| comment Xuan 13 JUILLET 2024 AT 21 H 06 MIN Dans la « Géographie pittoresque des cinq parties du monde », publiée le 1er janvier 1874 (l’année de naissance de l’impressionnisme), par Eugène Domergue et d’après la géographie de Malet-Brun, on lit des perles de ce genre, où le racisme se lit clairement comme le corollaire obligé du colonialisme : « De toutes les différentes races d’hommes, la race blanche ou scythique parait douée, à un plus haut degré que toutes les autres, de cette flexibilité dans la constitution physique qui permet à l’homme de résister aux climats les plus opposés, et de cette force intellectuelle qui le rend capable d’ajouter sans cesse à la perfectibilité de son espèce. » [Tome 1-2 – Généralités sur l’Europe – La France et ses colonies – p 39] « Quand un peuple est travaillé comme le peuple chinois par tant de vices réunis, il est facile de s’expliquer dès lors l’existence chez lui de l’effrayant paupérisme auquel il est en proie; ce mal se voit en Chine dans des proportions indescriptibles. A côté des misères locales et accidentelles qui sont assez fréquentes, le paupérisme fixe et permanent, engendré pour l’ordinaire par mille perversités morales, exerce des ravages bien plus sinistres encore. D’après le Père Huc, témoin oculaire, la multitude des pauvres qu’on rencontre dans les grandes villes est effrayante. On voit ces malheureux circuler partout le long des rues, sur les places, dans les carrefours, étalant leurs difformités, leurs plaies hideuses, leurs membres disloqués, pour exciter la commisération publique. N’ayant pas de domicile, ils vont ordinairement se réfugier autour des pagodes et des tribunaux, le long des remparts, où ils se construisent de misérables huttes avec des lambeaux de nattes en toile que le hasard leur a donnés ». [Tome 3-4 – L’Afrique et l’Asie – P 216] Le racisme n’est pas l’apanage des USA mais de tous les pays impérialistes. Ici il se déguise à peine sous les traits du paternalisme, et la misère noire des chinois est justifiée par leurs « perversités morales ». Partant de ce principe, il est inadmissible que des êtres aussi pervers puissent sortir de leur état voire surpasser la « force intellectuelle » de la « race blanche ou scythique », à moins de tricher, de voler l’intelligence des blancs. Il est nécessaire de briser dans l’œuf cet essor contre nature. La relation entre le racisme et l’impérialisme ne doit jamais être oubliée, sinon on pourrait en déduire que le racisme et la race blanche elle-même soient consubstantiels. En fait le mépris de classe s’exerce de la même façon sur le prolétariat blanc. Il ressort que l’unité de classe du prolétariat et l’unité des peuples opprimés doivent toutes deux faire front contre l’impérialisme. Or l’antiracisme a bien souvent été accaparé par la petite bourgeoisie, non pas pour réaliser l’unité populaire contre le grand capital, mais pour promouvoir la charité, la bienveillance, l’humanisme de l’élite intellectuelle, c’est-à-dire une autre forme du paternalisme colonial. Et le Front républicain n’est pas toujours étranger à cet esprit. |
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| L’hyper-impérialisme : une nouvelle étape de l’évolution historique de l’impérialisme—Deuxième partie 13 JUILLET 2024 https://histoireetsociete.com/2024/07/13/lhyper-imperialisme-une-nouvelle-etape-de-levolution-historique-de-limperialisme-deuxieme-partie/ Voici la suite de l’important article de la World marxistereview traduit par Caherine Winch (une troisième partie suivra demain dimanche 14 juillet. Cet article constitue en soi une importante contribution au débat sur l’actuel basculement du monde, mais également à ce qui se passe en France et dans d’autres pays de l’hyper-impérialisme. Nous ne cessons d’insister sur la manière dont les jeux politiciens sont l’écume de transformations et de mouvements bien plus profonds. Comme l’indique l’article, il y a un projet concernant l’Eurasie que porte la réunion de l’OTAN, il est au-delà des idéologies et repose sur des facteurs objectifs à partir de ce qu’est selon les auteurs le leader Etats-Unien, un impérailisme raciste. Lhyper-impérialisme est dans une logique qui passe par la double défaite de la Russie et de la Chine. Et j’ai déjà proposé de lire les apparentes errances et sensibilités des individus et des groupes en regard de ces facteurs objectifs. Macron est sans doute (comme Trump) un individu marcissique, mégalomane mais il serait illusoire d’en demeurer à ce théâtre. En fait, il sont en place des tendances qui n’ont pas existé depuis cent ans et qui ont déclenché des series de Révolutions jusqu’en 1959 avec Cuba, pourtant nous ne sommes pas -encore- dans l’ère des Révolutions comme à cette époque là… (note de danielle Bleitrach traduction de Catherine Winch pour histoireetsociete) Gisela Cernadas, Mikaela Nhondo Erskog, Renata Moreno, & Deborah Veneziale https://worldmarxistreview.org/index.php/wmr/article/view/25/19 [Note : pour les références aux figures mentionnées, se référer à l’original anglais, où les tables et graphiques sont faciles à interpréter.] Compte tenu de ces changements, les dirigeants de la classe politique américaine au Centre pour la Nouvelle Sécurité Américaine (CNAS) – le groupe de réflexion basé à Washington et le noyau intellectuel du gouvernement américain – ont défini la géostratégie américaine comme la double