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Xuan
Pas les Tamouls, mais le "TNA : parti régionaliste Tamoul, représentatif des intérêts de la bourgeoisie des provinces Nord et Est. Longtemps considéré comme le paravent parlementaire du mouvement séparatiste des Tigres du LTTE que le TNA considérait comme le seul représentant des aspirations nationales des Tamouls. Parti soutenu activement par le gouvernement de droite du Tamil Nadu en Inde et les Occidentaux" . D'autre part l'article signale aussi les pogroms anti Tamoul.


Edité le 16-11-2018 à 00:08:08 par Xuan


marquetalia
Oui,les textes accusent les Tamouls d être au service de l impérialisme u.s.
Xuan
Est-ce que tu as plus de trois lignes de ce qui précède ?
marquetalia
La cause tamoule est liée aux Palestiniens et à Cuba.et j en ai marre de constamment retourner ma veste géopolitique en raison de l alignement ou pas aux Etats Unis.Vive les Tigres de l Eelam Tamoul!
Xuan
GEORGE SOROS, RANIL WICKRAMASINGHE ET LE SRI LANKA


Tamara Kunanayakam (93)



George Soros a longtemps cherché à orienter la vie politique du Sri Lanka, promouvant la partition du pays et soutenant activement un parti politique contre un autre. Ce n’est cependant qu’après la nomination de M. Ranil Wickramasinghe comme Premier ministre qu’il a pu prendre pied dans le pays, modeler la politique gouvernementale et installer un bureau.

Le lien entre George Soros et Ranil Wickramasinghe remonte à la Société du Mont Pèlerin, une organisation secrète connue sous le nom de « Mère de tous les think tanks », créée en 1947 au Mont Pèlerin, un village des Alpes suisses, pour promouvoir les intérêts expansionnistes de la finance mondialisée.

L’engagement de Soros au Sri Lanka est à la fois direct et indirect : par le biais de son Open Society Foundations et d’institutions qu’il finance, comprenant en particulier le Centre pour le développement international de l’université Harvard dirigé par le professeur vénézuélien Ricardo Hausmann, un autre associé de Soros.

En janvier 2016, George Soros a été impliqué dans l’organisation et le financement du Forum économique du Sri Lanka sous les auspices du Premier ministre Wickramasinghe, sur le thème « L’agenda 2023 du Premier ministre Ranil Wickremesinghe pour la prospérité économique ». L’hôte principal était Joseph Stiglitz, qui a accusé le président Donald Trump d’avoir des « tendances fascistes » et d’être inapte à présider les États-Unis.

Dans ce Forum, le professeur Hausmann et l’équipe de son Centre de Harvard ont présenté une stratégie de développement économique pour le Sri Lanka et un plan de développement de l’économie sur trois ans. Répondant à des questions posées au Parlement sur la participation de Soros au Forum, le Premier ministre a affirmé qu’il n’avait pas invité Soros, mais que Soros l’avait invité. L’opération Harvard, gardée secrète jusqu’au dernier moment, était entièrement financée par Soros et son Open Society Foundations. Peu après, en août 2015, l’Open Society Foundations a annoncé son projet de s’installer au Sri Lanka pour « pour stimuler les réformes démocratiques déjà en cours au Sri Lanka et promouvoir le progrès économique ».

Pour ses actions intrusives au Sri Lanka, Soros utilise également Human Rights Watch; l’International Crisis Group (ICG) dont il est un administrateur, le Global Centre for Responsibility to Protect (R2P) "Centre mondial pour la responsabilité de protéger", étroitement associé à Samantha Powers, et la Human Rights Foundation "Fondation pour les droits de l’homme" en Afrique du Sud, tous financés par lui, qui ont régulièrement critiqué le gouvernement sri-lankais, pendant et après la guerre contre le terrorisme et le séparatisme, tout en minimisant les atrocités des Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE) "Tigres de libération de l’Îlam tamoul". Un mouvement qui a été désigné comme « organisation terroriste étrangère » par le Département d’État américain depuis le 8 octobre 1997 et qualifié de « Specially Designated Global Terrorist » (SDGT) depuis le 2 novembre 2001. Le FBI a décrit les LTTE comme les « extrémistes les plus dangereux et les plus meurtriers » au monde et les a classés avant al-Qaïda et le Hamas. Selon lui, « les tactiques impitoyables des LTTE ont inspiré des réseaux terroristes dans le monde entier, y compris al-Qaïda en Irak ». Selon le FBI, les LTTE sont la seule organisation terroriste à avoir assassiné deux dirigeants mondiaux ».(94)

La directrice exécutive de la Fondation pour les droits de l’homme en Afrique du Sud financée par Soros, Yasmin Sooka, faisait partie du groupe de trois membres du Groupe d’experts du Secrétaire général de l’ONU sur la responsabilité du Sri Lanka qui a préparé le rapport discrédité de 2011 et qui est à la base de la résolution 30/1 controversée du Conseil des droits de l’homme de l’ONU contre le Sri Lanka. Yasmin Sooka est membre du Conseil consultatif de l’Initiative pour les droits de l’homme de l’Open Society Foundations de Soros, et a été première invitée de la chaire inaugurale George Soros à l’École de politique publique (SPP) de l’Université d’Europe centrale (CEU) pour le semestre d’automne 2015.

George Soros a également soutenu les revendications séparatistes des LTTE d’autres manières, par exemple par le biais des opérations – qu’il a financées – du Cadre interinstitutionnel de coordination de l’action préventive des Nations unies (l’équipe cadre ou FT dans son sigle anglais). Celui-ci, dans les années 2012 et 2013, a tenu des réunions et des séminaires à huis clos où la partition d’États membres des Nations unies était débattue, y compris celle du Sri Lanka et du Népal. Selon des rapports, le FT a aussi formé certains activistes dans le monde, en particulier dans les pays en développement et d’autres pays ayant des gouvernements pro-occidentaux, à utiliser « le système » pour obtenir des changements.

