Woodburn en Indiana. Thomas-Built a supprimé 205 emplois à son usine d’autobus de High Point en Caroline du Nord. D’autres suppressions d’emplois dans le secteur industriel concernent un total de 1.000 emplois dans trois usines en Caroline du Nord : Silver Line Building Products à Durham, UCO Fabrics à Rockingham et IWC Direct à Elm City. Le fournisseur de solutions et services de communications ADC Telecommunications implanté au Minnesota a supprimé 190 emplois et Align Technologies en a supprimé 111 à Santa Clara en Californie. Le domaine de la santé et des services publics commence également à être touché. Cambridge Health Alliance dans l’Etat du Massachussetts a supprimé 650 emplois, Blue Cross Blue Shield du Michigan 100 et le centre médical de l’Université de Pittsburgh 500. Le comté de Los Angeles a remis des avis de mise à pied à 200 salariés faute de moyens budgétaires suffisants. Même les emplois publics en général sont touchés étant donné que la récession affecte les recettes d’impôts des Etats. L’un des plus grands employeurs gouvernementaux, le service postal américain, a informé ses syndicats que 16 000 employés techniques n’étaient pas couverts par la clause de non-licenciement et pourraient être licenciés. Le gouvernement Bush n’a proposé aucun plan de sauvetage aux millions d’Américains ordinaires qui sont menacés de perdre leur emploi, leur maison et leurs économies. Avec l’aggravation de la récession, les débats se sont concentrés sur une extension du renflouement du secteur financier, évalué potentiellement à plus de 2 billions de dollars, à des couches plus larges du patronat. Le Wall Street Journal a rapporté samedi : « Le Trésor américain envisage d’acquérir des titres de participation dans les sociétés d’assurance, une indication selon laquelle le projet gouvernemental de sauvetage de 700 milliards de dollars pourrait se transformer en une tirelire pour les industries en difficultés… Le Financial Services Roundtable, un groupe commercial sis à Washington a envoyé vendredi une lettre au Trésor pour demander un élargissement du plan de soutien gouvernemental d’injection de fonds de façon à inclure les courtiers négociants, les compagnies d’assurances, les fabricants automobiles et les firmes sous contrôle étranger. » Les compagnies d’assurances sont d’importants acteurs des marchés financiers avec les 1,3 billion de dollars de dettes d’entreprise figurant à leur bilan. Le Trésor avait déjà projeté de racheter les « créances douteuses » de la branche et considère à présent s’il doit injecter plus de fonds publics dans le secteur en achetant les titres de participation. Les entreprises automobiles veulent faire partie du programme pour pouvoir accéder à suffisamment de capital et poursuivre leurs projets de fusion. Le Journal a fait remarquer que le probable élargissement du plan de soutien « pourrait exercer une pression » sur le montant de l’argent avancé initialement en creusant davantage encore le déficit budgétaire du gouvernement fédéral. L’absolue priorité de l’élite dirigeante est d’assurer que l’oligarchie financière qui est responsable de la crise économique reste intouchée par son impact en reportant le fardeau de cette catastrophe sur le dos de la classe ouvrière. Cette stratégie demeurera intacte en cas de victoire démocrate aux prochaines élections présidentielles. Le principal conseiller économique de Barack Obama, Robert Rubin, a accordé une interview révélatrice à l’émission d’hier « Face the Nation » de la chaîne CBS. Rubin, qui est actuellement le président de Citigroup, avait été secrétaire au Trésor dans le gouvernement de Bill Clinton et également un ancien associé de Goldman Sachs. Il a souligné que des dépenses supplémentaires, dans le cadre du soi-disant plan de relance budgétaire de la « reprise économique » des démocrates, seraient « liées à un engagement à une discipline fiscale à long terme de façon à ce que nous ne courions pas le risque de miner notre marché obligataire et notre marché monétaire » et « liées à un engagement à long terme pour rétablir des conditions fiscales saines ». En d’autres termes, une limitation substantielle des dépenses publiques pour les programmes sociaux et l’infrastructure, figure à l’ordre du jour. La relance budgétaire de 150 milliards de dollars proposée par les démocrates n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan par rapport au plan de renflouement de Wall Street, sans mentionner les besoins sociaux réels de la population. Mais, même cette maigre somme sera prise pour cible afin de promouvoir des secteurs économiques choisis et non pas pour soulager la détresse sociale grandissante. Le présentateur de CBS, Bob Schieffer, a demandé Rubin si le plan de relance budgétaire inclurait « un quelconque programme massif de grands travaux d’utilité publique comme celui que le président Roosevelt avait appliqué durant la Grande Dépression », ou s’il prévoyait que les gens dans le besoin recevraient des chèques de la part du gouvernement. Après avoir émis un petit rire de dérision concernant les programmes de grands travaux d’utilité publique lancés dans les années 1930, Rubin a répondu : « Bob, je dirais que ce n’est ni l’une ni l’autre option, telles que vous les décrivez. » Il a expliqué que l’argent serait dirigé vers les gouvernements locaux et fédéraux de telle sorte que les programmes économiques et sociaux existant déjà, et qui sont extrêmement inadéquats, puissent être maintenus. Il a également dit que des abattements d’impôts supplémentaires seraient établis. Un article à la une du New York Times d’hier et intitulé, « En cas de raz-de-marée électoral du parti, les démocrates voient les risques et les récompenses » a précisé qu’il n’y aura pas de changement significatif dans la politique économique et sociale du pays et ce, même, comme c’est probable, en cas de victoire présidentielle et de l’éventualité d’une vaste majorité démocrate au sein des