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![]() BRICS : de l’avantage de se presser lentement 15 AOÛT 2023 https://histoireetsociete.com/2023/08/15/brics-de-lavantage-de-se-presser-lentement/ BRICS : De l’avantage de se presser lentement Mme Naledi Pandor, ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud Nous ne pouvons que vous conseiller la fréquentation de ce blog, Pierre Lorrain sait de quoi il parle et il le fait avec prudence et lucidité, ce qui n’est pas facile à trouver en France aujourd’hui. Je vous recommande en particulier un autre article concernant le danger de sous-estimer la Russie. Ce qui est clair c”est la modération de ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre pour ce nouvel ordre international, leur refus d’être “contre” ou pour, simplement une manière de construire une relation de coopération entre pays “émergents” qui non seulement représentent les premières économies mondiales mais sur des bases de la production. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société ![]() Ce que vous ne lirez pas ailleurs 8 août 2023 Le groupe BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – a indiscutablement le vent en poupe. Ces pays, dits « émergents », bénéficient d’une industrialisation rapide et d’une croissance économique soutenue qui les tirent vers le haut des classements internationaux. En tout cas, leur ascension est spectaculaire selon le critère de la parité de pouvoir d’achat[1] (PPA ou PPP en anglais : purchasing power parity) qui permet de mettre l’accent sur la production plus que sur la finance. Ainsi, le 1er juillet dernier, la Banque mondiale a rendu public son classement annuel des pays du monde en fonction de leur PIB exprimé en PPA. La Chine, l’Inde et la Russie y occupent respectivement la première, la troisième et la cinquième place. Les États-Unis et le Japon sont deuxième et quatrième. Quant au premier pays européen, l’Allemagne, il n’arrive qu’en sixième position. La France (9e) et le Royaume-Uni (10e) sont devancés par l’Indonésie et le Brésil (7e et 8e) et talonnés par la Turquie (11e). Évidemment, les défenseurs de l’Occident poussent des cris d’orfraie en arguant que le seul classement qui compte est celui du PIB exprimé en USD, toujours dominé par les États-Unis, où le Japon est troisième et l’Allemagne quatrième. Mais même ainsi, la Chine est deuxième, l’Inde cinquième et la Russie huitième. De plus, pour les pays européens censés occuper le haut du tableau, que veut bien vouloir dire un produit intérieur brut dominé par la finance et les services alors que la production (industrie et agriculture) est à l’abandon et que les efforts de réindustrialisation ne donnent que des résultats bien médiocres ? En 2023, le FMI prévoit que, en dépit des sanctions, la croissance russe sera supérieure à celle de la zone euro (où l’économie allemande est entrée en récession, certes légère, au premier trimestre 2023). Malgré cela, nombre de spécialistes européens et états-uniens soutiennent encore que le modèle occidental est indépassable et refusent de voir qu’il y a une différence essentielle entre une usine de Shanghai (ou de Calcutta, ou de Nijni Taguil) qui double sa production de biens commercialisés et un avocat de Paris (ou de Londres, ou de Francfort) qui double le montant de ses honoraires, même si le bilan de l’une comme de l’autre compte pareillement dans le calcul du PIB. Dans ce contexte, il est clair que le groupe des BRICS représente une force économique sur laquelle il va falloir compter de plus en plus. Lors d’une conférence de presse, le 7 août, Mme Naledi Pandor, ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud, a déclaré que les dirigeants de 23 pays avaient manifesté officiellement leur intérêt pour rejoindre les BRICS et que leur candidature serait examinée lors du prochain sommet du groupe qui se tiendra à Johannesburg du 22 au 24 août prochains. Ces pays sont : l’Algérie, l’Argentine, le Bangladesh, Bahreïn, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Égypte, l’Éthiopie, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Maroc, le Nigeria, la Palestine, l’Arabie saoudite, le Sénégal, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Venezuela et le Vietnam. Cette situation favorable aux BRICS semble renforcée par le récent succès du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, avec la participation de délégations de 49 pays africains sur 54 malgré les pressions occidentales sur les gouvernements concernés. Elle ne manque pas de créer une certaine euphorie de nombreuses forces politiques dans le