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Xuan
> Concernant le PCMLF, la période de l’interdiction, contournée par certains groupes trotskistes en changeant de nom, s’est aussi traduite par de grandes difficultés pour l’exercice de la démocratie, et a certainement favorisé les scissions. Mais la phase d’ascension du PCMLF n’a pas pris fin en 1970. En fait les adhésions à l’Humanité Rouge puis au PCMLF se sont poursuivies durant les années 70, à telle enseigne que le journal est devenu quotidien durant un temps. C’est en 79 et en 80 que la situation s’est dégradée.
Je dirais que les adhésions avaient été probablement trop hâtives, sans période probatoire pour bon nombre d’étudiants, contrairement à celles qui avaient précédé et immédiatement suivi mai 68.
Le site des Editions Prolétariennes a recensé et numérisé bon nombre de numéros d’HR, ainsi que des documents sur l’histoire du PCMLF, mais aussi du PCR(ml). C'est un site de référence sur cette période et ces organisations.

En 1978, le PCMLF, en collaboration avec le PCR(ml) avait même présenté des candidats aux élections législatives sous l’enseigne de l’UOPDP qui ont obtenu 28 000 suffrages, en rejetant à la fois majorité et opposition, représentées par Giscard d'une part, Mitterrand et l’Union de la Gauche d'autre part à cette époque. Ce n'était pas une tâche facile, mes camarades de travail ne comprenaient pas que nous ne fassions pas de désistement au second tour. Il faut dire que Giscard était aussi détesté que Sarkozy, Hollande ou Macron, tandis que Mitterrand représentait la gauche unie grâce au PCF.
Mais il faut dire que le PCF lui-même avait bien compris qu'ils se fourrait dans de sales draps, au point que certains de ses militants avaient même voté Giscard !


> Quant à la Chine Populaire, il faut toujours garder à l’esprit que son passé est colonial , et que l’impérialisme n’a jamais cessé des agressions de toutes sortes, de la guerre de Corée jusqu'à la guerre commerciale et idéologique de Trump, sur le covid, la révolte des parapluies à Hong Kong, le Xinjiang, puis le découplage technologique et Taïwan maintenant.

Aussi l’adhésion de la Chine Populaire aux 5 principes de la coexistence pacifique n’a-t-elle pas qu’une valeur de principe, mais une portée pratique, existentielle même.
Ceci différencie fondamentalement sa diplomatie et sa politique extérieure de celle des pays impérialistes, mais y compris des « progressistes » occidentaux.


La Chine Populaire a combattu aux côtés des fronts anti impérialistes et des luttes armées pour l’indépendance. Dans l’ensemble cette tâche a été réalisée autour de 1975.
En 1972, Nixon a visité la Chine Populaire en déclarant que les USA allaient retirer toutes leurs forces de Taïwan. Mais ils ont maintenu des relations officielles avec le gouvernement de la république de Taïwan jusqu’en décembre 1979. On a présenté cela comme une capitulation de la Chine. En fait ce sont les USA qui ont capitulé. Aujourd’hui très peu de pays dans le monde ne reconnaissent pas la RPC.
Après la victoire mondiale des nations et des peuples colonisés, la Chine leur a appliqué les 5 principes de la coexistence pacifique, c’est-à-dire notamment la non ingérence.
Elle n’a pas soutenu tel ou tel parti « de gauche », « maoïste », etc. ou tiré des flèches contre les partis de droite, fascistes ou pro impérialistes, en considérant que c’était aux peuples de ces pays de décider eux-mêmes la voie à suivre. Et ceci précisément parce que la Chine elle-même avait subi ces ingérences, et y compris à l’époque de Staline il faut le préciser.
Peut-être que la relation rétablie avec les partis révisionnistes (mais aussi avec des partis non communistes) constitue une application de cette non ingérence. Dans tous les cas, même lorsque la Chine entretenait des relations avec les partis marxistes-léninistes, elle n'est jamais intervenue dans la définition de la ligne politique du PCMLF.

