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Xuan
Déclaration du Comité central du KKE sur le 100e anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre


sur Histoire et société




Le Comité central du KKE célèbre le 100e anniversaire de la grande Révolution socialiste d’Octobre. Il célèbre l’événement phare d’importance mondiale du 20e siècle qui a prouvé que le capitalisme n’est pas invincible, que nous pouvons construire une société supérieure sans exploitation de l’homme par l’homme.

La Révolution d’Octobre a mis en évidence la puissance de la lutte de classe révolutionnaire, la puissance des exploités et des opprimés quand ils effectuent une fuite en avant et tournent la roue de l’histoire vers l’avant, vers la libération sociale. Dans le temps historique, elle était la continuation des révoltes des esclaves, des paysans du Moyen Age, des révolutions bourgeoises, mais en même temps elle était leur point culminant, elle les a dépassé, puisque pour la première fois l’objectif de la révolution était l’abolition de la société exploitante de classe. Quarante-six ans après l’« assaut des cieux » de l’héroïque Commune de Paris, la classe ouvrière russe, par la Révolution d’Octobre, est venu à réaliser la vision de millions de masses ouvrières-populaires pour une vie meilleure.

La Révolution d’Octobre a prouvé la justesse de la pensée léniniste que la victoire du socialisme est possible dans un pays ou un groupe de pays en raison du développement inégal du capitalisme.

L’Octobre 1917 a été un événement d’importance globale et durable. Il a confirmé la capacité de la classe ouvrière (en tant que force sociale qui peut et doit mener la lutte révolutionnaire pour une société sans exploitation, insécurité, pauvreté, chômage et guerres) de remplir sa mission historique. Il a également confirmé que la réalisation de la mission historique de la classe ouvrière n’est pas déterminée par le pourcentage de cette dernière dans la population active, mais par le fait qu’elle est porteuse des nouveaux rapports de production socialistes.

Dans le même temps, l’Octobre a souligné le rôle irremplaçable de l’avant-garde révolutionnaire politique, du Parti communiste, en tant que dirigeant non seulement de la révolution socialiste, mais de toute la lutte pour le façonnement, le renforcement, la victoire finale de la nouvelle société communiste.

La flamme d’Octobre a conduit à et a accéléré la création d’un certain nombre de Partis communistes, des partis ouvriers révolutionnaires de nouveau type, contrairement aux partis sociaux-démocrates de cette époque, qui avaient trahi la classe ouvrière et la politique révolutionnaire en choisissant la voie de l’intégration du mouvement ouvrier sous la bannière de la bourgeoisie et le soutien à l’offensive militaire impérialiste contre le jeune État ouvrier en Russie.

La Révolution d’Octobre victorieuse était la continuation de tous les soulèvements ouvriers antérieurs et a ouvert la voie pour le passage historique de l’humanité « du royaume de la nécessité au royaume de la liberté ». En résumant son importance historique, Lénine a écrit:

«C’est nous qui avons commencé cette œuvre. Quand, dans quel délai, les prolétaires de quelle nation la feront aboutir, il n’importe peu. Ce qui importe, c’est que la glace est rompue, la voie est ouverte, la route tracée. »

Les leçons d’Octobre sont particulièrement importantes aujourd’hui que la roue de l’histoire semble reculer, aujourd’hui que le mouvement communiste international se trouve dans des conditions de crise et de récession, aujourd’hui que les longs effets de la contre-révolution (début des années 90) renforcent la notion fausse de nombreux travailleurs qu’il n’y a pas d’issue alternative au capitalisme.

Le développement historique lui-même contribue à révéler la propagande bourgeoise que le caractère de la tentative socialiste – communiste était utopique. Aucun système socio-économique dans l’histoire de l’humanité ne fut pas établi une fois pour toutes, suivant un chemin linéaire consistant en victoires des forces de classe qui étaient chaque fois les vecteurs du progrès social. Après le grand soulèvement des esclaves, Spartacus fut crucifié, mais l’esclavage a été surmonté historiquement. Après la révolution bourgeoise française de 1789, Robespierre fut décapité, mais la féodalité n’avait plus d’avenir.

La bourgeoisie cache délibérément qu’il a fallu quatre siècles pour consolider son pouvoir. Il a fallu quelques siècles, des premières émergences de la bourgeoisie au 14e siècle dans les villes commerciales de l’Italie du Nord jusqu’aux révolutions bourgeoises des 18e et 19e siècles, jusqu’à ce que les relations capitalistes soient suffisamment développées, pour qu’elle soit en mesure d’imposer elle-même l’abolition complète des rapports de production féodaux. Les défaites politiques subies par la bourgeoisie ne contredisent pas le fait qu’il était historiquement nécessaire que les relations dépassées de production entre le féodal et le serf soient remplacées par des relations bourgeoises entre le capitaliste et l’ouvrier.

Les représentants politiques de la bourgeoisie prétendent en vain que le capitalisme est irremplaçable, éternel, et que la lutte révolutionnaire de classe n’est plus le levier du développement historique.

L’existence et le succès de la société socialiste pendant des décennies, lancée par la Révolution d’Octobre, a démontré qu’une société sans maîtres, sans capitalistes qui possèdent les moyens de production, est possible. Cette conclusion n’est pas annulée par le fait que dans cette période particulière elle n’a pas pu vaincre définitivement la propriété capitaliste et le profit capitaliste.

Le Socialisme est toujours nécessaire, réaliste et d’actualité

La nécessité et l’actualité du socialisme, la possibilité d’éliminer la propriété privée des moyens de production concentrés résultent du développement capitaliste qui conduit à la production concentrée. La propriété capitaliste implique le freinage du caractère social de la production. La propriété capitaliste annule la possibilité que tous les travailleurs vivent dans des meilleures conditions, socialement organisées, répondant aux besoins croissants de l’homme: travail pour tous sans le cauchemar du chômage, travailler moins d’heures en jouissant de meilleures conditions de vie, l’enseignement étant exclusivement public et gratuit de haut niveau, avec des services de Santé et de bien-être correspondants.

