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Xuan
> S'agissant d'une phase de transition, le socialisme parvenu au stade "intégral" c'est le communisme, une société sans classes où la division entre travail manuel et intellectuel a disparu. Par conséquent il n'y a pas de privilège de classe ni de classe dominante ou "privilégiée" dans le "socialisme intégral".
La thèse de Marx et de Lénine est qu'au cours de la phase socialiste, l'état s'éteint. Mais l'expérience montre que cette phase est longue, à l'échelle de l'histoire humaine où chaque mode de production s'est prolongé sur des siècles. Le dernier, capitaliste, est apparu au cours du féodalisme de façon embryonnaire, et depuis la révolution française il a plus de deux cents ans.
Dans tous les cas il est à peu près inutile de pinailler sur le moment où le socialisme devient intégral ou pas tout-à-fait intégral, avec les conséquences que cela entraîne, pour la simple raison qu'aucun état n'est parvenu à ce stade "intégral". Autant spéculer sur la physique à zéro kelvin.




> La corruption n'est pas une simple affaire de police et de politique justement. La corruption est un abus de position entièrement lié à la lutte des classes.
La lutte contre la corruption en Chine est une forme de la lutte de classe, l'argent volé à l'état est l'argent du peuple accaparé à des fins privées.

Et le débat autour de l'affaire Cahuzac présente aussi un caractère de classe, même si l'argent de l'Etat ne nous appartient pas vraiment.
J'ai noté qu'un avocat défendant Cahuzac parlait de démagogie à propos des comparaisons entre les détournements de Cahuzac et celles d'un voleur de vélo. Il parlait aussi de propos de "café du commerce" avec un rare mépris pour le ressentiment populaire.
La colère envers Cahuzac ne vient pas du fait qu'il a snobé les institutions, ce qui n'indigne que les défenseurs des institutions. Elle vient des mensonges du PS qui se prétendait l'ennemi de la finance. Et ce sont ces mensonges que les masses mettent dans la balance de Cahuzac, ce qui n'a rien à voir avec les commentaires de la TV.



> En URSS Khrouchtchev avait prétendu que la lutte des classes avait disparu. Par voie de conséquence c'est la dictature du prolétariat qui devait disparaître en laissant la place au renforcement d'une nouvelle bourgeoisie et à sa propre dictature.



> Tu parles de "démocratie" en général et de façon abstraite. Cette démocratie-là n'existe que dans les cours de droit constitutionnel, parce que la classe dominante présente sa démocratie comme une démocratie universelle (comme tous les concepts républicains si tu y réfléchis).
Lorsque le prolétariat prend le pouvoir sa démocratie devient aussi "universelle", mais de fait elle représente la parole de l'immense majorité ce qui différencie cette "universalité"- ci de "l'universalité" de la bourgeoisie qui représente l'expression d'une petite minorité.

Dans une société où existent les classes la démocratie présente aussi pour l'essentiel un caractère de classe. Donc elle n'est pas universelle, ou plutôt son universalité est relative à la classe dominante.
Il peut sembler paradoxal qu'une universalité soit relative mais c'est parfaitement exact. L'universalité de la civilisation grecque était relative à son époque et aux limites de cette civilisation. On peut toujours dire que les philosophies grecques sont encore vivantes. En fait c'est parce que certaines catégories de ces philosophies intéressent la bourgeoisie, comme l'idéalisme ou la métaphysique. Par contre la dialectique des présocratiques - bien qu'elle soit souvent purement conceptuelle - est délaissée. Le matérialisme de l'école de Millet est inconnu au bataillon tandis que les élèves bouffent du Platon toute l'année. L'universalisme de la philosophie grecque est donc très relatif.

