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Eric
Pour ceux qui veulent voir le défilé en entier .
Même dans la Russie capitaliste çà fait toujours plaisir de voir des drapeaux rouges ornés de la faucille et du marteau ( relégués depuis longtemps aux oubliettes par le P "C " F .

https://www.youtube.com/watch?v=Mkz7WlR2ld8
Finimore
sur http://www.cpcml.ca/francais/Lmlq2015/Q45023S.HTM#1

70e anniversaire de la victoire
sur le fascisme en Europe

Le complot anglo-américain contre la paix
• Opération Sunrise
- Dougal MacDonald -
• Acte de reddition signé à Reims
- Yuriy Rubtsov -
• L'incident de Berne ou la fin de la coalition anti-Hitler
- Yuriy Rubtsov -

Rétablissons les faits
• Un concours d'absurdité autour du Jour de la Victoire
- Yuriy Rubtsov -
• La réécriture de l'histoire sur la question du Jour de la victoire en Europe
- Workers' Weekly -
• La communauté internationale doit préserver les acquis
de la victoire contre le fascisme
- Zhu Junqing -
• Discours de Samantha Power sur le siège de Leningrad:
le comble du cynisme
- Maria Zakharova -
• Ce qui n'a pas été dit
- Éditorial de Radio Havana Cuba du 5 mai 2005 à l'occasion
du 60e anniversaire de la libération de l'Europe -

Récits de la libération de l'Europe du nazi-fascisme
• La Russie publie un ouvrage en douze volumes
sur la Grande Guerre patriotique
• Le coût économique de la victoire soviétique dans
la Grande Guerre patriotique
- Valentin Katasonov -
• Les réparations pour la Deuxième Guerre mondiale:
l'offre généreuse de Staline
- Valentin Katasonov -
• Allemagne: la mémoire nationale et la Deuxième Guerre mondiale
- Natalia Meden -
• Dresde et Poznan: deux façons de faire la guerre
- Yuriy Rubtsov -
Xuan
Sur le blog de Berruyer les crises : l'intervention de BHL le 16 avril 2015 au colloque « La Seconde Guerre mondiale dans le discours politique russe » .

BHL part bille en tête contre l'effondrement des 30 ans de mensonges anti communistes et impérialistes dont il a été un des promoteurs. L'oeuvre de toute sa vie part en couille, un grand moment dans l'histoire mondiale de la falsification.


Edité le 11-05-2015 à 00:00:09 par Xuan


Xuan


Une phrase de Staline, dans l'avant dernier post, devrait nous inviter à réfléchir sur la situation actuelle et sur la politique particulièrement belliqueuse de l'impérialisme français :

"Et le groupe de pays capitalistes qui s’estime le moins pourvu en matières premières et en débouchés, tente ordinairement de modifier la situation et de repartager à son profit les « sphères d’influences », en employant la force armée. Il en résulte une division du monde capitaliste en deux camps ennemis, et la guerre entre eux."
Finimore
LE RÔLE DE L’URSS DANS LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE (1939-1945)

par Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, Paris 7
Mai 2015

Deux ans après sa victoire sur la Wehrmacht et le nazisme, la « Guerre froide »
officiellement installée, l’Armée rouge, chérie de tous les peuples européens depuis juin 1941,
passa chez ceux de l’« Ouest » pour une menace1. Aujourd’hui, l’historiographie française, sa
mutation pro-américaine vieille de trente ans achevée, voue l’URSS aux gémonies tant pour la
phase du pacte de non-agression germano-soviétique que désormais pour celle de la « Grande
guerre patriotique ». Nos manuels, assimilant nazisme et communisme, surenchérissent sur les
historiens d’Europe orientale recyclés à l’Ouest. Les grands médias, qui encensent « les
historiens du consensus »2 à l’« « esprit dégagé de tout sectarisme »3, ont transformé le
débarquement « américain » (anglo-américain, Commonwealth inclus) du 6 juin 1944 en
événement militaire décisif. Martèlement efficace. Les sondages IFOP sur la contribution
respective de l’URSS et des États-Unis à la conduite militaire de la Deuxième Guerre
mondiale ou « à la victoire sur les nazis » se sont, entre mai 1945 et mai 2015, strictement
inversés : 57% pour l’URSS à la première date (20% pour les États-Unis); 54% pour les États-
Unis aujourd’hui, et jusqu’à 59% chez les moins de 35 ans4, victimes prioritaires de la casse
de l’enseignement de la discipline historique.
Cette inversion politique consacre le double triomphe, en France, de l’hégémonie
américaine et d’une russophobie obsédante depuis 1917, limitée pendant plusieurs décennies
par l’existence d’un parti communiste puissant et présent sur le terrain de l’histoire mais
considérablement accentuée par la chute de l’URSS. Elle est sans rapport avec le tableau que
dressent les sources originales du rôle joué par l’URSS dans la Deuxième Guerre mondiale.
DU SABOTAGE FRANCO-ANGLO-POLONAIS DE L’ENTENTE AU PACTE GERMANOSOVIÉTIQUE
Ce que fit l’URSS quand le Blitzkrieg écrasa l’Europe (septembre 1939-mai 1941) a
suscité depuis quelques décennies de nombreux travaux scientifiques, anglophones surtout5.
1 Annie Lacroix-Riz, « 1947-1948. Du Kominform au “coup de Prague”, l’Occident eut-il peur des
Soviets et du communisme? », Historiens et géographes (HG) n° 324, août-septembre 1989, p. 219-243.
2 Diana Pinto, « L’Amérique dans les livres d’histoire et de géographie des classes terminales
françaises », HG n° 303, mars 1985, p. 611-620; citation, Robert Soucy, historien américain du fascisme
français, et Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises,
2012.
3 Le Figaro, 11 janvier 2007, recension d’Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement en Normandie :
Des origines à la libération de Paris 1941-1944, Paris, Seuil, 2007, ouvrage encensé par les médias et les
institutions officielles comme celui niant l’intérêt militaire de la Résistance et omettant sa composante
communiste, Histoire de la Résistance : 1940-1945, Paris, Perrin, 2013.
4 Sondages 1944-1945 et 2004, Lacroix-Riz, « Le débarquement du 6 juin 1944 du mythe d’aujourd’hui
à la réalité historique », http://www.lafauteadiderot.net/Le-debarquement-du-6-juin-1944-du, juin 2014; 7 mai
2015, http://www.metronews.fr/info/sondage-exclusif-8-mai-1945-a-qui-les-francais-disent-ils-merci-pour-lavictoire-
sur-les-nazis/moef!FRK7nFX0GWZds/
5 Geoffrey Roberts, The Unholy Alliance : Stalin’s pact with Hitler, Londres, Tauris, 1989; The Soviet
Union and the origins of the Second World War. Russo-German Relations and the Road to War, 1933-1941,
New York, Saint Martin’s Press, 1995; et surtout, Stalin’s Wars: From World War to Cold War, 1939-1953.
New Haven & London: Yale University Press, 2006, enfin traduit, Les guerres de Staline, Paris, Delga, 2014;
Gabriel Gorodetsky, Soviet Foreign Policy, 1917-1991 : a retrospective, Londres, Frank Cass, 1993 (dont Teddy
J. Uldricks, « Soviet Security in the 1930s »); Michael J. Carley, 1939, the alliance that never was and the
coming of World War 2, Chicago, Ivan R. Dee, 1999 (traduit en français, PU de Montréal, 2001); Hugh
Ragsdale, The Soviets, the Munich Crisis, and the Coming of World War II, Cambridge, Cambridge UP, 2004;
2
Ils renouent en général avec la thèse, solidement établie entre la guerre et les années 1960, des
prestigieux Lewis B. Namier, A.J.P. Taylor (historiens) et du journaliste Alexander Werth6,
père de Nicolas, qui symbolisa autant la russophilie de guerre et d’après-guerre que son fils
incarne la russophobie contemporaine.
La thèse en question est simple et factuelle. L’entêtement franco-anglais, soutenu par
les États-Unis7, dans la politique de capitulation face aux puissances fascistes baptisée
« Apaisement » ruina le projet soviétique, clairement énoncé dès 1933-1934, de « sécurité
collective » des pays européens, de l’Est et de l’Ouest, également menacés par la politique
d’expansion du Reich allemand. Tuant dans l’oeuf les pactes franco-soviétique et tchécosoviétique
(2 et 16 mai 1935), le rejet occidental obstiné de « l’alliance de revers » dont la
Première Guerre mondiale avait démontré l’efficacité aboutit, contre l’URSS, aux accords de
Munich par lesquels, dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, Paris, Londres, Berlin et Rome
dépecèrent la Tchécoslovaquie (par la remise des Sudètes à l’Allemagne dès le 1er octobre
1938). Après l’assaut final, les 14-15 mars 1939 (satellisation de la Slovaquie et annexion de
la Bohême-Moravie), porté par la Wehrmacht contre le moignon de l’ex-principale alliée
officielle de la France, l’URSS isolée fut confrontée au maintien strict, malgré la légende d’un
« tournant » franco-anglais de politique extérieure, d’une ligne laissant au Reich « les mains
libres à l’Est » : cette expression familière à tous les « Apaiseurs », français, anglais et divers
(dont le ministre de la Guerre puis président du Conseil radical Édouard Daladier) fut
couramment utilisée dans les tractations de 1938-1939 entre les ministres des Affaires
étrangères français et allemand, Georges Bonnet et Ribbentrop. L’URSS se résigna à signer le
pacte germano-soviétique du 23 août 1939 qui l’épargnait provisoirement8.
Ainsi s’achevait la mission franco-britannique envoyée à Moscou du 11 au 24 août
1939 pour calmer des opinions qui réclamaient depuis le 15 mars le front commun avec
l’URSS que celle-ci proposait. Moscou, initiatrice de négociations tripartites depuis le coup
de force achevant la Tchécoslovaquie, exigeait la reconstitution de l’alliance défensive
automatique et réciproque de 1914. L’accord militaire devrait associer la Pologne et la
Roumanie, fiefs du « cordon sanitaire » antibolchevique de 1919 dont Paris et Londres avaient
en mars-avril 1939 « garanti » unilatéralement les frontières (sans la moindre intention de les
défendre, ni par du matériel ni par des envois de troupes), et les Pays Baltes, vitaux pour la
défense de « la Russie d’Europe » (Augustin-Antoine Palasse, attaché militaire français)9.
Après des mois de tergiversations insultantes pour les Russes et mortelles pour les
frontières des pays d’Europe, Londres et Paris déléguèrent face aux chefs militaires
Jonathan Haslam, The Soviet Union and the struggle for collective security in Europe, 1933-1939, Londres,
Macmillan Press Ltd, 1984, plus timide.
6 Lewis B. Namier, Diplomatic Prelude 1938-1939, Macmillan, Londres, 1948; A.J.P. Taylor, The
origins of the Second World War, Middlesex, Penguin Books,1961; Alexander Werth, La Russie en guerre, 2
vol., Paris, Stock, 1964 (réédition, Paris, Tallandier, 2011).
7 Arnold Offner, American Appeasement : United States Foreign Policy and Germany 1933-1939, New
York, W.W. Norton & C°, 1969; The origins of the Second World War : American Foreign Policy, 1914-1941,
New York, Praeger, 1975.
8 Roberts, op. cit. et « From détente to partition : Soviet-Polish Relations and the origins of the Nazi-
Soviet pact, 1938-1939 » in Christoph Koch, éd., Gab es einen Stalin-Hitler-Pakt? Charakter, Bedeutung und
Deutung des deutsch-sowjetischen Nichtangriffsvertrags vom 23. August 1939 » (« Y eut-il eu un pacte Staline-
Hitler? Caractère, signification et interprétation du pacte de non-agression germano-soviétique »), Francfort,
Peter Lang, 2015, p. 89-106; Lacroix-Riz, Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, et
De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2010 (2e édition) et 2008;
et « La France entre accord avec le Reich et alliance tripartite, de Munich au pacte de non-agression germanosoviétique
(octobre 1938-23 août 1939) », in Koch, éd., Stalin-Hitler-Pakt?, p. 35-88; Ivan Maïski, Qui aidait
Hitler? Souvenirs de l’ancien ambassadeur d’URSS en Grande-Bretagne, Paris, Delga, 2014, appuyé sur des
archives (soviétiques) concordantes.
9 Lettre 585/S à Édouard Daladier (ministre de la Guerre), Moscou, 5 juin 1939, 7 N, 3123, archives
Armée de terre (SHAT), et références de la n. 7.
3
soviétiques l’amiral britannique Reginald Drax et le général français Joseph Doumenc. Ces
deux officiers obscurs, « demandeurs » partis « les mains vides » (Doumenc) par un navire
marchand fort lent (cinq jours de traversée), avaient reçu pour mission de faire porter aux
Soviets seuls le chapeau de « la farce de Moscou » : l’objectif était, se flattait Londres, à
l’heure où le Reich massait ses troupes aux frontières de la Pologne pour l’assaut imminent,
de « laisser l’Allemagne sous la menace d’un pacte militaire anglo-franco-soviétique et
gagner ainsi l’automne ou l’hiver en retardant la guerre ». Quand le Commissaire à la Guerre
et commandant en chef de l’armée rouge Clément Vorochilov, « précis, direct », proposa à
ces deux émissaires impotents, le 12 août, « “l’examen concret” des plans d’opérations contre
le bloc des États agresseurs » et leur présenta ses pouvoirs plénipotentiaires, ils avouèrent
n’être pas habilités à signer un accord militaire.
Paris et Londres étaient résolus à ne fournir aucune aide économique ou militaire à
leurs « alliés » de l’Est. Ils avaient délégué la tâche à l’URSS en la lui rendant strictement
impossible : Varsovie (surtout) et Bucarest (qui avaient depuis les années 1920 conclu des
accords politico-militaires mutuels exclusivement tournés contre l’URSS) avaient toujours
refusé droit de passage (avec leurs tuteurs occidentaux) à l’Armée rouge. Or cette clause
constituait la condition géographique sine qua non de son intervention, puisque l’URSS
n’avait pas de frontière commune avec l’Allemagne du traité de Versailles. Ayant « garanti »
sans la consulter la Pologne (qui ne voulait pas de leur « garantie »), la France et le Royaume-
Uni se prétendirent ligotés par le veto, qu’ils encourageaient, au su et au vu de tous,
Soviétiques inclus, de la clique germanophile qui régnait à Varsovie. Digne émule de son
« allié » allemand en matière d’antisémitisme, le chef du « régime des colonels polonais », le
colonel Jozef Beck, petit télégraphiste d’Hitler et Ribbentrop auxquels il servait, entre autres,
de délégué à et d’informateur sur la Société des Nations officiellement désertée par le Reich
en octobre 1933, avait été la « hyène » ou le « vautour » (terme utilisé par toutes les
chancelleries étrangères, dont l’Auswärtiges Amt, ministère des Affaires étrangères), complice
du dépècement allemand de la Tchécoslovaquie de 1938.
Son inlassable vindicte contre Prague - la même que celle de son chef et prédécesseur
Pilsudski - avait valu à la Pologne le pourboire, fugace, de l’octroi du territoire silésien de
Teschen arraché à la Tchécoslovaquie après Munich : la récompense de ses méfaits dura
moins d’un an, jusqu’à l’invasion allemande. La Wehrmacht aux portes, Beck invoquait,
lyrique, « le testament » de Pilsudski : « Avec les Allemands nous risquons de perdre notre
liberté, avec les Russes, nous perdons notre âme »10.
Le dossier avait d’autres ressorts, moins spirituels. La Pologne avait saisi aux Soviets
