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Xuan
Taxes US et IDE au Vietnam : sur la théorie de l’impérialisme – 3


Comme à son ordinaire, Xuan nous ramène à l’essentiel et à ceux qui trouvent dans la thèse des deux voir plus impérialismes qui s’affrontent une position de repli face à la débacle et à la révélation (à travers l’Ukraine, Gaza et à peu près toute la planète) de la catastrophe militarisée que représente l’hegemon et ses « alliés » (sic) il oppose la réalité de la pression insoutenable exercée par les USA . c’est un sujet sur lequel, il faudra sans cesse revenir tant idéologiquement l’imprégnation de ce « tous pareils » est forte et en fait conduit au fascisme…Xuan a également raison de dire que le débat ouvert par notre livre va bien au-delà de cette publication et comment de ce fait son rôle redouble celui au sein des communistes, de la gauche et de fait de la souveraineté française. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Nous avons vu que l’application de taxes de 40 % sur les marchandises transbordées par le Vietnam ont de lourdes conséquences sur les Investissements Directs Etrangers au Vietnam. Dans l’article suivant, le Vietnam invite les investissements de la Corée du sud et se propose aussi d’investir en Corée du sud.

Tous impérialistes !

Des groupes « marxistes-léninistes », voire des partis communistes, ont développé une certaine théorie de l’impérialisme contemporain. Puisque, disent-ils, dans « L’impérialisme stade suprême du capitalisme » l’exportation de capitaux devient importante par rapport à l’exportation de marchandises, et puisque c’est un trait significatif de l’impérialisme, alors tous les pays qui exportent des capitaux sont impérialistes. Ainsi, tout comme la Chine Populaire, les BRICS, etc. le Vietnam et la Corée du sud seraient aussi des pays « impérialistes ».

Revenons une centaine d’années en arrière. Dans ‘L’impérialisme stade suprême du capitalisme’, Lénine combat en particulier la théorie de Kautsky d’un « super-impérialisme » dominant tous les autres et mettant fin aux conflits entre eux. Nous voyons que l’actualité confirme la thèse de Lénine, puisque l’hégémonisme US ne réunit pas les pays impérialistes dominés en un seul mais les punit pour briser leur concurrence.

Lénine relève plusieurs traits significatifs de l’impérialisme en 1917 :

1) les monopoles apparaissent et jouent un rôle décisif ;

2) le capital bancaire fusionne avec le capital industriel pour former le capital de financement ;

3) l’exportation de capitaux devient importante par rapport à l’exportation de marchandises ;

4) L’univers est divisé en une poignée d’États-usuriers et une immense majorité d’États-débiteurs produisant la grande masse des produits alimentaires et semi-ouvrés

5) en cas de besoin leur marine de guerre joue le rôle d’huissier ;

6) les entreprises capitalistes géantes se partagent les marchés mondiaux ;

7) la division territoriale du monde entre les plus grandes puissances capitalistes est achevée

Dans un premier temps les pays impérialistes ont donc investi dans les colonies. Lénine cite par exemple un grand développement des transports ferroviaires. Comme l’indique l’illustration ci-dessus, il ne s’agissait pas de développer des industries autochtones qui pourraient devenir concurrentes mais de développer le capitalisme dans ces colonies en pillant leurs ressources naturelles et leurs fabrications à faible valeur ajoutée.

Lénine décrit ces « investissements » :

« Les exportations de capitaux influent, en l’accélérant puissamment, sur le développement du capitalisme dans les pays vers lesquels elles sont dirigées. Si donc ces exportations sont susceptibles, jusqu’à un certain point, d’amener un ralentissement dans l’évolution des pays exportateurs, ce ne peut être qu’en développant en profondeur et en étendue le capitalisme dans le monde entier. »

Nous avons cité dans « Quand la France s’éveillera à la Chine – La longue marche vers un monde multipolaire » : à la veille de la seconde guerre mondiale Mao Zedong écrit : « L’impérialisme avec toute sa puissance financière et militaire en Chine est la force qui soutient, inspire, cultive et préserve les vestiges féodaux de ce pays avec toute leur superstructure bureaucratico-militariste
»[1].

En d’autres termes l’impérialisme entretient le féodalisme et entrave le développement national industriel, commercial et financier de ses colonies. L’agriculture et l’artisanat sont pillés, le seul capitalisme qui se développe c’est celui des impérialistes.