En Europe, les opérations de Soros visant à soutenir un parti politique ou un autre suscitent de plus en plus d’inquiétudes et d’oppositions. À Washington, des membres républicains du Congrès ont remis en cause les fonds de l’USAID provenant de l’argent des contribuables américains qui financent les projets de Soros, notamment en Macédoine et dans d’autres pays d’Asie. Le sénateur républicain de l’Utah, Mike Lee, s’est dit préoccupé, dans le cadre d’une préoccupation plus large, par le fait que les financements d’USAID vont à l’Open Society Foundations de Soros en Macédoine, et que l’ambassade américaine a pris parti dans la politique partidaire. Le sénateur Lee a écrit : « J’ai reçu des rapports crédibles selon lesquels, ces dernières années, la mission américaine en Macédoine est intervenue activement dans la politique des partis du pays ainsi que dans le modelage de son environnement médiatique et de sa société civile, favorisant souvent des groupes défendant une opinion politique plutôt qu’une autre. »



Tamara Kunanayakam Colombo, le 12 novembre 2018

[email]tamara.kunanayakam@gmail.com[/email]

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(93) Tamara Kunanayakam : est ancienne ambassadeur à Cuba, au Vatican et Représentante Permanente du Sri Lanka à Genève auprès des Nations Unies, Présidente et rapporteur du Groupe de Travail Intergouvernemental de l’ONU sur le Droit au Développement.
(94) Voir Taming the Tamil Tigers : From Here in the U.S., The FBI, 01/10/08, http://archives.fbi.gov/archives/news/stories/2008/january/tamil_tigers011008
Xuan
Ou en est on après ces 2 semaines qui ébranlèrent le Sri Lanka ?

Les Sri Lankais étaient dans l’attente d’élections générales, elles sont aujourd’hui acquises par la décision de dissolution du Parlement annoncée par le Président. Le pays est calme, le nouveau gouvernement a été mis en place, il est composé d’anciens ministres qui se sont ralliés et d’une partie de ceux qui étaient au pouvoir avant 2015. Ils se sont mis très vite au travail et toute une série de mesures sociales d’urgence ont été prises pour soulager les gens.

Une importante réforme fiscale est annoncée y compris avec le rétablissement de la commission d’appel, le prix des transports, du carburant, ont baissé ! Mais surtout, ce sont les prix des denrées de base comme les lentilles, le dhal, la farine, le sucre, les pois chiches, le sucre etc. En réduisant les taux d’emprunts un soutien immédiat a été apporté aux petits producteurs d’oignons, de pommes de terre, de riz. Les taxes sur les fertilisants, on été réduites. Il a été décidé la suppression des intérêts bancaires sur l’épargne, la réduction du prix des télécommunications, l’arrêt des privatisations. Simultanément, se négocie un relèvement des salaires en particulier pour les travailleurs des plantations qui étaient en lutte, déjà les chauffeurs et personnels des sociétés de bus ont vu leurs rémunérations passées de 14 000 à 25 000 roupies. Le traité de libre échange avec Singapour doit être renégocié !

Les élections provinciales auront lieu en 2019 d’autant que leur report systématique par R.W prive actuellement 6 provinces sur 9 de toute administration. Il faut redonner du sens et des moyens au développement de l’économie locale, afin de permettre une meilleure réponse aux besoins. Le Sri Lanka par ses richesses naturelles et les savoirs faire de son peuple en a les moyens. Cette vision peut contribuer à restaurer la souveraineté du pays, car il ne saurait y avoir de politique internationale indépendante sans respect de l’intégrité territoriale, sans une économie indépendante. Restaurer la crédibilité internationale du Sri Lanka est à ce prix !

Pour la droite qui tient depuis deux semaines un discours apocalyptique, ces mesures sont irresponsables, elles vont aggraver le déficit, l’effondrement de l’économie est en vue, et les sanctions vont pénaliser le pays de manière irrémédiable. Ces déclarations cherchent avant tout à faire diversion sur ses propres responsabilités. Dorénavant comme le montre les déclarations des Etats-Unis, de l’U.E, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, du Canada la bataille politique va se déployer avec ces relais sur le thème de la démocratie. Toutefois, il faut noter certaines inflexions dans le discours. On ne parle plus d’anti-constitutionnalité mais d’agir dans le cadre et le respect de la constitution Quant à l’Inde de Narendra Modi, elle se montre plus prudente (84)comme le souligne la déclaration de son Ministre des affaires étrangères Raveesh Kumar. Supramanian Swamy (85) un des dirigeants du BJP (86) considère que le TNA aurait pu obtenir un bon « deal » en négociant avec Mahinda Rajapaksa et qu’en dernière analyse les élections sont une bonne chose car elles permettront de trancher. Enfin, beaucoup s’interrogent sur le silence de l’ancienne Présidente Kumaratunga qui avait pourtant joué aux cotés de l’UNP un rôle capital dans le complot en faveur d’un changement de régime et de la promotion de la candidature de Sirisena.

En 2004, dans une interview au « Time » elle donnait une explication sur ce qui l’avait conduite à se séparer de R.W à l’époque Premier ministre et de convoquer des élections générales (87). L’éclairage est assez saisissant venant de la part d’une personne particulièrement hostile à Mahinda Rajapaksa !

Quant aux trois partis UNP, TNA et JVP, ils se mobilisent contre la décision de dissolution du Parlement et de nouvelles élections générales qu’ils jugent anti démocratiques. Ensemble, ils sont décidés à engager une action auprès de la « Cour Suprême de justice »….tout en se préparant aux prochaines consultations électorales. Au mépris de ses prérogatives et de l’indépendance de sa fonction, le Président du Parlement Karu Jayasuria s’est rangé de manière partisane derrière l’UNP et ses alliés.

On substitue ainsi au débat nécessaire sur les causes de la situation, celui sur le non-respect de la constitution, la non convocation du parlement, la dictature qui se mettrait en place et la corruption des politiciens prêts à se vendre au nouveau gouvernement en prébendes et fonctions ministérielles.