en 1920-1921 avec l’aide militaire française (Maxime Weygand, aidé notamment de
De Gaulle) la Galicie orientale de l’ancien empire russe, peuplée d’Ukrainiens et de
Biélorusses (l’actuelle Ukraine occidentale). Aveugle, depuis 1933 plus que jamais, aux
appétits territoriaux allemands, persécutant allègrement les populations, majoritaires, nonpolonaises,
elle tremblait que l’Armée rouge ne prît aisément le contrôle de ces territoires sis
150 km à l’Est de la « ligne Curzon » : cette limite ethnique entre Pologne et Russie avait été
fixée en décembre 1919 par le Foreign Office, certain de chasser bientôt du pouvoir les
bolcheviques et disposé à affecter cette zone aux « Blancs », puisque ceux-ci l’étaient à céder
les richesses du Caucase (Bakou et Grozny) à la Royal Dutch Shell de Sir Henry Deterding :
ce héraut de l’anticommunisme pétrolier, bailleur de fonds de tous les complots
« tchétchènes » de l’entre-deux-guerres jusqu’à sa mort (4 février 1939) et grand fournisseur
10 Rapports Doumenc et Willaume (souligné dans le texte) sur leur mission, 7 N, 3185, SHAT. Sur le
rôle de la Pologne, réf. n. 7 et Lacroix-Riz, « Polen in der außenpolitischen Strategie Frankreichs (Oktober 1938-
August 1939) », communication au colloque sur la campagne de Pologne, Varsovie, 15-17 octobre 2009, Actes
non parus, Polen und wir, n° 3, 2014, p. 11-17 (version française, « La Pologne dans la stratégie politique et
militaire de la France (octobre 1938-août 1939) », www.historiographie.info).
4
de pétrole au IIIème Reich, appréciait tant ce régime et ses chefs qu’il résidait à Berlin depuis
sa retraite officielle de 1936.
Varsovie avait signé avec Berlin, le 26 janvier 1934, une « déclaration de nonagression
et d’amitié », prétendu « traité germano-polonais » conclu pour dix ans. Rédigé par
l’Auswärtiges Amt, ce chiffon de papier lui interdisait formellement, entre autres
prescriptions, tout accord avec l’URSS et avec ses voisins slaves : elle appliqua
scrupuleusement pour sa part toutes les clauses, russophobes et antisémites en tête, d’un texte
qui s’insérait dans le dispositif général préparant, au su et au vu de ses « alliés » occidentaux,
sa liquidation territoriale. La Roumanie redoutait de perdre la Bessarabie qu’elle n’avait prise
aux Russes en 1918 et conservée depuis (officiellement, en 1924) que grâce au soutien de la
France chef de file officiel, avec Londres, de l’antibolchevisme mondial. On doit cependant
admettre qu’elle éprouvait plus de craintes à l’égard du Reich que la clique des colonels et des
grands hobereaux polonais historiquement attachés à la tutelle autrichienne et prussienne.
L’URSS n’obtint pas non plus des Apaiseurs français et anglais « garantie » des frontières des
Pays Baltes, dont l’« indépendance » avait tout dû depuis 1919-1920 à l’établissement du
« cordon sanitaire ». Paris et Londres ricanaient volontiers sur ces demandes depuis marsavril
1939 : en compagnie des ambassadeurs américains, ils accusaient Moscou de ne songer
qu’à « bolcheviser » ces satellites de fait (et de longue date) du Reich11.
L’URSS était depuis mars et surtout mai 1939 courtisée par Berlin qui préférait
logiquement une guerre sur un front, celle sur deux fronts lui ayant valu sa précédente défaite.
L’Allemagne lui promit, juste avant de fondre sur la Pologne, de respecter sa « sphère
d’influence » en Galicie orientale, en Baltique et en Bessarabie. Moscou céda à ses pressantes
instances, au tout dernier moment (Geoffrey Roberts l’a montré dès ses premiers travaux), et
pas à des fantasmes imaginaires de « révolution mondiale », mythe de « Drang nach Westen »
(marche vers l’Ouest) forgé pour faire oublier la seule marche qui eût jamais eu lieu, celle,
allemande, vers l’Est12. Londres et Paris continuant à cajoler Berlin13, l’Union Soviétique
refusait d’« être impliquée toute seule dans un conflit avec l’Allemagne » : c’était sa seule
préoccupation, comme l’avoua, en mai 1939, Lord Halifax, secrétaire au Foreign Office et
parangon de l’Apaisement britannique14. Le 23 août 1939, à la signature du pacte de nonagression
germano-soviétique, l’« Occident » mima la stupeur, tel Churchill, devant « la
sinistre nouvelle explosant sur le monde comme une bombe »15 : c’est ainsi que ce chef de la
coalition antisoviétique depuis 1918, qui n’avait abdiqué l’Apaisement qu’assez récemment,
dénonça la volte-face, la trahison, le long mensonge de l’antifascisme du nouvel « allié » de
Berlin.
L’indignation, feinte, relevait de l’imposture. Diplomates et attachés militaires français
et anglais en poste à Moscou jouaient les Cassandre depuis l’arrivée des hitlériens au pouvoir,
début 1933. Faute de Triple Entente et donc d’alliance de revers défensive et formelle,
avaient-ils régulièrement répété depuis lors, l’URSS serait contrainte de composer
momentanément avec Berlin : c’était pour elle le seul moyen de gagner le « répit » (Roberts)
indispensable à la mise sur pied de guerre, la moins imparfaite possible, de son économie et
de son armée face à un adversaire allemand à cette date encore très supérieur. Le plus souvent
très antibolcheviques mais factuels, ces informateurs pertinents réitérèrent leur mise en garde
11 Archives MAE (et Documents diplomatiques français), SHAT, et références de la n. 7.
12 Plan d’expansion soviétique à l’Ouest forgé par le publiciste d’extrême droite Ernst Nolte, cautionné
par Yves Santamaria, Le pacte germano-soviétique, Bruxelles, Complexe, 1999, ouvrage rédigé sans la moindre
consultation d’archives, qui sert de référence sur la question à l’historiographie dominante française.
13 N. 3, Robert A. Parker, Chamberlain and the Appeasement : British policy and the coming of the
Second World War,, Londres, Macmillan Press Ltd, 1993, et Alvin Finkel et Clement Leibovitz, The
Chamberlain-Hitler Collusion, Rendlesham, Merlin Press, 1997.
14 Halifax, 6 mai 1939, Documents on British Foreign Policy (DBFP), 3nd Series, V, p. 411.
15 Churchill, mémoires, vol. I, The gathering storm, Boston, Houghton Mifflin Company, 1948, p. 346.
5
jusqu’au dernier jour16, et annoncèrent ensuite que le pacte ne changeait rien aux enjeux. Le
29 août 1939, le lieutenant-colonel Charles-Antoine Luguet, attaché aérien à Moscou et futur
héros gaulliste de l’escadrille Normandie-Niémen, certifia (comme Doumenc) la bonne foi de
Vorochilov et posa Staline en « glorieux successeur […] d’Alexandre Nevsky et de Pierre
Ier » : « le traité publié est », écrivit-il, « complété par une convention secrète, définissant, à
distance des frontières soviétiques, une ligne que les troupes allemandes ne devront pas
dépasser et qui serait considérée par l’URSS en quelque sorte comme sa position de
couverture. »17. Un « protocole secret » intégra en effet la Pologne orientale et les États baltes
à la « sphère d’influence » de l’URSS18, avec pour objectif immédiat d’améliorer les
conditions et la durée de sa mobilisation, et d’occuper un terrain qui serait, pendant les
ultimes préparatifs de l’assaut allemand, soustrait à la Wehrmacht.
Français et Anglais ne manqueraient pas d’observer, après coup, que l’Armée rouge
n’était entrée en Pologne (le 17 septembre 1939) qu’après la défaite officielle de celle-ci, puis
en Bessarabie et dans les Pays Baltes qu’en juin 1940, après la Débâcle de la France19.
L’URSS EN PAIX DANS LA GUERRE
L’Allemagne ouvrit le conflit général le ler septembre 1939 en l’absence de l’Entente
qui avait en septembre 1914 sauvé la France de l’invasion totale. Michael Carley incrimine
l’Apaisement né de « la peur de la victoire contre le fascisme » des privilégiés anglais et
français, effrayés que le rôle dirigeant promis à l’URSS dans une guerre contre l’Allemagne
n’étendît son système à tous les belligérants : il considère donc « l’anticommunisme », décisif
à chaque phase-clé depuis 1934-35, comme « une cause importante de la Seconde Guerre
mondiale »20.
Le 17 septembre, l’URSS, accablée par l’avance allemande en Pologne, qui avait été
vaincue en moins de 24 heures – pour la France, ce serait moins de 48 -, proclama sa
« neutralité » dans le conflit et occupa la Galicie orientale. Elle exigea en septembre-octobre
de Berlin des « garanties » des Pays Baltes : cette « occupation “déguisée” [fut] accueillie
avec résignation » par l’Angleterre. Celle-ci avait secondé le Reich dans son plan d’assaut
maritime contre l’URSS en signant avec lui « le traité naval » du 18 juin 1935 : autorisant la
construction d’une marine de guerre allemande égale à 35% de la britannique, cet accord
bilatéral avait laissé à l’Allemagne « les mains libres » en Baltique (Finkel et Leibovitz). Mais
Londres s’inquiétait désormais autant de l’expansion allemande que « la poussée russe en
Europe »21.
Après avoir requis de la Finlande, alliée de longue date de Berlin qui menaçait la
sécurité de Leningrad, une rectification de frontière (contre substantielle compensation
territoriale) qui lui fut refusée, l’URSS entra fin novembre 1939 dans « la guerre d’hiver ».
Les tambours de la propagande se déchaînèrent : la France sanglota autant que le Vatican et
l’ensemble du monde (capitaliste) sur la petite victime et elle exalta sa vaillance contre une
Armée rouge inepte. Weygand et Daladier suivi de Reynaud planifièrent, « rêve » puis
« délire », une guerre contre l’URSS dans le Grand Nord puis dans le Caucase22, en même
temps qu’ils continuaient à saboter, comme les chefs de l’armée, le « front du Nord-Est » :
16 7 N, 3185-3186, SHAT. Depuis 1933 : série URSS Quai d’Orsay (MAE); DDF; attachés militaires en
URSS du SHAT; DBFP, etc. et tous les op. cit.
17 Lettre D. 463 à Guy de la Chambre, ministre de l’Air, Moscou, 29 août 1939, 7 N, 3186, SHAT.
18 Lituanie acquise au Reich jusqu’au second protocole du 28 septembre 1939, Roberts, Soviet Union.
19 Tél. Palasse, Moscou, 14 mai 1940, 5 N, 581, SHAT, et Roberts, Soviet Union, p. 122-126.
20 Carley, 1939, p. 256-257; Finkel, Leibovitz et Lacroix-Riz, op. cit.
21 Lettre 771 de Charles Corbin, ambassadeur à Londres, 28 octobre 1939, URSS 1930-1940, 962,
archives du ministère des Affaires étrangères (MAE).
22 Jean-Baptiste Duroselle, L’Abîme 1939-1945, Paris, Imprimerie nationale, 1983, chap. IV. Lacroix-
Riz, op. cit. et Le Vatican, l’Europe et le Reich 1914-1944, Paris, Armand Colin, 2010, chap. 10.
6
surnom pompeux de la frontière française avec l’Allemagne, où, précisément, il n’y avait
aucun « front ». L’Angleterre sacrifia à l’idéologie anticommuniste, si utile en toutes
circonstances, mais elle applaudit le compromis finno-soviétique du 12 mars 1940. Elle se
félicita ensuite de la nouvelle avance de l’Armée rouge consécutive à l’ignominieux
effondrement français, c’est-à-dire de l’occupation à la mi-juin 1940 des Pays Baltes, fin juin
de la Bessarabie-Nord Bucovine. Puis, dans l’attente de l’étape suivante du conflit général,
elle délégua à Moscou Stafford Cripps, seul soviétophile d’un establishment britannique à
l’antisoviétisme au moins aussi délirant que celui des élites françaises23.
En crise ouverte depuis juin 1940, les rapports des prétendus « Alliés » allemands et
soviétiques frôlèrent la rupture en novembre, comme le surent toutes les capitales
« occidentales ». « Entre 1939 et 1941 », l’URSS avait considérablement développé ses
armements terrestres et aériens et porté l’armée rouge « de 100 à 300 divisions » (« de 2 à 5
millions d’hommes »), massées « le long ou près de ses frontières occidentales. »24
LA VICTOIRE MILITAIRE D’UN PAYS AFFAIBLI
Le 22 juin 1941, le Reich lança l’attaque qu’annonçait depuis septembre 1940
l’entassement de ses troupes en Roumanie « satellite », connu de toutes les capitales
étrangères – et de l’URSS, Staline inclus : le dernier ouvrage de Roberts fait définitivement
litière de la légende du Staline sidéré et paralysé par l’assaut de son cher Hitler. Nicolas
