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Xuan
Je cite Le Monde pour mémoire. Quand l'agression indienne est avérée, le Monde affiche un parti pris antichinois évident déjà dans le titre.
Tout en reconnaissant que le contexte est bien "la stratégie d’endiguement de la Chine par Donald Trump" , le Monde explique ce conflit par "une paranoïa au long cours nourrie par la hantise de l’encerclement" .
En fait Le Monde a du mal à admettre que la guerre contre la Chine correspond à des intérêts réactionnaires et que la CHine est dans son bon droit.

Lors des premiers conflits avec l'Inde, la Chine de Mao avait proposé un retrait commun de 20 km, battu l'armée indienne et s'était retirée unilatéralement de 20 km.



Chine-Inde : le choc des nationalismes


Le Monde https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/18/chine-inde-le-choc-des-nationalismes_6043296_3232.html

Editorial. Le face-à-face entre soldats chinois et indiens dans l’Himalaya est le premier à faire des victimes depuis 1975. Et le contexte géopolitique donne à cet incident des allures inquiétantes, d’autant qu’il oppose deux puissances militaires qui n’ont pas l’intention de perdre la face.Publié hier à 12h10

Après la confrontation entre soldats chinois et indiens dans l’Himalaya entre les 15 et 16 juin, des militants des organisations Bajrang Dal et Vishwa Hindu Parishad (VHP) piétinent des drapeaux chinois et des affiches du président Xi Jinping, à Amritsar (Pendjab), le 17 juin 2020.

Editorial du « Monde ». L’élément déclencheur de la confrontation entre soldats chinois et indiens sur les crêtes de l’Himalaya, qui a eu lieu dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 juin, reste inconnu. Mais son contexte – la stratégie d’endiguement de la Chine par Donald Trump et la mise en cause de Pékin dans la pandémie de Covid-19 – donne à cet incident des allures inquiétantes, d’autant qu’il oppose deux puissances militaires aux mains de dirigeants nationalistes qui n’ont aucune intention de perdre la face.

Certes, ce face-à-face en plein Ladakh est l’énième d’une longue série, mais c’est le premier à faire des victimes depuis 1975 : vingt morts côté indien et un bilan tenu secret côté chinois. Le fait que le sang ait été versé sans arme à feu, en vertu d’un protocole établi précisément pour éviter une escalade incontrôlée, évoque un fort degré de violence. Ultime symbole, l’affrontement a eu pour cadre la vallée de la rivière Galwan, où les troupes chinoises ont capturé un poste de défense indien en 1962, donnant le signal de la guerre éclair qui les a alors opposés.

Le statu quo qui régit cette section contestée de la ligne de contrôle effectif entre Chine et Inde a vécu. Si les troupes chinoises occupent bien désormais cette zone de quelques kilomètres carrés dont un porte-parole de l’Armée populaire de libération a rappelé que « la souveraineté a toujours appartenu à la Chine », elles auraient ainsi acquis des positions tactiques-clés sur un projet stratégique indien qui exaspère Pékin depuis plusieurs années : la construction par l’Inde d’une route qui suit la frontière, le long de la région chinoise de l’Aksai Chin, que l’Inde revendique.

L’achèvement de cette route prévu fin 2020 et la réorganisation administrative de l’Etat du Jammu-et-Cachemire en octobre 2019, vieux projet d’une droite nationaliste indienne au pouvoir qui s’est vantée de vouloir « verser le sang pour l’Aksai Chin », sont autant de motivations objectives au coup de force chinois. Pékin a voulu donner une leçon à l’Inde, selon une stratégie du fait accompli qui rappelle sa prise d’îlots et d’atolls en mer de Chine du Sud.

Pour la Chine, il s’agit de sécuriser son flanc occidental – l’Aksai Chin fait la jointure entre les régions autonomes aussi stratégiques que volatiles du Tibet et du Xinjiang – tout en protégeant son corridor économique – et lui aussi éminemment stratégique – avec l’« ami de tous les temps », le Pakistan. Cette démonstration de force intervient alors que la Chine est sur la défensive : elle est pointée du doigt pour ses responsabilités dans la crise due au Covid-19, mise à l’épreuve par les Etats-Unis dans la guerre commerciale et voit remise en question la rente qu’elle tirait de la mondialisation. Dans ces moments de tangage, Pékin est intraitable sur ses « intérêts fondamentaux » – comme le prouve le coup de force législatif mené en parallèle à Hongkong pour y imposer des lois de sécurité nationale.