Le nouveau gouvernement et ceux qui le soutiennent sont face à des exigences sociales fortes. Le changement espéré va t’il se concrétiser par une rupture ou par une forme de continuité en faveur d’un aménagement plus soft des politiques précédentes ? Là est le débat des prochaines semaines !

Tout est affaire de volonté politique. Pour l’heure si la droite est sous le choc de la dissolution et d’élections générales, elle va très vite se ressaisir, s’employer avec tous les moyens possibles dont elle dispose à reconquérir le pouvoir perdu. Les semaines qui viennent vont par conséquent être décisives. Ainsi les Etats Unis, l’Union Européenne, l’Australie, la Grande Bretagne se mobilisent également et menacent. De nouveau revient en boucle la perspective d’un bain de sang. Jusqu’où seront ils prêt à aller au nom de la sécurité nationale des Etats-Unis aujourd’hui menacés !

Le pays n’est pas à l’abri de provocations du type Maidan ou de celles connues au Venezuela ou au Nicaragua. Les forces du conservatisme sont coutumières de ce genre de pratiques. Elles peuvent y recourir de nouveau.

Pour les forces du changement, elles doivent s’appuyer et contribuer à la mobilisation populaire et pas se laisser placer sur la défensive comme elles ont été entraînés ces derniers jours sur des discussions et des prises de position déconnectées du réel. Elles se sont enlisées comme par exemple celles portant sur la constitutionnalité ou la non constitutionnalité du changement de Premier ministre. Cette stratégie a contribué à neutraliser des forces politiques. L’agitation dont font preuve certains n’est pas indifférente à la peur de perdre les avantages que leur accordent leurs positions de parlementaire ! Il y a aussi le risque de contribuer à de nouvelles désillusions en sous-estimant la portée du contenu du changement à mettre en œuvre.

C’était là le calcul de la droite et des gouvernements occidentaux qui chaque jour, chaque heure font monter la pression. Jusqu’à présent ceci a été très largement minoré par une partie des forces du changement malgré les appels répétés de nombreuses forces progressistes.

De ce point de vue, la déclaration (88) de Jeffrey Feltman (89) au nom du Brookings Institution (90) a le mérite de la clarté ! Jeffrey Feltman ne parle pas pour ne rien dire, c’est un diplomate chevronné ! Il connaît bien le Sri Lanka, Sa déclaration est une mise en garde très ferme au nouveau gouvernement et une attaque d’une rare violence contre Mahinda Rajapaksa présenté comme un populiste dangereux et criminel. Bien sur il réaffirme son soutien à R.W et son propos confirme l’origine de la procédure d’impeachment envisagé contre Sirisena. Plus significatif il appelle à faire du Sri Lanka l’exemple d’une nécessaire ingérence après ce qu’il prétend être les échecs répétés de l’ONU. Il appelle ainsi en forme d’avertissement à s’engager en faveur d’une action préventive. Bien sur apparaît clairement les arrière-pensées géopolitiques feltan ne fait pas mystère d’une cette volonté d’instrumentalisation du Sri Lanka contre la Chine.

Par conséquent, le rapport des forces a changé mais la situation demeure périlleuse. Elle peut s’aggraver si le nouveau pouvoir prend le risque de s’enfermer dans des tactiques politiciennes au détriment de la mobilisation de ceux qui ont intérêt aux changements.

Il est heureux que ceux qui ont montré qu’il existait une autre alternative qui consistait à replacer l’intervention populaire au cœur de la bataille l’aient pour l’heure emportée. Les calculs politiciens, le débauchage que privilégiaient certains, ne contribuaient qu’à se détourner de l’essentiel, tout en renforçant le discrédit qui frappe une partie de la classe politique du pays.

La décision courageuse du Président de prononcer la dissolution du Parlement et de provoquer des élections générales ouvre une perspective pour le mouvement populaire. C’est lui qui en dernière analyse doit décider de la route que le pays doit prendre.
« L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant qui fait tout (91)»

Le dépositaire de la souveraineté reste le peuple, à moins de remettre en cause le principe de démocratie représentative, il l’exprime de différentes manières y compris, il le fait à travers l’expression électorale. C’est ce qui est dorénavant à l’ordre du jour et ce pourquoi le peuple a imposé ce changement. Il revient de contribuer à lui donner confiance dans la force matérielle qu’il représente. « Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous !(92) C’est le choix fait par le peuple Sri Lankais.

[email]jean.pierre.page@gmail.com[/email] Colombo, le10novembre2018

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(84) « International community continue to weigh on Sri Lanka » Newsfist, 09/11/2018
(85) « Western nations displeased by President Sirisena action » Newfirst, 09/11/2018
(86) Le B.J.P est le parti au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi.
(87) Interview de Chandrika Kumaratunga à Time Magasine : « Q : Qu’elle était votre raison de convoquer des élections générales ? R : J’y étais obligé car il y avait une véritable rupture dans la cohabitation gouvernementale entre R.W et moi. Il me harcelait et me mettait à l’écart. Il avait une seule et unique obsession : il voulait devenir Président. Il se moquait de ce qu’il arriverait au pays. Nous étions dans une impasse ! La seule solution qui me restait était de consulter le peuple pour qu’il me donne un mandat clair » Alex Perry, pour Time magasine 29/03/2004
(88) « Sri Lanka : An urgent case for conflict prevention », Jeffrey Feltman Brookings Institution, 31/10/2018. Voir également « Is the government playing good cop bad cop ? » Lasanda Kurukulasuriya, Daily Mirror, 25/07/2017
(89) Jeffrey Feltman, ambassadeur au Liban et dans différents endroits sensibles dans le monde. Il a été sous secrétaire d’état pour le Proche Orient. Puis secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires politiques, c’est à dire le poste le plus important dans la hiérarchie onusienne. Il est lié à Samantha Powers, Susan Rice, Victoria Nuland par ailleurs épouse de Robert Kagan.
(90) Le Brookings Institution est une Fondation considéré comme plus important Centre de recherche et d’études de politique internationale. Souvent associé au rôle et à l’influence des néoconservateurs US comme Robert Kagan, William Kristol, Wolfowitz, Richard Perle.
(91) Karl Marx- Friedrich Engels L’idéologie allemande, 1846
(92) Pierre Victurnien Vergniaud(1753-1793) et Elisée de Loustalot(1762-1790)
Xuan
On ne s’étonnera pas dans ces conditions combien l’action de R.W a très vite fait l’objet d’un véritable rejet, et d’une exaspération populaire . Les luttes sociales se sont multipliées témoignant d’un raz le bol généralisé tant, l’accumulation de coups portés contre le peuple finissaient par provoquer de véritables déchirures dans une société éclatée et de plus en plus divisée.

