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Xuan
Sur l'ingérence et la mentalité de parti père


Cette manière de suggérer voire soutenir à l'étranger tel ou tel groupe et telle ou telle personnalité désignés par lui comme le plus marxiste-léniniste, sans égard pour la situation concrète réelle et sans aucun respect pour l'indépendance des marxistes-léninistes du pays, apparaît à des époques et des circonstances différentes.
Mais sur le fond Grippa a poursuivi un comportement qui n'est pas conforme aux relations entre partis et organisations marxistes-léninistes.

_________________


Sur la critique de la pensée mazedong


On voit dans "critique de la ligne anti-maoïste de Grippa par des membres de son parti présents à Pékin durant la GRPC - 1967"...qu'il a d'abord salué la GRPC, puis l'a dénoncée notamment dans sa critique de l'URSS.

Voici ce que Jacques Grippa a dit à l’Université Libre de Bruxelles, le 19 octobre 1966 :

« C’est un nouveau mérite du camarade Mao Tsé-toung d’avoir développé cette conception marxiste-léniniste en analysant précisément – et notamment sur la base de l’expérience de l’Union Soviétique – les leçons de la Révolution Prolétarienne de la dictature du prolétariat en montrant comment la lutte des classes continue, ne s’éteint pas après la prise du pouvoir ».

Mais en juillet 1967, le même Grippa déclare au cours d’entretiens particuliers ou de réunions de cadres du P.C.B. :

« Ce phénomène de destruction (il parle de la Révolution Culturelle) est le reflet de l’idéologie petite bourgeoise de la paysannerie et cette révolution a les caractéristiques de l’inconséquence de la limitation inévitable du processus révolutionnaire.
A la lumière des événements qui se déroulent à l‘heure actuelle en Chine, il est nécessaire de revoir si l’analyse du Kominterm sur Mao Tsé-toung n’était pas exacte. En tout cas, son œuvre qui manque d’analyse économique et reste abstraire a pu causer de grands torts à la révolution dans certains pays. Des textes, comme « La Démocratie Nouvelle » sont à la base de revers momentanés subis par certains pays.
En ce moment précis on peut se demander encore s’il s’agit du véritable Mao Tsé-toung et non d’un sosie qui agirait au nom d’un homme mort ou malade au point de ne plus pouvoir paraître en public » !!!


dans un mémo en mai 1967 :

« Il semble que depuis un certain nombre de mois le développement de la lutte de la grande Révolution Culturelle Prolétarienne s’écarte sensiblement des buts et moyens définis dans cette révolution, à un point tel qu’il s’agit d’une dénaturation.

N’y a-t-il pas eu dénaturation par l‘interprétation falsificatrice d’indications justes de la déclaration en seize points pour mener une attaque contre le Parti, pratiquer une pseudo-critique mais viser en réalité à la destruction de l’Etat de Dictature du prolétariat et du Parti, en attaquant inconsidérément et calomnieusement des dirigeants du Parti, en divisant la direction révolutionnaire du Parti, en provoquant artificiellement des contradictions et en rendant antagonistes par diverses manœuvres afin d’affaiblir et éventuellement détruire cette direction révolutionnaire …



Si on tient compte des excès réels de la GRPC (à supposer qu'ils soient apparus dès 1967 ce qui n'est pas du tout certain) certaines de ses critiques méritent la réflexion.
Mao Zedong avait lui-même mis fin à la révolution culturelle et ces critiques ont été formulées ensuite par le PCC lui-même dans son autocritique de 1981.

Par contre le texte « La Démocratie Nouvelle », issu de l'expérience de la lutte armée, du front uni anti japonais et fondement théorique de la victoire du PCC, ne peut pas servir à expliquer la défaite d'autres partis communistes, notamment le massacre de 500 000 militants du PKI en Indonésie en 1965, par Soeharto.
Pour en juger il faudrait comparer la manière dont le PKI a établi l'alliance et la lutte avec le Parti National Indonésien et Soekarno.