Il est évident que la "démocratie" de notre société donne prioritairement la parole à la classe dominante.
Lorsque les salariés peuvent s'exprimer, ce qui est rare, les journalistes essaient de les piéger, de couper leurs déclarations. Je me souviens de la façon dont Pujadas avait essayé de coincer Martinez lors des manifestations contre la loi travail, avec une mauvaise foi qu’il a soigneusement évitée dans les interviews présidentielles où il cirait les pompes avec énergie.
De même une campagne électorale entraîne aujourd'hui des frais exorbitants hors de portée de l'expression populaire. En outre les médias font la promotion des candidats pressentis par le medef de nombreux mois voire plusieurs années à l'avance, avec éventuellement un repoussoir destiné à écarter toute opposition révolutionnaire.

La séparation des pouvoirs peut bien remonter aux calendes, ça ne justifie pas que son principe soit parfait ni éternel.
Montesquieu faisait partie des philosophes des Lumières, c’est-à-dire du courant de pensée révolutionnaire accompagnant la révolution bourgeoise contre le féodalisme. Lorsque cette révolution a été achevée, la bourgeoisie est devenue une classe dominante opposée au prolétariat. Son idéologie et sa philosophie sont devenues celles d’une classe dominante au service de sa domination. Et bien que les textes n’aient pas varié d’une virgule ils ont changé de nature : progressistes par rapport à l’obscurantisme féodal mais réactionnaires par rapport au marxisme scientifique. Là encore leur caractère révolutionnaire est relatif à une époque révolue depuis la Commune de Paris.



> La séparation des pouvoirs n'existe pas dans les faits sauf à la marge. Dès qu'il s'agit d'une affaire importante le Parquet réoriente les décisions de justice.
La police est aux ordres des capitalistes puisqu'elle défend la propriété privée des moyens de production contre les grévistes. De même pour l’armée avec une fonction impérialiste de surcroît.
Le Parlement peut aussi bavarder, les ordonnances règlent les débats.

La séparation des pouvoirs n'est qu'un simulacre parce que rien ne garantit qu'un corps d'état soit moins qu'un autre au service de la même classe. Au contraire tous les hauts fonctionnaires ont subi le même formatage idéologique et sont imprégnés de l'idée qu'ils constituent le gratin de la société. Qu'ils soient séparés ou ensemble est donc un artifice, et les conflits internes relèvent de la rivalité de corporation mais rien de plus.


Edité le 16-05-2018 à 00:12:11 par Xuan


Holden
Le socialisme est une période de transition relativement longue où la bourgeoisie en tant que classe est défaite.

Tant que la société n'a pas atteint le stade du communisme la dictature du prolétariat continue de s'exercer et le prolétariat continue de diriger la société.

Soyons concret et sans langue de bois : dans le "socialisme intégral", tout le monde est fonctionnaire. Par conséquent, pourquoi continuer de priviliéger les ouvriers au détriment des autres travailleurs ou des soldats (ou des artistes) ?

Concernant la corruption, c'est une affaire de système politique et de police.

L'expérience montre que la restauration temporaire du capitalisme peut survenir plusieurs décennies après la révolution.

Mais est-ce que l'URSS ne s'est pas effrondrée, entre autres, par manque de démocratie ? Ce qui fait une démocratie c'est aussi la liberté de la presse et d'opinion.

Quant à la "tradition démocratique" de la France c'est une tradition bourgeoise. C'est la bourgeoisie qui possède cette longue expérience et qui sait très bien s'en servir.
Notre démocratie n'aura pas grand-chose à voir avec cette tradition qui est en train de se fissurer et de tomber en miettes.


C'est devant ce constat que je propose ma réflexion, la cinquième république est à bout de souffle et corrompue.

Concernant la séparation des pouvoir, cela remonte à Montesquieu et je pense que c'est encore tout à fait pertinent.

(Je ne rétorque pas de manière stérile, je dis ce que je pense)
Xuan
Le socialisme est une période de transition relativement longue où la bourgeoisie en tant que classe est défaite.