Ces possibilités sont générées par le travail de la classe ouvrière dans le capitalisme, et sont élargies par le développement de la science et de la technologie. Cependant, dans une société où ce qui sera produit et son mode de fabrication sont déterminés en fonction du profit individuel, capitaliste, les besoins de la classe ouvrière et des couches populaires sont écrasées.

L’essence du problème réside dans le fait que c’est d’autres qui produisent et d’autres qui décident des objectifs et de l’organisation de la production. Les crises économiques cycliques sont dans l’ADN du capitalisme et deviennent de plus en plus profondes et synchronisées, avec pour conséquence la forte augmentation du chômage, l’expansion de nouveau du travail sous-payé et non assuré, la vie avec des droits écrasés, avec des guerres impérialistes pour le partage des marchés et des territoires.

La détérioration des conditions de travail et de vie, en dépit de l’augmentation de la productivité du travail, affecte tout le monde capitaliste, et même les États capitalistes les plus développés. Les États capitalistes eux-mêmes, leurs centres de recherche, admettent que le revenu du travail se réduit, alors que les richesses des capitalistes augmentent.

Comme dans les précédentes périodes de bouleversements sociaux, le facteur décisif de l’érosion du pouvoir de l’ancien système d’exploitation est toujours ses conflits internes, l’intensification de ses contradictions. Ceux-ci permettent à la lutte de classe de développer, d’intensifier et d’obtenir un caractère subversif. Aujourd’hui, à l’ère du capitalisme monopoliste, la contradiction fondamentale du système est exacerbée, c’est-à-dire alors que le travail et la production sont socialisés à une échelle sans précédent, c’est les actionnaires des groupes monopolistes qui profitent de la plupart de leurs résultats. Ce sont des grands actionnaires, des parasites de la vie économique qui, sans être nécessaires pour l’organisation et la gestion de la production, exploitent et saignent à blanc la classe ouvrière; des actionnaires qui souvent ne savent même pas où se trouvent ni ce que produisent les groupes dont ils sont actionnaires et qui réalisent les profits qu’ils récoltent.

Parallèlement à la domination des groupes monopolistes, la tendance à la stagnation relative est renforcée, à savoir la stagnation par rapport au potentiel et la dynamique créés par le niveau actuel de développement des forces productives, par rapport à ce qui pourrait être produit quantitativement et qualitativement si la société se débarrassait du profit en tant que motif de la production. Des éléments du parasitisme et de la stagnation relative sont: la soi-disant obsolescence programmée des biens (l’utilisation des connaissances scientifiques pour limiter la durée de vie des produits), les restrictions à la diffusion de la technologie par les soi-disant brevets appartenant aux groupes d’affaires, la dépréciation pour une période du développement des secteurs qui ne réalisent pas des profits suffisants (par exemple, renforcement contre les tremblements de terre), la destruction de l’environnement par son exploitation irrationnelle motivée par le profit capitaliste maximal, les dépenses massives en matière de recherche scientifique pour la production d’armes et de moyens de répression, etc.

Aujourd’hui, le rapport de force négative au détriment de la classe ouvrière reproduit l’impression (sous la domination de l’idéologie bourgeoise) que le pouvoir et l’agressivité du capital sont invincibles. Mais il ne peut pas cacher la pourriture du capitalisme et la possibilité objective d’abolir la propriété privée des moyens de production, de les socialiser par le pouvoir ouvrier et les utiliser dans le cadre de la planification centrale et à des fins sociales.

Toute l’histoire de la Révolution d’Octobre et ce qui a précédé démontrent que le rapport de force négative n’est pas éternelle et inchangée.

L’émergence des conditions favorables pour le renversement révolutionnaire

Le fait que les conditions de la construction de la société socialiste – communiste sont formées, n’entraîne pas sa réalisation automatique. Une raison importante est que, contrairement aux lois de la nature, le développement social exige l’activité des hommes, dans ce cas, la lutte de classe pour l’abolition de l’ancienne et la construction de la nouvelle société.

Le déclenchement de la révolution socialiste (comme toute révolution sociale de l’histoire humaine) nécessite l’émergence d’une condition où la capacité de la classe dirigeante d’intégrer, de supprimer, d’assurer le peuple, affaiblit.

Lénine a formulé le concept de la situation révolutionnaire et a identifié les principales caractéristiques objectives et subjectives qui s’accumulent dans la société à la veille de la révolution:

– Ceux « d’en haut» (la classe dirigeante des capitalistes) ne peut gouverner et diriger comme avant.
– Ceux « d’en bas » (la classe ouvrière et les couches populaires) ne veulent pas vivre comme avant.
– Il y a une intensification inhabituelle de l’activité des masses.

Ainsi, la misère et le mécontentement de ceux « d’en bas » intensifient leur activité politique, alors que parmi ceux « d’en haut » dominent l’embarras, la faiblesse, les contradictions, l’indécision.

L’apparition d’une telle situation favorable pour le renversement révolutionnaire de la société capitaliste est objective et découle de l’exacerbation abrupte de ses contradictions.

Mais, comme l’a souligné Lénine de façon ciblée, chaque situation révolutionnaire ne se transforme pas en révolution. Ni la réaction de ceux d’en bas, ni la crise de ceux d’en haut n’entraînera pas le renversement, sans le soulèvement révolutionnaire planifiée de la classe ouvrière, sous la direction de son avant-garde consciente.

En d’autres termes, pour la manifestation de la révolution ouvrière, la présence de l’avant-garde politique révolutionnaire, du Parti communiste, est nécessaire, qui est équipé de l’élaboration théorique et de la capacité de prédiction des développements, fondées sur la vision marxiste – léniniste du monde, et capable de diriger le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière.

Bien sûr, il n’est pas possible de prédire tous les facteurs qui peuvent conduire à une situation révolutionnaire. L’expérience historique a mis en évidence comme des facteurs importants l’apparition de la crise capitaliste profonde synchronisée, combinée avec le déclenchement de la guerre impérialiste.

La première révolution ouvrière victorieuse en Russie a été le résultat de la capacité de la classe ouvrière, sous la direction de son parti, d’assumer ce rôle dans de telles conditions. Lénine a prédit avec succès la possibilité de la situation révolutionnaire en Russie, la possibilité que Russie apparaisse comme le maillon faible de la chaîne impérialiste dans des conditions de la Première Guerre mondiale impérialiste.

