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Michel J. Cuny
Philosophia a écrit :
Pour faire un lien avec la question fondamentale posée par Michel, je poserai à mon tour une question... En système capitaliste, sur quoi la structure économique et sociale est-elle fondée ?
Relisons l'exposé particulièrement éclairant d'un certain Pierre Le Mercier de La Rivière qui écrivait en 1767, soit une vingtaine d'années seulement avant la Révolution :
" [...] Il existe un ordre naturel pour le gouvernement des hommes réunis en société [...] un ordre pour la connaissance duquel la nature nous a donné une portion suffisante de lumières, et qui n’a besoin que d’être connu pour être observé ; un ordre où tout est bien, et nécessairement bien, où tous les intérêts sont si parfaitement combinés, si inséparablement unis entre eux, que depuis les Souverains jusqu’au dernier de leurs sujets, le bonheur des uns ne peut s’accroître que par le bonheur des autres ; un ordre enfin dont la sainteté et l’utilité, en manifestant aux hommes un Dieu bienfaisant, les prépare, les dispose, par la reconnaissance, à l’aimer, à l’adorer, à chercher par intérêt pour eux-mêmes, l’état de perfection le plus conforme à ses volontés."

La question que pose Philosophia et l'auteur qu'elle cite impliquent un petit détour vers un monde dont on oublie généralement qu'il est intrinsèquement lié à toute vie en société : celui de la jouissance.
C'est bien cette jouissance qui résonne d'un bout à l'autre de la " Correspondance " de l'ignoble Voltaire ... C'est ce qui lui donne sa juste place dans la manipulation de l'inconscient des jeunes gens et des jeunes filles de notre pays par une Université qui sait ce qu'elle fait depuis des décennies.

C'est encore cette jouissance très personnelle qui anime l'ensemble de la carrière politique d'un certain De Gaulle .
C'est cette jouissance, exercée contre lui, qui aura exigé la mise à l'écart de Pierre Cot de la vie politique dès après le Front populaire ; c'est elle qui a condamné à mort Jean Moulin ; et c'est elle qui animait le discours terriblement mensonger d' André Malraux lors du transfert des cendres du créateur du Conseil de la Résistance au Panthéon en 1964.

Relisons avec attention la citation de Le Mercier de La Rivière que je reprends ci-dessus de Philosophia . J'ai bleui les diverses occurrences du mot " ordre ", ainsi que ce qui se rapporte au bonheur " des uns ", " des autres ".

Relecture édifiante... Or, sous l'ordre social , il y a toujours des jouissances individuelles : elles se disent, ou ne se disent pas.

Chez Le Mercier de La Rivière , voilà ce que cela donne :

" L'homme ne se met en action qu'autant qu'il est aiguillonné par le désir de jouir ; or le désir de jouir ne peut agir sur nous qu'autant qu'il n'est point séparé de la liberté de jouir . "

" Désir de jouir et liberté de jouir , voilà l'âme du mouvement commercial [...]"

" Mais qui est-ce qui peut porter les hommes à faire ces travaux et ces dépenses, si ce n'est le désir de jouir ? et que peut sur eux le désir de jouir , s'ils sont privés de la liberté de jouir ? "

Le peuple doit-il décidément plier sa vie sous cette jouissance-là ?
Voilà la véritable question politique.


Edité le 04-10-2013 à 18:32:54 par Michel J. Cuny


Philosophia
Pour faire un lien avec la question fondamentale posée par Michel, je poserai à mon tour une question ... En système capitaliste, sur quoi la structure économique et sociale est-elle fondée ?