deux chambres du congrès. Une telle victoire, remarque le Times, comprenant une majorité de 60 membres au Sénat qui mettrait à mal des manœuvres parlementaires d’obstruction (filibusters) « pourrait donner une force extraordinaire aux démocrates pour développer un programme ambitieux de santé, d’impôts, de droits syndicaux, de l’énergie et de la sécurité nationale ». Mais, poursuit l’article : « Assagis par leurs années d’exil, les démocrates ont dit qu’ils étaient déterminés à éviter ces pièges [d’un "excès de confiance en soi"] au cas où les électeurs leur donneraient le contrôle de la Maison-Blanche et du Congrès… Le caractère de la majorité démocrate, élargie en partie du fait de l’élection de centristes et même de conservateurs, tempérerait également le zèle démocrate de poursuivre un programme excessivement idéologique, ont affirmé les démocrates. » Au motif fallacieux d’en appeler aux « centristes » et d’éviter un « programme idéologique », Obama et ses collègues sont prêts à intensifier le programme droitier avancé par les gouvernements successifs républicains et démocrates. Ces développements ont révélé au grand jour les partisans d’Obama, ceux qui prônent le libéralisme politique et ceux de « gauche », qui cherchent à entretenir l’illusion qu’une victoire électorale démocrate marquerait une quelconque rupture avec le programme réactionnaire de Bush. Mercredi 05 Novembre 2008 - Patrick O'Connor publié dans : http://www.alterinfo.net/Indications-d-une-recession-profonde-aux-Etats-Unis,-sur-fond-de-licenciements-s-etendant-de-la-cote-Ouest-a-la-cote-Est_a25671.html?TOKEN_RETURN |
| | Posté le 06-11-2008 à 23:51:03
| les prises de position d'Obama : opportunisme et démagogie La presse bourgeoise a salué l'élection d'Obama comme un événement sans précédent, un exemple de démocratie, le dream réalisé de Martin Luther King, et s'est longuement étendue sur son programme social. En fait Obama constitue le dernier recours de l'impérialisme US pour se prémunir des émeutes . Les flatteries des dirigeants bourgeois à son égard n'ont pas d'autre signification que leur volonté d'en finir avec l'arrogance de feu le number one . La veille du scrutin, Villepin affichait ouvertement son soutien à Obama. Et des élections fictives étaient organisées dans d'autres pays à la seule fin de peser sur le vote du peuple américain. Voilà qui en dit long sur le revers historique du gendarme du monde. Cet extrait d'article, paru sur le site de M. Collon, récapitule les contorsions électoralistes du candidat démocrate au cours de sa campagne et démontre que l'impérialisme US n'a nullement désarmé : Dans sa rubrique, Cockburn se moque de l’ « Obomania » : quiconque veut critiquer Obama doit aller le faire dans les parcs en murmurant, sinon il se fait maltraiter dans sa propre famille. De plus, Cockburn ne trouve aucune raison positive de voter pour Obama, mais seulement des raisons de voter contre McCain-Palin. Alors, lui ai-je demandé, que peut-on espérer ? « D’après ce qu’on a vu jusqu’à présent, pas grand-chose. Ses positions pendant les quatre années au Sénat ont toutes été de centre droit, et plutôt opportunistes. Son instinct fondamental est le modérantisme, le bipartisanisme, le centrisme. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était en 2006 quand il est allé dans le Connecticut pour soutenir aux primaires démocrates ce sale type qu’est Joe Liebermann (l’ex-candidat démocrate à la vice-présidence avec Al Gore en 2000, passé maintenant au soutien de McCain, et représentant de pointe du lobby juif) contre le candidat pacifiste. Toutes les positions progressistes qu’il avait prises aux primaires pour conquérir la base de gauche, il les a ensuite reniées. Pour limiter la corruption électorale, il s’était engagé à limiter ses dépenses au financement public. McCain a tenu sa promesse, mais Obama dès qu’il a vu qu’il était en train de recueillir le triple des fonds de McCain a dit qu’il n’allait pas utiliser le financement public pour pouvoir avoir les mains libres. En février, il s’était déclaré contre les interceptions non autorisées par un juge et ensuite, en juin, il a voté pour, en soutenant que « la capacité de surveiller et pister des gens qui veulent attaquer les Etats-Unis est un outil vital de l’anti-terrorisme ». Il s’était légèrement rapproché des Palestiniens, mais en juin dernier il a couru discuter avec le lobby juif pour déclarer son soutien sans faille à toute politique israélienne. Il avait promis un retour immédiat d’Irak, maintenant il se dit prêt à un retrait responsable, c’est-à-dire dilué dans le temps et partiel. Surtout, il s’est engagé à augmenter de 90.000 unités les forces armées et à augmenter encore plus le budget de la défense. Tiens compte du fait que, avec 635 milliards de dollars, le budget de l’an dernier a été en termes réels le plus haut de toute l’histoire américaine et que les Etats-Unis dépensent déjà maintenant pour le Pentagone plus d’argent que tout le reste du monde n’en dépense en budget militaire. Et Obama promet de bombarder une nation souveraine comme le Pakistan, et son vice-président Biden a déjà dit que « les relations avec la Russie seront le premier test important de la nouvelle administration ». http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-11-04%2009:48:43&log=invites |
| | Posté le 13-11-2008 à 23:19:30
| Obama : comment ne rien changer et leurrer les masses populaires ? Je reproduis ci-dessous un article long mais assez documenté, publié dans Alterinfo, sur les objectifs poursuivis par Obama et son équipe. On notera le cynisme de Lawrence Summers sur les critère de pollution. Lawrence Summers est l’un des trois candidats pressentis au Trésor pour remplacer Paulson, avec le patron de la banque de la Réserve fédérale de New York, Timothy Geithner, et Paul Volcker. On compte également dans le clan Obama George Soros, qui a activement travaillé aux levées de fonds pour sa candidature.