Dans la société communiste les classes ont disparu et l'Etat s'est éteint. Le principe de cette société d'abondance est "de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins" .
La dictature n'est plus nécessaire et Marx faisait cette réflexion apparemment surprenante : la démocratie disparaît avec elle.

Dans la transition socialiste la lutte des classes n'a pas disparu, elle a cessé d'être antagonique pour l'essentiel, mais des conflits peuvent encore survenir soit de façon isolée soit à une échelle plus ou moins grande dans certaines circonstances comme la corruption ou la subversion impérialiste.
L'expérience montre que la restauration temporaire du capitalisme peut survenir plusieurs décennies après la révolution.
Tant que la société n'a pas atteint le stade du communisme la dictature du prolétariat continue de s'exercer et le prolétariat continue de diriger la société.

Dans notre pays, même si l'industrie et les monopoles sont très anciens, l'ensemble de l'économie ne sera pas socialisée en trois jours parce que de nombreuses entreprises privées de taille petite ou moyenne subsisteront. La France est encore un pays de petite propriété avec de nombreux propriétaires exploitants, artisans et petits entrepreneurs, bien que leur disparition se soit accélérée.
Quant à la "tradition démocratique" de la France c'est une tradition bourgeoise. C'est la bourgeoisie qui possède cette longue expérience et qui sait très bien s'en servir.
Notre démocratie n'aura pas grand-chose à voir avec cette tradition qui est en train de se fissurer et de tomber en miettes.
En tout état de cause le système des chambres et de la prétendue "séparation des pouvoirs" est usé jusqu'à la corde et il ne s'agit pas de le rapetasser.
La Commune de Paris avait inventé une représentation populaire légiférant et agissant à la fois. En Chine les députés restent en activité. Les soviets constituent une autre expérience.
Nous devons inventer au cours du mouvement des masses la forme idéale de la démocratie populaire pour notre pays, et il est vraisemblable que ce sont les masses elles-mêmes qui feront surgir cette forme dans le cours de leurs luttes.


Edité le 15-05-2018 à 00:15:09 par Xuan


Holden
Par ailleurs le modèle qui est défini pour un pays dépend largement de ses traditions propres, de son histoire, des conditions dans lesquelles s'est déroulée la révolution.

Tout à fait d'accord, j'ai conçu mon schéma pour la France. Entre un pays féodal depuis des siècles comme la Russie, qui passe au communisme brutalement, et une pays avec une longue tradition démocratique comme la France, il y a une grande différence à ne pas négliger.

Après, l'élection des cadres du parti par le peuple tout entier te pose un problème. Et c'est là qu'il me parait y avoir une contradiction dans ce que tu dis Xuan. Je sais bien que dans la théorie, l'Etat est toujours l'instrument d'une classe sociale, tant qu'il n'a pas disparu. Mais moi, je me dis qu'à partir du moment où les moyens de production sont socialisés, où la bourgeoisie est liquidée comme classe, il n'y a donc plus de prolétariat et de classe ouvrière. Il n'y a plus d'antagonisme. L'Etat représente l'ensemble de son peuple. Les intellectuels, les artistes, les ouvriers bien sûr, les employés administratifs, etc. La lutte des classes s'arrête en quelque sorte à l'échelle du pays. Le parti communiste ne sert plus qu'à préserver l'indépendance nationale, les libertés fondamentales, et l'ordre économique, l'intérêt profond de son peuple qui ne doit pas être soumis à la démagogie de politiciens (comme il pourrait y en avoir dans l'assemblée des représentants du peuple). Bref, faudrait-il donner une carte d'adhérent seulement aux ouvriers, alors qu'il n'y a plus de bourgeois dans le pays ?