Relisons l'exposé particulièrement éclairant d'un certain Pierre Le Mercier de La Rivière qui écrivait en 1767, soit une vingtaine d'années seulement avant la Révolution :

" [...] Il existe un ordre naturel pour le gouvernement des hommes réunis en société [...] un ordre pour la connaissance duquel la nature nous a donné une portion suffisante de lumières, et qui n’a besoin que d’être connu pour être observé ; un ordre où tout est bien, et nécessairement bien, où tous les intérêts sont si parfaitement combinés, si inséparablement unis entre eux, que depuis les Souverains jusqu’au dernier de leurs sujets, le bonheur des uns ne peut s’accroître que par le bonheur des autres ; un ordre enfin dont la sainteté et l’utilité, en manifestant aux hommes un Dieu bienfaisant, les prépare, les dispose, par la reconnaissance, à l’aimer, à l’adorer, à chercher par intérêt pour eux-mêmes, l’état de perfection le plus conforme à ses volontés. [...]

" Ce n’est pas parce que les hommes se sont réunis en société, qu’ils ont entre eux des devoirs et des droits réciproques ; mais c’est parce qu’ils avaient naturellement et nécessairement entre eux des devoirs et des droits réciproques, qu’ils vivent naturellement et nécessairement en société. Or, ces devoirs et ces droits, qui dans l’ordre physique sont d’une nécessité absolue , constituent le juste absolu [...]"

" C’est donc de la nature même que chaque homme tient la propriété exclusive de sa personne, et celle des choses acquises par ses recherches et ses travaux . [...] La propriété personnelle est le premier de tous les droits : sans elle, il n’est plus ni propriété mobilière, ni propriété foncière, ni société ... Ces trois sortes de propriétés sont tellement unies ensemble qu’on doit les regarder comme ne formant qu’un seul tout dont aucune partie ne peut être détachée, qu’il n’en résulte la destruction des deux autres. L’ordre essentiel à toute société est donc de les conserver toutes trois dans leur entier [...]"
[...]

" L’ordre essentiel à toutes les sociétés est l’ordre sans lequel aucune société ne pourrait ni se perpétuer ni remplir l’objet de son institution. La base fondamentale de cet ordre est évidemment le droit de propriété , parce que sans le droit de propriété, la société n’aurait aucune consistance, et ne serait d’aucune utilité à l’abondance des productions [...]"

Pierre Cot qui était très attaché à la Révolution française concevait-il l'organisation de la société sous cet angle ?
Michel J. Cuny
Pierre Cot, réagissant en 1943 sur son idéalisme politique d'avant le 6 février 1934, constate : " Il y avait beaucoup d'enfantillage dans nos conceptions. "

Voilà la thématique idéaliste qui, selon lui-même, a porté les premières années de la présence de Pierre Cot à la Chambre des députés (de 1928 à 1933), Jean Moulin étant depuis 1925 parmi ses amis les plus proches :
" Ma pensée politique était fondée sur les principes de la Révolution Française. Je pensais et je pense encore que les principes de la Révolution étaient la meilleure expression du génie politique de la nation française ; [...] Je pensais que les principes de la Révolution devaient être développés afin d'être appliqués aux problèmes de la vie moderne ; [...] ; je pensais déjà qu'à la démocratie politique devait s'ajouter la démocratie économique et internationale ; plus je pénétrais au cœur de la politique française, plus mon expérience administrative et gouvernementale s'enrichissait, et plus je me rendais compte qu'en réalité il ne pouvait pas y avoir de démocratie politique ou de démocratie internationale sans démocratie économique - plus je me rendais compte que pour réaliser l'idéal de la Révolution Française, le suffrage universel est insuffisant : il faut modifier la structure économique et sociale ."

Comme on le voit, et comme on peut s'en étonner aujourd'hui qu'il ne fait guère bon annoncer que l'on se refuse à voter : Pierre Cot , dans un temps où il n'avait pas encore affronté les menaces de mort de la Cagoule, mesure déjà les limites de l'exercice du suffrage universel...

Le suffrage universel participe-t-il décidément de l'exercice de la souveraineté ? Quand un peuple vote, est-il, de toute nécessité, souverain ? Redoutable question par ce qu'elle engage de conséquences pour chacune et chacun de nous, sitôt qu'il s'agira de lier une réponse négative à la décision ferme de refuser de "donner" sa voix.

