| Attaques et défense du marxisme Les attaques idéologiques, philosophiques et idéologiques contre le marxisme ont évolués depuis longtemps. La période des années 70 à vu notamment des campagnes antimarxistes, antisoviétiques et anticommunistes d’importances : Soljenitsyne en 1974, le Portugal en 1975, Cambodge 1975 et 1978-1979, Plioutch, Bukovski –dissidents- 1976, les “nouveaux philosophes” 1976-1977, les « boat people » en 1978, l’Afghanistan 1979, la Pologne 1980-1981… Tous ces points mériteraient d’être étudiés sérieusement, d’autant plus qu’ils ne sont pas réductibles uniquement à leur aspect anticommuniste. Entendons nous bien, si l’anticommunisme sert à masquer des positions fascisantes (c’est souvent le cas), la critique de cet anticommunisme ne doit pas masquer non plus des problèmes, des questions réelles ou des justifications au reniement du marxisme sous la forme d’une soit-disant rénovation qui n’est finalement que de l’opportunisme. L’offensive idéologique contre le marxisme a aussi visé des organisations et des partis qui n’avaient plus qu’un lien vraiment lointain avec le marxisme ou qui en avaient des références purement formelles. Quand la « nouvelle philosophie » fut lancée en 1976, puis hypermédiatisée en 1977, le pouvoir Giscardien a compris qu’il pouvait se servir des « nouveaux philosophes » contre la gauche qui s’apprêtait à arriver au pouvoir en 1978. C’était d’ailleurs un des aspects direct et immédiat de cette omniprésence médiatique des « nouveaux philosophes » et des nombreuses polémiques qu’ils ont suscités. En septembre 1978, un livre fait un premier bilan intitulé « Faut-il brûler les nouveaux philosophes ? –Le dossier du « procès » établi par Sylvie Bouscasse et Denis Bourgeois –Nouvelle éditions Oswald-. Dans le chapitre intitulé « De gauche ? De droite ? » -pages 125 à 166. Les auteurs indiquent que « La droite n’en croit pas ses yeux. L’Élysée se frotte les mains de l’aubaine. A quelques mois d’une échéance électorale qui promet d’être décisive, voilà qui pourrait bien constituer un précieux renfort d’autant qu’en dépit des sondages, toute la classe politique pressent que l’écart sera faible qui séparera les deux parties. » -page 125- « La sortie en librairie de La Barbarie à visage humain donne à l’Élysée l’occasion de lancer dans ses filets en faisant circuler le bruit selon lequel le président se « serait montré très intéressé » par l’ouvrage de Bernard-Henri Lévy, qui on le rappelle haut et fort, a été le conseiller de François Mitterrand. » -page 126-. A la question les « nouveaux philosophes » sont-ils de droite ? Sont-ils de gauche ? les auteurs répondent « Si la question est posée, avec une telle acuité, c’est parce qu’il s’agit à l’évidence d’une philosophie pétrie de politique. Mais si cette question est restée sans réponse, c’est parce que cette philosophie nouvelle se situe sur un autre terrain. Peut-être celui d’une nouvelle anarchie. » -page 128-. Les « nouveaux philosophes » sont à la fois de droite, de gauche mais ce qui les unis tous ensembles c’est l’anticommunisme, c’est l’antimarxisme. Ils ont pu se donner une image radicale, se présenter comme des opposants à tous les pouvoirs et même flirter avec l’anarchisme. Le 18 septembre 1977, TF1 diffuse en fin de soirée l’émission « Questionnaire » animée par Jean-Louis Servan-Schreiber qui reçoit André Glucksmann pour parler du thème « La philosophie contre le pouvoir » (le texte intégrale de l’émission fut publiée par TF1 sous forme dactylographiée). Dans sa présentation JLSS explique que pour Glucksmann, le goulag avec ses 60 millions de morts, c’est l’application logique du marxisme. A la page 16 de la version dactylographiée, Jean-Louis Servan-Schreiber au cours de la discussion aborde le sujet du pouvoir. Pour notre « nouveau philosophe » A. Glucksmann : « prendre l’Etat, c’est toujours le fait d’une petite élite, d’une petite poignée de gens. Les marxistes disent : « Il y a une petite poignée de capitalistes et on va la remplacer par nous. Nous, les représentants du peuple » Mais qui sont les représentants du peuple ? Le comité directeur du parti machin et le comité central du parti chose. Cette idée de prendre l’Etat c’est une idée de continuer à priver les gens, ceux