Qui sont les artisans du désastre économique ? L’administration Obama inversera-t-elle la tendance ? Michel Chossudovsky, 9 novembre 2008 dans Global Research La plus grave crise économique de l'histoire moderne L’effritement financier d’octobre 2008 n’est pas l’effet d'un phénomène économique cyclique. C’est un aboutissant calculé de la politique du gouvernement des États-Unis, orchestré par son Ministère des Finances et sa Réserve fédérale. C’est la plus grave crise économique de l'histoire du monde. Le « renflouage » proposé par le trésor public étasunien ne constitue pas une « solution » à la crise. C’est en fait tout le contraire : il provoque davantage de débâcle. Il crée une concentration de richesses sans précédent, qui à son tour contribue à creuser les inégalités économiques et sociales, à l'intérieur et entre nations. Le niveau d'endettement est monté en flèche. Poussées à la faillite, les corporations industrielles sont rachetées par les institutions financières mondiales. Le crédit, c’est-à-dire, l'offre de prêts de financement, qui constitue la bouée de sauvetage de la production et de l'investissement, est contrôlé par une poignée de conglomérats financiers. Avec le « renflouage, » la dette publique a dérapé. Les États-Unis sont le pays le plus endetté de la planète. Avant le « renflouage, » leur dette publique était de l'ordre de 10 billions de dollars. Cette dette libellée en dollars US se compose de bons du Trésor et d’obligations en souffrance, détenues par des particuliers, des gouvernements étrangers, des entreprises et des institutions financières. « Le Renflouage « : L'administration étasunienne finance son propre endettement Ironiquement, les banques de Wall Street bénéficiaires de l'argent du renflouage sont aussi les courtiers et les assureurs de la dette publique des États-Unis. Bien que les banques ne détiennent qu’une partie de la dette publique, elles font des affaires et du commerce dans le monde entier avec les titres de la dette publique libellés en dollar. Dans une conjoncture déplaisante, les banques sont bénéficiaires d’une aumône de plus de 700 milliards de dollars, et agissent en même temps à titre de créanciers du gouvernement. Nous avons affaire à un sac de nœuds absurde : Pour financer le renflouement, Washington doit emprunter à des banques qui bénéficient du renflouage. L'administration étasunienne finance ses propres dettes. Les administrations fédérale, étatiques et municipales sont de plus en plus paralysées, sous strict contrôle des conglomérats financiers mondiaux. Les créanciers réclament de plus en plus au gouvernement le lancement d’une réforme. Le renflouage incite à la consolidation et à la centralisation du pouvoir bancaire, ce qui à son tour produit des retombées sur l'activité économique réelle, conduisant à une série de faillites et au chômage de masse. L’administration Obama inversera-t-elle la tendance ? La crise financière fait suite à la déréglementation du système financier. Obama a déclaré sans équivoque sa volonté de s'attaquer aux échecs politiques de l'administration Bush, et de « démocratiser » le système financier étasunien. Barack Obama, le Président élu, affirme être déterminé à inverser la tendance : « Rappelons-nous que si cette crise financière nous a appris quelque chose, c'est que nous ne pouvons avoir une Wall Street prospère pendant que le monde laborieux souffre. Dans ce pays, nous nous élevons ou chutons en tant que nation, en tant que peuple. » (Président élu Barack Obama, 4 novembre 2008) Avec désinvolture, les démocrates reprochent à l'administration Bush la débâcle financière d’octobre. Obama a fait savoir qu'il établira un programme politique tout autre, qui servira les intérêts du monde laborieux : « Demain, vous pourrez tourner la page sur les politiques qui poussent à la cupidité et à l'irresponsabilité de Wall Street devant le dur labeur et le sacrifice des hommes et des femmes de partout dans le monde du travail. Demain, vous pourrez choisir les politiques qui investissent dans notre classe moyenne, créent de nouveaux emplois et accroissent leur économie, de sorte que tout le monde ait une chance de réussir, du directeur général à la secrétaire et au concierge, du propriétaire de l'usine aux hommes et femmes qui y travaillent. (Barack Obama, campagne électorale, 3 novembre 2008) Obama est-il engagé dans le « domptage de Wall Street » et dans la « neutralisation des marchés financiers « ? De manière ironique, cette politique de « cupidité et d'irresponsabilité » fut instaurée sous l'administration Clinton. La Financial Services Modernization Act (FSMA ou loi de modernisation des services financiers) de 1999 a incité à abroger la Glass-Steagall Act de 1933. La Glass-Steagall Act, ce pilier du « New Deal » du président Roosevelt, fut instaurée en réponse au climat de corruption, de manipulation financière et de « délit