Le PCC avait lui-même établi une alliance étroite avec le Kuomintang, jusqu'à ce que Tchang Kaï Chek massacre les communistes chinois en 1927 suite à une tentative d'insurrection à Shanghai.
Mao avait alors dirigé la longue marche, constitué des bases rouges et essuyé plusieurs campagnes d'encerclement et d'anéantissement de Tchang Kaï Chek.
Face à l'invasion japonaise le PCC avait de nouveau réalisé l'alliance avec le Kuomintang, mais dans des circonstances très différentes, puisque le PCC avait constitué une armée populaire. Après la prise du pouvoir le "gouvernement de coalition" fut dirigé par le PCC, la bourgeoisie bureaucratique et Tchang Kaï Chek s'était exilés à Taïwan.

Il résulte que "de la démocratie nouvelle" établit le type de révolution dans un pays féodal et colonisé, définit les classes qui peuvent y participer, mais ne rentre pas dans les particularités nationales ni du rapport des forces entre la bourgeoisie nationale révolutionnaire et celle compradore contre-révolutionnaire, ni de la transformation de l'une en l'autre en fonction des conditions nationales et historiques, et encore moins dans la tactique à déployer dans l'unité et la lutte. Ceci ressort de la responsabilité de chaque parti communiste.
Au contraire, il semble que le PKI ait adopté une stratégie d'alliance très proche avec la bourgeoisie nationale, combinée avec des tentatives d'insurrection. C'est précisément ce qui avait conduit au massacre de Shanghai en Chine.

_________________



Sur la "révolution paysanne" et le "confucianisme"


Grippa a aussi repris la thèse d'Enver Hoxha sur la révolution paysanne et le confucianisme de Mao.

Dans une Chine où 90 % de la population était paysanne, ne pas s'appuyer sur elle aurait été une grave erreur, c'est cette même erreur qui conduisit au massacre de Shanghai.
Par contre Mao s'opposa aux théories sur un communisme agraire.
On remarquera que le site trotskiste matierevolution lui fait un reproche comparable :
"La lettre aux militants trotskystes qu’écrit Trotsky explique que, si l’armée de Mao prend le pouvoir, elle interviendra contre le prolétariat. La politique de Mao n’est pas communiste, ne vise pas au pouvoir du prolétariat, n’a nullement renoué avec Marx ni rompu définitivement avec l’impérialisme et le capitalisme, comme le rappelle son idylle actuelle. Le terme le plus juste sur son régime est celui de bonapartisme bourgeois. Le bonapartisme signifie une dictature militaire qui est populaire et dont l’apparence de force provient de l’équilibre entre deux forces réelles. Ici ces forces sont, d’un côté la bourgeoisie impérialiste et de l’autre le prolétariat".

Sur le confucianisme (Plariste nous en avait fait un roman aussi), Mao a effectivement repris les préceptes confucianistes qui pouvaient servir la révolution, comme "servir le peuple" .
Il n'a pas repris le principe d' immuabilité qui allait à l'encontre de la révolution, puisqu'il a appelé à renverser les montagnes du colonialisme, du féodalisme et de la bourgeoisie bureaucratique. Et son ouvrage philosophique "de la contradiction" explique de long en large les transformations dont les contradictions sont la cause.
La pensée maozedong utilise donc le confucianisme pour parler un langage compréhensible par les masses, mais le fond reste le marxisme-léninisme.

Ces critiques sont donc infondées, elles ne tiennent pas compte de la réalité sociale d'un pays ni de son histoire, mais appliquent mécaniquement le schéma des classes des pays industrialisés, et relèvent de la philosophie idéaliste, qu'on pourrait tout aussi bien rapprocher de la tradition religieuse occidentale.
Xuan
Voici ce texte :
Le 7 octobre [1964], je présentai un nouveau rapport, cette fois exclusivement consacré à notre séjour en Chine populaire. Nous avions appris entre-temps la scission du Gensukyo japonais à l'initiative des Soviétiques, mais nos jeunes militants, ainsi que Castan, Rovini et quelques autres critiquaient le fait que nous apparaissions davantage comme des supporters des Chinois que comme des militants communistes préoccupés des dures conditions économiques et sociales des travailleurs en France. Un certain clivage, non antagonique, se dessina peu à peu entre ceux qui désiraient militer avant tout en faveur de la Chine contre l'Union soviétique, et ceux qui, tout en critiquant cette dernière, entendaient agir surtout sur les questions sensibles aux populations françaises.