La marche des Bolcheviques vers la victoire d’Octobre 1917

En Russie tsariste avant la Première Guerre mondiale, tandis que le capitalisme se développait rapidement, il y avait des éléments solides de l’ancien État totalitaire, dirigé par le tsar, qui avaient survécu, alors qu’une énorme masse de paysannes – petits agriculteurs coexistaient à la campagne, torturés par des vestiges importants des relations féodales.

La révolution de 1905 – 1907 a conduit à la formation de la Douma d’État, à savoir une forme d’institution représentative légal avec des droits très limités, ce qui ne signifiait en aucun cas la transition vers un système parlementaire bourgeois typique. L’institution de la Douma exprimait un compromis entre les sections de la bourgeoisie et le régime tsariste. À la campagne, en dépit du fait que le servage en Russie avait été officiellement aboli en 1861, une grande partie des agriculteurs souffraient de l’oppression des grands propriétaires terriens, qui les forçaient à faire des corvées ou à leur livrer la moitié de leur récolte.

Dans la période de la révolution de 1905, les Soviets sont nés comme des noyaux d’organisation de l’action révolutionnaire de la classe ouvrière dans les conditions de la lutte aiguée caractérisant les grèves et les conflits de classe. Ils constituaient une nouvelle forme d’organisation de la classe ouvrière avec des représentants élus et ils ont servi de germes et de formes du pouvoir ouvrier future.

La création de grandes usines dans les centres névralgiques des grandes villes russes comme Moscou et Saint-Pétersbourg (plus tard Leningrad), a conduit à une croissance importante du travail salarié, rendant la classe ouvrière la principale force sociale dans le pays, en dépit du fait qu’elle ne formerait pas la majorité à la population et au territoire de l’empire tsariste.

Dans ces conditions complexes, les bolcheviks ont formé une ligne stratégique visant, à travers le développement de la lutte de classe, à assurer deux questions importantes:

a) L’indépendance politique de la classe ouvrière dans la révolution bourgeoise imminente, pour que le prolétariat ne s’accroche pas à la bourgeoisie.
b) La direction de l’ensemble du mouvement populaire par la classe ouvrière (à savoir l’alliance sociale du prolétariat avec la petite-moyenne paysannerie), pour que la révolution ait du caractère radical par rapport à l’époque historique, pour que la transition vers la révolution socialiste soit facilitée. Ainsi, dans la lutte pour l’action commune de la paysannerie avec la classe ouvrière, la stratégie bolchevique était basée sur la ligne: avec toute la paysannerie contre le Moyen Age. Puis, avec la paysannerie pauvre, avec les semi-prolétariens contre le capitalisme, ensemble contre les riches du village.

D’une part, cette stratégie se fondait sur l’estimation que le développement du capitalisme en Russie était objectivement en contraste avec la superstructure politique retardée du tsarisme et le maintien des résidus de servage dans la campagne, et d’autre part, sur l’idée d’un processus révolutionnaire au niveau européen. En même temps, la bourgeoisie de 1905 n’était plus la bourgeoisie progressiste de l’époque des révolutions bourgeoises du 18e et 19e siècle. Par ailleurs, le capitalisme était passé au niveau mondial à l’ère réactionnaire de l’impérialisme. Il craignait plutôt que cherchait une révolution politique, puisque sa classe adversaire, la classe ouvrière, constituait une force politique indépendante.

Ainsi, Lénine considérait que le renversement révolutionnaire devrait établir un gouvernement révolutionnaire provisoire, la « dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie », qui mettaient en œuvre le contenu du programme «minimum » des bolcheviks (assemblée constituante, droit de vote universel, réforme agraire, etc.). Ce pouvoir effacerait radicalement les résidus du tsarisme, alors qu’il donnerait lieu à la révolution prolétarienne en Europe occidentale capitaliste développé, qui constituerait un soutien pour la révolution prolétarienne en Russie. À l’époque, les bolcheviks associaient la révolution démocratique bourgeoise à la révolution socialiste, ils soulignaient la défense des intérêts particuliers de la classe ouvrière et la nécessité d’exercer une pression constante sur le gouvernement révolutionnaire pour l’expansion des acquis de la révolution.

La « dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie », comme disait Lénine, pourrait avoir la volonté unitaire quant à l’écrasement de l’autocratie, mais non par rapport au socialisme. Lénine prévoyait qu’au fil de l’évolution de la révolution, la lutte au sein de l’alliance elle-même des ouvriers et des agriculteurs et de leur pouvoir s’exacerberait, et conduirait finalement à la séparation complète de la classe ouvrière des paysans moyens et riches, avec pour but la victoire du prolétariat sur les petits bourgeois et bien sûr le passage à la « dictature du prolétariat ».

Cette ligne des bolcheviks entrait en conflit avec les opportunistes de droite de cette époque, les mencheviks, mais aussi avec Trotski qui sous-estimait le rôle et l’importance de la paysannerie. Lénine estimait que la position de Trotski conduisait à la « négation du rôle de la paysannerie » et portait un coup à la révolution.

L’entrée de la Russie dans la Première Guerre mondiale a exacerbé les contradictions sociales. Les défaites répétées de l’armée russe au front, les pertes des territoires (par exemple de la Pologne, des États baltes) ont provoqué un mécontentement considérable, non seulement parmi les ouvriers et les paysans qui souffraient des ravages de la guerre, mais aussi parmi la bourgeoisie de la Russie. Le fait que les cycles du tsarisme avaient commencé à s’orienter vers l’Allemagne et la possibilité de conclure une paix séparée, a déclenché la réaction de la bourgeoisie, une réaction assistée par l’Angleterre et la France et qui a conduit à l’organisation des plans pour renverser le tsar. Dans le même temps, en 1916, divers soulèvements ethniques ont éclaté dans le Caucase et en Asie centrale contre l’empire tsariste.

