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Xuan
L'Humanité publiait cet article en 2017.
A l'époque Thorez quitta les bancs de l'Assemblée nationale lorsque les députés malgaches furent arrêtés. On se sait pas si les massacres étaient connus.

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https://www.humanite.fr/1947-un-massacre-colonial-francais-madagascar-634021

1947, UN MASSACRE COLONIAL FRANÇAIS À MADAGASCAR


Mercredi, 29 Mars, 2017




Il y a soixante-dix ans ce jour, le peuple malgache se levait pour se libérer du joug colonial. À cette insurrection, la France répondit par un crime d’ampleur, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts.

Il est minuit, ce 29 mars 1947, lorsque plusieurs centaines d’insurgés, colonne de paysans pauvres, armés de vieux fusils, s’attaquent au camp militaire de Moramanga, à l’est de l’île. C’est le signal d’une insurrection qui va embraser, pendant près de deux ans, la colonie française de Madagascar, au large des côtes africaines de l’océan Indien. La création, quelques mois plus tôt, d’une assemblée élue, aux pouvoirs limités, n’a pas suffi à éteindre la flamme nationaliste qui s’est allumée sur l’Île rouge, vaste comme la France et la Belgique, longtemps théâtre de la rivalité franco-britannique avant d’être placée, en 1896, sous la tutelle coloniale française. Le retour des tirailleurs malgaches enrôlés en métropole durant la Seconde Guerre mondiale, les conditions de vie misérables des populations indigènes et l’activisme de mouvements nationalistes et de sociétés secrètes attisent l’aspiration indépendantiste et précipitent le déclenchement de l’insurrection.

La répression est sanglante. Elle fait des dizaines de milliers de victimes jusqu’en 1958. Les autorités françaises envoient d’abord à Madagascar un corps expéditionnaire de 18 000 militaires. Très vite, les effectifs atteignent 30 000 hommes. L’armée française se montre impitoyable : exécutions sommaires, tortures, regroupements forcés, incendies de villages. La France expérimente une nouvelle technique de guerre "psychologique" : des suspects sont jetés, vivants, depuis des avions afin de terroriser les villageois dans les régions d’opération.

Pillage et spéculation
Soixante ans plus tôt, une première guerre franco-malgache entre 1883 et 1885 s’était soldée par une défaite française. Mais un traité inique obligea le gouvernement malgache de l’époque à emprunter auprès du Comptoir national d’escompte de Paris pour payer une indemnité de guerre de 10 millions de francs. Ce traité retirait à Madagascar le monopole du commerce et lui imposait de distribuer de vastes concessions à des étrangers. Une seconde guerre franco-malgache permit aux troupes françaises d’entrer à Antananarivo, la capitale, le 27 novembre 1895. Le 28 septembre 1896, le gouverneur général Gallieni condamna à l’exil la reine Ranavalona III et son premier ministre, avant de s’atteler à la "pacification" de l’île. Il décida le maintien de l’esclavage, la fermeture de toutes les écoles existantes, l’obligation pour les indigènes de parler le français…

Avec l’emprise coloniale française, le pillage et la spéculation tiennent lieu de politique. "Sans condition de mise en valeur", d’énormes concessions minières et forestières, dans le style des grandes compagnies congolaises, sont accordées à de grosses sociétés. Une partie des terres est attribuée aux chefferies locales pour les récompenser de leur loyalisme, la population malgache, elle, est cantonnée dans des réserves indigènes. Le fait colonial, c’est aussi la réquisition de la force de travail, l’impôt pour obliger les paysans à se salarier (notamment dans les concessions coloniales) au détriment de l’agriculture vivrière (d’où des hausses de prix excessives et la pénurie, notamment de riz), la formation des travailleurs suivant les demandes des colons et le travail forcé pour les infrastructures nécessaires au développement du capital marchand.