défaite de la Russie et de la Chine, ce qui signifierait que le Nord global prendrait le contrôle de l’Eurasie. La taille, la part des ressources naturelles, la puissance militaire, la proximité géographique et l’indépendance vis-à-vis de la domination impérialiste de la Chine et de la Russie sont les facteurs clés de leurs perspectives mondiales respectives et de leur partenariat stratégique. Ces facteurs objectifs sont plus déterminants que les facteurs idéologiques. Les États-Unis veulent accomplir la mission inachevée de dénucléarisation de la Russie. Des cartes accrochées à Washington montrent les deux pays divisés en petits segments, États vassaux de l’Occident, sans indépendance et certainement sans armes nucléaires. Comme le montre la figure 1, la Chine, la Russie, la RPD de Corée et l’Iran sont les quatre puissances nucléaires (ou potentiellement nucléaires) qui sont au centre de l’attaque de la ligne de front de l’impérialisme. La Chine et la Russie sont les deux premières cibles, la première en raison de sa puissance économique et la seconde en raison de son arsenal nucléaire. La Syrie, le Venezuela, Cuba et la Biélorussie sont également des cibles immédiates pour un changement de régime. Les pays du Sud sont très divers et hétérogènes, ne forment pas un bloc et ne sont pas alignés idéologiquement. Ils n’ont certainement pas d’alliances militaires. Certains d’entre eux – la République de Corée et les Philippines – se sont engagés dans la sphère militaire américaine. Ce qu’ils ont, c’est une histoire commune. Ils ont subi des centaines d’années d’abus coloniaux et semi-coloniaux de la part du Nord. Les nations plus blanches ont passé les cinquante dernières années à tenter d’effacer de l’histoire la terreur qu’elles ont fait régner sur les peuples plus foncés du monde, y compris ceux qui vivent à l’intérieur de leurs propres frontières. Les médias occidentaux se délectent des grandes différences qui existent au sein du Sud. Le groupe des 77 et le mouvement des non-alignés, bien que plus faibles, continuent d’exister. L’évolution vers un sentiment plus fort d’identité partagée parmi les pays du Sud ne peut pas être facilement écartée. La demande de souveraineté nationale est profondément démocratique. Elle reste une question cruciale pour l’amélioration des conditions de vie des classes populaires dans les pays du Sud et constitue également une étape nécessaire vers le socialisme. La Première Guerre mondiale a entraîné la révolution russe (1917), suivie de la création de l’Union soviétique, le premier État ouvrier pleinement opérationnel au monde, et d’une vague de luttes révolutionnaires de libération nationale. La Seconde Guerre mondiale s’est achevée par la création de la République populaire démocratique de Corée (1948) et de la République populaire de Chine (1949), suivies d’une autre vague de luttes de libération nationale comprenant d’importantes victoires socialistes, comme au Viêt Nam (1954 et 1975) et à Cuba (1959). Nous ne vivons pas une période comparable de révolutions aujourd’hui. Cependant, il y a un nouvel état d’esprit clair et un réveil de l’esprit pour faire avancer les projets de libération nationale incomplets qui ont commencé dans les deux périodes précédentes. La domination du système néocolonial occidental est remise en question. Nous assistons à des “changements sans précédent depuis 100 ans” et entrons dans une nouvelle période de l’histoire. 3. L’histoire commune du camp impérialiste : Conquête, racisme et génocide La richesse du Nord global provient d’un pillage historique par le biais d’une dépossession violente au cours des siècles. La stagnation économique et la demande de croissance ont stimulé le pillage des ressources d’autres régions. Comme le montre la figure 2, ce phénomène a commencé dès les invasions militaires des croisades contre les régions arabes et musulmanes de l’Asie occidentale (1050-1291). La fin de la période chaude médiévale en Europe (qui a duré de 950 à 1250 environ) et la catastrophe de la peste noire (1346-1353) ont fait pencher la balance en faveur des paysans, au détriment de l’aristocratie. Les rébellions paysannes et les chartes forestières dans toute l’Europe sont le signe que l’avenir du capitalisme est loin d’être scellé. L’Europe a ensuite entamé sa trajectoire d’hégémonie mondiale par le biais de ses puissances maritimes militarisées, en commençant dès 1415 par l’invasion et la prise de Ceuta, un port marocain fortifié, par le Portugal – une date que nous utilisons pour marquer les 600 ans et plus de domination occidentale. La première puissance coloniale européenne, le Portugal, a utilisé des capitaux génois pour financer ses expéditions, et le reste de l’Europe lui a emboîté le pas dans les années 1400. Les conquêtes des nations plus foncées du monde, la dépossession subséquente des peuples de leurs terres et la subordination de leur travail ont donné lieu à l’émergence d’idéologies raciales. Cette couche idéologique a infiltré la base et la superstructure des sociétés européennes et des peuples qu’elles ont conquis. Elle est particulièrement prononcée dans les États coloniaux de colons blancs, qui ont été des projets raciaux dès le début de leur existence (figure 3). Au sein de ces États coloniaux blancs, les États-Unis et Israël représentent aujourd’hui l’histoire la plus marquée, la plus permanente et la plus