Décision qui cependant ne saurait interdire à celle ou à celui qui n'ont pas donné leur voix parce qu'elle (il) se refusent de chanter faux, de persister à donner de la voix autant que faire se peut ailleurs que devant l'urne. Mais pour dire quoi, et à qui ?

Pour dire, en allant dans le sens de ce à quoi appellent les derniers mots de la citation de Pierre Cot , que loin de s'en tenir au rôle de mauvais souffleur dans les trompettes d'un suffrage universel uniquement conçu pour que tout cela sonne aussi faux que possible : " Il faut modifier la structure économique et sociale ".

Oui, et comment ?...
Michel J. Cuny
Pierre Cot et l'U.R.S.S. de Staline

C'est effectivement à cette U.R.S.S.-là qu'il faut immédiatement référer le patron et ami de Jean Moulin , ce Pierre Cot qui recevra le prix Staline pour la paix , en 1953 : l'année même du décès de l'éminent continuateur de Lénine .

Comme il est désormais assez facile de le comprendre, la ligne politique suivie par Jean Moulin s'inscrivait directement en continuité de celle qu'avait initiée Pierre Cot dès le début des années 30 : celle-ci s'était trouvée brisée par les Accords de Munich ; celle-là le serait le 21 juin 1943 par l'arrestation du créateur et président en exercice du Conseil de la Résistance souverain.

Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'une ligne extrêmement forte si on l'inscrit en continuité avec Robespierre . Mais c'est aussi une ligne qui n'a encore trouvé ni son historien, ni le schéma institutionnel démocratique apte à en soutenir le langage, c'est-à-dire à en développer la dialectique.

Il faut encore en dire qu'elle est solidaire de l'Histoire même de l'U.R.S.S. :
il n'est pas envisageable de parler correctement de Jean Moulin et de Pierre Cot , s'il faut concomitamment faire de Joseph Staline un monstre.

C'est pourquoi, par respect pour les deux premiers, j'ai entrepris un travail plus spécifiquement attaché à l'image que l'idéologie dominante est parvenue à nous fournir de ce dernier. La trace s'en trouve dans :
http://crimesdestaline.canalblog.com

Et Pierre Cot lui-même ?

A la fin du mois de janvier 1933, le lendemain de l'accession d' Adolf Hitler à la Chancellerie, le voici devenu ministre de l'Air. Quand arrive le printemps, il se rend à la Conférence du désarmement de Genève ; il y fait une rencontre qui lui ouvre la piste qu'il ne quitterait plus. C'est à lui de nous la révéler :
" Pendant la Conférence du Désarmement, je m'étais lié avec Maxime Litvinoff, champion infatigable de la "paix indivisible"; la paix du monde aurait été sauvée, si les Démocraties avaient écouté Litvinoff. "

Voilà qui montre aussitôt cette extrême naïveté politique dont Pierre Cot trouverait bientôt (le 6 février 1934) qu'il lui fallait très vite se débarrasser, puisque, ainsi que je l'ai déjà rapporté, il écrira, dix ans plus tard :
" Nous avions lu les œuvres de Marx, mais nous ne les avions pas comprises; il y avait beaucoup d'enfantillage dans nos conceptions ."

Comment Pierre Cot et son entourage avaient-ils pu ne pas comprendre que la guerre de l'Allemagne contre la jeune Union soviétique était au cœur même de l'armistice du 11 novembre 1918 et du traité de Versailles de 1919 ?
Michel J. Cuny
De l'Indochine à Jean Moulin : une petite surprise

Merci pour tous ces éléments effectivement pertinents, Xuan .

Je ne voudrais pas m'éloigner de Pierre Cot et de Jean Moulin tout de suite.

Mais, comme dans " Le procès impossible de Charles de Gaulle ", j'ai consacré une trentaine de pages aux circonstances de l'entrée en guerre en Indochine, je dirai qu'à suivre de près les témoignages de Jean Sainteny et de Thierry d'Argenlieu , mais aussi les discours de De Gaulle tout au long de la guerre d'Indochine, il ne fait aucun doute qu'il a voulu cette guerre, qu'il a su en réunir les conditions, et qu'après son départ de la présidence du gouvernement provisoire, il a exercé un contrôle direct sur ce qui se passait en Indochine.

