gorki |
![]() Avec mes excuses à Alex de venir « polluer » sont topic de présentation, Je mets en ligne cet article sorti des archives du site contre information. Il va de soi que je ne partage pas la totalité de l’analyse, mais ce texte a au moins le mérite de se placer à contre courant d'une vision aux horizons bornés, construits de sentimentalités petite-bourgeoise, de la ""question de Staline""; cela en ce sens qu’il soulève de véritables questions, et parmi celles-ci, il y a une qui mérite réflexion. Je veux parler de cette l’attitude qui consiste aujourd’hui à présenté Staline comme un vulgaire nationaliste, ce qui de mon point de vue ne vaut pas mieux que celle qui nous propose un Staline dirigeant en tout et partout tel un st-michel chef de la milice angélique. Je voudrais aussi insister ici, sur le fait que de mon point de vue cet article reste nécessairement incomplet en raison de ce qu’il ne traite pas non plus d’une des plus « brillante thèse », maquillée de subtilité de langage, portée par les courants chauvin et ultra chauvins des ML français inspirés des travaux de l’historienne Annie Lacroix-Riz Thèse qui encense la grande guerre patriote à l’endroit de ce que il faut entendre défense de la patrie socialiste. Formule qui est en elle-même se montrait idéologiquement « déviante » mais qui s’assumait tant en 1917 qu’en 1939 par des besoins stratégique de rassembler toutes les motivations anti-impérialisteset anti fasciste en URSS, etc. ![]() Disparition du révisionniste Ludo Martens La Belgique de ces 40 dernières années a connu deux expériences révolutionnaires marquantes et de haut niveau. La première, représentant l’aspect positif, cela a été les Cellules Communistes Combattantes (CCC). Les CCC (un site présente en détail leur histoire et leurs positions) ont été une tentative conséquente de construire un pôle révolutionnaire ; leurs actions armées ont été une actualité pour toute personne communiste authentique en Europe de l’Ouest. Et ce même pour la seule organisation dans les années 1980 à se revendiquer en France de Mao Zedong : Voie Prolétarienne. Quelle triste ironie de l’histoire qu’en Belgique ce sera l’équivalent de Voie Prolétarienne qui triomphera : le Parti du Travail de Belgique (PTB). Son fondateur, Ludo Martens, vient de mourir, le 5 juin dernier. Avec sa disparition, c’est la fin d’un monumental bastion révisionniste en Europe. Car Ludo Martens et le PTB ont été d’infatigables combattants anti-maoïstes ; aujourd’hui en France, les « marxistes-léninistes », les « anti-impérialistes », sont très largement influencés par Ludo Martens et le PTB d’alors. Ludo Martens, né en 1946, a commencé sa carrière politique comme nationaliste flamand. Dirigeant étudiant, il amène le nationalisme flamand universitaire à prendre une tournure « sociale. » Avec mai 1968, Ludo Martens amène alors ce nationalisme « social » à assumer en façade le marxisme-léninisme. Cela donne à la fin des années 1960 l’organisation « Tout le pouvoir aux ouvriers » -TPO / « Alle macht aan de arbeiders » – AMADA, qui deviendra le PTB en 1979. * En façade, le PTB est ainsi marxiste-léniniste ; en pratique, c’est une organisation populiste, prônant une ligne « sociale » à la base et célébrant les nationalismes petit-bourgeois « révolutionnaires » en fonction des intérêts de la Chine fasciste d’après Mao Zedong. Cette ligne « sociale », notamment avec des soins médicaux gratuits par une association « Médecine pour le Peuple » touchant chaque année des milliers de personnes, a fait du PTB la plus grande structure d’extrême-gauche du Belgique. Le PTB revendique aujourd’hui encore 4500 membres, une présence dans 30 villes, 120 entreprises. Il a par contre balancé par dessus bord, il y a quelques années, toute prétention marxiste-léniniste. La Chine social-fasciste n’a en effet aujourd’hui plus besoin du PTB, qui l’a servi fidèlement pendant des années. Chaque année, le PTB a organisé un « Séminaire Communiste International » rassemblant de très nombreuses organisations révolutionnaires, ayant toute la particularité de se fonder sur le marxisme-léninisme et de rejeter le maoïsme, ainsi que la guerre populaire. Confronté à la lutte armée des Cellules Communistes Combattantes, le PTB n’a pas hésité à utiliser tous les moyens pour briser cette « concurrence » idéologique, appelant à les dénoncer à la police, les assimilant aux « meurtriers du Brabant » ayant braqué de manière assassine un supermarché, « CCC = CIA », etc. Mais ce n’est pas