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Xuan
par Robert Kissous

Déclaration des BRICS à Johannesburg



La déclaration commune a été adoptée lors du 15e sommet du bloc économique en Afrique du Sud, le 23 août 2023.

XVe Sommet des BRICS
Déclaration de Johannesburg II

Les BRICS et l'Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif
Sandton, Gauteng, Afrique du Sud Mercredi 23 août 2023

Préambule

1. Nous, les dirigeants de la République fédérative du Brésil, de la Fédération de Russie, de la République de l'Inde, de la République populaire de Chine et de la République d'Afrique du Sud, nous sommes réunis à Sandton, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023, pour le XVe Sommet des BRICS qui s'est tenu sur le thème : "Les BRICS et l'Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif" .

2. Nous réaffirmons notre attachement à l'esprit des BRICS, à savoir le respect et la compréhension mutuels, l'égalité souveraine, la solidarité, la démocratie, l'ouverture, l'inclusion, le renforcement de la collaboration et le consensus. Dans le prolongement des 15 années de sommets des BRICS, nous nous engageons à renforcer le cadre de la coopération mutuellement bénéfique des BRICS dans les trois piliers que sont la politique et la sécurité, l'économie et les finances, la culture et la coopération entre les peuples, et à renforcer notre partenariat stratégique dans l'intérêt de nos peuples en promouvant la paix, un ordre international plus représentatif et plus équitable, un système multilatéral revigoré et réformé, le développement durable et la croissance inclusive.

Partenariat pour un multilatéralisme inclusif

3. Nous réaffirmons notre engagement en faveur d'un multilatéralisme inclusif et du respect du droit international, y compris les objectifs et les principes consacrés par la Charte des Nations unies, qui en est la pierre angulaire indispensable, ainsi que le rôle central des Nations unies dans un système international au sein duquel les États souverains coopèrent pour maintenir la paix et la sécurité, faire progresser le développement durable, assurer la promotion et la protection de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, et promouvoir une coopération fondée sur l'esprit de solidarité, le respect mutuel, la justice et l'égalité.

4. Nous nous déclarons préoccupés par le recours à des mesures coercitives unilatérales, qui sont incompatibles avec les principes de la Charte des Nations unies et produisent des effets négatifs, notamment dans les pays en développement. Nous réaffirmons notre volonté de renforcer et d'améliorer la gouvernance mondiale en promouvant un système international et multilatéral plus souple, efficace, efficient, représentatif, démocratique et responsable.

5. Nous appelons à une plus grande représentation des marchés émergents et des pays en développement dans les organisations internationales et les forums multilatéraux dans lesquels ils jouent un rôle important. Nous appelons également à accroître le rôle et la part des femmes des EMDC à différents niveaux de responsabilité dans les organisations internationales.

6. Nous réaffirmons la nécessité pour tous les pays de coopérer à la promotion et à la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales selon les principes de l'égalité et du respect mutuel. Nous convenons de continuer à traiter tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement, de manière juste et équitable, sur un pied d'égalité et en leur accordant la même importance. Nous convenons de renforcer la coopération sur les questions d'intérêt commun, tant au sein des BRICS que dans les enceintes multilatérales, y compris l'Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l'homme, en tenant compte de la nécessité de promouvoir, de protéger et de réaliser les droits de l'homme d'une manière non sélective, non politisée et constructive et sans faire deux poids deux mesures. Nous appelons au respect de la démocratie et des droits de l'homme. À cet égard, nous soulignons qu'ils devraient être mis en œuvre au niveau de la gouvernance mondiale ainsi qu'au niveau national. Nous réaffirmons notre engagement à assurer la promotion et la protection de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, dans le but de construire un avenir commun plus radieux pour la communauté internationale, sur la base d'une coopération mutuellement bénéfique.

7. Nous sommes favorables à une réforme globale des Nations unies, y compris de son Conseil de sécurité, en vue de les rendre plus démocratiques, plus représentatives, plus efficaces et plus efficientes, et d'accroître la représentation des pays en développement au sein du Conseil afin que celui-ci puisse répondre de manière adéquate aux défis mondiaux actuels et soutenir les aspirations légitimes des pays émergents et en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, y compris le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud, à jouer un rôle plus important dans les affaires internationales, en particulier au sein des Nations unies, y compris de son Conseil de sécurité.

8. Nous réaffirmons notre soutien au système commercial multilatéral ouvert, transparent, juste, prévisible, inclusif, équitable, non discriminatoire et fondé sur des règles, au cœur duquel se trouve l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec un traitement spécial et différencié (TSD) pour les pays en développement, y compris les pays les moins avancés. Nous soulignons notre volonté d'œuvrer à l'obtention de résultats positifs et significatifs sur les questions abordées lors de la treizième conférence ministérielle (MC13). Nous nous engageons à participer de manière constructive à la poursuite de la réforme nécessaire de l'OMC en vue de présenter des résultats concrets à la treizième conférence ministérielle. Nous demandons le rétablissement d'un système de règlement des différends de l'OMC contraignant à deux niveaux, pleinement et fonctionnant correctement, accessible à tous les membres d'ici 2024, et la sélection de nouveaux membres de l'Organe d'appel sans plus attendre.

9. Nous soulignons la nécessité de progresser vers la mise en place d'un système de commerce agricole équitable et axé sur le marché, d'éliminer la faim, d'assurer la sécurité alimentaire et d'améliorer la nutrition, de promouvoir une agriculture et des systèmes alimentaires durables et de mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes. Nous soulignons la nécessité de mener à bien la réforme de l'agriculture conformément au mandat énoncé à l'article 20 de l'Accord sur l'agriculture, tout en reconnaissant l'importance de respecter les mandats relatifs à une solution permanente sur le stockage public à des fins de sécurité alimentaire et au mécanisme de sauvegarde spéciale pour les pays en développement, y compris les PMA, dans leurs contextes de négociation respectifs. Les membres du BRICS sont également préoccupés par les mesures de restriction du commerce qui sont incompatibles avec les règles de l'OMC, y compris les mesures unilatérales illégales telles que les sanctions, qui affectent le commerce agricole.

