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Xuan
Sens et contre sens de l’oligarchie


« Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d'individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée » .

Le mot a fait florès pendant la révolte des gilets jaunes. Le fait est qu’il va comme un gant à la classe dominante, à ses représentants politiques, ses penseurs, flagorneurs et courtisans qui monopolisent les médias, eux-mêmes stipendiés par des groupes financiers.
Petit microcosme qui s’attribue l’universalité, opposé à la quasi-totalité du peuple exploité par ces mêmes grands bourgeois.

La contradiction qui oppose les grands monopoles du CAC 40 à l’immense majorité de la population a pour effet de siphonner la plus value capitaliste dans les mains d’un tout petit nombre, de vider les caisses de l’Etat, mettre les PME sur la corde raide, démanteler les services publics, détruire la protection sociale, renvoyer aux calendes grecques le départ pour une retraite décente, créer des ghettos, appauvrir sans cesse les salariés. Elle subsiste enfin par la violence dès qu’elle est mise en cause ou menacée. C’est la contradiction principale de la société.

Elle ne la résume pas pour autant. Si on examine l’ensemble des contradictions qui traversent notre pays, il faut aussi prendre en compte ce qui oppose les salariés à leurs exploiteurs, y compris dans des entreprises de petite taille, entre producteurs agricoles, industrie agroalimentaire et grande distribution, mais aussi celles entre communautés, entre hommes et femmes, entre la ville et la campagne, entre centre ville et périphérie, celles entre les entreprises et au sein même du CAC 40, etc.

La vie politique montre que certaines classes intermédiaires trouvent des porte-parole pour stigmatiser le grand capital. Ce dernier règle aussi ses affaires de famille par le biais de campagnes politico-judiciaires ou à travers des polémiques politiciennes qui prennent parfois l’allure d’un grand combat « anticapitaliste ».
Les faits montrent plus ou moins vite que « l’anticapitalisme » de ces politiciens n’est qu’un leurre afin de s’attirer la sympathie des masses. Ils soutiennent les gilets jaunes puis retournent leur veste dès que la colère populaire vise les institutions bourgeoises.
Il est nécessaire de faire cet effort consistant à examiner les différentes contradictions de la société et de ne pas se contenter de l’explication simpliste de l’oligarchie . L’opposition à l’oligarchie ne représente pas toujours les intérêts populaires.

Le concept lui-même d’ oligarchie rend d’ailleurs le service appréciable de désigner la grande bourgeoisie et la grand capital sans nommer ni l’une ni l’autre, et de pouvoir s’appliquer à n’importe quelle classe dominante sans préciser le mode de production.
Ainsi les gilets jaunes ont-ils repris les symboles de la révolution anti féodale de 1789, quand celle-ci fut dirigée par la bourgeoisie elle-même et sous ses couleurs bleu-blanc et rouge.

Au registre des pseudos opposants on a vu Marine Le Pen déclarer son soutien aux gilets jaunes, puis annoncer qu’elle s’opposait à l’augmentation du SMIC, puis encore se désolidariser de la résistance violente des masses aux exactions policières. D’autres politiciens du groupe LR ont fait de même, comme Wauquiez déguisé un jour en gilet jaune, ou des « socialistes » comme Hollande, et bien d’autre encore. On n’a rien oublié.
Et l’expérience de plusieurs décennies a démontré que le grand capital peut modifier son gouvernement avec diverses étiquettes, sans changer en rien ses objectifs.

Oligarchie ou grande bourgeoisie capitaliste ?

Le concept lui-même d’oligarchie rend d’ailleurs le service appréciable de désigner la grande bourgeoisie et le grand capital sans nommer ni l’une ni l’autre, et de pouvoir s’appliquer à n’importe quelle classe dominante sans préciser le mode de production.
Ainsi les gilets jaunes ont-ils repris les symboles de la révolution anti féodale de 1789, quand celle-ci fut dirigée par la bourgeoisie elle-même et sous ses couleurs bleu-blanc et rouge.
Il n’est pas indifférent que les courants les plus réactionnaires prennent pour cible l’oligarchie de préférence au grand capital. Certaines catégories sociales opprimées par lui rêvent du retour à la petite propriété, à un capitalisme familial échappant au pouvoir des banques, des assurances et des traders. D’autres nostalgiques du parlementarisme bourgeois et de ses martingales électorales s’en prennent au système « ni-gauche ni-droite » de Macron, le comparent à un roi souverain et s’imaginent en sans-culotte dans un tableau de Delacroix. Ce revival de la révolution bourgeoise a trouvé son expression formelle dans la VIe république de Mélenchon et son mouvement gazeux.

