Sujet :

Le Paon : baisser peut-être le coût du travail...

Xuan
   Posté le 18-10-2014 à 23:21:09   

Le nouveau dirigeant de la CGT est tellement tiède et discret que ses déclarations font rarement la Une. C'est peut-être mieux ainsi.

Invité à Télématin – les 4 vérités, il n'a guère été bavard sur les profits et on se demande s'il s'insurge ou s'il admet «... un système de solidarité payé par les citoyens et non plus payé par le A de l’assurance chômage. Chacun devrait pouvoir normalement cotiser et avoir une assurance sociale qui lui permette de vivre entre deux périodes d’activité ce qui n’est plus le cas dans notre pays aujourd’hui.»

Mais le pompon de la déculottade lui revient après une question bien prévisible sur le "coût du travail" :

« il faut baisser peut-être le coût du travail dans certains secteurs d’activité qui sont soumis à une très forte concurrence, mais c’est pas la politique qui est mise en place aujourd’hui. La politique qui est mise en place aujourd’hui c’est d’aider l’ensemble des entreprises avec les mêmes sommes d’argent alors qu’elles ne sont pas sujet aux mêmes difficultés. On a besoin de créer de l’emploi industriel dans notre pays et on voit bien que les sommes ne vont pas à l’industrie à la création d’emploi mais directement dans la poche des actionnaires.»

On savait que les dirigeants de la CGT faisaient du pied au patronat industriel, mais abaisser le coût du travail dans les entreprises particulièrement soumises à la concurrence c'est baisser les salaires des ouvriers les plus exploités.


Edité le 18-10-2014 à 23:24:36 par Xuan


marquetalia
   Posté le 19-10-2014 à 15:26:33   

La c.g.t et le Front de Gauche sont les rouages du système.
Finimore
   Posté le 19-10-2014 à 16:30:55   

marquetalia a écrit :

La c.g.t et le Front de Gauche sont les rouages du système.


Ce que tu dis est le type même de propos gauchistes qui ne mènent à rien !
Tu ferais mieux de te poser la question de comment renforcer le courant contre le réformisme à l'intérieur de la CGT par exemple.
marquetalia
   Posté le 19-10-2014 à 16:39:53   

désolé, c est à force d etre conditionné par un défunt journal gauchiste RCU...
marquetalia
   Posté le 19-10-2014 à 19:49:20   

pour lutter contre le réformisme à l intérieur de la CGT,il faut que les orgas m-l se rapprochent du syndicat,et pas betement tenir des discours gauchistes stériles sur le plan social.
marquetalia
   Posté le 22-10-2014 à 18:22:14   

un leg de mes lectures de l époque,le RCU chauviniste germanophobe qui avait réussi à me faire croire qu il existe encore en Europe de l Est des communautés allemandes importantes au point d etre soutenues dans leur séparatisme par Berlin...alors que ces communautés n existent plus,que le francique mosellan aura disparu vers 2060-idem pour le patois alsacien- et que dans trois ou quatre générations,la population de souche allemande aura disparu en Allemagne.


Edité le 22-10-2014 à 18:48:17 par marquetalia


Xuan
   Posté le 28-10-2014 à 23:01:16   

Le Canard épingle Le Paon


Une petite précision tout de même, la note initiale s'élevait à 150 000€, mais Le Paon aurait renoncé à l'installation d'un home cinéma.



Sur Les Echos

La CGT a payé 130.000 euros pour rénover le logement parisien de son leader, révèle "Le Canard enchaîné".


C’est un étrange courrier qu’ont reçu la semaine dernière chacun des secrétaires généraux des 33 fédérations de la CGT. Dans une enveloppe à en-tête du ministère de la Défense figurait la copie d’un devis visé par l’administration de la confédération. Il concerne en effet des travaux effectués dans le logement de fonction du secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, élu en mars 2013, qui a par ailleurs conservé son domicile en Normandie.
Ses prédécesseurs, qui avaient tous leur résidence principale en région parisienne, logeaient en HLM (Henri Krasucki, dans le 19ème arrondissement) ou dans des banlieues populaires, à Bobigny (Louis Vianney) ou à Draveil (dans l’Essonne, Bernard Thibault). Lorsqu’il est à la confédération, Thierry Lepaon, lui, réside dans un quartier coté de Vincennes, en face du bois, révèle "Le Canard enchaîné".













Le montant total des travaux envisagés dans le devis, daté d’avril 2013 et dont "Les Echos" ont également reçu une copie, était de 149.995 euros TTC, dont près de 45.000 euros d’électroménager et de mobilier – de la vaisselle au climatiseur, en passant par "l’aménagement floral" de la terrasse.

Interrogé par "Le Canard enchaîné", le trésorier de la CGT, Eric Lafont, a expliqué que l’addition finale s’est limitée à 130.000 euros pour un logement de 120 mètres carrés, dont le loyer, réglé par la confédération, atteint "autour de 2.000 euros par mois".Dans un communiqué, la CGT indique en outre qu’"elle se devait de mettre à sa disposition un logement de fonction en région parisienne entièrement équipé".
Mais ce total de 130.000 euros reste encore très conséquent, d’autant que certains prix indiqués sur le devis initial semblent particulièrement élevés par rapport aux tarifs usuellement pratiqués dans le bâtiment (un parquet flottant de moyenne qualité facturé 11.500 euros).
Ces révélations vont provoquer un séisme en interne tant elles sont contraires à la culture maison. Elles n’arrivent pas par hasard. Deux ans avant le prochain congrès de la CGT, Thierry Lepaon, qui n’a pas réussi à rassembler et est de plus en plus critiqué en interne, a évoqué ce mois-ci, publiquement et par deux fois, la perspective d’un deuxième mandat. Ces révélations devraient animer le comité confédéral national (CCN) de la centrale, mardi et mercredi prochain à son siège de Montreuil


Edité le 28-10-2014 à 23:29:01 par Xuan


marquetalia
   Posté le 29-10-2014 à 12:37:33   

le canard enchainé est l instrument du patronat contre la lutte de classes,en tapant sur le dos de la c.g.t.
Xuan
   Posté le 29-10-2014 à 15:04:38   

Si c'est faux la CGT se défendra au moins en interne, mais pour l'instant elle fait le dos rond.
Du reste rien ne dit que ce document ne vient pas de la CGT elle-même.
Je ne paie pas une cotisation pour équiper ce kollabo de Le Paon d'une télé dans chaque chambre, ni pour fleurir sa terrasse ! Surtout quand on voit le résultat...
Qui tape sur le dos de la CGT ici, le patronat ou Le Paon ?
Xuan
   Posté le 29-10-2014 à 15:08:33   

Le commentaire de Jacques Tourtaux :

SELON LE "CANARD ENCHAINE," DEVIS A L'APPUI, LA CGT AURAIT FAIT REALISER POUR PLUS DE 130 000€ DE TRAVAUX POUR LOGER SON PAON. J'AI ECRIT "LES APPARATCHIKS" POUR DENONCER LE CARRIERISME DANS LA CGT
"Pas étonnant quand on sait, entre autres, les magouilles et les procédés nauséabonds de la direction de leur fédération nationale et de l'UD CGT du Nord, qui viennent de torpiller le syndicat CGT du Conseil général du Nord parce que ces dirigeants se battent sur des positions de classe, pour les remplacer par des réformistes qui n'arrivent pas à la cheville de militants de valeur comme ma camarade et amie Gisèle Jamotte. J'ai lu cette boule puante ce matin que j'ai préparée pour la publier mais j'ai préféré donner la priorité à une triste nouvelle : selon l'UNICEF, la France compte 440 000 enfants pauvres de plus alors, ce n'est pas avec des dirigeants cégétistes comme LE PAON, que l'on va, entre autres, stopper la montée en puissance de l'augmentation des enfants pauvres dans le pays.

Jacques Tourtaux
Militant retraité CGT Cheminot"
Xuan
   Posté le 30-10-2014 à 13:45:13   

L’affaire Le Paon fait beaucoup de mal à l’organisation syndicale, à la syndicalisation, et provoquera probablement des démissions.
Il y a quelque chose de spécial, à part le style du pied-à-terre en bordure du parc de Vincennes : comment peut-on faire une facture de 9000 € en électroménager ? Même en haut de gamme les appareils sont à 500 €. Et le reste est à l’avenant.
Si le trésorier trouve ça normal, je me demande comment les autres pontes se font rembourser leurs factures, et si les entreprises qui travaillent pour la CGT n’y ont pas trouvé un fromage.

J’ai entendu F. Filippeau à télématin, il a fait un carton sur la CGT, prétendu qu’elle était pourrie de haut en bas et qu’il fallait créer des syndicats « indépendants ».
Bref c’est reparti pour la CFT : créer des syndicats maison là où la CGT est absente, dans les petites boites. Et nous trouverons ces prolos en face des grévistes avec des manches de pioche.

Nous devrions intervenir dans la CGT pour réclamer la démission immédiate de Le Paon et du trésorier.
Xuan
   Posté le 31-10-2014 à 00:10:08   

Montreuil, le 29 octobre 2014

Note du bureau confédéral aux organisations et aux militants de la CGT


La CGT fait l’objet, depuis hier soir, d’une offensive médiatique sur l’appartement mis à disposition de son Secrétaire général afin qu’il puisse exercer pleinement son mandat.

Le Bureau Confédéral salue les organisations, les militants et les salariés de la Confédération qui, depuis ce matin, font face à cette pression médiatique alors même qu’ils ont comme priorité le développement des mobilisations comme celle du 4 novembre dans les transports et l’énergie et du 18 novembre pour la Fonction publique.

Ces mises en cause surviennent dans un contexte où depuis maintenant plusieurs mois la CGT s’efforce de mobiliser les salariés contre la politique menée de concert par le Gouvernement et le Patronat. Visiblement elle dérange dans le paysage en portant haut et fort que d’autres solutions sont possibles.
L’attaque dont elle est la cible aujourd’hui est hors de propos. De quoi est-il question ? Pour la première fois dans son histoire de la CGT son Secrétaire général ne réside pas en région parisienne. Le mandat que les syndicats et les organisations lui ont confié lors du dernier congrès confédéral exige une disponibilité et es mesures particulières. Ce mandat de premier dirigeant de la première organisation de ce pays, très exposé médiatiquement, implique des dispositions lui permettant d’assurer en toute sécurité ses responsabilités, sans oublier que, comme tous les salariés, le Secrétaire général a le droit au respect de sa vie privée.

C’est donc dans ce contexte, avec ces contraintes, qu’il a fallu trouver une solution d’hébergement pour notre Secrétaire général. La Confédération a fait historiquement le choix de ne pas être propriétaire de logements pour ses permanents. Chacun connaît la réalité de l’immobilier en région parisienne, où les loyers atteignent des sommets. La bonne gestion des cotisations des adhérents et plus largement des ressources financières de la CGT au service de l’activité syndicale pour la défense des salariés est une priorité. De ce point de vue, mettre à disposition du Secrétaire général un appartement en bon état et proche de la Confédération n’est pas un scandale.

Il est en revanche consternant de voir le Premier Ministre de la France réagir dans la presse sur les travaux effectués dans l’appartement du Secrétaire général de la CGT. Néanmoins, cela démontre que la CGT gêne et que tous les prétextes sont bons pour essayer de l’affaiblir.

Pour autant nous devons rester concentrés et déterminés à nous battre face au recul social sans précédent que les salariés subissent. Le prochain Comité Confédéral National permettra de débattre de notre stratégie revendicative dans la période et fixera les perspectives qui nous permettront de continuer à amplifier la mobilisation des salariés.

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Effectivement cette affaire sert les intérêts de la bourgeoisie, mais ça ne justifie pas.
Une observation quand même, en passant sur le fleurissement de la terrasse et la TV dans chaque chambre :
Soit un salaire net d’électricien de 2000 €/mois (total main d’œuvre 4000 €/mois), et en comptant 2800 € de matériel (tableau, PC et interrupteurs, alarme sans fil), la rénovation électrique de l’appartement pour 18 800 € représente 4 mois de travail ... en branchant une prise de courant par jour, c’est jouable.
Xuan
   Posté le 31-10-2014 à 13:58:21   

Un article sur oùvalacgt :
Vendredi 31 octobre 2014

120 m2 à Vincennes, avec vue sur le MEDEF ?


On s’est fait engueuler sur ce blog, par une lectrice : « Je suis très surprise de votre silence sur les affaires diverses de la cgt. Du temps de Bernard Thibault votre plume était bien plus fournie et rapide à publier. Plusieurs fois vous auriez pu vous exprimer sur les dérives de la cgt et celle en cours par exemple ou déclaration pendant la grève des cheminot !!!
Etes-vous le circuit officiel de tous celles et ceux qui se sont faire exclure de la cgt pour mettre en place l'actuelle direction ? Je ne vous félicite pas »


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La camarade a raison quelque part, ce blog est en ralenti depuis quelques mois, chacun a pu le constater. Les raisons en sont doubles : d’une part nous manquons de collaborateurs, certains d’entre eux sont partis vers d’autres tâches politiques, et la période pousse plutôt à l’activité politique que syndicale.

Néanmoins son coup de gueule a été bénéfique, en nous obligeant à revenir sur le tas, il faut dire qu’il y a de quoi !

Gros scandale ces jours-ci avec la révélation du Canard Enchaîné, puis la publication intégrale du devis par les Echos (voir ICI) de la location d’un appartement de fonction de 120m2 à Vincennes pour Thierry Lepaon, 2000€ de loyer mensuel, plus 130 000 € de frais de remise en état.

Alors bien sûr on a tout vu pour profiter de l’occasion de salir notre syndicat. Les journalistes qui « oublient » soigneusement de dire qu’il s’agit d’un logement de fonction puisque le Secrétaire général habite Caen. Ou que les salaires à la confédé sont plafonnés à 2300 €. Tout a été bon pour tenter d’assimiler cette location aux turpitudes des grands patrons du CAC 40 ou aux magouilles politiciennes, style Cahuzac ou Balkany.

Du coup, on a eu droit au communiqué officiel confédéral (voir ci-contre), dans la plus belle langue de bois, pour resserrer les rangs, tous unis pour défendre le secrétaire de la CGT.

Voilà pour le cinéma médiatique, de part et d’autre…
Rares ont été les petites voix qui ont fait entendre une autre musique pour parler syndicalisme de classe, à l’instar de ce plutôt bon commentaire trouvé sur Bellaciao (ICI)

Alors, résumons les (vraies) questions qui fâchent :

> Un appartement de fonction (ce que nous ne contestons pas), c’est en plus de la résidence habituelle. C’est « fonctionnel », modeste, utilitaire, quoique personnalisé, parce que vivre toute la semaine à l’hôtel ou au dernier étage du siège de Montreuil ça devient insupportable, ça on peut le comprendre. Donc, si la Conf" demande, nous on trouve à Thierry Lepaon un trois pièces agréable à Montreuil, pas très loin (jogging pour venir à pied) pour en gros 1200 €. Le scandale c’est les 120m2 à Vincennes , face au bois, commune hyper bourgeoise – et oui, c’est pas Aubervilliers ou Clichy. De ce point de vue, 2000 € de loyer + 130 000 € de travaux, vu là où c’est situé, c’est même pas cher !!! Le problème, ce n’est pas le prix, c’est le choix d’habiter là-bas. Et c’est une question de classe, c’est clair, Lepaon va habiter chez nos exploiteurs . Comme le rappelle le commentateur ci-dessus par un lien, les non-cadres gagnent 1541 € en moyenne…

> Thierry Lepaon est un aristocrate ouvrier (voir « Mais d’où sort toute cette bureaucratie ? »), ouvrier homme qualifié dans des usines de femmes OS (Moulinex), où il n’a pas brillé par sa combattivité et sa radicalité. C’est un aristocrate ouvrier, qui a appris à fricoter avec les patrons, qui a été désigné au Conseil Economique et Social, qui a copiné avec Raymond Soubie, le conseiller de Sarkozy, et qui a singé ses maîtres pour « en croquer ». Et oui, quand on a perdu tous ses repères de classe, on se compromet avec les bourgeois et les politiciens, on prend goût au luxe de la bourgeoisie… L’appartement chicos à Vincennes, c’est ça. Et c’est ça que nous devons critiquer. L’aristocrate ouvrier, c’est le lieutenant ouvrier du capital, il singe ses maîtres, prend ses goûts, perd ses repères de classe, sans-dents et illettrés…

> Un appartement à Vincennes de 120m2 face au bois, c’est peut-être 4000 € de loyer. Ca veut donc dire que pour « rentabiliser » les travaux, il va falloir rester 65 mois (130 000 / (4000 – 2000)). C’est donc bien que le bougre a l’intention de faire un deuxième mandat ?

> L’affaire est sortie par le Canard Enchaîné qui a reçu le document, comme d’autres (Les Echos par exemple, qui eux sont « prudemment » restés silencieux, finalement aux Echos on aime bien la CGT réformiste…). Ce document a été diffusé par une source interne, ce qui a motivé une plainte de la Confédé… Et ben, elle est belle la CGT ! Nous voilà avec les mêmes embrouilles, les mêmes coups fourrés qu’au PS ou à l’UMP, avec des factions, des clans qui se donnent des coups de couteau dans le dos, de moins en moins de désaccords idéologiques et politiques et donc de plus en plus l’envie d’être calife à la place du calife.
> Voilà des mois que nous disons qu’en ce moment, les contradictions internes à la CGT ne reflètent pas des contradictions de classe comme le rêvent certains, mais des querelles de factions pour avoir les postes et pour en croquer (« Conférence sociale : la CGT ne doit (évidemment) pas participer ! ») . Car le système politique et social français est basé sur la multiplication jusqu’à l’écœurement des institutions dites paritaires (mutuelles, formation professionnelle, conseils économiques et sociaux…) qui en plus se démultiplient avec les lois de décentralisation ! Et là, débats courtois, fauteuils confortables, défraiements copieux, bien loin de la lutte des classes on copine avec l’ennemi. C’est cela qui se développe en ce moment dans la CGT, et ce n’est que l’aboutissement de l’abandon, depuis bien longtemps, des références de classe de notre confédération. On est passé au syndicalisme « d’accompagnement conflictuel » (il faut bien se différencier de la CFDT, quelque part…), au rituel de la rodomontade qui ne fait qu’accompagner l’impuissance et le laisser faire.

> Cette dérive d’accompagnement, ces turpitudes, provoquent la colère dans nos rangs. Pourtant, la confédération sait très bien s’y prendre pour neutraliser l’opposition, en maniant la menace et le bâton. Le bâton, ce sont les exclusions, les désaffiliations, les licenciements (comme au Conseil Général du Nord, ou dans le Commerce, voir « La lutte dans la Fédération Commerce et Services » ou ailleurs). La menace, qui marche très bien, c’est la défense de la CGT en tant que tel, « le seul instrument qui reste aux travailleurs » en ces temps difficiles. Donc on resserre les rangs, on fait front et on tait nos problèmes internes même en grinçant des dents, quitte à y revenir plus tard, c’est un peu la position de l’UD des Bouches du Rhône (voir ci-contre). On ne peut qu’être sidéré de l’absence de prise de positions des structures dites oppositionnelles !


Le problème, c’est qu’en s’imaginant préserver la CGT telle qu’elle est, on permet sa décomposition interne dans la collaboration de classe. La seule possibilité, nous le répétons depuis l’origine, c’est de « mettre le caca sur la table », de nettoyer les écuries, et cela commence, non pas par des querelles de personnes ou de structures (Thierry Lepaon n’est qu’un symbole même pas terrible), mais par la redéfinition d’un syndicalisme de classe, par la rupture, franche, claire et nette avec le capitalisme, l’exploitation, un mode de production destructeur de l’homme et de la nature, par la reprise d’un projet révolutionnaire anticapitaliste !
Xuan
   Posté le 02-11-2014 à 00:13:09   

A la CGT centrale on aime (aussi) l'entreprise !



- Ma petite entreprise ne connait pas la crise


Du moins, celles qui s'occupent de « rénover » les bâtiments.


Alors que notre syndicat dénonce régulièrement les scandales qui règnent à la mairie de Paris (prime annuelle de quarante mille euros pour certains dirigeants, pot de départ au frais du contribuable d'une ancienne directrice des affaires culturelles, audit coûtant plusieurs dizaine de milliers d'euros, très haut cadres qui grenouillent au SPR du bureau des bibliothèques ) il est peu dire que les révélations sur « l'appartement de fonction » du secrétaire de la CGT centrale, Thierry Lepaon nous ont choqués.

D'autant plus choqués que l'annonce de travaux pour 130 000 euros pour une simple location (le propriétaire a dû être content) a bien été confirmée par la confédération qui siège à la porte de Montreuil. On y apprend, entre autre, que notre syndicat a payé sans barguigner 24 000 euros pour refaire le carrelage et la plomberie, 20 000 pour refaire l'électricité (bling) ou 40 000 euros pour installer des volets roulants (?) et rafraîchir les murs (bling, bling).
Parmi les autres dépenses, notons encore un lot « mobilier et décoration » qui s’élève à 28.500 euros et comprend notamment l’installation d’une télévision dans chaque chambre, l’aménagement floral et du linge de maison. Bling, bling, bling. Le tout pour une surface de 120 m2 pour une personne seule ! Mieux que la loi DALO.

En réalité, nous serions bien sévères envers Thierry Lepaon et Eric Laffond, le trésorier confédéral qui a validé la facture, car en fait tout cela n'avait pour seul but que de redresser l'état du pays. En effet, alors que l'on critique continuellement la CGT d'être un frein à l'activité économique de la France, elle a, cette fois ci, décidé de redonner enfin des marges aux entreprises et de remplir les carnet de commande de celles qui sont dans le secteur du bâtiment. Alors oui, la CGT (enfin celle du siège) aime aussi l'entreprise.