monde, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, qui n’attendent que la fin de la domination de l’Occident « collectif » si prompt à donner des leçons, dégainer des sanctions et intervenir où bon lui semble en invoquant un « ordre fondé sur des règles » à géométrie variable et en se parant de toutes les vertus du « camp du bien ». Pour de très nombreux pays du monde, la constitution d’un puissant ensemble politique, diplomatique et économique autour des BRICS laisse envisager la fin de la suprématie occidentale et la dédollarisation de l’économie mondiale grâce notamment à la création d’une monnaie adossée à l’or. La volonté de revanche est si grande et la situation mondiale semble évoluer tellement vite que de nombreux milieux considèrent que demain, au plus tard après-demain, de nouvelles règles du jeu seront mises en place et les pays occidentaux laissés sur le bas-côté de l’histoire. Mise en garde contre le risque de désillusion Le risque est, évidemment, d’un décrochage rapide entre la démesure des espoirs et la réalité des potentialités. Les responsables de la diplomatie des cinq pays des BRICS sont bien conscients de la possibilité que l’excès d’attentes de succès rapides ne se transforme en déception et démoralisation si des résultats éclatants n’interviennent pas rapidement. Or, en matière internationale, les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain et des phases de progression rapide peuvent s’accompagner d’échecs ou de reculs aussi soudains qu’inattendus. C’est sans doute pour calmer un peu les ardeurs partisanes, que Mme Pandor, lors de sa conférence de presse, a déclaré que le sommet de Johannesburg n’était pas destiné à construire un bloc « anti-Ouest ». Pour elle, l’Afrique du sud n’a pas l’intention de faire partie d’une organisation qui serait « anti ceci ou pro-cela (…) Nous n’avons pas l’intention d’être les ennemis de quiconque[2] ». En d’autres termes, la prudence est de mise, même si le président iranien Ebrahim Raïssi est invité, ainsi que 68 autres chefs d’État de pays d’« Afrique et du Sud global » à l’exclusion des dirigeants occidentaux, y compris le président Emmanuel Macron qui avait manifesté l’intention de participer. Quelques jours plus tôt, le 3 août, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’était efforcé de dissiper quelques malentendus sur la réunion à venir[3]. D’abord, il a indiqué qu’il existe des divergences entre les membres des BRICS sur l’adhésion de nouveaux États. Pour lui, même si la Russie estime que « sous une forme ou une autre, l’expansion des BRICS contribuera au développement et au renforcement de cette organisation », le Kremlin ne compte pas exposer publiquement sa position à ce sujet avant le début du sommet de Johannesburg. Plus intéressant encore, Dmitri Peskov a précisé qu’« une monnaie commune ne serait pas introduite dans les BRICS » dans un avenir proche : « De nombreux pays, a-t-il expliqué, tendent vers l’utilisation des monnaies nationales dans les règlements mutuels. Certes, des discussions d’experts sont également en cours sur la possibilité, la faisabilité et la viabilité des plans visant à introduire une monnaie commune [mais] il est clair que [le processus] sera étiré dans le temps et cela peut difficilement être mis en œuvre dans un avenir proche ». Il commentait ainsi la proposition du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva de réfléchir à la création de monnaies communes des BRICS et du Mercosur (le marché commun d’Amérique du Sud) pour les règlements mutuels. En revanche, le porte-parole du Kremlin a réaffirmé que le processus de dédollarisation de l’économie mondiale se poursuivait « sans relâche » : « L’utilisation des monnaies nationales est déjà devenue la réalité maintenant, une réalité grandissante à l’échelle mondiale. Non seulement les pays confrontés à des sanctions, mais aussi ceux qui n’y sont pas confrontés ont recours à cette pratique [car] ils comprennent les avantages de ce régime », a-t-il noté. Mme Pandor comme M. Peskov se sont bornés à mettre en évidence des réalités qui semblent échapper à ceux, nombreux, qui voudraient que les étapes soient brûlées de manière à provoquer le plus vite la défaite de l’Occident collectif. En effet, les BRICS sont divisés entre ceux qui veulent saisir le moment historique en élargissant le bloc autant que possible tout de suite et ceux qui estiment qu’un rythme plus lent serait en meilleure adéquation avec leurs intérêts communs. Il semble bien que la Russie opte pour cette deuxième approche. L’une des conséquences d’un élargissement trop rapide du groupe