d'initié, » qui mena à la faillite de plus de 5.000 banques dans les années qui suivirent le krach de Wall Street en 1929. Dans le cadre de la Financial Services Modernization Act de 1999, le contrôle effectif de l'ensemble du secteur des services financiers des États-Unis (incluant les compagnies d'assurance, les fonds de pension, les titres, etc) a été cédé à une poignée de conglomérats financiers et à leurs associés, les fonds de spéculation (hedge funds). Les instigateurs du désastre financier Qui sont les artisans de cette débâcle ? Ironie amère, l’équipe de transition du Président élu Barack Obama songe à présent aux instigateurs du désastre financier pour le poste de Ministre des Finances : Lawrence Summers a joué un rôle clef dans le lobbying au Congrès pour l'abrogation de la Glass Steagall Act. Sa nomination opportune au poste de Ministre des Finances par le Président Clinton en 1999 a permis de forcer l'adoption de la Financial Services Modernization Act en novembre 1999. Au terme de son mandat à la tête des Finances, il est devenu président de l'université de Harvard (2001-2006). Paul Volker était président de la Réserve fédérale dans les années 80 de l'ère Reagan. Il a joué un rôle central dans la mise en œuvre de la première phase de déréglementation financière, qui a favorisé la foule de faillites, fusions et acquisitions menant à la crise financière de 1987. Timothy Geithner est directeur général de la Banque de la Réserve fédérale de New York (FRBNY), la plus puissante institution financière privée d’Amérique. Il est aussi ancien fonctionnaire des Finances de l'administration Clinton. Il a travaillé pour Kissinger Associates et fut aussi en poste au FMI. La FRBNY joue un rôle en coulisses dans la mise au point de la politique financière. Geithner agit pour le compte de puissants financiers derrière la FRBNY. Il est en plus membre du Council on Foreign Relations (CFR). Jon Corzine, aujourd’hui gouverneur du New Jersey, est un ancien directeur général de Goldman Sachs. Au moment de la rédaction de cet article, le favori d’Obama pour le poste de Ministre des Finances était Larry Summers. Lawrence Summers, professeur d'économie à l'université de Harvard, a servi d’économiste en chef à la Banque mondiale (1991-1993). Il a contribué à la conception des réformes macro-économiques imposées à nombre de pays émergents endettés. L'impact social et économique de ces réformes, dans le cadre du programme d'ajustement structurel (PAS), parrainé par le FMI et la Banque mondiale, a été dévastateur, entraînant la misère de masse. La période de Larry Summer à la Banque mondiale coïncidait avec l'effondrement de l'Union Soviétique et l'imposition de la « médecine économique » mortelle du FMI et de la Banque mondiale en Europe de l'Est, dans les anciennes républiques soviétiques et dans les Balkans. En 1993, Summers a déménagé au Ministère des Finances des États-Unis. Il a d'abord occupé le poste de secrétaire général des Finances pour les affaires internationales et, plus tard, de Ministre adjoint. En liaison avec ses anciens collègues du FMI et de la Banque mondiale, il a joué un rôle clef dans l'élaboration du « traitement de choc » économique du train de réformes imposées à la Corée du Sud, à la Thaïlande et à l’Indonésie, lors de l’apogée de la crise asiatique de 1997. Les accords de renflouage négociés avec ces trois pays ont été coordonnées du Ministère des Finances, par Summers en liaison avec la Banque de la Réserve fédérale de New York et les institutions de Bretton Woods à Washington. Summers a travaillé en étroite collaboration avec le directeur général adjoint du FMI, Stanley Fischer, nommé ensuite gouverneur de la Banque centrale d'Israël. Larry Summers est devenu Ministre des Finances en juillet 1999. C’est un protégé de David Rockefeller. Ce fut l'un des principaux artisans de l'infâme Financial Services Modernization Act, qui, purement et simplement, légitima le délit d’initié et la manipulation financière. « Mettre le renard à la garde du poulailler » Summers est aujourd’hui consultant pour Goldman Sachs et directeur général de DE Shaw Group, un organisme de fonds spéculatifs. En tant que gestionnaire de fonds de spéculation, ses contacts avec les Finances et Wall Street lui procurent de précieuses informations privilégiées sur le mouvement des marchés financiers. Sous la gouverne de Larry Summers, et en conséquence directe de la crise financière, le DE Shaw Group a fait des bénéfices records. Fin octobre 2008, à l’apogée de la crise financière, le DE Shaw Group a annoncé 7 milliards de dollars de revenu, en augmentation de 22 pour cent sur l'année précédente, « avec près de trois fois plus d'argent dans la main qu’il y a un an » (2theadvocate.com 31 octobre 2008). Mettre un gestionnaire de fonds de spéculation (ayant des liens à l’establishment financier de Wall Street) en charge des Finances équivaut