Les plans de la bourgeoisie pour renverser le tsar ont été liés à des grandes mobilisations et grèves populaires qui ont eu lieu en février 1917 à la suite des pénuries d’aliments, du chômage massive et de l’exacerbation forte des problèmes sociaux. La création d’une situation révolutionnaire, l’action politique massive des ouvriers et des paysans qui étaient organisés dans les Soviets, la désintégration des lignes de l’armée, ont finalement conduit au renversement révolutionnaire du tsar.

La situation révolutionnaire est née sur le terrain d’un processus complexe qui comprenait une série de facteurs importants: l’intensification des antagonismes inter-impérialistes, les souffrances que la guerre impérialiste avait accumulées les trois dernières années sur le dos des couches populaires, la rupture de l’alliance du tsarisme avec la bourgeoisie -ce qui ne permettait à ceux « d’en haut » de gouverner comme avant- le travail politique et organisationnel des bolcheviks avant et pendant la guerre dans les lignes de la classe ouvrière et des soldats.
L’aiguisement brutal des contradictions entre la bourgeoisie et le tsarisme dans des conditions de crise et de la guerre impérialiste, l’inéluctabilité de laquelle avait été indiqué par les bolcheviks, avait pour résultat que la bourgeoisie avait la haute main sur la révolution de février.

Le Gouvernement provisoire démocratique a été formé de représentants des partis libéraux bourgeois de Russie et était devenu un organe du pouvoir bourgeois. Pourtant, en même temps, la lutte politique massive des ouvriers et des paysans a permis de mettre en lumière l’organisation des masses armées qui ont participé au renversement du tsar à travers les Soviets (conseils des représentants).

À cette époque, les Soviets ont été dominés par les mencheviks (courant opportuniste) et les SR («socialistes-révolutionnaires petits bourgeois»), qui avaient mis de l’avant la tâche de soutenir le gouvernement provisoire. Par conséquent, une situation a émergé que Lénine appelait « double pouvoir » pour décrire un moment de transition du processus révolutionnaire, où la bourgeoisie avait en effet pris le pouvoir, mais elle n’a pas été si puissante pour briser l’organisation armée des masses populaires (par exemple, les Soviets avaient leurs propres gardes).

Lénine, en constatant le compromis entre le Gouvernement provisoire démocratique et les Soviets, estimait qu’une politique spécifique devrait être déployée afin de convaincre les travailleurs, à partir de leur expérience, de la nécessité:

a) de ne pas soutenir le Gouvernement provisoire démocratique, qui était le gouvernement de la bourgeoisie.
b) de réaliser que la guerre qui continuait était impérialiste, prédatrice et injuste.
c) de quitter les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires, pour changer le rapport de force dans les Soviets en faveur des bolcheviks.
d) que les Soviets prennent le pouvoir, en tant que condition pour résoudre toutes les demandes pressantes des couches populaires (paix, pain, terre).

Dans les fameux « Thèses d’avril » et ses autres écrits de cette époque, Lénine a donné une évaluation très claire du caractère de la révolution de février. Il estimait que le pouvoir a changé de mains, qu’il avait passé dans les mains de la bourgeoisie. Il a rappelé que la question principale dans la stratégie jusque-là des bolcheviks, la question de l’alliance sociale des travailleurs et des paysans, avait déjà eu lieu sous la forme des Soviets, indépendamment du fait que la majorité du prolétariat dans ceux-ci faisait confiance aux et était affecté par les représentants des couches petites-bourgeoises qui s’accrochaient à la bourgeoisie.

À l’égard de la position de « vieux bolcheviks » (Kamenev, Zinoviev, etc.) que la révolution démocratique-bourgeoise n’était pas encore achevée et qu’un certain nombre d’objectifs n’a pas été réalisé (par exemple assemblé constituante, réforme agraire), Lénine a répondu que la question principale dans chaque révolution était la question du pouvoir. En ce sens, la révolution démocratique-bourgeoise était finie.

La stratégie bolchevique alors devrait changer. À partir de février, la question centrale à résoudre était l’élévation de la conscience prolétarienne, la conquête de son avant-garde dans le cadre de l’alliance sociale. Cela exigeait la lutte au sein des organes révolutionnaires eux-mêmes (Soviets), le regroupement avec les semi-prolétariens et la paysannerie pauvre afin de préparer le terrain à la révolution socialiste.

Lorsqu’en juillet le Gouvernement provisoire démocratique a procédé à des mesures répressives sévères contre les bolcheviks et le mouvement ouvrier, les bolcheviks ont retiré le mot d’ordre « Tout le pouvoir aux Soviets ». À cette période cruciale et surtout après le déclenchement du coup d’État militaire par le général Kornilov, Lénine a prédit que la situation objective entraînerait soit la victoire complète de la dictature militaire bourgeoise soit la victoire du soulèvement armée des ouvriers. Il a intensifié la lutte contre les illusions d’une transition pacifique parlementaire au socialisme et a déclaré que le but du soulèvement armé ne pouvait être que le passage du pouvoir dans les mains du prolétariat, avec le soutien de la paysannerie pauvre, pour la réalisation des objectifs programmatiques du Parti.

En septembre 1917, les bolcheviks étant majoritaires dans les Soviets de Petersburg et de Moscou, ont relancé le slogan « Tout le pouvoir aux Soviets » avec un contenu nouveau; pas comme avant, en tant que slogan qui révélerait le compromis, la réconciliation des mencheviks avec le gouvernement bourgeois et faciliterait le changement du rapport de force, mais comme un slogan pour le renversement du Gouvernement provisoire démocratique, comme un slogan de soulèvement révolutionnaire. Les bolcheviks ont agi dans ce sens, sans attendre les élections à l’Assemblée constituante ou le Congrès des Soviets.

La détermination de Lénine et de ceux de la direction des bolcheviks ayant soutenu ses positions, a finalement conduit à la révolution socialiste victorieuse le 25 octobre (7 Novembre, selon le nouveau calendrier) 1917.

L’expérience de la Révolution d’Octobre a révélé que c’était le pouvoir ouvrier soviétique, la dictature du prolétariat, qui a abordé les questions brûlantes des travailleurs (terre, pain, paix), en non le pouvoir bourgeois ou un pouvoir «intermédiaire», qui en réalité ne peut pas exister. Le pouvoir soviétique a ouvert la voie à l’abolition des rapports capitalistes de production.