Ce qui n'enlève rien aux responsabilités particulières de Léon Blum et des socialistes qui ont agi dans le cadre général fixé par De Gaulle .

Mais je crois surtout qu'il faut resituer tout cela, d'une part relativement à l'ensemble de la trajectoire politique de De Gaulle depuis les lendemains de la première guerre mondiale, et d'autre part, de celle de Léon Blum depuis le discours au stade de Luna Park, à l'été de 1936, sur le pourquoi de la non-intervention en Espagne.

Je vais toutefois m'appuyer sur ce petit détour par l'Indochine pour revenir à Jean Moulin ...

Voici de quoi il s'agit.
Au mois de mai 1941, les communistes indochinois proposent la création d'une " Ligue pour l'indépendance du Vietnam " : Viêt Nam Ðôc Lâp Ðông Minh Hôi, c'est-à-dire, tout simplement, le désormais très célèbre Viet Minh .

Que croit-on que faisait alors Jean Moulin ?
Comme l'a noté le colonel britannique Sutton qui l'a rencontré le 3 novembre 1941 lors de sa première venue à Londres (fin octobre 1941 - début janvier 1942) :
" En mai [1941], il [Jean Moulin] se rendit secrètement à Paris pour trois semaines où il vit un certain nombre de fonctionnaires et d'hommes politiques de sa connaissance ."

Or, comme je crois avoir été le premier à le remarquer, c'est justement à la mi-mai 1941 qu'a été publié par le parti communiste français l'équivalent, pour la France, de l'appel qui, en Indochine, a donné naissance au Viet Minh : l'appel " Pour la formation d'un Front national de l'indépendance de la France ".

D'où l'on peut tirer la ligne politique qui sera celle de Jean Moulin jusqu'à sa mort... Or, les deux appels de mai 1941 précèdent même le déclenchement de l'opération Barbarossa !...
Xuan
Jean-François Klein a publié un compte-rendu de l'ouvrage de Turpin sur le site Moussons
Xuan
La guerre d'Indochine commence après le départ de De Gaulle, mais en réalité elle avait été très largement anticipée avant le coup japonais en Indochine du 9 mars 1945, puisque De Gaulle y avait déjà envoyé ses hommes pour chasser l'administration vichyste.

En particulier, le 8 décembre 1943, il déclarait « La France saura se souvenir de l'attitude fière et loyale des peuples indochinois, de la résistance qu'ils ont, à nos côtés, opposée au Japon et au Siam, de la fidélité de leur attachement à la communauté française, à ses peuples qui ont su affirmer à la fois leur sentiment national et leur sens de la communauté française, un statut politique nouveau sera reconnu, où, dans le cadre de l'organisation fédérale, les libertés des divers pays de l'Union seront étendues et consacrées ; où le caractère libéral de ces institutions sera, sans perdre la marque de la civilisation et des traditions indochinoises, accentué ; où les Indochinois, enfin, auront accès à tous les emplois et fonctions de l'État. »
Il est clair qu'il faisait alors ces promesses dans le seul but de reconstituer l'Empire colonial français.
La déclaration du 24 mars 1945 va exactement dans le même sens.

Entre la capitulation du Japon et son officialisation, le Vietminh avait pris le contrôle de Hanoï et de Saigon.
Le 2 septembre 1945, HoChi Minh proclame la République Démocratique du Vietnam, dont on peut lire la déclaration d'indépendance ici.