à placer le renard à la garde du poulailler. Le Consensus de Washington Summers, Geithner, Corzine, Volker, Fischer, Phil Gramm, Bernanke, Hank Paulson, Rubin, sans mentionner Alan Greenspan, et autres, sont des copains. Ils jouent au golf ensemble ; ont des liens avec le Council on Foreign Relations et les Bilderberg ; agissent de conserve conformément aux intérêts de Wall Street ; se rencontrent à huis clos ; sont sur la même longueur d'onde ; sont Démocrates et Républicains. Bien qu'ils puissent se disputer sur certaines questions, ils sont fermement attachés au Consensus Washington-Wall Street. Ils sont absolument impitoyables dans la gestion de leurs opérations économiques et financières. Leurs actions sont à but lucratif. En dehors de leur strict intérêt envers le « rendement » des « marchés, » ils sont peu concernés par la « vie des êtres humains, » par comment la vie des gens est affectée par l’éventail de réformes macro-économiques et financières implacables, qui force à la faillite des secteurs entiers de l'activité économique. Le raisonnement sous-jacent au discours économique néolibéral est souvent cynique et méprisant. À cet égard, le discours économique de Lawrence Summers se distingue. Il est connu chez les écologistes pour avoir proposé de déverser les déchets toxiques dans les pays du tiers monde, car, là-bas, les gens ont la vie plus courte et le coût de main-d'œuvre est extrêmement bas, ce qui signifie essentiellement que la valeur de marché des gens du tiers monde est très inférieure. Selon Summers, ça rend beaucoup plus « rentable » l’exportation des matières dangereuses vers les pays pauvres. En 1991, une note de service controversée de la Banque mondiale, signée par l’économiste en chef Larry Summers, indique ce qui suit (extraits avec emphase rajoutée) : Date : 12 décembre 1991 – Pour : Distribution – De : Lawrence H. Summers – Objet : GEP [GEP signifie Bonnes Pratiques Environnementales, ndt] Industries « sales « : Juste entre vous et moi, la Banque mondiale ne devrait-elle pas encourager DAVANTAGE la migration des industries sales vers les pays les moins développés ? Je vois trois raisons : 1) La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus d’avance de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité. . . De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. 2) Le coût de la pollution est susceptible d'être non linéaire, car l’ajout de la première pollution a sans doute un coût très bas. J'ai toujours pensé que les pays sous-peuplés d'Afrique sont infiniment peu pollués, la qualité de leur air est sans doute considérablement peu rentable par rapport à Los Angeles ou Mexico. Seuls ces faits déplorables, que tant de pollution soit produite par des industries non négociables (transport, production d'électricité), et que coût unitaire du transport des déchets solides soit si élevé, empêchent l’amélioration du bien-être du monde du commerce de la pollution de l'air et des déchets. 3) La demande d’un environnement propre pour des raisons esthétiques et de santé est susceptible d'avoir une très grande élasticité de revenus. [La demande augmente avec le niveau de revenu]. L'inquiétude à propos d’un agent ayant une chance sur un million de provoquer le cancer de la prostate est de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens survivent au cancer de la prostate que dans un pays où le taux de mortalité des moins de 5 ans est de 200 pour mille. http://www.globalpolicy.org/socecon/envronmt/summers.htm L’attitude de Summers sur l'exportation de la pollution vers les pays émergents a eu un impact marqué sur la politique environnementale des États-Unis : En 1994, pratiquement tous les pays du monde ont rompu d’avec les réflexions de logique économique de M. Summers formé à Harvard, sur le déversement des poisons des pays riches chez leurs voisins plus pauvres, et ont décidé d'interdire l'exportation des déchets dangereux de l'OCDE vers les pays [émergents] non membres de l'OCDE dans le cadre de la Convention de Bâle. Cinq ans plus tard, les États-Unis sont l'un des rares pays n'ayant toujours ni ratifié la Convention de Bâle ni l'Amendement d'Interdiction de la Convention de Bâle sur l'exportation des déchets dangereux de l'OCDE vers les pays hors OCDE. [Jim Valette, La guerre contre la Terre de Larry Summers, Counterpunch, non daté] Crise asiatique de 1997 : Répétition générale des choses à venir Courant 1997, la spéculation monétaire, instrumentée par de grandes institutions financières contre la Thaïlande, l'Indonésie et la Corée du Sud, a favorisé l'effondrement des monnaies nationales et le transfert de milliards de dollars des réserves des banques centrales entre les mains de financiers privés. Plusieurs observateurs ont signalé la manipulation délibérée du marché des actions ordinaires et des devises par des banques d’affaires et des sociétés de courtage. Bien