Bon seule faute de goût dans les dépenses pour « remettre en état » l’appartement de fonction de notre cher leader : l'installation d'une machine à café Nespresso (avec dosettes ?). Et oui, du côté du siège à Montreuil on aurait au moins pu choisir un appareil de marque Moulinex, l'ancienne entreprise de notre secrétaire général confédéral.

« La bonne gestion des cotations des adhérents au service de l'activité syndicale est une priorité » a déclaré le trésorier du bureau confédéral. Il n'y plus qu'à espérer qu'il en tire les conséquences. What else !

A Vincennes, la CGT aime aussi l'entreprise

- Prenez en de la graine, les gars !


Sources : DA CGT culture
J. Tourtaux


Edité le 04-11-2014 à 16:10:10 par Xuan


Xuan
   Posté le 04-11-2014 à 15:39:17   

Une rectification suite au courrier d'un camarade :

"Je reviens sur le calcul du coût d'électricien [...]. Si le gars est payé, en net, à 2000€, c'est vrai que le coût total pour sa boite et d'environ 4000€. Mais ce n'est pas le coût de facturation, qui tourne sans doute aux environs de 8000€. Parce que il faut payer aussi les "improductifs" (secrétariat, comptabilité, encadrement, et profit du patron, dépenses qui ne sont pas directement facturable). Ce coût de facturation correspond à une facture horaire de 50 à 60 €, déplacement et prime de panier compris, ce qui n'est pas excessif, surtout à Paris. Et pour refaire l'électricité dans 120 mètres carrés, le prix du matériel est certainement supérieur à 2800 €. De plus, sur un "gros" chantier, les gars sont plutôt à deux pour une meilleure efficacité du travail et pour réduire la durée du chantier. Je dirais donc que les travaux ont du durer quinze jours à trois semaines. Ceci dit, ces considérations n'ont pas grand intérêt sur le débat (ou le soi-disant débat !).
Amitiés
..."



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Ci-dessous la mise au point de le Paon.

On devine que les langues ont dû se délier dans la confédération et que les mails ont valsé.

79 m2 paraît plus plausible que 120 pour un trois-pièces, mais le montant des devis n'en est que plus scandaleux. On imagine mal qu'un corps de métier puisse passer plus de dix jours sur un tel chantier.

Ceci dit le procédé qui consiste à désigner un lampiste n'est pas très reluisant si on remarque que le devis date du mois d'avril et que M. Le Paon a bien dû occuper cet appartement depuis.
Il aurait certainement dû s'inquiéter du montant des travaux et du voisinage cossu invisible depuis sa province , au lieu d'attendre une remontée de bretelles par la presse patronale, et voir le petit serpent CFT ressortir son nez à télématin par l'entremise de Philippeau .

Que l'information ait "fuité" comme nous l'avions supposé indique non seulement l'indélicatesse de l'auteur, mais aussi l'absence de débat interne, et c'est plutôt sur
l'absence de démocratie que devrait porter la rectification.
La lettre de L'UD 13 concluait :
« La direction confédérale, réunie hier toute la journée, n’a pas été informée officiellement de cet état de fait, ce qui aurait pu nous permettre une anticipation par rapport à la presse nationale et locale.
Si nécessaire, l’Union Départementale CGT 13 s’engage à prendre les dispositions qui s’imposent au sein de notre Organisation afin de mener les débats internes à partir des valeurs CGT que nous portons quotidiennement. »


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La dépêche

Appartement: Lepaon (CGT) reconnaît une "faute" et s'en prend à la direction

Publié le 04/11/2014

Le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, a reconnu mardi "une faute collective" de la direction concernant les travaux coûteux dans son appartement de fonction, imputant principalement la responsabilité du devis au trésorier Eric Lafont, mais il a aussi accusé de déloyauté certains membres de la direction.

" Il y a une faute collective qui ne masque pas des responsabilités individuelles ", a affirmé M. Lepaon devant le CCN ("parlement" de la CGT), alors que les révélations du Canard Enchaîné sur les travaux effectués dans son appartement de fonction situé à Vincennes avaient suscité un vif émoi en interne et un tollé médiatique.

"Cela fait 7 jours que, chaque minute qui passe, je pense aux syndiqués de notre CGT, aux militants, aux dirigeants " et aussi " à mes proches ," a affirmé M. Lepaon visiblement touché par l'ampleur prise par cette affaire.

Il a affirmé avoir " appris par la presse le devis et le montant des travaux réalisés " qui, selon lui, se sont élevés à 105.000 euros et non pas 130.000 comme l'avait affirmé Le Canard Enchaîné. Il a aussi précisé que son appartement faisait 79 mètres carrés et non pas 120, comme l'avançait l'hebdomadaire.

Cette affaire, a-t-il reconnu, " révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions ", puisque " les arbitrages et la décision finale " pour cette location n'avaient été " ni débattus, ni validés par une instance ".

Ce type de décision relevait "jusqu'à présent d'une seule personne" , non tenue " d'en référer a priori à nos instances ", a-t-il dit dans une allusion au trésorier Eric Lafont qui a signé le devis.

C'est cette " faille qu'il faut absolument corriger ", a promis le leader de la CGT en annonçant le recrutement d'un "directeur administratif et financier" qui devra "rendre compte de son activité conjointement à l'administrateur de la CGT" , Eric Lafont, "et au Bureau confédéral" (exécutif).

Thierry Lepaon a justifié le choix de Vincennes par sa proximité avec le siège de la CGT à Montreuil et "la discrétion, le calme et la sécurité" et "un certain degré d'urgence" , rappelant avoir logé plusieurs mois à l'hôtel. Elu en mars 2013 secrétaire général, il habitait auparavant en Normandie.

"Depuis Grenoble, Caen ou Lille, Vincennes n'a pas de connotation particulière" , a-t-il dit pour justifier le choix de ce quartier cossu.

Le numéro un de la CGT va adresser une lettre à tous les syndiqués sur ce sujet pour " qu'ils soient à l'aise pour en parler ".

Certains 'fragilisent' la CGT

Mais la pointe de son attaque a visé "des dirigeants" de la CGT " qui s'expriment, sous couvert d’anonymat " à la presse et "fragilisent l’organisation" . Il faisait ainsi référence à des commentaires peu amènes le visant.

L'affaire de l'appartement a attisé la crise qui secoue la CGT depuis la guerre de succession de 2012. Le syndicat est déchiré par des conflits de personnes et des divergences d'orientation.

"Je considère que nous avons un problème de fonctionnement du Bureau confédéral" (exécutif resserré de dix membres) "qui handicape notre capacité collective", a affirmé M. Lepaon.

"La qualité des personnes n’est pas en cause, mais l'engagement au sein même du Bureau confédéral pose problème" et "cela pourrait nous conduire à ne plus travailler collectivement et donc à ne plus être la CGT" , a-t-il prévenu.

M. Lepaon a décidé de "recevoir individuellement chaque membre du Bureau confédéral" pour s'assurer "de leur engagement et adhésion à l’esprit d’équipe". "Si nécessaire je reviendrai vers le CCN" organe décisionnel suprême de la CGT, a averti le numéro un, qui entend renforcer le bureau deux membres supplémentaires.

Selon lui, le délateur qui a adressé à la presse un devis des travaux est " responsable des conséquences de ses actes ". La CGT a lancé une enquête interne pour le débusquer.

Le numéro un de la CGT a accusé le Premier ministre Manuel Valls -qui avait plaidé pour "l'exemplarité" dans cette affaire- d'avoir "donné le coup d'envoi au déferlement médiatique " . "Qu'il s’occupe des affaires de la Nation " et "laisse la CGT s’occuper des siennes ", a lancé M. Lepaon qui est convié mardi après-midi à Matignon pour le comité suivi des aides publiques.


Edité le 04-11-2014 à 18:13:39 par Xuan


Xuan
   Posté le 05-11-2014 à 10:06:46   

Déclaration de la Commission Exécutive de l’Union Départementale des syndicats CGT de Loir & Cher, élargie aux secrétaires de syndicats pour le CCN des 4 et 5 novembre 2014.



Les révélations du « Canard enchaîné » sur les conditions de mise à disposition d’un appartement par la Cgt à son secrétaire général sont l’occasion d’une attaque opportune à la veille des élections professionnelles d’importance dans toute la fonction publique, à Orange, à EDF et à la MSA pour tenter de jeter la suspicion sur les dirigeants syndicaux Cgt et donc, à travers eux, de remettre en cause les revendications et actions de la Cgt auprès des salariés.

Dans cette situation, le secrétariat de l’UD Cgt de Loir & Cher a décidé de réunir la Commission Exécutive de l’UD, les secrétaires d’Unions Locales, de coordinations professionnelles et secrétaires de syndicats pour aider les camarades, les militants à répondre aux questions des salariés dans les entreprises, aux sollicitations des médias et aux attaques diverses des patrons, directions d’établissements voire d’autres syndicats.

Nous avons tenu cette réunion hier, soir à la veille du CCN, pour être en phase avec ce que pensent les militants, responsables de syndicats et membres de la CE de l’UD afin de livrer au CCN notre expression collective alliant sens des responsabilités et discernement pour ne pas intervenir à tort et à travers et mêler nos voix avec ceux qui veulent liquider la Cgt.

Dans une période où le « tous pourris » se généralise au bonheur de l’extrême droite et du patronat, nous, militants Cgt, devons au regard de cette situation, rappeler les valeurs de la Cgt, que nous portons.

Ces valeurs doivent alimenter la pensée et l’action de nos dirigeants, nos élus et mandatés Cgt, quel que soit le niveau de structure pour agir exclusivement au service de la Cgt pour défendre les intérêts des salariés.

La prise de responsabilité, à la Cgt, doit exclure toute recherche d’intérêt personnel ou bénéfices secondaires.

Les conditions d’exercice de prise de responsabilité syndicale doivent être débattues et décidées par l’organe exécutif de la structure syndicale concernée.

Sans sous-estimer les dispositions que la Cgt doit prendre pour assurer les prises de responsabilité à la hauteur de la charge confiée, nous devons empêcher des situations d’exception, concernant les dirigeants, qui seraient ainsi en décalage énorme avec les conditions d’habitation, de vie de la grande majorité des salariés et des syndiqués.

Les révélations du « Canard enchaîné » créent, de fait, une situation de rupture entre le monde du travail et les dirigeants syndicaux qui sont censés les défendre.
Il soulève tout un questionnement.

Sur comment avons-nous pu en arriver là ? La direction confédérale a-t-elle été consultée ? Sinon, qui a décidé l’octroi des sommes engagées ? Pourquoi des travaux à la charge du locataire qui relèvent du propriétaire de l’appartement ? Qui est le propriétaire de ce logement ? Quelle est la situation des autres membres du bureau confédéral ?
Qui, au lieu de soulever cette problématique en débat interne dans les instances de délibération de la Cgt, au sein même du bureau confédéral a livré l’info en pâture aux médias et dans quel objectif ?

Parce qu’au final, ce sont bien ces agissements internes intolérables, au plus haut niveau de la direction confédérale, qui ont créé ce déballage médiatique qui nuit à l’unité de la Cgt, à son image et à son positionnement revendicatif.

Faute d’avoir initié la réflexion nécessaire au sein du Comité Confédéral National (comme le réclament quelques structures) sur les orientations, les revendications, les stratégies de luttes à impulser face à l’offensive libérale, nous sommes aujourd’hui contraints de gérer collectivement cette situation due à l’incapacité de la direction confédérale d’organiser les débats contradictoires indispensables pour combattre clairement et avec détermination les choix de classe que nous imposent de concert le gouvernement et le patronat.

Les faits qui ont déclenché cette polémique publique génèrent déjà de vives réactions dans les syndicats. Ils doivent, selon nous, conduire le CCN à mettre en place une commission sous son contrôle pour revisiter le fonctionnement confédéral, la gestion des moyens de la CGT. Une commission sous l’autorité et la responsabilité du CCN pour qu’en interne ce dernier dispose de toute la transparence sur l’utilisation des ressources confédérales et la situation dans laquelle sont placés les membres du bureau confédéral, les membres de la commission exécutive confédérale et les conseillers confédéraux.
S’il s’avérait qu’il y ait eu entrave aux règles de vie et de fonctionnement, le CCN devra en tirer tous les enseignements, utiliser l’article 30 des statuts qui prévoit la révocation du bureau confédéral par le CCN et décider de la convocation d’un congrès extraordinaire.
La situation grave que nous vivons dans notre organisation, qui prolonge les tristes épisodes qui ont précédé le dernier congrès confédéral, se poursuit. Entre les différentes écuries en concurrence dans l’appareil confédéral nous sommes passés de la lutte des classes à la lutte des places. Peut-on continuer comme cela ?

Dans un tel contexte où le bureau confédéral est constamment désavoué par la majorité de la direction et les syndicats, le CCN doit reprendre la main et être réuni de manière plus régulière jusqu’au prochain congrès de la CGT pour jouer son rôle et assumer pleinement ses responsabilités sous le contrôle des syndicats. Stopper les dérives dans notre confédération est un devoir si nous voulons redonner confiance aux syndiqués, aux militants dans toutes les structures, pour retrouver de la crédibilité auprès des salariés et créer une nouvelle dynamique de déploiement et de luttes revendicatives.


Blois, le 03 novembre 2014
Xuan
   Posté le 05-11-2014 à 23:08:38   

Pitoyables justifications de Le Paon


Ci-dessous la pathétique plaidoirie de Le Paon. On remarquera que certains membres du bureau non cités nommément sont visés et que Le Paon prévoit son rééquilibrage en ajoutant deux membres de son choix :

Source CGT FAPT44 SYNDICAT DEPARTEMENTAL DE LOIRE ATLANTIQUE
DECLARATION DE THIERRY LE PAON


5 novembre 2014

Le Secrétaire général de la CGT, s’adresse au Comité confédéral national (CCN)
CCN des 4 et 5 novembre 2014


Notre CCN s’ouvre dans un contexte particulier.
Je me dois de perturber l’ordre du jour de nos travaux, ainsi que le Bureau l’a dit hier à la Commission Exécutive Confédérale. Personne ne comprendrait et n’accepterait qu’ils se déroulent comme prévu, comme si rien ne s’était passé et je dois vous dire …, moi non plus.

Cela fait 7 jours que, chaque minute qui passe, je pense aux syndiqués de notre CGT, aux militants, aux dirigeants dans les professions et les territoires, aux salariés de la maison confédérale, des structures professionnelles et territoriales.
En clair, je pense à celles et ceux qui font la CGT.

Vous me permettrez aussi d’avoir une pensée pour mes proches, celles et ceux qui m’ont vu et aidé à grandir ma vie durant.
Un dirigeant, quel que soit son niveau de responsabilité, faut-il le rappeler ici, est avant tout une femme ou un homme.

Comme la direction confédérale, j’ai reçu nombre de messages, croisé des regards, eu de nombreuses conversations et c’est à cela que je pense en commençant cette intervention.
J’ai aussi lu la presse, écouté la radio, regardé la télé.
Je ne ferai aucun commentaire sur le traitement de l’information pour me concentrer, devant vous, sur les faits, le pourquoi, et tirer les enseignements qui s’imposent.

Je me souviens de notre CCN au congrès de Toulouse et des propos que je vous avais tenus. Vous remerciant de votre confiance et mesurant le poids de la responsabilité que vous m’avez confiée, je vous avais dit les trois mots qui ont toujours guidé ma vie et mes engagements. Je me permets de vous les rappeler aujourd’hui : honnêteté, loyauté, transparence.
Ce n’est pas une simple addition de mots. C’est une ligne de conduite, un état d’esprit et une manière d’être que je souhaite faire partager dans la CGT.

Dans une organisation comme la nôtre, il est juste et bon, normal et essentiel, que les débats aient lieu dans nos structures, nos organisations, entre militants, dans les syndicats et avec les salariés.
Mais un syndiqué en responsabilité ne peut pas faire comme si la responsabilité n’évoluait pas avec le mandat que lui confient les syndiqués, les organisations.
Des dirigeants qui s’expriment, sous couvert d’anonymat, selon la formule trop connue et entendue, fragilisent l’organisation.
Lorsqu’ils se répandent dans la presse en disant que le Secrétaire général de la CGT rencontre les Ministres en dilettante, c’est toute la CGT qu’ils offensent.
C’est le contraire de la responsabilité et donc d’être responsable.

Chacune, chacun a droit à la parole, doit participer à la prise de décision. Encore faut-il que cela se fasse au bon endroit, dans l’organisation et les lieux que nous avons collectivement mis en place.
La confiance n’est pas un acte naturel. Elle se construit, se mérite et s’organise entre nous.

Avec respect, sans naïveté, dans la responsabilité que nous ont confié les syndiqués, nous avons en charge de diriger la première organisation syndicale du pays qui fêtera l’année prochaine ses 120 ans. Comme vous, je ressens sur mes épaules le poids de l’histoire. Je mesure la responsabilité qui est la nôtre au regard de nos prédécesseurs, de la situation présente, de la place de la CGT dans notre société, des oppositions de classes dans le pays, des défis qui sont devant nous et des attentes des travailleurs. La logique de blocs, de tendances, d’écuries, ne sera jamais dans ma logique parce qu’elle n’est pas celle de la CGT.
Plus encore, il est du devoir du Secrétaire général de lutter contre ces logiques quand elles existent.
Je crois fondamentalement au travail collectif, c’est ma conception d’une direction au service de ses organisations, de l’intérêt des salariés, de notre pays.
Une confédération est un outil de rassemblement, un acte volontaire pour débattre, pour décider et agir.

Je dois aussi vous dire que je ne sais pas ce qu’est la prétendue [i]« ligne Lepaon »
. La seule que je connaisse est celle que nous ont donné les syndicats réunis en congrès à Toulouse et j’entends bien débattre de sa mise en œuvre dans le profond respect des décisions et orientations validées par celles et ceux qui font la CGT.

Il y a un peu plus de deux mois, lors de notre assemblée de rentrée, nous faisions ensemble l’analyse de l’intense campagne idéologique menée à l’encontre de la CGT. Nous y faisions le constat d’un déchainement médiatique haineux, porté par un vocabulaire et une chronologie directement liés aux conflits alors en cours : celui des cheminots, des salariés de la SNCM, des intermittents du spectacle.
Nous en avions décortiqué les objectifs et les leviers. Nous n’avions encore rien vu. Depuis une semaine, la CGT essuie une tempête médiatique plus forte encore.
La séquence politique dans laquelle nous sommes nous conduit à penser qu’après cet épisode d’autres sont susceptibles d’advenir.

En effet, un document a été subtilisé de l’intérieur de la CGT. Si l’auteur de cet acte avait eu comme préoccupation l’intérêt des finances de la CGT, il avait à sa disposition toute une palette de possibilités pour attirer notre attention sur un éventuel problème.
Il pouvait saisir l’Administrateur, un membre du Bureau, un membre de la Commission Exécutive Confédérale, le secrétaire général, sa fédération, son union départementale, la Commission Financière de Contrôle, dont c’est précisément le rôle.
Il a donc choisi volontairement, un mois avant une élection professionnelle décisive dans la fonction publique, de nuire à la CGT, à ses syndiqués, à ses militants.
Il est responsable aujourd’hui des conséquences de ses actes. C’est ce qui a fait dire au Bureau confédéral, dans son communiqué de mercredi dernier, que rien ne nous détournera de nos objectifs revendicatifs.

J’ajoute à l’attention du Premier Ministre, qui a donné le coup d’envoi au déferlement médiatique : qu’il s’occupe des affaires de la Nation pour lesquelles des résultats sont fortement attendus, et qu’il laisse la CGT s’occuper des siennes.

Volontairement, je ne me suis pas exprimé publiquement.
Je sais que cela ne vous a pas facilité la tâche, confrontés que vous étiez à devoir apporter des réponses aux militants et aux syndiqués de vos organisations sans avoir tous les éléments de réponse en main.
Je sais aussi que vous avez fait face à la déflagration.
Je voudrais personnellement vous remercier de votre engagement. C’est cela la force de la CGT, celle qui nous est d’ailleurs reconnue : – Savoir se serrer les coudes lorsque l’organisation à laquelle chacune et chacun d’entre nous tient comme à la prunelle de ses yeux, est attaquée. – Savoir d’emblée identifier les objectifs politiques de ces attaques. – Enfin, savoir faire front, même lorsque des interrogations, des doutes, voire des désaccords subsistent et qu’ils demandent des explications entre nous.

C’est la raison pour laquelle j’ai réservé mon expression aux premières et premiers dirigeants que vous êtes. Notre réunion du CCN qui devra parler de bien d’autres choses me donne l’occasion de le faire en direct.

Comme vous, j’ai découvert, par la presse, le devis et le montant des travaux réalisés dans l’appartement que j’occupe. Un logement qui fait 79 m2 et non pas 120 m2 comme cela circule dans la presse.
J’ai donc demandé à la CFC de prendre toutes initiatives et dispositions pour contrôler la procédure et les montants des travaux réalisés dans l’appartement ainsi d’ailleurs, pour être complet, que ceux réalisés dans le bâtiment confédéral au 8ème étage, là où se situent mon bureau et ceux du secrétariat général.
J’ai aussi demandé à la CFC de visiter l’appartement pour qu’elle s’assure de la réalité des travaux et qu’elle rende compte au CCN du niveau des prestations dans cet appartement loué par la confédération.
Je souhaite sincèrement les en remercier. Je sais que ce n’est pas facile mais c’est utile.