Au cours de la discussion suivant mon exposé sur notre voyage en Chine, pendant lequel nous avions aussi rencontré le vieux Maréchal Tchen Yi, le jeune camarade algérien demanda si les camarades chinois pensaient que la Révolution violente était aussi possible en France comme en Algérie ou à Cuba. Je lui répondis que les communistes chinois avançaient une conception de la « zone des tempêtes » , c'est-à-dire essentiellement des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où grondait la révolution, mais qu'ils ne pensaient pas que pour l'instant existait une situation révolutionnaire dans les pays capitalistes d'Europe. J'ajoutai que ce ne pouvait être une raison pour nous croiser les bras et que le devoir de tout communiste en France consistait à soutenir par tous les moyens possibles les justes luttes des peuples du Tiers-monde.

Dès cette époque, dernier trimestre de l'année 1963, fonctionnaient à Marseille des cellules marxistes-léninistes dans plusieurs quartiers : Vauban, Centre-ville, Marseilleveyre, Saint-Gabriel, Saint-Louis et La Blancarde. Chacune avait la directive de compter sur ses propres forces au point de vue financier et fonctionnait comme les structures de base du P.C.F, exigeant des cotisations mensuelles de tous ses adhérents. Elles tenaient des réunions hebdomadaires, en alternant les ordres du jour : une semaine une réunion idéologique, la semaine suivante, une réunion de travail pratique, collage d'affiches, tracts, badigeons, etc... Mais ce que nous voulions consistait à instaurer un style de travail différent de celui des cellules du vieux Parti. Nous exigions de chaque adhérent qu'il ait une activité concrète et ne demeure pas passif.
Nous considérions que les adhérents du P.C.F. se comportaient en général comme ceux des partis sociaux-démocrates, Parti socialiste et autres.

Vis-à-vis des jeunes militants qui rejoignaient nos rangs nous soulignions qu'un communiste marxiste-léniniste devait avoir à lui seul davantage d'activité que cent révisionnistes.
Pour nous la solution résidait dans la force de l'idéologie, la confiance dans notre ligne politique. Il est effectif que de vieux communistes, vieux par leur ancienneté dans les rangs du PCF, comme des jeunes gens qui n'avaient pratiquement jamais milité réagissaient avec enthousiasme envers nos initiatives.

Pour répondre aux exigences sans cesse réitérées des quelques militants de Clichy et de nos camarades albanais, nous finîmes par accepter de nous rendre en délégation à Bruxelles pour une rencontre avec le Parti communiste de Belgique que dirigeait Jacques Grippa. Selon les affirmations de Claude Beaulieu, ce Parti regroupait d'ores et déjà le quart des effectifs du vieux Parti révisionniste belge. Il publiait un périodique bien présenté Le Drapeau rouge.
Je fus chargé de conduire cette délégation, accompagné de François Marty, de Perpignan, Robert Thiervoz, de Grenoble, Marcel Juliot de Marseille et, sauf erreur de mémoire, de Régis Bergeron, de Paris.

Jacques Grippa ne nous accueillit pas lui-même. L'un de ses représentants nommé Morenhoot eut charge de nous présenter un exposé général sur les activités du P.C.M.L.B. au siège de leur Comité central, un immeuble imposant. Une rencontre nous fut annoncée pour le lendemain avec le leader de cette formation, qui était, nous dit-on, un ancien membre du Bureau politique du vieux Parti devenu révisionniste. En attendant cette échéance, un militant fut chargé de nous faire visiter la capitale de la Belgique.

Nous avions mis comme condition à l'acceptation de cette rencontre sollicitée depuis longtemps par les camarades belges et albanais que la délégation française soit exclusivement composée de militants de notre Fédération, à l'exclusion de Beaulieu et autres membres du cercle de Clichy qui n'avaient pas notre confiance.

Lorsque nous fûmes introduits dans une grande salle où se trouvait déjà Jacques Grippa, nous fûmes aussitôt frappés par l'absence totale de toute cordialité dans son comportement. Il nous accueillit très froidement, puis nous fit asseoir un peu comme des élèves dans une classe d'établissement scolaire.

Presque aussitôt après entra une délégation soi-disant venue de Clichy et Beaulieu prit place auprès de Grippa. À notre première stupéfaction succéda rapidement la conviction que nous étions tombés dans un piège.