En février 2018, les élections locales ont été marquées par un véritable raz de marée en faveur du nouveau parti, le SLPP de l’ancien Président Mahinda Rajapaksa (78), puis en septembre une manifestation de 300.000 participants à Colombo a donné des indications supplémentaires sur l’état d’esprit des gens. Dans ces conditions les illusions ont vite fait place à la colère, aujourd’hui à la haine, une haine de classe !

Bien évidemment, le gouvernement et ses alliés politiques ont délibérément ignoré ces changements pourtant significatifs.

Le choix de R.W et de son premier lieutenant Mangala Samaraweera (79) fut de persévérer à marche forcée et avec obstination dans la même direction et même d’accélérer les privatisations, le tout à l’export, la mise en vente du pays aux entreprises étrangères y compris les domaines publics comme les écoles, les hôpitaux, les infrastructures militaires, les parcs nationaux, jugés obsolètes donc inutiles car d’aucune rentabilité.

Le gouvernement était comme aveuglé pratiquant une auto satisfaction en forme d’autosuggestion. Cette politique à haut risque d’explosion sociale continuait à être encouragée, par les gouvernements des pays occidentaux, le FMI, les institutions financières internationales. La presse internationale, les relais de la soi-disant « société civile » encensant quotidiennement une réussite que l’on disait exemplaire. R.W et ses proches concentraient entre leurs mains tous les pouvoirs, pressés de mettre en pratique de manière dogmatique un catalogue de recettes ultras libérales visant a transformer totalement le Sri Lanka, un pays pourtant aux fortes traditions et à une histoire millénaire.

L’échec au parlement d’une motion de censure en mars 2018 déposée par l’opposition s’illustra toutefois par le ralliement à l’opposition de centre-gauche (80) de 16 parlementaires de la majorité et la sympathie non dissimulée de plusieurs membres de l’UNP (81) et du SLFP (82) mais qui renonçaient au dernier moment et sur l’ordre du Président Siriséna à la confrontation directe avec le gouvernement de R.W. Après l’échec cuisant des municipales, cet autre avertissement était prémonitoire.

En fait, il était annonciateur d’un fiasco à moyen terme tant les contradictions s’aiguisaient, le gouffre se creusait entre l’équipe au pouvoir et le peuple. Il est d’ailleurs remarquable que plusieurs dirigeants de la droite pressentant cette évolution en firent porter ensuite la responsabilité à R.W considéré comme un « homme égoïste, sans aucune honte et qui a détruit le parti de mes ancêtres »(83), comme devait le déclarer Wassenta Sennayake ex ministre d’état aux affaires étrangères qui a rejoint après le 26 octobre le nouveau gouvernement de Mahinda Rajapksa.

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(78) Sur 340 collectivités locales 239 ont été gagnées par le SLPP et ses alliés.
(79) Mangala Samaraweera est l’ex Ministre de l’économie des finances et des médias, entendez par là : la propagande officielle. Ancien Ministre des affaires étrangères, il est celui qui a accepté les conditions imposées unilatéralement par les USA à la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève en 2015. Il est connu pour ses relations étroites avec le département d’état d’Hillary Clinton qu’il a soutenu face à Trump, et le premier cercle de Barack Obama comme Samantha Powers, Tom Malinowski ancien dirigeant de Human Rights Watch, Nisha Biswal et plusieurs Fondations dirigés par les néoconservateurs US comme « l’Heritage Foundation » .
(80) « The joint opposition » J.O rassemble le SLPP de Mahinda Rajapksa et plusieurs formations de gauche dont le MEP scission dans les années 70 du LSSP (troskiste affilié à la 4e internationale), du PC, du LSSP, du Democratic left Front de Vassudeva Nanayakara (ex LSSP, troskiste) et du National Freedom Front de Wimal Wirawensa, résultat d’une scission du JVP.
(81) UNP : United National Party, le parti de Ranil Wrickemensinghe
(82) « PM no-confidence vote and yahapalanayas’ divided loyalties », Daly Mirror 28/03/2018
(83) Wassenta Senanayake : dirigeant de l’UNP, ancien Ministre d’état aux affaires étrangères dans le gouvernement de R.W est aujourd’hui Ministre du Tourisme et de l’environnement dans le nouveau gouvernement de Mahinda Rajapaksa. Il est un des héritiers politiques de D.S Sennayake, un des fondateurs de l’UNP, « le père de la nation » qui fut son arrière grand père et le premier « premier ministre » du Sri Lanka . « Daily Mirror ». 26 octobre 2018
Xuan
D’ailleurs cette évolution en rupture avec des années de non alignement (71) a suscité l’émergence et le développement d’un mouvement patriotique populaire très large rejetant toutes mise en cause de l’indépendance et de la souveraineté du pays, toute formes d’ingérence dans les affaires nationales . Il regroupe des personnalités indépendantes intellectuelles, religieuses, politiques militaires, qui contestent entre autre le projet de nouvelle constitution voulu par les occidentaux. Deux importantes structures mises en place sont très actives: « Eliya » « Viyathmaga » (72) dont l’influence a permis de freiner et même de mettre en échec cet objectif du gouvernement visant à établir une nouvelle constitution de surcroit sans consultation populaire.