10. Nous sommes favorables à un filet de sécurité financier mondial solide, avec en son centre un Fonds monétaire international (FMI) fondé sur des quotes-parts et doté de ressources suffisantes. Nous appelons à la conclusion de la 16e révision générale des quotes-parts du Fonds monétaire international (FMI) avant le 15 décembre 2023. Cette révision devrait rétablir le rôle principal des quotes-parts au sein du FMI. Tout ajustement des quotes-parts devrait se traduire par une augmentation des quotes-parts des marchés émergents et des économies en développement (EMDC), tout en protégeant la voix et la représentation des membres les plus pauvres. Nous appelons à une réforme des institutions de Bretton Woods, y compris à un rôle plus important pour les marchés émergents et les pays en développement, y compris aux postes de direction des institutions de Bretton Woods, qui reflète le rôle des EMDC dans l'économie mondiale.

Favoriser un environnement de paix et de développement
11. Nous nous félicitons de la déclaration conjointe des ministres des affaires étrangères et des relations internationales des BRICS, qui se sont réunis le 1er juin 2023, et nous prenons acte de la 13e réunion des conseillers et hauts représentants des BRICS en matière de sécurité nationale, qui s'est tenue le 25 juillet 2023.

12. Nous sommes préoccupés par les conflits en cours dans de nombreuses régions du monde. Nous soulignons notre attachement au règlement pacifique des différences et des différends par le dialogue et des consultations ouvertes à tous, de manière coordonnée et coopérative, et nous soutenons tous les efforts propices au règlement pacifique des crises.

13. Nous reconnaissons l'importance d'une participation accrue des femmes aux processus de paix, notamment à la prévention et au règlement des conflits, au maintien de la paix, à la consolidation de la paix, à la reconstruction et au développement après un conflit, ainsi qu'au maintien de la paix.

14. Nous soulignons notre attachement au multilatéralisme et au rôle central des Nations Unies, qui sont des conditions préalables au maintien de la paix et de la sécurité. Nous demandons à la communauté internationale d'aider les pays à collaborer en vue d'une reprise économique postpandémique. Nous soulignons qu'il importe de contribuer à la reconstruction et au développement des pays sortant d'un conflit et nous demandons à la communauté internationale d'aider les pays à atteindre leurs objectifs de développement. Nous soulignons qu'il est impératif de s'abstenir de toute mesure coercitive qui ne serait pas fondée sur le droit international et la Charte des Nations Unies.

15. Nous réaffirmons la nécessité de respecter pleinement le droit international humanitaire dans les situations de conflit et de fournir une aide humanitaire conformément aux principes fondamentaux d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance énoncés dans la résolution 46/182 de l'Assemblée générale des Nations Unies.
16. Nous saluons les efforts collectifs continus des Nations unies, de l'Union africaine et des organisations sous-régionales, y compris en particulier la coopération entre le Conseil de sécurité des Nations unies et le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, pour relever les défis régionaux, notamment le maintien de la paix et de la sécurité, la promotion de la consolidation de la paix, la reconstruction et le développement après un conflit, et nous demandons à la communauté internationale de continuer à soutenir ces efforts en utilisant des moyens diplomatiques tels que le dialogue, les négociations, les consultations, la médiation et les bons offices, pour résoudre les différends et les conflits internationaux, en les réglant sur la base du respect mutuel, du compromis et de l'équilibre entre les intérêts légitimes. Nous réaffirmons que le principe "solutions africaines aux problèmes africains" doit continuer à servir de base à la résolution des conflits. À cet égard, nous soutenons les efforts de paix africains sur le continent en renforçant les capacités pertinentes des États africains. Nous sommes préoccupés par l'aggravation de la violence au Soudan. Nous demandons instamment la cessation immédiate des hostilités et appelons au libre accès de la population soudanaise à l'aide humanitaire. Nous restons préoccupés par la situation dans la région du Sahel, en particulier dans la République du Niger. Nous soutenons la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale de la Libye. Nous réaffirmons notre soutien à un processus politique "dirigé et contrôlé par les Libyens", dont la médiation sous l'égide des Nations unies serait le principal vecteur. Nous soulignons la nécessité de parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies et dans le respect du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

17. Nous nous félicitons de l'évolution positive de la situation au Moyen-Orient et des efforts déployés par les pays du BRICS pour soutenir le développement, la sécurité et la stabilité dans la région. À cet égard, nous approuvons la déclaration conjointe des vice-ministres des affaires étrangères et des envoyés spéciaux des BRICS pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord lors de leur réunion du 26 avril 2023. Nous nous félicitons du rétablissement des relations diplomatiques entre le Royaume d'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran et soulignons que la désescalade des tensions et la gestion des différends par le dialogue et la diplomatie sont essentielles à la coexistence pacifique dans cette région du monde qui revêt une importance stratégique. Nous réaffirmons notre soutien à la souveraineté, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale du Yémen et saluons le rôle positif joué par toutes les parties concernées dans l'instauration d'un cessez-le-feu et la recherche d'une solution politique pour mettre fin au conflit. Nous appelons toutes les parties à s'engager dans des négociations directes ouvertes à tous et à soutenir la fourniture d'une aide humanitaire, de secours et de développement au peuple yéménite. Nous soutenons tous les efforts visant à trouver une solution politique et négociée qui respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie et à promouvoir un règlement durable de la crise syrienne. Nous nous félicitons de la réadmission de la République arabe syrienne au sein de la Ligue des États arabes. Nous exprimons notre profonde préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse qui règne dans les territoires palestiniens occupés en raison de l'escalade de la violence liée à la poursuite de l'occupation israélienne et à l'expansion des colonies de peuplement illégales. Nous appelons la communauté internationale à soutenir des négociations directes fondées sur le droit international, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous nous félicitons des résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies, ainsi que de l'initiative de paix arabe, en vue d'une solution à deux États conduisant à la création d'un État de Palestine souverain, indépendant et viable. Nous saluons le travail considérable accompli par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelons la communauté internationale à soutenir davantage les activités de l'UNRWA visant à améliorer la situation humanitaire du peuple palestinien.