Lénine écrit encore : « La perspective du partage de la Chine provoque chez Hobson l’appréciation économique que voici : “ Une grande partie de l’Europe occidentale pourrait alors prendre l’apparence et le caractère qu’ont maintenant certaines parties des pays qui la composent : le Sud de l’Angleterre, la Riviera, les régions d’Italie et de Suisse les plus fréquentées des touristes et peuplées de gens riches — à savoir de petits groupes de riches aristocrates recevant des dividendes et des pensions du lointain Orient, avec un groupe un peu plus nombreux d’employés professionnels et de commerçants et un nombre plus important de domestiques et d’ouvriers occupés dans les transports et dans l’industrie travaillant à la finition des produits manufacturés. Quant aux principales branches d’industrie, elles disparaîtraient, et la grande masse des produits alimentaires et semi-ouvrés affluerait d’Asie et d’Afrique comme un tribut. ” » […] « L’univers est divisé en une poignée d’États-usuriers et une immense majorité d’États-débiteurs. […] En cas de besoin, sa marine de guerre joue le rôle d’huissier ».

Mais comme « la bourgeoisie produit soi-même son propre fossoyeur », l’impérialisme crée lui-même les conditions de sa disparition par les délocalisations et la mondialisation.

J’ai cité deux fois le “danger” de l’impérialisme … « préparant peut-être ainsi l’émancipation économique, puis politique, des races de couleur ” . La crainte et la prescience de Schulze-Gævernitz que relève Lénine ont été confirmées par l’essor des peuples coloniaux, l’indépendance politique de leurs nations et leur essor économique, encouragés par la révolution bolchévique et dans le sillage de la Chine Populaire. Les faits montrent qu’à partir du moment où les anciennes colonies acquièrent leur indépendance politique, elles doivent se développer sur le terrain économique et technologique, passer de l’économie agricole, de la fourniture de matières premières et de marchandises à faible valeur ajoutée à des productions techniquement plus avancées. Les IDE servent non plus leur pillage impérialiste mais leur décollage technologique. Et cela quelle que soit la classe au pouvoir, qu’il s’agisse de pays socialistes ou non, c’est la « longue marche vers un monde multipolaire ».


Ce n’est pas une extension de l’impérialisme, au contraire l’impérialisme se transforme en peau de chagrin.

Il y a une certaine impudence, de la part de l’intelligentsia d’un pays qui a bombardé le palais d’été à Pékin et s’est enrichi en maintenant ces pays sous un couvercle de plomb, à s’indigner parce qu’ils se développent aujourd’hui hors de la férule coloniale et impérialiste, à donner des leçons de protection sociale, voire de socialisme, et à les traiter d’impérialistes quand ils peuvent échanger des IDE pour investir dans leur propre économie.

Maintenant les anciennes puissances coloniales devront elles-mêmes subvenir à leurs besoins, recréer des industries et développer leurs propres forces productives. Mais le capitalisme en est incapable, l’hégémonisme US accumule les dettes et la hausse des prix : « Les tarifs douaniers commencent à peser sur les prix à la consommation aux États-Unis »
https://www.globaltimes.cn/page/202508/1340817.shtml ; « La dette nationale américaine atteint un record de 37 000 milliards de dollars dans un contexte de préoccupations budgétaires croissantes »
https://www.globaltimes.cn/page/202508/1340768.shtml

Seul le socialisme peut réaliser ce renouveau ici.
Xuan
Taxes US et IDE au Vietnam : sur la théorie de l’impérialisme - 2


Voici la suite du premier article sur les taxes US et leurs effets sur les IDE.

Ici nous voyons que le Vietnam socialiste invite la Corée du sud à investir dans des « projets à haute technologie, à forte valeur ajoutée, et ceux dotés d’un effet positif sur la chaîne de production mondiale » , mais aussi à faciliter les « opportunités d’investissement en République de Corée pour les entreprises vietnamiennes »

Deux pays du sud global seront donc censés partager des investissements réciproques. Il en va de leur développement et il en va de leur indépendance.


le “danger” de l’impérialisme consiste en ceci que “l’Europe se déchargera du travail manuel — d’abord du travail de la terre et des mines, et puis du travail industriel le plus grossier — sur les hommes de couleur, et s’en tiendra, en ce qui la concerne, au rôle de rentier, préparant peut-être ainsi l’émancipation économique, puis politique, des races de couleur ”. [Lénine – L’impérialisme stade suprême de l’impérialisme]

à suivre : le troisième et dernier article reviendra sur les thèses de Lénine et les conséquences de ses prévisions.


