Sujet :

Une nouvelle internationale

Xuan
   Posté le 30-09-2013 à 12:42:14   

Sous ce titre, plusieurs textes concernant le même sujet.

On trouvera aussi plusieurs liens et textes mis en ligne par finimore sous le titre
Nouvelle Internationale, Patrick Kessel etc...


Edité le 30-09-2013 à 12:49:21 par Xuan


Xuan
   Posté le 30-09-2013 à 12:45:53   

Samir Amin - une cinquième internationale



Ci-dessous une interview de Samir Amin sous le titre :
" Le nouveau défi de l’internationalisme des peuples "
http://pagesperso-orange.fr/forumcommuniste/index.htm

Je joins pour la compréhension ces notes de lectures sur son ouvrage :

Pour La Cinquième Internationale , Par Samir Amin, Le Temps des Cérises, Paris 2006, 229 pages.
Organiser la riposte au nouvel impérialisme
Le capitalisme est un système mondial. Ses victimes ne peuvent donc faire face efficacement à ses défis qu’à la condition de s’organiser également à cette échelle. La mondialisation des stratégies du capitalisme dominant appelle celle de la riposte de ses victimes. Alors pourquoi ne pas concevoir une nouvelle Internationale puisse offrir un cadre efficace pour la construction des convergences nécessaires au succès des luttes engagées par les peuples contre le capital ?