18. Nous sommes vivement préoccupés par la détérioration continue de la sécurité et de la situation humanitaire, politique et économique en Haïti. Nous estimons que la crise actuelle exige une solution pilotée par les Haïtiens, qui englobe le dialogue national et la recherche d'un consensus entre les forces politiques locales, les institutions et la société. Nous appelons la communauté internationale à soutenir les efforts déployés par Haïti pour démanteler les gangs, améliorer la situation en matière de sécurité et jeter les bases d'un développement social et économique durable dans le pays.

19. Nous rappelons nos positions nationales concernant le conflit en Ukraine et dans les environs, telles qu'elles ont été exprimées dans les enceintes appropriées, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies et l'Assemblée générale des Nations unies. Nous prenons note avec satisfaction des propositions pertinentes de médiation et de bons offices visant à résoudre pacifiquement le conflit par le dialogue et la diplomatie, y compris la Mission des dirigeants africains pour la paix et la voie proposée pour la paix.

20. Nous appelons au renforcement du désarmement et de la non-prolifération, notamment de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (BTWC) et de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CWC), en reconnaissant son rôle dans la sauvegarde et la préservation de leur intégrité et de leur efficacité pour le maintien de la stabilité mondiale et de la paix et de la sécurité internationales. Nous soulignons la nécessité de respecter et de renforcer la BTWC, notamment en adoptant un protocole juridiquement contraignant à la convention qui prévoit, entre autres, un mécanisme de vérification efficace. Nous réaffirmons notre soutien à la viabilité à long terme des activités spatiales et à la prévention d'une course aux armements dans l'espace (PAROS) et de son arsenalisation, notamment par le biais de négociations visant à adopter un instrument multilatéral pertinent juridiquement contraignant. Nous reconnaissons la valeur du projet de traité actualisé sur la prévention du placement d'armes dans l'espace, de la menace ou de l'emploi de la force contre des objets spatiaux (PPWT) soumis à la Conférence du désarmement en 2014. Nous soulignons que des engagements pratiques et non contraignants, tels que les mesures de transparence et de confiance (TCBM), peuvent également contribuer à la prévention d'une course aux armements dans l'espace.

21. Nous réaffirmons la nécessité de résoudre la question nucléaire iranienne par des moyens pacifiques et diplomatiques, conformément au droit international, et soulignons l'importance de préserver le JCPOA et la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies pour la non-prolifération internationale ainsi que pour la paix et la stabilité au sens large, et nous espérons que les parties concernées rétabliront rapidement la mise en œuvre intégrale et effective du JCPOA.

22. Nous condamnons fermement le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels que soient le moment, le lieu et l'auteur. Nous sommes conscients de la menace que représentent le terrorisme, l'extrémisme propice au terrorisme et la radicalisation. Nous sommes déterminés à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, y compris les mouvements transfrontières de terroristes, les réseaux de financement du terrorisme et les refuges. Nous réaffirmons que le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. Nous réaffirmons notre volonté inébranlable de contribuer davantage aux efforts déployés au niveau mondial pour prévenir et contrer la menace du terrorisme, sur la base du respect du droit international, en particulier de la Charte des Nations unies, et des droits de l'homme, en soulignant que c'est aux États qu'il incombe au premier chef de lutter contre le terrorisme, les Nations unies continuant à jouer un rôle central et de coordination dans ce domaine. Nous soulignons également la nécessité d'une approche globale et équilibrée de l'ensemble de la communauté internationale pour lutter efficacement contre les activités terroristes, qui constituent une grave menace, y compris dans le contexte actuel de pandémie. Nous rejetons la politique de deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme qui le favorise. Nous appelons à la finalisation et à l'adoption rapides de la Convention générale sur le terrorisme international dans le cadre des Nations unies et au lancement de négociations multilatérales sur une convention internationale pour la répression des actes de terrorisme chimique et biologique, lors de la Conférence du désarmement. Nous saluons les activités du groupe de travail des BRICS sur la lutte contre le terrorisme et de ses cinq sous-groupes, qui s'appuient sur la stratégie des BRICS en matière de lutte contre le terrorisme et sur le plan d'action des BRICS pour la lutte contre le terrorisme. Nous nous réjouissons à la perspective d'approfondir encore la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.

23. Tout en soulignant le formidable potentiel des technologies de l'information et de la communication (TIC) pour la croissance et le développement, nous reconnaissons les possibilités existantes et nouvelles qu'elles offrent en matière d'activités criminelles et de menaces, et nous nous inquiétons de l'ampleur et de la complexité croissantes de l'utilisation abusive des TIC à des fins criminelles. Nous nous félicitons des efforts actuellement déployés par le comité ad hoc pour élaborer une convention internationale globale sur la lutte contre l'utilisation des TIC à des fins criminelles et réaffirmons notre volonté de coopérer à la mise en œuvre du mandat adopté par la résolution 75/282 de l'Assemblée générale des Nations unies en temps voulu.

24. Nous réaffirmons notre engagement à promouvoir un environnement ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique en matière de TIC, et soulignons qu'il importe de renforcer la compréhension commune et d'intensifier la coopération dans l'utilisation des TIC et de l'Internet. Nous soutenons le rôle moteur des Nations unies dans la promotion d'un dialogue constructif sur la sécurité des TIC, notamment au sein du groupe de travail à composition non limitée des Nations unies sur la sécurité des TIC et de leur utilisation (2021-2025), et dans l'élaboration d'un cadre juridique universel dans ce domaine. Nous appelons à une approche globale, équilibrée et objective du développement et de la sécurité des produits et systèmes TIC. Nous soulignons l'importance d'établir des cadres juridiques de coopération entre les pays du BRICS pour garantir la sécurité dans l'utilisation des TIC. Nous reconnaissons également la nécessité de faire progresser la coopération pratique au sein des BRICS par la mise en œuvre de la feuille de route des BRICS sur la coopération pratique pour assurer la sécurité dans l'utilisation des TIC et les activités du groupe de travail des BRICS sur la sécurité dans l'utilisation des TIC.