profondément enracinée des projets raciaux-religieux. L’analyse économique montre que la véritable hausse des investissements capitalistes au Royaume-Uni a commencé lorsque les profits de l’esclavage et le pillage de pays comme l’Inde ont permis la hausse historique des investissements en capital fixe et ont été décisifs dans ce que l’on appelle l’accumulation primitive capitaliste et le financement de la “révolution industrielle”. Utsa Patnaik (2017) a indiqué que le Royaume-Uni a soutiré 45 000 milliards de dollars américains (en utilisant une formule de taux d’intérêt composé puisqu’ils ne sont toujours pas payés) à l’Inde entre 1765 et 1936. L’écrasante majorité des grandes institutions britanniques ont profité de la traite transatlantique des esclaves. Le fondement idéologique racial a, à son tour, façonné le développement ultérieur du capitalisme et de l’impérialisme. Au fil des siècles, l’Europe a créé plusieurs autres projets coloniaux de colons blancs en dehors de son noyau historique dans les Amériques et en Australasie, notamment au Kenya, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Ceux qui ont “réussi” ne l’ont pas fait en s’installant sur des terres inhabitées, selon le mythe de la terra nullius, mais plutôt par le génocide et la conquête militaire, en créant des populations et des États majoritairement blancs. L’Allemagne a perpétré le premier génocide du XXe siècle en massacrant environ 80 000 Herero et Nama en Namibie entre 1904 et 1908. Les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Israël sont des projets de la Grande-Bretagne, cette dernière ayant commencé ses conquêtes coloniales au milieu du XVe siècle en Irlande. Le rôle de la Grande-Bretagne dans les Amériques a abouti à la création des États-Unis d’Amérique. La tristement célèbre déclaration britannique Balfour (1917) a joué un rôle central dans la formation d’Israël aux dépens de la Palestine, alors colonie britannique. La mission sioniste consistait à créer en Israël une barrière contre les “hordes barbares” d’Asie. Aucune autre nation n’est aussi influente aux États-Unis qu’Israël. En raison de leur taille et de leur rôle, les États-Unis restent la force dominante du terrorisme mondial, mais Israël joue un rôle prépondérant en matière de violence et de dépenses militaires. Il possède des armes nucléaires que les médias occidentaux minimisent volontiers. De leur création à nos jours, les États-Unis se définissent comme un projet racial. Dans American Holocaust : The Conquest of the New World, David E. Stannard (1992) [L’ Holocauste Américain : la Conquête du Nouveau Monde] estime qu’au cours des 150 premières années de la conquête européenne des Amériques, jusqu’à 100 millions d’indigènes sont morts à cause de la conquête et de ses conséquences, notamment la maladie, la guerre et l’esclavage. En 1860, près de quatre millions de Noirs étaient esclaves rien qu’aux États-Unis (Johnson 2008). En 2022, plus de 720 000 Noirs étaient incarcérés dans les prisons américaines. Les Noirs représentent 38 % de la population carcérale alors qu’ils ne constituent que 12 % de la population américaine. Les États-Unis comptent près de 20 % de tous les prisonniers du monde alors qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale (Sawyer et Wagner, 2023). Plus de 500 ans après le début de l’esclavage (l’arrivée la plus ancienne d’un navire négrier ayant été enregistrée en 1519), les États-Unis continuent de placer des dizaines de milliers de Noirs à l’isolement, bien que cette pratique soit considérée comme une forme de torture par les Nations unies (Slave Voyages 2019). Ce n’est qu’en 2013 que l’État du Mississippi a officiellement ratifié le 13e amendement, qui abolit l’esclavage – inscrit pour la première fois officiellement dans la Constitution le 6 décembre 1865 (Nuwer 2013). Nous ne pouvons comprendre l’idéologie de la classe dirigeante américaine qu’en reconnaissant le caractère racialisé de sa structure de classe. La déclaration de l’OTAN de 2023 et le soutien unifié au génocide israélien contre les Palestiniens prouvent amplement que l’impérialisme ne peut être dissocié des aspects raciaux historiques. Pendant plus de 600 ans, les États européens et les colons blancs ont cherché et réussi à dominer le monde entier. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont cherché à prolonger cette domination pendant au moins un millénaire. Au départ, tous les États du camp impérialiste étaient blancs. Avec la défaite absolue du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, y compris à l’aide de bombes atomiques, le Japon a été assimilé au camp impérialiste et a fini par obtenir ce que les Sud-Africains ont appelé le statut de “Blanc honoraire”. Cela a été d’autant plus possible que le Japon était auparavant une puissance fasciste qui liait également son expansion impérialiste à des pratiques raciales. L’impérialisme a également des fondements patriarcaux racialisés, qui remontent à la manière dont la division sexuelle du travail, le contrôle des capacités reproductives des femmes et l’exploitation du travail non rémunéré des femmes ont été remodelés dans le cadre de la colonisation occidentale, en tant que conditions préalables à l’expansion internationale de l’accumulation du capital (Mies 2001). Depuis lors, la subordination et la violence fondées sur le genre ont été largement utilisées dans la