La réponse que Samir Amin, président du Forum du Tiers monde, fait à cette question est positive, sans hésitation, mais à condition que l’Internationale envisagée soit conçue comme le fut la Première, et non la Seconde, la Troisième ou la quatrième.
Les leçons de l’Histoire des Internationales socialistes et communistes sont tirées. La diversité des conditions de reproduction propres aux différents partenaires du capitalisme mondialisé a toujours constitué le défi majeur au succès des luttes conduites par les victimes sociales du système.
La Première Internationale - intitulée d’ailleurs Association internationale des Travailleurs- avait été conçue précisément pour surmonter l’émiettement national dont les révolutions européennes de 1848 avait montré les effets négatifs.
La Première Internationale a géré, dans certaines limites, la diversité des conditions de luttes sociales et politiques dans un esprit dans un esprit démocratique. On rappellera les limites des conceptions de l’époque : la vision patriarcale dominante des rapports entre les hommes et les femmes, l’ignorance du reste du monde etc. L’utopie créatrice de ce premier moment du mouvement socialiste s’est exprimée avec la force qu’on connaît dans la Commune de Paris (1871) partie ‘à l’assaut du ciel’ comme Marx l’a écrit. On retiendra également la leçon donnée par cette première expérience : le respect démocratique du principe de la diversité. Une leçon importante pour nous aujourd’hui.
La Seconde Internationale a été conçue sur la base de principes tout à fait différents. De nouvelles formes de partis ouvriers naissent. Des partis différents les uns des autres par de nombreux aspects allant du travaillisme anglais à la sociale démocratie marxiste allemande et au syndicalisme révolutionnaire français, mais néanmoins ralliés, tout au moins à l’origine, à l’objectif de substituer à l’ordre capitaliste celui du socialisme.
Les partis de la Seconde Internationale ont dans l’ensemble dérivé dans la direction de l’alignement impérialiste et naturaliste. La Seconde Internationale s’est fort peu occupée de la question coloniale et de l’expansion impérialiste. Elle a souvent légitimé celle-ci par un prétendu objectif positif : faire entrer les peuples attardés dans la modernité capitaliste; une perspective historique démentie par la nature impérialiste inhérente à l’expansion mondialisée du capitalisme. Le qualificatif de social impérialiste convient parfaitement pour décrire les conséquences de cet alignement sur l’économie linéaire bourgeoise (qui n’a rien à voir avec le marxisme), une caractéristique dont les partis social-démocrates ne se sont jamais départis depuis jusqu’à leur ralliement atlantiste de l’après Seconde Guerre mondiale et social libéral par la suite. Ce glissement renforçait les chances d’un ralliement nationaliste parallèle aux unions de la classe dirigeante capitaliste, au moins pour ce qui est des relations internationales. Ces partis ont sombré dans le chauvinisme produit par la Première Guerre mondiale.
La Troisième Internationale a été créée pour corriger cette dérive. Et elle l’a fait au moins partiellement. En effet, elle s’est affirmée à l’échelle mondiale en soutenant la création de partis communistes dans toutes les périphéries du système mondial, proclamant le caractère stratégique de l’alliance des ‘ouvriers de l’Occident’ avec les ‘paysans de l’Orient’. Le maoisme a formulé cette évolution en élargissant l’appel à l’internationalisme pour inclure les ‘peuples opprimés aux côtés des prolétaires de tous les pays’.
La Troisième internationale s’est trouvée dans une situation que n’avaient connue ni la première, ni la seconde : celle de devoir protéger le premier Etat socialiste, puis le camp des Etats socialistes. Comment cette exigence a évolué dans ses effets (négatifs) en relation avec l’évolution du système soviétique lui-même n’est pas l’objet de cet ouvrage.
La Quatrième Internationale constituée précisément en réaction à cette dérive n’a pas innové pour ce qui concerne les formes d’organisation initiées par la Troisième, aux origines de laquelle celle-là prétendait d’ailleurs seulement vouloir revenir.
Bandoung est la première mondialisation des luttes (1955 1980). Les gouvernements et les peuples de l’Asie et de l’Afrique proclamaient à Bandoung en 1955 leur volonté de reconstruire le système mondial sur la base de la reconnaissance des droits des nations jusque-là dominées. Ce ‘droit au développement’ constituait le fondement de la mondialisation de l’époque, mise en œuvre dans un cadre multipolaire négocié, imposé à l’impérialisme, contraint, lui, à s’ajuster à ces exigences nouvelles. Le succès de Bandoung - et non son échec comme on le dit de plus en plus sans réfléchir - est à l’origine d’un bond en avant gigantesque des peuples du Sud dans les domaines de l’éducation et de la santé, de construction de l’Etat moderne, souvent de la réduction des inégalités sociales, enfin de l’entrée dans l’ère de l’industrialisation. Sans doute les limites de ces réalisations en particulier le déficit démocratique des régimes du populisme national qui ont ‘donné aux peuples’ mais ne leur ont jamais permis de s’organiser par eux-mêmes doit-il être pris en considération dans le bilan de l’époque.
Les progrès de l’industrialisation amorcés durant l’ère de Bandoung ne procède pas à la logique du déploiement impérialiste mais imposés par les victimes des peuples du Sud. Sans doute ces progrès ont-ils nourri l’illusion d’un rattrapage qui paraissait en cours de réalisation, alors qu’en fait l’impérialisme contraint, lui, de s’ajuster aux exigences du développement des périphéries, se recomposait autour de nouvelle formes de domination.