Chacune et chacun d’entre vous sait que j’habite en Normandie.
La demande d’éléments de compréhension de la part des militants et des adhérents de la CGT est saine. Elle participe de la confiance que nous avons entre adhérents de la CGT quelles que soient nos responsabilités. La Commission Financière de Contrôle a, dans des délais très courts, produit un rapport que vous avez sur vos tables. Je passerai la parole à Michel Faivre Picon, Président de la commission à la suite de mon intervention.

Avant même cette intervention, il nous faut tirer enseignement de ce que nous avons vécu pour prendre les décisions qui s’imposent.
J’ai commencé mon propos en faisant le lien entre la campagne médiatique de cette semaine et les précédentes. Elles ont toutes le même objectif. Pourtant, les précédentes sont restées dans le cercle très restreint des chroniqueurs, des observateurs de la vie publique, voire, pourrait-on dire, d’un microcosme très éloigné des préoccupations des syndiqués de la CGT et des salariés.
Celle-ci est encore beaucoup plus violente. Les effets qu’elle produit sont d’une autre nature. Dans un contexte de crise économique, sociale, politique et morale majeure, les initiateurs et les complices de cette entreprise de déstabilisation visent à faire vaciller la représentation sociale de la CGT aux yeux des salariés.

La CGT, rempart de ceux qui ne comptent pas, contre ceux qui décident des affaires du monde serait-elle en train de changer de camp ?

Deux choix de gestion de la CGT peuvent en effet blesser ou déstabiliser militants et syndiqués de la CGT. C’est le cas, à la fois du choix du lieu et du montant des travaux. Le choix de Vincennes d’abord. Pour les franciliens et les habitants du Val de Marne, la commune a la réputation des beaux quartiers. Eux seuls d’ailleurs ont cette référence. Chaque ville a ses codes sociaux, ses quartiers emblématiques, populaires ou chics. Depuis, Grenoble, Caen ou Lille, Vincennes n’a pas de connotation sociale particulière.

Vincennes a été choisi parce c’est à côté de la porte de Montreuil. Beaucoup d’appartements ont été visités par le personnel administratif de la confédération ; cet appartement-là correspondait aux critères recherchés : la proximité de la confédération, la discrétion, le calme et la sécurité, mais également un certain degré d’urgence. Loger plusieurs mois à l’hôtel, ce n’était pas les meilleures conditions pour exercer un mandat aussi exigeant, et loin de ma famille. C’est aussi simple que cela.

Je vous confirme, puisque la question a été posée, que la solution d’un logement en HLM était d’emblée exclue. D’une part parce qu’il y a pénurie de logements sociaux en Ile de France, d’autre part parce qu’il s’agit d’un logement loué par la confédération.
Nous le savons, la symbolique ouvrière est partie prenante de notre histoire CGT. Nous en sommes fiers.

La presse utilise précisément cette légitime fierté comme ressort pour déstabiliser et atteindre profondément chaque adhérente et adhérent au cœur de notre système de valeurs. Elle a voulu instrumentaliser notre histoire en exhibant une vision misérabiliste du monde du travail. Or, le monde du travail est divers, composé d’ouvriers, d’employés, de techniciens, de cadres, de chômeurs, de retraités, ruraux ou citadins, habitant Aubervilliers, Saint-Denis, Vincennes, Saint-Mandé, Clichy sous-bois, Nanterre, Montrouge, Montreuil, République, Bastille ou Barbès …

Le montant des travaux effectués dans l’appartement ensuite. Il est de 105 000 euros. Cette somme fait partie des investissements que la confédération engage chaque année pour permettre son fonctionnement.

Le montant de 105 000 euros est élevé. Il s’explique par l’importance des travaux qui ont été réalisés dans cet appartement. Il s’est d’ailleurs trouvé quelques médias et journaux ayant gardé la tête froide, l’Humanité, Rue 89 ou le Nouvel Observateur, par exemple, pour faire la part des choses, rester dans la rationalité des chiffres de l’immobilier en région parisienne, faire le parallèle entre les 130 000 euros de devis de travaux annoncés et les centaines de milliards d’euros d’évasion fiscale organisée.

Mais cette somme, les syndiqués la comparent à leurs salaires, leurs retraites, leurs indemnités de chômage, leurs difficultés de vie pour joindre les deux bouts à 10 euros près. C’est précisément le calcul fait par les acteurs de l’opération médiatique. Je vais adresser dès cet après-midi, une lettre du Secrétaire général à l’ensemble des syndiqués de la CGT. Je demande à chacune et chacun d’entre vous d’en assurer la diffusion dans les organisations. Les syndiqués de la CGT doivent pouvoir être rassurés sur leur organisation, être à l’aise pour en parler avec leurs collègues de travail. C’est le sens du message que je leur envoie.

Il faut cependant aller plus loin. Cette opération visant la CGT révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions de notre maison. Il y a donc une faute collective qui ne peut à aucun moment masquer les responsabilités individuelles. Vous allez prendre connaissance du rapport de la Commission financière de contrôle sur les factures, la réalité des travaux et des équipements de l’appartement. Je rappelle que nos comptes sont doublement audités : par la Commission financière de contrôle d’une part, par le commissaire aux comptes d’autre part. Ils sont publiés, consultables. Notre budget est présenté au Bureau et à la CEC. Les comptes de la CGT sont arrêtés par le Bureau et approuvés par la CEC.

Une question demeure cependant. Elle est parfaitement légitime. Est-ce que le choix budgétaire de dépenser 105 000 euros de travaux dans un appartement dont la CGT n’est pas propriétaire était pertinent ?
Les arbitrages et la décision finale, qui engagent le budget de la confédération n’ont été ni débattus ni validés par une instance. Dans le fonctionnement qui est le nôtre aujourd’hui, une seule personne peut prendre cette décision sans être tenue d’en référer à priori à nos instances. C’est une faille qu’il faut absolument corriger.

Dès la semaine prochaine, je soumettrai au Bureau confédéral, selon la procédure en vigueur, le recrutement d’un Directeur administratif et financier. Celui-ci rendra compte de son activité conjointement à l’Administrateur de la CGT et au Bureau confédéral.
Il aura d’abord la charge de proposer à la direction confédérale un ensemble de règles permettant de sécuriser notre fonctionnement et nos décisions budgétaires.
Il devra notamment faire au Bureau confédéral une proposition du montant pertinent d’engagement de dépenses de fonctionnement et d’investissements à partir duquel le Bureau confédéral devra donner son accord.

Mes chers Camarades, nous avons pris ensemble des engagements devant les syndicats réunis en congrès. Mettre en œuvre nos résolutions pour rendre la CGT accessible, utile et solidaire. Faire vivre notre démarche de proposition, de contestation, d’action et de négociation. Nous avons besoin aujourd’hui de passer à la vitesse supérieure car les salariés attendent des résultats concrets.

Je considère que nous avons un problème de fonctionnement du Bureau confédéral qui handicape notre capacité collective. La qualité des personnes n’est pas en cause, mais l’engagement au sein même du Bureau confédéral pose problème. Nous devons, ensemble, relever ce défi politique. Je crois en les capacités de chacune et chacun pour le faire. Le Bureau confédéral se doit d’être plus que le rassemblement de porteurs de dossiers, aussi aiguisés soient-ils. Il doit avant tout préparer et mettre en œuvre les décisions de la CEC. La participation au Bureau confédéral ne peut pas se faire en fonction des ordres du jour et de leur intérêt. Cela pourrait nous conduire à ne plus travailler collectivement et donc à ne plus être la CGT. Je m’y refuse.

Dès jeudi, je recevrai individuellement chaque membre du Bureau confédéral afin de m’assurer de leur engagement et adhésion à l’esprit d’équipe. Si nécessaire je reviendrai vers le CCN. Comme les statuts confédéraux nous en donnent la possibilité entre deux congrès, je vais proposer au Bureau de vendredi prochain de présenter à notre prochaine CEC du 12 novembre, un renforcement de notre Bureau actuel par deux membres supplémentaires, une femme et un homme, issus d’une profession et d’un territoire.

Le CCN du mois de février sera amené, conformément à nos statuts à se prononcer par un vote sur cette proposition. Voilà les mots que je voulais réserver aux dirigeants de notre CGT, et à travers eux, aux syndiqués, aux salariés[/i].


Edité le 05-11-2014 à 23:11:16 par Xuan


Xuan
   Posté le 15-11-2014 à 10:02:42   

Ci-dessous la déclaration du Front Syndical de Classe.

Quelques remarques s'imposent :

"Nous ne nous délecterons donc pas de détails plus ou moins croustillants" . Evidemment on ne s'en délecte pas, par contre il est nécessaire de les relever et de les stigmatiser sinon tout restera en l'état. En particulier une question est restée sans réponse : Le Paon prétend n'avoir été informé de rien or il est le premier concerné.
Le devis a été signé en avril ce qui lui laissait le temps de tester la TV dans chaque chambre, d'arroser son balcon fleuri et d'observer de près son quartier sans passer par la Normandie. Le FSC ne relève pas que son attitude personnelle se dissout dans la "faute collective" .

"T. Lepaon au dernier CCN développe un certain nombre d'arguments qui nous paraissent recevables en ce qu'ils révèlent les déformations médiatiques" .
Soit pour ce qui concerne la surface et la somme totale ; ça ne change rien sur le fond. Au contraire la surface correspondant davantage à un trois pièces met en relief le montant exorbitant des travaux.
Quant à la proximité, l'argument est bidon parce que les transports en commun desservent rapidement et sans problème ce quartier surtout depuis l'est de Paris, dont les loyers sont moins élevés.
Donc il n'y a rien de recevable comme le prétend le FSC.

Ce jugement timoré sape les arguments et les exemples développés ensuite, alors que force est de constater qu'ils sont intimement liés à ce scandale.
Naturellement la campagne médiatique antisyndicale est une réalité ; la collaboration de classe aussi.
Pas la peine de faire un congrès extraordinaire si c'est pour se coucher devant le croquemitaine de l'opération contre la CGT .



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CGT : transformer une mauvaise passe en crise salutaire !


1. « L’affaire Thierry Lepaon » donne lieu à une incontestable opération contre la CGT au travers de la mise en cause de son secrétaire général à un mois d'importantes élections dans la fonction publique (5 millions de salariés concernés).

C'est que par-delà ceux qui actuellement en ont la direction, par-delà les orientations prises il y a une vingtaine d'années, par son histoire et par les traditions de lutte qui la marquent en particulier dans ses bases et dans nombres de ses structures, la CGT demeure aux yeux de nombreux travailleurs une référence et un bouclier contre l'offensive généralisée de régression sociale du pouvoir, du MEDEF et de l'Union européenne.

> C'est dire que nous appelons à déjouer cette opération et à renforcer l'influence de la CGT.

2. Cette opération qui semble trouver sa source en interne illustre par ailleurs les luttes qui opposent différents clans sur des bases qui ont plus à avoir avec des règlements de compte personnels et des ambitions qu'au sain et franc débat que nous appelons de nos vœux.

3. Pour sa défense T. Lepaon au dernier CCN développe un certain nombre d'arguments qui nous paraissent recevables en ce qu'ils révèlent les déformations médiatiques (choix du lieu par proximité, surface de l'appartement, montant des travaux) et la volonté de nuire en continuant à promouvoir un "tous pourris" dont on sait bien à qui il profite.

Nous ne nous délecterons donc pas de détails plus ou moins croustillants comme "nos " médias ont pris l'habitude de s'en délecter au travers de "faits divers " qui comme le disait si bien Pierre Bourdieu "font diversion " afin de masquer l'essentiel de ce qui est en cause. Nos journaux télévisés en offrant tous les jours la déplorable illustration.


Force est cependant de constater que :

le traitement à part de dirigeants de premier plan constitue un symptôme inquiétant et non une simple erreur banale qu'il suffirait de corriger à la marge.

C'est en effet en dehors de toute information et concertation collective que sont prises d'importantes décisions qui engagent les finances de l'organisation loin des exigences égalitaires longtemps en vigueur dans le mouvement ouvrier, gage de la confiance dans les dirigeants. Loin de toute transparence.

Force est aussi de remarquer que :

la mutation réformiste opérée il y a une vingtaine d'années va de pair avec une institutionnalisation et un financement qui marginalisent le rôle des adhérents et crée des comportements chez un certain nombre de dirigeants pour qui ce n'est plus l'expérience et la pratique du terrain qui compte, mais la capacité à être apprécié des patrons, de la puissance publique et des élus politiques !

Que dire par exemple du rôle du Conseil Économique Social et Environnemental qui outre une forte rétribution mensuelle des élus (plus de 3700 euros et au passage qu'en est-il du reversement à l'organisation de ces indemnités?) sert de SAS d'attente et de lieu de reclassement, de très nombreux dirigeants de premier plan y ayant appartenu ou y appartenant (A. Obadia, Lydia Brovelli, Gérard Alezard, T. Lepaon, M. Dumas …).

> En n'oubliant pas que c'est dans ces lieux que se nouent les contacts directs entre responsables syndicaux, dirigeants politiques et patronaux (MEDEF) et grands patrons.

Au point que des rapports au diagnostic partagé en sont issus comme c'est le cas du rapport cosigné en juin 2012 par T. Lepaon et Jean-Marie GEVEAUX, président UMP du conseil général de la Sarthe préconisant l'expérimentation de l'ouverture à la concurrence des TER!

A partir de ces constats il est effectivement plus que temps de remettre de l'ordre dans la maison, en profondeur!

4. Qu'est-ce qui est donc finalement en jeu dans la CGT ?

Dans son argumentation au CCN des 3 et 4 novembre, T. Lepaon :

concernant l'aspect financier , il reconnaît une faute collective, ajoutant : "Cette opération visant la CGT révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions de notre maison" reconnaissant que "Les arbitrages et la décision finale, qui engagent le budget de la confédération n’ont été ni débattus ni validés par une instance " .

Comme solution immédiate il préconise le recrutement d’un Directeur administratif et financier.

. concernant le fonctionnement de la direction confédérale après avoir réaffirmé la volonté de "Faire vivre notre démarche de proposition, de contestation, d’action et de négociation" il "considère que nous avons un problème de fonctionnement du Bureau confédéral qui handicape notre capacité collective" et envisagé de rencontrer individuellement chaque membre de l'actuel Bureau confédéral, il préconise le "renforcement de notre Bureau actuel par deux membres supplémentaires, une femme et un homme, issus d’une profession et d’un territoire" .

C'est là que le bât blesse !

T. Lepaon se prévaut des orientations du 50e congrès pour justifier ses décisions.

Certes les orientations retenues à cette occasion sont dans la continuité des orientations prises notamment à l'occasion du 45e congrès en 1995 marqué par une mutation de type réformiste (abandon statutaire de l'objectif de la "socialisation des moyens de production et d'échange", primauté aux négociations, le départ de la FSM), dans un moment de désarroi idéologique.

Mais il fait l'impasse sur la contestation qui depuis s'est fortement manifestée dans l'organisation, non seulement dans de nombreuses bases combatives (syndicats d'établissements et UL notamment) mais aussi dans des structures de direction comme les fédérations et les unions départementales et jusqu'au bureau confédéral.

La contestation portant sur des questions aussi diverses que la tactique des luttes, le TOUS ENSEMBLE, la signature des accords (formation professionnelle par exemple), la participation aux conférences sociales, le rapport au "syndicalisme rassemblé "et aux dirigeants de la CFDT, le rapport au pouvoir socialiste et au PS comme la participation à des initiatives politiques de résistance aux politiques d'austérité du gouvernement et de l'union européenne… et à l'international la question du boycott des produits israéliens (campagne BDS).

Et pour s'en tenir à un seul exemple est-il conforme aux orientations du 50e congrès de la CGT que T. Lepaon en février 2014 puisse déclarer au Nouvel économiste :
« Il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés – là encore, je regrette que les actionnaires fassent figures d’éternels absents - et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté » .

En contradiction totale avec la réaffirmation du caractère antagoniste des rapports salariés/patronat!

> En réaffirmant devant le CCN, sa volonté de poursuivre dans la démarche privilégiée de négociation et de proposition, en bunkerisant en quelque sorte la Bureau confédéral par le renfort de proches collaborateurs, en s'en tenant à de pures mesures techniques, T. Lepaon refuse de prendre à bras le corps la question essentielle pour la CGT et son avenir comme pour celui des travailleurs : la question de son orientation et de sa stratégie qui passe par la remise en cause des orientations opérées il y a plus de 20 ans.

La poursuite de la recherche d'un lien privilégié avec la CFDT et Laurent Berger manifestée récemment encore par la rencontre du 8 octobre illustre l'impasse de la stratégie actuelle.

Au moment où la CFDT à l'occasion de son 50e anniversaire en présence de M. Valls, M. Rocard, Raffarin, Chérèque …. réaffirme ses ambitions hégémoniques sur le mouvement syndical en France et sa soumission aux objectifs du MEDEF et du pouvoir socialiste.

> Plus que jamais les circonstances actuelles doivent pousser les militants et les organisations de la CGT à exiger que s'ouvre enfin un débat franc sur le bilan des 20 dernières années, les orientations retenues consécutives en particulier au départ de la FSM et l'adhésion à la CES.

La CGT traverse en effet une crise qui affecte sa direction et qui nuit au déploiement de l’influence et de l'activité de toute l'organisation. Elle peut à l'inverse être l'occasion d'un rebond historique qui la mettrait en situation de conduire les luttes indispensables des travailleurs et du peuple pour faire face à l'offensive de régression sociale actuelle.

A condition que des profondeurs de la CGT monte l'exigence d'un véritable renouveau.

De divers côtés émerge l'idée d'un congrès extraordinaire qui ferait le point.

> En tout état de cause c'est au CCN et aux militants de reprendre la main et de repositionner en grand la CGT sur des bases de classe, à l'offensive contre les régressions sociales et les politiques d'austérité mortifères !

Le Front Syndical de Classe, 7 novembre 2014
Xuan
   Posté le 15-11-2014 à 18:20:49   

Samedi 15 novembre 2014
source


Mais où habite donc Thierry Lepaon ?




Il y a un peu moins d’un mois, une grande journée d’action a marqué la vie de ce pays. Vous l’avez oubliée ? Vous êtes excusable : la grève interprofessionnelle et les manifestations pour la défens de la Sécurité sociale, à l’appel de la CGT, n’ont absolument pas désorganisé la production, et la mobilisation a été tellement modeste que la centrale syndicale elle-même est restée très discrète sur les chiffres…

Étranges défaites

Si Thierry Lepaon est actuellement dans le collimateur des médias, c’est pour le péché véniel des frais de rénovation de son appartement parisien et nullement pour la passivité de la confédération qu’il dirige. Aucune grande grève sous Hollande, malgré une série de cadeaux indécents au Medef, et une soumission servile aux diktats de Bruxelles et Berlin qui imposent l’austérité à vie sur le continent.

Une fois de plus, on ne gêne pas le PS au pouvoir. Mais le mal est plus profond : la CGT a certes lutté davantage sous la droite officielle, mais elle a toujours perdu… et toutes ses défaites étaient programmées. En quoi une journée de grève et de manifestations gêne-t-elle le capital ? Directement, en rien. Ce qui inquiète le grand patronat, c’est le danger d’une grève illimitée, c’est-à-dire la seule action qui touche son unique organe sensible : le portefeuille. L’action ponctuelle n’a donc de poids que si elle est assortie d’un avertissement clair : « Aujourd’hui, nous sommes dans la rue. Si vous ne nous entendez pas, la prochaine grève sera beaucoup plus dure. »

Les dirigeants des confédérations syndicales le savent parfaitement, et ceux de CGT mieux que tous. La dernière grande lutte progressiste victorieuse en France a été celle du Contrat Première Embauche. Et si Villepin a dû reculer, c’est bien parce que les lycéens qui la menaient n’obéissaient pas aux consignes des responsables syndicaux : ils sont entrés en grève illimitée, et n’ont cessé le mouvement qu’avec la victoire. La dernière grande lutte syndicale victorieuse en France fut celle de 1995, dirigée par la CGT des transports ferroviaires (SNCF et RATP) : là encore, grève générale interprofessionnelle jusqu’au retrait du plan Juppé de casse de la Sécu. Rien à voir avec la pitoyable journée du 16 octobre !

Depuis, nous assistons au même spectacle affligeant : la CGT, seule ou avec d’autres, programme une « journée d’action » de temps en temps. Quand la colère du monde du travail est à son comble, la cadence s’accélère : plusieurs journées en 2003 et 2010 pour les retraites, par exemple. Mais plus jamais de mot d’ordre de grève interprofessionnelle illimitée. Pourquoi ?

Déraillement historique

En décembre 1995, juste après la victoire contre le plan Juppé, la direction confédérale de la CGT demandait l’adhésion de la centrale à la Confédération européenne des syndicats (CES). La CFDT fut la première centrale française à en faire partie (c’est tout dire !) suivie de FO. Mais on n’entre pas à la CES sans montrer patte blanche : pour être acceptée, la CGT dut « toiletter » ses statuts. L’objectif de l’abolition du salariat et de l’exploitation capitaliste (un des fondamentaux du marxisme) en disparut purement et simplement ! En 1999, la CGT put quitter la Fédération syndicale mondiale et rejoindre la CFDT (qui venait de se signaler en trahissant grossièrement le prolétariat lors de la grande lutte de 1995) au sein de la CES. Elle devenait enfin une de ces « forces de proposition » qu’apprécient tant le Medef et ses « éditorialistes »…

Que fait donc la CES ? Au printemps 2003, alors que plusieurs pays d’Europe étaient en ébullition suite à une série de plans de casse des retraites (l’Autriche elle-même connut une grève générale : du jamais vu dans ce pays !), la CES tenait congrès et accueillait triomphalement un certain Valéry Giscard d’Estaing, qui lui présentait son projet de Traité Constitutionnel Européen (celui-là même qui serait piteusement blackboulé par le peuple français lors du référendum de 2005) ! Son rôle n’est pas de fédérer les luttes en Europe, bien au contraire : elle fonctionne grâce aux subventions de l’Union Européenne !