> Pour ce qui concerne notre pays, nous avons intégré depuis Napoléon que la révolution est un produit d’exportation. Et de fait elle s’est associée à l’expansion coloniale, apportant les « Lumières » de la France républicaine aux nations coloniales « arriérées ».
Cette conception de l’exportation s’est immiscée dans les rangs des progressistes, et même dans le PCF, qui se posent toujours en donneurs de leçons aux peuples émergents, pour les semoncer ou leur conseiller la voie « révolutionnaire » à suivre.
Il faut citer les « cérémonies du dévoilement » organisées en Algérie par Soustelle, en 1958.
Elles sont le symbole même d’une fausse « libération » dont on mesure encore les conséquences : le port du voile devenu une marque d’opposition au colonialisme.

On peut poser la même question sur Brejnev, secrétaire du PCUS de 1964 à 1982, et de sa prétendue offensive révolutionnaire dans le monde. Lorsque l’URSS s’est écroulée, les religieux ont pris la tête de l’opposition à l’impérialisme US. En fait le « socialisme » avait été importé et n’était pas né des aspirations sociales et nationales.

Dans le même temps, après la victoire des pays capitalistes, les progressistes des pays impérialistes ont transformé l’exportation de la révolution en exportation de la démocratie et en « ingérence humanitaire », jusqu’au bombardement des populations récalcitrantes.
Pour comprendre la position de la Chine, position inchangée d’ailleurs sur ce point, il est indispensable de lire « de la démocratie nouvelle » .

> La théorie des trois mondes définissait deux superpuissances, impérialistes donc.
Un second monde impérialiste lui aussi mais dominé par le premier, et un tiers monde constitué des anciennes colonies devenues politiquement indépendantes, mais toujours dominées sur le plan économique et financier.
Avec la chute de l’URSS, cette thèse devient l’opposition entre l’hégémonisme US et le reste du monde, la soumission ou l’opposition timide du second monde, toujours impérialiste mais définitivement vaincu, et l’essor des pays émergents et pauvres.

> Enfin sur la base économique de la Chine, il existe plusieurs formes de propriété. Mais la forme dominante est celle de l'Etat, et cela depuis Mao, même si la part privé s'est accrue durant les réformes. En fait les entreprises privées sont dominées par le PCC, à la fois par la loi socialiste, par les syndicats et par les cellules d'entreprise, y compris dans les entreprises étrangères.
Mengistu
Quelques remarques :
- le récit de la répression du PCMLF par l'Etat permet de différencier les fausses dissolutions cosmétiques d'organisations fascistes comme Génération Identitaire et Bastion Social qui ont pu se récréer sous d'autres appellations, en conservant la même charte graphique, les mêmes militants, la même ligne politique et parfois les mêmes locaux, et la campagne de répression contraire au droit bourgeois français lui-même qu'a subi le PCMLF ou qu'ont subi plus récemment diverses structures musulmanes (plus ou moins critiquables d'un point de vue communiste là n'est pas la question : quand les nazis persécutaient les juifs, s'opposer de manière générale à cette persécution n'était pas conditionnée à la place d'individus juifs persécutés dans la lutte des classes)

- comment jacques jurquet peut-il ne peut pas voir comme une trahison le rétablissement des relations entre "communistes" chinois et euro"communistes" en 1979..ça en dit long sur le rétablissement du capitalisme à mon avis..je passe sur la défense de la théorie des 3 mondes qui est à mes yeux lunaire, sur Hodja c'est vraiment intéressant de voir que y'a toujours eu entre Albanais et Chinois une confrontation..au final ça ne fait que confirmer ma thèse : Staline, comme chef du Mouvement Communiste Mondial, malgré toutes ses erreurs, assurait l'unité du mouvement et son avancée vers la victoire. Après sa mort, le mouvement éclate et tous les chefs sont en rivalité les uns avec les autres. Bien sûr, Krouchtchev en porte une reponsabilité très importante, sans doute principale. Mais, à mon avis, Mao et Hodja sont pas exempts de responsabilités. Je pense que le PCRF a raison d'être stalinien et c'est autour de cette "étiquette" qu'on peut unir le mouvement communiste international.