François Marty se montra catégorique : les accords passés pour fixer l'ordre du jour de la rencontre franco-belge étaient violés. Par conséquent nous n'avions plus rien à faire en ces lieux. Nous condamnions de pareilles méthodes. Il s'agissait d'une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures des marxistes-léninistes de France.
En conséquence nous quittâmes prestement cet établissement et nous rendîmes aussitôt à la gare centrale de Bruxelles pour rentrer dans notre pays. À 16 heures, notre train démarra tandis que nous échangions nos commentaires indignés.

Tous nos camarades des cercles déjà constitués approuvèrent ensuite notre attitude et condamnèrent celle du Parti belge et de son curieux dirigeant.

En ce qui me concerne, je commençai à supposer qu'existaient des différences tactiques entre les Partis Albanais et Belge d'une part, et le Parti communiste chinois d'autre part. Mais, dans ma pensée, je n'allais pas encore, jusqu'à imaginer qu'il puisse s'agir de divergences fondamentales ou de rivalités pour assumer la direction internationale du mouvement marxiste-léniniste. De toutes façons, je n'en dis absolument rien à qui que ce soit, je conservais cette impression au fond de moi comme un secret. Ou plus exactement, comme une inquiétude
.
Xuan
Je n'avais pas repris la phrase de wikipedia " Le Parti communiste chinois le chargea d'organiser les marxistes-léninistes européens. ", je ne sais pas jusqu'à quel point elle reflète la réalité. La Chine a toujours été opposée à la mentalité de parti père et à l'intervention chez les autres, c'est ce qu'elle avait reproché à Staline.
Et surtout l'expérience de la colonisation avait vacciné les communistes chinois contre ces procédés.

Les chinois ont clairement soutenu les organisations ml en Europe, en les reconnaissant comme partis frères et en invitant leurs dirigeants en Chine.
Mais d'après Jacques Jurquet, si on relit sa description du déroulé des faits, ce n'est pas le PCC qui voulait précipiter la constitution d'un parti communiste mais le PTA.
Le chapitre 14 du texte cité en dit plus long, j'y reviendrai.


Edité le 17-04-2021 à 07:18:04 par Xuan


Finimore
Concernant Grippa, voir sur le site :
https://vivelemaoisme.org/?s=Grippa
et : https://vivelemaoisme.org/category/documents-politiques/la-bataille-anti-revisionniste-en-belgique/parti-communiste-de-belgique-grippa/
Finimore
Sur wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Grippa
"Jacques Grippa sera le premier et le principal leader maoïste en Belgique et en Europe. Le Parti communiste chinois le chargea d'organiser les marxistes-léninistes européens.
Le 22 décembre 1963, Jacques Grippa, avec d'autres dissidents communistes belges, fonde le Parti communiste de Belgique. Il a 500 adhérents. Il se dote d'un hebdomadaire, la Voix du peuple, et ouvre une librairie à Bruxelles, Le Livre international. Le PCB sera le tout premier parti marxiste-léniniste pro-chinois, ou maoïste, d'Europe. Il ouvre rapidement des locaux dans toute la Belgique. En 1964, Grippa sera reçu avec les honneurs à Pékin par Mao Zedong en personne, puis par Kim Il Sung à Pyong Yang2.

Contrairement à la plupart des mouvements maoïstes, le PCB se présente aux élections. Ses campagnes électorales sont marquées par de nombreuses bagarres, le plus souvent avec des militants du PCB pro-soviétique2.

En 1967, le gouvernement chinois met brutalement fin à son soutien à Jacques Grippa. Le PCB-Pékin (surnom du PC de Grippa) implose et un nouveau Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique (PCMLB) apparaît.

À partir de 1968, Jacques Grippa défend les positions de Liu Shaoqi, l'ancien président du Parti communiste chinois écarté du pouvoir par Mao Zedong. Jacques Grippa poursuivra son combat, mais avant sa mort il se rapprocha, après une tentative avortée en direction du Parti du travail de Belgique (PTB), du Parti communiste de Belgique resté prosoviétique.
En 1979, Grippa se serait présenté au siège du Parti Communiste belge pro-soviétique, et aurait demandé sa réintégration. Il aurait alors fourni une lettre de recommandation émanant de l'ambassade soviétique à Bruxelles. Cet événement a accrédité la thèse suivant laquelle Grippa aurait été dès le départ un agent de Moscou, infiltré tout en haut de la pyramide pro-chinoise, pour pouvoir mieux la saboter2.