Pour faire diversion sur ses problèmes réels, le pouvoir s’est livré à une vaste campagne d’intoxication sur la corruption du précédent régime, en multipliant les provocations, les procédures, les convocations devant des juges, mais sans succès. La seule affaire tangible étant celle impliquant directement R.W dans l’affaire de la Banque Centrale. Dans ce contexte il faut noter que le changement de Premier Ministre et la perspective d’une motion de censure au parlement maintenant caduque à servi à alimenter les commentaires provocateurs, les coups tordus qui se sont multipliés quotidiennement.

Chaque jour la presse annonçant le ralliement de tel ou tel parlementaires au nouveau régime, des centaines de millions passant d’une poche a l’autre. On évalue le prix d’un député à 100, 150, voir dans un cas 500 millions de roupies soit plus de 2 millions d’euros pour le faire déserter son parti. Cette situation a encore renforcé le discrédit qui frappe les parlementaires et les politiciens, le sentiment d’impunité dont ils bénéficient. Peu font exception! La banalisation de ces faits met en évidence une forme de dégénérescence des institutions représentatives et visent à faire pression sur l’opinion en accréditant chez les gens l’idée « tous pourris ». Sirisena a dans son discours expliquant son choix d’avoir procéder à la dissolution du Parlement, évoque comme raisons le rôle de ces députés corrompus qui abaissent la crédibilité de l’Assemblée Nationale(73) .

En fait les campagnes anti corruptions des médias et des hommes politiques Sri Lankais ne ciblent jamais les causes c’est-à-dire le système mis en place par ceux qui sont les vrais corrupteurs, ceux liés à la finance internationale, les comparses de R.W. Pourtant ce sont les politiques néo libérales de son gouvernement qui encouragent l’évasion fiscale, les transferts d’argent comme on le voit actuellement. Près de 165 millions de dollars en moins de deux semaines ont été transférés hors du pays(74) . Comme en occident, il est significatif que le Sri Lanka se prépare déjà à l’abandon de la monnaie papier au bénéfice de la monnaie plastique comme l’exigent dorénavant les banques internationales.

La criminalité financière dont le blanchiment d’argent a pris des proportions sans précédent au Sri Lanka. Le gouvernement de R.W voulait renforcer cette orientation avec son méga-projet « Megapolis » visant à faire de Colombo une place financière, un « hub » international sur le modèle de Singapour.

Pour R.W et Mangala Samaraweera c’est le secteur public et nationalisé qui est corrompu comme le montre leurs campagnes incessantes contre les entreprises publiques dont la compagnie aérienne nationale Sri Lankaise. La solution serait la privatisation des 50 plus grandes entreprises publiques du pays, la « dépolitisation de l’Etat », le transfert de toutes les activités économiques vers le privé.

Comme le souligne Imran Khan (75) s’agissant du Pakistan, ce que l’on doit viser, c’est se donner les moyens au niveau des institutions de les renforcer afin de combattre cette corruption en « col blanc » qui encourage l’évasion monétaire et fiscale. Celle-ci coûte cher au développement, car elle force aux emprunts, encourage l’inflation et finalement fait payer le prix au peuple.

Le pays après avoir été marqué, traumatisé par une guerre de presque 30 ans (76) avait entamé même si ce fut non sans erreurs une véritable restauration économique et sociale. Cela se faisait malgré les pressions internationales, mais les résultats étaient indiscutables. Depuis 3 ans, le pays a basculé dans la régression et la soumission aux intérêts étrangers pour le bénéfice égoïste d’une fraction de la population qui aime à paraître comme l’élite cosmopolite et nostalgique d’une féodalité désuète d’inspiration néocoloniale(77).

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(71) Le Sri Lanka a été avec l’Egypte de Nasser, la Yougoslavie de Tito, l’Indonésie de Soekarno, l’Inde de Nehru, le Ghana de NKrumah un des pays fondateurs du Mouvement des Non alignés.
(72) « Eliya » signifie la lumière, et « Viyathmaga » signifie : « les chemins de la connaissance », cette dernière fonctionne comme un Think Tank.
(73) « President Mathiripala Sirisena special statment to the nation » Daly Mirror 12/11/2018

(74) « Constitutional crisis, 28 billions of roupies flees Sri Lanka in two weeks » Lanka Business on Line, 09/11/2018
(75) Lire et écouter le remarquable discours sur les priorités et la lutte contre la corruption du nouveau Président Pakistanais Imran Khan à l’Ecole Centrale du PCC,
Pékin, novembre 2018
(76) Lire dans « La Pensée libre » une série d’études sur le Sri Lanka, notamment « Qui sont nos amis, qui sont nos ennemis » de Jean-Pierre Page-17/07/2011, « Entretien avec Jean-Pierre Page sur le Sri Lanka » 18/07/2011 et « Les années Rajapaksa entre triomphe et désastre » 08/04/2016, « Le retour de Darusmann, rapport de Navi Pilay sur le Sri Lanka »-03/06/2013 de Tamara Kunanayakam.
(77) Le Sri Lanka a été colonisé pendant 450 ans par les Portugais, les Hollandais, puis enfin les Britanniques.


Edité le 15-11-2018 à 15:04:17 par Xuan


Xuan
Ainsi, en moins de 3 ans, le bilan de l’action de Ranil Wickremensighe s’est alourdi au point de menacer l’existence même d’un état qui s’était affranchit de quatre siècles et demi colonisation. Là résident les causes principales de cette crise systémique, mais il faut encore ajouter à cela que ce n’est pas tout !

Sous la pression des pays occidentaux abusivement présentés comme étant à eux seuls comme « la communauté internationale », le pays s’est isolé internationalement de ses alliés naturels en abandonnant sa politique traditionnelle de non-alignement (57) pour mieux se réfugier dans l’illusion d’une relation privilégiée avec l’Occident , ce qui justifiait de se placer sous l’aile protectrice de Washington de ses alliés et dans une moindre mesure de l’Inde. John Kerry (58) vint en personne quelques mois après la mise en place du nouveau régime afin de donner ses instructions. Fait significatif cela ne choqua personne au sein de la classe politique, et cela, sans exceptions de la droite à la gauche. Devant cette passivité, les Etats Unis pouvaient se frotter les mains et persévérer.