Au-delà du contentieux frontalier, le face-à-face militaire sino-indien illustre les conséquences des tensions croissantes entre l’Occident et la Chine. D’un côté, l’Inde est courtisée par les Occidentaux en dépit du malaise que suscite sa droite islamophobe et liberticide. Le contentieux avec la Chine pousse Delhi vers l’Australie, le Japon et les Etats-Unis. Ce qui, côté chinois, ne fait que confirmer une paranoïa au long cours nourrie par la hantise de l’encerclement. Une configuration qui laisse envisager un monde post-Covid aux tensions géopolitiques exacerbées.


Edité le 19-06-2020 à 08:34:47 par Xuan


Xuan
Heurts frontaliers: la Chine libère 10 soldats indiens (médias)

AFP
Publié le 19/06/2020 à 01:03 | AFP

https://www.lepoint.fr/monde/heurts-frontaliers-la-chine-libere-10-soldats-indiens-medias-19-06-2020-2380744_24.php


La Chine a libéré jeudi dix soldats indiens faits prisonniers lors d'un accrochage meurtrier dans l'Himalaya entre les armées chinoise et indienne, à la frontière des deux pays, ont annoncé plusieurs médias vendredi.
Ces libérations interviennent après des discussions entre les deux parties destinées à apaiser la tension après la confrontation de lundi.

Des militaires des deux géants asiatiques s'étaient affrontés dans un corps-à-corps d'une extrême violence, à coups de poings, pierres et barres de fer, dans une vallée de l'Himalaya, à la frontière contestée entre les deux pays.
L'Inde a fait état de victimes "des deux côtés" dont 20 soldats tués dans ses rangs. La Chine a refusé de confirmer des pertes, mais des médias indiens ont affirmé qu'au moins 40 soldats chinois avaient été tués ou grièvement blessés.

Les dix soldats indiens ont été libérés jeudi soir, selon plusieurs médias dont l'agence de presse Press Trust of India.
" Il est établi désormais que plus aucun militaire indien ne manque à l'appel ", a déclaré l'armée indienne dans un communiqué. Le gouvernement, pour sa part, n'a fait aucun commentaire.
Selon le journal The Hindu, un accord sur la libération des soldats a été trouvé lors de discussions entre responsables de haut-niveau des armées des deux pays.

L'accrochage de lundi est le premier heurt meurtrier depuis 45 ans entre les puissances nucléaires voisines. Les deux pays se sont rejetés publiquement la responsabilité des heurts et disent vouloir une résolution pacifique de la crise.
Des milliers de personnes ont assisté jeudi aux funérailles de certains des 20 soldats indiens tués. Des appels à boycotter les produits chinois ont été lancés et des drapeaux chinois ainsi que des portrait du président Xi Jinping ont été brûlés dans au moins deux villes.

Dix-huit militaires indiens grièvement blessés restent hospitalisés, selon l'armée indienne.
Le gouvernement indien avait dénoncé mercredi une "action planifiée et préméditée" de la Chine susceptible d'avoir de "graves répercussions" sur les relations entre les deux pays les plus peuplés du monde.
"La partie indienne ne doit pas se méprendre (...) et sous-estimer la ferme volonté de la Chine de défendre sa souveraineté territoriale" , a indiqué de son côté le ministère chinois des Affaires étrangères.

19/06/2020 01:01:44 - New Delhi (AFP) - © 2020 AFP
Xuan
Le caractère hégémonique de la stratégie indo-pacifique américaine est exposé

Par Qian Feng Source: Global Times Publié: 2020/6/17 22:43:40
https://www.globaltimes.cn/content/1191972.shtml


Le Comité sénatorial des États-Unis sur les services armés a approuvé sa version de la loi sur l'autorisation de la défense nationale pour l'exercice 2021 le 11 juin. Cette loi établit la soi-disant Pacific Deterrence Initiative - un nouveau fonds militaire destiné à accroître la dissuasion contre la Chine dans le Pacifique. Les États-Unis ont également mobilisé trois porte-avions le 11 juin pour patrouiller dans les eaux indo-pacifiques. Les États-Unis ont récemment intensifié leur stratégie indo-pacifique, intensifiant leurs efforts pour contenir la Chine.