En France, le courant « grippiste » a été représenté de 1965 à 1976 par le Centre marxiste-léniniste de France."
Finimore
Xuan a écrit :

A propos de l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France, afin de nous aider à avancer , je rappelle qu'elle n'est pas conforme au principe d'indépendance des partis communistes et qu'elle constitue une ingérence inacceptable dans nos affaires, et cela quelles que soient les intentions des communistes belges, aussi louables soient-elles.


Il semble que "l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France" soit du passé (en fait dans les années 90 et début 2000). Elles s'explique par l'état des organisations ML en France. Quand le PTB organisait des séminaires communistes internationaux il avait raison.
Ceci dit tu as mille fois raisons concernant le principe d'indépendance des partis ML.

Xuan a écrit :

[g][#800000]Je rappelle un épisode qui s'est déroulé en février 1965, relaté par Jacques Jurquet dans "à contre-courant" chapitres 6 et 7 : l'affaire Grippa.


Cet épisode est intéressant (tu fais bien de le rappeler), mais dans un contexte différent des années 90-2000.
Concernant Grippa il serait intéressant de savoir ses positions concernant la Chine et la GRCP.
Xuan
A propos de l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France, afin de nous aider à avancer , je rappelle qu'elle n'est pas conforme au principe d'indépendance des partis communistes et qu'elle constitue une ingérence inacceptable dans nos affaires, et cela quelles que soient les intentions des communistes belges, aussi louables soient-elles.

Je rappelle un épisode qui s'est déroulé en février 1965, relaté par Jacques Jurquet dans "à contre-courant" chapitres 6 et 7 : l'affaire Grippa.


- Chapitre 6 -


[...] Deux nouvelles inattendues m'incitèrent à une réflexion approfondie. Un camarade belge avait participé à la réunion des étudiants en indiquant qu'il était envoyé par les marxistes-léninistes de Belgique, apparemment beaucoup plus développés organisationnellement et politiquement que nous-mêmes.
Par ailleurs, R. avait été reçu à la Légation albanaise, rue de la Pompe. Tous les diplomates albanais étaient membres du Parti du Travail d'Albanie. Ils lui dirent qu'ils étaient au courant de notre activité à Marseille et nous incitaient à suivre de très prés la préparation du XVIIème Congrès du Parti communiste français. Ils pensaient que la lutte anti-révisionniste en France serait plus difficile que dans d'autres pays comme par exemple la Belgique. Ils proposèrent d'étudier les possibilités d'édition d'un journal, ajoutant aussitôt que La Voix du Peuple publiée en Belgique était prête à passer des articles émanant d'organisations françaises
.[...]

- chapitre 7 -


Les 15 et 16 février 1964, se tinrent deux réunions décisives pour la suite du développement du mouvement marxiste-léniniste en France.

Par l'intermédiaire de R., les camarades de Clichy avaient fait savoir qu'assisteraient à cette rencontre un camarade belge dont on ignorait l'identité et un camarade albanais. Cette perspective avait soulevé une discussion passionnée dans les rangs du cercle de Marseille. En ce qui me concernait, j'appuyai à fond le point de vue du représentant de Perpignan, le camarade François Marty, je ne comprenais pas l'insistance des parisiens à recevoir un Belge, cette exigence assez frénétique m'intriguait. Finalement, j'acceptai le principe de la présence d'un observateur albanais, quoique sans enthousiasme. Par contre il fut décidé de ne pas accepter le Belge. Nous devions comprendre par la suite que cette opposition avait entraîné l'absence de l'Albanais.
Le premier jour se réunirent donc deux représentants de Clichy, (Beaulieu et D.), deux du quartier latin (M. et W.), un de Perpignan (François Marty) et quatre délégués de Marseille (Coste, R., F. et Jurquet).