"Pacification" et résistances
La "pacification" se prolonge durant plus de quinze ans, en réponse aux guérillas rurales éclatées en plusieurs foyers, sur les hautes terres et dans les régions périphériques. Au total, la répression de cette résistance à la conquête coloniale fait entre 100 000 et 700  000 victimes malgaches, selon les sources (1). En 1915, après la défaite des guérillas rurales, entre en scène le VVS (Vy, Vato, Sakelika-Fer, Pierre, Section) sous l’impulsion du pasteur Ravelojaona et des docteurs Joseph Raseta et Joseph Ravoahangy, avec le soutien des Français François Vittori et Paul Dussac. Cette société secrète d’intellectuels subit aussitôt une violente répression. L’instituteur et syndicaliste Jean Ralaimongo (ami dans l’armée, lors de la guerre de 1914-1918, de Nguyen Ái Quoc, le futur Hô Chi Minh) engage une campagne pour la libération des emprisonnés VVS et contre la spoliation des paysans privés de leurs terres. Il crée, sur l’île, une déclinaison de la Ligue française pour l’accession des indigènes de Madagascar aux droits de citoyens français fondée, en métropole, par Anatole France et Charles Gide. Le 19 mai 1929, à Antananarivo, se tient la première manifestation pour l’"accession de tous à la citoyenneté française". Le mot d’ordre d’"Indépendance" y surgit pour la première fois. Ralaimongo, Ravoahangy, Raseta et Dussac sont condamnés à des peines de prison ou d’exil. De cette dynamique de lutte, et dans la foulée du Front populaire, naîtra ( dans la clandestinité ) le syndicalisme malgache. Créé dans ce même élan, le Parti communiste de la région de Madagascar – section française de l’Internationale communiste – se "saborde" deux ans après sa constitution. Mais dès 1939, toutes les organisations sont dissoutes par l’administration de la colonie, qui opte pour le régime de Vichy. Le 12 décembre 1943, à la libération de l’île, l’Union des syndicats CGT de Madagascar se reconstitue sur des bases unitaires avec comme secrétaires généraux Joseph Ravoahangy et Pierre Boiteau. En 1947, l’Union compte quatre unions locales, sept sections fédérales, 89 syndicats et 14 000adhérents à jour de leur cotisation.

L’insurrection de 1947 et ses résonances
Dès sa fondation, en 1946, le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) s’impose comme le principal parti politique indigène, avec une base de 300 000 membres dépassant les clivages ethniques et sociaux. En janvier 1947, le MDRM, tenant de "l’indépendance dans l’Union française", triomphe aux élections générales et fait élire trois députés à l’Assemblée nationale française. Le 29 mars 1947, l’insurrection éclate et gagne rapidement un tiers de l’île. Débordé par sa Jeunesse nationaliste, le MDRM clame son innocence, il est quand même dissout. À Paris, le parti colonialiste met violemment en cause les communistes, accusés d’avoir fomenté et financé la rébellion malgache. Les insurgés défient l’ordre colonial pendant vingt et un mois. La répression, sanglante, affecte durablement la société malgache et le mouvement nationaliste. Les chefs militaires de l’insurrection sont traduits devant des cours militaires françaises. Des dizaines d’entre eux sont exécutés. Du 22 juillet au 4 octobre 1948, les parlementaires et les dirigeants du MDRM sont jugés à leur tour. La Cour criminelle prononce six sentences de mort, dont celles de Ravoahangy et Raseta. Les condamnés sont finalement graciés. Mais jusqu’en 1958, des paysans cachés dans les forêts en ressortent exténués, affamés. C’est un désastre humanitaire.

En visite d’État à Madagascar en 2005 pour célébrer l’"amitié franco-malgache", le président Jacques Chirac a qualifié d’"inacceptable" la sauvage répression du soulèvement de 1947. À sa suite, en marge du sommet de la francophonie à Antananarivo, en novembre 2016, François Hollande a rendu "hommage à toutes les victimes de ces événements". Subterfuges diplomatiques ? À quand donc la reconnaissance de ce crime colonial inhérent à la logique d’oppression et d’exploitation de tout un peuple ? À Madagascar, le pouvoir néocolonial malgache de la Ire République n’a commémoré "1947" que du bout des lèvres, pour faire oublier l’insurrection. De son côté, le pouvoir "révolutionnariste" de la IIe République, qui s’est dévoyé dans l’autoritarisme et la corruption, a instrumentalisé "1947" pour se construire une légitimité. En fait, depuis l’entrée en crise de la Ire République à la fin des années 1960, Madagascar vit une réorganisation tendancielle du procès néocolonial : les régimes qui se sont succédé ont commémoré ou pas, instrumentalisé ou pas "1947" avec, toujours, en arrière-plan, les jeux de pouvoirs et la soumission aux puissances anciennes ou émergentes de ce monde. Sur l’île, "1947" reste pourtant un traumatisme inscrit dans la mémoire collective. Les Malgaches aspirent aujourd’hui à commémorer ces événements avec dignité, à s’approprier leur histoire, celle d’une résistance à l’oppression coloniale.