Tout comme d’ailleurs les anciennes puissances coloniales imprégnées de cette arrogance occidentale, ce « fardeau de l’homme blanc »,(59) en charge morale d’amener la civilisation au reste du monde par définition sauvage. Les Sri Lankais qui avaient tant sacrifiés pour défendre l’unité, l’intégrité, la souveraineté, l’indépendance de leur pays, eux n’étaient pas près d’accepter cette capitulation. De nombreuses voix se firent entendre (60) !

Plus tard, et pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, un gouvernement celui du Sri Lanka devait rallier, soutenir et voter en octobre 2015 une résolution défendue par les USA contre ses propres intérêts nationaux (61). Celle-ci imposa toute une série de conditionnalités coercitives et de menaces de sanctions contre Colombo. Washington et ses alliés européens exigeant entre autre un changement de constitution (62), l’ouverture totale du marché, la mise en place de tribunaux composés de magistrats étrangers pour juger les supposés crimes de guerre du régime précédent à la fin du conflit contre les terroristes-séparatistes du LTTE qui avaient eux-mêmes été soutenus par les pays occidentaux.

La coopération militaire tout particulièrement avec les Etats Unis s’est ainsi au fil des mois institutionnalisée et renforcée avec des manœuvres communes, la sous-traitance pour le compte des Etats Unis de certaines missions de protection et d’assistance en cas de guerre contre la Chine dans cette plus grande portion de l’Océan Indien, allant des Maldives jusqu’au détroit de Malacca (63) permettant une surveillance continue du corridor maritime menant jusqu’à l’Océan Pacifique. Des programmes accélérés de formations militaires furent mis en place, la présence se répéta dans le port de Colombo et de Trincomalee (64) de la 7e flotte de l’« US Navy », heureuse de trouver là un porte-avion naturel auxiliaire et un soutien à sa mission géopolitique de confrontation avec la Chine.

En d’autres termes, et en violation de ses engagements historiques en faveur du non-alignement, R.W a ainsi engagé le Sri Lanka comme force supplétive des Etats Unis conformément à leur vision géostratégique, celle voulut par le « 2018 National Defense Strategy Program»(65) , qui fait dorénavant de l’Asie la priorité militaire des forces armées nord américaines et de la Chine son adversaire déclaré..

Les Etats Unis, ont par ailleurs renforcer les moyens de leurs officines complémentaires à leur service de renseignements inspirés par les « révolutions de couleurs » sur le modèle Ukrainien et du « Printemps arabe ». Elles sont devenues très actives sur le terrain comme le démontrent les programmes de US Aid et de l’US Peace Corps (66) . Les programmes de ces deux dernières ont été renforcés au point de totaliser un budget de 4,5 milliards de roupies soit plus de 30 millions de dollars. Le NED consacre à lui seul et officiellement 1,7 millions de dollars au Sri Lanka en faveur du financement d’ ONG et de Fondations locales comme des syndicats. Washington soutient aussi l’action des églises évangéliques dans ce pays à 80% bouddhiste et 15% hindouiste. Il encourage la multiplication et la présence des ONGI, le rôle de fondations comme celle de Georges Soros (67) ou celles du réseau « Millenium challenge Corporation(MCC) », de « l ‘Insititut for policy studies » » ,d’« Advocata insitute », d’« Atlas »(68) , associés à la Société du Mont Pèlerin (69) ou encore la transnationale Mac Kinsey (70).

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(57) Au point de voir son ex-ministre des Affaires Etrangères Mangala Samaraweera considérer le non-alignement comme un concept dorénavant obsolète !
(58) John Kerry, secrétaire d’état de Barack Obama de 2013 à 2017. « John Kerry praises Sri Lanka on reforms and pledge renew ties… », The Guardian, 02/05/2015
(59 « Le fardeau de l’homme blanc » (The White Man’s burden) Rudyard Kipling, 1899
(60 « Sri Lanka, independant republic, to vassal state » Tamara Kunanyakam, The Island, 03/04/2018
(61) Conseil des droits de l’homme de l’ONU, résolution 30/1 sur le Sri Lanka du 02/10/2015.
(62) « Constitution making, an American project », Tamara Kunanayakam, The Island, 07/09/2017.
(63) Le détroit de Malacca entre Malaisie et Indonésie, très étroit et un des corridors
Maritimes stratégiques les plus important du monde
(64) Trincomalee, plus grand port en eau profonde de l’Asie du Sud Est. Occupé pendant la 2eme guerre mondiale par la marine britannique, bombardé par les Japonais. Les Tigres du LTTE séparatiste en avaient proposé l’utilisation aux Etats-Unis. L’Inde souhaite également s’accaparer d’une partie des installations, elle en négociait actuellement les conditions avec le gouvernement de R.W, après avoir récupéré l’aéroport de Mattala a proximité du Port d’Hambatota cèdé à la Chine par le gouvernement de droite avec un bail de 99 ans. L’Inde veut également récupérer une partie des installations portuaires de Colombo. Elles lui ont été promises par R.W juste avant sa chute, sans consultations du gouvernement ou du Président
(65) « 2018 National Defence Strategy Program » http://dod.defense.gov/Portals/1/Documents/pubs/2018-National-Defense-Strategy-Summary.pdf
(66) Ces deux organisations aux moyens financiers considérables, associés au NED(National Endowment for Democracy) on fait du Sri Lanka une priorité de leur action en Asie.
(67) Georges Soros dans ses propos accorde une grande importance au Sri Lanka. Il fut d’ailleurs le premier invité de notoriété par R.W, et même bien avant le secrétaire d’état US de l’époque John Kerry.
(68) Les représentants d’ «Atlas» et «Advocata» siègent dans des bureaux mitoyens à ceux du Premier ministre, du Ministre de l’économie et du Président. La tête pensante de ce réseau international est Razeenn Sally membre influent de la SMP
(69) Lire « Néolibéralisme contre souveraineté » le cas du Sri Lanka, une étude de Tamara Kunanayakam, La pensée libre, novembre 2018
(70) « The FIRM » the inside story of McKinsey par Duff McDonald, A Oneworld book, London 2014. McKinsey est la plus grande entreprise mondiale de consultants en« management ».
Xuan
Dans de telles circonstances, il est utile de revenir aux causes de cette situation et à la crise systémique qui la caractérise ! Quel sont-elles?

