| Un chapitre important de cet ouvrage "Attaques et défenses du marxisme (1970-2016)" décrit la campagne anticommuniste dont le Nouvel Obs a été un des chefs de file avec la deuxième gauche. L’emblématique Nouvel Observateur : de L’Observateur à l’Obs en passant par France Observateur Le Nouvel Observateur (comme ses ancêtres l’Observateur et France Observateur ou aujourd’hui l’Obs ) joue un rôle central dans la construction du corpus idéologique de la deuxième gauche. A toutes les étapes de sa construction, nous retrouvons Le Nouvel Observateur à travers ses responsables, ses chroniqueurs. D’autant plus que contrairement à L’Express dont l’orientation très antimarxiste et droitière n’est un secret pour personne, « le Nouvel Obs » bénéficie d’un volant de sympathie important à gauche (surtout PS), à l’extrême gauche (surtout PSU), à la CFDT ou chez les écologistes et les cathos de gauche. Il bénéficie aussi de ses racines anticolonialistes, notamment contre la guerre d’Algérie à travers Claude Bourdet ou Gilles Martinet fondateurs en 1950 de L’Observateur avec Roger Stéphane (secrétaire national de l’Union de la gauche socialiste). --Gilles Martinet (1916-2006) devient secrétaire national du PSU de 1960 à 1967. Il quitte le PSU en 1972 et rejoint le PS (pour de plus amples infos lire Gilles Martinet : le symbole d’une époque dans le livre « Mon PSU (Dialogue avec Stéphane Sitbon-Gomez » de Guy Philippon – Les Petits matins – 2013- ) --Claude Bourdet (PSU) avait dénoncé fermement dans France Observateur, le massacre du 17 ocobre 1961. L’OAS voulait l’exécuter. Une chronologie du PSU est également disponible dans le livre de Guy Philippon ainsi qu’une liste « des personnalités passées par le PSU » . Les liens privilégiés du Nouvel Obs avec le PSU, vont en faire l’élément central qui fera la passerelle avec la CFDT et le PS, mais aussi avec la gauche autogestionnaire et les écologistes avec le lancement du magazine Le Sauvage (voir chapitre 11). .../... La fiche wikipédia sur les « nouveaux philosophes » indique qu’après l’autodissolution de la Gauche Prolétarienne en novembre 1973, « André Glucksmann, appelle à entreprendre une critique de fond du marxisme, à partir d’une réflexion sur le totalitarisme » . Plusieurs organes de presse vont être en pointe dans la promotion comme produit marketing de ces « penseurs » au service de l’impérialisme, avant et après leur passage à la télévision, c’est notamment : l’éditrice Françoise Verny de chez Grasset, Les Nouvelles Littéraires, Le Monde, Le Nouvel Observateur, L’Express, Actuel, Libération ... Maurice Clavel et André Gorz sous le pseudonyme de Michel Bosquet (voir dans la chronologie du chapitre 3 la date du 10 juin 1976) Dans le livre 68, une histoire collective (1962-1981) écrit sous la direction de Philippe Artières et Michelle ZancariniFournel -La Découverte, 2008, un chapitre de François Cusset : « Les “nouveaux philosophes” ou la fin des intellectuels » indique très justement : « Mais les nouveaux philosophes n’ont pas le monopole de la critique des goulags, qui redonne alors une légitimité aussi bien à la droite libérale atlantiste (avec le retour en grâce de Raymond Aron et le succès du Comité intellectuel pour l’Europe des libertés) qu’à la « nouvelle droite » messianique et civilisationelle d’Alain de Benoist, à la deuxième gauche en plein essor de Michel Rocard et Pierre Rosanvallon qu’aux bastions antimarxistes en passe de s’imposer dans plusieurs disciplines universitaires -en particulier en histoire avec François Furet. Surtout, les nouveaux philosophes suscitent aussitôt une levée de boucliers qui, dûment montée en épingle par André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy en nouveaux « procés de Moscou », leur vaudra un certain capital de sympathie. » p 733 .../... A propos de Laurent Joffrin, collaborateur au Nouvel Observateur , dont il a été directeur de la rédaction de mars 2011 à mars 2014 : Novembre 1997 : Le quotidien « Libération » publie dans son édition du 12 novembre 1997, plusieurs articles sur Le Livre noir… --L’éditorial de Laurent Joffrin intitulé « Mémoire » est sur le fond et la forme caractéristique de sa pensée anticommuniste. « Mémoire : Ce qui frappe, encore et toujours, c'est l'invraisemblable refus de savoir. Le choc du Livre noir ne s'explique pas autrement. Car ce qui est là synthétisé, démontré, établi par les méthodes irréfutables de l'Histoire, avait été, bribe par bribe, chapitre après chapitre, révélé au fur et à mesure que «l'avenir radieux» se matérialisait. Lénine coupable? Les dirigeants de la IIe internationale, dès avant Octobre, avaient théorisé et prévu les crimes des bolcheviks, qu'ils tenaient, avec un solide bon sens, pour des furieux. L'organisation militaire du parti et la prétention de passer d'un seul coup à la société future, disaient-ils, portaient en elles la répression de masse. On ne pouvait mieux dire. L'étendue des massacres? Dès les premiers «retours d'URSS», à l'instar de Souvarine, père de tous les lucides du communisme, le coût humain des agissements tchékistes avait été décrit, sinon comptabilisé. Mais «ils faisaient le jeu de l'ennemi», comme on disait à l'époque. La nature des crimes? Il y a au moins vingt ans qu'on connaît, documents à l'appui, ces ordres terribles de Lénine, de Staline, désignant des catégories entières d'innocents, femmes, enfants et vieillards compris, à la vindicte des bourreaux à l'étoile rouge. Sans parler de Mao... C'est pourquoi il est bon, 80 millions de morts plus tard, que mémoire et histoire, ces deux forces qui s'additionnent si on ne les confond pas, se conjuguent pour édicter un nouveau «plus jamais ça». C'est pourquoi il est bon que se pose, même si la réponse n'est pas simple, la question du crime contre l'humanité, bien que l'incrimination du tribunal du Nuremberg, et pour cause, n'ait pas été créée pour cela. Question à manier avec précaution, tant est proche la trompeuse tentation d'assimiler nazisme et communisme. Mais question tout de même: les massacres de masse ont bien visé des groupes sociaux tout entiers, affectés d'une dangerosité purement virtuelle ou fantasmatique, le tout dans le cadre d'une idéologie totalitaire. Juristes et historiens poursuivront la discussion. Encore fallait-il la rouvrir... Laurent Joffrin » (Libération 12/11/1997)
Edité le 21-08-2016 à 15:33:42 par Xuan |
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