tout. Ludo Martens a passé une bonne partie de son activité politique à être actif au Congo, notamment auprès de Laurent-Désiré Kabila. Ludo Martens a en effet théorisé tout un « panafricanisme », se faisant historien des révoltes de Lumumba, Sankara (ou Mulele, celui-ci étant toutefois proche du maoïsme historiquement), et en faisant des figures « anti-impérialistes » aussi valables, prétendument, que le socialisme scientifique. Ludo Martens a ainsi développé un véritable trotskysme en version « marxiste-léniniste » ; les trotskystes de la « IVème Internationale » expliquaient que les « anti-impérialistes » étaient trotskystes sans le savoir, Ludo Martens théorisait la même chose en version « marxiste-léniniste. » Ludo Martens a d’ailleurs été le dernier étranger à voir le fasciste coréen Kim Il Sung avant la mort de celui-ci, en 1994 ; après avoir critiqué Cuba dans les années 1970, le PTB est devenu pro-cubain de fait, puis pro Hugo Chavez, pro Evo Morales etc. Aux yeux de Ludo Martens, il n’y avait au fond aucune différence entre « pro chinois », « pro albanais » et « pro cubain. » Pour réussir cette « synthèse » révisionniste, Ludo Martens a publié « Un autre regard sur Staline », où Staline est décrit comme une sorte de super-administrateur parfait, qui par conséquent devrait être la seule référence commune. Cette position de Ludo Martens, de type « front anti-impérialiste » pseudo « stalinienne », a été durant les années 1980 le principal fer de lance international contre l’exigence scientifique d’un parti maoïste centralisé et menant la guerre populaire. Il n’est pas difficile de voir comment en France cette idéologie « anti-impérialiste » s’est largement répandue, par l’intermédiaire des « marxisme-léninistes » qui ont toujours eu le regard tourné vers le PTB et ses « succès. » Une structure comme le ROC-ML, qui propose la défense de Staline et la mise de côté du reste (Mao Zedong, pro-Cuba, etc.), dit exactement la même chose que le PTB d’alors. De la même manière, les « anti-impérialistes » revendiquent un même « front mondial » qui serait, par nature et automatiquement, « révolutionnaire. » Pire, la conception des « marxistes » non maoïstes en France est que le Parti ne doit pas être un Parti de science, mais une organisation poussant à la lutte. C’est une conception du Parti comme « bras armé » du populisme ; c’est une conception totalement opposée au léninisme. Le PCMLM est issu en partie du refus du PTB et d’un parti « marxiste-léniniste » sur une base aussi large que non scientifique ; le PCMLM n’a jamais capitulé et cédé devant l’exigence du travail théorique marxiste-léniniste-maoïste, exigence niée par les populistes et autres pragmatiques – machiavéliques. ** La révolution ne passe pas par une organisation « de lutte », mais une avant-garde assumant le futur sur tous les plans, étudiant scrupuleusement la société française, de manière totalement scientifique, pavant la voie aux luttes de classes par la confrontation avec ce qui est ancien et doit être dépassé. Dans les années 1980, la lutte des Cellules Communistes Combattantes a échoué sur cet écueil qu’est la question scientifique, le militarisme prenant le pas sur l’idéologie et des analyses scientifiques systématiques. Les « CCC » ont été des urgentistes et leur démarche s’est développée en dehors du principe central de construire le Parti Communiste. Les CCC ont pensé – tout comme les Brigades Rouges (seconde position) devenues UdCC et le PCE(r) / GRAPO – avoir trouvé la « méthode décisive » (ici : la lutte armée). En réalité, il fallait chercher la synthèse complète, la critique totale – la substance idéologique : le marxisme-léninisme-maoïsme adapté aux conditions concrètes du pays. Cependant, la lutte des CCC avait le mérite de la dignité du réel ; le PTB lui n’a jamais été qu’un obstacle idéologique et pratique à la diffusion de l’esprit de confrontation avec la bourgeoisie et son État en Belgique. Articles liés ------------------------------------------------- * Souligné par moi Gorki ** idem Vous pouvez retrouver cet article ici |
zorba |
gorki |
Alex |
![]() 2 - Comment analysez vous la période "stalinienne" de l'URSS ? bien à vous. |
gorki |
![]() Maintenant deux ou trois questions… ![]() ![]() ![]() ![]()
Ha ! ouais rien que ça ! ça part mal ! ![]() Sauf à vous être laissé porter par un manque évident de modestie, ou à chercher à vous avancer pour un poste au polit bureau dans le futur parti que vous appelez de vos vœux, vous entendez quoi par là ?