Αfin d’atteindre la révolution victorieuse, le Parti bolchevique, avec la contribution décisive de Lénine, a fait des efforts théoriques et politiques continus pour développer son concept stratégique, approfondir et anticiper les changements rapides survenus dans le rapport de force des classes rivales, ainsi que dans l’influence politique au sein de la classe ouvrière elle-même. Les changements dans la ligne de la politique révolutionnaire de 1905 à Octobre 1917 reflètent la maturation de ses élaborations stratégiques.

Ce ne fut pas une tâche facile. À partir de la séparation des mencheviks en 1903 au 2e Congrès du Parti ouvrier social-démocrate russe (SDEKR) et la formation d’un parti séparé en 1912, les bolcheviks ont été forgés dans des conditions de lutte, de séparation idéologique, politique et organisationnel des forces de l’opportunisme.

La route vers la victoire était le résultat d’une élaboration théorique et politique continue, intense. L’étude des caractéristiques du capitalisme monopoliste (par l’œuvre « Impérialisme, stade suprême du capitalisme »), de l’attitude envers l’État bourgeois et du caractère du pouvoir ouvrier, à savoir la dictature du prolétariat («État et la Révolution »), l’approfondissement général dans la pensée matérialiste dialectique et l’analyse des développements (par l’œuvre «Matérialisme et Empiriocriticisme »), ainsi que l’analyse économique de la Russie tsariste (par l’œuvre « Le développement du capitalisme en Russie » préalablement effectuée, avaient apporté une contribution décisive à l’élaboration de la stratégie de la révolution socialiste.

Ces élaborations ont mis en lumière les possibilités de socialisation des moyens centralisés de production à l’époque du capitalisme monopoliste, ainsi que les possibilités créées par le développement économique et politique inégal et l’aiguisement des contradictions inter-impérialistes pour briser la chaîne impérialiste à son maillon faible et commencer l’effort de la construction du socialisme dans un seul pays ou un groupe de pays.

Lénine, en développant la stratégie des bolcheviks, a entré en conflit dans la pratique avec les positions de Plekhanov, Kautsky, Martov et même des cadres des bolcheviks qui pensaient qu’il était nécessaire que la Russie passe du stade de la soi-disant « maturation du capitalisme ».

Ces positions étaient répandues et puissantes en Russie prérévolutionnaire. Elles se fondaient sur le grand poids de la production agricole dans l’économie russe, le manque de sa mécanisation, le retard dans l’électrification, les survivances précapitalistes dans une grande partie de l’empire tsariste. Lénine a mis en exergue le développement des relations capitalistes, la création des groupes monopolistes dans les grandes villes et la possibilité que les rapports de production socialistes donnent une grande impulsion au développement des forces productives.

La maturation de la stratégie bolchevique n’était pas bien sûr une œuvre en un acte. Le Parti des bolcheviks a gagné la capacité de tirer des conclusions de l’initiative révolutionnaire que les masses développaient dans des moments d’aiguisement de la lutte de classe, et d’utiliser les institutions qu’ils avaient créées (Soviets) en faveur du soulèvement révolutionnaire.

À chaque étape du développement de la lutte de classe, il a montré une capacité caractéristique de soutenir la stratégie par la politique appropriée, des alliances, des slogans, des manœuvres et la confrontation ciblée avec les mencheviks et les autres forces opportunistes. Il a utilisé de la meilleure façon l’expérience militante acquise par ses membres dans les luttes de classe dures pendant toute la période 1905 – 1917. Il a travaillé de façon constante et résolument pour le changement du rapport de force dans le mouvement syndical; il a été en mesure de changer le rapport de force dans les plus grands syndicats à Saint-Pétersbourg et à Moscou au cours de la période de la Première guerre mondiale, et surtout d’augmenter progressivement son influence sur les institutions des ouvriers et des soldats révoltés (Soviets). La préparation théorique et la capacité pratique militante ont permis au Parti des bolcheviks de forger des liens révolutionnaires avec les forces ouvrières – populaires et de ne pas succomber aux difficultés pratiques rencontrées dans son action, comme la violence étatique et paraétatique.

Pendant la période difficile de 1905 à 1917, les bolcheviks ont fait face dans la pratique non seulement à la violence de l’État tsariste, mais aussi à l’action contre-révolutionnaire des couches petites-bourgeoises et des masses populaires arriérées. Les Cent-Noirs dans la révolution de 1905 en sont un exemple caractéristique. Lénine soulignait que les actions pour les affronter servaient de terrain de formation des groupes militants ouvriers. L’effort déployé par les bolcheviks pour la maturation de la conscience de classe des ouvriers dans ces années-là était titanesque. Il suffit de penser que pendant l’une des plus grandes manifestations à Petrograd en 1905, la foule tenait des icônes de saintes et du tsar lui-même et chantait des hymnes avant essuyer une attaque armée de la Garde tsariste.

Surtout dans la période critique de février à octobre 1917, ils ont confronté des politiciens bourgeois très compétents, comme Kerenski, qui disposaient des grandes capacités quant à la tromperie des masses. Les bolcheviks ont réussi parce qu’ils ont travaillé patiemment, avec audace, avec un plan de préparation politique, organisationnelle et militaire pour le soulèvement révolutionnaire.

Le résultat victorieux de la Révolution d’Octobre a confirmé la stratégie de la révolution socialiste ainsi qu’une série de principes liés au renversement révolutionnaire du capitalisme: le rôle dirigeant du Parti communiste révolutionnaire, son fonctionnement basé sur le principe du centralisme démocratique, ayant comme éléments fondamentaux la collectivité et l’assurance de l’action uniforme; la nécessité de regrouper la classe ouvrière contre le pouvoir du capital, la nécessité d’attirer des parties d’agriculteurs et d’autres classes moyennes dans la révolution et de neutraliser des autres; le caractère historiquement obsolète et réactionnaire de la bourgeoisie, la nécessité de ne pas participer ou soutenir un gouvernement dans le cadre du capitalisme, la non existence de types de pouvoir transitoires entre le capitalisme et le socialisme, la nécessité d’écraser l’État bourgeois.