« Ici j'informe les lecteurs que dans l'ensemble de cet ouvrage je serai obligé de ne mentionner certains patronymes que par leurs initiales. Pour des raisons professionnelles, familiales ou autres, les personnes concernées m'ont demandé d'agir ainsi, ou, dans certains cas, j'en ai pris moi-même la décision. »

A Beaulieu qui d'emblée protesta contre le refus de recevoir le camarade belge et assura que les camarades albanais étaient du même avis, Coste rétorqua que notre organisation n'était pas encore assez étendue, ni suffisamment stable et unifiée pour prévoir des rencontres internationales.
Je soutins Coste en affirmant que notre réunion n'était pas une conférence, mais seulement une prise de contacts. J'ajoutai qu'en ce qui concernait l'absence du représentant albanais, l'avenir nous permettrait certainement de savoir pour quelle raison il n'était pas venu à Marseille. De toutes façons, en mon for intérieur, je n'étais pas disposé à accepter que qui que ce soit nous impose nos décisions de l'extérieur de nos rangs.

La discussion sur ces questions de présence ou d'absence s'éternisa, M. mangea le morceau en déclarant que les Parisiens étaient mieux placés dans la capitale pour entretenir des liaisons avec les camarades étrangers. Dans les propos de Beaulieu étaient apparus les noms de deux dirigeants belges qu'il avait déjà rencontrés, Jacques Grippa et René Raindorf, cadres du vieux Parti communiste belge à des niveaux élevés.
François Marty déclara qu'il était préférable que nous discutions d'abord entre nous et qu'ensuite on verrait mieux ce qu'il conviendrait de faire.
A ce moment-là, Beaulieu proclama que la direction du Comité de Marseille pour l'ensemble des cercles était désormais remise en question.
[...]


On retrouvera Beaulieu dans le CMLF, appelant à voter pour Charles De Gaulle contre Mitterrand en 1965. La manœuvre consistant à placer la direction du mouvement ml en France sous l'autorité des dirigeants belges, cautionnée voire initiée en sous-main par le PTA, aurait servi à faire du parti ml un appendice de la bourgeoisie.
L'interventionnisme gauchiste, prétendument destiné à faire avancer plus vite un mouvement arriéré , s'avérait en fait un opportunisme de droite.
Cette attitude rappelle aussi le style du parti père répandu dans le mouvement communiste international, et qui favorisa sa division lors de la trahison de Khrouctchev.


Note : Membre de la direction bruxelloise du Parti communiste de Belgique (PCB) dans les années 1930, Jacques Grippa fut l'un des dirigeants de la Résistance, arrêté par les nazis et torturé au fort de Breendonk.
En 1963, il est exclu du PCB pour avoir soutenu Pékin contre Moscou lors de la rupture sino-soviétique. Maurice Massoz, Maurice Delogne et René Raindorf sont aussi exclus et sont rejoints par de nombreux membres de la fédération bruxelloise du PCB.

En 1979, Grippa se serait présenté au siège du Parti Communiste belge pro-soviétique, et aurait demandé sa réintégration. Il aurait alors fourni une lettre de recommandation émanant de l'ambassade soviétique à Bruxelles. Cet événement a accrédité la thèse de Christophe Bourseiller suivant laquelle Grippa aurait été dès le départ un agent de Moscou, infiltré tout en haut de la pyramide pro-chinoise, pour pouvoir mieux la saboter.


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Une remarque à propos d'une longue controverse. Tu as signalé dans le premier post que certaines organisations rejetaient Mao.

Il faut rappeler dans l'effacement et les divisions du mouvement ml la controverse sino-albanaise.
A la mort de Mao Enver Hoxha a écrit "Mao Tsetung, en tant que penseur et philosophe, en tant que dirigeant démocrate révolutionnaire du peuple chinois, est une personnalité historique, mais l'histoire et l'analyse marxiste-léniniste de la situation en Chine expliqueront que s'il était un philosophe avec une large culture, il n'était pas un marxiste-léniniste. Il a été profondément influencé par la vieille philosophie chinoise de Confucius, etc., et en tant qu'éclectique qu'il était, il n'a introduit le marxisme-léninisme dans son travail que sous la forme de principes et d'idées mutilés.
C'est précisément son éclectisme philosophique qui a fait de Mao ce que l'on peut appeler un modérateur des différents courants qui ont existé continuellement en Chine, qu'il a permis, encouragé et mis en «collision» prétendument dialectique. Cependant, l'activité d'un modérateur pouvait influencer pour le bien ou pour le mal, mais dans tous les cas, une telle chose ne pouvait fonctionner que tant que Mao lui-même était en vie. Maintenant, il est mort. La Chine restera-t-elle rouge, et ce rouge sera-t-il transformé en un véritable rouge ardent, révolutionnaire, marxiste-léniniste?"