Werth postule « l’effondrement militaire de 1941 » auquel aurait succédé (en 1942-1943) « un
[mystérieux] sursaut du régime et de la société »25, mais, à Vichy, le général Paul Doyen, chef
de la délégation française à la Commission allemande d’armistice, annonça le 16 juillet 1941
la mort du Blitzkrieg et donc, la défaite allemande très probable si l’incroyable résistance
soviétique durait, ce que tout laissait prévoir : « Si le IIIème Reich remporte en Russie des
succès stratégiques certains, le tour pris par les opérations ne répond pas néanmoins à l’idée
que s’étaient faite ses dirigeants. Ceux-ci n’avaient pas prévu une résistance aussi farouche du
soldat russe, un fanatisme aussi passionné de la population, une guérilla aussi épuisante sur
les arrières, des pertes aussi sérieuses, un vide aussi complet devant l’envahisseur, des
difficultés aussi considérables de ravitaillement et de communications […] Sans souci de sa
nourriture de demain, le Russe incendie au lance-flamme ses récoltes, fait sauter ses villages,
détruit son matériel roulant, sabote ses exploitations »26. Le Vatican, meilleur réseau de
renseignement mondial, s’alarma début septembre devant l’ambassadeur de France des
difficultés « des Allemands » et d’une issue « telle que Staline serait appelé à organiser la paix
de concert avec Churchill et Roosevelt »27 : il situa donc « le tournant de la guerre » avant
l’arrêt de la Wehrmacht devant Moscou (fin octobre) et bien avant Stalingrad. L’ensemble des
milieux « bien informés », militaires et civils, partagea ce jugement, et au même moment28.
Fut ainsi confirmé dès l’invasion le jugement que portait Palasse depuis son arrivée
(fin 1937) et surtout depuis 1938 sur « la situation morale » et la puissance militaire
soviétiques. L’armée rouge, épurée après la répression, en juin 1937, du « complot
Toukhatchevski » concocté par le Maréchal soviétique avec le haut commandement de la
23 Gabriel Gorodetsky, Stafford Cripps’ mission to Moscow, 1940-42, Cambridge, Cambridge UP,1984.,
Maïski, Qui aidait Hitler?
24 G. Roberts, The Soviet Union, p. 122-134 et 139, et Les guerres de Staline.
25 Omer Bartov et al., Les sociétés en guerre 1911-1946, Paris, Armand Colin, 2003, p. 134-144
(manuel de concours).
26 Annexe au rapport 556 de Doyen à Koeltz, Wiesbaden, 16 juillet 1941, W 3, 210 (dossier Laval
d’instruction de la Haute Cour de Justice), AN.
27 Tardini, troisième personnage de la Curie, lettre de Léon Bérard, 4 septembre 1941, Vichy-Europe,
551, MAE.
28 Cas français, Lacroix-Riz, Du Blitzkrieg à la Pax Americana : les élites françaises d’un tuteur
étranger à l’autre, à paraître, Paris, Armand Colin, 2016, chap. 6.
7
Wehrmacht, avéré et non forgé par Staline29, progressait constamment. Ses liens avec le
peuple généraient un « patriotisme » inouï : statut de l’armée, formation militaire des soldats
et de la population, jeunesse en tête, et propagande efficace « mainten[aient] tendues les
énergies du pays, et lui donn[aient] l’orgueil des exploits accomplis par les siens […] et la
confiance inébranlable dans [s]a force défensive. »30 Il avait comme tous les autres
observateurs militaires relevé depuis août 1938 les défaites nippones dans les affrontements à
la frontière URSS-Chine-Corée31. La qualité, ainsi attestée, de l’armée rouge conduite par
Joukov, servit de leçon à Tokyo : à la fureur d’Hitler, le Japon signa à Moscou le 13 avril
1941 un « pacte de neutralité », qu’il respecta jusqu’à la fin de la guerre. Ce prudent retrait
japonais libéra l’URSS de son obsession, depuis l’attaque contre la Mandchourie (1931) puis
toute la Chine (1937), d’une guerre sur deux fronts32.
Après un 60e anniversaire historiquement aventuré du débarquement anglo-américain
en Normandie et un 70e pire encore, rappelons que l’effort militaire fut depuis juin 1941 quasi
uniquement soviétique. Le Reich impérial avait été en 1917-1918 défait à l’Ouest, surtout par
la France, laquelle avait tout de même dû sa survie ou sa non-invasion à l’alliance de revers
ou au « rouleau compresseur » russe et en aucun cas à la « bataille de la Marne », cette
opération de « communication » à l’inusable longévité. Comme le rappelait en mars 1939
Robert Vansittart, sous-secrétaire d’État permanent du Foreign Office - qui avait été aussi
longtemps « Apaiseur » et germanophile que ses pairs : « La France n’aurait pas eu la
moindre chance de survie en 1914, s’il n’y avait pas eu de front oriental. »33 Le Reich
hitlérien, arrêté depuis l’été 1941 dans ses succès ininterrompus depuis 1938-1939, fut vaincu
de 1943 à 1945 à l’Est, par la seule Armée rouge.
Depuis août-septembre 1941, Staline avait réclamé sans répit mais en vain pour alléger
l’énorme pression allemande l’ouverture d’un « second front » occidental reconstituant de fait
l’alliance de revers de la Première Guerre mondiale : l’envoi de divisions alliées en URSS et,
surtout, un débarquement sur les côtes françaises. Il dut se contenter des louanges de
Churchill, bientôt suivi de celles de Roosevelt, sur « l’héroïsme des forces combattantes
soviétiques » et d’un « Prêt-Bail » américain, remboursable après-guerre. Un historien
soviétique en a évalué le montant total à 5 milliards de roubles (un historien américain à 11),
soit « 4% du revenu national » soviétique des années 1941-194534. Roberts a rappelé que cette
contribution économique américaine à l’effort soviétique fut non seulement modeste, mais
qu’elle ne fut accordée pour sa quasi-totalité qu’après l’extraordinaire exploit de Stalingrad –
autrement dit, quand les États-Unis eurent acquis la certitude définitive que l’Armée rouge
triompherait, dans des délais limités, des envahisseurs. Le refus obstiné du second front et la
mise à l’écart de l’URSS des relations interalliées, malgré sa présence cosmétique à Téhéran
en novembre 194335, sont attestés par tous les types de sources et par la correspondance de
guerre Staline-Churchill-Roosevelt. Les objectifs et manoeuvres des Anglo-Américains,
29 Sources diplomatiques et militaires internationales formelles sur cet accord de cession de l’Ukraine en
échange de l’invasion allemande qui chasserait le pouvoir soviétique, Lacroix-Riz, Choix, p. 395-409.
30 Rapport 449 S, Moscou, 22 mars 1938, 7 N, 3123, et 1937-1940,7 N, 3123, 3143, 3184, 3186, SHAT
(l’État-major, qui avait depuis l’affaire Toukhatchevski enterré l’armée rouge après avoir refusé ses avances
depuis 1935, cria au bolchevisme, Lacroix-Riz, Le choix).
31 Palasse, août 1938, 7 N, 3123, courriers de Chine, 1938, 7 N, 3143, SHAT; Documents on German
Foreign Policy, D, II, p. 601, IV p. 609.
32 Haslam, The Soviet Union and the Threat from the East, 1933-1941 : Moscow, Tokyo and the Prelude
to the Pacific War, Londres, Macmillan, 1992; Roberts, Les guerres de Staline, et Stalin’s general: the life of
Georgy Zhukov, London, Icon Books, 2012, chap. 4.
33 Carley, 1939, p. 4, souligné dans le texte.
34 M. L. Tamarchenko, 1967, et L. Martel, 1979, cités par Susan J. Linz, « Foreign aid and Soviet
postwar recovery », The Journal of Economic History, v. XLV, n° 4, décembre 1985, p. 949.
35 Foreign Relations of the United States (FRUS), The Conferences at Cairo and Tehran, 1943,
Washington, US Government Printing Office, 1943, p. 457-891.
8
guidés par Washington, ravivèrent légitimement la hantise soviétique du retour au « cordon
sanitaire » et aux « mains libres à l’Est ».
La question des forces en Europe s’aiguisa quand la capitulation de von Paulus à
Stalingrad (2 février 1943) mit à l’ordre du jour les conditions de la paix future. Washington
comptait sur son hégémonie financière pour échapper aux normes militaires du règlement des
conflits. Roosevelt refusait donc systématiquement de négocier sur « les buts de guerre » que
Staline avait présentés à Churchill dès juillet 1941, c’est-à-dire le retour aux frontières
européennes de l’ancien empire, récupérées en 1939-1940 : l’obtention d’une « sphère
d’influence » soviétique limiterait l’américaine, qui ne pouvait souffrir aucune borne36 (cette
règle de l’impérialisme dominant fut strictement appliquée contre Londres : Washington émit
un veto aussi formel contre ses rivaux impérialistes anglais). Le milliardaire Harriman,
héritier d’un immense empire financier, ambassadeur à Moscou de 1943 à 1945 et futur
champion du Plan Marshall et de l’Union européenne, annonça au Département d’État, en
février-mars 1944, que l’URSS ravagée ne tirerait aucun avantage, même territorial, de sa
victoire. « Appauvrie par la guerre et à l’affût de notre assistance économique […,] un de nos
principaux leviers pour orienter une action politique compatible avec nos principes », elle
n’aurait pas la force d’empiéter sur l’Est de l’Europe. Réduite à la misère par ses destructions,
elle serait obligée de se satisfaire d’une promesse d’aide financière américaine pour l’aprèsguerre,
ce qui nous permettrait « d’éviter le développement d’une sphère d’influence de
l’Union Soviétique sur l’Europe orientale et les Balkans »37.
Mais il fallut compter avec les conséquences de court terme de Stalingrad, où s’étaient
affrontés depuis juillet 1942 « deux armées de plus d’un million d’hommes ». L’armée
soviétique gagna cette « bataille acharnée », suivie avec passion au jour le jour par toute
l’Europe occupée, qui « dépassait en violence toutes celles de la Première Guerre mondiale
[,…] pour chaque maison, chaque château d’eau, chaque cave, chaque morceau de ruine ». Sa
victoire « mit l’URSS sur la voie de la puissance mondiale », comme celle « de Poltava en
1709 [contre la Suède] avait transformé la Russie en puissance européenne »38.
L’ouverture du « second front » traîna jusqu’en juin 1944, moment où l’avance de
l’armée rouge au-delà des frontières de juillet 1940 de l’Union soviétique libérée exigea la
répartition de fait des « sphères d’influence » que Roosevelt et les siens avaient récusées de
droit. La conférence de Yalta qui, en février 1945, représenta l’acmé, très provisoire, des
acquis de l’URSS, belligérant décisif, ne résulta pas de la ruse de Staline spoliant la Pologne
martyre contre un Churchill impuissant et un Roosevelt mourant, mais du rapport de forces
militaires du moment39. Or, il était en train de basculer dans la course-poursuite négociée de
reddition de la Wehrmacht « aux armées anglo-américaines et de report des forces à l’Est » :
fin mars, « 26 divisions allemandes demeuraient sur le front occidental » (pour évacuer par les
ports du Nord les troupes vers les « bons » ennemis si indulgents) « contre 170 divisions sur
le front de l’Est » où les combats firent rage jusqu’au bout. Les gains de Yalta engrangés sur
le papier seraient donc promptement remis en cause, à commencer par le principe de
36 Lynn E. Davis, The Cold War begins : Soviet-American conflict over Eastern Europe, 1941-1945,
Princeton, Princeton UP, 1974; Lloyd Gardner, Spheres of influence. The great powers partition Europe, from
Munich to Yalta, 1938-1945, Chicago, Ivan R. Dee, 1993; Lacroix-Riz, Vatican, chap. 10-11; « Le débarquement
du 6 juin »; Aux origines du carcan européen, 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine,
Paris, Delga-Le temps des cerises, 2014.
37 Tél. Harriman, Moscou, 13 mars 1944, FRUS, 1944, IV, Europe, p. 951 (en ligne).
38 Lloyd Gardner, Spheres of influence, p. 103, 148, 158-159 (cite l’historien militaire américain John
Erickson, référence de Roberts) ; général Doer, cité par le colonel Costantini, Dictionnaire de la Seconde Guerre
mondiale, t. 2, Paris, Larousse, 1980, p. 1728; et surtout Roberts, Les guerres de Staline.
39 FRUS. Conferences at Malta and Yalta, Washington, USGPO, 1945, p. 547-996, et Diana Clemens,
Yalta, New York, Oxford UP, 1970.
9
10 milliards de dollars de « réparations », soit 50% du total (pour des pertes estimées à
plusieurs centaines de milliards, entre 200 et 600).