Depuis le début du 21e siècle, le centre économique mondial s'est progressivement déplacé des deux côtés de l'Atlantique vers la région indo-pacifique. La mondialisation économique a rendu la région indo-pacifique encore plus intégrée. Cette partie du monde est devenue un centre de production mondial et un couloir de commerce et d'énergie. Les pays régionaux ont de forts besoins communs d'intégration économique et de renforcement de la connectivité.

Les États-Unis tentent d'obtenir une part de la région indo-pacifique. Certains pays de la région se sont d'abord montrés sensibles à cela. Ils attendaient l'idée des États-Unis de promouvoir "un commerce libre, équitable et réciproque basé sur des investissements ouverts, des accords transparents et la connectivité" et "une croissance économique durable". Et avec l'essor de la Chine, certains pays de la région ont commencé à avoir plus de doutes sur nous. Ils ont ressenti le besoin d'utiliser les États-Unis pour contrebalancer la Chine.

En 2019, le Département américain de la Défense et le Département d'État américain ont tous deux publié leurs propres rapports sur la stratégie indo-pacifique, approfondissant le concept global et la mise en œuvre de la stratégie par les États-Unis. Les États-Unis ont affirmé construire un nouveau cadre sur la sécurité, la politique, le commerce et l'économie et les valeurs. Il cherche à rétablir l'ordre dans l'Indo-Pacifique avec ses alliés et ses partenaires. Mais en fait, l'armée est devenue le principal outil politique des États-Unis, voire écrasant, tandis que les États-Unis n'ont pas répondu aux attentes élevées des pays régionaux en matière de coopération économique et de construction d'infrastructures. Cela a confirmé la vision du monde extérieur selon laquelle la stratégie indo-pacifique des États-Unis, au nom de la coopération et du développement, ne vise vraiment qu'à contenir la Chine.

Objectivement parlant, peu importe le Japon et l'Inde, qui sont des acteurs clés de la stratégie indo-pacifique, ou l' ASEAN qui se trouve au centre de la région indo-pacifique, ils ne peuvent pas accepter les actions américaines. Cela n'est pas conforme aux intérêts de toutes les parties également. Le commerce est depuis longtemps un élément essentiel de la force nationale du Japon. Le Japon espérait que la stratégie indo-pacifique pourrait se concentrer sur la coopération économique entre l'océan Indien et l'océan Pacifique, dans l'espoir de créer un plus grand marché de commerce régional et de connectivité. Alors que les relations sino-japonaises se sont améliorées ces dernières années, le Japon est devenu plus prudent entre la Chine et les États-Unis. Tokyo a même évité d'utiliser le mot «stratégie» pour décrire le «Indo-Pacifique libre et ouvert» dans son livre bleu diplomatique 2019, mais «vision».

Les États-Unis considèrent l'Inde comme un pays clé de la stratégie indo-pacifique. Il veut utiliser l'Inde pour contenir la Chine. Bien que la politique chinoise de l'Inde ait longtemps été difficile, le principe d'autonomie stratégique de New Delhi est contraire à la politique "America First". Le Premier ministre indien Narendra Modi a confirmé publiquement que "l'Inde ne considère pas la région indo-pacifique comme une stratégie ou comme un club de membres limités ... une définition géographique, en tant que telle, ne peut pas être."

J'ai récemment échangé des idées avec un diplomate de l'ANASE en Chine sur la stratégie indo-pacifique. Il a déclaré que l'ANASE ne soutenait aucune politique contenant la Chine et que l'ANASE s'opposerait à l'exclusivité et ne choisirait pas de camp. Il a expliqué que le terme "Indo-Pacifique" était directement utilisé dans les Perspectives de l'ASEAN sur l'Indo-Pacifique publiées en 2019, car cela représente la réponse directe de l'ASEAN à la stratégie indo-pacifique des États-Unis et reflète la position de l'ASEAN sur la question. Sinon, les États-Unis pourraient ignorer que l'ANASE répondait à la stratégie indo-pacifique, a-t-il expliqué.

L'élection présidentielle américaine de 2020 est en route. La stratégie indo-pacifique est un cadre diplomatique multilatéral rare approuvé par l'administration Trump. L'administration Trump peut également utiliser cette stratégie comme une soi-disant réussite diplomatique pour combattre les critiques internes. Mais le problème est que plus les États-Unis investiront dans l'armée, plus la Chine et les autres pays de la région seront vigilants. La stratégie indo-pacifique montrera généralement son vrai visage et exposera la nature hégémonique de l'armée américaine et du dollar américain.