Sur la Chine, la politique économique menée est remarquable, je ne sais pas si c'est une forme de NEP pour rattraper le retard sur les autres pays, mais on ne peut constater que le niveau de vie s'améliore, mais ce n'est pas tout rose non plus, l'article évoque par exemple les inégalités, et il pourrait évoquer aussi la corruption. Mais pour en revenir au pouvoir, le PCC n'est-il pas traversé de différents courants (orthodoxes ou réformateurs) ? On peut imaginer que dans mon modèle l'assemblée du parti est traversée elle aussi de courants. Et que craindre d'un peuple instruit, cultivé, et conscientisé ?

Et je tiens à réaffirmer que la dictature du prolétariat est nécessaire lors d'une révolution pour protéger celle-ci des menaces extérieures, mais qu'une fois le pouvoir normalisé il faut passer au delà de ce stade.


Edité le 14-05-2018 à 19:17:09 par Holden


Xuan
L'expérience historique des états socialistes constitue le seul matériau dont nous disposons du point de vue de la représentation du peuple. Les statuts du parti communiste sont aussi le fruit de son expérience dans la lutte de classe, et le fruit de l'expérience du mouvement communiste international.
Par ailleurs le modèle qui est défini pour un pays dépend largement de ses traditions propres, de son histoire, des conditions dans lesquelles s'est déroulée la révolution.


Tu parles de l'élection des membres du parti communiste. Cela voudrait dire que l'avant-garde du prolétariat serait désignée par l'ensemble du peuple : ça ne marche pas.
Un pays socialiste est dirigé par le parti communiste parce que la classe ouvrière constitue la classe révolutionnaire de la société socialiste, comme la bourgeoisie l'était auparavant dans la société capitaliste.
L'avant-garde consciente et organisée de la classe ouvrière dirige donc la société dans la voie du socialisme, l'orientation du développement de cette société est consciente et ne dépend pas des fluctuations du marché.
Par contre le peuple doit pouvoir désigner ses propres représentants, qui ne sont pas nécessairement communistes.


Voici un extrait de la Chine au présent, qui est destiné à un lectorat occidental non communiste.
Il ne s'agit pas d'un modèle mais d'un exemple de ce qui peut être réalisé. A noter cet article sur l'élection législative Chine : 2.980 deputés élus à l'organe législatif suprême, et cet article de Zeng Ruolin en 2016 bonne gouvernance et démocratie :

7-November-2017
Un nouvel équilibre des pouvoirs



Le 13 décembre 2014, plus de 800 fonctionnaires du district de Yunyang à Chongqing ont participé à l'examen des « Règlements de la sélection et de la nomination des cadres ».

ZHANG WEIWEI*

Le Parti communiste chinois (PCC) doit sa force à tous les gens du peuple qui ont combattu à ses côtés pour parvenir à l'indépendance nationale et qui l'ont aidé à remporter la guerre civile contre le Guomindang.

Toutefois, le Parti est sorti du droit chemin à un moment de l'histoire : il a commis des erreurs de jugement et de calcul qui ont eu des conséquences tragiques comme la Révolution culturelle (1966-1976) ou la mise en œuvre de politiques hostiles aux échanges et au commerce, ce qui a provoqué une perte de dynamisme économique.

Après s'être rendu compte de ses erreurs, le PCC a réajusté ses politiques, sorti la population chinoise de la pauvreté et accompli un miracle économique qui a étonné le monde entier.

De nos jours, l'expansion économique rapide et l'amélioration considérable des conditions de vie du peuple, en particulier si elles sont replacées dans un contexte international, démontrent que les réformes entreprises par la Chine ont plutôt bien porté leurs fruits. Depuis 1992, date à laquelle le concept d'« économie de marché socialiste » a été avancé, la Chine a réalisé de multiples percées qui ont injecté dynamisme et vitalité dans l'économie, en lui évitant de passer par de douloureux cycles de crises économiques et financières.

La gouvernance du parti unique

Tous ces progrès n'auraient pu voir le jour si la Chine avait adopté un système multipartite sur le modèle occidental. Sous la gouvernance du PCC, la Chine est exempte des querelles politiques partisanes comme l'on voit en Occident, ce qui explique en partie pourquoi la nation chinoise parvient toujours à établir un consensus pour avancer en accord avec les intérêts de la grande majorité des citoyens.