Le bilan de l’opération Sunrise, exemple le moins mal connu de tentatives de
retournement des fronts qui se succédaient sans répit depuis 1943, dans l’alliance
« Occident »-Reich contre les Soviets et avec une intensité fébrile depuis 1944, ulcéra
Moscou. Roosevelt l’avait confiée au chef Europe de l’Office of Strategic Services (ancêtre de
la CIA), installé depuis novembre 1942 à Berne pour préparer l’avenir de l’Europe en général,
de l’Allemagne en particulier, le financier Allen Dulles, associé comme son frère aîné, John
Foster, de « Dulles, Sullivan and Cromwell », un des principaux cabinets américains
d’affaires internationales, intimement lié au capital financier allemand. Dulles, futur chef de la
CIA d’Eisenhower et Kennedy (et héros du fiasco cubain de « la baie de Cochons »), négocia
en mars-avril 1945, avec le général SS Karl Wolff, « chef de l’état-major personnel de
Himmler » responsable de « l’assassinat de 300 000 juifs », la capitulation de l’armée
Kesselring en Italie. Celle-ci eut lieu, en l’absence des Soviétiques, le 2 mai 194540.
Il était cependant politiquement exclu que Berlin tombât dans l’immédiat dans
l’escarcelle des Occidentaux : du 25 avril au 3 mai, l’avant-dernière « sanglante bataille »
(Prague, site de la dernière, ne tomba que le 9 mai)41 tua encore 300 000 soldats soviétiques.
Soit l’équivalent des pertes américaines totales, « militaires uniquement », des fronts
européen et japonais de décembre 1941 à août 194542.
LA GUERRE ALLEMANDE D’EXTERMINATION
Selon Jean-Jacques Becker, « mise (sic) à part qu’elle s’est déployée sur des espaces
bien plus vastes, mis à part le coût extravagant des méthodes de combat surannées de l’armée
soviétique, sur un plan strictement militaire, la Seconde Guerre a été plutôt moins violente
que la Première »43. Cette comparaison des deux guerres mondiales, hautement fantaisiste,
impute en outre à l’URSS, accusation devenue courante dans l’historiographie dominante
française, l’énormité de ses pertes (plus de la moitié des 50 millions du total général 1939-
1945) dans la guerre d’extermination que le IIIème Reich avait planifiée pour y liquider, outre
les juifs, trente à cinquante millions de Slaves44. La Wehrmacht, fief pangermaniste qui avait
été aisément nazifié et qui tenait « les Russes [pour] des “asiates” dignes du mépris le plus
40 Tom Bower, Blind eye to murder. Britain, America and the purging of Nazi Germany, a pledge
betrayed, London, André Deutsch, 1981, p. 249, ouvrage essential, pas traduit à cette date; Raul Hilberg, La
destruction des juifs d’Europe, Paris, Gallimard, 1991, p. 958; fonds OSS cités par Richard Breitman, « Nazi
Espionage : the Abwehr and SD Foreign Intelligence », p. 108 (93-118), in Breitman, Norman J. W. Goda,
Timothy Naftali et Robert Wolfe, U.S. Intelligence and the Nazis, Cambridge University Press, 2005,
fondamental; Lacroix-Riz, « États-Unis et Vatican dans les tractations de paix de la Deuxième Guerre
mondiale », Rencontres d’histoire critique de Gennevilliers 28-30 novembre 2013, « Guerre et paix », Actes à
paraître, Paris, L’Harmattan, 2015.
41 Gabriel Kolko, The Politics of War. The World and the United States Foreign Policy, 1943-1945,
New York, Random House, 1969, rééd. 1990, chap. 13-14 (dont 375-378); Century of war : politics conflict and
society since 1914, New York, New Press, 1994; Alexander Werth, La Russie en guerre, v. 2, p. 255-256.
42 292 000, Pieter Lagrou, in Stéphane Audoin-Rouzeau et al., dir., La violence de guerre 1914-1945,
Bruxelles, Complexe, 2002, p. 322.
43 Dont il est spécialiste (pas de la Deuxième Guerre mondiale), « Retour sur la comparaison et
réflexion sur les héritages », in Stéphane Audoin-Rouzeau et al., dir., La violence de guerre 1914-1945,
Complexe, Bruxelles, 2002, p. 333 (bréviaire de la préparation de la question d’histoire contemporaine CAPESagrégation
2003-2005).
44 Götz Aly et Susanne Heim, Vordenker der Vernichtung, Auschwitz und die deutschen Pläne für eine
neue europäische Ordnung, Francfort, Fischer Taschenbuch Verlag, 1997 (1e édition, Hambourg, 1991, la plus
audacieuse), résumé par Dominique Vidal, Les historiens allemands relisent la Shoah, Bruxelles, Complexe,
2002, p. 63-100.
10
absolu »45, en fut l’artisan essentiel : sa sauvagerie anti-slave, antisémite et antibolchevique,
décrite au procès de Nuremberg (1945-1946), brièvement rappelée en Allemagne par des
expositions itinérantes de l’extrême fin du 20e siècle46 et désormais, France incluse, ensevelie
dans le silence, priva l’URSS des « lois de la guerre » (conventions de La Haye de 1907). À
l’heure où l’on ose tout, la propagande médiatique estime la chose logique, l’URSS n’ayant
pas signé ladite convention : pas signataires non plus, la Grèce, la Yougoslavie, la Pologne,
l’Europe occidentale, objet, à l’été 1944, des consignes du commandant en chef « Ouest » de
la Wehrmacht, von Rundstedt, étendant à cette zone les méthodes de guerre à l’Est, origine
des atrocités commises en Italie et en France, des Oradour-sur-Glane qui avaient été
systématiquement pratiqués, depuis l’origine, à des dizaines de milliers d’exemplaires, sur le
front de l’Est47?
Témoignent de la barbarie pangermaniste, dont le nazisme avait repris l’héritage, les
ordres signés des chefs de la Wehrmacht, Keitel et consorts : le décret dit « du commissaire »
du 8 juin 1941 prescrivit l’exécution des « commissaires politiques » communistes intégrés à
l’armée rouge; l’ordre de « ne pas faire de prisonniers » causa l’exécution sur le champ de
bataille, combats terminés, de 600 000 prisonniers de guerre, et il fut étendu en juillet aux
« civils ennemis » ; von Reichenau signa l’ordre d’« extermination définitive du système
judéo-bolchevique », etc.48 3,3 millions de prisonniers de guerre, soit plus des 2/3 du total,
subirent en 1941-1942 la « mort programmée » par la famine et la soif (80%), le typhus, le
travail esclave. Des prisonniers, qualifiés de « communistes fanatiques », livrés par la
Wehrmacht à la SS, furent les cobayes du premier gazage au Zyklon B d’Auschwitz en
décembre 194149.
L’armée allemande fut avec les SS et la police allemande « ordinaire » un agent
particulièrement actif de la destruction des civils, juifs et non-juifs. Elle aida les
Einsatzgruppen SS chargés des « opérations mobiles de tueries » (Hilberg), comme celle du
groupe C dans le ravin de Babi Yar, fin septembre 1941, dix jours après l’entrée de ses
troupes à Kiev (près de 34 000 morts) : ce fut un des innombrables massacres perpétrés, avec
des « auxiliaires » polonais, baltes (lettons et lituaniens) et ukrainiens50, décrits par le
poignant Livre noir sur l’extermination scélérate des juifs par les envahisseurs fascistes
allemands dans les régions provisoirement occupées de l’URSS et dans les camps
45 Rapport 1103 de l’attaché militaire français Henri-Antoine Didelet, Berlin, 12 décembre 1938, 7 N,
3097, SHAT.
46 Édouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah. Les historiens de la RFA et l’identité allemande,
Paris, PUF, 2000, p. 239-253.
47 « Report on German Reprisals for Partisan activity in Italy », Allied Force Headquarters (British
Section), Part I, sans date, postérieur au 9 juillet 1945, démonstration précise formelle de la responsabilité
première de la Wehrmacht (et non des seuls Waffen SS), comme à l’Est, dans les atrocités commises à l’Ouest,
BB 30, 1730, épuration, Archives nationales.
48 Bower, Blind eye to murder; Bartov, The Eastern Front, 1941-45: German Troops and the
Barbarisation of Warfare, Palgrave Macmillan, 2e édition, 2001 (L’armée d’Hitler […], Paris, Hachette, 2003);
http://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_guerre_nazis_en_Union_sovi%C3%A9tique, mise au point honnête, ce
qui, en histoire, n’est pas le cas général.
49 Bower, Blind eye; Christian Streit, Keine Kameraden. Die Wehrmacht und die sowjetischen
Kriegsgefangenen 1941-1945, Bonn, Dietz, 1992 (1e éd., 1978); Christian Gerlach, Krieg, Ernährung,
Völkermord. Forschungen zur deutschen Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg, Hambourg, Hamburger
Edition, 1998; Peter Longerich, Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen
Judenverfolgung, Munich, Piper Verlag, 1998; Vidal, Les historiens.
50 Hilberg, La destruction, Dieter Pohl, National-sozialistische Judenverfolgung in Ostgalizien: 1941-
1944: Organisation und Durchführung eines staatlichen Massenverbrechens, Munich, Oldenbourg, 1997 (et
divers travaux, dont Holocaust: die Ursachen, das Geschehen, die Folgen. Herder, Fribourg en Brisgau, 2000;
Christopher Browning, Des hommes ordinaires. Le 101è bataillon de réserve de la police allemande et la
Solution finale en Pologne, Paris, 10-18, 1994, et Nazi policy, Jewish Workers, German Killers, Cambridge,
Cambridge UP, 2000.
11
d’extermination en Pologne pendant la guerre de 1941-194551. Slaves et juifs (1,1 million sur
3,3) périrent dans les dizaines de milliers d’Oradour-sur-Glane et dans les camps
d’extermination et de travail. Les 900 jours de siège de Leningrad (juillet 1941-janvier 1943),
symbole suprême avec Stalingrad des souffrances et de l’héroïsme soviétiques, tuèrent un
million d’habitants sur 2,5, dont « plus de 600 000 » durant la famine de l’hiver 1941-1942.
« 1 700 villes, 70 000 villages et 32 000 entreprises industrielles furent rasés ». Un million
d’Ostarbeiter (« travailleurs de l’Est », soviétiques) déportés vers l’Ouest furent épuisés ou
anéantis par le travail et les sévices des SS et des « kapos » dans les « kommandos » des
camps de concentration, mines et usines des Konzerne et des filiales de groupes étrangers, tel
Ford, fabricant (comme Opel-General Motors) des camions (allemands) 3 tonnes du front de
l’Est52.
Le 8 mai 1945, l’URSS exsangue avait déjà perdu le bénéfice de la « Grande
Alliance » qu’avait imposée aux Anglo-Américains l’énorme contribution de son peuple, sous
les armes ou non, à la victoire éclatante des États-Unis, prévue par Doyen dans son texte du
16 juillet 1941 pronostiquant la défaite allemande. Le prétendu « endiguement »
(Containment) de la « Guerre froide » fut en réalité et d’emblée un « refoulement » (roll
back), aujourd’hui éclairé par des travaux scientifiques. Désormais placée sous l’égide de
Washington, avec rapide association à l’entreprise des zones occidentales de l’Allemagne,
cette ligne avait renoué, avant même la fin de la guerre en Europe, avec la « Première Guerre
froide », politique de liquidation des Soviets, de « cordon sanitaire » ou de « Sainte Alliance »
que Londres et Paris avaient dirigée, en compagnie de Berlin, de 1918 à 193953.
51 Ilya Ehrenburg et Vassili Grossman, Textes et témoignages, Arles, Actes Sud, 1995.
52 Costantini, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale, t. 2, p. 1081-1083; Arno Mayer, Les Furies,
terreur, vengeance et violence, 1789, 1917, Paris, Fayard, 2002, p. 573; Reinhold Billstein et al., Working for the
Enemy Ford, General Motors, and forced labor in Germany during the Second World War, New York,
Berghahn Books, 2000.
53 Joyce et G. Kolko, The Limits of Power. The World and the United States Foreign Policy 1945-1954,
New York, Harper and Row, 1972; Carolyn Eisenberg, Drawing the Line. The American decision to divide
Germany, 1944-1949, Cambridge, 1996, William A. Williams, The Tragedy of American Diplomacy, New York,
Dell Publishing C°, 1972 (1e éd., 1959), etc. Lacroix-Riz, Carcan; « Débarquement du 6 juin »; « L’apport des
“guerres de Staline” de Geoffrey Roberts à l’histoire de l’URSS : acquis et débats », préface à Roberts, Les
guerres, et Jacques Pauwels, Le Mythe de la bonne guerre : les USA et la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles,
Éditions Aden, 2e édition, 2012, et leur bibliographie récente.
Finimore
Lu sur http://www.fichier-pdf.fr/2015/05/08/anniversaire-8-mai-2015/