- Je citerais un point : on voit à quel point l'année 1970 constitue un tournant entre une phase d'ascension du PCMLF en France puis une phase de déclin avec des scissions et des erreurs politiques graves jusqu'à l'auto-liquidation, une phase de développement dans le monde d'une critique anti-révisionniste du PCUS et du mouvement autour de lui puis une phase de déclin, de scissions et aujourd'hui une subsistance sous une forme atomisée, une phase où les Chinois étaient les plus radicaux dans le révolutionnarisme anti-colonial et puis une phase où ils deviennent complètement timorés et ultra-pragmatiques pour pas dire cyniques quitte à soutenir des forces pro-coloniales en Afrique (UNITA en Angola, Mobutu au Congo..) C'est fou d'ailleurs que Jurquet cite l'invasion de l'ambassade sud-africaine en 1985 à Marseille sans voir le rôle néfaste de la Chine et positif de l'Union Soviétique et plus encore de Cuba dans la victoire du peuple azanien d'Afrique du Sud et du peuple namibien et du peuple zimbabwéen et du peuple angolais, et du peuple mozambicain bref !

La Chine avait parfaitement raison de parler de la zone des tempêtes Asie-Amérique latine-Afrique où les révolutions sont bien plus imminentes qu'en Europe.
Mais au final, toutes les révolutions réussies dans cette zone se placèrent après 1970 du côté des soviétiques (entretenant parfois également des relations avec les chinois, surtout les Etats non-formellement marxistes-léninistes comme la Zambie de Kenneth Kaunda par exemple citée par Jurquet, mais qui avait aussi des liens avec les soviétiques)

La négation de la révolution afghane, de la révolution angolaise, et le discours digne de la CIA à leur sujet font que je ne peux pas acquiescer sur ces sujets.

En définitive, j'ai beaucoup de respect pour Jacques Jurquet, un grand communiste français très respectable, dont la sincérité ne fait aucun doute. Mais les errements pro-impérialistes de la politique chinoise des années 1970 constituent à mon avis une ineffaçable ombre au tableau.

Jurquet écrit au début du livre quelque chose de très similaire à ce qu'écrivait Erich Honecker dans ses Carnets de Prison (c'est assez amusant vu que les deux hommes sont à mon avis autant sincères l'un que l'autre mais dans deux camps "ennemis" ou plutôt adversaires du moment dans les années 1970 mais qui n'auraient jamais du l'être à mon avis) : "Je demeure inflexiblement persuadé qu'un jour futur les
peuples ne supporteront plus le fléau historique du capitalisme et
sauront inventer une société nouvelle de paix, de justice et de
bonheur ayant pour fondement les acquis positifs des premières
expériences du socialisme, les aspects négatifs étant sérieusement
analysés et rejetés ou corrigés."

Et bien justement je pense que ma démarche s'inscrit dans l'analyse, la correction et la rejection d'aspects erronnés.

Et je ne peux qu'acquiescer à ces mots :

"Sans doute les temps n'étaient pas encore venus pour la
réussite d'une telle entreprise de redressement des partis
communistes dans le monde et en France tout particulièrement. Il y
a beaucoup à apprendre de toutes les erreurs commises par les uns
et par les autres, ainsi que des prises de position justes et positives
qui marquèrent la vie de tous."
Mengistu
Xuan, merci du partage concernant l'ouvrage de Jacques Jurquet que j'ai commencé à lire en pdf. C'est très instructif politiquement et la plume est très agréable, ça se lit comme un roman d'aventure.
Personnellement ça m'intéresserait de rencontrer des anciens du PCMLF donc n'hésitez pas à m'écrire en message privé. J'aurais pas mal de questions à vous poser.

Au final, même si je pense qu'il y'a de nécessaires critiques du mouvement pro-chinois de l'époque (comme d'organisations actuelles se réclamant du maoïsme et d'ailleurs je pense du concept lui-même), il est clair qu'il y'avait à la fondation du PCMLF une saine énergie sincèrement communiste.