Dans une large mesure, le PCC a perpétué les traditions confucianistes et construit un prodigieux système de sélection des dirigeants sur la base de leurs mérites et de leurs performances. Par exemple, la plupart des décideurs aux plus hautes sphères du pouvoir ont exercé au moins deux fois plus longtemps que les secrétaires du Parti ou les gouverneurs au niveau provincial.

À vrai dire, le terme « parti » n'est peut-être pas approprié pour désigner le PCC, car ce dernier n'a rien de comparable avec les institutions politiques tels les Républicains et les Démocrates aux États-Unis, qui ouvertement représentent les intérêts groupés de leurs circonscriptions et se livrent une guerre d'influence. Imprégné des traditions politiques de la Chine, le PCC défend depuis toujours les intérêts de l'écrasante majorité du peuple. Un fait reconnu par la population, puisque le plus grand nombre a vu ses conditions de vie s'améliorer de façon non négligeable ces dernières décennies.

En ce sens, le PCC est davantage considéré comme un parti étatique ou une combinaison des Républicains et des Démocrates (dans un supposé contexte américain) et de tous les autres partis, dont la compétence est la norme et le consensus, et qui favorise l'esprit d'entreprise.

La leçon apprise de l'Occident

Les 1,3 milliard de Chinois sont maintenant couverts par un système national d'assurance maladie et de retraite, tandis que de l'autre côté de l'océan Pacifique, le gouvernement américain débat sur le sort de l'Obamacare, hésitant entre le garder ou le supprimer.

L'actuel dysfonctionnement politique aux États-Unis est en quelque sorte enraciné dans ce que le politologue Francis Fukuyama appelle la « vetocratie » : autrement dit, lorsqu'un parti peut unilatéralement bloquer d'importantes mesures politiques. L'ancien président américain Barack Obama avait promis de « changer » les institutions rigides du pays. Non seulement, il n'a pas réussi à tenir sa promesse, mais en plus, nombre de ses mesures ont probablement des chances d'être démantelées par son successeur.

D'un point de vue chinois, les tendances hypercapitalistes des États-Unis qui ont tourmentées la société américaine pendant des années, en causant des crises économiques cycliques, la stagnation des salaires et l'accroissement des inégalités de revenus, devraient être immédiatement réformées.

En Europe, il arrive souvent que les réformateurs politiques regardant vers l'avenir finissent par être destitué, comme l'a prouvé le sort réservé à l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder. Si l'Allemagne est forte au sein de l'UE aujourd'hui, c'est principalement grâce aux grandes réformes sociales et réglementaires engagées par M. Schröder. Pourtant, dans ses dernières années, les réformes ont été embourbées dans la controverse au Bundestag, ce qui l'a finalement conduit à démissionner.

Le problème est de savoir comment sortir de l'impasse qui existe entre les mesures de réforme à prendre et la démocratie à l'occidentale.

Tel est l'enjeu essentiel. Il existe trois pouvoirs qui sont aux fondements d'une nation : politique, social et du capital. L'équilibre entre ces pouvoirs décide de la perspective de réforme et même du sort de la nation.

Aux États-Unis, le pouvoir du capital affiche un avantage sur les pouvoirs politique et social. Influencé par le capital, le pouvoir politique américain manque d'indépendance et de neutralité, n'ayant d'autre choix que de céder aux exigences émanant des divers intérêts personnels.

De la même façon, le pouvoir du capital a imprégné le pouvoir social dans ses moindres aspects. Cela ne fait aucun doute au vu de sa capacité à contrôler les médias traditionnels et à fixer l'agenda social du pays. Si le penchant actuel en faveur du pouvoir du capital n'est pas rectifié à temps, il est fort probable qu'une nouvelle crise, encore plus grave, se déclenche. Pourtant, pas l'ombre d'une réforme pour s'attaquer à ces problèmes n'est en vue.