1945 – 2015. Célébrons la fin de la seconde guerre mondiale,
comme il se doit !

Il y a 70 ans, prenait fin la guerre la plus terrible et la plus sanguinaire de l’Histoire de l’Humanité.

Cet anniversaire de la victoire sur l’hitlérisme est important pour les peuples du monde. Il marque la
contribution décisive de l’URSS, alors patrie du Socialisme, et des forces de Résistance antifasciste,
comme forces qui écrasèrent l’agression impérialiste de l’Axe. Mais également la naissance du camp
socialiste dans une bonne partie de l’Europe et l’émergence des puissantes luttes anticoloniales qui
fleuriront comme autant de printemps des peuples, durant plusieurs décennies. Nombreux sont les
réactionnaires bourgeois qui voudraient voir disparaitre ces faits historiques de la mémoire des
peuples. De l’ancien président Valérie Giscard d’Estaing qui avait interdit que le 8 mai soit commémoré
et chômé en 1975, et qui plaide encore aujourd’hui cette infamie, à Jean-Marie Le Pen honorant la
mémoire du maréchal Pétain. Masquer les causes des conflits armés et des guerres impérialistes est
une tache à laquelle s’affairent tous les laquais intellectuels et pseudo « experts » de la bourgeoisie. De
l’éducation nationale aux médias, en passant par les oeuvres littéraires et cinématographiques les plus
réactionnaires, rien n’est oublié pour plonger les peuples dans l’ignorance. On inverse le vrai et le faux,
on fait passer les héros pour des pourris et les pourris pour des héros. Et le plus important ; on
mystifie les faits pour éviter que soit correctement compris par les exploités, le lien entre le passé et le
présent. La seconde guerre mondiale est ainsi enseignée dans nos écoles selon le point de vue de
l’idéalisme historique si commode à la bourgeoisie. Sous le vocabulaire de « l’affrontement des idées »,
« la folie d’Hitler » etc. le caractère de classe de la guerre est délibérément masqué. Lénine avertissait
déjà lors de la première guerre impérialiste mondiale, que pour comprendre la guerre, il faut savoir à
quelle classe sociale elle profite. De même que pour savoir comment l’arrêter, il faut savoir à quelle
classe elle ne profite pas. En 1946, Staline résuma d’une façon claire les causes de la seconde guerre
mondiale :
« Ce serait une erreur de croire que la seconde guerre mondiale soit due au hasard ou à des fautes
commises par tels ou tels hommes d’Etat. On en a commis, pourtant. En réalité, la guerre est née
comme résultat inévitable d’un développement des forces économiques et politiques mondiales sur la
base de l’actuel capitalisme de monopole. Les marxistes ont plus d’une fois déclaré que le système
capitaliste de l’économie mondiale porte en soi des éléments de crise générale et de collision de guerre,
et que, pour cette raison, le capitalisme mondial, à notre époque, ne se développe pas dans le sens
d’une progression harmonieuse et égale, mais à travers des crises et des catastrophes de guerre. C’est
que, d’ordinaire, le développement inégal des pays capitalistes aboutit à la longue à compromettre
brusquement l’équilibre à l’intérieur du système mondial du capitalisme. Et le groupe de pays
capitalistes qui s’estime le moins pourvu en matières premières et en débouchés, tente ordinairement
de modifier la situation et de repartager à son profit les « sphères d’influences », en employant la force
armée. Il en résulte une division du monde capitaliste en deux camps ennemis, et la guerre entre eux. ».
(Discours prononcé à l’Assemblée des électeurs de la circonscription Staline de Moscou, 9 février 1946)
Telle est la vérité que seule la conception matérialiste de l’Histoire peut expliquer. La cause de la guerre
n’est compréhensible qu’en partant de la réalité des rapports de production et d’exploitation existants
entre les humains, dans un système économique mondial donné. Seuls les hypocrites dont la mission
consiste à sauver le système capitaliste et les idéalistes éduqués dans les préjugés bourgeois peuvent se
désoler de l’horreur d’une guerre sans vouloir analyser les raisons matérielles qui l’ont fait naitre. En
effet, les grands capitalistes d’Allemagne, à la tête d’une puissante industrie virent leur développement
économique et leur ambition de grande puissance freinés par les monopoles des vainqueurs de la
première guerre impérialiste mondiale. Les Etats Anglais et Français qui disposaient des plus grandes
possessions coloniales, étaient avantagés par rapport à l’Allemagne en matières premières et en
débouchés pour leurs marchandises. Dans les colonies, ils disposaient d’armées considérables en
forces de travail. Le Japon et l’Italie fasciste également cherchèrent à se tailler une part du gâteau dans
le repartage du monde. Le fascisme sera le projet dans lequel l’impérialisme mondial misera ses espoirs
de voir détruite l’URSS et d’anéantir les dangers de la révolution prolétarienne dans d’autres pays. C’est
pour voir réaliser ces espoirs que ni les USA, ni la France et la Grande-Bretagne ne tentèrent de mettre
un frein aux ambitions d’Hitler, mais l’appuyèrent au contraire dans sa conquête de l’Europe de l’Est.
La seconde guerre mondiale puise à l’origine sa source dans les mêmes raisons que la première guerre
mondiale impérialiste ; une guerre acharnée pour le repartage du monde entre les grandes puissances.
L’agression de l’Allemagne nazie envers l’URSS, le facteur puissant des forces de résistances dans les
pays occupés par le fascisme et les contradictions inter-impérialistes transformèrent cette guerre en
une guerre mondiale antifasciste.
En France, comme ailleurs, la mission de contre information permanente du pouvoir bourgeois tente de
nier l’apport décisif de l’Armée rouge Soviétique et de la Résistance intérieure, principalement organisée
par le Parti communiste, dans la victoire sur le nazisme. Les mensonges de Manuel Valls sur la police
de Paris, soit disant à l’origine de l’insurrection de 1944 est une insulte au prolétariat de notre pays. La
négation du rôle libérateur de l’URSS et les calomnies proférées à l’encontre de Staline et du Parti
communiste de l’Union Soviétique sont des insultes aux peuples épris de paix et de justice sociale. Les
attaques contre l’histoire glorieuse de la résistance antifasciste, comme la honteuse destruction du
monument Staline de Prague ne pourront jamais effacer la mémoire des peuples. Les fils et filles du
prolétariat du monde entier ont pour devoir de porter la vérité avec courage contre le courant
nauséabond de la falsification historique bourgeoise.
En ce jour du 8 mai 2015, les héritiers de ceux qui disaient « mieux vaut Hitler que le Front populaire »,
les héritiers de ceux qui livrèrent la Tchécoslovaquie aux nazis, ceux qui ont couvé après la libération
les pires collaborateurs, assassins de Juifs, Roms et Gitans, prétendent donner des leçons
d’humanisme et de tolérance, nous servent du « plus jamais ça ! ». C’est pourtant sans honte que l’Etat
opprime les populations Roms sur le territoire, détruit leurs campements et les confine à l’écart du
reste de la population. Il s’attaque aujourd’hui à toutes les conquêtes sociales issues du Conseil
National de la Résistance, et s’en prend aux derniers résistants qui osent encore revendiquer ce
pourquoi ils se sont battus. Comme en témoigne la violente agression par la police du résistant Gitan
Raymond Gureme et de sa famille. La grande bourgeoisie Française essaye en vain de cacher sa
responsabilité dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale, comme dans les terribles
massacres du colonialisme commis en Algérie, au Sénégal, au Vietnam, après la libération. Les
attaques terroristes nucléaires des USA, contre des cibles civiles à Hiroshima et Nagasaki sont
présentées comme un acte nécessaire à la capitulation du Japon. Cette présentation de l’Histoire sert à
masquer l’importance de l’entrée en guerre de l’URSS et de la République Populaire de Mongolie contre
le Japon pour que cesse définitivement le conflit.
Le rappel de cette date du 8 mai ne saurait être réduit à une simple question d’histoire. La situation
actuelle du système impérialiste mondial démontre toute la pertinence de l’analyse marxiste sur les
crises impérialistes et les guerres qu’elles suscitent à notre époque. Les deux principaux camps
impérialistes contemporains, d’un coté les USA et l’Union Européenne, de l’autre la Chine et la Russie
s’affrontent déjà de manière interposée, par concurrence économique, par moyens diplomatique ou
militaire. De nombreux pays se trouvent au centre de cet affrontement comme la Syrie, l’Irak, l’Ukraine,
le Venezuela, le Nigéria, l’Afghanistan, le Yémen etc. Aussi le devoir des communistes et des forces
progressistes ne peut consister seulement à combattre l’impérialisme idéologiquement. La contradiction
antagonique qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie monopoliste doit être comprise comme une lutte
pour la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière, une lutte pour l’abolition des classes
sociales et la construction du socialisme. Nous devons former les rangs serrés du prolétariat et des
peuples opprimés de tous les pays pour renverser l’impérialisme et en finir à tout jamais avec la guerre
en détruisant ses racines économiques et sociales. L’état d’un monde où règnent la guerre,
l’exploitation et la misère alors que l’humanité dispose déjà des forces productives suffisantes à
subvenir aux besoins des milliards d’êtres humains de notre planète, doit nous convaincre que le
Communisme seul, est l’avenir de l’humanité émancipée.
Gloire à nos martyrs de la Résistance !
Gloire à l’Union Soviétique et au camarade Staline !
Aujourd’hui comme hier, qui sème le fascisme récoltera Stalingrad !
Pour en finir avec la guerre, détruisons le système impérialiste !
Xuan
On remarquera l'adhésion totale de la Chine à la position russe concernant la Pologne et l'Ukraine : "Certains pays tentent même de nier, de déformer ou d'altérer l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, facilitant le retour du militarisme et l'émergence du néo-fascisme" . Elle s'applique à l'ensemble du camp occidental.