L'histoire a tranché qu'après la mort de Mao la Chine la Chine continue d'opposer le socialisme à l'impérialisme, tandis que l'Albanie socialiste n'existe plus. Mais la polémique s'est poursuivie sans tenir compte de ces faits.
Les accusations d'Enver Hoxha ont définitivement brisé l'unité des marxistes-léninistes, renforcé l'esprit de liquidation, détruit la première tentative de reconstruire un parti communiste, et plombé pour des décennies toute tentative dans ce sens.

L'offensive albanaise gauchiste s'est conjuguée à celle anti communiste de la social-démocratie "de gauche" qui a infiltré le PCMLF.

Certains groupes, dont Vincent Gouysse, ont repris les positions d'Enver Hoxha sur le "révisionnisme de Mao Zedong" , ou bien ont reporté sur la critique de révisionnisme sur Deng Xiaoping, par exemple en lui attribuant la paternité de la théorie des trois monde ou en qualifiant la réforme de révisionniste , qu'il opposent de manière antagonique à la pensée maozedong.
La ligne de non ingérence dans les affaires intérieures des autres pays a été qualifiée de complaisance pour l'impérialisme voire de soutien.
Pour une bonne part de ces groupes ml la Chine est devenue capitaliste et impérialiste.
La conséquence immédiate est que dans la lutte anti impérialiste et anti hégémoniste, ils ne prennent pas position, mettent tout le monde dans le même sac, et finalement ils ne s'opposent pas à l'hégémonisme US, dernier pilier de l'impérialisme mondial.
Ces groupes sont figés dans une interprétation du monde où la lutte anti impérialiste n'existe plus et où la seule contradiction oppose la bourgeoisie au prolétariat.

Paradoxalement le groupe Parti Révolutionnaire Communistes de Perlican, qui n'est pas issu de la controverse sino-soviétique mais s'apparente plutôt au troskisme et s'oppose à la Chine socialiste qu'il désigne comme un pays capitaliste, est plus offensif contre l'hégémonisme US en dénonçant le danger de guerre à cause du bellicisme des USA et de l'OTAN en Ukraine
Etonnamment ce groupe dénonce davantage les USA face à la Russie que face à la Chine.


Edité le 16-04-2021 à 23:25:50 par Xuan


Finimore
De AMADA-TPO en 1973 au PTB en 1979
https://www.youtube.com/watch?v=Y39XhvBvkXU&t=131s
Histoire présentée par les cadres du PTB : Kris Merckx et Michel Mommenrency
Le 28/03/2000 cic Bxl
Enregistrements à l’occasion des Mémoires de Julien Versteegh ULB et Damien Robert UCL sur l’Histoire du PTB PVDA TPO
Finimore
Un jour dans l'info: 12 mars 1976, l'étrange cas du docteur Merckx
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_un-jour-dans-l-info-12-mars-1976-la-creation-du-ptb?id=10260285

Hélène Maquet & Bertrand Henne
Publié le mercredi 03 juillet 2019 à 10h14

Nous sommes en 1976, à Hoboken, la banlieue industrielle d’Anvers. Un médecin soigne les ouvriers. On l’appelle le missionnaire rouge. La justice le soupçonne d’être un déséquilibré et ordonne une expertise psychiatrique. Ce médecin c’est Kris Merckx, un des fondateurs du PTB, le parti du travail de Belgique.
À 31 ans, Kris Merckx a fondé la première maison médicale de médecine pour le peuple. Avec quelques autres étudiants, il fonde l’ancêtre du PTB, AMADA, Alle Macht Aan De Arbeiders : " Tout le pouvoir aux ouvriers ". Un parti maoïste issu de mai 68 et qui tient une ligne révolutionnaire dure. Ces médecins communistes attirent une équipe de la RTBF et Josy Dubié à Hoboken…

Une série réalisée avec l'aide de Sonuma. Récit Bertrand Henne et Hélène Maquet. Recherche d'archives Martine Plenus. Création sonore Jeremy Bocquet




Edité le 01-04-2021 à 09:59:32 par Finimore


Finimore
Il était une fois le PTB
Un demi-siècle de marxisme en action

mai 2018

https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/pvdaptb/pages/1907/attachments/original/1549284691/2018_Il_%C3%A9tait_une_fois_le_PTB.pdf
 
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