guerre et la conquête, depuis l’esclavage sexuel de dizaines de milliers de “femmes de réconfort” pendant l’occupation militaire japonaise en Chine et en Indonésie jusqu’à l’exploitation sexuelle actuelle qui se déroule dans les bases militaires américaines aux Philippines (Enriquez 2023). Ce n’est pas un hasard si les États-Unis apparaissent dans sept des huit catégories de violence historique de la figure 3. Ce processus n’a pas commencé dans les années 1890 avec le développement de l’impérialisme moderne. Il remonte à 1492 avec la première invasion européenne des Amériques. En octobre 2023, sur les 193 membres de l’ONU, seuls les États-Unis et Israël ont voté contre la levée de l’embargo et du blocus illégaux contre l’héroïque Cuba. Lorsqu’un premier projet de résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza a été rédigé le 16 octobre 2023, aucun membre blanc de la Chambre des représentants des États-Unis ne l’a signé (Bush et al., 2023). Il existe un lien entre les marchands d’esclaves portugais en Afrique de l’Ouest et les génocidaires israéliens et américains en Palestine. |
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| Commentaire Xuan 11 JUILLET 2024 AT 23 H 51 MIN Ce texte apporte beaucoup d’éléments et j’attends avec intérêt la suite. Par contre je n’y trouve pas d’indications suffisantes pour comprendre les transformations à venir, sauf pour ce qui concerne la contradiction entre « l’hyper impérialisme » d’une part et la Chine et les BRICS d’autre part. Une des conclusions importantes de ce texte est la notion d’hyper impérialisme. On lit que : « Quarante-neuf nations sont fortement intégrées dans un bloc militaire dirigé par les États-Unis, qui ont désormais achevé de subordonner économiquement, politiquement et militairement tous les autres pays impérialistes. » Il s’agit de … « maintenir la pleine subordination des États capitalistes d’Europe occidentale, qui ont abandonné toute indépendance fondamentale et, dans de nombreux cas, même un semblant d’indépendance. L’impérialisme a donc entamé sa transformation vers une nouvelle étape décadente et dangereuse : l’hyper-impérialisme. Il s’agit d’un impérialisme mené de manière exagérée et cinétique, tout en étant soumis aux contraintes que l’empire en déclin s’est imposées à lui-même ». « Les capitalistes européens et japonais investissent leurs capitaux dans les mêmes structures que leurs frères de classe américains, mais sous le contrôle de ces derniers. » J’espère ne pas trahir le texte en disant que cet « hyper impérialisme » réunit l’ensemble des pays impérialistes sous la direction des USA, et que cette unité est une soumission. L’ensemble, c’est-à-dire l’UE et le Japon. J’ajouterai la Canada et l’Australie. Des huit contradictions principales définies par Opoku et al., il n’en existe aucune qui oppose l’hégémonisme US et les autres pays impérialistes. On lit par exemple « L’Allemagne, le Japon, la France et toutes les autres puissances impérialistes doivent subordonner leurs intérêts à court et moyen terme aux intérêts fondamentaux des États-Unis. » C’est souvent exact et les exemples sont nombreux. Nous en avons vu des exemples flagrants dans la destruction du Nord Stream II, avec des conséquences graves dans l’économie allemande, dans l’aide couteuse à l’Ukraine, dans le rejet de la 5G chinoise… Ou dans le vol des avoirs russes par l’UE, avec pour conséquence les mesures de rétorsion annoncées par l’Arabie Saoudite, déclarant qu’elle pourrait vendre certains de ses titres de dette européenne – notamment française – si le G7 décidait de saisir près de 300 milliards de dollars d’actifs gelés de la Russie, selon Bloomberg. On lit aussi dans ce texte : « les fonctionnaires du Bundestag allemand, par exemple, sont à la tête des appels à l’isolement de la Chine, même si cela implique une perte considérable de marchés pour les fabricants “allemands” ». Mais pourquoi ces fonctionnaires prennent-il des décisions qui vont à l’encontre des intérêts des fabricants allemands ? Le texte met entre guillemets le mot « allemands » pour signifier l’allégeance de ces fonctionnaires à une volonté supérieure. C’est ce que nous appelons l’atlantisme, et qui ne se traduit pas uniquement par un soutien verbal de ses promoteurs, mais aussi par des transits financiers destinés à l’alimenter, parce que toute compromission a un prix. Mais si nous nous interrogeons sur la signification du mot « doivent » dans la citation précédente, n’est-ce pas l’expression d’une contradiction ? Parlons français. Les pays impérialistes « doivent » appliquer les directives des USA, et il leur en coûte. Il en coûte aux capitalistes européens. Cela signifie que la notion d’hyper impérialisme recèle en fait un conglomérat de contradictions internes, dont la principale oppose l’hégémonisme des USA aux autres pays impérialistes. Ainsi il faut ajouter aux contradictions définies plus haut celles opposant les pays impérialistes entre eux et celle qui oppose les impérialistes européens à l’hégémonisme US. Bien évidemment, tant que la guerre en Ukraine se poursuit, cette contradiction est quasiment invisible, et c’est l’unité des pays impérialistes qui l’emporte. Mais la guerre elle-même accentue les contradictions au sein de l’UE et entre celle-ci et les USA, parce que la guerre a un coût et qu’un tel investissement doit être rentable. Sinon les financiers