serait de rendre encore plus difficile la mise en place d’une monnaie commune. Aujourd’hui, les différences naturelles entre les cinq membres actuels rendent improbable qu’ils acceptent tous de céder rapidement une partie de leur souveraineté économique en promouvant une nouvelle monnaie au détriment de leurs monnaies nationales respectives. Qu’en serait-il avec des nouveaux membres ? En conclusion, on peut dire que l’un des effets principaux des déclarations du porte-parole du Kremlin a été de refroidir quelque peu les attentes de ceux qui voyaient les BRICS comme une organisation constituée, en guerre contre l’« Occident collectif ». La diversité des intérêts économiques et géopolitiques des cinq pays et leurs interactions entre eux, avec les pays occidentaux et avec les autres pays de la planète ne laissent certainement pas augurer des progrès rapides dans la mise en place d’un nouvel ordre mondial, mais il est indéniable que le monde unipolaire – tel qu’on le connaît depuis trente ans – vit actuellement ses derniers instants. En filigrane, M. Peskov nous dit également que l’on attendait trop du prochain sommet des BRICS. Le résultat sera beaucoup plus modeste que certaines déclarations dithyrambiques de la presse alternative ne le laissent supposer. En diminuant les attentes, on réduit également le risque de déception et les commentaires inévitables du genre « la montagne a accouché d’une souris ». Quant à la possibilité d’avoir de bonnes surprises, elle n’est pas exclue… [1] Selon l’Insee, la parité de pouvoir d’achat est un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et de services. Ce taux de conversion peut être différent du « taux de change ». En effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur. [2] News24, 7 août 2023, « BRICS summit: Naledi Pandor clarifies Iran’s possible attendance ». [3] TASS, 3 août 2023, « Песков заявил, что Россия не будет объявлять позицию по принятию новых стран в БРИКС ». |
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![]() Macron veut une invitation au sommet des BRICS ? L'idée est audacieuse et innovante GT éditorial - 14 juin 2023 https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292607.shtml Selon les médias français, le président français Emmanuel Macron a demandé au président sud-africain Cyril Ramaphosa une invitation au sommet des BRICS prévu en août. Cette nouvelle n'a pas encore été confirmée par l'Élysée, et le porte-parole du président sud-africain a affirmé ne pas être au courant de la demande de M. Macron. Moscou a demandé à Paris de s'expliquer : Veut-on rétablir un contact pour montrer l'activité de Paris ou s'agit-il d'une sorte de cheval de Troie ? Cette nouvelle a suscité beaucoup d'attention, mais les attitudes varient d'une partie à l'autre. Les médias français ont déclaré que "c'est un peu fou et sans précédent". Quoi qu'il en soit, compte tenu du paysage international actuel, il s'agit effectivement d'une idée audacieuse et novatrice. Considérer cette idée comme audacieuse ou même "folle" a été la première réaction de nombreuses personnes lorsqu'elles ont entendu la nouvelle. Il vaut la peine d'approfondir la question pour savoir pourquoi il en est ainsi. Cela indique que les gens ont inconsciemment considéré la division entre le Nord et le Sud, et la division entre l'Est et l'Ouest, comme un état normal, à tel point que même une pensée qui pourrait briser ces normes et ces schémas mentaux semble tout à fait frappante. Cependant, d'un autre côté, cette idée semble raisonnable. La France est un grand pays européen qui a pris conscience très tôt des changements historiques qui se produisent dans le paysage mondial. Macron lui-même a fait des déclarations surprenantes à plusieurs reprises, démontrant un certain niveau d'autonomie par rapport à Washington. Ces facteurs donnent l'impression qu'il ne serait pas particulièrement étrange que Macron assiste au sommet des BRICS. Le fait que de telles nouvelles émergent en France et non dans d'autres pays en dit long. Les pays membres des BRICS sont tous des économies émergentes qui représentent les intérêts des pays en développement au sein de la communauté internationale. En tant que pays développé, est-il possible que la France participe au sommet des BRICS ? Quel type de réaction chimique cela engendrerait-il si la France y participait ? Abstraction faite d'autres facteurs spécifiques et complexes, dans le contexte de la division croissante entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest, et de l'intensification des confrontations entre camps, il est nécessaire que quelqu'un