Xuan

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Les entreprises sud-coréennes invitées à élargir leurs investissements au Vietnam


12/08/2025 18:01 https://lecourrier.vn/les-entreprises-sud-coreennes-invitees-a-elargir-leurs-investissements-au-vietnam/1288624.html

En visite d’État en République de Corée, le secrétaire général du Parti communiste du Vietnam (PCV), Tô Lâm, a invité, mardi 12 août à Séoul, les entreprises sud-coréennes à intensifier et élargir leurs investissements au Vietnam, à l’occasion du Forum économique Vietnam – République de Corée.

>> Le secrétaire général Tô Lâm rencontre le Premier ministre sud-coréen Kim Min Seok

>> Renforcer les liens culturels entre le Vietnam et la République de Corée

>> La visite du chef du Parti en République de Corée vue par la presse internationale

Les domaines prioritaires incluent l’énergie verte et propre, l’électronique, l’automobile, la construction navale, la chimie, la sidérurgie, les matériaux stratégiques, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, la blockchain, ainsi que les services de santé et d’éducation, et le développement de villes intelligentes et durables, a-t-il précisé.

Le dirigeant vietnamien a souligné que les sciences, les technologies et l’innovation devaient constituer un pilier important de la coopération bilatérale, au service du développement des entreprises, de l’économie et de la société.

Il a indiqué que l’économie vietnamienne avait enregistré des résultats positifs en 2024 et au premier semestre 2025. L’année 2025, a-t-il poursuivi, sera non seulement une année charnière pour l’accomplissement des objectifs du plan quinquennal 2021-2025, mais également une étape importante vers la réalisation des deux objectifs centenaires du Vietnam, ouvrant une nouvelle ère de prospérité et de civilisation pour le pays.

Il a réaffirmé la volonté du Vietnam d’améliorer le cadre juridique et le climat des affaires, de lever les obstacles pour mobiliser les ressources, d’accélérer la restructuration économique en s’appuyant sur les sciences, les technologies, l’innovation et les valeurs culturelles humaines comme moteurs essentiels du développement.

Dans l’attraction des investissements étrangers, le Vietnam privilégie les projets à haute technologie, à forte valeur ajoutée, et ceux dotés d’un effet positif sur la chaîne de production mondiale, a indiqué le dirigeant vietnamien.

Il a demandé aux ministères et aux autorités locales de renforcer le dialogue avec les investisseurs sud-coréens, de simplifier les procédures administratives, d’accélérer la numérisation, de chercher à aider les entreprises à réduire les coûts et de fournir les conditions nécessaires – infrastructures, énergie, ressources humaines et foncier – pour attirer et fidéliser les investissements.

Il a également souhaité que les autorités sud-coréennes continuent de promouvoir les échanges, facilitent les opportunités d’investissement en République de Corée pour les entreprises vietnamiennes et améliorent l’accès des produits vietnamiens au marché sud-coréen. L’objectif est d’atteindre 100 milliards de dollars d’échanges commerciaux bilatéraux en 2025 et 150 milliards de dollars d’ici 2030, tout en renforçant la coopération en matière d’aide publique au développement (APD) dans des domaines tels que les infrastructures stratégiques (transport, énergie, numérique et adaptation au changement climatique).

De son côté, le Premier ministre sud-coréen Kim Min Seok a affirmé que son pays était prêt à coopérer avec le Vietnam pour diversifier les sources d’approvisionnement et assurer la sécurité énergétique. Les protocoles d’accord signés lors de cette visite d’État constitueront une base solide pour développer la coopération bilatérale à l’avenir. Il s’est dit convaincu que, grâce à sa jeune main-d’œuvre, à un climat d’investissement attractif et à un réseau solide de liens commerciaux, le Vietnam atteindrait son objectif de devenir un pays à revenu élevé. Avec l’expérience du « miracle de la rivière Han », la République de Corée souhaite accompagner le Vietnam dans la création d’un « miracle du fleuve Rouge », a-t-il déclaré.