Une ou deux fois par an, la CES organise une manifestation de permanents (jamais de grève !), la plupart du temps à Bruxelles, pour demander une « Europe plus sociale ». À la fin de cette manifestation, un dirigeant prend la parole pour dire en substance : « si nous ne sommes pas entendus, nous recommencerons. » Et devinez quoi ? La manifestation n’a aucun impact, et une autre « journée d’action européenne » du même tonneau est décidée six mois ou un an après. Pendant ce temps, le grand patronat européen tremble !

Réorienter l’Europe ? Changer la CES ?

La CGT, de par la volonté de ses dirigeants, s’est donc coulée dans le moule de la CES : jamais elle ne dénonce l’intégration européenne. Elle se contente de réclamer une « Europe sociale » dont la simple lecture du traité de Maastricht montre qu’elle est une vaste blague. Jamais plus elle n’organise de grève générale illimitée : seulement des « journées d’action » au soir desquelles le patronat sait qu’elle ramènera sagement ses militants au bercail.

Voilà pourquoi toutes les luttes nationales progressistes, à l’exception du mouvement des jeunes contre le CPE, ont été perdantes depuis près de vingt ans : le plus puissant syndicat de la classe ouvrière est piloté en sous-main par des eurocrates. Quand la CGT a demandé à entrer dans la CES, ses dirigeants ont vendu le processus à la base en expliquant qu’ils allaient changer la CES de l’intérieur. On voit ce qu’il en est en réalité…

Franz Lieber


Edité le 15-11-2014 à 18:42:03 par Xuan


Xuan
   Posté le 25-11-2014 à 23:17:35   

Affaire Le Paon (suite) : le bureau.


Le Canard puis les Echos et à leur suite tous les médias bourgeois en remettent une couche sur Le Paon, dans l'objectif de casser tout ce qui pourrait constituer un obstacle à la collaboration de classe. En partant du principe que la CGT est le dernier syndicat à refuser de signer les accords de trahison.

Problème, Le Paon n'est pas précisément le représentant de la lutte de classe au sein de la CGT.
Les désaccords au sein de la CGT sont pour ces médias un levier destiné à détruire le syndicat. C'est un jeu dangereux car l'exploitation accrue des masses aboutit nécessairement à renforcer la lutte de classe et à faire reculer l'esprit de conciliation.

Sur le blog de J. Tourtaux, on lisait à propos de l'appartement de Vincennes :


"Pas étonnant quand on sait, entre autres, les magouilles et les procédés nauséabonds de la direction de leur fédération nationale et de l'UD CGT du Nord, qui viennent de torpiller le syndicat CGT du Conseil général du Nord parce que ces dirigeants se battent sur des positions de classe, pour les remplacer par des réformistes qui n'arrivent pas à la cheville de militants de valeur comme ma camarade et amie Gisèle Jamotte.
J'ai lu cette boule puante ce matin que j'ai préparée pour la publier mais j'ai préféré donner la priorité à une triste nouvelle : selon l'UNICEF, la France compte 440 000 enfants pauvres de plus alors, ce n'est pas avec des dirigeants cégétistes comme LE PAON, que l'on va, entre autres, stopper la montée en puissance de l'augmentation des enfants pauvres dans le pays."


Encore une fois la réponse de la CGT évite la question de fond à savoir la justification des sommes engagées, parfaitement disproportionnées avec des travaux de ce type.

Ci-dessous l'article des Echos :


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La rénovation de son bureau a coûté quelque 65.000 euros. La commission de contrôle rendra ses premières conclusions début décembre.

Thierry Lepaon n’en a pas fini avec l’affaire du coût prohibitif de la rénovation de son appartement de fonction qu’une nouvelle polémique s’ouvre. Après son logement, le secrétaire général de la CGT s’est aussi entièrement fait refaire son bureau. Le devis cette fois-ci s’est monté à 62.179,44 euros, révèle "Le Canard enchaîné".

La nouvelle a fuité dès mardi dans la confédération, alors que sa commission exécutive (direction élargie de 50 membres) était réunie comme tous les quinze jours.

Déplacement maintenu

Fidèle à sa stratégie depuis le début de la crise, il est resté mardi aux abonnés absents. "Les gens s’en foutent! " avait estimé Thierry Lepaon samedi sur France Inter, à propos de la polémique sur son logement de fonction. Prévenu dès lundi de l’article de ce matin, il a maintenu son déplacement au congrès de la Fédération du commerce CGT, où il est intervenu en fin de matinée, avant que la nouvelle n’arrive jusqu’à Vichy.

C’est Agnès Naton, en charge de la communication au bureau confédéral et soutien inconditionnel de Thierry Lepaon, qui est montée au créneau à la commission exécutive, affirmant que la somme avait été utilisée pour rénover trois bureaux.

Elle a omis de préciser qu’en réalité, les travaux réalisés dans ceux des secrétaires et de la directrice de cabinet de Thierry Lepaon ont consisté en une pose de parquet pour assurer la continuité du sol du secrétariat général.

D’après nos informations, les travaux auraient en définitive coûté au total 65.413,20 euros TTC, dont 7.000 euros environ pour les bureaux des secrétaires et directrice de cabinet.
Agnès Naton a refusé de soumettre à la commission exécutive un projet de communiqué en réaction à l’article du "Canard enchaîné", renvoyant sa rédaction à plus tard.
Elle a diffusé hier soir un texte qui n’a pas recueilli l’aval des instances de direction. Il évoque de "prétendues révélations" et un programme de travaux d’entretien, de rénovation, de modification et de mise aux normes des bâtiments, faisant le parallèle entre la rénovation du bureau de Thierry Lepaon et les travaux engagés pour mettre les bâtiments aux normes handicapés.
Prochain rendez-vous dans quinze jours : la commission financière de contrôle devrait présenter de premières conclusions. Prochain rendez-vous dans quinze jours : la commission financière de contrôle devrait présenter de premières conclusions.

LEÏLA DE COMARMOND.



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Article du Canard enchaîné
Réaction de la CGT aux prétendues « révélations » du Canard enchaîné

mardi 25 novembre 2014 , par Laura

Dans son édition du mercredi 26 novembre, le Canard enchaîné rend publique une prétendue « révélation », sur les travaux d’aménagement effectués dans le bureau du Secrétaire général et de ses collaboratrices.

La CGT s’étonne que, depuis plusieurs semaines, une campagne de presse se focalise sur les travaux réalisés dans l’environnement du Secrétaire général.

En effet, depuis la construction de la Bourse nationale du travail à Montreuil, la CGT conduit, chaque année, un programme de travaux d’entretien, de rénovation, de modification et de mise aux normes des bâtiments.

Ainsi, par exemple, récemment, des travaux de mise aux normes handicapés du complexe ou encore l’aménagement d’une salle permettant d’accueillir dans les meilleures conditions les militants des territoires ont été entrepris. Vont-ils également faire la Une de la presse ?

A toutes fins utiles, nous rappelons, une fois encore, que les comptes de la CGT, publiés et consultables sont doublement audités, par un commissaire aux comptes indépendant et par une Commission financière de contrôle, élue par le congrès des syndicats de la CGT.

Celle-ci s’emploie actuellement à faire toute la lumière sur les dysfonctionnements concernant le montant et l’engagement des dépenses de la confédération.

La CGT ce sont des centaines de milliers de femmes et hommes qui s’engagent chaque jour pour défendre des valeurs de progrès et les intérêts du monde du travail, bien loin de l’image que le Canard enchaîné essaie d’entretenir par ses « révélations ».

Montreuil, le 25 novembre 2014
Xuan
   Posté le 04-12-2014 à 23:01:52   

Ci-dessous le dernier article du blog oùvalacgt sur le sujet, après les dernières révélations sur la corruption du bonze Le Paon (31 000 € de prime de transition ).
De fait la base syndicale est très remontée aujourd'hui et la direction CGT n'a plus guère de choix.
Il est probable qu'un autre prendra sa place et la sortie peu glorieuse de son prédécesseur l'incitera certainement à davantage de prudence. Peu importe, l'essentiel est la prise de conscience de la masse des adhérents et de leur adhésion au syndicalisme de classe.
Tout ceci traduit en dernier ressort le rejet du suivisme syndical envers la gauche et les éditorialistes bourgeois doivent déjà s'en mordre les doigts.


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Jeudi 4 décembre 2014 - oùvalacgt

Affaires Lepaon : mais où va la CGT ?



Dans le dernier article de ce blog (« 120m2 à Vincennes, avec vue sur le MEDEF ? »), nous expliquions qui était Thierry Lepaon et ce qu’il représentait : « L’aristocrate ouvrier, c’est le lieutenant ouvrier du capital, celui qui singe ses maîtres, prend ses goûts, perd ses repères de classe » et nous renvoyons nos lecteurs à cet article qui reste parfaitement d’actualité.

La nouvelle affaire dite de la « rupture conventionnelle » est infiniment plus grave, car il s’agit désormais d’enrichissement personnel et non plus de logement de fonction… Les Echos (souvent très bien informés – par qui ? – de ce qui se passe à la CGT, voir ICI) parlent d’un chèque de 100 000 à 200 000 €, mais comme par hasard Thierry Lepaon « ne se souvient pas » du montant, une « petite somme » puisqu’il n’est resté que quatre ou cinq ans au Comité Régional de Basse Normandie… 100 000 € c’est en gros 4 ans de salaire à 2000€ ! Le Monde parle de 31 000 €, c'est moins mais quand même ! Petite somme, qu’il disait… Et en plus, à lire les Echos, ce n’est même pas une rupture conventionnelle officielle mais un simple chèque à l’amiable, et en plus on ne sait même pas trop d’où sort ce chèque…
C’est consternant, calamiteux, effrayant.
Ne parlons même pas de l’image que cela donne de la CGT, désormais assimilée aux patrons et politiciens pourris. Il a fallu 8 pages à Thierry Lepaon pour tenter de s’expliquer au CCN de début novembre (voir ici), il va faire comment à la CE de mardi prochain ?


La CE Confédérale du 9 décembre n’aura donc pas à traiter que de la loi Macron présentée le lendemain au conseil des ministres, elle devra clarifier la situation et l’on parle maintenant purement et simplement de débarquer le secrétaire confédéral, désormais complètement désavoué, aux yeux des syndiqués d’abord, des salariés, chômeurs, précaires, exploités avec ou sans papiers…

Compte tenu de la catastrophe dans laquelle nous sommes plongés, ce serait le moins pire, plutôt que de traîner encore deux ans ce boulet corrompu…

« Serrer les coudes, identifier l’origine politique des attaques, faire front » clamait-il dans son courrier pour escamoter comme d’habitude la critique, mais là c’est bien d’enrichissement personnel que l’on parle

Thierry Lepaon n’est pas seul dans son cas

Ah, c’est vrai, les secrétaires généraux précédents n’étaient pas comme ça. Issus du public (Séguy, Viannet ou Thibault) ou du privé (Frachon ou Krasucki) ils portaient une tradition en quelque sorte exemplaire aux yeux de la masse des travailleurs. En ce sens, Thierry Lepaon est une grave « erreur de casting ».

Mais l’éviction probable de ce mouton noir ne doit pas nous voiler la face. Dans les structures intermédiaires de la CGT, ces aristocrates et bureaucrates corrompus sont pléthore – et en ce sens Lepaon représente une certaine couche sociale. Dans les Conseils Economiques et sociaux, la Mutualité, la gestion de la Sécu, de la formation professionnelle, les CCAS etc. ils fleurissent et se sont même considérablement multipliés avec les lois de décentralisation qui ont multiplié les structures paritaires. La dérive politique de la CGT qui n’a plus de projet différent de la simple gestion du capitalisme – version humanisé (le « développement humain durable » ça ne vous rappelle rien ?) n’a pas arrangé les choses.

Thierry Lepaon va dégager, tôt ou tard, et on ne va pas le pleurer. Et nous allons avoir le droit au discours sur le retour de la moralité, la transparence etc. dans la confédération. Quelle blague !

Thierry Lepaon n’est que la caricature d’une couche sociale, de la bureaucratie syndicale qui infeste notre syndicat à tous les étages, du bureau confédéral à la simple gestion des CE d’entreprise…

Les patrons le savent bien : ils adorent laisser quelques miettes (enfin, des gros quignons, il y a des CE c’est des centaines de milliers d’euros !) à gérer aux syndicalistes réformistes, il n’y a pas de meilleure école à la gestion du capitalisme, n'est-ce pas ?

Il faut revenir au syndicalisme de classe, anti-capitaliste, refuser toute gestion, toute compromission qui nous englue dans les règles du jeu de nous exploiteurs, sortir de tous les organismes de gestion paritaire. C’est ça qu’il faut changer à la CGT, d’abord et avant tout ! C’est cela qu’il faut débattre, sur le fond !

Les conflits dans la confédération

Bien sûr tout le monde cherche qui a dégommé Thierry Lepaon, en plus à la veille des élections dans la fonction publique, certainement pas un hasard : effet de levier garanti !
La presse (voir l’article du Monde qui résume le conflit « L’offensive contre Thierry Lepaon prend de l’ampleur ») pointe du doigt les quatre membres du Bureau Confédéral qui ont refusé de faire allégeance à Thierry Lepaon : Eric Aubin (Construction), Mohammed Oussedik (Verre) Valérie Lesage (UD 77) et Sophie Binet (UGICT). Un quatuor de techniciens modernes qui illustrent la montée en puissance de la petite-bourgeoisie salariée dans la confédération, de syndicalistes qui font carrière dans le syndicat (leur carrière professionnelle n’est pas très longue…) et qui ont des ambitions. Eric Aubin et Mohamed Oussedik ambitionnaient, de manière différente à prendre la suite de Bernard Thibault.

On sait que la proximité d’Oussedik du PS a éliminé l’hypothèse.
On sait qu’Eric Aubin a les dents longues et une ambition dévorante depuis qu’il est devenu Mr Retraites de la Confédération. Et il se sent un peu dans le collimateur, pour se démarquer explicitement de Thierry Lepaon dans un courrier aux syndiqués à l’issue du CCN (voir ci-contre).

Mais tout ceci n’est que clapotis dans le marigot des ambitions.
Le fond de l’histoire qui secoue la Confédération, c’est le rapport au gouvernement et au PS . Non pas qu’il y ait fondamentalement des projets différents entre les divers dirigeants confédéraux, tous partagent les mêmes idées de développement humain durable et le projet de capitalisme social. La perspective de lutte de classe a disparu, sans même parler d’abolition du capitalisme qui n’est plus qu’une référence historique lointaine et sans enjeu à ce niveau du syndicat.

Un secteur confédéral est pour une attitude prudente et pragmatique à l’égard du gouvernement, conflictuelle certes, mais pas trop pour ne pas couper les ponts. Favorable à valider quelques accords (celui sur la formation professionnelle, ou sur le dialogue social – voir à ce propos un autre article avec la déclaration de l’UD du Cher). C’est l’orientation de Thierry Lepaon et d’une partie de la direction confédérale.

Et il y a ceux qui sentent la colère de la base, que ça ne va pas et que le syndicat risque de décrocher. Ceux qui veulent se démarquer à tout prix de Hollande/Macron/Rebsamen. Ceux qui ont participé aux mobilisations du Front de Gauche du 12 avril et du 15 novembre. Ceux-là gagnent de l’influence à chaque mesure gouvernementale, à chaque sortie de Valls ou de Macron, à chaque nouveau plan d’austérité et de milliards au patronat. On a ainsi vu la Chimie, les Territoriaux, l’Ile de France et bien d’autres.

Thierry Lepaon nous a bien amusés quand il a parlé d’une offensive d’infiltration du Parti de Gauche dans la CGT !!! N’importe quoi… c’est juste que le courant radical anti-PS et anti-gouvernement se renforce jour après jour.

Reste à apprécier la nature de cette opposition : opposition au gouvernement ? C’est clair, et c’est une bonne chose. Sur une base de défense des intérêts des travailleurs ? C’est beaucoup moins clair, parce que sur tous les sujets importants, précarité et sous-traitance, pénibilité et souffrance au travail, mondialisation et internationalisme, défense de l’emploi, la CGT n’est présente que dans les initiatives locales ou partielles, mais totalement silencieuse au sommet…
Il reste une fracture et une grande confusion, qui laisse un espace aux syndicalistes de classe. Mais force est de constater que la confusion a fait ses ravages partout, y compris dans cette dite opposition bien absente depuis le 49ème Congrès et la candidature Delannoy contre Bernard Thibault…


Edité le 04-12-2014 à 23:09:00 par Xuan


Xuan
   Posté le 07-12-2014 à 12:55:09   

Samedi 6 décembre 2014 sur oùvalacgt

Des Thierry Lepaon, il y en a des centaines à débarquer à la CGT, l'exemple d'Eurodisney !


Dans nos deux articles précédents (« 120 m2 avec vue sur le MEDEF ? », et « Affaires Lepaon : mais où va la CGT ? ») nous affirmons que Thierry Lepaon n’est qu’un exemple particulièrement médiatique de la corruption et de la dérive parmi certains responsables CGT, sous couvert de paritarisme et gestion des œuvres sociales.
Nous livrons aujourd’hui à nos lecteurs un cas qui commence à défrayer la chronique, celui d’Amadou N’Diaye, ancien secrétaire CGT du CE d’Eurodisney. Qui vient d’être élu en toute connaissance de cause et malgré toutes les alertes à la CE Fédérale du Commerce lors du Congrès qui s'est tenu fin novembre.

Ce cher homme, représente une CGT d’entreprise qui n’existe plus, démembrée par la corruption et la décadence, incapable de résister un minimum aux pressions « amicales » du patron…
Déjà condamné pour harcèlement moral fin 2013 (voir le jugement ICI), il est sous le coup d’une enquête approfondie pour détournement des fonds du CE et enrichissement personnel pour une somme de l’ordre de 300 000 €. Thierry Lepaon joue petit pied… Et il est déjà condamné définitivement en appel à l’interdiction de sortie du territoire national, à remettre son passeport dans le cadre d’un contrôle judiciaire et à ne pas se rendre dans les locaux du CE d’eurodisney (voir également le jugement ICI).
C’est dire que tout le monde attend avec intérêt et une certaine impatience le jugement de fond sur les détournements de fond du CE Eurodisney…
Tout ceci est connu, validé en justice.

Le syndicat CGT Pullman Montparnasse et la CGT HPË en ont fait une intervention au Congrès du Commerce à l’annonce de la candidature du personnage à la direction fédérale… On trouvera cette intervention ci-dessous, en constatant de manière un peu désolée qu’il y a quand même du chemin à faire dans la CGT, puisque, quoique désavoué, Amadou N’Diaye a quand même été élu


(texte intégral)
Xuan
   Posté le 11-12-2014 à 12:49:49   

JACQUES TOURTAUX : LA CGT AU SEIN DE LAQUELLE JE MILITE DEPUIS PLUS DE 50 ANS A LA FEDERATION DES CHEMINOTS DOIT REDEVENIR LA CGT A LAQUELLE J'ASPIRE ! DEHORS LEPAON ET TOUS SES SEMBLABLES !



DEHORS LEPAON ET TOUS SES SEMBLABLES !

LA CGT QUI EST UNE ORGANISATION SERIEUSE ET RESPONSABLE DOIT IMMEDIATEMENT QUITTER LA CORROMPUE CES ET REPRENDRE SA PLACE AU SEIN DE LA FEDERATION SYNDICALE MONDIALE (FSM)


Le Capital, "canard" du grand capital, s'en donne à coeur joie pour cracher son venin mais, pourquoi le patronat et tous les nantis du pays se priveraient-ils de l'aubaine que leur offre Lepaon, "patron" de la CGT, un des truands du syndicalisme d'accompagnement, préféré au syndicalisme de classe, au syndicalisme de combat.

Cette situation est intolérable, intenable pour les militant-es de masse et de classe qui ont à la fois à lutter contre leurs exploiteurs qui sont installés à la gouvernance du pays et contre les instances dirigeantes de la CGT, du stade confédéral, de la plupart des Fédérations, UD, voire même dans certaines UL.

Le ver est entré dans le fruit dès le départ du camarade Henri Krasucki, militant incorruptible, d'une fidélité constante à son idéal.

La CGT, à laquelle je suis syndiqué depuis plus de 50 ans, a besoin d'un grand coup de balai salutaire.

On adhère pas à la CGT pour faire carrière, faire la course aux places et aux honneurs. On adhère à la CGT parce qu'on a des convictions, parce que l'on veut farouchement se battre pour défendre nos droits, en gagner d'autres par les luttes, pour une vie Digne et Décente mais aussi par fidélité aux combats menés par nos ainés dont des milliers d'entre eux ont fait le sacrifice suprême, tel le camarade Pierre Sémard, Secrétaire général de la Fédération CGT des Cheminots, éminent militant et dirigeant du glorieux Parti des Fusillés, le Parti Communiste Français.

Or, quel triste spectacle de désolation nous offrent nombre de dirigeants de la CGT, à tous les niveaux, où les carriéristes et les opportunistes règnent en maitre et se comportent souvent comme les truands du patronat, allant jusqu'à trainer des camarades devant les tribunaux.