(1) Pierre Boiteau, Contribution à l’histoire de la nation malgache, Éditions le Temps des cerises. Jacques Tronchon, l’Insurrection malgache de 1947, Karthala, 1986. Afaspa, Madagascar 1947. La tragédie oubliée, actes du Colloque international des 9, 10 et 11 octobre 1997 à l’université Paris VII Saint-Denis, Éditions le Temps des cerises, 1998.
Jean-Claude Rabeherifara et Rosa Moussaoui


Edité le 14-06-2019 à 13:43:11 par Xuan


marquetalia
evidemment,le p"c"f,le rouage du système, n en fait pas l écho car il n y a pas d électorat malgache en france,contrairement aux algériens qui sont canalisés pour faire des voies,afin de faire de la gestion du capitalisme....
Xuan
Le Petit Blanquiste publie le 26/04/2012

Madagascar, 1947 : Barbarie française


A la fin du XIXème siècle, Madagascar est un royaume unifié et indépendant. Mais celui-ci ne survivra pas à la vague impérialiste venue d’Europe.

Après une première tentative d’invasion mise en échec par les troupes malgaches, l’armée française parvient à s’emparer de l’île en 1895.
Sa souveraine, Ranavalona III , est destituée et déportée en Algérie.

Madagascar n’est plus alors qu’une colonie de la République française et les Malgaches sont devenus des individus privés de tout droit et assujettis au travail forcé. [1]

VOLONTE D’INDEPENDANCE

En mars 1946, deux députés malgaches [2], membres du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), déposent une proposition de loi qui ferait de Madagascar « un Etat libre, ayant son gouvernement, son parlement et son armée, au sein de l'Union française ».

Cette démarche est repoussée.

Pourtant, en donnant les trois sièges du second collège aux dirigeants du MDRM, Joseph Ravoahangy, Joseph Raseta et Jacques Rabemananjara, les élections législatives de novembre 1946 démontrent clairement la volonté d’indépendance des Malgaches.

INSURRECTION ET REPRESSION

Dans la nuit du 29 mars 1947, une insurrection préparée par un groupe nationaliste clandestin éclate simultanément tant dans quelques grandes villes que dans l’arrière-pays. Des localités sont encerclées, des camps militaires et des trains attaqués.

Mais, « le colonialisme n’était pas une bête morte » [3]. Dès le mois de mai, le gouvernement envoie des renforts de troupes. En février 1948, les effectifs militaires atteindront jusqu’à 20.000 hommes.

La répression est aveugle : exécutions sommaires, villages incendiés, regroupements forcés des populations, procès, déportation, emprisonnements arbitraires, etc.

L’avocat Pierre Stibbe, venu à Madagascar assister les militants du MDRM emprisonnés, témoigne : « Cette affaire est atroce, ce que les Français ont fait ici, jamais je n’aurai cru que cela soit possible… ».

Albert Camus lui fait écho dans le journal Combat du 10 mai 1947, : « Nous faisons ce que nous avons reproché aux Allemands de faire » .

Après quatre mois de répression, les forces françaises d’occupation parviennent à reprendre le contrôle du pays. Toutefois, jusqu’à la fin de 1948, une partie des rebelles, réfugiés dans les zones forestières de l’Est du pays, poursuivent leur lutte par des actions de guérilla.

En janvier 1951, François Mitterrand, alors ministre de la France d'outre-mer, proclame que l'« avenir de Madagascar est indéfectiblement lié à la République française ».