L’étude de la stratégie des bolcheviks dans la Révolution d’Octobre et de l’évolution pour sa formulation (1905-1917) conduit à des conclusions significatives. Elle donne une expérience précieuse en ce qui concerne le rapprochement des communistes avec des travailleurs et des couches populaires ayant une conscience de classe immature. Les bolcheviks ont réussi à combiner avec succès l’étude des développements intérieurs et internationaux, le travail théorique et l’étude de l’expérience de la lutte de classe dure en Russie. Cette combinaison est maintenant plus nécessaire que jamais pour que les communistes puissent travailler efficacement dans des conditions complexes et difficiles, où le rapport de force est négatif.

Sur la stratégie du mouvement communiste international au 20e siècle

Le Parti bolchevique et la Révolution d’Octobre étaient la continuité historique de l’action de l’aile marxiste révolutionnaire dans le cadre de la Première et la Deuxième Internationale. Ils ont contribué au déclenchement des soulèvements ouvriers dans les années suivants, comme à Berlin, à Budapest, à Turin, qui ont été vaincus. Plus généralement, la Révolution d’Octobre a accéléré le développement du mouvement communiste international et a conduit à la création du Troisième Internationale communiste (1919 – 1943), mis en place à l’égard de la puissance globale du capital. La nécessité d’une distinction claire et de l’intensification de la lutte avec les partis sociaux-démocrates qui avaient trahi la classe ouvrière dans la Première Guerre mondiale, a conduit à la formulation des 21 conditions pour l’adhésion d’un parti à la Troisième Internationale, dans son 2e Congrès en 1920, des conditions concernant la sauvegarde du caractère révolutionnaire.

Toutefois, l’expérience positive de la Révolution d’Octobre n’a pas était assimilée et n’a pas dominé tout au long de l’Internationale communiste. Au contraire, à travers un processus contradictoire, a prévalu de manière significative le concept stratégique qui, en général, fixait l’objectif d’un pouvoir ou d’un gouvernement de type intermédiaire, entre le pouvoir bourgeois et le pouvoir ouvrier, en tant que transition vers le pouvoir socialiste. Souvent, ce choix a été justifié par l’élaboration stratégique initiale des bolcheviks et même appliqué dans des économies capitalistes et des États bourgeois formés, dans des pays qui historiquement n’avaient pas eu des conditions similaires avec la Russie en 1905.

Les causes de ce processus nécessitent certainement une étude plus profonde, plus approfondie, que nous, en tant que Parti, continuons. Cependant, on peut déjà souligner certains facteurs et difficultés qui ont contribué à la prédominance des élaborations stratégiques problématiques.

Quelques années après la victoire d’Octobre, la vague de soulèvement révolutionnaire du mouvement ouvrier a régressé, surtout après la défaite de la révolution en Allemagne en 1918 et en Hongrie en 1919, tandis que la création des conditions de situation révolutionnaire à l’époque n’étaient pas exploitées par certains Partis communistes. Puis, après 1920, les puissants pays capitalistes ont surmonté temporairement la crise économique et ont été stabilisés. La majorité des travailleurs syndiqués est restée piégée dans les partis sociaux-démocrates. Au sein de certains d’entre eux la lutte aiguisée continuait en même temps, comme en Italie et en Allemagne.

Dans le même temps, le conflit a été exacerbé au sein du PCR (bolchévique) entre les forces qui déclaraient que la construction du socialisme était impossible sans la victoire de la révolution socialiste dans l’Ouest capitaliste développé (Trotski, etc.), et les forces, dirigées par Staline, qui affirmaient que le pouvoir soviétique devrait placer au premier plan la construction socialiste.

À côté du déclin de la vague révolutionnaire, combinée à la lutte de classe très forte dans l’Union soviétique, et des obstacles qu’il a fallu surmonter dans très peu de temps, il y avait la menace croissante d’une nouvelle attaque impérialiste militaire contre l’URSS dans les années 1930. Le débat sur les mesures à prendre pour l’affronter a exacerbé des contradictions et des lacunes théoriques dans l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire appropriée.

L’effort complexe de la politique extérieure de l’URSS de retarder en tant que possible l’attaque impérialiste et d’exploiter les contradictions entre les centres impérialistes dans ce sens, est associé à des changements importants dans la ligne de l’Internationale communiste, qui ont joué un rôle négatif dans le cours du mouvement communiste international les décennies à venir. Les changements concernaient le traitement du courant fasciste, l’attitude envers la social-démocratie et la démocratie bourgeoise elle-même. On a l’émergence de la distinction politique des alliances impérialistes de cette période en agressives, comprenant les fascistes, et en défensives, comprenant les forces démocratiques-bourgeoises.

Plus précisément, l’estimation sur l’existence d’une aile droite et d’une aile gauche au sein des partis sociaux-démocrates dans les années 30 était erronée, sur laquelle se fondait l’alliance avec eux. Ce fait sous-estimait leur mutation complète en partis bourgeois. Cette fausse distinction a été maintenue après la Seconde Guerre mondiale.

Ces changements objectivement enfermaient la lutte du mouvement ouvrier sous la bannière de la démocratie bourgeoise. De même, la distinction des centres impérialistes en pacifiques et en belliqueux masquait le vrai coupable de la guerre impérialiste et de la montée du fascisme, le capitalisme monopoliste. À savoir, la tâche impérative stratégique des Partis communistes de combiner le rassemblement des forces pour la lutte pour la libération nationale et la lutte antifasciste avec la lutte pour le renversement du pouvoir bourgeois, en utilisant les conditions de la situation révolutionnaire formées dans plusieurs pays, n’a pas été mise à la lumière.

En général, dans les élaborations stratégiques de l’Internationale communiste, le caractère de l’époque a été sous-estimé et l’identification du caractère de la révolution sur la base de la position d’un pays capitaliste dans le système impérialiste international a dominé. À savoir, le plus bas niveau de développement des forces productives d’un pays par rapport au plus haut niveau atteint par les principales forces du système impérialiste international, et le rapport de force négative à l’égard du mouvement ouvrier révolutionnaire, ont été adoptés à tort en tant que critère pour identifier le caractère de la révolution.