En Chine, il est impossible pour les 100 Chinois les plus riches d'influencer le Bureau politique du Comité central du PCC ; alors qu'aux États-Unis, les quelques dix magnats les plus fortunés peuvent façonner les politiques de la Maison-Blanche.

Dans le cas de l'Europe, les forces sociales peuvent souvent mettre à mal le processus de décision. La plupart du temps, de cette situation naît un dilemme où les gens ont tendance à privilégier le gain personnel aux dépens des objectifs collectifs et à long terme. Face à ce manque de consensus dans la démocratie européenne, il est difficile pour les gouvernements de poser des bases solides pour la réforme.

Un équilibre dynamique

Le pouvoir politique en Chine a, dans l'ensemble, réussi à conserver son indépendance et sa neutralité au cours d'une trentaine d'années de réforme et d'ouverture, malgré la croissance rapide des forces sociales et du capital. En Chine, le pouvoir du capital est limité dans une large mesure par les forces politiques et sociales, le rendant incapable d'imposer un diktat politique. Certes, le fossé entre les riches et les pauvres s'est élargi ces dernières années, mais le pouvoir politique en Chine a majoritairement réussi à garantir l'élévation constante du niveau de vie des catégories modestes.

Dans le même temps, le pouvoir social en Chine a hérité d'une tradition d'égalitarisme, de telle sorte que la société chinoise est presque toujours encline à limiter le pouvoir du capital. Cet équilibre entre les pouvoirs politique, social et du capital a permis à la Chine d'éviter le genre de crise financière et de crise de la dette qu'ont connues les États-Unis, tout en faisant de la vaste majorité des Chinois les bénéficiaires du développement rapide du pays.

La position relativement neutre et désintéressée du pouvoir politique de la Chine, soit le PCC, est l'élément clé derrière la réussite de la réforme menée en Chine. L'équilibre stable entre ces trois pouvoirs étaie le franc succès que connaît la Chine d'aujourd'hui.

Le pouvoir du capital peut générer efficacité et richesse, mais sa nature axée sur le profit peut conduire à des disparités de revenus extrêmes ou à des crises économiques. À l'heure où la société chinoise active exerce plus d'influence dans tous les aspects des processus politique et de décision, nous ne devons pas perdre de vue les objectifs à long terme.

Après vingt années passées à travailler et étudier à l'étranger, à voyager dans une centaine de pays et régions, j'en suis arrivé à la simple conclusion que la structure du parti chinois et sa gouvernance de type méritocratique transcende le modèle occidental, comme l'illustrent l'amélioration continue du bien-être de la population et la hausse du taux de satisfaction de l'opinion publique quant à l'approche chinoise pour la modernisation.

Le 5 octobre 2016, le centre de recherche américain Pew Research Center a publié les résultats d'un sondage, révélant que les Chinois se montrent optimistes vis-à-vis de l'avenir économique à long terme. « Environ 82 % pensent que les enfants qui grandissent aujourd'hui au pays bénéficieront d'une meilleure situation financière que leurs parents », indique le rapport. Il fait remarquer que « l'attitude positive du peuple chinois contraste nettement avec le pessimisme observé aux États-Unis et dans la plupart des pays européens ».

D'un point de vue tactique, la Chine peut apprendre beaucoup de l'Occident sans pour autant présenter le syndrome américain de l'hypercapitalisme ou le syndrome grec de l'État-providence excessif. D'un point de vue stratégique, il est impératif qu'elle maintienne sa position politique comme elle l'a toujours fait.

Pour ce qui est des nations en développement, le PCC peut servir de référence à celles qui cherche le bon chemin vers la croissance économique, que ces nations soient en Asie, en Amérique latine ou en Afrique.