C’est justement là ou le bas blesse l’URSS et la chine et l’Albanie ne se sont pas transformées en leur contraire mais ont suivi chacun différemment un lent et long processus de dégénérescence de la lutte pour la transformation de ceci en cela. C’est Lénine lui-même qui disait, qu’il n’était pas possible de savoir à court long et moyen termes qui allait triompher du socialisme ou de capitalisme. Par contre pour comprendre les tenants et les aboutissant de cette dégénérescence de cette lutte, il est une chose qu’il a souvent affirmé différemment dans ses œuvres, qui est comme vous le répondait Xuan : « Ce qui me semble essentiel dans la création du parti communiste c’est l’appartenance de classe de ses adhérents… juste je vais oser un petit rectificatif, en parlant plutôt moi de : l’appartenance de classe de ses militants et plus fondamentalement de celle de ses dirigeants. Voila la première vraie leçon à tirer du passé, et celle là elle s’étudie pas dans les livre elle c’est révélée dans la pratique. A+ ![]() ![]() |
Alex |
![]() l'étudier la "théorie des 3 mondes", c'était peut être bien. mais comme tu le signales l'erreur droitière fut commise ... Idem pour les élections. Le PCF a fait de lourdes erreurs en particulier après guerre, Thorez et sa clique étaient déjà très imprégnés de révisionnisme, la bascule totale se fit lors de l'adhésion des "thèses" du 20ième congrès du PCUS. Le PCMLF avait inscrit sa liquidation dans ses pratiques et ses - comme tu dis --- "erreurs" à répétition - depuis longtemps. Dans les régions - et peut être pas à Paris, nombre de camarades furent exclus sans discussion - Ce fut là l’œuvre essentielle de Quarante et Granot - et sur l'ordre de qui agissaient ils ainsi ? Il ne fut pas question ici de centralisme démocratique ( Suzanne Marty en savait long là-dessus et j'ai beaucoup discuté avec elle de cette période) Je fis partie avec mes camarades de ces charrettes d'exclus qui servirent à protéger la prolifération de fait des éléments petits bourgeois. Dés lors le parti ne pouvait que mourir. Et bien d'accord avec toi que nous avons raté une opportunité extraordinaire avec la destruction du PCMLF. Mais la direction ne fut pas à la hauteur. Elle ne contrôlait pas les agissements d'une poignée d'hommes d'appareil alliés à un marais de petits bourgeois issus de l'ujcml qui virent là l'occasion de réaliser leur rêve de ...."démocratie". Et la ligne chinoise induit des attitudes politiquement incorrectes. On connait hélas le résultat ! Amitiés |
Xuan |
![]() Je ne suis pas d’accord avec toi sur la théorie des trois mondes. Etudier cette thèse parfaitement juste à l’époque n’impliquait nullement la mise en œuvre d’une ligne opportuniste envers la bourgeoisie française. Jacques Jurquet a reconnu l’erreur droitière due à une interprétation non dialectique et non prolétarienne de la thèse des trois mondes, erreur traduite tout particulièrement dans le meeting avec Renouvin. On peut retrouver ces documents mis en ligne sur le site des Editions Prolétariennes. En ce qui concerne les élections, personne dans le parti n’a laissé croire aux masses qu’elles seraient un moyen de transformer la société. L’erreur qui a été commise à cette époque est de ne pas avoir associé avec suffisamment de netteté les socialos et les révisionnistes avec le reste de la bourgeoisie, de sorte que nos électeurs n’ont pas toujours compris notre abstention au second tour. Pourtant celle-ci était parfaitement naturelle dans notre optique parce qu'il était exclu de faire des élections un quelconque moyen de transformer la société. Ceci m’amène à une autre réflexion. Evidemment on ne reviendra pas en arrière, mais il faut songer à distinguer un parti qui commet des erreurs et qui est capable de rectifier sa ligne et un parti définitivement bourgeois dans sa ligne et son organisation . Dans le passé le P C F a commis des erreurs et il les a rectifiées jusqu’à ce que le ligne révisionniste l’emporte définitivement. Tous les partis communistes ont commis des erreurs de droite ou de gauche, c’est une loi de la société divisée en classe. Ce n’est pas cela qui les condamne mais l’incapacité à les rectifier. Le