25. Nous réaffirmons notre engagement à renforcer la coopération internationale et notre collaboration contre la corruption et continuons à mettre en œuvre les accords internationaux pertinents à cet égard, en particulier la Convention des Nations unies contre la corruption. Sachant que le fléau de la corruption ne connaît pas de frontières géographiques et ne respecte aucune société ou cause humanitaire, nous avons conjointement mis en place une base solide pour lutter contre la corruption par le renforcement des capacités, notamment en menant des programmes de formation et en partageant les meilleures pratiques actuelles appliquées dans chacun de nos pays. Nous continuerons à renforcer ces efforts et à améliorer notre connaissance des nouvelles pistes. Nous renforcerons la coopération internationale par le biais de réseaux collaboratifs de partage d'informations et d'une assistance juridique mutuelle afin de lutter contre les flux financiers illicites, de contrer les refuges et de soutenir les enquêtes, les poursuites et le recouvrement des avoirs volés soumis aux lois et réglementations nationales des pays du BRICS.

Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée
26. Nous constatons qu'une reprise déséquilibrée après le choc et les difficultés liés à la pandémie aggrave les inégalités dans le monde. La dynamique de croissance mondiale s'est affaiblie et les perspectives économiques se sont dégradées en raison de la fragmentation des échanges, de la persistance d'une inflation élevée, du durcissement des conditions financières mondiales, en particulier de la hausse des taux d'intérêt dans les économies avancées, des tensions géopolitiques et de l'accroissement de la vulnérabilité de la dette.

27. Nous encourageons les institutions financières multilatérales et les organisations internationales à jouer un rôle constructif dans la recherche d'un consensus mondial sur les politiques économiques et dans la prévention des risques systémiques de perturbation économique et de fragmentation financière. Nous demandons aux banques multilatérales de développement (BMD) de continuer à mettre en œuvre les recommandations du rapport d'examen indépendant du G20 sur les cadres d'adéquation des fonds propres des BMD, qui devraient être volontaires dans les cadres de gouvernance des BMD, afin d'accroître leurs capacités de prêt, tout en préservant la stabilité financière à long terme des BMD, leur notation solide et leur statut de créancier privilégié.

28. Nous estimons que la coopération multilatérale est essentielle pour limiter les risques découlant de la fragmentation géopolitique et géoéconomique et intensifier les efforts dans les domaines d'intérêt mutuel, notamment, mais pas exclusivement, le commerce, la réduction de la pauvreté et de la faim, le développement durable, y compris l'accès à l'énergie, à l'eau et à la nourriture, aux carburants et aux engrais, ainsi que l'atténuation de l'impact du changement climatique et l'adaptation à celui-ci, l'éducation, la santé et la prévention des pandémies, la préparation et la réaction à ces dernières.

29. Nous constatons que les niveaux élevés de la dette dans certains pays réduisent la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour faire face aux défis de développement en cours, aggravés par les effets de débordement des chocs extérieurs, en particulier le resserrement monétaire brutal dans les économies avancées. La hausse des taux d'intérêt et le resserrement des conditions de financement aggravent la vulnérabilité de la dette dans de nombreux pays. Nous pensons qu'il est nécessaire d'aborder l'agenda international de la dette de manière appropriée afin de soutenir la reprise économique et le développement durable, tout en tenant compte des lois et des procédures internes de chaque pays. L'un des instruments, parmi d'autres, pour traiter collectivement les vulnérabilités de la dette est la mise en œuvre prévisible, ordonnée, opportune et coordonnée du cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, avec la participation des créanciers bilatéraux officiels, des créanciers privés et des banques multilatérales de développement, conformément au principe de l'action conjointe et du partage équitable de la charge.

30. Nous réaffirmons qu'il est important que le G20 continue à jouer le rôle de premier forum multilatéral dans le domaine de la coopération économique et financière internationale, qui comprend à la fois des marchés développés et émergents et des pays en développement, où les grandes économies recherchent ensemble des solutions aux défis mondiaux. Nous nous réjouissons à l'idée d'accueillir avec succès le 18e sommet du G20 à New Delhi, sous la présidence indienne du G20. Nous notons que l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, qui présideront le G20 de 2023 à 2025, ont la possibilité de créer une dynamique de changement durable ; nous avons exprimé notre soutien à la continuité et à la collaboration dans le cadre de leurs présidences du G20 et nous leur souhaitons beaucoup de succès dans leurs entreprises. Par conséquent, nous nous engageons à adopter une approche équilibrée en continuant d'amplifier et d'intégrer la voix du Sud dans l'agenda du G20, sous la présidence indienne en 2023 et sous les présidences brésilienne et sud-africaine en 2024 et 2025.

31. Nous sommes conscients du rôle important que jouent les pays des BRICS en collaborant pour faire face aux risques et aux défis qui pèsent sur l'économie mondiale, afin de parvenir à une reprise mondiale et à un développement durable. Nous réaffirmons notre volonté de renforcer la coordination des politiques macroéconomiques, d'approfondir la coopération économique et d'œuvrer à une reprise économique forte, durable, équilibrée et inclusive. Nous soulignons l'importance de la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie pour le partenariat économique des BRICS à l'horizon 2025 dans toutes les voies ministérielles et tous les groupes de travail concernés. Nous chercherons à identifier des solutions pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable.

32. Reconnaissant que les pays des BRICS produisent un tiers de la nourriture mondiale, nous réaffirmons notre engagement à renforcer la coopération agricole et à promouvoir l'agriculture durable et le développement rural des pays des BRICS afin de renforcer la sécurité alimentaire tant au sein des BRICS qu'à l'échelle mondiale. Nous soulignons l'importance stratégique que revêt la facilitation d'un accès régulier aux intrants agricoles pour garantir la sécurité alimentaire mondiale. Nous réaffirmons l'importance de la mise en œuvre du plan d'action 2021-2024 pour la coopération agricole des pays des BRICS et nous nous félicitons de la stratégie de coopération en matière de sécurité alimentaire des pays des BRICS. Nous soulignons la nécessité de disposer de chaînes d'approvisionnement alimentaire résilientes.