s’en vont ailleurs. Par conséquent et encore une fois, je m’inscris en faux contre la notion d’hyper impérialisme. Elle décrit l’unité des rapports entre les USA et les autres pays impérialistes, mais évacue ce qui les oppose. Or les contradictions internes sont l’origine des transformations. C’est une vue figée qui ne permet pas de comprendre les transformations à venir De la même façon ce texte met l’accent uniquement sur la contradiction qui oppose « l’impérialisme moribond » à la Chine Populaire, ou bien « les classes dirigeantes du Nord contre la bourgeoisie des pays capitalistes du Sud », « l’impérialisme dirigé par les États-Unis contre la nécessité urgente de la souveraineté nationale des pays socialistes et capitalistes du Sud »…et c’est parfaitement légitime. Mais là aussi il existe à la fois identité et contradiction, unité et opposition. Sinon on ne comprend pas pourquoi la Chine fait appel aux capitaux des pays impérialistes, pourquoi même elle commerce avec eux. Que signifie par exemple la délocalisation de l’industrie dans le sud ? C’est évidemment une exploitation éhontée de ces pays, mais c’est aussi une aliénation du nord. Et faute d’examiner les liens économiques entre le nord et le sud, on ne comprend pas non plus le sens des transformations en cours ni celui d’une “communauté de destin”, qui n’est pas la disparition des pays impérialistes, mais de l’hégémonie. Je veux dire par là que nous devrions examiner les rapports entre ces pays de façon dialectique et ne pas nous contenter de voir tantôt l’unité et tantôt la contradiction lorsqu’un des deux aspects domine, mais à chaque fois le rapport entre l’unité et la contradiction, l’identité des contraires, et les transformations qui en résultent. «… la méthode dialectique veut que les phénomènes soient considérés non seulement du point de vue de leurs relations et de leurs conditionnements réciproques, mais aussi du point de vue de leur mouvement, de leur changement, de leur développement, du point de vue de leur apparition et de leur disparition. » [Staline – matérialisme dialectique et historique] |
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| L'hyper impérialisme rappelle évidemment la théorie de Kautsky. Je publie quand même pour la discussion et les infos importantes. World Marxiste review L’hyper-imperialisme et le socialisme du sud (1) 11 JUILLET 2024 https://histoireetsociete.com/2024/07/11/world-marxiste-review-lhyper-imperialisme-et-le-socialisme-du-sud-1/ Nous vous avions signalé l’importance de la parution d’une revue marxiste mondiale, à l’intiative de camarades chinois mais non directement liés au gouvernement chinois. Ces intellectuels marxistes invitent à des débats autour d’analyse qui explore le socialisme à la chinoise, le monde multipolaire d’une manière positive mais critique. Ils se sont associés à des intellectuels d’autres nations, des Russes, des intellectuels et chercheurs des pays du sud, es Etats-Unis et au titre de la France notre camarade Jean Claude delaunay. Histoireet societé va pleinement s’associer à la diffusion des travaux. Notre collaboratrice de Londres Catherine Winch, qui participe elle- même à une revue critique du parti travailliste, a accepté de traduire pour nous les articles de World Mariste review, en profitant de la relative accalmie de l’été dans un contexte de profond bouleversement politique . Il est dramatique que la gauche et soyons clairs les communstes espérent poursuivre leur censure puisqu’ il nous a été affirmé qu’il serait interdit d’aborder la question du socialisme à l’université du PCF, sous la direction de Roubaud Qashie et de sa faction, on peut espérer qu’il s’agit d’une regrettable erreur que la dite erreur aura à coeur de corriger, parce que dans une telle logique il devra être interdit de parler de l’OTAN, du monde multipolaire, de la Chine, etc… quoiqu’il en soit, nous pensons plus nécessaire que jamais de rompre construire notre propre espace de reflexion et d’ouverture sur le monde nouveau en train de naître, qui lui non seulement ose le socialisme mais le fait dans un contexte planétaire en train de se renouveler. Donc voici le résumé et la première partie d’un long article diagnostic sur la nature de l’impérialisme: un hyper impérialisme. la suite de l’article sera publiée probablement dans le week end. note de danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch) Notons que cette thèse des nouveaux rapports sud-sud face à l’hyper-impérialisme était déjà celle de Fidel Castro au non alignés en 1983, j’en ai fait état dans le livre sur de “Les Etats-Unis, de mal empire ou les résistances qui nous viennent du sud”, paru chez Aden en 2004, avec une édition améliorée publiée à Cuba en 2006. Mais à l’inverse de certains gauchistes qui prétendent transférer cette résistance terme à terme dans des affrontements et des divisions “communautaristes” dans les pays impérialistes, Fidel Castro y répondait par l’union des luttes de classe et au contraire pour Cuba, le refus des divisions racistes et c’est pour cela que le communisme et le socialisme est la seule réponse (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete) RÉSUMÉ L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, a pleinement hérité d’un projet racial européen vieux de huit siècles, qui s’est accéléré au cours du 15e siècle avec l’avènement du colonialisme et de