Faisant suite aux élections et à la défaite inattendue de Mahinda Rajapaksa en 2015, Ranil Wickremensighe avait été imposé comme Premier ministre, c’était là le résultat d’un complot. Le pays était sous le choc de ce changement, les politiciens surtout préoccupés par leur avenir et leur « fin de mois », les institutions paralysées, les partis politiques hier au pouvoir totalement atones, la gauche inexistante.

Dans la foulée R.W avait réussi à imposer cette modification de la Constitution avec un article rognant ou interprétant les prérogatives du Président. Il concernait le statut du Premier ministre. Cette disposition devait être renforcée plus tard par un autre article défendu cette fois par le JVP dans l’intention déclarée de mettre un terme définitif au système présidentiel. Cette fois, la proposition venait d’un parti se réclamant des valeurs de la gauche, en réalité devenu un supplétif vénal de R.W. Il ne faisait aucun doute que cette tactique utilisée avait été élaborée dans les bureaux de l’Ambassade US dans le but d’un changement fondamental du régime politique à travers une nouvelle constitution.

Certes, les méthodes et les recettes néo libérales extrêmes de Ranil Wrikamensinghe (47) ne sont pas nouvelles et l’on connaît par ailleurs sa flagornerie, sa subordination servile aux intérêts étrangers particulièrement aux stratégies géo politiques de Washington. C’était et c’est toujours le cas !

Le besoin de se maintenir à n’importe quel prix à la tête de son parti (48) et du gouvernement afin de poursuivre la transformation de l’état impliquait ces changements.

Toutefois, le désastre annoncé se manifestait et en moins de 3 ans le pays était conduit au bord d’une faillite économique et financière, d’une dette abyssale (49) d’un désastre social sans précédent, d’un saccage de l’environnement et d’un isolement international partisan.

La mise en œuvre brutale de cette doctrine néo libérale a fait fondre comme neige au soleil l’illusion d’un changement. La nouvelle majorité parlementaire de droite et ses alliés de circonstance, avaient voulu s’y identifier et la plupart des gens l’avaient admise et soutenue (50).

Le recours au concept usé jusqu’à la corde « de bonne gouvernance » ou « yahapalanaya » est ainsi devenu le refrain politique qui justifiait une rupture et un changement de cap radical par rapport au gouvernement précédent. Il fallait aussi se distancier au plus vite de la Chine pour satisfaire les désirs du protecteur US ! On parla même d’un « changement révolutionnaire» (51). Au vu des décisions prises, les occidentaux étaient « aux anges » et applaudissaient. Les Chinois allaient enfin voir ce qu’ils allaient voir ! Ils ne virent rien !

Car ce fut très vite la douche froide ! Malgré le respect scrupuleux des conditionnalités politiques imposées au Sri Lanka, l’aide occidentale tarda et tarde toujours à venir. Pourtant, après quelques mois, tous les chantiers liés à la coopération chinoise comme le Port de Colombo avaient été mis à l’arrêt au prix de millions de dollars de préjudice à payer. Ce gouffre financier allait devoir être assumé par le gouvernement, ce qui provoqua une certaine panique financière et politique. Des conséquences plus lourdes s’annonçaient, il n’y eut pas d’autres recours que de faire amende honorable et de solliciter avec force « courbettes » …les chinois!

Ils ne se firent pas trop prier pour revenir au centre du jeu, d’autant qu’ils trouvèrent dans les négociations le successeur de Mahinda Rajapaksa bien moins exigeant. L’abandon de la gestion et pour 99 ans des terrains liés au site du Port de Hambantota (52) que les entreprises chinoises n’avaient pas réclamé provoqua l’indignation dans le pays et d’importantes manifestations paysannes. Elles bénéficièrent du soutien de l’ancien Président qui n’eut pas de mal à dénoncer cette capitulation au détriment de la souveraineté et des intérêts du sri Lanka. Il faut dire que le cadeau était somptueux, il s’articule entre autres avec l’initiative de « nouvelle Route de la Soie ».

Dans ces conditions, l’enthousiasme du début 2015 a vite commencé à fléchir et à la vue des résultats économiques catastrophiques, comme de leur implication sociale le slogan « yahapalanaya » est vite devenu une farce, rapidement tournée en dérision par les Sri Lankais.

Pour tout arranger, plus de deux mois après la mise en place du nouveau gouvernement éclata le scandale de la Banque Centrale une escroquerie qui aura coûté 20 milliards de roupies au trésor public. Arjuna Mahendran un banquier de Singapour à la double nationalité en devint le président, il était un protégé de R.W, il est maintenant en fuite, réfugié à Singapour, son gendre qui fut la cheville ouvrière de cette formidable arnaque est en prison, l’ex ministre de l’économie impliqué mis en examen, a été contraint à la démission pour cause de « pots-de-vin », l’instruction se poursuit contre lui et le rôle d’intermédiaire joué par sa fille. Depuis deux ans et malgré le dossier accablant de la Commission d’enquête mise en place par le Président, et par de multiples révélations, R.W a réussit à faire trainer l’affaire. Il a tergiversé et n’a rien fait pour faire extrader le fugitif (53). Encouragées, la corruption et la fraude ont continué à s’étendre comme un cancer. Régulièrement, les médias et l’opinion s’en indignent, mais rien ne fut fait pour l’entraver et se donner les moyens de lutter contre cette criminalité en « col blanc » entretenue par les entreprises étrangères afin d’obtenir des contrats auprès des politiciens et des ministres.