qui ne sont pas l’Etat –les simples gens, ceux qui ne sont pas des dirigeants- de leur initiative. C’est les appeler à déléguer leurs pouvoirs, à déléguer leurs initiatives, à déléguer leurs espoirs. Demain, on rasera gratis parce qu’on sera l’Etat. ». Quelle riposte ? La question de la prise en compte des attaques contre le marxisme est très justement relevé dans un article de Pour Le Socialisme n°2 -du 21 au 27 mai 1980- : « Pour la défense du marxisme » : « Qu'importe, diront certains, si quelques intellectuels, après s'être égarés dans la phrase révolutionnaire et l'exaltation pour les mouvements de libération nationale ou la révolution culturelle chinoise, retournent au bercail, n'en va-t-il pas ainsi avec ces êtres instables, ces compagnons de route, qui, périodiquement, renient leur engagement précaire ? L'essentiel n'est-t-il pas ailleurs, dans l'effort à engager pour que le prolétariat mène avec force sa lutte contre la bourgeoisie ? Un tel point de vue n'est pas réaliste, pour la raison suivante que l'essor du mouvement révolutionnaire ne peut être dissocié d'une avancée idéologique et d'une participation active à la lutte d'idées, qui parcourt la société toute entière. S'il ne borne pas ses intentions à devenir seulement un groupe de pression, dans les limites de la société capitaliste, mais s'il se présente comme porteur d'une société alternative, le mouvement ouvrier ne peut se désintéresser de la bataille d'idées, il ne peut prendre son parti du surgissement, sous les habits du nouveau, de conceptions, de théories, de systèmes d'explication qui remodèlent l'idéologie dominante, exercent une influence allant bien au-delà des couches exploiteuses, mais concernent de larges couches de la jeunesse scolarisée, des intellectuels, mais aussi des syndicalistes et des militants d'associations et de mouvements divers. Or, en nous bornant ici à une présentation plus que schématique, comment se présente dans ses grands traits, cette remise en cause du marxisme, par une intelligentsia qui fait grand bruit, parfois frauduleusement d'ailleurs, de son passé militant et de ses rêves perdus ? Elle se présente sous la forme du désenchantement, de la découverte et du refus. Désenchantement par rapport au cours, sinueux certes, des systèmes socialistes, désenchantement (et adieux) vis à vis du prolétariat. Découverte du «goulag» devenu l'horizon indépassable de toute pensée politique aujourd'hui. Refus d'un système cohérent d'explication du réel, jugé mystificateur et porteur du projet totalitaire. En fait, on assiste à la substitution d'un jugement philosophique à une analyse opératoire de réalités historiques et concrètes. C'est bien pour cela que ce qu'on appelle la «nouvelle philosophie» a connu la vogue que l'on sait, même si sa stérilité commence aujourd'hui à apparaître, et si l'on découvre peu à peu, dans toute l'argumentation élaborée avec artifice, l'extrême simplicité du raisonnement, réduit à la réhabilitation du libéralisme. Mais, dans le même temps, et de divers côtés, la réinterprétation de l'histoire, comme dans l'évaluation des découvertes scientifiques, on assiste à une série de tentatives qui visent à présenter le réel comme un ensemble disparate et discontinu de processus, obéissant chacun à sa logique propre, on assiste à un morcellement et à un éclatement de l'objet même de la connaissance. Tout système cohérent d'explication de la réalité est récusé en tant que système, tout sens est dénié à l'histoire. (…) Les communistes ne sauraient subir, sans réagir, cet assaut idéologique de grande envergure. Il y va de leur capacité à construire une nouvelle hégémonie. Pour cela, ils doivent à la fois, démontrer, à la lumière du marxisme, les procès qui sont faits — et avec quelle désinvolture aujourd'hui — à leur doctrine, et s'efforcer de l'enrichir, de la refonder, là où elle a été insuffisamment développée ou dénaturée par l'économisme et le révisionnisme. Ils doivent aussi associer, à cette tâche, tous ceux, qui, même pour partie, se sentent concernés par la défense et l'enrichissement du marxisme et qui ne baissent pas la tête dès que, l'idéologie de la guerre froide à la bouche, on essaie de les faire taire. » |
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