PCMLF a été créé parce qu'il était impossible de rectifier la ligne du parti révisionniste et que les militants qui s'y opposaient s'en faisaient systématiquement exclure. Par contre la liquidation du PCMLF a été aussi grave que les dérives opportunistes qui l’ont emporté, car l’existence d’un parti où la lutte de ligne se poursuit permet de résoudre ces contradictions à l’aide du centralisme démocratique tant qu’il existe et que les militants ne se font pas exclure sans débat, ce qui n'était absolument pas le cas. Or la liquidation du parti interdit la résolution des contradictions et aboutit à la destruction du parti, ce dont nous souffrons maintenant depuis plus de trente ans. Le Parti communiste est l’arme fondamentale de la classe ouvrière. Sans lui on n’arrive à rien. Si le nouveau parti communiste devait être détruit dès qu’un « vent opportuniste » s’y manifeste, disons tout de suite qu’il n’y aura jamais de parti. Telle est une des leçons fondamentales qu’il faut tirer du passé. |
Alex |
![]() voyant le "vent venir", puis qu’à l'époque nous étudions "la théorie des 3 mondes" et "de la démocratie nouvelle", vent opportuniste de mon point de vue (et d'autres), j'avais fait le nécessaire pour couper ce qui devait l'être de l’appareil du parti. La ligne sur les élections ( je connais mes classiques !) n'était pas correcte. Rien ne justifiait à l'époque ( et encore moins maintenant) de laisser croire aux masses que les élections fussent un moyen MÊME MINIME de changer quoi que ce soit. La suite pour le Parti on la connait ( et tu le décris très bien toi même !) Ainsi ce furent des causes internes ( petite bourgeoisie au pouvoir dans le parti ( rôle plus que trouble de Quarante dans l'appareil), et les causes externes : la ligne internationale du PCC qui achevèrent le travail qu'avaient entamés Marty, Bergeron, Jurquet et les autres .... Dommage. Mais le communisme c'est la vie. Et nous avons désormais une expérience de plus .... en négatif. Le positif est devant. Amitiés |
Xuan |
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L’adhésion massive de l'UJCML (ex UEC) juste après 1968 est une des causes essentielles de l’échec du PCMLF. Beaucoup se sont rapprochés du PCMLF uniquement sur la base de l'adhésion à la révolution culturelle mais n'avaient pas coupé les ponts avec leur milieu d'origine. Leur opposition au révisionnisme ne signifiait pas une adhésion à l'idéal communiste et encore moins à l'idéologie prolétarienne. Il ne faut pas oublier que mai 68 a été une sorte de boite de Pandore d'où sont sortis, en même temps qu'un immense espoir et la confiance inébranlable dans le pouvoir des masses en mouvement, tous les vieux démons de l'anarchisme revisité à la mode "mao", spontex, libération sexuelle, etc. Les ouvriers membres du PCMLF se défiaient d’ailleurs de l'envahissement d'éléments étudiants, généralement issus des classes moyennes et normalement promis à un bel avenir. L'interdiction du PCMLF a été d'une certaine manière positive puisque la création des "comités de défense de l'Humanité Rouge" a permis d'organiser des sympathisants sans les faire adhérer d'office au parti. Mais cela n'a pas suffi. Ce qui me semble essentiel dans la création du parti communiste c’est l’appartenance de classe de ses adhérents. En ce qui concerne la participation à des élections, ce n'est pas une question de principe pour le communistes. Je te rappelle que le PCMLF n'a pas participé officiellement à des élections et que celles-ci ne constituaient qu'une tribune puisque Jacques Jurquet avait pu s'exprimer à la TV. Dans ce cas il n'était absolument pas question d'électoralisme puisqu'au second tour les marxistes-léninistes ne se désistaient pas. L'UOPDP présentant des candidats communs avec le PCR(ml) aux législatives de 1977 montra que nous commencions à avoir une petite audience auprès des masses, mais beaucoup de nos électeurs ne comprirent pas pourquoi nous n'avions pas reporté nos voix sur les candidats "de gauche". Notre campagne n'avait certainement pas été assez claire et cela préfigurait certainement la dérive opportuniste qui suivit, où le PCMLF fut carrément balayé par le vague rose . |