L'ordre colonial règne de nouveau à Madagascar.

PARODIE DE JUSTICE

L’administration coloniale proclame officiellement la responsabilité du MDRM pour le déclenchement du soulèvement et fait procéder à des arrestations massives parmi les dirigeants et les simples militants du mouvement.

« Il faut fusiller et en public les meneurs, et d’abord les députés et les conseillers de la République [sénateurs] », déclare la Direction des Affaires politiques.

A Paris, le socialiste Paul Ramadier est à la tête d’un gouvernement constitué de ministres du Parti socialiste SFIO, du Parti communiste français [4] et du Mouvement républicain populaire (démocrates-chrétiens). Le 6 juin, ce gouvernement obtient la levée de l’immunité parlementaire des trois députés malgaches dirigeants du MDRM.
Ils sont jugés, de juillet à octobre 1948, avec 29 autres accusés, par une cour criminelle siégeant à Tananarive. Celle-ci retient la thèse du complot et prononce six condamnations à mort dont deux contre les députés Joseph Raseta et Joseph Ravoahangy . [5]

Le procès s’est déroulé dans une atmosphère d’hostilité telle que les avocats, constamment confrontés à la violation de leurs droits, décident de suspendre leur participation. Non sans avoir auparavant témoigné de la torture qui a été exercée sur leurs clients par les policiers de la Sûreté générale (noyade, coups d’électricité, injection d’eau de piment).

BILAN

Selon les deux principaux organisateurs de la répression - le Haut-commissaire De Chevigné et le général Garbay - la « pacification » aurait fait 89.000 victimes chez les Malgaches. Toutefois cette estimation continue à faire débat chez les historiens.

En regard, le nombre de victimes tant civiles non malgaches que militaires ne dépassent pas quelques centaines. Une illustration de la violence de la répression.

Le 10 juillet 1947, Vincent Auriol , président de la République, confie : « Il y a eu évidemment des sévices et on a pris des sanctions. Il y a eu également des excès dans la répression. On a fusillé un peu à tort et à travers ».

RESPONSABILITES

En France, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les dirigeants politiques (et une grande partie de la population) sont encore imbus de la vocation impériale de leur pays. C’est ce que montre le programme du Conseil national de la Résistance qui ne consacre qu’une seule phrase au sort des peuples coloniaux sans envisager leur indépendance, voire leur simple autonomie. [6]

En janvier 1946, le ministre « des Colonies » devient le ministre « de la France d’outre-mer » tandis qu'officiellement on ne parle plus d’empire colonial mais d'« Union française ».

Toutefois, en dépit de ces changements de dénomination et de quelques aménagements institutionnels, la réalité reste la même sur le terrain. Rien n’annonce la fin du système colonial et de ses discriminations raciales.


Madagascar 1947 (photo de Pierrot Men) [7]



[1] Le gouverneur Galliéni décide en 1896 que « tout individu mâle, valide, âgé de 16 à 60 ans, sera astreint à fournir à l’administration cinquante journées de neuf heures de travail dans l’année au titre des prestations en nature ».
[2] A l’Assemblée nationale, Madagascar est représentée par deux collèges. Le premier compte deux députés qui représentent les 35.000 européens de l’île, le second compte trois députés qui représentent les 4 millions de Malgaches !
[3] L’expression est de Raymond William Rabemananjara, écrivain et homme politique malgache.
[4] Sur l'injonction des Etats-Unis, les ministres du PCF sont exclus du gouvernement le 5 mai 1947. Cette même année, d'autres pays d'Europe connaitront un scénario semblable.
[5] Le 15 juillet 1949, les peines de mort sont commuées en détention perpétuelle par le président de la République.
[6] Sur un texte de plusieurs pages, dans la partie énumérant les mesures à appliquer dès la libération du territoire, figure cette unique phrase : « Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales ».
[7] Raharimanana et Pierrot Men, Portraits d'insurgés, Ed. Vents d'ailleurs, 2011.

Jean-Pierre Dubois - [email]blanqui.29@orange.fr[/email]
 
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