Dans la foulée de cette situation délétère, les prix se sont mis à flamber en particulier ceux des articles de première nécessité : les denrées de base comme le riz, le gaz oïl, les transports, l’électricité, la santé. Les impôts sur la consommation ont été généralisés, l’aide sociale de l’état abandonnée. Les magasins « Sathosa » aux produits subventionnés par l’état menacés de fermeture. La sélection aggravée pour l’entrée à l’Université. Dans le même temps le choix de faire flotter la roupie a conduit à son effondrement (54) , l’inflation est repartie à la hausse, la croissance à la baisse (55), les caisses de l’état vidées par les emprunts massifs à rembourser, le FMI devenant chaque fois plus exigeant. L’économie domestique a été profondément déstabilisée, déstructurée au point d’aggraver sensiblement les importations de produits pour lesquels le Sri Lanka était jusqu’à présent exportateur, comme le riz, et même le thé !

Dans ces conditions la dette a explosé, les inégalités sont devenues criantes, les traités de libre-échange avec l’Inde et Singapour ont développé la mise en concurrence des travailleurs.

La criminalité et l’insécurité se sont étendues. Les médias sont passés sous le contrôle du parti au pouvoir et des intérêts financiers qui lui sont liés. On y a placé des journalistes sûrs et totalement dépendants. Le mouvement syndical et les manifestations sociales ont été fermement réprimés. A la suite de provocations anti-musulmanes orchestrées par un des partis au pouvoir en mars 2018, l’état de siège avait été décrété et servi de prétextes à des restrictions importantes imposées aux réseaux sociaux au nom de la lutte contre les « fake news ».

Mais ce n’est pas tout, les élections provinciales qui devaient avoir lieu ont été systématiquement reportées comme le furent précédemment et aussi à 3 reprises les élections municipales et probablement comme l’auraient été les élections générales d’ici deux ans et qui sait l’élection présidentielle.

Le pays a ainsi été livré à l’encan, au pillage pour le bénéfice des entreprises étrangères et d’une petite caste d’affairistes. Le tout à l’export est devenu la nouvelle religion, les privatisations se sont multiplié , la terre y compris celle des Parcs nationaux a été offerte à la rapacité des transnationales comme Dole (56) , l’environnement s’est dégradé, le glyphosate interdit dans de nombreux pays à été autorisé, la faune animale pourtant si riche placée dans une insécurité permanente et le patrimoine culturel du Sri Lanka vieux de 5 000 ans laissé à l’abandon, au bénéfice d’une sous culture cosmopolite singeant celle de l’occident. L’UNESCO s’est ému à plusieurs reprises de la rapide dégradation d’œuvres et monuments inscrits au patrimoine de l’humanité. Le Ministre de la culture dont on ignore l’existence est lui aux abonnés absents.

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(47) R.W : Ranil Wrichamasinghe Premier Ministre Sri Lankais déposé le 26 octobre 2018. Il était en poste depuis 2015 par le résultat d’un complot et d’une pression internationale en faveur d’un changement de régime voulu et organisé depuis la fin de la guerre en 2009 par les occidentaux contre le président Mahinda Rajapaksa.
(48) Les dissensions internes à l’UNP étant nombreuses, R.W étant fortement contesté depuis des années par son obsession de pouvoir. Il est vraisemblable que la situation nouvelle va relancer les batailles dans l’appareil du parti.
(49) La dette du Sri Lanka est pour l’essentiel due aux institutions financières internationales, au FMI et aux pays occidentaux. La dette en augmentation constante s’élèverait à 65 milliards de roupies. Contrairement à ce que les médias affirment la Chine ne représente que 10% de cette dette qui globalement. Les principaux partenaires commerciaux du Sri Lanka sont les Etats Unis, l’Union Européenne, le Japon, l’Inde et la Chine.
(50) Le parti de Ranil Wrickamensinghe est l’UNP, il est en alliance au sein de l’UNFGG avec un parti régionaliste tamoule, un parti musulman financé par les monarchies pétrolières, il bénéficie du soutien politique du JVP qui se réclame dans sa rhétorique du marxisme léninisme, du TNA autre parti Tamoul du Nord et l’Est longtemps présenté comme ayant été la vitrine du mouvement séparatiste LTTE.
(51) Mot d’ordre défendu par un allié pittoresque de l’UNP, l’ex-trotskiste Vrikramabahu Karunaratne, dont le parti se résume a lui même. Hier, supporter du LTTE, aujourd’hui de Ranil Wrickemsighe
(52) Le port et l’aéroport d’Hambantota sont devenus des enjeux géopolitiques. Ces mégas projets construits par les Chinois se situent au sud du Sri Lanka sur l’un des corridors maritime les plus importants au Monde, lien naturel entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Les Chinois en assurent le fonctionnement tout comme celui de la zone économique spéciale. Les Américains on exigé en retour le contrôle du Port de Trincomalee, plus grand port en eau profonde de l’Asie. En compensation les Indiens inquiets de voir les Chinois disposant d’un port pouvant servir à des usages militaires ont récupéré l’Aéroport de Matala qui se trouve a proximité.
(53) « Bond scam II Sri Lanka’s bigest cober up » newsfirst, 09/08/2018. Le nouveau gouvernement a immédiatement annoncé qu’il engageait la procédure d’extradition de Mahendran.
(55) La roupie est flottante ! Depuis janvier elle a perdu plus de 12,5% de sa valeur par rapport au dollar US.
(56) Jusqu’en 2015, la croissance Sri Lankaise était la seconde en Asie derrière la Chine.
(57) « Dole » est une multinationale US. Elle est le plus grand producteur de fruits et légumes au monde, implanté dans 90 pays. Son revenu annuel est évalué à 4,5 milliards de dollars US (2016). Elle dispose aussi d’une flotte maritime.
 
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