L'auteur est directeur du département de recherche de l'Institut national de stratégie de l'Université Tsinghua à Pékin. opinion@globaltimes.com.cn
Xuan
Base de la paix à la frontière pour de saines relations sino-indiennes: éditorial du Global Times


Source: Global Times Publié: 2020/6/17 22:18:40
https://www.globaltimes.cn/content/1191967.shtml


Le conseiller d'Etat chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a parlé mercredi au ministre indien des Affaires extérieures S Jaishankar. Les deux parties ont convenu de traiter équitablement les graves affrontements entre les troupes chinoises et indiennes dans la vallée de Galwan, et de respecter le consensus atteint par leurs chefs militaires pour refroidir la situation.
Le dernier affrontement à Galwan Valley est regrettable. Comment éviter la répétition de tels conflits et empêcher l'escalade de la situation est devenu le plus grand test pour les relations sino-indiennes.
Wang a souligné que c'était la partie indienne qui avait intentionnellement provoqué et déclenché une attaque violente. Il a également exprimé son opposition aux actions de la partie indienne. On espère que l'Inde ne se livrera pas à son sentiment, mais comprend la position de la partie chinoise.

Nous pensons que la société indienne devrait se réveiller de son fantasme géopolitique, voir la Chine de manière pragmatique et les différends frontaliers des deux pays. Il sera important pour l'Inde de maintenir une stratégie nationale stable et également essentiel pour maintenir la stabilité de la frontière sino-indienne.
La société indienne doit comprendre que la Chine est attachée à l'amitié avec l'Inde et respecte l'Inde en tant que voisin fort et puissance régionale. La politique fondamentale de la Chine envers l'Inde est de maintenir les relations sino-indiennes et les zones frontalières stables. Dans l'intervalle, la Chine défend résolument sa souveraineté territoriale. Les deux pays ont des différends frontaliers, mais ont également développé un mécanisme qui a abouti à une stabilité générale à la frontière pendant des décennies. Le recours à ce mécanisme et son amélioration plutôt que sa destruction est la seule issue pour les deux pour faire face aux frictions. La partie indienne ne devrait jamais penser à pousser la Chine à faire des concessions, car la Chine ne le fera pas. De plus, les contre-mesures de la Chine ne seront jamais en retard, quel qu'en soit le coût.

Les différends frontaliers ne changeront pas la coopération de Pékin avec New Delhi. Et la Chine ne bougera pas en ce qui concerne la question des frontières, peu importe la façon dont l'Inde la gâche. Une Chine confiante et capable n'hésitera pas non plus dans ses décisions stratégiques.

Nous avons remarqué que ces dernières années, une opinion favorable à l'égard de la Chine a rarement été entendue de la part de l'Inde, mais les voix qui répondent à l'alliance fondée sur les valeurs et à la stratégie indo-pacifique sont de plus en plus fortes. Ces éléments peuvent-ils apporter un soutien stratégique solide au désir de l'Inde de croître?
Ces concepts dominés par les États-Unis visent implicitement la Chine, et Washington a besoin d'un pays comme l'Inde pour mener des attaques contre la Chine.
Si New Delhi est obsédée par le fait de jouer un tel rôle, elle renonce à elle-même plutôt que d'être stratégiquement active. Il se transformera en outil de la soi-disant alliance de la valeur, abandonnant son ambition d'être un grand pays indépendant.

La Chine et l'Inde doivent être capables de gérer correctement les différends frontaliers. Aucun lien entre l'Inde et d'autres pays ne peut remplacer les relations indo-chinoises. New Delhi ne pourra jamais résoudre unilatéralement les différends frontaliers avec Pékin, et elle ne réalisera jamais la prospérité qu'elle souhaite si sa frontière de 2 000 kilomètres avec la Chine est marquée à plusieurs reprises par des affrontements.
Le peuple indien ne devrait pas être intoxiqué par la partialité de certaines forces aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux, dont les opinions publiques les empoisonnent. Nous remarquons qu'il y a des esprits sobres en Inde qui favorisent le développement de liens sains avec la Chine afin que les deux grandes puissances puissent compter plutôt que se consommer.