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70 ans après la Seconde Guerre mondiale, le monde a besoin d'un nouveau type de relations internationales


BEIJING, 9 mai (Xinhua) -- Le défilé du Jour de la Victoire très médiatisé qui marque le 70e anniversaire de la victoire des alliés lors de la Grande Guerre patriotique, nom donné par la Russie à la Seconde Guerre mondiale, a lieu samedi à Moscou.

Ce défilé sera non seulement une occasion parfaite pour la Russie et la Chine de commémorer ensemble un événement historique marquant, mais il contribuera également à définir leurs relations afin de trouver un modèle pour un nouveau type de relations internationales.

Pour la première fois, des soldats chinois ont été invités à prendre part au défilé russe, ce qui démontre non seulement la puissance et la détermination des deux armées à sauvegarder la paix, mais aussi la volonté des deux pays à protéger la justice internationale et à se souvenir de la Seconde Guerre mondiale.

Il y a 70 ans, la Chine et la Russie ont fait de grands sacrifices pour vaincre les envahisseurs fascistes et militaristes, contribuant de manière décisive à la victoire des alliés dans la Guerre mondiale contre le fascisme.

Soixante-dix ans plus tard, la Chine et la Russie ont la capacité et la responsabilité de défendre les acquis de la victoire de la Seconde Guerre mondiale et de promouvoir la construction d'un nouveau type de relations internationales centrées sur la coopération et les échanges gagnant-gagnant.

Tirant des leçons de cette guerre, la communauté internationale, et plus particulièrement les grandes puissances, devraient apprendre à éviter la guerre en réformant le monde, à conjuguer leurs intérêts avec ceux d'autres pays et à faire davantage converger leurs intérêts communs.

Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, les facteurs d'instabilité ou d'incertitude ont sensiblement augmenté: des troubles et des conflits régionaux surgissent régulièrement, des problèmes concernant des zones sensibles émergent en permanence et l'hégémonie et les pouvoirs politiques prédominent.

Certains pays tentent même de nier, de déformer ou d'altérer l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, facilitant le retour du militarisme et l'émergence du néo-fascisme.

Cette année, la Chine et la Russie organiseront conjointement une série d'événements de célébration dans les cadres bilatéraux ou multilatéraux afin de se souvenir de l'histoire et des martyrs, de renforcer la coopération dans la lutte contre le mal et de resserrer leurs liens tout en s'appuyant sur leurs succès précédents.

Bénéfique aux deux pays et ne visant aucun tiers, le partenariat stratégique global de coordination sino-russe est devenu un modèle de coexistence pacifique.

Les deux pays souhaitent une coopération gagnant-gagnant et approfondissent constamment leur confiance politique bilatérale mutuelle en se coordonnant avec succès dans les affaires internationales. Leurs aspirations contribuent au maintien de la paix et du développement dans le monde.

Il y a 70 ans, la Chine, la Russie et d'autres pays épris de paix se sont unis pour arracher une victoire décisive pour l'humanité. Comparé à cette époque, les conditions d'aujourd'hui sont plus favorables que jamais pour parvenir à la paix et au développement.

Dans un article publié dans le journal officiel russe, le président chinois Xi Jinping a déclaré que "la paix, et non la guerre, la coopération, et non la confrontation, les relations gagnant-gagnant, et non les jeux à somme nulle, sont les moteurs de la paix, du progrès et du développement de la société humaine" .

Ainsi, il est temps pour le monde entier de s'attacher à bâtir un nouveau type de relations internationales et d'adopter la coopération gagnant-gagnant comme orientation politique fondamentale dans la gestion des relations internationales afin de ne pas répéter les erreurs tragiques du passé.
Xuan
Le défilé de la place Rouge, une démonstration de force de Moscou face aux pressions de l'Occident


MOSCOU, 9 mai (Xinhua) -- La Russie a organisé samedi un défilé en grande pompe sur la place Rouge à Moscou à l'occasion du 70e anniversaire de la victoire de la Grande Guerre patriotique, nom donné par la Russie à la Seconde Guerre mondiale.

Cette procession très médiatisée qui marque le point culminant d'une série d'événements de commémoration intervient dans un contexte de détérioration des relations entre la Russie et l'Occident lié à la crise en Ukraine et à d'autres dossiers, le climat entre les deux parties n'ayant jamais été aussi tendu depuis la Guerre froide.

Dans un tel contexte, le défilé sur la place Rouge vise, selon certains analystes, à démontrer la puissance de la Russie ainsi que sa volonté inflexible face à la pression occidentale et sa détermination face aux tentatives de réécrire l'histoire et de contester l'ordre d'après-guerre.

DEMONSTRATION DE PROUESSE MILITAIRE

Il est habituel en Russie d'organiser des cérémonies de grande envergure à l'occasion des anniversaires quinquennaux et décennaux de la victoire de la Grande Guerre patriotique.

Cette année, face aux sanctions économiques, à l'isolement diplomatique et à la menace militaire américaine et européenne, Moscou n'a aucune raison de ne pas saisir cette occasion pour rehausser cette tradition.

Parmi les célébrations les plus remarquables figurent le défilé militaire sur la place Rouge de samedi, qui sera le plus grand jamais organisé par la Russie moderne.

Selon les autorités russes, plus de 16.500 soldats prendront part à la procession, soit 50% de plus qu'en 2010, et jusqu'à 200 unités d'armes et d'équipements militaires seront exposés.

Les armements comprennent notamment le système de missile balistique intercontinental Yars, des véhicules blindés haut de gamme, des systèmes d'artillerie à haute précision ainsi que des chasseurs Su-30 et Su-35.

En outre, des défilés de petite envergure auront lieu dans 27 autres villes russes, de même que dans les capitales de la Biélorussie, du Kirghizistan et de l'Arménie. En outre, des parades navales sont prévues dans les cinq bases principales de la marine russe.

SORTIR DE L'ENCERCLEMENT DIPLOMATIQUE

Le défilé est non seulement une démonstration militaire, mais aussi un événement diplomatique. Le président chinois Xi Jinping ainsi que les dirigeants d'une vingtaine d'autres nations seront présents au défilé, auquel participeront les unités militaires de dix pays étrangers.

Cependant, les dirigeants occidentaux sont largement absents. Compte tenu de leur divergence avec la Russie sur la question de l'Ukraine, ceux-ci sont peu enclins à assister au défilé.

Selon des annonces précédentes, les Etats-Unis seront représentés par leur ambassadeur en Russie et la France par un ministre tandis que la chancelière allemande Angela Merkel se rendra à Moscou le 10 mai.

Moscou a critiqué les Etats-Unis et l'Union européenne pour avoir dissuadé certains dirigeants européens d'assister aux célébrations russes.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a noté que l'absence de certains dirigeants occidentaux lors de l'événement "ne gâcherait pas son atmosphère festive et ne changerait rien à son envergure" .

PRESERVATION DE L'HISTOIRE REELLE

Par cette cérémonie de commémoration, la Russie entend également réaffirmer sa détermination à défendre l'histoire réelle, car Moscou a récemment eu des échanges vifs avec l'Occident, qui a remis en question le rôle du pays pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le bras de fer a éclaté en janvier lorsque le ministre polonais des Affaires étrangères, Grzegorz Schetyna, a déclaré que le camp de concentration d'Auschwitz avait été libéré par des soldats du Premier Front ukrainien.

Le président polonais Bronislaw Komorowski a par la suite surenchéri en annonçant qu'il envisageait d'organiser une cérémonie internationale pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale avec les dirigeants de l'UE le 8 mai à Gdansk.

Ces remarques ont irrité Moscou. M. Poutine a fustigé à plusieurs reprises les tentatives de manipuler l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, avertissant que "les tentatives de réécrire l'histoire de la Seconde Guerre mondiale pourraient ouvrir la porte à la renaissance du nazisme" .

Le dirigeant russe a souligné que ces tentatives visaient à saper la puissance de la Russie et son autorité morale et à la priver de son statut de nation victorieuse.
M. Poutine a appelé le Comité d'organisation des événements de célébration du Jour de la Victoire d'être à la hauteur et de montrer au monde la vérité et la contribution que le peuple soviétique a apportée à la victoire sur le nazisme.
Xuan


La Chine et la Russie s'engagent à défendre l'histoire et à sauvegarder la paix


MOSCOU, 8 mai (Xinhua) -- Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine ont juré vendredi de défendre l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et de sauvegarder la paix mondiale et la justice internationale.

Les deux dirigeants ont également convenu de promouvoir l'amarrage entre l'initiative chinois de "la Ceinture Economique de la Route de la Soie" et l'aspiration de la Russie dans le cadre de l'Union économique eurasienne.

M. Xi, qui a exprimé son plaisir d'assister à la cérémonie marquant le 70e anniversaire de la victoire de la Grande Guerre patriotique, a rappelé les grands sacrifices et les contributions apportées par la Chine et la Russie, deux champs de bataille majeurs lors de la Seconde Guerre mondiale. En luttant coude à coude pendant la guerre, les deux peuples ont forgé une amitié profonde, a ajouté M. Xi.