Mais à mon avis, cette parenthèse géopolitique est aujourd'hui refermée et le mouvement communiste international est à reconstruire sur des bases liées à la situation concrète actuelle et non sur des allégeances ou des antagonismes qui n'existent plus.

Pour simplifier, je pense qu'une synthèse des positions du Parti Communiste des Philippines et du Parti Communiste de Grèce (ces deux partis ont un point commun en terme d'appréciation de la Chine actuelle et je sais Xuan que tu ne seras pas d'accord mais personnellement je ne démords pas de l'analyse de l'infra-structure de la RPC comme étant capitaliste qui me semble être une analyse scientifique, ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire preuve de nuance dialectique dans l'analyse de la substistance d'une super-structure inspirée du socialisme..exactement ce qu'il fallait faire en 1960 et après vis à vis de l'URSS et que les pro-chinois et pro-albanais de l'époque n'ont pas fait, vous me suivez ?) se rapprocherait très clairement de la ligne juste et générerait une démarche d'unité des avant-gardes prolétariennes-révolutionnaires (ou de ce qu'il en reste) dans le monde et une nouvelle dynamique d'expansion du communisme.

Il faut viser déjà comme objectif d'atteindre à nouveau le niveau d'unité et de puissance du Komintern à l'époque de Staline, il faut viser le renversement d'un Etat capitaliste par un parti communiste, comme ça a été le cas au Népal en 2006, mais cette fois-ci avec l'instauration du socialisme par l'expropriation de la bourgoisie, la liquidation de l'ancien appareil d'Etat et l'indépendance vis à vis de l'impérialisme occidental (FMI, Banque Mondiale etc).

J'en ai pas encore parlé mais je note aussi que excepté Investigaction, dégun ne parle de l'Erythrée, pas même le PRCF. Pourtant malgré l'activité militaire je pense chauvine et non nécessaire du FPLE contre Mengistu (Mengistu ayant lui même fait preuve de chauvinisme mais le FPLE aurait pu agir plus pour réaliser le projet proposé par Castro, Honecker et Georges Habache d'une fédération socialiste de la Mer Rouge dans laquelle l'Erythrée aurait été une république socialiste à part entière aux côtés de l'Ethiopie, de la Somalie et du Yémen démocratique et populaire.), il y'a de nombreux éléments qui vont dans le sens du socialisme, certes l'économie n'est pas entièrement planifiée mais l'Etat y joue un rôle central et il a systématiquement refusé les plans du FMI, il y'a un parti unique qui ne se revendique plus du marxisme-léninisme depuis 1991 mais qui globalement fait bien le taf.

Investigaction, source pour le coup assez pro-Chine actuelle, mais intéressante sur certains sujets comme l'Amérique latine, l'Algérie, la Palestine..bon sur la Syrie je trouve leur position exagérément pro-Assad, parler d'un Etat laïc égalitaire entre les communautés où il fait bon vivre, en invitant le grand mufti de Damas, personnage extrêmement controversé me semble aussi caricatural que de prendre Al Jazeera au pied de la lettre (pareil pour Maxime Vivas sur la Chine qui va te dire que tout va bien pour les musulmans et que en fait ils sont infiniment mieux traités qu'en France ou qu'aux USA alors qu'à mon avis justement ils ne sont pas traités de manière si différente (pas pire mais pas tellement mieux).
Xuan
Mengistu a écrit :


mais les maoïstes qui soutiennent "la defense nationale de la france" dans les années 70, kolwezi et tous les coups tordus au nom de la théorie des 3 mondes et de la lutte contre "l'expansionnisme soviétique" pour moi c'est tout aussi puant


Ce ne sont pas les "maoïstes", c'était le PCMLF.
Je te rappelle que cette position avait fait très rapidement l'objet d'une autocritique, et que la grande bourgeoisie monopoliste avait été désignée comme l'ennemi principal.

