Sujet : le PS un parti de la grande bourgeoisie | | Posté le 28-07-2015 à 00:02:12
| Le PS un parti de la grande bourgeoisie capitaliste Il faut distinguer dans les partis politiques les intérêts de classe qu’ils défendent et l’origine de classe de leurs adhérents. Les groupes trotskystes, définissant les partis réformistes et révisionniste comme des « partis ouvriers » , ont semé la confusion sur ce sujet en faisant primer la composition sociale de leurs adhérents et de leur électorat sur leurs lignes politiques. Que penser alors du vote ouvrier ou populaire pour De Gaulle, Sarkozy, ou Le Pen ? Au surplus, il faut distinguer la sociologie des cadres et dirigeants, et celle des colleurs d’affiches et des distributeurs de tracts sur les marchés, quand cette tâche est encore confiée à des militants et non à des salariés. Le recrutement privilégié d’ouvriers dans le PCF, y compris à des postes dirigeants était le fruit de la juste ligne de bolchévisation du parti. Cette ligne révolutionnaire visait à faire du parti communiste le parti de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre, et s’adressait notamment aux plus exploités qui pouvaient accéder à des fonctions dirigeantes dans les écoles du parti. Sur l'abandon de cette ligne et ses conséquences, voir le fil consacré aux travaux de Julian Mischi « comment un appareil s’éloigne de sa base » Le parti socialiste à l’époque de la SFIO s’appuyait encore sur une adhésion populaire, justifiant la volonté unitaire dans les masses en 1936. Mais sa direction avait déjà choisi le camp de la bourgeoisie, et cette orientation s’était confirmée tout particulièrement lors de ses participations au gouvernement, tant dans la répression des luttes sociales que dans la défense du colonialisme français, et au prix du sang, tout particulièrement au lendemain de la seconde guerre mondiale. L’adhésion et le soutien populaires au PS ont donc fondu au fil des années : « on peut tromper certains tout le temps, tout le monde un certain temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps » . Challenge signale un sondage Opinion Way pour Le Figaro selon lequel "les enseignants, cœur nucléaire et historique de l'électorat PS, se détournent de François Hollande (21% d'entre eux se disent prêts à voter en sa faveur au prochain scrutin présidentiel ; 44% l'avaient fait en 2012!) - une chute de 23 points! Et 77% d'entre eux condamnent la politique éducative qu'impulse Najat Vallaud-Belkacem" . Commentant le désamour des enseignants et le rapprochement de 10 % d’entre eux vers Bayrou, Maurice Ulrich dans l’Humanité reproche à Hollande d’avoir «dilapidé plus de la moitié d’un bel héritage politique et idéologique de la France » . Maurice Ulrich pourrait appliquer cette appréciation à la ligne de son propre parti parce qu’il n’est écrit nulle part qu’un parti communiste doit laisser aux socialos la direction idéologique et politique des enseignants, et les féliciter pour ce « bel héritage » par-dessus le marché. Revenons quelques années en arrière, la composition sociale du PS au fil du temps nous montre que ce parti non seulement s’est aliéné la classe ouvrière, les employés et l’ensemble des couches populaires, dont les enseignants (et avant tout les instituteurs), mais a recruté de plus en plus de cadres supérieurs, bien au-delà de leur poids réel dans la société, et s’est rapproché des dirigeants de grandes entreprises, sollicitant leur avis jusqu’à les embaucher dans les cabinets ministériels et opérant avec le grand capital une fusion idéologique, politique et souvent financière. Ce n’est plus un parti populaire mais un parti de la grande bourgeoisie.
récapitulatif : En 1951 le PS comprenait : 44% d’ouvriers et personnels de service 53 % d’agriculteurs, commerçants, artisans, cadres moyens et employés En 1970 : 23 % d’ouvriers et personnels de service 61 % d’agriculteurs, commerçants, artisans, cadres moyens et employés 16 % d’industriels, négociants, cadres supérieurs et professions libérales En 1973 : 19 % d’ouvriers et personnels de service 61 % d’agriculteurs, commerçants, artisans, cadres moyens et employés 20 % d’industriels, négociants, cadres supérieurs et professions libérales Déjà les cols blancs sont surreprésentés par rapport aux cols bleus 13 % des adhérents sont alors enseignants, plus de 6000 professeurs Mais déjà les professeurs du secondaire et du supérieur font 6 % des adhérents contre 5% d’instituteurs [Les caractéristiques sociales du parti socialiste – Patrick Hardouin - Persée] En 1985 : 10 % d’ouvriers 43 % de milieux ouvriers et employés 17 % instituteurs 9 % Professeurs du secondaire En 1998 : 4 % ouvriers (26 % des actifs en 1997) 32 % de milieux ouvriers et populaires 13 % employés (21 % des actifs en 1997) 9 % instituteurs 14 % Professeurs du secondaire 1 % d’indépendants et d’agriculteurs (10 % des