Notant que la Chine et la Russie tiendront respectivement des manifestations commémorant la victoire de la Seconde Guerre mondiale, M. Xi a indiqué que ces célébrations visent à rappeler l'histoire et à rendre hommage aux martyrs, à sauvegarder la paix durement gagnée et à promouvoir un avenir radieux pour la paix et le développement de toute l'humanité.

"Nous sommes prêts à approfondir l'amitié traditionnelle avec le peuple russe, à promouvoir l'amarrage de nos stratégies de développement, à tracer la voie future pour notre coopération amicale, et à maintenir le partenariat stratégique global de coordination sino-russe à un niveau élevé", a indiqué M. Xi.

Ce faisant, les deux voisins vont également aider à construire un ordre mondial plus juste et plus raisonnable et à sauvegarder la paix régionale et mondiale, la sécurité et la stabilité, a poursuivi M. Xi.

Pour sa part, M. Poutine s'est félicité du partenariat stratégique global de coordination entre les deux pays, notant que cela a donné des résultats fructueux dans divers domaines et à différents niveaux.

M. Poutine, qui a affirmé partager l'avis de M. Xi sur les contributions historiques que la Chine et la Russie ont faites pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Poutine a déclaré que les deux pays vont s'opposer à toute tentative de nier et déformer l'histoire, et vont lutter contre toute tentative visant à embellir les fascistes et militaristes et à discréditer les libérateurs.

Au cours de son séjour en Russie, M. Xi se joindra samedi aux dirigeants des autres pays pour la parade de la Journée de la Victoire sur la Place Rouge et pour déposer une couronne à la Tombe des soldats inconnus.

M. Xi est arrivé à Moscou plus tôt vendredi après avoir visité le Kazakhstan. Après la Russie, M. Xi se rendra en Biélorussie pour une visite de deux jours.


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Le président chinois salue la contribution des experts russes à la Chine


MOSCOU, 8 mai (Xinhua) -- Le président chinois Xi Jinping, en visite en Russie, a salué vendredi la contribution des experts russes au développement chinois après la fondation de la République ainsi que l'amitié traditionnelle entre les deux peuples.

"Aux premières années après la création de la Chine nouvelle, moment où la population chinoise avait un besoin urgent d'assistance, quelques 30 000 experts russes sont venus en Chine et ont apporté leur aide" , a indiqué M. Xi lors d'une rencontre avec un groupe d'experts russes qui avaient travaillé en Chine ainsi que des proches de certains experts décédés.

M. Xi a rappelé une citation chinoise : "N'oubliez jamais les puisatiers quand vous buvez" , puis a présenté la gratitude de la population chinoise aux experts russes en Chine ayant contribué à sa première période de développement.

M. Xi a fait l'éloge de l'amitié profonde que les experts russes avaient forgé avec la population chinoise au cours de leur séjour en Chine.

Depuis 1978, des dizaines de milliers d'experts russes se sont rendus en Chine et ont activement participé à la réforme et à l'ouverture du pays ainsi qu'à son processus de modernisation.

M. Xi a loué les experts en les considérant comme des "messagers de paix entre la Chine et la Russie" et "amis sincères de la population chinoise" .

"Je souhaite que nous puissions hériter de la profonde amitié et ouvrir un nouveau chapitre dans les relations sino-russes" , a souligné M. Xi.

Le chef d'Etat chinois est arrivé vendredi à Moscou pour effectuer une visite en Russie, où il devra assister à une série d'événements destinés à commémorer le 70e anniversaire de la victoire de la Grande Guerre Patriotique.
Xuan
Le discours de Poutine [Le Grand Soir]:

Mes chers concitoyens russes,
Chers vétérans,
Honorables invités,
Camarades soldats de l’armée de terre et de la marine, sergents et officiers mariniers, aspirants et adjudants,
Camarades officiers, généraux et amiraux,

Je vous adresse à tous mes félicitations en ce 70e Anniversaire de la Victoire de la Grande Guerre Patriotique !
Aujourd’hui, alors que nous célébrons cet anniversaire sacré, nous nous rendons compte à nouveau de l’ampleur de la Victoire sur le nazisme. Nous sommes fiers que ce soient nos pères et grands-pères qui aient réussi à surmonter, écraser et détruire cette force obscure.

Le projet inconscient d’Hitler est devenu une dure leçon pour la communauté internationale tout entière. A l’époque, dans les années 1930, l’Europe éclairée n’a pas été capable de voir la menace mortelle qui résidait dans l’idéologie nazie.
Aujourd’hui, soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle encore à la sagesse et à la vigilance. Nous ne devons pas oublier que les idées de suprématie raciale et d’exclusivisme ont provoqué la guerre la plus sanglante de l’Histoire. Cette guerre a affecté près de 80% de la population mondiale. Beaucoup de pays européens ont été réduits en esclavage et occupés.

L’Union soviétique a subi les attaques les plus cruelles de l’ennemi. Les forces d’élite nazies ont été lancées sur elle. Toute leur puissance militaire a été concentrée contre elle. Et toutes les grandes batailles décisives de la Seconde Guerre mondiale, en termes de troupes, de puissance militaire et d’équipements impliqués, ont eu lieu en URSS.
Et sans surprise, c’est l’Armée Rouge qui, en prenant Berlin dans une campagne fulgurante, a porté le coup final à l’Allemagne d’Hitler et a mis fin à la guerre.
Toute notre nation multi-ethnique s’est dressée pour lutter pour la liberté de notre Patrie. Tout le monde a porté le lourd fardeau de la guerre. Et d’un même élan, tout notre peuple a réalisé un exploit immortel pour le Salut de la Patrie. Il a déterminé l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Il a libéré les nations européennes des nazis.
Tous les Vétérans de cette guerre, où qu’ils vivent aujourd’hui, devraient savoir qu’ici, en Russie, nous apprécions hautement leur courage, leur force et leur dévouement à la fraternité de la première ligne.

Chers amis,
La Grande Victoire restera toujours une apogée héroïque dans l’histoire de notre pays. Mais nous rendons également hommage à nos alliés dans la coalition antihitlérienne.
Nous sommes reconnaissants envers les peuples de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis d’Amérique pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants envers les antifascistes de tous les pays qui ont généreusement combattu l’ennemi en tant que partisans et membres de la résistance clandestine, y compris en Allemagne même.

Nous nous souvenons de la rencontre historique sur l’Elbe
[entre forces soviétiques et américaines] , et de la confiance et de l’unité qui devinrent notre patrimoine commun et un exemple de l’unification des peuples pour la paix et la stabilité.
Ce sont précisément ces valeurs qui sont devenues le fondement de l’ordre mondial d’après-guerre. L’Organisation des Nations Unies a été créée et le système du droit international moderne a émergé.
Ces institutions ont concrètement prouvé leur efficacité pour résoudre les différends et les conflits.

Cependant, dans les dernières décennies, les principes de base de la coopération internationale en sont venus à être de plus en plus ignorés. Ce sont les principes qui ont été durement gagnés par l’humanité à la suite des épreuves de la guerre mondiale.
Nous avons vu des tentatives visant à établir un monde unipolaire. Nous voyons le bloc de la force brute prendre de l’ampleur. Tout cela porte atteinte à un développement mondial durable.

La création d’un système de sécurité égal pour tous les Etats devrait devenir notre tâche commune. Un tel système constituerait une réponse adéquate aux menaces modernes, et il devrait reposer sur une base régionale et mondiale sans blocs opposés. C’est la seule voie qui puisse nous permettre d’être en mesure d’assurer la paix et la tranquillité sur la planète.

Chers amis,
Nous saluons aujourd’hui tous nos invités étrangers et exprimons notre gratitude aux représentants des pays qui se sont battus contre le nazisme et le militarisme japonais.
Outre les militaires de Russie, des unités de parade de dix autres Etats vont également défiler à travers la Place Rouge. Elles comprennent des soldats de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan. Leurs ancêtres ont combattu coude à coude, à la fois en première ligne et à l’arrière.

Il y a également des soldats de la Chine, qui, tout comme l’Union soviétique, a perdu des millions de vies dans cette guerre. La Chine a également été le principal front dans la lutte contre le militarisme en Asie.

Les soldats indiens se sont eux aussi battus courageusement contre les nazis. Les troupes serbes ont également offert une résistance forte et implacable face aux fascistes. Tout au long de la guerre, notre pays a reçu un fort soutien de la Mongolie. Et maintenant, dans une formation de parade unique, sont réunis les petits-fils et arrière-petits-fils de la génération de la guerre. Le Jour de la Victoire est notre fête commune.
La Grande Guerre Patriotique fut en fait la bataille pour l’avenir de l’humanité tout entière.

Nos pères et nos grands-pères ont subi des souffrances, des privations et des pertes indescriptibles. Ils ont œuvré jusqu’à l’épuisement, jusqu’aux limites de la capacité humaine. Ils se sont battus jusqu’à la mort. Ils ont montré un exemple d’honneur et de véritable patriotisme.

Nous rendons hommage à tous ceux qui ont combattu jusqu’à la mort pour chaque rue, chaque maison et chaque frontière de notre Patrie. Nous nous inclinons devant ceux qui ont péri dans les combats acharnés près de Moscou et à Stalingrad, à Koursk et sur le Dniepr.

Nous nous inclinons devant ceux qui sont morts de la famine et du froid à Leningrad l’invaincue, à ceux qui ont été torturés à mort dans les camps de concentration, en captivité et sous l’occupation.

Nous nous inclinons avec affection à la mémoire des fils, filles, pères, mères, grands-parents, maris, épouses, frères, sœurs, compagnons d’armes, parents et amis, à la mémoire de tous ceux qui ne sont jamais revenus de la guerre, tous ceux qui ne sont plus parmi nous.

Nous faisons une minute de silence à leur mémoire.


[Minute de silence]

Nos chers anciens combattants,
Vous êtes les principaux protagonistes de la Grande Fête de la Victoire. Votre exploit héroïque a permis d’instaurer une vie digne et paisible pour de nombreuses générations. Elle leur a permis de construire leur existence et d’avancer sans crainte.
Et aujourd’hui, vos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants se montrent à la hauteur des hautes exigences que vous avez établies. Ils œuvrent pour le bien du présent et de l’avenir de leur pays. Ils servent leur patrie avec dévouement. Ils répondent aux défis complexes de notre temps avec honneur. Ils garantissent le succès, la prospérité et la puissance de notre patrie, notre Russie !
Gloire au peuple victorieux !
Bonne fête à tous !
Félicitations pour le Jour de la Victoire !
Hourra !


[Soldats : Hourra ! Hourra ! Hourra !]

[Hymne national de la Fédération de Russie.]
 
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