Ce n'est pas par hasard si j'ai, il y a quelques années, écrit "Les Apparatchiks". Ce petit bouquin n'est qu'un petit aperçu des méthodes honteuses et inadmissibles pratiquées au sein de la CGT par des salopards qui ont oublié qui les a fait roi, qui les a hissés aux responsabilités qu'ils n'assument plus parce qu'ils tournent le dos à leurs engagements, parce qu'ils ont tout simplement trahis les travailleurs.

C'est lors d'une manif à Reims que j'ai décidé d'écrire mon bouquin, "Les Apparatchiks". Je faisais une vente militante de mon premier ouvrage contre la Guerre d'Algérie lorsque le Secrétaire régional interpro CGT, que je connaissais puisqu'il était cheminot, m'a violemment pris a partie et a voulu à deux reprises me mettre son "poing sur la gueule".

Je ne regrette pas que cet abruti m'ai permis d'écrire ce bouquin car, en 2010, à Reims, lors d'une manif pour la défense des retraites, j'ai de nouveau été pris à partie et insulté, cette fois, par le Secrétaire général de l'UD CGT de la Marne, qu'en qualité de militant cheminot CGT, j'ai également bien connu. En effet, cet opportuniste qui n'a pratiquement jamais bossé, fait carrière dans la CGT.

A la SNCF, nous avons siégé côte à côte, en qualité de Délégué Régional à la Sécurité au CMPR, ancêtre de l'actuel CER. A l'exception de son rapport annuel sur les accidents de travail, jamais je n'ai vu cette grande gueule, demander à intervenir pour défendre les cheminots.

Il est plus que temps que mes camarades syndiqués CGT prennent à la BASE leurs affaires en main pour éjecter le ver qui est dans le fruit et assainir ainsi notre CGT, cette grande dame.



Jacques Tourtaux
Ancien Secrétaire général du syndicat CGT des Cheminots
et de l'Union Locale CGT de Rethel (Ardennes)
Xuan
   Posté le 13-12-2014 à 00:24:21   

Selon des sources bourgeoises, la semaine dernière, le syndicat des journalistes CGT aurait été le premier à demander la démission de Thierry Lepaon en soulignant de «profonds dysfonctionnements» au sein de la direction.

La fédération des services publics, la première de la Confédération générale du travail (CGT), réclamerait la démission de Thierry Lepaon.
Dans un texte voté jeudi, la direction de la principale fédération, celle des services publics, qui compte plus de quatre-vingt mille adhérents, a estimé que, « compte tenu de ses responsabilités et de l'incapacité dans laquelle il se trouve d'assumer ses missions de secrétaire général, le départ [de Thierry Lepaon] est inéluctable »
« La meilleure solution pour rassembler la CGT est la démission de Thierry de son mandat de secrétaire général dans les plus brefs délais. »
… « si tel n'était pas le cas avant la réunion du 13 janvier du comité confédéral national »
, (CCN, parlement de la CGT, habilité à destituer le secrétaire général), la fédération des services publics « sera alors porteuse d'un mandat de révocation du secrétaire général » .

A l'issue d'une réunion de près de dix heures, mardi, la commission exécutive de la CGT a convoqué pour le 13 janvier une réunion extraordinaire du comité confédéral national, composé des secrétaires généraux des trente-trois fédérations et des quatre-vingt-seize unions départementales. Ce comité confédéral national décidera alors du sort du secrétaire général.

La fédération de la santé, la deuxième de la CGT (quelque soixante-quatorze mille adhérents), aurait elle aussi demandé la démission des dix membres du bureau confédéral de la CGT, dont celle de Thierry Lepaon.
Nathalie Gamiochipi, secrétaire générale de la fédération santé n'a pas confirmé cette information. « On a discuté, mais la fédération se prononcera le 12 janvier » , veille du comité confédéral national, a-t-elle dit.
Xuan
   Posté le 18-12-2014 à 13:09:30   

Sous le titre "La vérité à faire connaître" certains militants révisionnistes font des pieds et des mains pour défendre la peau de Le Paon, transformant le syndicat en secte au mépris de la volonté de la base.

Quant à Le Paon, le voilà à raconter sa vie et détailler ses promenades en vélo Décathlon avec service d'ordre derrière son cul. Il pleurniche sur son sort et jure son désintéressement :


"Je vous indique par ailleurs que mon salaire actuel est de 4000 euros nets par mois, avec un 13ème mois.
Mon salaire avait été fixé initialement par la confédération à 5200 euros.
J’ai considéré que ce montant, même s’il est peut-être justifié, était trop élevé pour un Secrétaire général de la CGT. J’ai donc demandé à ce qu’il soit ramené à 4000 euros."


On appréciera le même s'il peut être justifié .

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Commission exécutive confédérale du 9 décembre 2004
Intervention de Thierry LEPAON



A la suite du rapport d’Alain Alphon-Layre et avant de passer la parole à Michel Faivre-Picon pour la CFC, je souhaite m’exprimer personnellement devant vous.
Dans cette période de crise aigüe que nous traversons, la première étape est de pouvoir partager les informations, les ressentis personnels et les analyses.
C’est l’objet de cette intervention.
Je vais redire un certain nombre de choses qu’Alain a déjà exprimées. Ce n’est pas grave.

Suite à l’article de l’express paru la semaine dernière, faisant état de la prime que j’ai touchée lors du départ du Comité régional de Normandie, j’ai réuni le bureau mardi matin 2 décembre.
Le bureau s’est réuni une deuxième fois le vendredi 5 décembre.
Mardi dernier, j’ai expliqué aux membres du bureau dans le détail la façon dont cette prime avait été décidée et calculée, ainsi que la décomposition du montant de 31 000 euros du chèque que j’ai touché de la région Normandie pour solde de tout compte.
J’ai proposé au bureau de faire un communiqué en direction de nos organisations pour donner l’ensemble des informations.

Majoritairement, le bureau a considéré qu’il n’était pas opportun de communiquer avant le 5 décembre et que l’ensemble des explications devaient être adressées en priorité à la direction confédérale lors de la réunion d’aujourd’hui et dans la foulée à nos organisations.
Communiquer ces informations dès le 2 décembre aurait pourtant permis d’éviter de laisser traîner dans la presse des montants de 100 000 voire 200 000 euros, comme cela a été le cas.

Des parties de débats, des phrases prononcées mais sorties du contexte de la réunion et des informations, partielles ou déformées, se sont retrouvées sur le site des Echos, du Monde ou du Figaro, à peine nos réunions terminées.

Les mêmes camarades qui condamnent le fait que les valeurs de la CGT ont été trahies, jettent la CGT, ses organisations et ses premiers dirigeants, en pâture aux médias.
La campagne de presse qui se déchaîne depuis maintenant un mois dépasse tout ce que la CGT a pu connaître de mémoire de militant. Elle vise de façon violente la personne du Secrétaire général de la CGT.

Cette campagne médiatique n’épargne personne, a pour objectif évident de déstabiliser les syndiqués, de blesser, de faire perdre nos repères les plus élémentaires en installant une suspicion généralisée.

Le respect de la démocratie dans notre organisation est lui-même devenu un enjeu, car le temps de la démocratie n’est pas celui des médias.
Cette campagne échappe d’évidence à ses propres initiateurs internes, qui continuent toutefois à l’alimenter par des rumeurs.

Le but est de faire mettre un genou à terre à la CGT dans une période cruciale pour les salariés et les citoyens.
La période choisie pour la déclencher ne relève pas du hasard, quelques jours avant une élection cruciale dans la fonction publique, au moment où la CGT fait événement par ses propositions dans le cadre de la négociation sur la démocratie sociale, et où le pacte de responsabilité est qualifié d’échec du gouvernement par le Ministre de l’Economie lui-même.

Les rumeurs les plus folles circulent. Je vais donc vous livrer toutes les informations me concernant permettant de rétablir quelques vérités.
En disant « toutes » les informations, je mesure d’ailleurs l’incapacité dans laquelle je suis au moment où je vous parle à pouvoir imaginer les calomnies qui peuvent sortir demain.
D’abord les informations que je dois à l’organisation concernant la prime :

> D’abord, il ne s’agit pas, comme la presse l’a écrit, d’une rupture conventionnelle, mais d’une prime de départ, puisque j’ai démissionné du comité régional pour arriver à la confédération.
> Pardonnez- moi de revenir quelques années en arrière, lorsque j’ai été licencié de Moulinex, en mai 2004 dans le cadre du plan social.

J’ai, au même titre que les autres salariés licenciés, touché une indemnité de licenciement.
Je suis resté 30 mois au chômage, entre mai 2004 et décembre 2006, d’abord en touchant les ASSEDIC (1150 euros) puis à la fin, l’ASS (440 euros).

Pendant cette période, parallèlement à mes activités syndicales dans le syndicat de Moulinex pour assurer la défense des salariés licenciés, j’ai assuré la fonction de Secrétaire général de l’Union Départementale du Calvados.
J’ai assuré cette fonction bénévolement dans l’attente du résultat du procès en décembre 2006.

> Je suis resté Secrétaire général de l’UD entre 2001 et 2007, avant de devenir Secrétaire du Comité régional entre 2006 et 2013.
> Lorsque le Comité régional Normandie a organisé mon départ en vue de prendre la responsabilité de Secrétaire général de la CGT, dans les conditions connues de tous ici, les camarades du Comité régional ont décidé de reconnaître cette période d’activité militante en tenant compte du préjudice que cela créait sur ma retraite. Ils ont décidé de me verser une indemnité, calculée sur la base de mon ancienneté à la région.
> Cette indemnité, déclarée, s’élève exactement à 26 650 euros.
> Je l’ai acceptée dans ces conditions, sans imaginer que cela pouvait poser problème.

Alain vous a donné les éléments livrés au bureau concernant les échanges financiers entre la confédération et le comité régional pour solder mon départ.
La confédération a par ailleurs racheté au comité régional de Normandie la voiture de fonction qui était mise à ma disposition en tant que Secrétaire général du comité régional.
Nous pensions initialement que je ferais les allers et retours en Normandie avec cette voiture.
La réalité s’est vite imposée, c’était impossible pour des raisons de sécurité, compte tenu de mes amplitudes de travail pendant la semaine. Cette voiture fait partie du parc confédéral.
Je vous indique par ailleurs que mon salaire actuel est de 4000 euros nets par mois, avec un 13ème mois.
Mon salaire avait été fixé initialement par la confédération à 5200 euros.
J’ai considéré que ce montant, même s’il est peut-être justifié, était trop élevé pour un Secrétaire général de la CGT. J’ai donc demandé à ce qu’il soit ramené à 4000 euros.

Voilà, ensuite, la vérité sur un ensemble de rumeurs qui circulent.
Je vais les lister et y répondre, du moins pour celles qui regardent la CGT :

> Les vélos : comme chacune et chacun d’entre vous le sait, j’ai eu un accident cardiaque l’an dernier. Mon cardiologue m’a demandé de continuer, malgré ma fonction, à faire régulièrement un peu de vélo. Pour des raisons de sécurité, la CGT a dû acheter des vélos pour mes accompagnateurs. Les vélos ont été achetés chez Décathlon, ils appartiennent au service sécurité de la confédération, y compris celui que j’utilise.
> Mes vacances en Corse : oui j’ai passé une semaine de vacances en Corse du 2 au 9 août cette année. Non, ces vacances n’ont pas été payées par la confédération. J’ai loué personnellement, par l’intermédiaire d’une annonce trouvée sur « Le Bon Coin » une petite maison de deux pièces à Calenzana.
> L’achat d’un terrain au bord de la mer en Normandie : oui, j’ai l’intention d’acheter un petit terrain, si possible au bord de la mer, en Normandie pour y faire construire une maison. Non, mon projet n’a pour l’instant pas abouti.
> Mon logement à Cabourg : oui j’habite depuis 7 ans un logement HLM à Cabourg, auquel j’ouvrais droit à l’époque. Compte tenu de mes revenus actuels je paie un surloyer, comme c’est la règle.
> Non, je n’ai pas fait refaire mon appartement de Cabourg aux frais de la CGT. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait refaire du tout.
> Les conditions de mon embauche chez Moulinex : c’est la rumeur historique. Nous avons déjà communiqué avant mon élection comme Secrétaire général. Je n’y reviens donc pas.

La CGT traverse une crise grave, inédite par son ampleur et par son caractère. Il faut qu’elle puisse en sortir par le haut rapidement. C’est notre responsabilité.
La première réponse à apporter concerne nos règles et nos pratiques.
Nous avons besoin de faire un état des lieux de nos pratiques et de définir les règles et procédures nécessaires pour que celles-ci soient conformes aux valeurs de la CGT.
C’est le travail entrepris par la CFC et le bureau confédéral.
Peut-être, à partir des débats d’aujourd’hui, pourrons- nous mettre un certain nombre de dispositions en œuvre immédiatement.

La deuxième réponse est politique.

En premier lieu, la CGT doit reprendre sa place sans attendre, sur le terrain où on l’attend : être auprès des salariés sur leurs revendications, faire des propositions qui leur permettent d’agir sur leurs lieux de travail, dans leur travail, et de se mobiliser.
Il est urgent qu’un plan de travail de la CEC en direction des syndicats puisse s’inscrire dans le prolongement des réunions interrégionales du mois de janvier, celles que nous avons intitulées « Partageons nos succès ».

Nous devons rapidement nous exprimer sur la question du temps de travail et sur les dispositions prévues par le projet de loi Macron qui ont toutes pour but d’affaiblir encore un peu plus les droits des salariés dans notre pays et de lancer une nouvelle phase de privatisation des services publics.

Nous devons établir la responsabilité des organisations patronales qui réclament les 41 milliards d’euros tout de suite et considèrent qu’ils ne sont pas suffisants pour qu’elles s’engagent en faveur de l’emploi.

Nous avons aussi besoin d’affronter le débat entre nous autour des grands enjeux qui ont été posés par notre congrès et qui traversent les organisations. Beaucoup sont identifiés dans les courriers adressés par nos organisations à la Direction confédérale. J’en ai fait état lors des rencontres que j’ai eues avec les membres du bureau confédéral.
Je les résume :

> Notre démarche syndicale, notre rapport aux salariés dans la construction des revendications avec le choix que nous avons fait de rentrer par la porte du travail,
> Le processus de construction des luttes,
> Le rapport de la CGT avec les autres organisations syndicales, le politique, et le monde associatif,
> Notre place et notre contribution dans le syndicalisme mondial et européen,
> L’articulation du travail entre les différentes instances qui constituent la direction de la CGT : le CCN, la CE confédérale et le bureau confédéral,
> L’organisation du travail au sein de notre maison confédérale.

Enfin, les 120 ans de la CGT doivent nous aider à revenir sur ce qu’est une confédération, et en quoi est-ce une valeur ajoutée.

Dans une crise comme celle-ci, il est normal que des points de vue divergents s’expriment. La CE confédérale est précisément le lieu où la parole doit être libre. J’invite chacune et chacun à agir en responsabilité et à contribuer aux décisions dans le seul intérêt de la CGT, dans le respect de nos règles de vie et des orientations votées en congrès.

Quant à moi, je suis certain que ma vie militante et personnelle aurait été moins compliquée si j’étais resté Secrétaire du Comité régional Normandie.
C’est dans une situation très difficile que j’ai accepté de devenir Secrétaire général, avec l’objectif de permettre à la CGT de se rassembler et de retrouver un élan collectif et démocratique.
C’est toujours dans cet état d’esprit, que je serai très attentif aux débats et que je me rangerai à l’avis et à la décision collective.
Xuan
   Posté le 03-01-2015 à 18:24:16   

Le site oùvalacgt publie :

Samedi 3 janvier 2015

CGT : crise d'orientation derrière la crise de direction !



La CEC a donc pris une double décision : faire sauter le fusible Lafont qui a démissionné de son poste de trésorier, et convoquer un CCN officiel pour le 13 janvier… mais sans ordre du jour bien défini ! Toutes les manœuvres sont donc encore possibles et on n’est pas à l’abri de nouvelles surprises d’ici là (l'ordre du jour proposé le 16 décembre, limité à l'évolution des responsabilités et à la définition de règles financières montrent bien la contre-offensive en cours).

Pour rappeler les faits et les manœuvres d’appareil, nous mettons ci-contre un article des Echos de Leila de Comarmond (du 8 décembre) et un article du blog du Monde de Michel Noblecourt (du 9 décembre) deux journalistes qui ont manifestement leurs sources au sein même de la direction de la CGT – ce qui prouve que tout le monde n’a pas le cul propre… (nous en profitons pour rappeler que le blog « Où va la CGT ? » n’a, lui, pas de source au sein des principaux responsables de notre syndicat, d’où des lacunes et autres approximations constatées ici ou là). Mais ces articles journalistiques sans grand intérêt pour ce qui est de l’analyse de ce qui se passe dans la CGT, rappellent malgré tout les principaux événements de ces derniers jours.


Nous diffusons également l’intervention détaillée de A. Alphon-Layre résumant les divers volets de l’affaire, vu du côté de la direction confédérale).



L’échéance repoussée à la mi-janvier, on a donc eu un peu de temps pour faire le point sur la manière dont l’affaire est traitée en interne.
Dans les syndicats, c’est l’incompréhension et le désarroi, le sentiment d’une trahison grave pour ce qui semblait être le dernier instrument de protection. Malgré la méfiance et les pratiques de collaboration rejetées par une partie des syndiqués (et anciens syndiqués !), la CGT restait perçue comme un instrument indispensable pour résister aux offensives du capital. Et voilà que l’on étale les turpitudes du secrétaire général sur la place publique, comme pour les politiciens de l’UMP ou du PS, comme les patrons, leurs revenus et parachutes dorés… Bien sûr, les montants ne sont pas du même niveau, mais le plus grave, c’est que c’est la même logique de « profiter », de l’enrichissement personnel. Le sentiment que non, à la CGT, on ne « doit » pas faire cela.

Double réaction donc : défendre le syndicat (car bien entendu cette attaque est intéressée, comme chaque fois), et se débarrasser au plus vite d’un dirigeant qui salit la CGT. Mais pas plus d’interrogations sur pourquoi on en est arrivé là, d’où vient le ver qui est dans le fruit, et comment y remédier. C’est sur cette vague que surfent les plus modérés des critiques comme JP Mercier de Lutte Ouvrière qui en reste à « il vaudrait mieux pour tout le monde qu’il s’en aille » (voir la vidéo ICI sur le site de la CGT PSA Aulnay).

Dans toute la CGT, c’est un cataclysme à caractère historique. Nous mettons en ligne ci-dessus un copieux document qui compile l’ensemble des déclarations (originales) que nous avons trouvées, soit reçues directement sur le blog, soit rassemblées ici ou là. 83 déclarations, 150 pages, c’est plus qu’instructif et tout à fait inédit à la CGT (attention, 12Mo, c’est un peu long à télécharger). On en trouvera d’autres sur le site des libertaires dans la CGT, la compilation complète reste à faire !

On lira donc avec intérêt les réactions outrées des syndicats, des UL, UD et FD qui appellent à la démission et à un congrès extraordinaire, les fayots (comme les CR Aquitaine et Bretagne, ou l’UD 33) qui soutiennent carrément le secrétaire, les déclarations embarrassées de ceux qui le soutiennent sans oser l’assumer ouvertement (Energie, métallurgie…), les prises de position ambiguës des structures confrontées à des problèmes similaires (Commerce, Ports et Docks) etc.
Par ailleurs, nouveau fait tout aussi historique, la Confédération a été contrainte à réagir, à mettre en ligne tout un dossier, que nous avons sauvegardé ICI.

Nous ne reviendrons pas ici sur les soutiens plus ou moins francs du secrétaire général, dont on se demande comment on a pu arriver à le désigner à ce poste…
Parmi les critiques et exigences, on peut les distinguer de deux ordres.

Celles qui en appellent à la démission globale du Bureau Confédéral, et qui appellent le CCN à reprendre la main sur les affaires de la CGT . Il y a là un malentendu intéressé : en appeler au CCN, c’est imaginer qu’il peut mettre en œuvre une rectification, c’est défendre le CCN. Ce n’est pas notre cas ; nous voulons juste rappeler vite fait ici une petite liste des casseroles qui trainent dans la CGT, pour les organisations du CCN : le Commerce et ses turpitudes, les Ports et Docks et les pratiques mafieuses dans le nettoyage, la FERC et les embrouilles dans l’enseignement privé, la Santé avec les manœuvres de Prigent, l’Energie avec le CCAS EdF, les Cheminots avec les CER SNCF, les Territoriaux avec le CG59 et autres, l’intégration des militants CFDT aux Banques et Assurances, les embrouilles à la CGT Pôle Emploi (organismes sociaux) après la fusion ANPE ASSEDIC, la Construction avec les affaires Dalkia, Forclum, Cegelec il y a quelques années, les contradictions dans la Métallurgie (Nord Pas de Calais), la tentative de suppression de la CGT Chômeurs, les conflits à la NVO et au siège de Montreuil, etc. la liste est loin d’être close. Pour les départements, on les voit s’aligner sans sourciller sur les fédérations au moindre conflit, voir le Nord à propos du CG59, le Gard (avec ses propres histoires), le Bas Rhin avec le Commerce, les contradictions dans le 94 et ainsi de suite.
Imaginer donc que le CCN va pouvoir faire le ménage et la grande lessive est un doux rêve, et comme nous avons eu l’occasion de l’écrire, « ils se tiennent tous par la barbichette ». Ce qui explique d’ailleurs que Thierry Lepaon soit toujours là…
Par ailleurs, l’appel à la démission de la totalité du Bureau Confédéral apparaît comme radical, mais c’est un moyen d’escamoter le problème Lepaon d’une part, ainsi que l’appel à un congrès extraordinaire d’autre part : c’est ramener l’affaire à un « dysfonctionnement » collectif, c’est d’abord un contre-feu pour éviter que la contestation ne se répande, et qui en plus limite la discussion au sommet. Il est plus que probable que cette proposition vienne en soutien indirect à Thierry Lepaon, en le dédouanant de toute faute personnelle…

Ceux qui appellent à la démission immédiate de Thierry Lepaon et à convoquer un Congrès confédéral extraordinaire. C’est la position la plus correcte et nous l’appuyons. Non pas que nous ayons quelques illusions sur une supposée démocratie retrouvée dans la CGT et sur les résultats d’un tel congrès extraordinaire, mais c’est la position qui met les pieds dans le plat sans botter en touche et sans diluer les responsabilités (Lepaon démission, tout de suite !) et qui ouvre une nouvelle phase de débat général dans l’organisation sur la base de la catastrophe actuelle. C’est la position la plus favorable au débat de fond dans la CGT.
Nous invitons tous les syndicats et structures de base (les UL en particulier) à s’emparer du débat, à prendre position, à transmettre leur avis. Certains l’ont déjà fait (voir la compilation), mais il faut généraliser la protestation, et ne pas se contenter de la laisser entre les mains des responsables fédéraux ou départementaux. On notera avec intérêt que certaines de ces structures (comme l’UD 31) poussent dans le même sens.