33. Nous reconnaissons le dynamisme de l'économie numérique, qui favorise la croissance économique mondiale. Nous reconnaissons également le rôle positif que le commerce et l'investissement peuvent jouer dans la promotion du développement durable, de l'industrialisation nationale et régionale et de la transition vers des modes de consommation et de production durables. Nous sommes conscients des défis auxquels est confronté le développement du commerce et de l'investissement à l'ère numérique et reconnaissons que les membres des BRICS se situent à des niveaux différents de développement numérique, et reconnaissons donc la nécessité de relever les défis respectifs, y compris les diverses fractures numériques. Nous nous félicitons de la création du groupe de travail sur l'économie numérique des BRICS. Nous réaffirmons que l'ouverture, l'efficacité, la stabilité et la fiabilité sont essentielles pour relever les défis de la reprise économique et stimuler le commerce international et l'investissement. Nous encourageons la poursuite de la coopération entre les pays des BRICS afin de renforcer l'interconnexion des chaînes d'approvisionnement et des systèmes de paiement pour promouvoir les flux d'échanges et d'investissements. Nous convenons de renforcer les échanges et la coopération dans le domaine du commerce des services, conformément au cadre de coopération des BRICS sur le commerce des services, avec le Conseil des entreprises des BRICS et l'Alliance des femmes d'affaires des BRICS (WBA), dans le but de promouvoir la mise en œuvre de la feuille de route des BRICS sur la coopération en matière de commerce des services et des documents pertinents, y compris le cadre de coopération des BRICS sur le commerce des services professionnels.

34. Nous réaffirmons notre soutien à l'Agenda 2063 de l'Union africaine et aux efforts déployés par l'Afrique en faveur de l'intégration, notamment par la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine. Nous soulignons que la zone de libre-échange continentale africaine est prête à créer un environnement prévisible pour les investissements, en particulier dans le domaine du développement des infrastructures, et qu'elle offre la possibilité de trouver des synergies avec les partenaires en matière de coopération, de commerce et de développement sur le continent africain. Nous soulignons qu'il importe de renforcer le partenariat entre les BRICS et l'Afrique afin de dégager des possibilités mutuellement bénéfiques d'accroissement des échanges, des investissements et du développement des infrastructures. Nous nous félicitons des progrès accomplis en ce qui concerne le protocole de l'AfCFTA sur les femmes et les jeunes dans le commerce et reconnaissons qu'il peut servir de catalyseur pour l'intégration économique et financière des femmes et des jeunes dans l'économie africaine. Nous soulignons l'importance que revêtent, pour le développement durable de l'Afrique, des questions telles que l'industrialisation, le développement des infrastructures, la sécurité alimentaire, la modernisation de l'agriculture en vue d'une croissance durable, les soins de santé et la lutte contre le changement climatique.

35. Nous notons en outre que le continent africain reste en marge du système commercial mondial et qu'il a beaucoup à gagner de la collaboration avec les BRICS. L'Accord de libre-échange continental africain (AfCFTA) et la coopération avec les BRICS offrent au continent des possibilités de transition entre son rôle historique d'exportateur de produits de base et une valeur ajoutée à plus forte productivité. Nous saluons et soutenons l'inclusion de l'Union africaine en tant que membre du G20 lors du sommet du G20 de New Delhi.

36. Nous nous engageons à renforcer la coopération au sein des BRICS afin d'intensifier le partenariat des BRICS sur la nouvelle révolution industrielle et de créer de nouvelles possibilités d'accélérer le développement industriel. Nous soutenons la coopération intra-BRICS en matière de développement des ressources humaines dans le domaine des nouvelles technologies par l'intermédiaire du Centre des compétences industrielles des BRICS (BCIC), du Centre d'innovation PartNIR des BRICS, du Forum des start-ups des BRICS et de la collaboration avec d'autres mécanismes pertinents des BRICS, afin de mettre en œuvre des programmes de formation visant à relever les défis de la NIR en vue d'une industrialisation inclusive et durable. Nous réitérons notre engagement à poursuivre les discussions sur la création du BCIC en coopération avec l'ONUDI pour soutenir conjointement le développement des compétences de l'industrie 4.0 parmi les pays des BRICS et pour promouvoir des partenariats et une productivité accrue dans la nouvelle révolution industrielle. Nous nous réjouissons de la coopération avec l'ONUDI et demandons au groupe consultatif du PartNIR d'assurer la coordination avec l'ONUDI.

37. Nous reconnaissons le rôle crucial que jouent les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) pour libérer tout le potentiel des économies des BRICS et réaffirmons l'importance de leur participation aux réseaux de production et aux chaînes de valeur. Nous poursuivrons nos efforts conjoints visant à éliminer les contraintes telles que le manque d'informations et de financements facilement accessibles, la pénurie de compétences, les effets de réseau, ainsi que la réglementation des charges administratives excessives, et les contraintes liées aux marchés publics, en garantissant des informations et des financements facilement accessibles, l'amélioration des compétences et les liens avec le marché. Nous approuvons le cadre de coopération des PME des BRICS qui encourage la coopération entre les BRICS sur des questions telles que l'échange d'informations sur les foires et les expositions et l'encouragement de la participation des PME aux événements sélectionnés afin de renforcer les interactions et la coopération entre les PME, ce qui peut permettre de conclure des accords. Les États membres faciliteront l'échange de missions commerciales et encourageront les réunions sectorielles interentreprises entre les MPME, afin de renforcer la coopération interentreprises et les alliances commerciales entre les MPME des BRICS, en mettant particulièrement l'accent sur les MPME détenues par des femmes et des jeunes. Les États membres fourniront des informations sur les MPME, les opportunités de développement des entreprises et les possibilités de partenariats pour le développement des MPME dans les pays des BRICS. En outre, nous encouragerons le partage d'informations sur les politiques commerciales et les renseignements sur les marchés pour les MPME afin d'accroître leur participation au commerce international. Nous faciliterons l'accès aux ressources et aux capacités telles que les compétences, les réseaux de connaissances et la technologie qui pourraient aider les MPME à améliorer leur participation à l'économie et aux chaînes de valeur mondiales. Nous échangerons nos points de vue sur les mesures et les approches visant à intégrer les MPME des BRICS dans le commerce mondial et les chaînes de valeur mondiales, notamment en partageant notre expérience sur la manière dont les approches d'intégration régionale peuvent soutenir le développement des MPME.
Xuan
BRICS : de l’avantage de se presser lentement