Les entreprises sud-coréennes et vietnamiennes ont échangé sur les secteurs prioritaires de coopération, notamment l’énergie verte et propre, les hautes technologies industrielles, les infrastructures numériques, et surtout, le renforcement des chaînes de valeur et de production bilatérales. Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Bùi Thanh Son, a exprimé sa conviction que les relations Vietnam – République de Corée continueraient de se développer durablement, ouvrant de nouvelles perspectives pour les deux peuples et contribuant à la paix, à la stabilité et au développement régionaux et mondiaux.

Le Vietnam s’engage à créer un environnement favorable pour accueillir davantage d’investisseurs sud-coréens et à soutenir les entreprises déjà implantées afin qu’elles puissent étendre leurs activités de manière durable.VNA/CVN


Edité le 23-08-2025 à 11:51:21 par Xuan


Xuan
Taxes US et IDE au Vietnam : sur la théorie de l’impérialisme – 1

18 août 2025

https://histoireetsociete.com/2025/08/18/taxes-us-et-ide-au-vietnam-sur-la-theorie-de-limperialisme-1/

Dans la guerre tarifaire livrée par l’hégémonisme US à l’ensemble des nations et des peuples, un fait mérite une attention particulière, c’est l’application de taxes de 40 % sur les marchandises transbordées. L’article d’Asia Times qui suit montre que les taxes ont de lourdes conséquences sur les Investissements Directs Etrangers au Vietnam.

A ce propos, que représentent les IDE pour les pays émergents, les BRICS, la Chine Populaire, le Sud global ? Il serait intéressant de s’interroger sur le rôle des IDE dans le monde contemporain et multipolaire ?

Nous allons voir ce que représentent ces Investissements Directs à l’Etranger pour le Vietnam dans le prochain article, et dans le troisième en quoi cela confirme les prévisons de Lénine mais remet en question certaines interprétations – Xuan


Le “danger” de l’impérialisme consiste en ceci que “l’Europe se déchargera du travail manuel — d’abord du travail de la terre et des mines, et puis du travail industriel le plus grossier — sur les hommes de couleur, et s’en tiendra, en ce qui la concerne, au rôle de rentier, préparant peut-être ainsi l’émancipation économique, puis politique, des races de couleur ” . [Lénine – L’impérialisme stade suprême de l’impérialisme]


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Les entreprises vietnamiennes d’investissement direct étranger (IDE) prises dans le feu croisé de Trump sur les transbordements


Les entreprises d’IDE réduisent leurs activités ou se retirent du Vietnam en raison de nouveaux tarifs arbitraires de 40 % sur les marchandises transbordées https://asiatimes.com/2025/08/vietnams-fdi-firms-caught-in-trumps-transshipment-crossfire/#

par Thien Luong 12 août 2025

Le taux de droits de douane américain officiellement annoncé sur le Vietnam le 31 juillet 2025 a accru l’inquiétude des entreprises à investissement direct étranger (IDE) concernant les pénalités en cas de transbordement. Depuis le 7 août, les exportations vietnamiennes vers les États-Unis sont soumises à un droit de douane de 20 %, tandis que les marchandises considérées comme « transbordées » sont soumises à un droit de douane de 40 %. Cependant, les États-Unis n’ont pas encore annoncé de critères précis définissant ce qui constitue un transbordement.

Le tarif douanier harmonisé des États-Unis (HTSUS) stipule que si les douanes américaines déterminent qu’un produit présente des signes de « transbordement visant à échapper aux droits de douane », il sera soumis à un droit de douane supplémentaire de 40 %. Bien qu’un délai de grâce soit prévu (les marchandises dédouanées avant le 5 octobre 2025 ne seront pas soumises aux nouveaux taux), l’absence de critères clairs d’application paralyse la prise de décision à long terme.

Confrontées à la hausse des coûts et à la baisse des revenus, certaines entreprises d’IDE ont déjà commencé à réduire leur production ou à délocaliser progressivement leurs chaînes d’approvisionnement hors du pays. Ces évolutions ont mis en évidence une faiblesse structurelle fondamentale de l’économie vietnamienne, à savoir sa vulnérabilité aux fluctuations de la politique commerciale mondiale.

En effet, l’économie vietnamienne, axée sur les exportations, dépend des IDE pour plus de 70 % de la valeur totale de ses exportations. De plus, le secteur manufacturier est fortement dépendant des matières premières importées, dont environ 80 % proviennent de Chine.

Dans le même temps, la proportion de biens répondant aux véritables normes de localisation – produits entièrement par des entreprises vietnamiennes avec une technologie nationale – reste faible, représentant seulement 5 à 10 % de la valeur totale des exportations.