l’esclavage. Depuis l’avènement de l’impérialisme moderne, l’impérialisme a connu des changements quantitatifs et qualitatifs. De 2008 à aujourd’hui, l’hyper-impérialisme, une nouvelle étape décadente et dangereuse de l’impérialisme, se produit à un moment de l’histoire que l’on n’avait pas vu depuis cent ans. Quarante-neuf nations sont fortement intégrées dans un bloc militaire dirigé par les États-Unis, qui ont désormais achevé de subordonner économiquement, politiquement et militairement tous les autres pays impérialistes. Confronté à des décennies de stagnation interne et de déclin économique relatif, y compris la perte de l’hégémonie industrielle, ce groupe est devenu plus susceptible d’utiliser sa supériorité militaire et ses avantages hégémoniques pour tenter de contenir la Russie et la Chine, réalisant ainsi leur objectif de longue date d’obtenir le contrôle total de l’Eurasie. Ils sont confrontés à la probabilité qu’au cours de leur vie, un puissant projet socialiste non blanc puisse surpasser les États-Unis sur le plan économique. Malgré l’incohérence idéologique du Sud global, la lutte de libération nationale incomplète pour une véritable indépendance de la plupart des pays du Sud global et leurs intérêts propres créent de plus grands conflits avec l’impérialisme. Après des centaines d’années d’humiliation, de violence raciale et d’exploitation économique par le Nord, nous sommes arrivés à ce stade d’hyper-impérialisme. https://worldmarxistreview.org/index.php/wmr/article/view/25/19 1. Introduction Cela fait à peine 30 ans que la “fin de l’histoire” a été déclarée par les idéologues bourgeois dans des pantomimes de vœux pieux pour pressentir l’inviolabilité de l’impérialisme américain. Au cours des années qui ont suivi, des changements – parfois minimes et imperceptibles, parfois volatiles et explosifs – se sont produits. Ils impliquaient à la fois des mouvements populaires et des acteurs étatiques, parfois extrêmement puissants. Les États-Unis ont été confrontés à la montée en puissance de la Chine, à la croissance des économies du Sud (qui ont dépassé le PIB du Nord en termes de parité de pouvoir d’achat en 2007), à des années de négligence en matière d’investissements nationaux, à la financiarisation de l’économie et à la perte de leur supériorité dans le secteur de la production manufacturière. La montée en puissance du Tea Party en 2009 a signalé la fracturation interne de la politique intérieure américaine. Sur le plan international, les États-Unis n’ont pas réussi à obtenir un bouleversement en douceur du régime chinois et une dé-nucléarisation ou un changement de régime en Russie. Après une réduction temporaire des dépenses militaires à la fin de la guerre désastreuse contre l’Irak (2003-2011), les États-Unis se sont tournés vers l’utilisation et la menace de la puissance militaire comme pilier central de leur réponse à ces changements. Wallerstein (1984) a déclaré que l’hégémonie est historiquement perdue en trois étapes : la production, la finance et l’armée. Les États-Unis ont perdu leur hégémonie en matière de production, même s’il leur reste quelques domaines d’hégémonie technologique, y compris ceux liés à l’armée. Leur hégémonie financière est remise en question, bien que cette remise en question n’en soit qu’à ses débuts et qu’elle tourne autour du statut du dollar américain. Même si les aspects économiques et politiques de leur déclin s’accélèrent, les États-Unis conservent leur puissance militaire, ce qui les incite à tenter de surmonter les conséquences de leur déclin économique par des moyens militaires ou liés à l’armée. Ce qui est aujourd’hui le bloc militaire dirigé par les États-Unis a connu deux changements internes au cours des trois dernières décennies : la poursuite de l’expansion du bloc pour inclure tous les pays d’Europe de l’Est (à l’exception du Belarus) et le défi de maintenir la pleine subordination des États capitalistes d’Europe occidentale, qui ont abandonné toute indépendance fondamentale et, dans de nombreux cas, même un semblant d’indépendance. L’impérialisme a donc entamé sa transformation vers une nouvelle étape décadente et dangereuse : l’hyper-impérialisme. Il s’agit d’un impérialisme mené de manière exagérée et cinétique, tout en étant soumis aux contraintes que l’empire en déclin s’est imposées à lui-même. La qualité spasmodique de son effort est ressentie par les millions de Congolais, de Palestiniens, de Somaliens, de Syriens et de Yéménites qui vivent sous le joug du militarisme américain et qui sursautent instinctivement pour se mettre à l’abri en entendant des bruits soudains. Pourtant, il ne s’agit pas de la marche sanglante à travers le monde que la guerre froide a initiée, menée dans des batailles par procuration qui ont été suivies par l’impérialisme économique à travers la Banque mondiale et d’autres institutions de développement. C’est l’impérialisme d’un milliardaire qui se noie et qui croit fermement qu’il devrait être sur le pont de son yacht. Il montre les muscles du pouvoir qui sont encore forts – c’est a dire le militaire. Cependant, en l’absence de pouvoir productif et sachant que le pouvoir financier est à un point de basculement, les États-Unis ne disposent plus de l’ensemble des technologies impériales de contrôle dont ils disposaient autrefois. Ils canalisent donc leurs efforts par le biais des mécanismes dont ils disposent le plus : la culture (le contrôle de la vérité et la guerre. Ce texte est extrait d’une étude plus large publiée sous le titre Hyper-Imperialism : A Dangerous Decadent New Stage1 . Après cette introduction, la première section de cet article présente l’analyse des changements qualitatifs au sein de l’impérialisme, qui conforment cette nouvelle étape. La deuxième section systématise l’histoire commune du camp impérialiste, en mettant en lumière la conquête, le racisme et le génocide qui en sont constitutifs. La troisième section présente une périodisation de l’impérialisme, comprenant quatre périodes : 1. 