Il est nécessaire de ne pas s’en tenir aux vues simplistes sur « l’oligarchie » , mais appeler un chat un chat et ne pas confondre querelles de brigands et lutte de classe, ni Macron et Louis XVI.
Le peuple ne peut pas se battre sans distinguer ses amis de ses ennemis, sans connaître ni ses soutiens ni les indécis, ni son avant-garde.

De même le renversement du pouvoir ne peut pas se résumer à bousculer le portail d’un ministère, ou bien au combat solitaire d’un boxeur. L’expérience montre qu’il s’agit d’une lutte complexe, mûrement préparée, organisée et disciplinée, pas d’un mouvement « gazeux ».
La lutte déterminée du peuple contre le grand capital est une lutte révolutionnaire dont la fin ne peut être que le renversement du grand capital et la prise du pouvoir par la classe la plus déterminée, rassemblant le plus grand nombre et dans l’intérêt du plus grand nombre, c'est la société socialiste. Les contradictions secondaires elles aussi n’ont de solution que sous la direction de la classe révolutionnaire. Pour cette raison l’attitude sans parti qui rejette toute forme de direction, galvaudée par la social-démocratie en particulier, est juste par rapport aux partis bourgeois. Elle est erronée quand elle rejette la direction d’un parti révolutionnaire. Sans parti révolutionnaire il n’y a pas de révolution.

Changeons d’échelle.

En mathématiques les fonctions fractales dessinent des arborescences, répétant à l’infini jusqu’à l’infiniment petit les mêmes motifs comme les flocons de neige.
A l’échelle de la planète, « l’oligarchie » vient aussi coller aux basques de la mondialisation.

Après la chute de l’URSS, la domination sans partage des USA a défini les règles dites « néolibérales » qui devaient s’appliquer au commerce international et gouverner les états eux-mêmes. L’hégémonisme US s’est imposé aux pays riches ou pauvres, il a dicté sa loi y compris au second monde des impérialismes occidentaux.
Il a semblé alors que la prédiction de Kautski se réalisait, celle d’un super impérialisme :

« D'un point de vue purement économique, il n’est donc pas impossible que le capitalisme entre maintenant dans une nouvelle phase, marquée par le transfert des méthodes des trusts à la politique internationale, une sorte de super-impérialisme. La classe ouvrière serait forcée de lutter contre cette nouvelle forme de capitalisme comme contre l'ancien, mais le danger serait d’une autre nature. »
[Karl Kautsky, L’impérialisme et la guerre, 11 septembre 1914]

« La politique impérialiste actuelle ne peut-elle pas être supplantée par une politique nouvelle, ultra-impérialiste, qui substituerait à la lutte entre les capitaux financiers nationaux l'exploitation de l'univers en commun par le capital financier uni à l'échelle internationale ? Cette nouvelle phase du capitalisme est en tout cas concevable. Est-elle réalisable ? Il n'existe pas encore de prémisses indispensables pour nous permettre de trancher la question. » [Kautsky, Neue Zeit, 30 avril 1915, p. 144]