Si l’on interprète les marchandises « transbordées » au sens strict comme désignant tout produit qui n’est pas entièrement contrôlé par un processus de production vietnamien, alors presque toutes les marchandises exportées du Vietnam pourraient être classées comme transbordées et être soumises à un tarif dévastateur de 40 %.

À l’heure où le Vietnam s’efforce d’améliorer sa position dans la chaîne de valeur mondiale, cette ambiguïté pourrait devenir un obstacle important à l’attraction d’IDE de haute qualité.

Pour l’instant, la situation reste instable. Le Vietnam pourrait poursuivre les négociations visant à abaisser les droits de douane, le secrétaire général To Lam étant attendu à Washington. Washington pourrait également rouvrir les négociations avec d’autres pays, le président Donald Trump ayant déclaré, selon NBC News : « Les États-Unis sont prêts à laisser la porte ouverte à des offres attractives. »

Impacts des tarifs douaniers sévères
La nouvelle politique tarifaire américaine a déjà entraîné une restructuration significative des coûts parmi les entreprises d’IDE au Vietnam. Selon une enquête de PwC de juin 2025, 86 % des entreprises vietnamiennes se sont déclarées préoccupées par l’impact des droits de douane et 44 % d’entre elles ont déjà commencé à délocaliser leurs usines ou à disperser leur production vers d’autres pays.

Cargill, une grande entreprise américaine présente au Vietnam depuis plus de 25 ans, a déjà fermé plusieurs usines et abandonné le secteur de l’aquaculture. De même, Intel a reporté un investissement d’un milliard de dollars prévu pour développer sa production de puces et a lancé des licenciements à l’échelle mondiale, y compris au sein de son personnel vietnamien. Cela a créé un effet domino : d’autres géants technologiques comme Samsung et LG ont également réduit leurs effectifs et leur production au Vietnam.

D’un point de vue économique, les droits de douane entraînent inévitablement une inflation par les coûts, les entreprises répercutant les coûts supplémentaires sur le produit final. Comme l’a expliqué le Dr Phung Giang à la BBC vietnamienne, cela pourrait rendre les produits vietnamiens nettement moins compétitifs sur le marché américain, qui représente actuellement 30 % des recettes d’exportation totales du Vietnam.

L’industrie du textile et de l’habillement, qui représente 35 à 40 % de la valeur des exportations, illustre bien le problème. Selon Hoang Manh Cam, directeur adjoint du Bureau du Groupe national vietnamien du textile et de l’habillement (Vinatex), une simple hausse de prix de 1 % peut entraîner une baisse de la demande de 1 à 2 %.

À cela s’ajoutent d’autres coûts. Le Hang, secrétaire général adjoint de l’Association vietnamienne des exportateurs et producteurs de produits de la mer (VASEP), souligne que les exportateurs sont confrontés à de multiples surtaxes pouvant atteindre 75 % de la valeur d’une expédition. De plus, les coûts logistiques ont explosé, le prix d’expédition d’un conteneur vers les États-Unis ayant presque doublé ces derniers mois, passant de 1 850 dollars à entre 2 950 et 3 500 dollars.

Alors que les entreprises exportatrices sont confrontées à des coûts externes croissants, l’inflation se propage à l’ensemble de l’économie vietnamienne. Au premier semestre, la Banque d’État du Vietnam (SBV) a injecté 2,5 quadrillions de dongs (95,3 milliards de dollars) supplémentaires dans l’économie, provoquant une dépréciation record de la monnaie vietnamienne face au dollar américain, tandis que l’inflation des prix à la consommation a augmenté de 3,57 %.

Si le directeur de la politique monétaire de la SBV, Pham Chi Quang, a déclaré qu’il s’agissait d’une politique délibérée de soutien aux entreprises, d’autres experts ne sont pas d’accord. Le Dr Le Thi Thu Trang, de la Fondation Friedrich Naumann, affirme que cela exerce une double pression sur les coûts des exportateurs : la hausse des prix des matériaux importés et l’augmentation des dépenses d’exploitation nationales.

Le Dr Le Hai Ha, de l’Université de commerce, partage cet avis. Il affirme que le problème principal demeure le sous-développement des industries nationales vietnamiennes et le taux élevé de localisation, qui obligent les entreprises à dépendre de matériaux importés coûteux.