15 AOÛT 2023
https://histoireetsociete.com/2023/08/15/brics-de-lavantage-de-se-presser-lentement/
BRICS : De l’avantage de se presser lentement Mme Naledi Pandor, ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud

Nous ne pouvons que vous conseiller la fréquentation de ce blog, Pierre Lorrain sait de quoi il parle et il le fait avec prudence et lucidité, ce qui n’est pas facile à trouver en France aujourd’hui. Je vous recommande en particulier un autre article concernant le danger de sous-estimer la Russie. Ce qui est clair c”est la modération de ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre pour ce nouvel ordre international, leur refus d’être “contre” ou pour, simplement une manière de construire une relation de coopération entre pays “émergents” qui non seulement représentent les premières économies mondiales mais sur des bases de la production. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société
Ce que vous ne lirez pas ailleurs 8 août 2023

Le groupe BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – a indiscutablement le vent en poupe. Ces pays, dits « émergents », bénéficient d’une industrialisation rapide et d’une croissance économique soutenue qui les tirent vers le haut des classements internationaux. En tout cas, leur ascension est spectaculaire selon le critère de la parité de pouvoir d’achat[1] (PPA ou PPP en anglais : purchasing power parity) qui permet de mettre l’accent sur la production plus que sur la finance. Ainsi, le 1er juillet dernier, la Banque mondiale a rendu public son classement annuel des pays du monde en fonction de leur PIB exprimé en PPA. La Chine, l’Inde et la Russie y occupent respectivement la première, la troisième et la cinquième place. Les États-Unis et le Japon sont deuxième et quatrième. Quant au premier pays européen, l’Allemagne, il n’arrive qu’en sixième position. La France (9e) et le Royaume-Uni (10e) sont devancés par l’Indonésie et le Brésil (7e et 8e) et talonnés par la Turquie (11e).

Évidemment, les défenseurs de l’Occident poussent des cris d’orfraie en arguant que le seul classement qui compte est celui du PIB exprimé en USD, toujours dominé par les États-Unis, où le Japon est troisième et l’Allemagne quatrième. Mais même ainsi, la Chine est deuxième, l’Inde cinquième et la Russie huitième. De plus, pour les pays européens censés occuper le haut du tableau, que veut bien vouloir dire un produit intérieur brut dominé par la finance et les services alors que la production (industrie et agriculture) est à l’abandon et que les efforts de réindustrialisation ne donnent que des résultats bien médiocres ? En 2023, le FMI prévoit que, en dépit des sanctions, la croissance russe sera supérieure à celle de la zone euro (où l’économie allemande est entrée en récession, certes légère, au premier trimestre 2023).

Malgré cela, nombre de spécialistes européens et états-uniens soutiennent encore que le modèle occidental est indépassable et refusent de voir qu’il y a une différence essentielle entre une usine de Shanghai (ou de Calcutta, ou de Nijni Taguil) qui double sa production de biens commercialisés et un avocat de Paris (ou de Londres, ou de Francfort) qui double le montant de ses honoraires, même si le bilan de l’une comme de l’autre compte pareillement dans le calcul du PIB.

Dans ce contexte, il est clair que le groupe des BRICS représente une force économique sur laquelle il va falloir compter de plus en plus. Lors d’une conférence de presse, le 7 août, Mme Naledi Pandor, ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud, a déclaré que les dirigeants de 23 pays avaient manifesté officiellement leur intérêt pour rejoindre les BRICS et que leur candidature serait examinée lors du prochain sommet du groupe qui se tiendra à Johannesburg du 22 au 24 août prochains. Ces pays sont : l’Algérie, l’Argentine, le Bangladesh, Bahreïn, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Égypte, l’Éthiopie, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Maroc, le Nigeria, la Palestine, l’Arabie saoudite, le Sénégal, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Venezuela et le Vietnam.

Cette situation favorable aux BRICS semble renforcée par le récent succès du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, avec la participation de délégations de 49 pays africains sur 54 malgré les pressions occidentales sur les gouvernements concernés. Elle ne manque pas de créer une certaine euphorie de nombreuses forces politiques dans le monde, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine, qui n’attendent que la fin de la domination de l’Occident « collectif » si prompt à donner des leçons, dégainer des sanctions et intervenir où bon lui semble en invoquant un « ordre fondé sur des règles » à géométrie variable et en se parant de toutes les vertus du « camp du bien ».

Pour de très nombreux pays du monde, la constitution d’un puissant ensemble politique, diplomatique et économique autour des BRICS laisse envisager la fin de la suprématie occidentale et la dédollarisation de l’économie mondiale grâce notamment à la création d’une monnaie adossée à l’or. La volonté de revanche est si grande et la situation mondiale semble évoluer tellement vite que de nombreux milieux considèrent que demain, au plus tard après-demain, de nouvelles règles du jeu seront mises en place et les pays occidentaux laissés sur le bas-côté de l’histoire.

Mise en garde contre le risque de désillusion
Le risque est, évidemment, d’un décrochage rapide entre la démesure des espoirs et la réalité des potentialités. Les responsables de la diplomatie des cinq pays des BRICS sont bien conscients de la possibilité que l’excès d’attentes de succès rapides ne se transforme en déception et démoralisation si des résultats éclatants n’interviennent pas rapidement. Or, en matière internationale, les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain et des phases de progression rapide peuvent s’accompagner d’échecs ou de reculs aussi soudains qu’inattendus.

C’est sans doute pour calmer un peu les ardeurs partisanes, que Mme Pandor, lors de sa conférence de presse, a déclaré que le sommet de Johannesburg n’était pas destiné à construire un bloc « anti-Ouest ». Pour elle, l’Afrique du sud n’a pas l’intention de faire partie d’une organisation qui serait « anti ceci ou pro-cela (…) Nous n’avons pas l’intention d’être les ennemis de quiconque[2] ». En d’autres termes, la prudence est de mise, même si le président iranien Ebrahim Raïssi est invité, ainsi que 68 autres chefs d’État de pays d’« Afrique et du Sud global » à l’exclusion des dirigeants occidentaux, y compris le président Emmanuel Macron qui avait manifesté l’intention de participer.