que les accords de renflouage asiatiques étaient négociés officiellement par le FMI, les grandes banques de commerce de Wall Street (dont Chase, Bank of America, Citigroup et JP Morgan), ainsi que les « cinq grandes » les banques d'affaires (dont Goldman Sachs, Lehman Brothers, Morgan Stanley et Salomon Smith Barney) ont été « consultées » sur les clauses à inclure dans ces accords. Les Finances des États-Unis, en liaison avec Wall Street et les institutions de Bretton Woods, ont joué un rôle central dans la négociation des accords de renflouage. Larry Summers et Timothy Geithner, ont participé activement au nom des Finances des États-Unis au renflouage de la Corée du Sud en 1997 : [En 1997] MM Summers et Geithner s’activaient à persuader M. Rubin pour qu’il soutienne l'aide financière à la Corée du Sud. M. Rubin s’inquiétait de pareille mesure, se tracassant du fait que fournir de l'argent à un pays en situation désespérée pourrait être une affaire perdue d’avance. . . (WSJ, 8 novembre 2008) Ce qui est arrivé en Corée du Sud du fait des conseils du sous-secrétaire des Finances Summers et des autres, n'a rien à voir avec l’« aide financière. » Le pays a été littéralement mis à sac. Le sous-secrétaire des Finances, David Lipton, a été envoyé à Séoul en début décembre 1997. Des négociations secrètes ont été engagées. Washington a exigé le congédiement du Ministre des Finances de Corée du Sud et l'acceptation sans réserve du « renflouage » du FMI. Aussitôt après sa nomination, le nouveau Ministre des Finances, qui se trouvait être un ancien fonctionnaire du FMI et de la Banque mondiale, est parti précipitamment à Washington pour des « consultations » avec son ancien collègue Stanley Fischer, directeur général adjoint du FMI,. Le corps législatif coréen s’est réunis en sessions extraordinaire le 23 décembre. La décision finale, concernant le marché de 57 milliards de dollars, a été prise le lendemain, le 24 décembre, lors du réveillon de Noël, après les heures de bureau à New York. Les plus hauts financiers de Wall Street, de Chase Manhattan, Bank America, Citicorp et JP Morgan, ont été convoqués pour une réunion à la Banque de la Réserve fédérale de New York. C’est aussi dans la salle du réveillon de Noël qu’étaient les représentants des cinq grandes banques d’affaires de New York, notamment Goldman Sachs, Lehman Brothers, Morgan Stanley et Salomon Smith Barney. Et à minuit, au réveillon de Noël, recevant le feu vert des banques, le FMI a accordé à la hâte 10 milliards de dollars à Séoul pour répondre à l'avalanche de dettes à court terme venant à échéance. Les coffres de la Banque centrale de Corée du Sud ont été mis à sac. Les créanciers et les spéculateurs attendaient anxieusement pour toucher leur butin. Ces mêmes institutions, qui spéculaient contre la victoire coréenne, ont encaissé l’argent du renflouage du FMI. C’était une escroquerie. (Voir Michel Chossudovsky, The Recolonization of Korea, publié par la suite en chapitre de The Globalization of Poverty and the New World Order, Global Research, Montréal, 2003.) Cette « puissante médecine économie « est la prescription du Consensus de Washington. « Souffrance à court terme pour gains à long terme » était la devise de la Banque mondiale durant la période de Lawrence Summers en tant que son économiste en chef. (Voir IMF, World Bank Reforms Leave Poor Behind, Bank Economist Finds, Bloomberg, 7 novembre 2000) Ce dont nous avons à faire est tout un « réseau de vieux copains, » fonctionnaires et conseillers des Finances, de la Réserve fédérale, du FMI, de la Banque mondiale, des groupes de réflexion de Washington, qui est en liaison permanente avec les principaux bailleurs de fonds de Wall Street. Quel qu’il soit, celui que choisira l’équipe de transition d’Obama fera partie du Consensus de Washington. La Financial Services Modernization Act de 1999 Ce qui est arrivé en octobre 1999 est décisif. Suite à de longues négociations à huis clos dans les salles de réunion de Wall Street, dans lesquelles Larry Summers joua un rôle central, le cadre réglementaire contrôlant les puissants conglomérats bancaires Wall Street fut abrogé « d’un trait de plume. » Larry Summers travaillait en étroite collaboration avec le sénateur Phil Gramm (1985-2002), président du comité sénatorial des banques, qui fut l'artisan législatif de la Gramm-Leach-Bliley Financial Services Modernization Act, promulguée le 12 novembre 1999 (voir la photo de groupe ci-dessus). (Pour le texte complet voir sur le site du Congrès des États-Unis : Pub.L. 106-102). En tant que sénateur du Texas, Phil Gramm fut étroitement associé à Enron. En décembre 2000, en fin du mandat de Clinton, Gram présenta un deuxième projet de loi appelé Gramm-Lugar Commodity Futures Modernization Act (FSMA), qui ouvrait la voie à l'attaque spéculative dans les produits de base, notamment le pétrole et les denrées alimentaires. Cette