Car ce qui se passe dans la confédération n’est pas d’abord une affaire de démocratie , comme le mettent en avant bon nombre de critiques, comme s’il suffisait de changer quelques responsables, quelques règles de fonctionnement, comme si l’orientation était bonne, mais pervertie par quelques éléments dévoyés… On voit poindre ici ou là quelques critiques, en particulier sur les positions récentes de la Confédération (dont les dernières prises de position sur la représentation du personnel – voir la déclaration du secrétaire de l’UD du Cher, ICI), mais cela reste conjoncturel et marginal.

Nous le répétons, et nous constatons que nous sommes bien seuls à oser aborder frontalement la question : il y a des centaines de Thierry Lepaon à débarquer à la CGT (voir l'article de ce blog ICI), et plus largement, c’est tout le système de cogestion du capitalisme qui est en cause . Gestion de la Sécu, des Mutuelles et Complémentaires santé, de l’UNEDIC, de la Formation Professionnelle, participation aux Conseils Economiques et Sociaux à tous les niveaux (national, régional…), aux multiples agences paritaires, gestion des Comités d’Entreprises (CCAS EdF, CER SNCF, Eurodisney ou partout ailleurs), on ne compte plus les responsables CGT investis, au sens propre, dans des structures de gestion, à gérer des dizaines de milliers, des centaines de milliers, des millions d’euros.
Que croyez-vous qu’il se passe ? Quand on a abandonné, depuis belle lurette, une perspective anti-capitaliste (rappelons-nous la CGT en mai 1968…), et bien l’habit fait le moine. C’est le même phénomène chez les hommes politiques, pareil : ils en croquent. Pas tous bien sûr, mais beaucoup, surtout quand on est investis dans ces structures.

« Rendre la CGT à ses syndicats » ?, bien sûr, mais sur quelle orientation ? Faut-il rappeler comment les positions réformistes se sont répandues à tous les niveaux depuis bien longtemps, sur tous les sujets, la défense du nucléaire et la méfiance envers l’écologie, la défense de l’emploi industriel capitaliste (voir encore le colloque organisé récemment par la CGT dans le Nord sur le sujet), du paritarisme, la régularisation des sans-papiers au cas par cas et le refus de défendre la régularisation sans condition, l'abandon dans les faits du combat contre la pénibilité et la sous-traitance à quelques rares secteurs prêts, la défense d’un service public hors de tout contenu de classe etc. etc. ce sont tous les articles de ce blog qu’il faudrait ici citer…

Derrière la crise de direction pointée un peu partout se cache une crise d’orientation, dont la première manifestation – limitée – est l’attitude à avoir relativement au gouvernement Hollande/Macron/Valls. La question est donc bien celle d’une orientation syndicale de classe, et de la rupture nécessaire pour y parvenir. Et ça ne va pas se faire dans la soie, et on voit bien tous celles et ceux qui vont s’accrocher, becs et ongles à leurs fauteuils… Imaginer le changement de la CGT par en haut est un rêve sans issue, dont font régulièrement les frais des générations de militants combatifs, purement et simplement éliminés parce que devenus gênants. Les derniers en date, les camarades du Conseil Général du Nord, débarqués à la veille des élections, provoquant la perte de 5 sièges sur 9 pour la CGT au CG…
La rupture, le retour au syndicalisme de classe passent par le débat, la bataille politique, l’affrontement sur l’orientation fondamentale, sur la séparation nette des intérêts des travailleurs et des intérêts du capital, sur la délimitation des camps, de qui sont nos amis et qui sont nos ennemis, et de ce que nous ne voulons plus dans cette société barbare… C’est à partir de là qu’on va pouvoir définir ce que nous voulons, et comment y arriver.
Et parmi les choses que nous ne voulons plus, c’est la collaboration de classe avec nos exploiteurs , c’est en finir avec une cogestion qui brouille les cartes et entretient la confusion…

L’appel « Pour défendre la CGT »
Nous avons reçu (au moins six exemplaires d’origines différentes !) un appel lancé début décembre à l’initiative de Charles Hoareau (Bouches du Rhône), des responsables régionaux et départementaux du Cher et du Centre, et de JP Page, ex responsable international de la CGT et proche du PRCF.
Projet d’appel qui aurait dû rester interne (?) pour certains, mais il est en fait largement public (voir ICI).
Ce texte appelle au départ immédiat des responsables indignes, a pour objectif de s’adresser au CCN à qui on doit « redonner tout le pouvoir », relève dans la CGT des dérives depuis « presque vingt ans » à partir des notions du « syndicalisme rassemblé », en appelle à un congrès extraordinaire qui donne la parole aux syndiqués, et à la résistance face aux politiques anti-sociales.
Seule initiative d’opposition large connue, elle a des aspects positifs (l’appel à la démission de Lepaon, à un congrès extraordinaire, la résistance face aux politiques antisociales du gouvernement) mais aussi des limites (l’appel au CCN, dater les dérives de la CGT d’il y a seulement vingt ans (la CGT en 68… ???), mettre en avant la démocratie pour résoudre la crise actuelle…).
Le débat a lieu très largement en ce moment dans la CGT, sur tous les sujets et tous les thèmes, avec ou sans cet appel. Alors, à chacun(e) de juger de l’intérêt de le signer selon les contextes,..

L’affrontement au gouvernement Hollande/Valls/Macron
Une chose est sûre. Une des démarcations au sein de la CGT porte sur l’attitude à adopter face au gouvernement. Un secteur important dans les syndicats (et pas d’abord dans les structures qui n’en sont que le reflet déformé ) n’en peut plus du rouleau compresseur des attaques, les unes derrière les autres, sur tous les terrains, et appelle à une réaction claire et nette, organisée et centrale, à un plan offensif et ambitieux contre le gouvernement. Cela réunit les syndicats combatifs, tous les opposants, l’appel « Défendre la CGT » et bien d’autres, y compris parmi les responsables des structures, comme on a pu voir lors des manifestations du Front de Gauche, les 12 avril et 15 novembre.
C’est un premier pas positif, nous l’avons déjà dit, et s’il en sort quelque chose il faudra s’y associer. Mais cela ne fait pas une démarcation de classe, il y a bien des manières de s’opposer à Hollande, y compris dans des visions différentes de la gestion de la paix sociale…
L’heure est donc à la critique sur le fond de la direction et de l’orientation de la Confédération, en lien avec la crise du capital et des tentatives désespérées de le réformer, sous une forme brutale à la sauce MEDEF/Macron, ou sous une forme nuancée mais illusoire de capitalisme à visage humain…

> Lepaon démission, tout de suite !

> Il faut convoquer un congrès extraordinaire de la CGT !

> Que tous les militants, syndicats et UL s’emparent du débat, que cent fleurs s’épanouissent, que le débat se généralise partout sur les orientations confédérales !

> Non à la collaboration de classe dans la cogestion du capitalisme, vive le syndicalisme de classe !



Edité le 03-01-2015 à 18:37:26 par Xuan


Xuan
   Posté le 03-01-2015 à 18:35:08   

Charles Hoareau et les camarades syndicalistes à l'origine de la liste citée par oùvalacgt ont fait connaître aux syndicalistes CGT signataires :

" La tribune de Jean Louis MOYNOT paru dans Le Monde et qui montre bien le projet que certains ont en tête pour la CGT (et comment les médias leur ouvrent volontiers leurs pages)
La réponse de Jean Pierre PAGE à cette même tribune, réponse qu’évidemment Le Monde, bien que premier destinataire n’a pas publiée…"


Ces deux tribunes qui illustrent bien les débats en cours ci-dessous :

CGT : pourquoi Thierry Le Paon doit démissionner

LE MONDE | 18.12.2014 à 14h24

La crise profonde que traverse la CGT a un caractère historique pour deux raisons. La première est qu’elle est sans précédent. La seconde raison, beaucoup plus fondamentale, est que, derrière la « guerre des chefs » et les fautes graves commises par l’actuel secrétaire général, il y a une accumulation historique de questions stratégiques non résolues parce qu’elles n’ont pas été débattues au grand jour.
Le résultat de cette carence de démocratie est que la CGT reste enfermée sur elle-même, dans des structures et des idées qui datent de périodes révolues, qu’elle se fractionne de manière presque illisible, qu’elle ne parvient pas à produire une analyse des principaux traits du capitalisme contemporain et qu’elle a été incapable jusqu’à présent d’élaborer une stratégie syndicale unique, cohérente, efficace et susceptible de converger avec les efforts du syndicalisme européen et mondial dans le même sens.
Il faut bien sûr faire la part de la crise que provoquent la mondialisation sous domination des multinationales, la financiarisation du capital, la spéculation et le pouvoir des banques, l’incapacité des Etats et des instances internationales à répondre aux enjeux écologiques et à parer aux dangers qu’ils comportent. La complexité de cette transformation du capitalisme et des sociétés humaines n’est que faiblement comprise et intégrée, et cela entraîne un mouvement général de déclin du syndicalisme mondial.
On doit malheureusement reconnaître que la CGT est dans le peloton de tête des syndicats en déclin, en tout cas en Europe. Elle perd à nouveau de l’influence et des adhérents, parce que ses mots d’ordre ne répondent pas assez à la structure actuelle du salariat, non plus qu’aux problèmes et aux attentes des salariés. Je ne cherche nullement à alourdir les difficultés de la CGT. J’ai décidé de me syndiquer à la CGT au tout début de mes études.
J’ai fait mes armes syndicales à l’UNEF, et politiques contre la guerre d’Algérie. Le sens principal de ma vie est mon engagement syndical à la CGT, qui s’est notamment concrétisé par quinze ans à la direction de la confédération. J’ai pris ma première carte le 1er mai 1962 au Syndicat des métaux de La Ciotat, et les suivantes au SNCIM (Syndicat national des cadres et ingénieurs de la métallurgie). Cela fait cinquante-deux ans que je suis adhérent et militant de la CGT. C’est à ce monde que j’appartiens.
Démocratie de masse
Ce qui m’importe est que la CGT ouvre ses portes et ses fenêtres pour engager tous les débats nécessaires. Tout cela (et bien d’autres sujets d’importance majeure) s’est inscrit dans un mouvement qui, de 1968 à 1978, avec des avancées, des blocages et quelques hésitations, est allé dans le sens du développement d’une démocratie de masse concernant à la fois les organisations confédérées, la représentation syndicale dans les entreprises (conquise en 1968), les syndiqués, les salariés, les institutions où siègent les syndicats et la représentativité nationale.
Cela a été le grand combat de Georges Séguy, à partir du rétablissement de la CGT dans ses droits en mai 1968, combat dont l’apogée a été le 40e congrès (Grenoble 1978) et auquel j’ai pleinement adhéré. Mais l’orientation du congrès, résolument démocratique et unitaire, a été rapidement stoppée et refoulée.
L’important est de savoir que la CGT a connu de ce fait une période de plus de dix ans d’isolement, d’affaiblissement, de perte sévère d’effectifs et de stagnation de son influence. Inversement, la période suivante a été marquée par l’ouverture de débats, voulus par Louis Viannet, qui ont conduit à l’entrée de la CGT dans la Confédération européenne des syndicats où elle tient une place et joue un rôle très importants. Cette période a aussi été celle d’une remontée de l’influence et d’une amélioration de l’image de la CGT, ainsi que des syndicats en général. Nouvelles preuves que l’ouverture des grands débats produit des évolutions effectives du mouvement syndical, qui vont à la rencontre des préoccupations des salariés.
Les choses sont devenues plus compliquées par la suite. Le débat sur le projet de traité constitutionnel s’est déroulé plutôt dans le pays (les entreprises, les familles et amis) qu’au sein de la CGT. Le climat au cours du Comité confédéral national appelé à se prononcer a été bien trop tendu au regard d’un enjeu limité (donner une consigne de vote). Comme s’il y avait là un règlement de comptes ! Preuve, sans doute, que nous n’avions pas assez largement travaillé le sujet, mais sans doute aussi qu’il y avait des sujets de débats « cadavérisés » accumulés dans les placards.
C’est, sans doute, à travers les fâcheux épisodes vécus depuis plus de deux ans, ce qui a fait ressortir des questions propres à la CGT elle-même. Nous ferions bien d’en débattre, en particulier de la démocratie, car nous en avons peut-être beaucoup parlé, mais nous n’avons guère avancé dans la pratique. Le monde change de plus en plus rapidement et violemment. Toute période d’attente dans notre tentative de comprendre ce changement nous éloigne de la réalité qui devient pour nous fuyante.
Lorsque j’ai quitté la direction confédérale, je crois avoir dit ce qu’il fallait pour laisser une trace publique et positive dans l’histoire de la CGT. Puis je me suis réjoui, des années plus tard, des avancées indéniables qui se sont produites dans l’esprit de cet article. Mais, aujourd’hui, je me reproche d’avoir été trop optimiste.
Les avancées en question sont parties du sommet de l’organisation, et la plus grande partie des structures de la CGT n’a pas bougé dans sa culture, dans ses idées et ses pratiques. Pour en donner un exemple, en 2008-2009, la « commission ad hoc » sur les structures de la CGT a fait un excellent travail. Mais personne n’en a parlé au 49e congrès qui a suivi, et rien n’a changé depuis dans les structures de la CGT. Il est grand temps de réagir. Car la CGT va continuer à s’éloigner de ce qui est sa base par vocation. Pensons par exemple à la question du nucléaire chez les jeunes. Si la CGT décrochait de sa base, la fin de son histoire pointerait à l’horizon.
Thierry Lepaon doit démissionner. L’élu du 50e congrès de la CGT a perdu sa légitimité pour rester à la tête de celle-ci. Les fautes qu’il a commises, graves et contraires à l’éthique du mouvement syndical et ouvrier, lui rendent impossible de conduire l’évolution culturelle de la CGT.
Jean-Louis Moynot (Ancien secrétaire confédéral et membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT (de juin 1967 à juin 1982))

____________


Thierry Lepaon, la CGT et un article de
Jean-Louis Moynot.



J’ai lu avec intérêt la tribune de Jean-Louis Moynot dans le Monde du 19 décembre 2014. Il dresse un constat sévère de l'état de la CGT, et conclut par le nécessaire départ de Thierry Lepaon. Comme Jean-Louis Moynot je suis arrivé à la même conclusion mais pour d'autres raisons. En fait pour des raisons opposées aux siennes.

Jean Louis Moynot a été un dirigeant de la CGT, il a défendu ses idées il n'a pas été suivi et en a tiré les conséquences. Ce n'était certainement pas une décision facile à prendre d’autant que son attachement à la CGT ne s’était jamais démenti. Mais courageusement il l'a prise. C'était un débat de fond qui touchait à la stratégie et aux orientations de la CGT.

Cela n'avait rien à voir avec des pratiques contraires à ce que sont les valeurs de la CGT, ce qui est l'éthique et l'histoire du mouvement ouvrier de notre pays. A l’inverse Thierry Lepaon lui, fait un choix contraire à celui de Jean Louis Moynot. Il s'accroche à son poste au risque de diviser durablement la CGT !

Déjà celle ci doit faire face à une perte de crédibilité pourtant acquise par plus d’un siècle de dévouement, d’abnégation et de sacrifices de générations de militants. On ne peut par conséquent que se poser des questions sur les raisons qui inspirent cet aveuglement de Thierry Lepaon. Comportement totalement irrationnel ou autre chose?

Contrairement à Jean-Louis Moynot je ne fais pas le même bilan sur les causes de la crise que traverse la CGT, crise qu’on ne saurait dissocier de celle du syndicalisme en France, en Europe et dans le monde.

Pour ma part je pense que ces 20 dernières années ont été caractérisées par un étouffement du libre débat sur ce que doit être notre vision du syndicalisme du 21 ème siècle face à une crise systémique du capitalisme, un aiguisement des luttes de classes et des tensions internationales sur de nombreux sujets.

Plutôt que d’élever le niveau de sa riposte la direction de la CGT à préféré faire le choix d’un volontarisme totalement coupé des réalités. La priorité est ainsi devenue la mise en œuvre d'une orientation qui doit tout à l'accompagnement des politiques sociales libérales en France et en Europe, un refus d'organiser les convergences des luttes, une vision du syndicalisme rassemblé à sens unique qui s'est faite à son détriment et donc du rapport des forces, un abandon de notre action en faveur du renouveau du syndicalisme européen et international comme l’avait pourtant décidé le 45ème congrès!

Le syndicalisme dont la CGT se prévaut donne ainsi l’impression d’être dans une impasse, incapable d’anticiper, et de se faire entendre de la masse des travailleurs. Elle s’est même progressivement coupée de ceux, en particulier les chômeurs et les précaires qui sont devenus les laissés pour compte ! Ne sommes nous pas passés d’un “monde de pauvres sans travail à un monde de pauvres avec un travail”? Que faisons nous ?

Ainsi malgré la prise de pouvoir “des usurpateurs” comme Susan George nomme les multinationales malgré l’Europe vassale qui a élevé l’Euro au rang de nouvelle religion et malgré des institutions syndicales qui ne sont que des rouages de l’UE la CGT a persévéré dans une voie sans issue! Ce n’est pas la CES/CSI ou la CFDT qui ont changé mais bien la CGT.

C’est sur ce fond de scène que depuis des années le refus d’entendre et de débattre est devenu dans la CGT une seconde nature, le culte du dialogue social avec le patronat et les gouvernements de droite comme de "gauche" est devenu un passage obligé! Tout cela a été aggravé par la lutte des places, celle des clans et des courtisans. Cela a conduit à un recul sans précèdent de la démocratie interne.

Comme Jean-Louis Moynot j’ai connu une époque ou les débats internes étaient fermes et d’un contenu élevé, aujourd’hui on se complait dans des discussions d’édredons, tout en veillant à en exclure ceux qui ne partagent pas la vision des dirigeants et qui osent le dire.

L’institutionnalisation, la bureaucratisation et même la corruption ont conduit notre syndicat à prendre de plus en plus des distances avec les lieux de travail, les militants d’entreprises, les luttes et les solidarités pour lesquels nous sommes censés exister.

Quel serait l’intérêt d’une CGT ne vivant que pour elle-même ?

Il faudrait peut être qu’un jour la direction de la CGT se demande pourquoi l’abime s’est creusé à ce point entre son sommet et sa base. En fait nous assistons à une cacophonie ou l’on ne comprend qu’une chose la CGT n’est plus la même. On a même fait écrire sur le sujet un livre par une journaliste des Echos, livre qui par ailleurs fourmille d’idées reçues et d’inexactitudes.

Dorénavant la référence est devenue pour les dirigeants confédéraux le modèle du syndicalisme européen version CES. Louis Viannet m’a dit une fois “nous ne resterons pas le dernier carré”. Où en sommes-nous aujourd’hui?

A cause de ce conformisme ou plutôt de cette mise en conformité la CGT a été conduite à remettre en cause son identité, son indépendance et ce qui faisait sa singularité dans le syndicalisme en France, en Europe, dans le monde. Aujourd’hui elle cherche à se situer en démontrant qu’elle a changé, qu’au fond elle est une organisation comme les autres dans le monde bien policé du syndicalisme d’accompagnement. Pour le prouver, elle pratique depuis plusieurs années une forme de contrition d’autant plus surprenante qu’on ne le lui a pas demandé.

Nul ne saurait nier que le syndicalisme doit changer, bouger et tenir compte du monde dans lequel nous vivons! Mais dans le cas de la CGT cela ne s’est pas fait avec continuité dans le respect de ce qu’elle est (ou était), mais au prix d’une rupture avec ce qui était sa vision, ses principes, son identité.

En fait la CGT a un problème existentiel, elle ne sait plus dans quel camp elle est. Pourtant comme le disait Elsa Triolet “les barricades n’ont que deux cotés”. Il lui faut donc choisir!

Ce choix est devenu un enjeu pas seulement syndical mais aussi politique. Chacun mesurant ce a quoi conduit un changement de et dans la CGT.

Jean Louis Moynot qui n’a pas fait preuve d’indifférence à ces bouleversements auxquels nous assistons nous propose de persévérer dans cette voie! Or où en sommes nous?

Soyons pour une fois lucide: le syndicalisme européen est une faillite. Il est paralysé, en panne d’idées, artificiel, inexistant et comme KO debout. Ce syndicalisme de l’échec c’est ce que nous connaissons en France mais aussi, en Espagne, en Grande Bretagne et en Allemagne ou même le système de “cogestion” a été abandonné alors qu’il n’était rien d’autre qu’une version de l’association capital/travail! Dans tous ces pays comme dans le reste de l’UE non seulement aucun résultat n’a été obtenu ces dernières 25 années mais en plus le chômage et la pauvreté ont explosé, toutes les garanties sociales sont remises en cause, le service public est liquidé, le syndicalisme s’est partout affaibli en influence comme en force organisée.