Mercredi, l'appel téléphonique entre les ministres chinois et indien des Affaires étrangères contribuera à apaiser la situation. Tout en exprimant leur position, ils ont également donné le ton pour assouplir la situation, ce qui orientera l'opinion publique dans leur propre pays.

La partie indienne doit notamment tenir sa promesse et mettre en œuvre le consensus atteint entre les deux pays. La question des frontières est la partie la plus sensible des relations sino-indiennes. Ce n'est que lorsqu'elle sera assouplie que les deux pourront s'engager dans une coopération composée.
Xuan
Dans le cadre du conflit en cours sur la frontière sino-indienne
Un article d'Entelekheia

L’Inde paie le prix de la myopie de Modi en matière de relations avec la Chine

PAR ADMIN · 17 JUIN 2020


Vingt soldats indiens, plus de 43 soldats chinois ont été tués ou blessés dans une échauffourée à la frontière de l’Inde et de la Chine, dans la région du Ladakh. Les deux pays sont férocement nationalistes et aucun des deux ne cédera de bon gré le moindre pouce de territoire. La seule solution est la négociation. Modi l’entendra-t-il ou continuera-t-il d’écouter le chant des sirènes des USA – qui, bien sûr, attisent les tensions entre les deux géants asiatiques ?

Par Bhim Bhurtel
Paru sur Asia Times sous le titre India paying price for Modi’s myopic China strategy

En ignorant les leçons de la guerre sino-indienne de 1962, Modi a mis son pays sur la voie du désastre
« Ceux qui ne se souviennent pas de l’histoire sont condamnés à la répéter » . Cette célèbre citation du philosophe espagnol George Santayana résonne dans la nouvelle politique du Premier ministre indien Narendra Modi envers la Chine. Modi semble réticent à se souvenir d’une bavure commise par son pays lors de la guerre sino-indienne de 1962.

Modi est condamné à répéter les erreurs commises par le premier ministre de l’époque, Jawaharlal Nehru, sur sa stratégie à l’égard de la Chine, car il s’était trop appuyé sur les conseils de son conseiller stratégique pro-russe, V K Krishna Menon. Modi s’appuie sur Subrahmanyam Jaishankar, son ministre des affaires étrangères, qui croit ardemment qu’une alliance avec les États-Unis peut répondre au mieux aux intérêts stratégiques de l’Inde.

Modi s’est écarté de nombre de traditions et de normes en matière de politique étrangère et de stratégie de l’Inde, lors des élections générales de 2019. Pour obtenir son siège de premier ministre pour un second mandat, il a utilisé les affaires étrangères comme aimant à électeurs. Il a utilisé le nationalisme territorial comme programme électoral en manipulant l’attaque terroriste de Pulwama et la frappe chirurgicale subséquente sur Balakot, au Pakistan. Modi s’est engagé à reprendre le Cachemire administré par le Pakistan pendant les élections.

Malgré des échecs sur tous les fronts dans les affaires intérieures du pays, Modi a réussi à affimer sa popularité avec sa politique étrangère. Il a réussi à dissimuler ses échecs en matière de politique intérieure aux électeurs en les impressionnant par son engagement auprès des dirigeants de superpuissances tels que le président américain Donald Trump, le président chinois Xi Jinping, le dirigeant russe Vladimir Poutine, et d’autres.

Selon la théorie économique, quels que soient les biens et services offerts sur le marché, ils doivent être payés par les consommateurs, ce qui signifie que personne n’obtient quoi que ce soit pour rien. La théorie est représentée par un célèbre dicton : « les repas gratuits n’existent pas » . Cette maxime s’applique également aux relations internationales et à la stratégie.

Chaque accolade et poignée de main avec le chef d’une superpuissance est associée à un prix spécifique. Ces prix sont parfois exprimés en termes monétaires. Modi a payé 43 milliards de dollars US pour le système de défense antimissile S-400 pour une accolade et une poignée de mains avec Poutine. Avec le président français Emmanuel Macron, c’était 30 milliards de dollars pour l’accord Rafale. Pour Poutine et Macron, c’étaient des coûts monétaires explicites, et non des coûts stratégiques. Cependant, Modi a dû payer un prix stratégique élevé dans les cas de Trump et Xi.