Quelques jours plus tôt, le 3 août, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’était efforcé de dissiper quelques malentendus sur la réunion à venir[3]. D’abord, il a indiqué qu’il existe des divergences entre les membres des BRICS sur l’adhésion de nouveaux États. Pour lui, même si la Russie estime que « sous une forme ou une autre, l’expansion des BRICS contribuera au développement et au renforcement de cette organisation », le Kremlin ne compte pas exposer publiquement sa position à ce sujet avant le début du sommet de Johannesburg.

Plus intéressant encore, Dmitri Peskov a précisé qu’« une monnaie commune ne serait pas introduite dans les BRICS » dans un avenir proche : « De nombreux pays, a-t-il expliqué, tendent vers l’utilisation des monnaies nationales dans les règlements mutuels. Certes, des discussions d’experts sont également en cours sur la possibilité, la faisabilité et la viabilité des plans visant à introduire une monnaie commune [mais] il est clair que [le processus] sera étiré dans le temps et cela peut difficilement être mis en œuvre dans un avenir proche ». Il commentait ainsi la proposition du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva de réfléchir à la création de monnaies communes des BRICS et du Mercosur (le marché commun d’Amérique du Sud) pour les règlements mutuels.

En revanche, le porte-parole du Kremlin a réaffirmé que le processus de dédollarisation de l’économie mondiale se poursuivait « sans relâche » : « L’utilisation des monnaies nationales est déjà devenue la réalité maintenant, une réalité grandissante à l’échelle mondiale. Non seulement les pays confrontés à des sanctions, mais aussi ceux qui n’y sont pas confrontés ont recours à cette pratique [car] ils comprennent les avantages de ce régime », a-t-il noté.

Mme Pandor comme M. Peskov se sont bornés à mettre en évidence des réalités qui semblent échapper à ceux, nombreux, qui voudraient que les étapes soient brûlées de manière à provoquer le plus vite la défaite de l’Occident collectif. En effet, les BRICS sont divisés entre ceux qui veulent saisir le moment historique en élargissant le bloc autant que possible tout de suite et ceux qui estiment qu’un rythme plus lent serait en meilleure adéquation avec leurs intérêts communs. Il semble bien que la Russie opte pour cette deuxième approche.

L’une des conséquences d’un élargissement trop rapide du groupe serait de rendre encore plus difficile la mise en place d’une monnaie commune. Aujourd’hui, les différences naturelles entre les cinq membres actuels rendent improbable qu’ils acceptent tous de céder rapidement une partie de leur souveraineté économique en promouvant une nouvelle monnaie au détriment de leurs monnaies nationales respectives. Qu’en serait-il avec des nouveaux membres ?

En conclusion, on peut dire que l’un des effets principaux des déclarations du porte-parole du Kremlin a été de refroidir quelque peu les attentes de ceux qui voyaient les BRICS comme une organisation constituée, en guerre contre l’« Occident collectif ». La diversité des intérêts économiques et géopolitiques des cinq pays et leurs interactions entre eux, avec les pays occidentaux et avec les autres pays de la planète ne laissent certainement pas augurer des progrès rapides dans la mise en place d’un nouvel ordre mondial, mais il est indéniable que le monde unipolaire – tel qu’on le connaît depuis trente ans – vit actuellement ses derniers instants.

En filigrane, M. Peskov nous dit également que l’on attendait trop du prochain sommet des BRICS. Le résultat sera beaucoup plus modeste que certaines déclarations dithyrambiques de la presse alternative ne le laissent supposer. En diminuant les attentes, on réduit également le risque de déception et les commentaires inévitables du genre « la montagne a accouché d’une souris ». Quant à la possibilité d’avoir de bonnes surprises, elle n’est pas exclue…

[1] Selon l’Insee, la parité de pouvoir d’achat est un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et de services. Ce taux de conversion peut être différent du « taux de change ». En effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur.

[2] News24, 7 août 2023, « BRICS summit: Naledi Pandor clarifies Iran’s possible attendance ».

[3] TASS, 3 août 2023, « Песков заявил, что Россия не будет объявлять позицию по принятию новых стран в БРИКС ».
Xuan
Je pense que Macron aimerait semer la confusion dans les BRICS, mais la cause de sa proposition est la montée en puissance des BRICS.
S'il essuyait quelques rebuffades, c'est tout l'OTAN qui serait démoralisé.
pzorba75
Macron au forum des BRICS en tant que spectateur relégué sur une banquette et accompagné que Van Der Layen, Borell et Michels pour faire Europe et apparaître comme le valet des USA, voilà une décision de souveraineté internationale.
Plus sérieusement, les BRICS ont des problèmes plus sérieux à étudier et peuvent se passer des guignols de la coalition occidentale, disons OTANienne!
Xuan
Macron veut une invitation au sommet des BRICS ? L'idée est audacieuse et innovante

GT éditorial - 14 juin 2023
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1292607.shtml


Selon les médias français, le président français Emmanuel Macron a demandé au président sud-africain Cyril Ramaphosa une invitation au sommet des BRICS prévu en août. Cette nouvelle n'a pas encore été confirmée par l'Élysée, et le porte-parole du président sud-africain a affirmé ne pas être au courant de la demande de M. Macron. Moscou a demandé à Paris de s'expliquer : Veut-on rétablir un contact pour montrer l'activité de Paris ou s'agit-il d'une sorte de cheval de Troie ? Cette nouvelle a suscité beaucoup d'attention, mais les attitudes varient d'une partie à l'autre. Les médias français ont déclaré que "c'est un peu fou et sans précédent". Quoi qu'il en soit, compte tenu du paysage international actuel, il s'agit effectivement d'une idée audacieuse et novatrice.

Considérer cette idée comme audacieuse ou même "folle" a été la première réaction de nombreuses personnes lorsqu'elles ont entendu la nouvelle. Il vaut la peine d'approfondir la question pour savoir pourquoi il en est ainsi. Cela indique que les gens ont inconsciemment considéré la division entre le Nord et le Sud, et la division entre l'Est et l'Ouest, comme un état normal, à tel point que même une pensée qui pourrait briser ces normes et ces schémas mentaux semble tout à fait frappante.