Le vieux contraste pays impérialistes/pays dominés, qui était synonyme du contraste pays industrialisés/pays non industrialisés cédait peu à peu la place à un nouveau contraste fondé sur la centralisation d’avantages associés aux ‘cinq monopoles nouveaux des centres impérialistes’. (Le contrôle des technologies nouvelles, des ressources naturelles, des flux du capital financier, des communications et de l’information, des armements de destruction massive. (Le Capitalisme sénile,2003).
La page de Bandoung tournée avec l’offensive libérale du capitalisme des monopoles du centre impérialiste (la triade : Etats –Unis, Europe, Japon) à partir de1980, les bourgeois du Sud ont paru à nouveau s’inscrire dans une perspective de soumission qui s’exprime dans l’ajustement structurel unilatéral imposé (qui est l’ajustement des périphéries aux exigences du centre, en quelque sorte l’inverse de l’ajustement des centres que les périphéries ont imposé durant l’ère de Bandoung).
De belle pages de ce livre ont été consacrées à la tragédie des trois grandes révolutions (la française, la russe et la chinoise). Ces ‘grandes révolutions’ se distinguent par le fait qu’elles se projettent loin en avant vers l’avenir, par opposition aux autres (‘les révolutions ordinaires’), qui se contentent de répondre aux exigences des transformations à l’ordre du jour du moment.
Samir Amin analyse le poids de l’impérialisme, stade permanent (et non suprême chez Lénine) de l’expansion mondiale du capitalisme. Il prend la défense des Etats post révolutionnaires comme l’URSS et la Chine. Il étudie la construction nationale et/ou la construction socialiste dans les périphéries. Il insiste sur la contribution du maoisme.
A chaque nouvelle époque correspond de nouveaux défis. La page des Internationales et de Bandoung est tournée. Samir Amin formule quatre thèses centrales.
1. L’identification précise des nouveaux sujets de la transformation sociale, de leurs intérêts et de leur aspiration, de leurs visions des défis et des réponses qu’ils y apportent, des conflits qui les séparent et font obstacle à leur convergence dans la diversité, constitue la condition première pour un débat fructueux autour de propositions de stratégie de lutte aux niveaux local et mondial.
2. Le contraste centre/périphérie n’est plus synonyme de pays industrialisés/pays non industrialisés.
3. L’impérialisme ne se conjugue plus au pluriel comme dans les phases antérieures de son déploiement; il est désormais un ‘impérialisme collectif’ de la triade (Etats-Unis, Europe, Japon).
4. Le déploiement du projet hégémoniste des Etats-Unis mis en œuvre à travers un programme de contrôle militaire de la planète s’articule sur l’impérialisme collectif et donne au chef de file américain le moyen de surcompenser ses déficiences économiques.
Le capitalisme sénile est l’ennemi du genre humain. Avec l’émergence des forums sociaux, la diversité est devenue un objet de questionnement nécessaire. Samir Amir met en exergue les limites et les ambiguïtés des mouvements sociaux progressistes et réactionnaires. Il cherche les vrais et faux conflits dans le monde contemporain.
Devant tout cela, que faire ? Telle est la question que se pose Samir Amin qui commence par l’analyse des cultures politiques du conflit et les cultures politiques du consensus. S’agissant du monde que nous voulons construire, s’offrent deux théories de la société, deux visions de l’avenir.
Samir Amin précise comment ‘faire de la politique’ et s’attelle à construire la convergence dans la diversité. Il ouvre le débat sur la longue transition du socialisme et fixe les objectifs à moyen terme. Samir Amin se prononce en faveur de l’instauration d’une V Internationale qui a pour objectif de mettre en déroute le libéralisme à tous les niveaux.
Des initiatives ont été déjà prises allant dans le sens de la précision des objectifs de stratégie de convergence qui correspondent à la vison générale du défi proposé dans ce livre. La journée du 18 janvier 2006 organisée à Bamako à la veille de l’ouverture du Forum Civil Mondial Polycentrique 2006 (Bamako et Caracas) a été consacrée précisément à débattre de ces propositions de stratégies de lutte et de construction de la convergence dans la diversité.
(Cf Appel de Bamako en annexe).
L’objectif de la Ve Internationale est de contribuer à la construction de l’internationalisme des peuples. La phrase concerne donc tous les peuples, du Nord et du Sud, comme elle fait référence non au seul prolétariat mais à l’ensemble des classes et des couches populaires victimes du système, à l’humanité dans son ensemble menacée dans sa survie. Cet internationalisme n’exclut pas la solidarité des peuples des trois continents (Asie, Afrique et Amérique latine) contre l’agression de l’impérialisme de la triade. Au contraire, ces deux internationalismes ne peuvent que se compléter et se renforcer l’un l’autre.
Le principe fondamental peut être formulé dans les deux phrases complémentaires suivantes : 1) Pas de socialisme sans démocratie/et donc pas de progrès dans la démocratie du socialisme sans pratique démocratique de ceux qui militent dans ce sens.
2) Aucun progrès démocratique n’est viable, si il n’est associé au progrès social.
On peut imaginer que les forces politiques et sociales qui trouveront leur place naturelle dans cette perspective sont loin d’être réduites à quelques groupuscules politiques extrémistes et aux Ong de bonne volonté. Elles incluront beaucoup de grands mouvements de lutte (les syndicats, les associations de paysans, de femmes, de citoyens) et les partis de la 3e et 4e Internationale qui doivent renoncer à se poser en avant-gardes autoproclamées.
Ce livre est un condensé de riches leçons tirées des nombreuses luttes durant le XXe siècle. Il est assorti d’un ensemble de propositions susceptibles d’éclairer les luttes du XXIe siècle. Son auteur se veut à la fois théoricien et praticien.