Mais dans le même temps de Gaulle nommait l’amiral d’Argenlieu haut-commissaire en Indochine et le général Leclerc général commandant supérieur des troupes françaises.
Le 2 août Jean Cedile (auparavant agent de renseignement dans la Chine de Tchang Kaï-chek) était parachuté au sud Vietnam et Jean Sainteny au nord.
Ce dernier, commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord, négocie avec Hô Chi Minh l'accord Hô-Sainteny pour que l'Indochine demeure dans l'Union française.
C'est encore d'Argenlieu qui profite de l'absence d'Hô Chi Minh, parti négocier avec le gouvernement Bidault, pour faire proclamer la République autonome de Cochinchine.
Le 23 novembre 1946, à l'instigation de l'amiral d'Argenlieu, trois avisos du colonel Debès bombardent le port de Haïphong, faisant 20 000 morts.

On peut lire sur cette période "De Gaulle, les Gaullistes et l’Indochine" , de Frédéric Turpin - Paris : Les Indes Savantes, 2005
Michel J. Cuny
Charles de Gaulle : jusqu'à la guerre sans raison...

Les citations trouvées chez Benjamin Constant par Philosophia résonnent avec force auprès de ce qu'en 1913, le lieutenant Charles de Gaulle , 23 ans, n'hésitait pas à dire dans une conférence prononcée devant des officiers subalternes tout comme lui :

" Certes, la guerre est un mal, je suis le premier à en convenir, mais c'est un mal nécessaire. La guerre est une de ces grandes lois des sociétés auxquelles elles ne peuvent se soustraire et qui les chargent de chaînes en les accablant de bienfaits. Rien ne sait davantage réveiller dans un peuple les mâles vertus et les nobles enthousiasmes que le sentiment de la patrie en danger ."

Mais le voici qui n'hésite pas à pousser un peu plus loin :
" Certes ce serait un grand crime pour un peuple que de la déchaîner sans raison, mais c'en serait un autre que de vouloir la détruire « car sans elle, disait M. de Molkte, sans elle le monde pourrirait ». La guerre développe dans le cœur de l'homme beaucoup de ce qu'il y a de bien ; la paix y laisse croître tout ce qu'il y a de mal ."

" Tout ce qu'il y a de mal ." C'est dit.

Mais qu'est-ce donc que ce M. de Molkte ?
Rien que le réorganisateur de l'armée prussienne à la fin des années 1850, le général en chef à Sadowa (1866) comme à Sedan (1870), et l'homme qui, en insistant pour que l'Allemagne annexe l'Alsace et une partie de la Lorraine, est directement à l'origine de ce que Karl Marx et Friedrich Engels ont appelé : l'institutionnalisation de la guerre européenne pour plusieurs générations. Rien que ça.

Encore une petite question :
Est-ce vraiment pour que la France ne pourrisse pas, que De Gaulle a lancé, en septembre 1945 en Indochine, cette guerre sans raison et sans plan (ainsi que la dénoncera la commission présidée par le général Catroux , et formée immédiatement après la défaite de Diên Biên Phu) qui fera - avec celle du Vietnam qui n'aurait pas pu avoir lieu sans elle - 1 850 000 morts : hommes, femmes, enfants, vieillards, de toutes nationalités, confondu(e)s ?
Philosophia
Xuan a écrit :

Si on écoute les médias bourgeois, De Gaulle est un grand homme, un héros national, ce n'est pas pour nous surprendre.
Mais la vérité est toute autre.
C'est tout à fait vrai.

Il existe maints exemples de la manière dont "on" - c'est-à-dire l' "opinion publique" formée par une presse dite libre - fait passer les fauteurs de guerre pour des libérateurs... des grands démocrates ...

J'évoquerai ici le cas, particulièrement instructif, du grand "libéral" Benjamin Constant, compagnon de madame de Stael, fille du célèbre banquier Necker ... En 1997, dans sa préface aux " Principes de politique " de Benjamin Constant, Tzvetan Todorov écrit ceci :

" Pour penser la démocratie d'aujourd'hui , on a tout à gagner à revenir aux textes fondateurs parmi lesquels les " Principes de politique " occupent une place d'honneur ."

Justice leur est désormais rendue, puisque selon Todorov, " l'un des chefs-d'oeuvre de la philosophie politique européenne peut sortir de l'obscurité et occuper la place qui lui est due ."