loi, a-t-il déclaré, permettrait de s'assurer que ni la SEC ni la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) ne puissent contrôler les affaires des produits financiers modernes appelés swaps, et donc " protégerait les institutions financières de la sur-réglementation » et la « positon de leader mondial de notre secteur des services financiers dans le nouveau siècle. » (Voir David Corn, Foreclosure Phil, Mother Jones, juillet-août 2008) Phil Gramm était le premier choix de McCain pour le poste de Ministre des Finances. Dans le cadre des nouvelles règles de la FSMA, ratifiée par le Sénat en octobre 1999 et approuvée par le Président Clinton, les banques commerciales, sociétés de courtage, fonds spéculatifs, investisseurs institutionnels, fonds de pension et compagnies d'assurance, peuvent investir librement dans toute autre entreprise, ainsi que regrouper entièrement leur opérations financières. Un « supermarché financier mondial » a été créé, ouvrant la voie à une énorme concentration de puissance financière. L'un des personnages clefs à l’origine de ce projet fut le Ministre des Finances Larry Summers, en coopération avec David Rockefeller. Summers décrivait la FSMA comme « le fondement législatif du système financier du 21ème siècle. » Ce fondement législatif est l'une des principales raisons de la débâcle financière de 2008. Démilitarisation de la finance Il ne peut y avoir de solution constructive à la crise, sauf réforme majeure dans le système financier, ce qui implique, entre autres, le gel du négoce spéculatif et la « neutralisation des marchés financiers. » Le projet de neutralisation des marchés financiers fut proposé pour la première fois dans les années 40 par John Maynard Keynes, comme un moyen pour l’institution d’un un système monétaire international multipolaire. (Voir JM Keynes, Activities 1940-1944, Shaping the Post-War World: The Clearing Union, The Collected Writings de John Maynard Keynes, Royal Economic Society, Macmillan et Cambridge University Press, Vol. XXV, Londres 1980, p. 57) . Le monde laborieux contre Wall Street Où sont « les gens du monde du travail nommés » par Obama ? C’est-à-dire, ceux qui obéissent aux intérêts des gens des quatre coins des États-Unis. Aucun leader du travail ou communautaire n’est sur la liste des postes clefs d’Obama. Le Président élu désigne les artisans de la déréglementation financière. Aucune réforme financière constructive ne peut être adoptée par des fonctionnaires nommés par Wall Street et agissant en son nom. Ceux qui en 1999 ont incendié le système financier, sont rappelés pour éteindre le feu. La « solution » du « renflouage » proposée pour la crise provoque davantage de débâcle économique. Il n'y a aucune solution politique à l'horizon. Les conglomérats bancaires mènent la danse. Ils décident de la composition de l’administration Obama. Ils ont aussi choisi l'ordre du jour du sommet financier de Washington (15 novembre 2008), prévu pour jeter les bases de la création d'un nouveau « système financier mondial. » Le plan de Wall Street a déjà été discuté derrière les portes closes : le programme secret est d'établir un système monétaire international unipolaire, dominé par la puissance financière des États-Unis, qui à son tour protégera et garantira la supériorité militaire du pays. Le néolibéralisme à « visage humain » Rien n'indique qu’Obama rompra les ponts avec ses sponsors de Wall Street, qui ont largement financé sa campagne électorale. Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Citigroup, Microsoft de Bill Gates sont parmi ses principaux donateurs de la campagne. Au nombre des individus les plus riches du monde, Warren Buffett n’a pas fait que soutenir la campagne électorale de Barak Obama, il est membre de son équipe de transition, jouant un rôle clef dans la formation de ses ministères. Sauf bouleversement majeur dans le système des nominations politiques aux postes clefs, un ordre du jour économique alternatif de Barack Obama, axée sur la lutte contre la pauvreté et la création d'emplois est grandement improbable. Ce à quoi nous assistons est la continuité. Obama procure un « visage humain » au statu quo. Ce visage humain sert tromper les Étasuniens sur la nature de l'économie et de l’action politique. Les réformes économiques néolibérales restent inchangées. L’essentiel de ces réformes, dont le « renflouage » des plus importantes institutions financières étasuniennes, détruit en fin de compte l'économie réelle, tout en forçant à la faillite des régions entières du secteur manufacturier et de l'économie des services. Original : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=10860 Traduction libre de Pétrus Lombard pour Alter Info |
| | Posté le 13-01-2014 à 15:07:13