Amady Aly DIENG
Xuan
   Posté le 30-09-2013 à 12:55:16   

Le PC brésilien à propos du projet d'Hugo Chavez d'une 5e internationale socialiste :

plutôt un Front Anti-Impérialiste Mondial et le renforcement de la coopération entre PC qu’une Vème Internationale

déclaration du Parti Communiste Brésilien


dimanche 18 avril 2010



La Commission Politique Nationale du Parti Communiste Brésilien (PCB) a étudié très attentivement la proposition bien intentionnée du président Hugo Chavez, annoncée lors du récent congrès du Parti Socialiste Unifié du Vénézuela (PSUV), sur la création d’une Vème Internationale Socialiste, dont la date de fondation serait prévue pour avril 2010 :

1) Nous saluons l’initiative du président vénézuelien, qui vise à rassembler de larges forces afin de mieux coordonner leur lutte contre l’impérialisme, entendu comme l’ensemble des actions mises en œuvre par les Etats capitalistes pour la défense de leurs grandes entreprises et de la bourgeoisie en général.

2) Toutefois, nous ne sommes pas d’accord sur la manière dont est menée cette initiative, car nous croyons que la fondation d’une structure de cette nature nécessite une accumulation de débats au préalable, et une unité politique et idéologique ainsi qu’une unité d’action que nous ne voyons pas encore dans les partis qui sont disposés à adhérer à la proposition.

3) Les processus historiques de constitution des Internationales ont pris forme au cœur du combat du prolétariat sous l’égide de partis qui s’identifiaient à lui, ce qui ressort de la Troisième Internationale, fondée par Lénine, à laquelle ont seulement pris part les Partis Communistes et Ouvriers.

4) En outre, quand nous parlons de la Vème Internationale, nous prenons en compte la soi-disant IVème Internationale qui fut, en fait, une articulation de groupes trotskistes, avec une influence sociale et politique très faible, qui ont fini par se diviser en différents petits groupes, chacun se revendiquant comme son héritier légitime, certains jusqu’à nos jours.

5) Au vu des différences de contexte historique et des spécificités qu’ont prises les initiatives antérieures, il ne nous paraît ni correct ni nécessaire d’inscrire ce rassemblement précis dans cette numérotation historique.

6) Nous avons des réticences également, quant à la définition de cette « Vème Internationale » comme socialiste ; pas seulement à cause de la banalisation du terme, utilisé jusque par des courants du camp du capital. Il peut générer de la confusion par ceux qui n’ont pas banalisé le concept de socialisme et qui l’entendent correctement comme une transition vers le communisme.

7) Le PCB défend, dans notre pays, un front anti-impérialiste et anti-capitaliste, étant entendu qu’au Brésil le capitalisme est pleinement développé et que les contradictions entre la bourgeoisie brésilienne et l’impérialisme – dont le capitalisme brésilien fait partie – sont résiduelles.

8) Dans le cadre mondial, cependant, avec l’immense diversité des réalités nationales et régionales, tous les partis, mouvements, organisations et forces politiques qui s’opposent à l’impérialisme ne sont pas favorables à la construction d’une société socialiste et, encore moins, d’une société communiste. Il y a des pays colonisés, occupés ; il y a des pays dans lesquels le capitalisme est peu développé ; il y a des peuples et des nations qui n’ont pas conquis ni le droit d’avoir un État, un pays. De notre point de vue, dans des cas bien déterminés, il est possible que le processus révolutionnaires comprenne des fronts nationaux contre l’impérialisme.