Par contre la théorie des trois mondes reste d'actualité, même si elle désigne une seule superpuissance aujourd'hui. Il apparaît clairement que le premier monde est représenté par l'hégémonisme US, que le second monde regroupe ses alliés et enfin le troisième monde comprend tous les pays du tiers monde et émergents.

_______________________


Pour info Jacques Jurquet décrit cette question dans "A contre-courant", dans le chapitre 31, sur ce site.


"Nous avions pris connaissance d'une théorie nouvelle que d'aucun attribuaient à Mao Zedong et d'autres à l'homme que la Révolution culturelle n'avait pas épargné, l'accusant d'être un révisionniste tout comme Lieou Chao chi.
Pour notre part nous pensions que Deng Siao ping, rétabli dans des fonctions dirigeantes, n’était qu'un porte-parole de cette fameuse « théorie des trois mondes ».
Par delà ses désaccords avec Mao, l'ex-secrétaire général du Parti communiste chinois restait à nos yeux un ancien de la longue marche. Cet aspect de sa biographie ne lui garantissait nullement une infaillibilité, mais devait être pris en compte pour que l'on puisse porter une appréciation d'ensemble sur sa vie politique de combattant communiste.

Le premier monde était constitué par les deux superpuissances, Etats Unis d'Amérique et Union des Républiques Socialistes Soviétiques, engagées dans une guerre froide qui menaçait de se transformer très rapidement en troisième guerre mondiale;
le second monde était formé par les Etats capitalistes que leur développement encore insuffisant tenait à l'écart des grandes décisions internationales, notamment dans le domaine des armements nucléaires ;
enfin le troisième monde ou Tiers-monde comprenait tous les autres pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine dont l'exploitation et le pillage économique par les pays impérialistes ne cessaient d'accentuer le décalage entre eux et les autres sur tous les plans.

Cette analyse satisfaisait complètement mon souci de comprendre les phénomènes internationaux. Mon hostilité fondamentale visait en premier les Etats-Unis, mais elle concernait aussi les « révisionnistes » soviétiques devenus dans ma pensée de véritables traîtres en train de liquider délibérément le socialisme fondé par Lénine et construit par Staline et les peuples de cet immense pays.
Je comprenais que le gouvernement conservateur de la France demeurait un ennemi de classe des travailleurs, mais j'admettais qu'il lui arrivait de s'opposer aux deux super-grands en différentes circonstances précises. La France réactionnaire n'avait elle pas reconnu la République populaire de Chine et le général De Gaulle lui même n'avait-il pas dû accorder l'indépendance à l'Algérie, certes sous la pression irrésistible de la guerre révolutionnaire de libération nationale soutenue au prix de sacrifices immenses par le peuple de l'ancienne colonie ?

Si l'on désire raisonner de façon dialectique, en partant des réalités, reconnaissons que ce n'est pas toujours facile surtout pour les esprits d'un peuple formé par la pensée rationaliste de Descartes. Les cartésiens ne sont pas des dialecticiens. Mon père, mon grand père et mon arrière grand père paternel avaient été des laïques combattants, convaincus de l'exclusive justesse philosophique du rationalisme cartésien. Je conservais beaucoup de leurs convictions, mais en essayant d'appliquer le matérialisme dialectique à mon processus de pensée je supposais dépasser le niveau atteint par les idées de mes ascendants.

Ce fut dans cette période que se réunit clandestinement le IIe Congrès national du Parti communiste marxiste-léniniste de France. En province, avec les complicités indispensables, mais très sincèrement je ne me souviens plus de la désignation géographique de ces lieux. Peut-être était-ce près de Luynes, non loin d'Aix-en-Provence, dans des constructions fort modestes édifiées sur une colline en pleine forêt, qu'un prêtre progressiste avait mis à notre disposition. En tout cas je pense que ce fut du 13 au 20 mars 1975- Les délégués furent acheminés dans des conditions de sécurité extrêmement sérieuses. En voitures puis à pieds. Je pense que nous fûmes assez nombreux. Toutefois je peux me tromper car ce souvenir demeure assez flou dans ma pensée.