À l'avenir, la Chine continuera de suivre la voie qu'elle a choisie et poursuivra la réforme, pour servir au mieux les intérêts de son peuple.

*ZHANG WEIWEI est responsable de l'Institut de recherche sur la Chine relevant de l'université Fudan.


Edité le 14-05-2018 à 18:47:34 par Xuan


Holden
Ayant quelques restes de mes cours de droit constitutionnel, je souhaiterais vous faire part, si vous le voulez bien, des grandes lignes de ce qui pourrait être l'organisation constitutionnelle d'un Etat socialiste au XXIe siècle.

Bien évidement, après une révolution, il faut que le pays qui entame un processus progressiste, ne soit pas menacé de toute part. Dans un premier temps, contre les risques de déstabilisation, voir d'invasion étrangère pour rétablir le capitalisme, il nous faut la dictature du prolétariat. C'est une phase nécessaire à n'en pas douter. On le voit bien au Venezuela, quand un député de la constituante se fait carrément assassiné...

Mais une fois le danger écarté, une fois les relations diplomatiques entre le pays progressiste et les pays capitalistes normalisées, car la guerre pour le contrôle du pays est perdue, il faut à mon sens dépasser le stade de la dictature du prolétariat et mettre en place une constitution qui fixe des règles.

Voici donc, avec un schéma, des pistes de réflexions pour une éventuelle République Socialiste démocratique. Ma modeste réflexion sur son organisation constitutionnelle. N'hésitez pas à faire des remarques.



À gauche sur le schéma, les institutions représentatives du peuple (la volonté populaire), à droite les institutions représentatives de l'élite (la volonté éclairée). La première chambre populaire est élue au suffrage universel direct à la proportionnelle. Le chef du parti ayant la majorité devient le premier commissaire du peuple (Premier ministre) et a pour équipe le commissariat du peuple (Conseil des ministres).

À droite, le premier étage de la fusée, le parti, dont les militants sont élus (on peut imaginer une assemblée traversée par divers courants), à condition d'avoir au moins 40 ans. La première chambre du parti dispose d'un droit de regard sur les lois votées par l'assemblée des représentants du peuple, et peut faire des amendements, avec un système de navettes. Les meilleurs orateurs sont élus en interne pour former le comité de défense, qui est une instance exécutive parallèle. Le comité de défense, composé de 8 à 16 personnes, désigne un secrétaire général.

Le but de la branche populaire est de gérer la politique intérieure et les questions du quotidien (législation sur le tabac par exemple) tandis que la branche de l'élite s'occupe de garantir l'ordre social socialiste, la constitution, les libertés fondamentales (un peu comme le Conseil constitutionnel) qui sont dedans, et de la politique internationale, notamment la guerre.

En cas de divergence de vues entre les deux volontés, le premier commissaire (le Premier ministre) peut déclencher un référendum populaire de destitution ou du confirmation du secrétaire général du comité (le président de la République). Celui-ci, quant à lui, peut dissoudre le Parlement pour obtenir une autre majorité qui lui serait favorable. Le secrétaire général du comité ne fait qu'un mandat de 8 ans seulement, tandis que les élections bicamérales se font tous les 4 ans.

Prenons un exemple concret : le peuple élit à l'assemblée des représentants du peuple une majorité de droite, qui s'oppose à la politique du parti. Le secrétaire général peut dissoudre l'assemblée. Si malgré cela, il y a toujours une majorité de droite, alors le premier commissaire du peuple peut déclencher le référendum populaire engageant la responsabilité politique du secrétaire. S'il est conforté (ce qui serait paradoxal et hautement improbable), alors il devra faire des compromis, et nous serions face à une situation telle que la cohabitation sous la Cinquième République. Si en revanche le secrétaire est destitué, le comité est dissout et doit être renouvelé, et après cela il doit désigner un autre secrétaire, qui devra mettre de l'eau dans son vin et faire des compromis en attendant les prochaines élections de la chambre des représentants.
 
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