9) Le Parti Communiste Brésilien (PCB), devant ce moment historique dans lequel nous vivons – où une grave crise économique touche pratiquement tous les pays du monde – défend la nécessité de la formation d’un Front Anti-Impérialiste Mondial, qui rassemble tous les partis, organisations et mouvements prêts à lutter, de manière coordonnée, contre l’impérialisme.

10) Le PCB continuera à valoriser toutes les initiatives qui cherchent à mettre en avant un programme de lutte, sur notre continent et dans toutes les régions du monde, de manière à ce que renforce l’unité d’action et se forge une organisation capable de répondre collectivement aux attaques de l’impérialisme.

11) Le PCB continuera également à valoriser les Rencontres Internationales des Partis Communistes, la Revue Communiste Internationale, et travaillera inlassablement pour que les communistes d’Amérique Latine et des Caraïbes cherchent une coordination pour affronter de la manière la plus organisée possible la bourgeoisie, l’impérialisme et mener la lutte idéologique contre le réformisme.

Rio de Janeiro, avril 2010

Commission Politique Nationale du PCB

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
source faire vivre et renforcer le pcf
Xuan
   Posté le 20-08-2018 à 22:51:56   

La dernière lettre de Samir Amin
Pour une rencontre de constitution de l’Internationale des Travailleurs et des Peuples


Dimanche 19 août 2018, par Monika Karbowska


Chers Amis,

J’ai appris la nouvelle du départ de Samir en étant en Tunisie, actuellement à Gafsa, auprès de militants du Front Populaire. Je n’ai toujours pas de mots pour exprimer ma tristesse et mes regrets, alors que j’ai eu cette chance de pouvoir travailler récemment avec lui sur le projet d’Internationale des Travailleurs et des Peuples.

Nous, les militants d’Europe de l’Est et moi-même nous gardons en mémoire que Samir n’oubliait jamais nos pays et les souffrances de nos peuples dans ses analyses sur la mondialisation et les conséquences de la destruction de nos système socialistes réels. Il a écrit des analyses percutantes sur l’intervention impérialiste occidentale en Ukraine alors que bien des militants de gauche européenne détournaient leurs regards du peuple du Donbass et d’Odessa assiégés, bombardés et tués par les fascistes payés par l’Occident en 2014.

Il pensait que si nous avions commis une erreur dans les années 80 en pensant "démocratiser" nos systèmes, il n’a jamais cessé de douter que nous parviendrions à refaire une Révolution pour reconstruire des pays socialistes encore plus beaux et justes que ceux que nous avions.

Puisque la continuation de son oeuvre est notre priorité désormais, je vous envoie les documents écrits par Samir sur la nécessité de l’Internationale (en plusieurs langues, francais, anglais, arabe, grec, turc, espagnol…) et la Lettre d’intention en français et anglais.

Nous voulions faire d’abord signer la Lettre par des personnalités de gauche révolutionnaire de différents pays et régions avant d’appeler à l’organisation d’une première rencontre fondant l’Internationale.

Nous devons tous et toutes réfléchir à une stratégie de mise en oeuvre de ce projet.

Fraternellement,
Monika Karbowska

Pologne


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Lettre d’intention pour une rencontre de constitution de l’Internationale des Travailleurs et des Peuples

Cher/es Camarades, Cher/es militant/es, Cher/es travailleurs/es,

Le capitalisme mondialisée entré dans sa phase de décadence conjugue un pouvoir politique et économique quasi totalitaire avec une agressivité de plus en plus intense rapprochant de façon inquiétante un risque de guerre généralisée. Dans cette crise paroxystique, les pays impérialistes de l’Occident historique (Etats-Unis, Europe de l’Ouest, Japon) n’entendent pas permettre à d’autres Etats émergents de s’émanciper du cadre imposé par eux et de sortir du statut de périphéries dominées. La tension entre l’Occident et la Russie, la Chine, l’Iran ne sont pas un phénomène passager mais bien l’épicentre d’une nouveau remodelage violent du monde au profit des bourgeoisies occidentales.