Cette approche méthodologique erronée sous-estimait la capacité de rapports de production socialistes à donner une grande impulsion et à libérer le développement des forces productives dans un pays capitaliste. Par exemple, le retard existant dans l’électrification que l’URSS avait hérité, a été dépassé très rapidement, l’analphabétisme également. Le pouvoir ouvrier a organisé des services sociaux qui à l’époque étaient sans précédent.

Le développement inégal des économies capitalistes et les relations inégales entre pays ne peuvent pas être supprimés dans le cadre du capitalisme. En fin de compte, le caractère de la révolution dans chaque pays capitaliste est objectivement déterminé par la contradiction fondamentale qu’elle doit résoudre, indépendamment du changement relatif de la position de chaque pays dans le système international impérialiste. Le caractère socialiste et les tâches de la révolution résultent de l’aiguisement de la contradiction fondamentale entre le capital et le travail dans tous les pays capitalistes à l’époque du capitalisme monopoliste.

Dans une série d’élaborations des Partis communistes, l’approche de l’objectif du pouvoir ouvrier se faisait en fonction du rapport de force et non de la détermination objective de l’époque historique où nous vivons, qui dépend du mouvement de la classe qui est chaque fois à la tête du développement social, à savoir de l’action vers la libération sociale.

Lénine, dans son ouvrage «Sous un faux drapeau», résume l’ère du capitalisme monopoliste de la manière suivante: « L’époque qui vient de commencer place la classe bourgeoise dans la même situation dans laquelle se trouvaient les seigneurs féodaux dans la première période (ici Lénine se réfère à la période de montée révolutionnaire de la classe bourgeoise, par la révolution bourgeoise française de 1789). C’est l’ère de l’impérialisme et des chocs impérialistes, ainsi que des chocs résultant de l’impérialisme ».

Le caractère de l’époque a une dimension mondiale, indépendamment des variations d’un pays à l’autre en ce qui concerne la mesure et le mode de mûrissement des conditions matérielles pour la transition vers le socialisme. L’indicateur principal de mûrissement du capitalisme est la concentration et l’expansion du travail salarié, de la classe ouvrière qui subit l’exploitation capitaliste.

La construction du socialisme en USSR

La Révolution d’Octobre a mis en lumière une organisation supérieure de la société, qui était radicalement différente de tous les systèmes qui l’ont précédé historiquement et qui avaient en commun l’exploitation de l’homme par l’homme.

En URSS, personne ne pouvait avoir une autre personne « à son service. » La suppression de la location de main-d’œuvre étrangère est le résultat social le plus important de la Révolution d’Octobre, la matrice de toutes les conquêtes individuelles pour la vie des travailleurs. Par la planification centrale, en tant que relation sociale de production pour l’utilisation des moyens socialisés, des acquis sociaux importants ont été réalisés pour plusieurs décennies.

En URSS, le droit au travail était assuré pour la première fois dans la pratique, éliminant le chômage comme un phénomène social. Les bases de l’élimination des diverses discriminations économiques, politiques – idéologiques et sociales contre les femmes ont été jetées, en particulier dans des régions avec des retards énormes dans ce domaine. Les sciences, l’éducation gratuite à tous les niveaux et la Santé gratuite et de qualité pour tout le peuple ont été rapidement développées, l’accessibilité universelle et la possibilité de contribuer à la culture et au sport ont été garanties.

En outre, pour la première fois dans l’Histoire, des institutions ont été créées assurant la véritable participation des travailleurs dans la gestion des aspects de leur société, faisant sortir aux masses de la marge de la vie politique et sociale. Pour la première fois, le droit du travailleur et du jeune à élire et à être élu, un droit sur papier dans le capitalisme, est devenu essentielle. Ces gains ont constitué un point de référence et ont contribué, avec d’autres facteurs, à l’obtention des acquis par le mouvement ouvrier et populaire dans les États capitalistes. La pratique a démontré que plus les relations de production communistes approfondissent plus les relations sociales elles-mêmes sont également révolutionnées, les relations de l’individu avec la société. Il a été prouvé que les rapports de production socialistes peuvent garantir les droits sociaux collectifs.


L’importance des acquis ci-dessus se multiplie si on considère les circonstances dans lesquelles ils ont été atteints. La distance entre la Russie prérévolutionnaire et les puissants États capitalistes, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, était très grande, étant donné que ces États excellaient de manière significative au développement des forces productives et au niveau de productivité du travail.

Les puissants États capitalistes ont fondé leur développement sur l’exploitation de leur propre peuple et d’autres peuples (terrorisme par les employeurs, système colonial, violence contre les populations autochtones, exploitation du travail des enfants). Au contraire, le jeune pouvoir soviétique a tenté de créer les fondements économiques du socialisme par ses propres forces dans des conditions d’aiguisement de la lutte de classe, c’est-à-dire dans les conditions de réaction militante de la bourgeoisie à l’intérieur du pays et de son implication avec les efforts actifs depuis l’étranger pour renverser le pouvoir ouvrier. Les acquis en URSS ont été obtenus dans des conditions de sape active de la production, de menace permanente d’une intervention armée extérieure, d’assassinassions des bolcheviques et d’autres travailleurs et agriculteurs d’avant garde.

Des périodes caractéristiques sont les suivants: l’invasion de 14 États – avec la participation de la Grèce sous la direction du premier ministre El. Venizelos – en Ukraine en 1919 pour la répression de la révolution; les atrocités contre-révolutionnaires par lesquelles la bourgeoisie à l’intérieur de la Russie soviétique a répondu à ladite « offensive du socialisme contre les forces du capitalisme » pendant le premier plan quinquennal, la période 1929-1934 (qui comprenait l’industrialisation et la collectivisation – coopérativisation de la production agricole); puis, la période avant et pendant la Seconde guerre mondiale impérialiste, où l’attitude des États capitalistes – conjointement avec les objectifs spécifiques de chacun- servait l’objectif commun de renverser l’URSS.