actifs en 1997) 8 % des cadres techniques (3 % des actifs en 97) 12 % des cadres administratifs moyens (7 % des actifs en 1997) 10 % de cadres administratifs supérieurs (6 % des actifs en 1997) [Cevipof - les adhérents socialistes en 1998] En 2011 : 2,8 % ouvriers (21,5 % des actifs en 2009) 15,4 % employés (29,4 % des actifs en 2009) 20,3 % professions intermédiaires (24,3 % des actifs en 2009) 50,5 % cadres et professions intellectuelles supérieures (16,6 % des actifs en 2009) [Cevipof 2014 – sociologie des adhérents socialistes] Le directeur de recherche du CEVIPOF Henri Rey note : «tandis que l’assimilation des membres du Parti socialiste au milieu enseignant apparaît de moins en moins fondée (18 % des adhérents), la part des cadres, non compris les enseignants, ne cesse de s’accroître» . Ils seraient aujourd’hui, parmi les adhérents actifs, 50% des répondants à se dire «cadre ou profession intellectuelle supérieure» , contre 20% de «professions intermédiaires» , 15% d’employés et 3% d’ouvriers. Cette année-là un rapport du think tank* socialo Terra Nova conseillait carrément de laisser tomber la classe ouvrière, ce qui avait révolté quelques âmes vertueuses dans ce parti. Finalement ils n'ont pas eu à choisir, ce sont les prolos qui ont pris la tangente. [*Think Tank : réservoir d'intelligents] Après ses coups tordus répétés contre la classe ouvrière, on savait que l'électorat ouvrier du PS l'avait depuis longtemps abandonné, à telle enseigne que ce parti présentait entre 0 et 1 % d'ouvriers aux départementales de février, mais décrochait la timbale avec les cadres et professions libérales : A l’inverse les affinités voire l’osmose entre PS et grand patronat laissent pantois. Une petite liste non limitative en précisant que certains ont soutenu indifféremment l’UMP et le PS : Pascal Beaufret, directeur financier adjoint d’Alcatel Jean Louis Beffa, Saint-Gobain Pierre Bergé, Maison éponyme, La Vie-Le Monde, Courrier International, Télérama, Têtu, Sidaction, Act’Up, SOS Racisme, et président de la « maison chinoise de la démocratie » après la tentative de subversion libérale à Tien An Men. Christian Blanc, RATP, Air France, Merryl Lynch Vincent Bolloré, du groupe éponyme Philippe Calavia, directeur général délégué d’Air France, conseiller technique à Matignon de 1984 à 1986 Patrick Careil, PDG de la banque Hervé Jean-Pierre Clamadieu, ex PDG de Rhodia puis Administrateur de Solvay, d'AXA et de Faurecia, Président de la Commission du Développement Durable du MEDEF, President du CEFIC (Conseil Européen de l'Industrie Chimique) et membre du conseil de l'ICCA (Conseil International des Associations de la Chimie), membre du Cercle de l'industrie, de l'AFEP (porte-parole), de l'ERT et du Siècle. Jean-Dominique Commolli, PDG de la SEITA, ancien chargé de mission à Matignon Philippe Crouzet PDG de Vallourec, Charles-Henri Filippi, directeur général du CCF Louis Gallois, ancien président d'EADS Paul Hermelin, adhérent au PS et intime de François Hollande, patron de Capgemini et éminence rose de l’AFEP Denis Kessler, (ex aile gauche de la CFDT) bras droit d’Ernest-Antoine Seillière au MEDEF et patron de sa branche “ assurances ” FFSA et SCOR, protégé de Claude Bébéar et partisan du « libéralisme intégral ». Denis Kessler est le théoricien de la “ refondation sociale ”, avec son ami François Ewald, philosophe ancien militant de la Gauche Prolétarienne. Anne Lauvergeon, Alcatel, Cogema, Areva Jean-Bernard Lévy, Vivendi Emmanuel Macron, banquier d’affaires chez Rothschild Christophe de Margerie, Total Gérard Mesrallet, GDF-Suez Guillaume Pepy, la SNCF Mathieu Pigasse, le Monde, Les Inrockuptibles, The Huffington Post, directeur délégué Lazard Patrick Ponsolle, PDG d’Eurotunnel, ancien directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius Pierre Pringuet, directeur général de Pernod-Ricard, Stéphane Richard, France Télécom, Louis Schweitzer, PDG de Renault (ex directeur de cabinet de Fabius) Jean Cyril Spinetta, président d’Air France KLM Bernard Spitz, président de la FFSA (Fédération des sociétés d'assurances), Édouard Stern, président d’International Real Returns Serge Weinberg, président du directoire de Pinault-Printemps-La Redoute et président de Sanofi, chef de cabinet de Fabius. Lionel Zinzou, associé-gérant chez Rothschild et Cie A lire à titre d’illustration : « Comment le PS français est devenu est parti du capital ? Hier ... » La transformation du PS en groupuscule bourgeois se traduit par un naufrage inévitable. Comment les dirigeants révisionnistes peuvent-ils encore s'accrocher à une telle épave ? Leur recrutement dans les cadres territoriaux explique sans doute pour une large part la nécessité de poursuivre une politique de "soutien critique " à seule fin électoraliste, mais la voie est sans issue. |
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