En Grèce la politique de l’UE a précipité des centaines de milliers de personnes dans l’incapacité de recourir aux soins, les retraites ont été considérablement diminuées, la pauvreté revêt désormais un caractère de masse. La Grèce est-elle le laboratoire expérimental imposé demain à l’ensemble des populations des pays de l’Union européenne et notamment la France ? Déjà dans sa directive Marchés publics, l’UE a introduit la possibilité d’une mise en concurrence des régimes obligatoires de protection sociale…

C’est là le seul bilan du dialogue social européen a l’égard duquel la CES procède par incantations dans l’espoir vain de voir changer les choses! Elle demeure ce qu’elle est au fond un rouage des institutions européennes!

Cela pourrait d’ailleurs s’appliquer également à la CSI dont Jean Louis Moynot a été un des avocats auprès de la direction de la CGT.

Jean-Louis Moynot parle de “transformation du capitalisme” ! Mais de quelle transformation s’agit il? Le MEDEF comme le patronat européen ne donnent ils pas à eux seuls l’image de ce que peut être la rapacité du capital, son caractère foncièrement réactionnaire, totalement dépassée par les exigences de développement sociale et culturel de notre temps. Le capitalisme n’est il pas partout dans le monde synonyme de régression et de guerres, n’est il pas devenu un système anachronique. Au fond “la transformation du capitalisme” c’est avant tout et plus que jamais toujours du capitalisme! Pourquoi dire et faire comme si cela n’était pas le cas?

La question se pose donc en ces termes: somme nous oui ou non pour un aménagement du système en quelque sorte un capitalisme à visage humain ou pour reconnaitre la contradiction fondamentale de l’opposition capita/travail et donc lutter pour une rupture et un autre choix de société!

A cette question légitime nous préférons jusqu’à présent ne pas répondre et entretenir une ambiguïté.

Par conséquent il ne faut pas chercher bien loin les raisons de cet immobilisme du syndicalisme et de la CGT qui provoque son déclin comme force sociale, et l’affadissement de son projet d’émancipation humaine.

Voila pourquoi la CGT est confrontée non pas à des problèmes de dysfonctionnements mais bien à la place qui doit être la sienne et donc à la stratégie qu’elle se doit de suivre.

Malgré ces évidences Thierry Lepaon et son équipe dont l’échec est patent nous parlent de changer mais dans une sorte de continuité, en quelque sorte comme le disait Lampédusa “ il faut que tout change pour que tout reste identique”. Quant à Jean-Louis Moynot il nous propose de nous recentrer sur le modèle syndical européen comme la CES qui s’était indignée du vote massif des travailleurs français en faveur d’un rejet du projet de constitution européenne.

Pour ma part je pense que nous devons faire le choix de principes, ceux du syndicalisme de classe, indépendant et démocratique. Ce ne sont pas des formules de rhétorique voila pourquoi il faut leur donner du sens dans ce qui est notre pratique syndicale quotidienne et à tous les niveaux sans en exclure aucun ! L’unité et la cohésion de la CGT s’en trouveraient renforcées d’autant que s’il est une chose qui ne saurait se négocier ce sont bien les principes!

Ces principes ont toujours donné lieu dans la CGT, le Mouvement syndical français et international à des débats allant parfois jusqu’à la division et la scission. Ils furent depuis la naissance de la CGT animés d’une part par les tenants d’une vision réformiste et de collaboration de classe avec la bourgeoisie et d’autre part par les partisans d’une conception de luttes des classes et de rupture avec le capitalisme! Pour autant ce sont, ses débats, ses victoires et ses défaites qui ont forgé la CGT tout au long de son histoire, une histoire fondée sur les valeurs inséparables qui sont celles du Mouvement ouvrier français et international. Pendant près d’un siècle, elles ont valu un grand prestige international à la CGT !


Au fond cette crise de la CGT peut contribuer à clarifier bien des choses. Si elle lui fait courir des risques évidents elle lui offre également l’opportunité de se dépasser en prenant les décisions qui s’imposent et que réclament un grand nombre de ses adhérents afin d’en sortir par le haut. C’est ce que propose l’appel “Défendons la CGT » d’ores et déjà soutenu par près de 700 militants et militantes et des dizaines d’organisations, nombre qui ne cesse de progresser. C’est la raison pour laquelle je le soutiens!

IL faut des actes forts, inciter partout à la libre parole, se réapproprier la CGT et décider par nous mêmes comme avec les travailleurs de quelle CGT nous avons besoin!

C’est pourquoi Thierry Lepaon doit démissionner, il est devenu un obstacle à l’unité et la cohésion de la CGT mais c’est également le cas du bureau confédéral, et de la commission exécutive confédérale. Ils ont perdu toute légitimité. Enfin il faut que le CCN comme il en a le pouvoir décide d’un Congres extraordinaire dans les meilleurs délais ! Le CCN doit mettre en place un collectif transitoire jusqu’au Congrès avant la fin de 2015 afin d’animer le travail confédéral et impulser la bataille revendicative, les luttes et la préparation du 51ème Congrès de la CGT.

Jean-Pierre Page
Ancien membre de
la Commission exécutive confédérale de la CGT



Edité le 03-01-2015 à 18:35:39 par Xuan


Xuan
   Posté le 03-01-2015 à 20:48:04   

Concernant l'appel "pour défendre la CGT", je ne l'avais volontairement pas mis en ligne, ses initiateurs rappelant notamment que :

Ce texte n’est pas une pétition mais bien une contribution au débat mise à disposition des syndiqué-e-s et de leurs organisations. Nous n’avons pas mis le texte sur Internet ni permis qu’il soit signé en ligne sur un site de pétitions. Nous avons juste créé une adresse électronique (le temps donc uniquement de cette bataille) afin de regrouper les signatures nationalement. Et il n’aura échappé à aucun des signataires que nous demandons l’ouverture d’une tribune de discussion comme la CGT a su le faire par le passé. Cela s’impose d’autant plus que l’utilisation des médias publics et de ceux de la CGT semblent réservés à certains…ce qui ne contribue pas au débat, loin s’en faut

> [...]

> [...]

> Concernant la médiatisation (que nous n’avons pas voulue) nous nous en tenons à ce que nous avons dit précédemment : nous faisons de ce texte et des débats qu’il provoque une affaire interne afin que les syndiqués ne soient pas dessaisis de leur CGT et qu’au contraire ils se la réapproprient.

> Enfin même si nous prenons acte des marques de soutien reçues de la part d’autres organisations nous ne prenons en compte que les signatures émanant d’adhérents ou d’organisations de la CGT. De même nous ne mentionnons pas, dans le cas où elles sont signalées par les signataires, les appartenances à des organisations autres que la CGT.
Xuan
   Posté le 05-01-2015 à 13:18:47   

Les Echos signalent la déclaration de Louis Viannet au Monde :

"Le secrétaire général se grandirait, en cette année de 120e anniversaire de la création de la CGT, en annonçant publiquement, et avant même la réunion du comité confédéral national, sa décision de remettre son mandat à la disposition du CCN. C’est, pour lui, la seule façon de participer positivement à l’écriture des pages à venir de l’histoire de la CGT."

"Certes les fuites ont bel et bien existé, la pression médiatique également. Mais, si aucune faute n’avait été commise, il n’y aurait aujourd’hui ni fuite ni campagne des médias. Qui plus est, ces fautes impliquent le secrétaire général, dès lors les problèmes prennent une autre dimension [...] Seul un démenti aurait pu rassurer ; tandis que toute tentative de justification ne pouvait qu’accentuer la méfiance"

Viannet ajoute que toutes les affaires impliquant Thierry Lepaon ont produit un "doute sur la sincérité avec laquelle la CGT défend bec et ongles ses valeurs fondamentales. C’est l’amalgame, le « tous les mêmes » qui vient humilier ceux et celles qui, chaque jour avec dévouement et abnégation, aident les salariés à résister"
Il critique ceux qui "considèrent que les conciliabules de sommet entre ceux et celles qui savent, peuvent suppléer au nécessaire débat démocratique qu’il va d’ailleurs falloir concevoir le plus large possible, si l’on veut rassembler toutes les forces vives de la CGT autour des décisions du CCN" .


Edité le 05-01-2015 à 13:19:11 par Xuan


Xuan
   Posté le 06-01-2015 à 19:13:06   

Lepaon a remis son mandat suivant le conseil de Louis Viannet.

Les dernières "justifications" de cet individu se sont avérées des mensonges puisqu'il touchait lors de sa « situation de précarité » des revenus complémentaires comme membre pendant trois ans du Conseil économique, social et environnemental - ce dont il n'a pas parlé - et touché 5.200 € net pendant plusieurs mois jusqu'au mois de décembre.

La médiation de Viannet visait également à éviter d'élargir la cible à d'autres bonzes de la direction, on peut le lire en filigrane ici :

"Toutes les pistes permettant d'éviter ou de limiter déchirements, divisions, affrontements, dans les débats qu'il va falloir conduire dans la commission exécutive, le comité confédéral national [CCN], et à tous les niveaux de l'organisation, doivent être explorées. Cela suppose une volonté commune d'avancer vers une situation apaisée."

Le texte entier de l'interview de Viannet dans le Monde du 6 janvier :
.



Louis Viannet : Thierry Lepaon doit « remettre son mandat »


Comment analysez-vous la crise qui traverse aujourd'hui la CGT?


Par sa durée, par les principes et les valeurs qu'elle malmène, la crise qui secoue actuellement la CGT dans ses profondeurs est sans précédent. Les traces qu'elle va laisser peuvent générer des situations difficilement maîtrisables, des meurtrissures durables, mettant à mal les difficiles progrès réalisés dans le « vivre-ensemble » et rendant difficiles les rapports entre les militants, entre différentes organisations ou structures de la CGT, affaiblissant ainsi ses capacités d'actions. Toutes les pistes permettant d'éviter ou de limiter déchirements, divisions, affrontements, dans les débats qu'il va falloir conduire dans la commission exécutive, le comité confédéral national [CCN], et à tous les niveaux de l'organisation, doivent être explorées. Cela suppose une volonté commune d'avancer vers une situation apaisée.

A la base, il y a beaucoup de colère qui s'exprime. Une sortie par le haut est-elle encore possible ?

Certains tentent de s'abriter derrière « les fuites » et l'importante campagne médiatique pour justifier leur recherche du maintien du statu quo, faisant fi des nombreuses réactions négatives connues en regard d'une telle perspective. D'autres considèrent que les conciliabules de sommet entre ceux et celles qui savent, peuvent suppléer au nécessaire débat démocratique qu'il va d'ailleurs falloir concevoir le plus large possible, si l'on veut rassembler toutes les forces vives de la CGT autour des décisions du CCN. Dans leur énorme majorité, les militants tiennent la lorgnette par le bon côté et veulent, avant tout, sauvegarder le potentiel de mobilisation et de rassemblement de leur CGT. C'est pourquoi mieux vaut regarder la réalité en face, aussi dure soit-elle.

Certains, à la direction de la CGT, évoquent un complot...

Certes les fuites ont bel et bien existé, la pression médiatique également. Mais, si aucune faute n'avait été commise, il n'y aurait aujourd'hui ni fuite ni campagne des médias. Qui plus est, ces fautes impliquent le secrétaire général, dès lors les problèmes prennent une autre dimension.
Car c'est ainsi. On peut le regretter, on peut souhaiter que les choses soient différentes demain mais, pour le moment, le secrétaire général n'est pas seulement le porte-parole de l'organisation, il est d'abord son porte-drapeau. On le regarde, on l'écoute, on le juge et tout ce qui porte atteinte à son image, tout ce qui affaiblit son crédit, entame l'image et le crédit de l'organisation.
Il ne faut donc pas s'étonner si la grande partie des militants, des syndiqués, a ressenti un choc à l'annonce des affaires, appartement, bureau, puis prime de départ, niveau du salaire... Autant de pratiques pas vraiment habituelles dans la vie de l'organisation. Elles ont été ressenties comme tellement contraires à l'idée généralement admise du secrétaire général de la CGT que seul un démenti aurait pu rassurer ; tandis que toute tentative de justification ne pouvait qu'accentuer la méfiance.

Au-delà n'est-ce pas la CGT et même le syndicalisme qui sont atteints par cette crise ?

C'est plus que l'image qui est ternie. Cela sème le doute sur la sincérité avec laquelle la CGT défend bec et ongles ses valeurs fondamentales. C'est l'amalgame, le « tous les mêmes » qui vient humilier ceux et celles qui, chaque jour avec dévouement et abnégation, aident les salariés à résister.
C'est d'autant plus dommageable que cela s'inscrit dans un climat de défiance générale et grandissante vis-à-vis des institutions à laquelle n'échappe pas le syndicalisme.
Il va donc falloir innover, intensifier les améliorations dans la vie et le fonctionnement démocratiques de toutes les structures de la CGT si l'on veut retrouver rayonnement et confiance et surtout donner un nouvel élan à la culture du débat pour permettre à tous et à chacun la possibilité d'exprimer et défendre ses idées et de les soumettre à la discussion collective. Le désaccord doit être intégré comme un élément du débat et non de division.

Le malaise que vous évoquez n'est-il pas antérieur à l'élection de Thierry Lepaon ?

Loin de moi l'idée de penser que les problèmes sont arrivés avec Thierry Lepaon. A plusieurs reprises, et récemment lors du départ de Bernard Thibault, il est bien apparu des signes qu'un mal-être était déjà présent, dû sans doute au retard pris dans l'évolution de la CGT. C'est donc aux dirigeants d'aujourd'hui qu'incombe la responsabilité d'impulser un véritable aggiornamento de la CGT, à partir de l'inventaire des dysfonctionnements - qui reste à faire. Les travailleurs ont besoin d'une confédération en pleine possession de ses moyens.
Le contexte actuel n'est, hélas, pas le meilleur souhaitable. La crédibilité perdue du secrétaire général à l'intérieur comme à l'extérieur est, en soi, un lourd handicap de départ.

Dans ce contexte, que doit faire Thierry Lepaon ?

C'est au CCN d'assumer ses responsabilités et de prendre les décisions qu'il considère les meilleures ou les moins mauvaises quant au devenir de la CGT en ayant en permanence en ligne de mire l'unité de l'organisation, le rassemblement de toutes ses forces et la mobilisation de l'ensemble des valeurs qui nous rassemblent.
En clamant sa volonté de rester coûte que coûte dans sa responsabilité, Thierry Lepaon tend à confondre détermination et entêtement. Ce faisant, il rajoute encore de la tension dans le débat qui en a déjà suffisamment, alors que sa fonction lui commande le contraire.
Un tel climat, une telle tension peuvent, à tout moment, donner lieu à des affrontements, à des déchirures, lourdes de conséquences pour la CGT, à un affaiblissement dangereux au moment même où la mission historique qui est la sienne, nécessite renforcement, dynamisme, confiance et unité.

Tout doit donc être tenté pour garder une CGT unie et des rapports humains pacifiés. Pour sa part, et dans le cadre des efforts communs, le secrétaire général se grandirait, en cette année de 120e anniversaire de la création de la CGT, en annonçant publiquement, et avant même la réunion du comité confédéral national, sa décision de remettre son mandat à la disposition du CCN. C'est, pour lui, la seule façon de participer positivement à l'écriture des pages à venir de l'histoire de la CGT.

propos recueillis par Michel Noblecourt


Edité le 06-01-2015 à 20:03:54 par Xuan


Xuan
   Posté le 27-01-2015 à 20:52:54   

Fin de récré à la direction de la CGT


Depuis la CE de début janvier (voir ICI), de l’eau a coulé sous les ponts, en particulier avec le CCN du 13 et les soubresauts qui ont suivi. Les tueries de Charlie Hebdo et de l’épicerie cacher ont un peu étouffé les scandales, et au final, il n’est pas si mal de laisser le temps au temps et de ne pas toujours réagir à chaud. Pour comprendre, c’est bien d’avoir un peu de recul !

Le CCN du 13 janvier

Le CCN a donc balayé les prétentions de Thierry Lepaon à continuer de manipuler en arrière-plan, et a retoqué sa proposition de future direction (voir un article des Echos, ici, pour le détail).

Non sans quelques moments « démocratiques » qui révèlent la nature véritable de ce qu’est la direction centrale de la CGT, pour l’essentiel : un rassemblement de barons bureaucrates, attachés à la défense collective et individuelle de leurs privilèges, dans le cadre d’une conception d'un syndicalisme de réforme du capitalisme et de cogestion via l’ensemble du système paritaire.

On a ainsi vu la secrétaire de la fédération de la Santé voter POUR le projet Lepaon, alors qu’elle était formellement mandatée pour voter CONTRE, et on découvre au passage qu’elle est la compagne de Martinez, futur secrétaire « pressenti », comme le dit la langue de bois.

On découvre ensuite, grâce aux camarades de la Métallurgie que le secrétaire de l’UD du Nord, qui a également voté POUR le projet Lepaon, était lui aussi mandaté pour s’y opposer (voir ci-contre).

Nous invitons vraiment les camarades à consulter les votes des structures, dans le fichier compilé ci-contre à gauche (merci à Cyril Lazaro !).

D’ailleurs cela permet de mesurer la prétendue opposition de l’Agro qui a voté POUR le projet Lepaon au nom de la lutte contre le réformisme (authentique !), une fédération prétendument hyper-radicale, qui adhère à la FSM et tout et tout… Donc camarades, allez vérifier, et demandez des comptes, comme le font les camarades de la Santé (leur congrès en mars va être tendu…) ou ceux de l'USTM du Nord.

Martinez prépare la fin de la récré

Le projet Lepaon a été adopté par seulement 57% des voix dans ces conditions truquées, il a donc été rejeté, puisqu’il n’atteint pas le seuil statutaire des 2/3. Malgré tous les efforts de l’ancien trésorier, magouilleur devant l’éternel, le fameux Donneddu qui a par exemple tenté de faire croire que la majorité simple suffisait. Mais la courte majorité obtenue grâce aux votes truqués a permis malgré tout à Martinez de prendre la main pour se placer, et être validé pour construire la future direction confédérale. Et déjà, c’est lui qui a représenté la CGT aux vœux de Hollande…

Il fallait vite donner les apparences du retour à la normale ! De débat de fond, point ! Un congrès extraordinaire ? Pas question, c’est le congrès ordinaire qui aura lieu en mars 2016.

Habile le Martinez. La commission qu’il s’adjoint est élargie, avec la présence de trois camarades réputés critiques, à des degrés divers, dont Gisèle Vidalet (on trouvera sa déclaration du 19 décembre ICI sur la compilation d’un précédent article). Et il surfe habilement sur le ras le bol qui s’étend dans toute la CGT autour du bazar au sommet.
La critique sur le fond est rare, on en reste en gros au « rejet des positions réformistes qui nous mènent dans une impasse » pour reprendre des formulations lues ici ou là. Mais quelles sont ces positions réformistes, au-delà de se coucher devant Hollande ?
Dans un précédent article (« CGT : crise d’orientation derrière la crise de direction ») nous disions qu’il n’y avait pas grand-chose à attendre du CCN et de l’ensemble des directions de la CGT, et nous relevions l’ensemble des débats qu’il faut avoir.
Aujourd’hui, on n’a pas abordé le début d’une virgule de ces problèmes de fond de l’orientation de la CGT, même pas l’attitude à l’égard du gouvernement Hollande…

D’où la lassitude des militants face à ce qui apparaît comme des magouilles au sommet, le réflexe « légitimiste » qui pousse à tout oublier et à retourner dans les manifs comme cette semaine sur la loi Macron, ou les manifestations de l’Energie et des Cheminots de jeudi.

Martinez est habile, il va proposer une nouvelle direction plus ou moins équilibrée, représentative des divers courants, et en gros, la CE comme le CCN vont la valider à quelques exceptions près. Et on va fermer le ban, passer à autre chose, en essayant d’oublier au plus vite l’épisode Lepaon…

Le Congrès extraordinaire

Nous l’avons dit, l’hypothèse d’un congrès extraordinaire a été rejetée, alors qu’elle était très populaire dans notre syndicat, pour mettre les choses à plat, pour clarifier (voir ci-contre à gauche une deuxième compilation de déclarations de syndicats depuis début janvier). Le congrès aura lieu en mars 2016, comme prévu.

Il ne s’agit pas d’une question de date, mais d’ordre du jour : un congrès extraordinaire traite d’une question extraordinaire, et pas de l’ordinaire du syndicat. Refuser cette hypothèse comme l’a fait la CE et le CCN, c’est étouffer le débat de fond, la critique, et rien d’étonnant au sommet de la CGT où, comme nous l’avons déjà dit, ils se tiennent tous par la barbichette. On notera la constance de certains, comme l’UD des Bouches du Rhône, qui refusent de s’aligner et persistent à en revendiquer la tenue (voir ci-contre à droite).

Pourtant, le 51ème congrès de 2016 va être rock’roll, parce que l’affaire Lepaon va être là, et bien là. Alors, à tous les syndicalistes de classe de le transformer en tribune de dénonciation de l’orientation réformiste qui domine à la tête de notre confédération. A nous de dénoncer, les illusions de réforme du capitalisme, du nationalisme économique, la soumission à l’acceptation de la précarité, de la pénibilité pour ne négocier que la couleur de nos chaînes. A nous de contester le système paritaire qui n’est que la cogestion des affaires du capital avec le MEDEF, même si cette cogestion est conflictuelle. A nous de remettre sur la table la lutte contre la précarité et la sous-traitance, le combat contre la pénibilité et la souffrance au travail, l’internationalisme contre la mondialisation capitaliste et contre le nationalisme, des orientations qui attaquent au cœur du capitalisme et de l’exploitation.