Perturbations de la chaîne d’approvisionnement
Outre la hausse des coûts, les entreprises d’IDE sont désormais confrontées à une baisse de leurs revenus en raison de la disparition des commandes internationales. Selon le Centre du commerce international (ITC), l’escalade des tensions commerciales a entraîné des annulations massives de commandes dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, une tendance qui a touché le Vietnam immédiatement après l’annonce de la nouvelle politique tarifaire américaine.

Au cours de la première quinzaine d’avril, les douanes de Ha Chi Minh-Ville ont signalé que 50 % des commandes d’exportation vers les États-Unis avaient été brutalement annulées. Dans la province de Binh Duong (aujourd’hui rattachée à Hô Chi Minh-Ville), des déclarations d’exportation d’une valeur de plus de 700 millions de dollars ont été annulées en seulement quatre jours.

Cette vague d’annulations a provoqué un choc sur l’ensemble de l’économie. L’indice des directeurs d’achat (PMI) du Vietnam a récemment chuté à 48,9 %, soit sa troisième baisse mensuelle consécutive.

Selon S&P Global, les exportateurs interrogés ont massivement cité la nouvelle politique tarifaire américaine comme principale cause de la forte baisse des nouvelles commandes. Des secteurs clés comme le textile, la chaussure et l’électronique ont été particulièrement touchés.

Les fournisseurs nationaux sont également touchés. « Dès que les États-Unis ont annoncé des droits de douane sur le Vietnam, l’un de nos clients a suspendu une commande de plusieurs millions de dollars américains », a déclaré Nguyen Van Ca de Phuc Can Industrial Co, Ltd.

Les dirigeants des industries du textile et de la transformation du bois font état de défis similaires, les contrats stables d’un an étant remplacés par des accords précaires à court terme, généralement d’une durée de trois mois seulement.

En fin de compte, cette perturbation a un impact direct sur le marché du travail vietnamien. Un rapport récent de la Chambre de commerce et d’industrie du Vietnam (VCCI) révèle que plus de 637 000 travailleurs ont déjà été touchés par ces réductions de commandes, et que plus de 53 000 ont perdu leur emploi.

Les projections de l’Institut d’organisation de l’État et des sciences du travail suggèrent que cette tendance va se poursuivre, avec 285 000 autres travailleurs potentiellement en danger.

Poids des tarifs douaniers, économie fragile
Pendant des années, le Vietnam a été l’un des principaux bénéficiaires de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, se positionnant avec succès comme une destination « Chine + 1 » pour les investisseurs cherchant à protéger leurs chaînes d’approvisionnement.

Les faibles coûts de main-d’œuvre du pays, sa situation géopolitique stratégique et ses généreuses incitations en ont fait une alternative de premier ordre, alimentant une vague d’investissements étrangers qui a culminé dès 1996, juste une décennie après le début des réformes Doi Moi.

Mais la nouvelle politique tarifaire américaine transforme cette force en faiblesse. La tendance est en train de s’inverser car, depuis près de 40 ans, le gouvernement privilégie l’attraction des IDE au développement des capacités de production nationales. Cela a créé un cycle de dépendance, rendant l’économie très vulnérable aux perturbations économiques mondiales.

Les analystes de la banque UOB de Singapour soulignent que cette vulnérabilité provient de l’économie ouverte du Vietnam, où les exportations représentent 83 % du PIB, soit le deuxième ratio le plus élevé de l’ASEAN, derrière Singapour (182 %).

Les conséquences de cette vulnérabilité sont déjà prises en compte dans les prix. Au milieu de la « tempête » tarifaire en cours, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la croissance du PIB du Vietnam pourrait chuter à 5,2 %, tandis que Moody’s Analytics a révisé à la baisse ses prévisions pour 2025 de 6,5 % à 5,5 %, citant l’impact direct de la politique américaine.

Face à ces défis croissants qui mettent en évidence les faiblesses structurelles de l’économie vietnamienne, la question est désormais : quelles politiques les décideurs vietnamiens adopteront-ils pour apporter un soutien opportun, retenir les investisseurs étrangers et construire un avenir plus durable et plus résilient ?

Cet article a été publié en anglais par The Vietnamese et initialement en vietnamien par Luat Khoa Magazine. Une version révisée est reproduite ici avec l’aimable autorisation.


Edité le 23-08-2025 à 11:47:09 par Xuan


 
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