Deux conférences nationales avaient précédé cette instance, l'une en 1971, l'autre en 1973, ainsi que plusieurs centaines d'assemblées générales de cellules d'entreprise, de quartiers ou de villages réunies en 1974 et 1975 et enfin plusieurs dizaines de conférences régionales en 1975. 350 interventions de délégués témoignèrent du contenu hautement démocratique de ce second congrès. Il est désormais possible de prendre connaissance du rapport politique et des documents votés lors de ces assises en demandant à la Bibliothèque nationale les numéros 10 et 11 (avril et mai 1975) du Cahier rouge, revue théorique du comité central du P.C.M.L.F.

Je tiens à indiquer d'emblée que du point de vue tactique, une mauvaise appréciation de la théorie des trois mondes résultant de ma propre interprétation ratifiée par ce IIe Congrès allait nous conduire à la mise en œuvre d'une ligne politique erronée.

Je crus le moment venu d'accepter une alliance temporaire avec des formations de droite qui condamnaient comme nous les deux superpuissances. Il est vrai que nous estimions à ce moment-là que la troisième guerre mondiale était imminente et que, sans doute, ce serait le social-impérialisme soviétique qui en prendrait l'initiative. Dans mon esprit demeurait l'enseignement de la Résistance, au cours de laquelle je m'étais trouvé au contact direct de gaullistes, en unité de combat sans réserve avec eux. Je pensais donc qu'en cas de nouvel affrontement pourrait se renouveler une situation analogue.

Ce fut dans de telles dispositions d'esprit qu'avec Henri Jour, je rencontrai à son siège un homme qui, Ministre des Affaires étrangères pendant quelques mois, s'était manifesté par son animosité contre les Américains, Mr Michel Jobert. Que pouvions-nous donc faire ensemble ? « Au moins ne pas nous insulter réciproquement » me dit-il sur le ton ironique mais bon enfant dont il avait le secret. Cette relation n'alla pas plus loin.
Par contre, en application de la ligne du IIe congrès, Camille Granot et d'autres dirigeants du P.C.M.L.F., sous ma propre responsabilité, participèrent à un meeting au quartier latin non seulement avec des militants de l'Union des Jeunes pour le progrès (gaullistes de gauche), mais aussi avec Albert Renouvin, dirigeant de la « Nouvelle Action française ».

Presque aussitôt après, dés le second trimestre de 1975, une campagne de critique qui dura près de deux ans, venue de nos adhérents de base aboutit lors du IIIe Congrès à ce que je fus dans l'obligation de présenter une autocritique.
Notre ligne tactique était opportuniste et erronée, il fallut en convenir.
Elle fut qualifiée de «bourgeoise » à l'unanimité.
Naturellement toutes les forces gauchistes qui faisaient du PCMLF depuis des années leur cible principale trouvèrent en la circonstance matière à multiplier leurs attaques contre nous. Les premières mesures de rectification concrète commencèrent dés le troisième trimestre de 1975."


J'avais assisté à ce meeting avec Bertrand Renouvin. Je dois dire que j'étais plutôt dubitatif et que j'étais resté au fond de la salle. Pour moi le royaliste Renouvin était un "facho".
Jacques se tenait lui aussi près de la sortie et pas très convaincu lui non plus, bien qu'il prenne cette erreur sous son chapeau. Le plus enthousiaste était Renouvin lui-même. A peine le meeting terminé les questions et les critiques ont commencé à fuser.

Peu après se déroula une "conférence nationale ouvrière" destinée à rectifier le tir et désigner les grands monopoles comme l'ennemi principal, et un grand meeting où la parole fut donnée aux cellules ouvrières.

L'autocritique actée lors du IIIe congrès :
"CRITIQUE DE LA LIGNE DU IIe CONGRÈS
AUTOCRITIQUE DU COMITÉ CENTRAL



____________________



En ce qui concerne l'intervention de l'impérialisme français sur Kolwesi , lors de l'opération "Bonite" le 19 mai 1978, le IIIe congrès du PCMLF ne revient pas sur la nature social-impérialiste de la "rébellion séparatiste".