A nous d’accumuler les débats de fond et les forces pour faire de ce 51ème congrès, si nous le voulons, si nous le pouvons aussi (là, ce n’est pas gagné, il faut l’admettre…) un véritable congrès extraordinaire !


Edité le 28-01-2015 à 09:40:12 par Xuan


Xuan
   Posté le 06-02-2015 à 22:48:41   

Un article paru sur le site "communistes" :

04 février 2015

La CGT : Quelles orientations


Le Comité Confédéral National de la CGT a élu le bureau confédéral de 10 personnes à 88,8% et Philippe Martinez secrétaire confédéral à 93,4 %. Plusieurs responsables de fédérations et d’UD n’ont pas respecté les mandats pour lesquels ils étaient missionnés comme par exemple la fédération de la santé ou l’UD du Nord.

L’affaire Lepaon n’a été que le déclencheur d’une crise profonde au sein de la CGT et il est primordial qu’une réorientation de la ligne confédérale sur une pratique de lutte de classe et de masse soit la base des prochains débats dans l’organisation.

Cheminots, salariés de l’énergie, enseignants, personnels de santé et les innombrables luttes dans le privé pour une augmentation du pouvoir d’achat ou contre les licenciements prouvent que le potentiel d’action existe et qu’il est indispensable de le développer.

Le changement d’équipe à la tête de la CGT ne remettra le syndicat sur les rails de la lutte de classe. Il ne tournera le dos ni au « syndicalisme rassemblé ni au dialogue social »

La fin de non-recevoir pour l’organisation d’un congrès extraordinaire courant 1er semestre 2015 ne laisse présager rien de bon. Seule la pression des structures de bases pourra faire avancer la nécessité de l’action, pour organiser une coordination des luttes qui seule arrêtera le MEDEF et nos gouvernants sociaux-démocrates qui mettent en place la loi scélérate du ministre Macron et le retour en arrière de 70 ans qui en découlera.
Xuan
   Posté le 24-02-2015 à 20:22:20   

Le site du PRCF met en ligne l'article de Stéphane Sirot :


Lendemains de crise : la CGT à la croisée des chemins – Stéphane SIROT …


Depuis le mois d’octobre c’est une crise ouverte qui agite la CGT avec l’affaire Lepaon. http://www.initiative-communiste.fr/ a très régulièrement ouvert ses colonnes pour relayer les prises de positions des syndicalistes de combat ; le secteur luttes du PRCF a également très régulièrement pris la parole sur le sujet. Mais cette affaire n’est que le symptôme visible d’une crise plus large, et de la mutation d’une CGT dont la tête désormais intégrée à la CES a rompu avec les fondamentaux du syndicalisme de classe et de masse. Notre ami Stéphane Sirot, fin spécialiste de l’histoire de de la CGT dans la tribune suivante revient sur ce que révèle cette crise. Il y développe les perspectives qui s’ouvrent pour une possible relance d’un syndicalisme de combat permettant de remettre les travailleurs du pays à l’offensive.

Par Stéphane SIROT, historien français, spécialiste de l’histoire et de la sociologie des grèves, du syndicalisme et des relations sociales. Il est professeur d’Histoire à l’Université de Cergy Pontoise et auprès de l’IEP Paris (Sciences Po) ainsi que l’IAE de Nantes





Des révélations du Canard enchaîné, le 29 octobre 2014, sur la coûteuse rénovation du logement de fonction loué à Vincennes pour le désormais ex-secrétaire général de la CGT, jusqu’à la validation par son Comité confédéral national (CCN) d’un nouveau bureau confédéral (BC) et d’un nouveau secrétaire général le 3 février 2015, la centrale de Montreuil a traversé une tempête d’une ampleur sans précédent. La série à rebondissements des révélations sur les privilèges accordés à Thierry Lepaon a jeté une lumière crue sur des mauvaises pratiques en voie d’institutionnalisation et fait remonter à la surface des évolutions qui, depuis un quart de siècle, marquent une nette mutation de la CGT par rapport à ses valeurs et à ses engagements historiques. L’année des 120 ans de la plus vieille confédération née en 1895 pourrait être celle de son renouveau ou, à défaut, de son lent déclin vers un syndicalisme résiduel.

La CGT au miroir de sa crise

cgt_1936_conges_payesAu-delà du naufrage d’une équipe dirigeante et des turpitudes individuelles d’un homme qui s’est retrouvé par défaut à la tête de l’une des deux grandes confédérations françaises où il n’a jamais réussi à s’imposer, la crise de la CGT a eu un effet loupe.

D’abord, sur le fonctionnement de la confédération et l’état de la démocratie syndicale en son sein. Durant leurs mandats, pour mieux asseoir un pouvoir voulu autant que possible sans discussions de fond et sans partage, Louis Viannet et, surtout, Bernard Thibault, ont volontairement affaibli le rôle du BC, au profit d’une instance plus pléthorique, la Commission exécutive confédérale (CEC), elle-même progressivement attachée à s’imposer face au CCN, pourtant la seule instance représentant l’ensemble des structures territoriales et professionnelles du syndicat[1].



Ce processus a contribué à enfanter des pratiques de direction sans dialogue, sans orchestration des débats et, au bout du compte, sans ligne clairement assumée, alors même qu’étaient opérés des choix remaniant grandement les options séculaires de la CGT. Ses secrétaires généraux se sont ainsi érigés en incarnations vaguement autoritaires d’une équipe dirigeante de plus en plus déconnectée de ses organisations et de ses militants de base. Un tel système a favorisé la constitution d’une oligarchie de fait, fonctionnant en vase clos, éloignée des réalités du terrain, accaparée par ses fonctions de représentation institutionnelles et secouée par de récurrentes manœuvres de pouvoir autour de batailles d’écuries convoitant pour leur poulain le poste suprême.

Face à une direction confédérale peu soucieuse d’ouvrir des discussions, d’imprimer une orientation issue des remontées du mouvement social et volontiers enferrée dans des stratégies d’autoreproduction, les fédérations, à commencer par les plus puissantes d’entre elles, ont vécu de plus en plus isolément leur vie, se constituant parfois en baronnies largement détachées des enjeux confédéraux. Une CGT composée de micro-pouvoirs lui conférant un visage sans cesse plus fragmenté s’est au final dessinée durant ce dernier quart de siècle.

D’ailleurs, les critiques sur l’absence d’impulsion collective, de ligne confédérale franche, limpide et assumée, mais aussi sur les aléas de la mise en oeuvre des décisions du 50e congrès confédéral réuni à Toulouse en mars 2013, transpirent des multiples prises de position des instances territoriales et fédérales votées à l’occasion de la « crise Lepaon ». Ainsi le 9 décembre 2014 l’Union générale des fédérations de fonctionnaires (UGFF) demande-t-elle « un point d’étape sur la mise en œuvre des orientations issues du 50e congrès confédéral de notre CGT », appuyée le 13 janvier 2015 dans sa démarche par la Fédération des finances.

S’agissant du fonctionnement des instances dirigeantes, le « relevé de décisions sur la situation de la CGT » rédigé le 11 décembre 2014 par la Fédération des services publics réclame « les dispositions nécessaires à la réorganisation du travail de la direction et de la maison confédérales, sous le contrôle de la CEC et du CCN ». Dans le même ordre d’idées, six jours plus tard, la Fédération des ports et docks veut « redimensionner la Maison confédérale tournée vers ses organisations, avoir des instances (BC, CEC, CCN) qui travaillent et creusent au fond les questions d’ordre politique, social et économique qui mettent les organisations de la CGT en mouvement… ». Plus abruptement, la contestataire UL des syndicats CGT de Seclin et environs (Nord) demande d’« en finir avec la lutte des places » qui, selon elle et d’autres, tend à accaparer les dirigeants confédéraux.

Il serait possible de poursuivre la litanie des citations montrant à quel point, aux yeux d’un grand nombre de ses propres structures, la confédération apparaît alors comme un bateau ivre sans gouvernail. Ces organisations, orphelines d’une stratégie ouvertement définie et souvent sévères à l’égard des orientations développées sous les mandats de Bernard Thibault, exigent des mises au point et l’ouverture de francs échanges sur des enjeux majeurs. L’appel à l’« organisation d’un débat » est une expression d’ailleurs récurrente des textes produits pendant la « crise Lepaon ». Ledit débat, tel qu’il est en général requis, touche à l’ensemble des activités et des dimensions de la vie militante et de l’organisation qui la coordonne. Les propositions de l’UGFF du 9 décembre 2014 en font la synthèse : « Projet syndical, unité et stratégie des luttes dans le champ syndical et au-delà, outil syndical, rôle et place des syndiqués, démocratie ». Derrière une telle affirmation se dessinent, en creux, les interrogations, voire les préventions sur le « syndicalisme rassemblé », les pratiques de lutte, les places respectives du rapport de forces et de la négociation collective à froid, donc le degré d’engagement de la CGT dans les processus de « démocratie sociale » institutionnalisée. Autrement dit, l’ensemble des mutations entreprises par la direction de la CGT depuis la seconde moitié des années 1990 se trouve convoqué.

Un peu comme un repas de famille qui tourne mal fait ressurgir les ressentiments enfouis de longue date, la crise de la CGT a soulevé le couvercle d’une marmite qui, manifestement, bouillonnait sous une chape de plomb désormais fissurée. C’est d’ailleurs l’un des enseignements remarquables de ces derniers mois : la poussée de la base s’est révélée telle que, cette fois, les manœuvres d’appareil tentées par quelques dirigeants – ou anciens dirigeants sans mandat – soucieux de préserver leur pré carré s’en sont trouvées enrayées. Si cet élan ne retombe pas, l’occasion d’une relance est offerte à une CGT désormais à la croisée des chemins.

Après les tempêtes : vers une thérapie salutaire ou vers une longue agonie ?


Il n’y aura pas de congrès confédéral extraordinaire, contrairement au voeu de militants et d’organisations aux condamnations anciennes et connues face aux évolutions de la CGT. Pour autant, la préparation du 51e congrès prévu pour se tenir au printemps 2016 donne l’occasion à la confédération de procéder enfin à une forme d’inventaire du dernier quart de siècle.

A cet effet, quelques thèmes majeurs peuvent être dégagés. A commencer par celui de la démocratie syndicale. Une réappropriation des valeurs fondamentales du fédéralisme, cette marque de fabrique historique de la CGT, mérite d’être considérée. Les syndiqués qui seront peut-être appelés à y réfléchir pourraient partir de ces considérations produites par Emile Pouget lorsqu’il présentait en 1908 l’organisation dont il était alors l’un des principaux leaders : « … la Confédération n’est pas un organisme de direction, mais bien de coordination et d’amplification de l’action révolutionnaire (…). Ici, il y a cohésion et non centralisation, impulsion et non direction (…). C’est là ce qui fait la puissance rayonnante de la Confédération : l’impulsion ne vient pas d’en haut, elle part d’un point quelconque et ses vibrations se transmettent, en s’amplifiant, à la masse confédérale[2] ». Une direction confédérale capable, en somme, d’être un chef d’orchestre susceptible de mettre en musique une partition sans fausses notes, de porter une ligne édifiée par d’incessants allers-retours entre la base et le sommet. En adaptant ces principes au temps présent, n’y a-t-il pas ainsi matière à couper court à la perpétuation de directions hors-sol incapables de tenir le rôle à la fois de coordonnatrices et de porte-voix du contre-pouvoir dont elles ont la responsabilité ?

Le rapport au politique est par ailleurs une thématique de fond déterminante. Cette question est devenue sulfureuse à Montreuil depuis Louis Viannet et, a fortiori, Bernard Thibault, tant elle plaçait ces dirigeants face à leurs options mutantes non pleinement assumées. Pour ne pas la soulever, elle a sciemment été réduite à la relation syndicat/parti, si sensible à la CGT, compte tenu d’un passé composé d’une relation parfois incestueuse avec le PCF. Du coup, l’essentiel de la question politique, c’est-à-dire le rapport au projet de société et à l’utopie, la relation aux institutions, aux pouvoirs, s’en est trouvée mise sous l’éteignoir. Le pragmatisme sans perspective ni contenu a ainsi pu momentanément triompher aux étages dirigeants de l’immeuble de la porte de Montreuil. Une CGT repensée ne peut s’exonérer de remettre sur le métier des questions stratégiques en lien avec la question politique. La CGT doit-elle s’assumer en syndicat réformiste ou, au contraire, revenir aux fondamentaux de ce que les syndicalistes d’action directe et leurs héritiers appelaient la « double besogne », c’est-à-dire sa dimension de défense des revendications quotidiennes mais également de changement social, de rupture avec le capitalisme ? Or, au tournant des XXe-XXIe siècles, la dynamique centrale dans laquelle s’inscrivent, à des degrés divers, l’ensemble des organisations de défense du salariat, est celle d’un syndicalisme de cogestion qui, en termes d’analyses et de pratiques, est principalement soucieux d’une prise de participation, parallèlement aux structures de pouvoir, à l’administration et à l’aménagement du monde tel qu’il est, sans perspective de transformation d’ampleur. Cette orientation n’a pas produit d’effets fructueux pour le monde du travail qui, depuis plus de trois décennies, voit ses droits et ses protections se diluer au fil de négociations « donnant-donnant » déséquilibrées. De surcroît, cette démarche cogestionnaire a produit un mouvement syndical en général, et une CGT en particulier, en situation d’affiliation au champ institutionnel, donc de moins en moins en capacité de contredire ses choix et n’ayant même plus forcément la détermination de s’y essayer. C’est la raison pour laquelle une réflexion autour des thématiques institutionnalisation/désinstitutionnalisation, affiliation/désaffiliation, obéissance/désobéissance paraît d’une absolue nécessité. Bref, quel syndicalisme veut la CGT ? Souhaite-t-elle creuser une démarche de négociations sans rapport de forces déterminé, d’accompagnement des décisions prises par l’ordre dominant ou, au contraire, veut-elle « refonder son analyse et son action, à partir de la nature de classe des rapports sociaux », comme l’y invitait le 22 décembre dernier, dans une adresse au BC et à la CEC, le Bureau régional de l’Union régionale d’Ile-de-France ?

Un tel questionnement conduit inévitablement à reposer la problématique du rapport de la CGT aux processus de « dialogue social ». Depuis les années 1980, une dynamique politique transpartisane s’est enclenchée, depuis les lois Auroux de 1982 jusqu’à la présidence Hollande, en passant par la loi Larcher du 31 janvier 2007, visant à orienter le syndicalisme vers la négociation collective centrée sur l’entreprise et à en faire un co-législateur, par des interactions d’une ampleur inédite entre le contrat et la loi. De ces mécanismes destinés à contourner la régulation conflictuelle des rapports sociaux résulte une double institutionnalisation du syndicalisme : par le haut, les directions confédérales semblant peu à peu davantage fréquenter les ors de la République que les assemblées générales de grève ; par le bas, via les instances de représentation du personnel, de plus en plus occupées à négocier des accords d’entreprise ou à accompagner des plans sociaux, sur fond de réunions au nombre démultiplié et de cumul des mandats, notamment encouragé par la loi de 2008 sur la représentativité et par une désyndicalisation réduisant comme peau de chagrin le vivier du renouvellement.

En somme, depuis trois décennies, la fonction d’« agence sociale » du syndicalisme, soit sa participation à des fonctions économiques ou sociales de l’Etat et plus récemment aux enjeux gestionnaires de l’entreprise, s’est renforcée de manière assez radicale, au détriment de sa fonction de « mouvement social », celle de la fabrique de la contestation[3]. Cela ne va pas sans poser problème, en particulier à un type de syndicalisme, tel celui de la CGT, qui s’est édifié et consolidé à partir de pratiques qui lui permettaient, à l’instar de la grève, de prendre racine de manière sans cesse renouvelée dans les profondeurs de l’univers salarial. Une entreprise de déconstruction des dynamiques politiques et des évolutions du syndicalisme ayant conduit à cette situation est un point de départ pour une réflexion fructueuse sur les modalités, l’ampleur et les limites de la participation des représentants de la CGT à cette dimension institutionnelle de son activité.

Plus largement, la CGT gagnerait à engager un bilan de l’ensemble de ses pratiques. Ainsi de son rapport à la grève, par rapport à laquelle une prise de distance s’est dessinée à mesure que grossissaient les tendances à l’institutionnalisation[4], tandis que des modes de mobilisation traditionnels telle la journée d’action démontrent depuis vingt ans leur épuisement. Ou encore sa relation aux autres syndicats, donc sa manière de concevoir l’unité qui, au cours du dernier quart de siècle, est volontiers devenue une finalité sans contenu – sous le vocable passablement creux de « syndicalisme rassemblé » – plutôt qu’un éventuel outil en vue du triomphe d’objectifs et de revendications fermement définis.

Enfin, la question de l’intégration de la CGT au syndicalisme européen ressort comme un sujet transversal. D’une manière ou d’une autre, cette dimension suinte de la quasi-totalité des thématiques qui viennent d’être évoquées, tant l’inclusion, voire la dilution du syndicalisme traditionnellement défendu par la confédération de Montreuil dans le syndicalisme bruxellois à dominante social-démocrate a accompagné et parfois accéléré les métamorphoses de la CGT.

On l’aura compris, la tâche est rude et ample. C’est pourtant l’unique manière pour la CGT de retrouver un cap, de se renouveler et d’espérer repartir sur des bases saines et clarifiées. Si les forces internes déterminées à contourner ces débats pour que rien ne change l’emportent au cours des douze prochains mois, le risque est grand de voir la CGT emprunter le chemin d’un syndicalisme résiduel. Car la situation est critique. Elle recule quasiment partout aux élections professionnelles, y compris dans ses bastions historiques, et elle perd des adhérents, une tendance que les affaires Lepaon ont d’ailleurs ponctuellement nourrie (des syndicalistes parlant à cet égard, en privé, de « démissions Lepaon »). De surcroît, les partenaires les plus naturels de la CGT sont en échec : la FSU vient de subir une mémorable défaite aux élections professionnelles dans les fonctions publiques ; SUD ne décolle quasiment nulle part voire régresse quelquefois. A l’inverse, le syndicalisme réformiste assumé (CFDT, CFTC, CFE-CGC, UNSA) se porte dans l’ensemble assez bien en termes électoraux. Et dans les cas où la CFDT stagne ou recule, c’est d’ordinaire l’UNSA ou la CFE-CGC qui raflent la mise. Entre ce champ syndical réformiste d’un côté et l’effritement des syndicats les plus contestataires de l’autre, FO (et/ou parfois des syndicats conservateurs comme le SNALC dans l’Education nationale) regagne du terrain perdu au cours des dernières années et pourrait en fin de compte se replacer au centre du jeu social, d’autant plus si la CGT et les organisations traditionnellement situées dans son sillage ne tirent pas les leçons de leur situation respective. A cet égard, il appartient à l’aînée d’entre elles de montrer l’exemple.

[1] Voir à ce sujet l’intéressant entretien donné par René Mouriaux au Journal du dimanche le 30 janvier 2015.

[2] L’opuscule d’Emile Pouget sera réédité dans le courant de l’année 2015 par les éditions de l’Arbre bleu, avec une préface critique de Stéphane Sirot.

[3] Pour reprendre les notions forgées par Pierre Rosanvallon dans La question syndicale, Paris, Hachette, 1998 (1988).

[4] A l’instar des syndicalismes du monde occidental, comme le montre Jean-Christian Vinel (dir.), La grève en exil ? Syndicalisme et démocratie aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest (XIXe-XXIe siècles), Nancy, éditions Arbre bleu, 2014.


A lire de Stéphane Sirot :

> 1884. Des syndicats pour la République, Lormont, Le Bord de l’eau, coll. « 3e culture », 2014, 114 p., ISBN 9782356873040
> Le syndicalisme, la politique et la grève. France et Europe : XIXe-XXIe siècles, Nancy, Arbre bleu éditions, coll. « Le corps social », 2011, 360 p., ISBN 979-10-90129-00-9
> Les syndicats sont-ils conservateurs ?, Paris, Éditions Larousse, coll. « À dire vrai », 2008, 126 p., ISBN 978-2035839718
> La grève en France. Une histoire sociale, XIXe-XXe siècle, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Histoire », 2002, 306 p., ISBN 978-2738111722
> Maurice Thorez, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Facettes », 2000, 301 p., ISBN 978-2724607963
> Histoire sociale de l’Europe : industrialisation et société en Europe occidentale, 1880-1970 (codirection avec François Guedj), Paris, Éditions Seli Arslan, coll. « Histoire, cultures et sociétés », 1998, 411 p., ISBN 978-2842760144
Xuan
   Posté le 13-05-2015 à 23:04:29   

Que devient Le Paon ?

Tandis que Martinez passe l'éponge le 14 avril et que l'Huma s'empresse d'absoudre sans se poser la moindre question, on peut se demander où va atterrir Le Paon.
Reclassement au Conseil Economique et Social Ecologique (CESE) ou à l'Agence Française de lutte contre l'illettrisme ?
Et pour Lafont l'ancien Trésorier Administrateur, un poste de Conseiller Social dans une Ambassade ?
Il serait intéressant d'en savoir davantage, histoire de comparer avec une pratique déjà bien rodée à la CFDT et des revenus proches du double, ancienneté oblige..


Edité le 13-05-2015 à 23:14:53 par Xuan


Xuan
   Posté le 22-02-2017 à 19:02:48   

Epilogue...