1890-1939 : D’abord la montée de l’impérialisme, la Première Guerre mondiale, puis une période de révolutions (dont la révolution bolchevique), le déclin de la domination britannique et la montée du fascisme. 2. 1940-1945 : La guerre mondiale contre le fascisme. 3. 1946-2008 : Début de l’immense expansion de l’impérialisme américain (avec des défaites notables, notamment la création de la République populaire de Chine), suivi du néolibéralisme et de la stagnation. 4. 2008-aujourd’hui : Une nouvelle période dangereuse et décadente d’hyper-impérialisme se produit à un moment de l’histoire que l’on n’avait pas vu depuis cent ans. 2. Changements qualitatifs au sein de l’impérialisme Des analyses approfondies telles que celle proposée par Chen Enfu et Lu Baolin (2021) ont permis de mieux comprendre une nouvelle phase de l’impérialisme contemporain, que les auteurs ont appelée néo-impérialisme. Chen et Lu analysent cinq caractéristiques de cette nouvelle phase, à savoir le nouveau monopole de la production et de la circulation par les multinationales géantes ; le nouveau monopole du capital financier ; le monopole du dollar américain et de la propriété intellectuelle ; le nouveau monopole de l’alliance oligarchique internationale ; et le besoin de contrôle et de pillage comme essence économique. Pour leur part, Opoku et al. (2023, 4-11) identifient huit contradictions principales dans l’ordre mondial impérialiste, résumées comme suit : L’impérialisme moribond dirigé par les États-Unis contre le socialisme émergent dirigé par la Chine ; le capital parasitaire à la recherche de rentes contre les exigences des sociétés en matière de développement écologiquement durable, d’industrie, d’agriculture et d’emploi ; l’impérialisme dirigé par les États-Unis contre la nécessité urgente de la souveraineté nationale des pays socialistes et capitalistes du Sud ; les classes dirigeantes du Nord contre la bourgeoisie des pays capitalistes du Sud ; la classe dirigeante suprématiste blanche du G7 (et du reste du Nord) contre les classes populaires (travailleurs, paysans, etc.) ; la classe dirigeante des États-Unis contre la bourgeoisie des pays capitalistes du Sud ; la classe dirigeante suprématiste blanche du G7 (et du reste du Nord) contre les classes populaires (travailleurs, paysans, etc.). la bourgeoisie et les couches supérieures des pays capitalistes du Sud contre les classes populaires du Sud ; l’impérialisme occidental contre l’avenir de la planète et de la vie humaine ; la contradiction interne entre la bourgeoisie du Nord et des millions de travailleurs (pauvres et de plus en plus de travailleurs qualifiés et semi-qualifiés) du Nord. En dialogue avec ces analyses, nous tentons d’examiner le processus en cours de changements quantitatifs et qualitatifs qui caractérisent la transition vers une nouvelle étape de l’impérialisme. Notre recherche articule l’analyse des dynamiques économiques et militaires de l’hyper-impérialisme, ainsi que l’examen du fonctionnement interne du camp impérialiste et de la composition et des connotations du Sud global pour comprendre les contradictions primaires du monde d’aujourd’hui. Le monopole du dollar américain et le passage d’une nation créancière à une nation débitrice qui ont commencé dans les années 1970, suivis par la chute de l’Union soviétique en 1991, ont inauguré une période où les États-Unis ont tenté de créer un ordre mondial unipolaire qu’ils avaient eux-mêmes conçu. L’unipolarité n’a pas pu être pleinement établie parce que certains États – que les États-Unis appelaient “États voyous” – ont refusé de se soumettre à ce nouveau système (Lake 1994). Au cours des quinze dernières années, le projet d’unipolarité américain a été considérablement affaibli. La période entre la “grande récession financière” de 2008 et le conflit de février 2022 entre l’OTAN et la Russie a consolidé un changement quantitatif et qualitatif de l’impérialisme mondial. La profondeur et les conséquences des rivalités inter-impérialistes constituent une question historique clé qui en découle. Cela a de profondes implications stratégiques et politiques : les autres puissances impérialistes vont-elles rompre avec les États-Unis sur des questions fondamentales ou subordonner leurs propres intérêts à ceux des États-Unis ? Aujourd’hui, les faits montrent que ces différences ne sont plus stratégiques. L’impérialisme a consolidé un nouveau stade d’existence que l’on peut décrire comme l’hyper-impérialisme. Voici quelques-unes des caractéristiques de cette nouvelle étape : – La Chine est devenue l’économie la plus importante et la plus dynamique du monde. La croissance du Sud dépasse celle du Nord. La croissance du produit intérieur brut (PIB) en Asie est nettement supérieure à celle des