On lit au chapitre LA LUTTE DE NOTRE PARTI CONTRE L'IMPÉRIALISME, LE COLONIALISME,
ET LE NÉO-COLONIALISME


"La complexité de la situation peut faire exceptionnellement qu'une intervention française dictée par la défense des intérêts impérialistes français s'oppose aux agissements de l'impérialisme ou du social-impérialisme du premier monde, en courant au secours d'un Etat, d'un pays et d'un peuple du tiers-monde. Tel fut le cas dans l'affaire du Zaïre.
A cette occasion, nous nous sommes réjouis du soutien logistique apporté par la France pour l'intervention des troupes zaïroises et marocaines contre l'agression fomentée par le social-impérialisme soviétique.
Mais nous n'avons pas dissimulé pour autant les fondements impérialistes de l'aide française. Dans ces circonstances, nos camarades marxistes-léninistes zaïrois ont fourni une analyse parfaite de la situation et se sont opposés en premier lieu au social-impérialisme soviétique, même s'ils ne portent pas dans leur coeur le chef de leur Etat, le général Mobutu".


Selon Giscard d'Estaing, l'opération Bonite visait à «rétablir la sécurité» et «permettre la protection des étrangers» . Yves Gras, devenu général, écrira dans une lettre au Monde en 1981 qu'il s'agissait aussi d' «empêcher le Zaïre de basculer dans le camp soviétique» .
De fait 2000 européens étaient menacés pas les «Tigres du Shaba» qui avaient massacré plus de 700 civils, dont 120 à 170 européens.

Il faudrait démontrer en quoi 4.000 «Katangais» commandés par Nathanaël Mbumba, venus d'Angola via la Zambie pouvaient constituer l'avant-garde de la révolution prolétarienne. Jamais aucune révolution ni aucune lutte pour l'indépendance nationale ne se sont déroulées sous la forme d'une ingérence étrangère, visant de surcroît le séparatisme, et massacrant les coopérants techniques d'un pays impérialiste.
Ce sont des pratiques que l'on reproche systématiquement à l'hégémonisme US, et ceci éclaire la nature de ce qui a été appelé alors un social-impérialisme.


Edité le 28-04-2023 à 23:19:29 par Xuan


Mengistu
marquetalia a écrit :

@ Mengistu, à propos de l islamophobie, Roussel, avant de condamner Pekin, devrait rappeler , que la France a interne deux millions d Algériens pauvres et Indigènes dans des camps, ce qui fut en fait une tentative de genocide culturel de tout un peuple. Et oui, l Hexagone a marqué "ses" Musulmans.!


clairement la France n'a pas de leçon à donner
conxernanr ce que dit pzorba je nuancerais. Le vote des pleins pouvoirs à guy mollet est une erreur gravissime due au rapprochement vis à vis de la social-démocratie

mais les maoïstes qui soutiennent "la defense nationale de la france" dans les années 70, kolwezi et tous les coups tordus au nom de la théorie des 3 mondes et de la lutte contre "l'expansionnisme soviétique" pour moi c'est tout aussi puant

on en parle du PTB qui allait jusqu'à soutenir l'installation des missiles pershing en Belgique et qui relayait la parole d'un general de l'OTAN comme certains relayent aujourd'hui la parole de l'ambassadeur de Chine..le PTB diffamait les CCC les traitant de "CIA" (alors que PTB soutenait la CIA à cette époque) parce que le CCC s'en prenaient aux intérêts US en Belgique
Mengistu
marquetalia a écrit :

@ Mengistu, il faut aussi apporter notre plein appui aux Sames de Suéde, leur statut va encore plus se degrader avec le nouveau gouvernement fasciste en place à Stockholm. Le dernier peuple Indigène d Europe a aussi droit à sa place au Soleil.


pourquoi pas. Monte un comité de soutien, tu as toute ma bienveillance !
Mengistu
marquetalia a écrit :