Par exemple, Modi a organisé l’événement « Howdy, Modi ! » en fanfare à Houston, au Texas, le 22 septembre 2019, et environ 50 000 personnes d’origine indienne venues de tous les États-Unis y ont participé. La participation de Trump était au centre de l’attraction de l’événement, et il a passé une heure avec Modi.

De même, Trump a participé à un événement auquel ont assisté 125 000 personnes dans le plus grand stade de cricket du monde, dans l’État indien du Gujarat, le 22 février dernier. Modi a fait preuve de chaleur et d’empressement avec Trump, et le président américain a prononcé un discours dans lequel il a présenté le Premier ministre indien comme « un leader exceptionnel… et un homme que je suis fier d’appeler mon véritable ami » .

Mais la participation de Trump à ces événements et son admiration déclarée pour Modi n’étaient pas gratuites. Modi doit payer en jouant le rôle d’allié de confiance et d’ami stratégique des États-Unis.

Trump, un allié digne de confiance ?
La dernière stratégie de sécurité nationale des États-Unis a déclaré qu’elle s’en tenait toujours à la politique « Une seule Chine » et a affirmé catégoriquement que les États-Unis ne cherchent pas de changement de régime en Chine. Cependant, Modi a envoyé deux membres du Parlement indien à la cérémonie d’assermentation virtuelle du président taïwanais.

Ni le président américain lui-même, ni aucun des amis et alliés de l’Inde, y compris les pays de la Quadrilatérale (alliance entre l’Inde, l’Australie, les USA et le Japon), n’ont fait de déclaration en faveur de l’Inde sur l’impasse militaire sino-indienne au Ladakh. Le Ladakh n’a même pas été mentionné dans la déclaration commune publiée après le sommet virtuel très médiatisé entre Modi et son homologue australien Scott Morrison, le 4 juin dernier.

Si une guerre de grande envergure avec la Chine éclate, l’Inde constatera que personne ne la soutient. Les États-Unis étaient déjà en crise avant la pandémie. Leur dette publique représente environ 125 % du produit intérieur brut, et un rapport de Wall Street explique qu’elle pourrait atteindre 2 000 % du PIB.

L’un des plus grands experts mondiaux sur l’Asie, Stephen Roach, avertit qu’un changement de l’équilibre des pouvoirs mondiaux combiné à un déficit budgétaire galopant des États-Unis pourrait bientôt déclencher un krach du dollar.

Les États-Unis eux-mêmes veulent un meilleur accord commercial avec la Chine. Après l’élection présidentielle de novembre, l’accord devrait être conclu. Le calcul de Modi selon lequel l’Inde profiterait des pertes de la Chine à la suite de la pandémie et d’un réalignement de la puissance mondiale semble absurde.

Modi s’attend, à tort, à ce que l’Inde puisse rebondir et se doter rapidement de bons biceps économiques après la pandémie. Il pense que le monde post-pandémique sera témoin d’un réalignement des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Modi espère que les États-Unis, l’Australie et de nombreux pays européens vont dissocier leur économie de celle de la Chine. Ils chercheront à faire de l’Inde un partenaire et un allié. Leurs usines seront délocalisées vers une nouvelle destination, l’Inde.

Cependant, l’Inde est entrée dans la crise du Covid-19 tout récemment. Les experts indiens de la santé publique estiment qu’il pourrait y avoir au total 670 millions d’infections et 500 000 décès d’ici la fin de l’année.

De plus, l’économie devrait décliner. Les consommateurs des exportations indiennes sont les familles à faibles et moyens revenus des économies avancées. Ce sont les plus durement touchés par la pandémie de Covid-19, et une nouvelle chute de la demande effective sera à attendre l’année prochaine.

Avant la pandémie, le commerce extérieur de l’Inde avec l’Union européenne était favorable, et il était également positif avec les États-Unis. Et Modi vise à faire de l’UE et des États-Unis des partenaires commerciaux clés après la délocalisation des entreprises américaines de Chine vers l’Inde.

Mais rien ne garantit que les entreprises américaines vont se tourner vers l’Inde, car moins de 5 % des entreprises ont été délocalisées en Inde après le début de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, en mars 2018. Et même s’ils délocalisent, cela ne garantira pas la croissance économique de l’Inde, car la demande effective de produits indiens sur le marché international ne devrait pas augmenter avant quelques années.