| La presse économique rapporte que la situation se redresse aux USA : baisse du chômage, hausse de la consommation. La Tribune relativise ces informations. On lit dans l'article d'Ivan Best Les fragilités de la reprise américaine : "La croissance est là, aux États-Unis. Mais ses fruits n'ont jamais été si inégalement répartis. La consommation est financée, pour l'essentiel, par l'endettement, ce qui ne pourra durer. La cause semble entendue, les Etats-Unis vont beaucoup mieux que l'Europe. L'emploi s'y améliore, comme on a pu le voir ce vendredi, avec la publication d'un taux de chômage en baisse de 0,3 point, à 6,7%, son plus bas niveau depuis 2008. Un taux à comparer aux 12% de chômeurs de la zone euro… où la croissance sera très faiblarde en 2014, proche de 1% (prévision de l'OCDE ou de la BCE). De l'autre côté de l'Atlantique, le PIB devrait progresser presque trois plus vite (2,9%). L'Europe reste dans des basses eaux, tandis que les Etats-Unis caracolent en tête de la croissance des pays industriels: un contraste saisissant. Une consommation en forte hausse aux Etats-Unis ... Aux Etats-Unis, la consommation devrait soutenir l'expansion en 2014, en progressant de 2,9% (en volume), et ce pour la cinquième année consécutive. En Europe, la consommation reprend à peine (un petit +1% attendu). La messe serait dite, donc, le match joué. Face à la forte croissance américaine, solide et durable, l'Europe serait encore engluée dans ses problèmes, laissant des pays du Sud exsangues après la crise financière. … mais beaucoup de salariés découragés de chercher du travail Et si les choses n'étaient pas si simples ? Et si, surtout, la reprise américaine était moins solide que les apparences ne le laissent croire ? Le problème des données macro-économiques très globales, c'est qu'elles peuvent parfois masquer la réalité d'une situation. Certes, l'emploi va mieux, aux Etats-Unis. Mais si le chômage baisse aussi fortement, c'est d'abord parce que beaucoup de salariés, découragés de ne pas trouver un job, quittent le marché du travail. Ainsi, si, en 2007, 66% des personnes en âge de travailler étaient présentes sur le marché du travail (en emploi ou au chômage), ce ratio (taux de participation) était tombé à 63,6% fin 2012. En 2013, il a encore reculé, étant ramené à 62,8% en décembre. Le magazine Business Insider a calculé, qu'avec un taux de participation au marché du travail stable, correspondant à la moyenne des 30 dernières années, le chômage aurait, en fait, très peu reculé depuis 2009, il serait aujourd'hui de 10,8%. Bien au dessus du taux officiel annoncé… Les personnes qui ont déserté le marché du travail, faute de perspective d'embauche, vivent de petits boulots au noir, ou de l'aide de leurs proches. Leurs revenus sont évidemment faibles, et ne contribuent que marginalement à la demande. Ce sont donc les autres, ceux qui occupent un emploi, qui soutiennent la croissance. Mais là aussi, des questions se posent. Une hausse globale du revenu, réservée à une minorité Une, principalement, celle des revenus de l'immense majorité de la population. En 2012, le revenu moyen a progressé de 4,6% en termes réels (une fois l'inflation déduite). Une forte progression, donc. De quoi doper la consommation… Sauf que, pour 90% de la population, si l'on met à part les 10% de foyers aux revenus les plus élevés, la hausse a été tout simplement… nulle, en 2012. C'est ce que montrent les statistiques issues de l'administration fiscale américaine (IRS), compilées par l'économiste Emmanuel Saez, spécialiste de la question des inégalités de revenus aux Etats-Unis. Et la tendance n'a pas été significativement différente en 2013, à voir les évolutions salariales enregistrées mois après mois. Une consommation financée par l'endettement Si l'immense majorité des Américains consomme, ce n'est donc pas grâce à des revenus croissants. Bien au contraire, puisque ceux-ci, avant d'avoir stagné en 2012, avaient baissé continûment les années précédentes. Le point haut avait été atteint en 2000, depuis c'est une baisse de 12,5%, qui a été enregistrée, en moyenne, pour ces 90% de foyers. En revanche, les plus aisés (1% des ménages) peuvent afficher une croissance confortable de leurs revenus. A tel point que, sur la période 2009-2012, 95% de la hausse globale des revenus sont allés dans la poche de cette petite minorité, représentant 1% de la population. Un creusement des inégalités d'un niveau inconnu depuis l'avant seconde guerre mondiale. Comment les autres ménages parviennent-ils alors, à consommer ? Tout simplement en s'endettant. On assiste donc à un retour aux errements connus avant la crise de 2008, ceux d'une économie reposant uniquement sur la dette. Si les Américains consomment, c'est parce qu'ils voient le prix de leurs actifs augmenter (la Bourse bat des records), ce qui leur permet d'accroître leurs emprunts. Il va sans dire que cet accroissement de la dette ne peut être infini. Une correction aura lieu, tôt ou tard". |
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