pays du G7. – Malgré les atouts économiques qu’ils conservent, les États-Unis sont confrontés à une faible croissance et sont en déclin par rapport à la montée en puissance du Sud (la croissance de la Chine étant une locomotive majeure). C’est ce que montrent le PIB total, l’industrie, le commerce, les infrastructures et les communications 5G. Les États-Unis font des tentatives agressives pour freiner la croissance économique de la Chine et son rôle dans les initiatives mondiales telles que les BRICS10. Les États-Unis entraînent le monde dans un protectionnisme accru. – Les États-Unis ont rapidement fait progresser la guerre hybride, y compris les sanctions américaines infligées à plus d’un pays sur quatre dans le monde (Rodríguez 2023). La saisie par les États-Unis des réserves nationales de la Russie, du Venezuela, de l’Iran et de l’Afghanistan a été un réveil brutal pour de nombreux pays du Sud. – Les États-Unis ont désormais pour objectif de dominer l’Eurasie, où l’Occident est confronté à la Russie et à la Chine, deux pays puissants dotés d’une forte capacité économique, technologique, militaire, énergétique et alimentaire combinée. La démilitarisation complète de la longue frontière entre la Chine et la Russie et le partenariat “sans limites” qu’elles ont annoncé témoignent des intérêts communs des deux pays en matière de paix et de sécurité. – Il existe un danger clair et actuel que l’impérialisme poursuive sa voie militariste et s’appuie sur sa domination militaire pour compenser son déclin économique et politique relatif croissant. et politique. Les intérêts politiques et militaires des impérialistes sont devenus primordiaux. On observe des pertes économiques à court terme. Les intérêts des capitalistes individuels ou des groupes sont secondaires. – L’hégémonie du dollar américain, la financiarisation et la capacité technologique permettent à la finance de déplacer des milliers de milliards de dollars en quelques millisecondes, ce qui a modifié les mécanismes de l’accumulation capitaliste et de sa propriété. Les capitalistes européens et japonais investissent leurs capitaux dans les mêmes structures que leurs frères de classe américains, mais sous le contrôle de ces derniers. – Les États-Unis ont renforcé leur infrastructure de “soft power” déjà vaste, basée sur l’essor d’une nouvelle génération de médias sociaux avancés et de streaming vidéo sous le contrôle total des monopoles américains, qui sont tous explicitement intégrés dans le complexe militaro-industriel numérique des États-Unis. – L’Allemagne, le Japon, la France et toutes les autres puissances impérialistes doivent subordonner leurs intérêts à court et moyen terme aux intérêts fondamentaux des États-Unis. Leur travail est coordonné au sein de l’OTAN+. Les documents politiques officiels indiquent que leur stratégie à l’égard de la Chine consiste à réduire les risques. Pourtant, les fonctionnaires du Bundestag allemand, par exemple, sont à la tête des appels à l’isolement de la Chine, même si cela implique une perte considérable de marchés pour les fabricants “allemands” (Deutscher Bundestag 2023). Il existe également un mouvement interne simultané de remilitarisation de l’Allemagne. – Les nouvelles institutions multilatérales et les modèles alternatifs de financement du développement émergeant du Sud gagnent du terrain. L’ampleur du soutien à l’initiative “Belt and Road” (BRI) et l’intérêt croissant pour l’adhésion aux BRICS, aujourd’hui BRICS10, en témoignent. Près de 80 % des États membres des Nations unies participent à la BRI, soit environ 64 % de la population mondiale, et leurs économies combinées représentent 52 % du PIB mondial mesuré en parité de pouvoir d’achat (PPA) en 2022 (Wang 2023). Selon les calculs de Global South Insights (2024), les pays du BRICS10 représentent désormais 45,5 % de la population mondiale et 35,6 % de la part du PIB mondial (PPA). À titre de comparaison, bien que les États du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ne représentent que 10 % de la population mondiale, leur part du PIB mondial (PPA) est de 30,4 %. – Le Sud mondial perd confiance dans le leadership économique, politique et moral des États-Unis et de l’Europe. C’est la Chine, et non les États-Unis, qui a facilité l’accord diplomatique décisif entre l’Arabie saoudite et l’Iran. La Russie et la Chine réalisent désormais la plupart des échanges commerciaux entre les deux pays dans leurs propres monnaies. Les BRICS10 mettent en place un groupe de travail chargé d’explorer les alternatives à l’utilisation du dollar américain, y compris les systèmes de paiement internationaux et une éventuelle nouvelle monnaie de réserve. Lors du vote de la résolution des Nations unies sur un cessez-le-feu à Gaza (A/ES-10/L.25), le Nord a été mis en minorité, avec 14 voix contre et 120 voix pour. – Pour la première fois depuis plus de 600 ans, il existe aujourd’hui une alternative économique et politique crédible à la domination des affaires mondiales par les Européens et leurs descendants, les États colonisateurs blancs. Il s’agit tout d’abord du groupe socialiste dirigé par la Chine. Ensuite, les aspirations croissantes à la souveraineté nationale, à la modernisation économique et au multilatéralisme qui émergent du Sud global. ____________
Edité le 14-07-2024 à 15:14:13 par Xuan |
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