Cependant, d'un autre côté, cette idée semble raisonnable. La France est un grand pays européen qui a pris conscience très tôt des changements historiques qui se produisent dans le paysage mondial. Macron lui-même a fait des déclarations surprenantes à plusieurs reprises, démontrant un certain niveau d'autonomie par rapport à Washington. Ces facteurs donnent l'impression qu'il ne serait pas particulièrement étrange que Macron assiste au sommet des BRICS. Le fait que de telles nouvelles émergent en France et non dans d'autres pays en dit long.

Les pays membres des BRICS sont tous des économies émergentes qui représentent les intérêts des pays en développement au sein de la communauté internationale. En tant que pays développé, est-il possible que la France participe au sommet des BRICS ? Quel type de réaction chimique cela engendrerait-il si la France y participait ? Abstraction faite d'autres facteurs spécifiques et complexes, dans le contexte de la division croissante entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest, et de l'intensification des confrontations entre camps, il est nécessaire que quelqu'un transcende les barrières idéologiques et géopolitiques, et se libère des contraintes mentales et conceptuelles. Cela pourrait avoir des effets positifs inattendus.

Macron a souligné que l'Europe devait poursuivre son "autonomie stratégique", et la France a également une tradition de diplomatie indépendante. Si la France peut réellement servir de pont entre les différents camps dans les divisions et les scissions du monde, elle fera sans aucun doute ressortir son statut international et créera des réalisations historiques. Il est clair que Macron a de telles ambitions et qu'il fait de telles tentatives et de tels efforts. Nous apprécions et respectons cela, et sommes prêts à comprendre avec bonne volonté la publication par la France d'informations sur le désir de Macron de participer au sommet des BRICS.

Toutefois, pour être franc, les préoccupations de Moscou ne sont pas superflues. La France devrait également être consciente de la profondeur du fossé qui sépare les pays occidentaux et non occidentaux, et de la faiblesse de la confiance mutuelle. L'éclatement du conflit entre la Russie et l'Ukraine, ainsi que l'endiguement et la répression de la Chine par les États-Unis, ont créé une pression de plus en plus forte pour obliger les pays à "prendre parti". Il est très difficile pour la France de progresser vers une véritable autonomie stratégique et une diplomatie indépendante.

Après la visite de M. Macron en Chine en avril, il a exhorté l'Europe à développer une plus grande autonomie stratégique, ce qui a provoqué une controverse semblable à un tsunami en Europe et aux États-Unis. Quelques mots ayant conduit à une telle situation, il est prévisible que la résistance rencontrée sera assez importante si des actions sont entreprises. Il est inévitable que les gens aient des doutes sur la mesure dans laquelle la France peut agir selon sa propre volonté, ou si elle doit encore se conformer aux fortes opinions de Washington. Les pays du BRICS doivent examiner cette nouvelle concernant la demande de M. Macron de manière exhaustive et attentive.

Une chose est sûre : Cette affaire a démontré l'énorme influence du mécanisme de coopération des BRICS. Les "BRICS+" adhèrent au principe du multilatéralisme, attirant des dizaines d'économies émergentes et de pays en développement pour participer au processus de coopération, ce qui coïncide avec le nouveau multilatéralisme soutenu par la France et l'Europe.

Les "BRICS+" peuvent-ils s'ouvrir à des pays développés comme la France, sur la base de son énorme influence dans les pays en développement ? C'est une question intéressante, et l'organisation des BRICS pourrait tout aussi bien y réfléchir sérieusement à la lumière de cette nouvelle. Toutefois, elle doit être pragmatique, et non formaliste, et ne pas laisser la poursuite de cette forme affecter la coopération pragmatique du mécanisme des BRICS lui-même.

Différent d'un petit cercle comme le Groupe des Sept (G7), le mécanisme des BRICS existe en tant que plateforme émergente pour la gouvernance mondiale. Il adhère à l'ouverture, à l'inclusivité, à la coopération et aux résultats gagnant-gagnant, et forge un partenariat de développement mondial uni, égal, équilibré et inclusif. Tant qu'ils font preuve d'égalité et de bonne volonté, et qu'ils souhaitent sincèrement promouvoir la coopération et le développement, les pays BRICS accueillent davantage d'entités pour participer à la coopération mondiale au développement, y compris non seulement la France, mais aussi les États-Unis.
Xuan
Dans tous les cas il est utile de connaître les différentes positions, y compris dénoncer les articles quasiment atlantistes.
Mais je signale ce n° bien que l'article soit signé Sankari.
Il est rare que l'Humanité mette l'accent sur le conflit entre le G7 et les BRICS, en montrant que la domination US est en train de dégringoler.
Robert Kissous a pu y faire publier plusieurs articles dans ce sens.
Les autres articles vont dans le même sens.
pzorba75
Etonnant sur ce forum de retrouver des articles payants du journal Lagardère - Humanité. Une source d'informations à considérer avec distance pour ne pas sombrer dans la pleurnicherie euro-atlantique et perdre son temps dans les errements électoraux des dirigeants du parti communiste ou de ce qu'il en reste..
Xuan
L'Humanité consacre plusieurs articles au G7 2023, en parallèle avec l'essor des BRICS :


Brics contre G7 : décryptage d'un bras de fer géopolitique
Le sommet des sept principales puissances s’ouvre ce 19 mai, à Hiroshima (Japon).
Ce G7 se déroule dans un contexte de crise multidimensionnelle et de concurrence liée à la montée en puissance des pays émergents et du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
C’est une statistique comme le monde en est truffé mais qui a constitué un petit séisme parmi les observateurs des grands équilibres mondiaux. Début avril, la part du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dans le PIB mondial équivalait à 31,5%, contre 30,7 % pour les grands du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni).
Faut-il y voir l’amorce d’une nouvelle dynamique qui bouleverse la donne sur le plan international à la faveur d’un taux de croissance économique annuel plus favorable aux émergents ? ...

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