Les conséquences des deux guerres mondiales ont mis des obstacles supplémentaires à la construction socialiste, étant donné qu’aucun autre pays n’a pas subi des catastrophes de cette ampleur, alors que l’adversaire principal de l’URSS dans la concurrence mondiale entre le socialisme et le capitalisme, les États-Unis, n’ont connu la guerre sur leur territoire.

En abordant ces acquis, nous devons garder à l’esprit que la société soviétique n’était pas une société communiste mature, entièrement formée et « fleurie » dans tous ses aspects, mais une société communiste à un stade précoce du développement, une société en formation communiste.

La naissance et le développement de la société communiste ne peut que porter dans une large mesure les marques de son passé capitaliste, mais aussi les conséquences de la domination capitaliste dans le monde entier. Ces conséquences – qui pouvaient être trouvées dans tous les domaines de la vie sociale de l’URSS – étaient des survivances de la vieille société au sein de la nouvelle, des survivances qui n’avaient pas été encore traitées radicalement, la transformation complète de toutes les relations sociales en communistes n’avait pas encore eu lieu.

La critique bourgeoise et petite bourgeoise de l’Histoire de l’URSS dissimule délibérément qu’il s’agit de l’histoire du stade immature de la société communiste. Elle souligne les faiblesses et les erreurs du point de vue d’une société communiste idéale, pour calomnier et empêcher l’action ouvrière révolutionnaire. En même temps, la propagande bourgeoise diversifiée invente des crimes, comme elle baptise le droit du pouvoir ouvrier à se défendre contre la sape extérieure, tout en falsifiant l’histoire, en assimilant le communisme au fascisme.

Mais la propagande bourgeoise ne peut pas masquer la supériorité de la planification scientifique centrale pour le développement des forces productives, sur les bases solides assurés par le pouvoir ouvrier et la propriété sociale des moyens de production, des usines, des sources d’énergie domestiques, des ressources minérales, de la terre, des infrastructures. L’histoire de l’URSS montre ce que les travailleurs peuvent réaliser lorsqu’ils deviennent maîtres des moyens de production et de la richesse sociale, lorsqu’ils prennent le pouvoir politique. Ce dernier fait des producteurs de richesse les véritables maîtres, et pas la démocratie parlementaire bourgeoise hypocrite qui est une arme de la domination capitaliste visant à l’asservissement de la classe ouvrière.

Les résultats de la planification scientifique centrale du pouvoir ouvrier, comme l’élimination du chômage, la spécialisation rapide et efficace des forces de travail, sa distribution ciblée dans l’ensemble de l’économie, les réussites dans l’exploration spatiale, la conversion de l’industrie pacifique en guerrière à la veille de la Seconde guerre mondiale, sont sans précédent, si nous tenons également compte du retard précapitaliste de plusieurs régions et de l’inégalité profonde du développement capitaliste qui existait à l’intérieur de la Russie tsariste. La distance parcourue par le pouvoir ouvrier au niveau national et international quant au développement des forces productives était vraiment énorme.

Comment et pourquoi nous en sommes arrivés à la contre-révolution et au renversement de la construction socialiste

La construction socialiste en URSS n’a pas suivi un cours linéaire, stable et ascendante. Pour évaluer de façon critique l’expérience positive et négative du premier effort de construction socialiste dans l’histoire, il est nécessaire de distinguer brièvement ses principales étapes historiques.

Après l’intervention extérieure désastreuse pour la base productive du pays, la guerre civile de classe (1917 – 1922) et la nouvelle politique économique (1922 – 1929) – adoptée en tant qu’un retraite temporaire dans les circonstances particulières – la formulation du premier plan quinquennal en 1929 signifiait le début de l’attaque des forces du socialisme. À partir de ce moment jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la lutte pour le développement des rapports de production communistes, l’abolition du travail salarié et la domination du secteur socialisé de la production sur la base de la planification centrale, a été menée avec succès en général. Cette lutte a été livrée avec succès, en dépit du fait que les conditions de l’encerclement impérialiste et de la menace de guerre – conjointement avec l’héritage du grand retard- imposaient l’accélération du processus de construction de nouvelles relations.

À cette époque, les nouvelles institutions de participation ouvrière ont été développées, ayant initialement comme noyau le lieu de travail, une relation politique qui ensuite était compromis en cédant à des difficultés objectives existantes et à des pressions subjectives. Sous la pression également de la préparation pour la contribution active de tout le peuple face à la guerre à venir, la Constitution soviétique de 1936 a généralisé le droit de vote au suffrage universel secret en fonction du lieu de résidence. Les assemblées des représentants dans chaque unité de production, en tant que noyaux d’organisation du pouvoir ouvrier, s’étaient dégradées. Dans la pratique, la difficulté de révoquer les représentants des organes supérieurs de l’État a été augmentée.

Après la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction et ensuite le développement des relations communistes imposaient de nouvelles exigences et des défis requérant l’ajustement de la stratégie révolutionnaire. Les premières années après la guerre, la direction anti-marché a dominé au sein du PCUS, qui – en dépit des faiblesses et des lacunes théoriques – est restée ferme dans l’objectif du développement des relations communistes, de l’élimination planifiée des inégalités, du caractère commercial des produits agricoles (en conjonction avec l’objectif de transformer les kolkhozes – coopératives en propriété sociale).
Malgré le succès du premier plan économique de l’après-guerre, la production agricole connaissait un retard. Il y avait quelques problèmes aussi dans les résultats de la planification centrale, y compris dans les proportions entre les secteurs de production.

La vie a montré qu’il n’y avait pas de dynamique théorique collectivement conquise permettant d’ajuster la stratégie communiste aux défis posés par le nouveau niveau de développement de la production sociale. Les problèmes rencontrés ne sont pas correctement interprétés et leur traitement n’était pas axé sur le renforcement et l’expansion des relations communistes.

Ils ont été interprétés comme des faiblesses inévitables qui sont dans la nature de la planification centrale et non comme le résultat des contradictions des survivances de l’ancien, le résultat d’erreurs dans le plan qui n’était pas élaboré de manière sc
 
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