Sujet :

une « mesure révolutionnaire » de Cohn-Bendit

Xuan
   Posté le 28-07-2009 à 00:15:10   

"Sarkozy doit tenir bon sur la taxe carbone, une mesure révolutionnaire"

Déclare Cohn Bendit le 26/07/09 dans une interview aux Echos

Suite aux recommandations de Borloo et aux bons offices de Rocard, doit être mise en place, dès 2010, une taxe carbone s'appliquant aux énergies fossiles, mais aussi à l'électricité.
D’ores et déjà la plupart des pays européens veulent se dispenser de l’appliquer aux frontières, prétextant qu’elle serait « irréaliste à court terme » et qu’elle présenterait une "vraie menace" pour le succès des négociations de Copenhague.
A l’inverse « l'Union exige des engagements clairs des pays en développement » , précise les Echos.
On aura compris que pour ces pays-là, la taxe serait tout à fait réaliste et les obligerait, eux, à respecter l’environnement.

Quelques extraits de cette interview :

Les Echos : En période de crise, créer un impôt nouveau vous semble-t-il acceptable ?
Ce n'est pas un impôt nouveau ! C'est une taxe qui rapportera 8 milliards d'euros l'an prochain et qui doit être redistribuée aux ménages et aux entreprises. Les Français doivent comprendre que la contribution climat-énergie n'est pas fatale : si vous faites des économies d'énergie, vous consommez moins et vous payez moins. C'est une mesure révolutionnaire, le début d'une transformation de l'impôt : moins imposer le travail et entrer dans l'ère de l'impôt écologique, en imposant l'utilisation de l'environnement.

Les Echos : Comment faut-il redistribuer le produit de cette contribution ?
C'est le plus compliqué. D'après moi, la redistribution doit se faire en fonction du niveau de vie des familles, en tenant compte du nombre d'enfants. Il est évident qu'une redistribution à un ménage au Smic doit être plus importante que pour quelqu'un qui gagne 500.000 euros par an. Il faut aller vers les revenus les plus bas, soulager ceux qui ont un trajet important pour se rendre à leur travail et ceux qui travaillent à la campagne. La contribution climat-énergie ne peut voir le jour que si elle est socialement juste et équitable.

Les Echos : 32 euros par tonne de CO2 émise, n'est-ce pas excessif ?
32 euros, cela me paraît juste. Comme il est juste de prévenir qu'on augmentera de 5% par année. Le réduire de plus de 60% pour arriver à 15 euros serait complètement aberrant...

[…]
Les Echos : Est-il normal que les ménages soient taxés à hauteur de 32 euros alors que les entreprises le sont à hauteur de 15 euros sur les marchés des quotas européens ?
Le problème n'est pas le niveau de taxation des ménages mais celui de l'industrie à forte consommation d'énergie. C'est une contradiction importante au niveau européen, qui témoigne de la force des lobbies industriels et contre laquelle les Verts se sont déjà beaucoup battus, au niveau européen. L'incitation à consommer moins d'énergie fossile et à privilégier d'autres ressources est clairement insuffisante pour ces industries.

Soyons précis :
Fixée à 32 € / tonne de CO2 dans un premier temps, la taxe carbone passerait à 100 € en quinze ans.
Elle serait supportée «à 51 % par les ménages, un peu moins de 40 % par les entreprises et le reste par les administrations», avec une exception : les industries les plus consommatrices d'énergie (sidérurgie, ciment…), qui sont soumises à des quotas de CO2, donc…non concernées.
Cela représente un coût estimé de 300 € par ménage et par an .
Cette taxe conduira par exemple à une hausse du prix du chauffage au gaz de 15% et du litre de carburant de 7 à 8 centimes, voire plus pour le gasoil, selon Michel Rocard.

Le 22 juin lors du Congrès de Versailles, Sarkozy déclarait : «Je souhaite que l'on aille le plus loin possible sur la taxe carbone. Plus nous taxerons la pollution et plus nous pourrons alléger les charges qui pèsent sur le travail»
Or il se trouve que le gouvernement prévoit d'«alléger les charges pesant sur le travail », c’est à dire la taxe professionnelle de 8 milliards d'euros, soit exactement ce que pourrait rapporter la taxe carbone.
Pour Michel Rocard, c’est … une «coïncidence malheureuse» .

Il est clair que cette « TVA repeinte en vert » vise encore à assister les profits des entreprises et diminuer leur responsabilité sociale, au détriment des ménages qui ne peuvent pas se passer d’un transport individuel, ni acheter une voiture neuve, ni investir dans un chauffage écolo.

Une fois de plus Cohn Bendit prend fait et cause pour une mesure réactionnaire tout en s'affichant le champion du progrès.
Dernière trouvaille du cynisme bobo au service du capital.


Edité le 28-07-2009 à 00:17:54 par Xuan