transcende les barrières idéologiques et géopolitiques, et se libère des contraintes mentales et conceptuelles. Cela pourrait avoir des effets positifs inattendus. Macron a souligné que l'Europe devait poursuivre son "autonomie stratégique", et la France a également une tradition de diplomatie indépendante. Si la France peut réellement servir de pont entre les différents camps dans les divisions et les scissions du monde, elle fera sans aucun doute ressortir son statut international et créera des réalisations historiques. Il est clair que Macron a de telles ambitions et qu'il fait de telles tentatives et de tels efforts. Nous apprécions et respectons cela, et sommes prêts à comprendre avec bonne volonté la publication par la France d'informations sur le désir de Macron de participer au sommet des BRICS. Toutefois, pour être franc, les préoccupations de Moscou ne sont pas superflues. La France devrait également être consciente de la profondeur du fossé qui sépare les pays occidentaux et non occidentaux, et de la faiblesse de la confiance mutuelle. L'éclatement du conflit entre la Russie et l'Ukraine, ainsi que l'endiguement et la répression de la Chine par les États-Unis, ont créé une pression de plus en plus forte pour obliger les pays à "prendre parti". Il est très difficile pour la France de progresser vers une véritable autonomie stratégique et une diplomatie indépendante. Après la visite de M. Macron en Chine en avril, il a exhorté l'Europe à développer une plus grande autonomie stratégique, ce qui a provoqué une controverse semblable à un tsunami en Europe et aux États-Unis. Quelques mots ayant conduit à une telle situation, il est prévisible que la résistance rencontrée sera assez importante si des actions sont entreprises. Il est inévitable que les gens aient des doutes sur la mesure dans laquelle la France peut agir selon sa propre volonté, ou si elle doit encore se conformer aux fortes opinions de Washington. Les pays du BRICS doivent examiner cette nouvelle concernant la demande de M. Macron de manière exhaustive et attentive. Une chose est sûre : Cette affaire a démontré l'énorme influence du mécanisme de coopération des BRICS. Les "BRICS+" adhèrent au principe du multilatéralisme, attirant des dizaines d'économies émergentes et de pays en développement pour participer au processus de coopération, ce qui coïncide avec le nouveau multilatéralisme soutenu par la France et l'Europe. Les "BRICS+" peuvent-ils s'ouvrir à des pays développés comme la France, sur la base de son énorme influence dans les pays en développement ? C'est une question intéressante, et l'organisation des BRICS pourrait tout aussi bien y réfléchir sérieusement à la lumière de cette nouvelle. Toutefois, elle doit être pragmatique, et non formaliste, et ne pas laisser la poursuite de cette forme affecter la coopération pragmatique du mécanisme des BRICS lui-même. Différent d'un petit cercle comme le Groupe des Sept (G7), le mécanisme des BRICS existe en tant que plateforme émergente pour la gouvernance mondiale. Il adhère à l'ouverture, à l'inclusivité, à la coopération et aux résultats gagnant-gagnant, et forge un partenariat de développement mondial uni, égal, équilibré et inclusif. Tant qu'ils font preuve d'égalité et de bonne volonté, et qu'ils souhaitent sincèrement promouvoir la coopération et le développement, les pays BRICS accueillent davantage d'entités pour participer à la coopération mondiale au développement, y compris non seulement la France, mais aussi les États-Unis. |
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![]() Brics contre G7 : décryptage d'un bras de fer géopolitique Le sommet des sept principales puissances s’ouvre ce 19 mai, à Hiroshima (Japon). Ce G7 se déroule dans un contexte de crise multidimensionnelle et de concurrence liée à la montée en puissance des pays émergents et du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). C’est une statistique comme le monde en est truffé mais qui a constitué un petit séisme parmi les observateurs des grands équilibres mondiaux. Début avril, la part du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dans le PIB mondial équivalait à 31,5%, contre 30,7 % pour les grands du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni). Faut-il y voir l’amorce d’une nouvelle dynamique qui bouleverse la donne sur le plan international à la faveur d’un taux de croissance économique annuel plus favorable aux émergents ? ... Une vision alternative à l'ordre du monde Au G7 la Chine est la cible de toutes les récriminations Pourquoi les Brics veulent se libérer du joug du dollar |