Notre réponse en tant que mouvements d’émancipations des peuples n’est pas à la hauteur du danger. Nos luttes sont émiettées, parcellaires ou trop centrées sur des questions nationales. Nous avons abandonné les objectifs de transformation globale auxquels présidaient les Forum Sociaux Mondiaux et le mouvement altermondialiste à sa naissance. Pire, l’objectif même de destruction du capitalisme n’est pas présent alors même qu’il est de plus en plus visible que ce système mène l’humanité à sa perte. Dans ce contexte l’attaque de nos ennemis a été fulgurante : contre-révolution de type « regime change » violent ou juridique en Amérique Latine, assassinats politiques contre la révolution en Tunisie, manipulation de groupes extrémistes sanguinaires afin de mettre au pas l’Egypte, la Syrie, l’Afrique, fin sans gloire des Forums Sociaux Européens…

L’expérience montre que l’émiettement des luttes et l’exploitation par le système de rivalités entre nos options idéologiques, nos clivages historiques (Est-Ouest et Nord-Sud) a fortement desservi la construction d’un contre-pouvoir à l’échelle mondiale. L’essoufflement du processus des Forum Sociaux fait qu’ils ne servent plus de lieu d’élaboration d’une alternative réelle.

Nous ne pouvons pas continuer dans cette impuissance politique et nous devons reconstruire une alliance dans laquelle nous dynamiserons et structurerons nos forces communes.

L’idée de la construction d’une nouvelle organisation de type Internationale des Travailleurs et des Peuples est dans l’air depuis quelques années. Nous avons besoin d’une organisation structurée qui s’efforcera à donner aux mouvements en lutte quelques objectifs de lutte communs et construira ainsi des solidarités concrètes entre eux. Les travailleurs de chaque continent devront être représentés dans l’Internationale afin que l’unité dans la diversité soit notre ligne directrice majeure. La question de la souveraineté populaire ne devra pas être éludée dans notre réflexion sur la manière de construire l’alliance des solidarités.

C’est dans ce cadre que nous vous proposons une rencontre de réflexion pour la création d’une nouvelle alliance Internationale des Travailleurs et des Peuples. Cette rencontre pourrait se tenir en Tunisie, ou tout autre pays du Sud accessible à des délégués du monde entier. La rencontre réunira des militants représentants de mouvements, partis, syndicats, réseaux de tous les continents et régions. Seront définis comme régions : l’Amérique Latine, L’Afrique, l’Afrique du Nord , la Méditerranée et le Moyen Orient, l’Europe de l’Ouest, l’Europe de l’Est, l’Asie de l’Est, du Sud, du Sud Est, de l’Ouest et du Centre, les Etats-Unis. Chaque région devra être représentée par des personnalités connues dans leur région pour leur engagement anticapitaliste et représentative en tant que praticiens des luttes ou mandatée par leur organisation si possible. Il sera important également de faire représenter la voix des communautés en conflits avec l’Etat dans lesquelles elles vivent ou sans Etat. Contrairement aux Internationales passées, une région ou un pays sera représenté par plusieurs organisations. La construction d’une unité dans la diversité l’exige ; et les différents partenaires devraient prendre conscience que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise, sans pour autant renoncer à leur indépendance. Enfin, dès la première rencontre, nous souhaitons poser une stratégie de lutte sur le long terme avec des objectifs précis et des délais temporels.

Nous joignons à cette lettre l’analyse approfondie de Samir Amin sur la nécessité de fonder une nouvelle Internationale.

Camarades, nous faisons appel à votre sens des responsabilités et de l’Histoire. Cette rencontre peut être le lieu ou s’élaborera une Nouvelle Révolution Socialiste (en ayant pris soin de tirer le bilan de l’ancienne) ou bien nous allons vivre un monde de chaos, de barbarie, d’égoisme et de destruction de notre Terre.

Amicalement,
Samir Amin