Effectivement, l islamophobie est un atout de l impérialisme pour conditionner le prolétariat européen à la colonisation de la Palestine, qui compte toutefois des chrétiens, la cause palestinienne ayant été liée à celle des Arméniens de l Asala durant la guerre du Liban. Les opinions occidentales n ont pas à se decharger de la responsabilité de leurs aieux pour la Shoah sur des peuples dont le racisme a leur egard devrait etre considérée comme de l antisémitisme au sens étymologique du terme, idem pour les sionistes, qui sont, pour les askhenazes, d origine khazares. Par contre, les peuples d Algérie sont de vrais Semites, et sont solidaires à 100 % d Palestiniens,. Ca me fait penser à un ancien camarade de classe qui apprend le kabyle,, et que n ai plus revu depuis des mois.Il me semble qu en 1975 le sionisme était encore considéré comme une forme de racisme.


Je dis pas le contraire. Justement la théorie du philosémitisme d'État developpée par le PIR et l'Union Juive Française pour la Paix me parait tout à fait correcte et en réalité marxiste à partir du moment où l'on différencie infra- et super-structures ce qui est le défaut théorique du PIR de ne pas vouloir différencier l'infrastructure capitaliste de la superstructure raciste

Essaye de lire en entier cet article par ex
https://indigenes-republique.fr/racisme-s-et-philosemitisme-detat-ou-comment-politiser-lantiracisme-en-france-3/

ou celui là https://ujfp.org/en-reponse-aux-jjr-mise-au-point-sur-notre-antiracisme-politique/

Il ya une campagne de diabolisation des décoloniaux ex-PIR qui est en réalité une campagne de diabolisation de l'anti-impérialisme, de l'anti-racisme, de la défense de la liberté de culte pour les musulmans et pour tout le monde, de la solidarité avec la Palestine et in fine de tout principe révolutionnaire, humaniste, communiste.

Il faut dénoncer cette diabolisation sans refuser de critiquer le mouvement décolonial pour autant.
Mengistu
Roussel est né en 1969, il rejoint le MJCF en 1985 à l'âge de 16 ans, il n'a pas milité du temps de Brejnev..
Roussel est anti-soviétique en réalité vu ses propos sur staline et les kholkozes
à ma connaissance, il a des liens avec l'ambassade de Chine
si j'ai bien compris, il defend l'idée de voies différentes vers le socialisme mais bon par ailleurs il est vrai qu'il s'est désolidarisé de kim jong un et de xi jinping à la télé en pretendant que ce ne sont pas des camarades

de toute façon c'est juste un arriviste bourgeois pion du MEDEF
là on est pas dans le cadre d'un débat entre révolutionnaires sincères pour connaitre le rôle historique d'un Staline, d'un Mao, d'un Molotov, d'un Brejnev, d'un Deng, d'un Jinping, d'un Krouchtchev..
pzorba75
marquetalia a écrit :

@ Mengistu, à propos de l islamophobie, Roussel, avant de condamner Pekin, que la France a interne deux millions d Algériens pauvres et Indigènes dans des camps, ce qui fut en fait une tentative de genocide culturel de tout un peuple. Et oui, l Hexagone a marqué "ses" Musulmans.!

Quel rapport avec Roussel et/ou le PCF dans histoire? Qui a décidé, soutenu par ses votes et mené l'internement des deux millions d'algériens pauvres et indigènes?
Que Roussel, comme bon nombre de communistes français, ait choisi le camp soviétique au moment de la rupture sino-soviétique est une autre histoire, à expliquer en partant des faits à la base de ses choix.
marquetalia
@ Mengistu, à propos de l islamophobie, Roussel, avant de condamner Pekin, devrait rappeler , que la France a interne deux millions d Algériens pauvres et Indigènes dans des camps, ce qui fut en fait une tentative de genocide culturel de tout un peuple. Et oui, l Hexagone a marqué "ses" Musulmans.!


Edité le 25-04-2023 à 12:39:29 par marquetalia


 
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