Que lit-on dans ces fameux " Principes de politique " qui puisse susciter une telle admiration ?...

Benjamin Constant, le grand adepte des "Lumières" écrit textuellement que " la guerre elle- même n'est pas un mal . Elle est dans la nature de l'homme . Elle favorise le développement de ses plus belles et de ses plus grandes facultés . Elle lui ouvre un trésor de précieuses jouissances ." [...][L'homme] se forme à la grandeur d'âme , à l'adresse, au sang froid, au courage, au mépris de la mort , sans lequel il ne peut jamais se répondre qu'il ne commettra pas toutes les lâchetés qu'on exigera de lui . La guerre lui enseigne des dévouements héroïques et lui fait contracter des amitiés sublimes . Elle l'unit de liens plus étroits à ses compagnons d'armes . Enfin, " elle donne un corps à sa patrie , pour qu'il la défende ."

D'ailleurs, toujours selon le sieur Constant, " de trop longues époques de paix abâtardissent les peuples et les préparent à la servitude ."... C'est ainsi que " les peuples belliqueux par caractère sont d'ordinaire des peuples libres, parce que les mêmes qualités qui leur inspirent l'amour de la guerre, les remplissent d'amour pour la liberté ."...

Est-ce donc par " amour pour la liberté " que Charles de Gaulle a voulu faire du peuple français " un peuple belliqueux " ?...


Edité le 21-09-2013 à 20:40:46 par Philosophia


Michel J. Cuny
Quand la lutte des classes annonce qu'elle va se payer au prix du sang

Il faut replacer dans son contexte l'émotion manifestée par Jean Moulin le 6 février 1934, en citant ce qu'il a écrit à ses parents dès le 12 :
" Je suis resté 2 heures de 6 à 8 h, sur le pont de la Concorde et j'ai pu voir avec quelle sauvagerie les "Croix de Feu" et les Camelots du Roi chargeaient les gardiens de l'ordre désarmés. C'est par dizaines qu'on emportait les blessés dans les rangs des gardes mobiles et des gardiens de la paix. Les gardes républicains à cheval étaient désarçonnés par les émeutiers qui tranchaient les jarrets des chevaux avec des lames de rasoir. J'ai vu aussi que les premiers coups de feu sont partis des émeutiers ."

Or, deux jours plus tôt, le 10 février, Léon Daudet écrivait dans L'Action Française :
" Il importerait au salut du pays que Daladier, Cot, Frot, Blum, Lucien, Barthe et tous les responsables de la tuerie de mardi dernier fussent passés, le plus tôt possible, par les armes ."

Pour sa part, Pierre Cot écrira en 1943 :
" "Léon Blum, Daladier et Pierre Cot au poteau! A mort les assassins du 6 février! Léon Blum, Daladier et Pierre Cot en Haute-Cour!" Que de fois ces paroles ont été prononcées et ces mots imprimés, entre le 6 février 1934 et le mois de juin 1936! "

Mais puisque nous voici arrivés au Front populaire, le tableau ne serait pas complet si je ne citais pas L'Action Française du 26 août 1936 :
" Nous savons qu'on s'affaire beaucoup en ce moment dans les hangars Bloch de Villacoublay pour mettre au point les deux Bloch 200 destinés au Frente Popular. L'affaire, préparée par M. Moulin, l'un des hommes de Pierre Cot, se poursuit en dépit des belles déclarations de neutralité ."

Et encore le numéro du lendemain :
" Pierre Cot viole ouvertement la neutralité : Quel jeu joue donc ce petit galopin fou d'orgueil à qui on a donné le ministère de l'Air ? Pierre Cot est-il l'agent des Soviets chargé de nous jeter dans la guerre malgré nous ? "

(NB. Toutes ces citations sont extraites de Michel J. Cuny - Françoise Petitdemange " Fallait-il laisser mourir Jean Moulin? " Editions Paroles Vives, 1994.)
 
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