Des économistes comme Michael O’Leary et Carlos Rodriguez estiment qu’une reprise en V des économies avancées est peu probable. La lenteur de la reprise après l’effondrement économique de 2008 suggère une forte probabilité d’une reprise post-pandémique en L dans les économies développées.

Les soupçons chinois
Modi a annoncé le 12 mai le concept d’Atmanirbhar Bharat (une Inde autonome) ainsi qu’un plan de sauvetage économique de plus de 260 milliards de dollars pour stimuler une reprise post-pandémique.

Pékin a perçu que l’intention de Modi était de durcir sa politique sur les investissements étrangers directs en provenance de Chine. L’accueil réservé par l’Inde aux entreprises américaines qui veulent se délocaliser de Chine cible sélectivement les investissements chinois.

La Chine veut découpler l’Inde des États-Unis. Elle est très préoccupée par la démarche de l’Inde en raison de la frontière commune de 3 400 kilomètres entre les deux pays. Les stratèges chinois pensent que l’Inde agit comme un substitut des États-Unis pour contenir la Chine dans l’Himalaya et l’océan Indien.

Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, sans faire référence à un accord particulier, a répété ses propos du mois dernier : « Nous exhortons la partie indienne à travailler avec nous, à respecter l’important consensus de nos dirigeants, à se conformer aux accords signés et à s’abstenir de toute action unilatérale qui compliquerait la situation » . Il faisait allusion à l’accord et au consensus passés entre Modi et Xi lors de leurs deux sommets informels de Wuhan et Mamallapuram.

Pékin perçoit également que Modi s’est tourné vers les États-Unis, malgré un accord de coopération avec la Chine pour bâtir « le siècle asiatique ». Modi est réticent à voir « l’importance de respecter les sensibilités, les préoccupations et les aspirations de chacun » , comme le souligne la déclaration commune publiée après le premier sommet.

Modi et Xi ont convenu de rechercher un règlement équitable, raisonnable et mutuellement acceptable sur la question de la frontière entre l’Inde et la Chine. Cependant, après avoir révoqué l’article 370 de la constitution indienne, l’Inde a publié une nouvelle carte incluant le Cachemire administré par le Pakistan.

Dans un discours enthousiaste à la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, l’homme de main de Modi, le ministre de l’intérieur Amit Shah a déclaré qu’il reprendrait Aksai Chin, le Ladakh administré par la Chine. Puis Jaishankar s’est envolé pour Pékin et a rassuré la Chine sur le fait que l’Inde n’avait pas l’intention d’étendre son territoire.

La Chine a d’abord compris l’incident comme une question de politique intérieure en Inde. Cependant, après une succession d’événements ultérieurs – changements de politique sur la question de Taïwan, resserrement des investissements chinois en Inde, restructuration de l’Organisation mondiale de la santé, enquête sur le Covid-19, Quad et accord de défense avec l’Australie – les soupçons de Pékin se sont intensifiés.

Les stratèges chinois pensent que Modi a changé d’avis sur son accord concernant « la construction d’un ordre économique mondial ouvert, multipolaire, pluraliste et participatif » , qu’il a abandonné le partenariat avec Pékin et qu’il veut abaisser l’influence de ce dernier dans son arrière-cour et sur la rive indo-pacifique, le tout à la demande des États-Unis.

La Chine veut envoyer un message clair à Modi pour qu’il respecte le consensus et les accords conclus avec Pékin lors des deux sommets informels ou qu’il se prépare à des conséquences pires qu’en 1962, lors de la confrontation militaire au Ladakh.

Si Modi ne parvient pas à remettre sur les rails le consensus et l’accord obtenus lors des deux sommets, la Chine sanctionnera l’Inde encore plus durement qu’en 1962. Alors le destin de Modi sera probablement celui qu’a décrit l’historien russe du XIXe siècle Vassily Klyuchevsky : « L’histoire ne nous enseigne rien, mais elle nous punit quand nous n’avons pas appris ses leçons » .

Bhim Bhurtel est professeur de relations internationales et diplomatie à l’université Tribhuvan de Katmandou, et d’économie du développement à l’université ouverte du Népal. Il a été le directeur exécutif du Nepal South Asia Center (2009-14), un think tank sur le développement de l’Asie du Sud basé à Katmandou.

Traduction et note d’introduction Entelekheia
Photo : Ladakh, Tashi Kongmaa / Pixabay
 
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