Dans « Empire » Toni Negri et Michael Hardt ont décrit en 2000 une sorte de super-impérialisme des États-Unis rappelant les thèses de Kautski, où les transnationales font la loi à la place des états, avec à leur tête l’Empire des USA, et où le « nouvel État global » aurait de surcroît effacé la distinction entre États dominants et recolonisés, tous embarqués dans la nef de l’ultra libéralisme.
Dans une version "marxiste-léniniste", cette thèse a divisé le monde en deux. D’un côté les Etats tous impérialistes ou absorbés par l’impérialisme et de l’autre le prolétariat, seul pur et révolutionnaire.
A travers la conception du super impérialisme global, l’oligarchie sert encore de sésame, confirmé par les conférences secrètes de Bidelberg, voire un complot ressuscité des illuminati . Dans ce système l’oligarchie n’est plus nationale mais transnationale et exerce son pouvoir de l’étranger, y compris dans le cadre européen.
Cette thèse qui a étayé le projet d’une sortie de l’Europe pour échapper au « diktat de Merkel » , a été soutenu à la fois par Le Pen, Marianne, Mélenchon, et tous les souverainistes, mais y compris des communistes pour lesquels la casse de l’industrie provenait d’outre-Rhin.
Le souverainisme a enregistré un premier succès lors du référendum sur la Constitution pour l'Europe, en 2005, et puis un échec cinglant lors du débat d’entre-deux tours opposant Le Pen à Macron.
La théorie de « l’Empire » et de l’oligarchie mondiale a également fait les choux gras de tous les sites néo fascistes. Le fait est qu’elle rappelait à sa façon « la finance cosmopolite et enjuivée » des années trente. Il suffisait de la compléter par les méfaits bien réels du colonialisme sioniste pour justifier l’antisémitisme des Soral, Dieudonné et Cie.
Dans le même temps un certain nombre de progressistes, sidérés par la thèse tous les états sont néolibéraux et par la propagande atlantiste de la social-démocratie, ont applaudi les révolutions de couleur, la subversion impérialiste et les guerres menées au Moyen Orient par la coalition des USA et de l’Europe. Au point qu’on aurait pu croire un instant que seuls les néo fascistes s’en prenaient à l’impérialisme US, particulièrement lors de la destruction de la Libye.

Les contradictions du monde provoquent sa transformation
Mais les contradictions du monde n’obéissent pas à la thèse de l’oligarchie. Celles entre l’hégémonisme US et les pays émergents, aboutissant aux bombardements, au terrorisme et à la déportation de milliers de réfugiés, ont fini par dévoiler le visage criminel de l’impérialisme US, en même temps que l’essor malgré lui et contre lui de nouvelles économies, générées par le libéralisme lui-même et les délocalisations, mais opposées à l’hégémonisme.
Peu à peu apparaît la perspective d’une nouvelle mondialisation non plus sous les ordres des USA mais multipolaire.
Et le monde occidental lui-même s’est mis à craquer en révélant les conflits d’intérêt, masqués jusqu’alors, entre l’hégémonisme US et ses propres alliés, entre le duo franco-allemand et le reste de l’Europe.

Nous vivons un tournant historique où l’hégémonisme US se trouve sur le déclin, et dresse contre lui non seulement les anciennes colonies mais aussi les pays impérialistes du second monde, dans un front uni mondial que la Chine Populaire essaie d’édifier depuis de nombreuses années.
Parmi les progressistes et certains communistes, la théorie de l’oligarchie fait fi des contradictions au sein de l’impérialisme, et range dans le même camp impérialiste les nations qui en sont victimes. Ceci aboutit à ranger dans le même sac l’hégémonisme US et tous ses opposants, à qualifier la Chine d’impérialisme montant, bref à briser le front uni mondial contre l’hégémonisme.
En ce qui concerne les souverainistes, leur nationalisme chauvin les conduit à embrasser toutes les causes « nationalistes », de sorte qu’ils se trouvent maintenant assis entre le soutien au populiste Trump et l’hostilité à l’Empire.
En Europe, le populisme qui s’est développé dans les nations dominées cherche vainement à faire front avec celui des nations dominantes, ou bien il se déchire entre la vénération de Trump et celle de Poutine.

Ainsi la théorie de l’oligarchie et du super impérialisme prend l’eau de toutes parts.
Ces thèses sont néfastes et doivent être combattues, d’abord au sein des communistes.
Il faut soutenir la Chine socialiste contre l’hégémonisme, rejeter les traités européens inégaux et l’OTAN.
Il faut détruire radicalement l’échafaudage théorique souverainiste.
Et rendre à César ce qui appartient à César, la responsabilité de la majeure partie des désordres mondiaux à l’hégémonisme US et ses alliés, la responsabilité des désordres et des injustices dans notre pays à la bourgeoisie de notre pays.


Edité le 08-07-2019 à 18:57:04 par Xuan


 
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