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Xuan
Les buts de guerre de l’opération « Charlie »


http://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2015/01/6a00e54f9b8373883400e5512c7d3b8833-800wi-1728x800_c.jpg

sur Géopolitique Réseau International

En brisant la Libye (Sarkozy 2011), puis en faisant le maximum pour briser la Syrie (Hollande 2012 et suivantes), la France a délibérément anéanti le projet d’ Union pour la Méditerranée qu’elle avait cru pouvoir déployer à titre de compensation pour la conquête économique, par l’Allemagne, des ex-pays de l’Est. Pour quelle raison est-elle entrée dans cette stratégie guerrière ? Parce que, assez rapidement, elle a constaté que la résistance principale au développement de l’économie de marché dans les pays du Sud concernés, à l’exception d’ Israël , résidait dans des modes de vie constitués autour de l’Islam.

Dans le rapport établi en novembre 2008 sous le titre « Union pour la Méditerranée – Le potentiel de l’acquis de Barcelone « , par l’ Institut d’Etudes de Sécurité européenne , il est écrit que l’une des conditions nécessaires « au succès de l’initiative « Le processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée » est que ce processus doit faire face à un certain nombre de défis importants dans cette région : l’Islam politique, le renforcement de la sécurité induit par les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis , le rôle des migrants dans le processus de Barcelone , les conséquences de l’utilisation inopportune de la notion de « choc des civilisations », la persistance des tensions et conflits régionaux, et la nécessité de faire appliquer la règle de droit et les libertés civiles pour un véritable développement économique et social. » (page 5)

Bien sûr, il ne peut s’agir que d’un « développement économique et social » dans le cadre d’une économie de marché, destinée à servir de socle à la pénétration de l’impérialisme occidental. Or, l’échec américain d’implantation directe de la démocratie en Irak avait bien montré la force de résistance de systèmes tribaux dûment irrigués par telle ou telle variante de l’Islam.

Par ailleurs, pour la France , la voie conduisant à une réelle « Union pour la Méditerranée » passait par l’acceptation d’une ouverture accrue de ses frontières aux migrations arabo-musulmanes difficile à faire admettre au sein d’une population toujours travaillée par les suites de la guerre d’ Algérie :

« Dans le cadre de ce processus, l’Union doit également concilier ses propres exigences d’ « inclusion dans la diversité » et le fait que de nombreux Européens refusent toujours d’accepter l’hétérogénéité de la société européenne ; sans cette prise de conscience, l’Europe ne pourra jamais engager un dialogue constructif avec les pays du bassin méditerranéen sur la question de l’immigration. » (pages 5-6)

Désormais, le processus de guerre à l’Islam est engagé. Il y a d’abord eu les multiples agressions menées par les Femen ; il y a eu les caricatures de Mahomet … Éléments qui venaient frapper de plein fouet des systèmes de vie constitués depuis des siècles, et manifestations dont l’OTAN ne peut pas être vraiment mécontente, puisqu’elles lui offrent, par les réactions vigoureuses et durables qu’elles produisent, une cible à ses attaques meurtrières, par avions, par hélicoptères ou par drones.

C’est donc maintenant la guerre. Une guerre que la France peut très bien mener sous l’aile de l’OTAN, à l’extérieur. Mais dont elle va devoir s’accommoder durablement sur son propre sol.

Voilà le cadre général dans lequel – pour mieux comprendre les enjeux actuels – il convient de placer… Voltaire : mise en cause des institutions religieuses par ses écrits et ses actes ; incitations au blasphème (il fait venir ostensiblement des reliques de Rome et communie devant ses villageois tout en se moquant de la communion auprès de ses relations haut placées, etc.) ; le tout pour faire triompher l’argent-roi, donc la division entre les possédants et le petit peuple travailleur qu’il s’agit de pouvoir saisir à travers la valeur d’échange nue : celle qui permet de l’exploiter jusqu’aux dernières limites, y compris celles en quoi consistent les guerres, dont Voltaire lui-même aura été l’un des promoteurs les plus habiles et les plus intéressés en compagnie des frères Pâri s et de la marquise de Pompadour .

Voir: http://voltairecriminel.canalblog.com

Michel J. Cuny
Xuan
Un texte de Gilbert Remond :


"Étrange, j'ai reçu un mail d'une journalistes de TF1 qui me demandait si je pouvait joindre pour elle, Loch Lomond, un inconnu, dont j'avais relayé un post mis sur facebook , publié par la suite sur le site le pcf.fr. Dans ce texte, Loch Lomond expliquait, en le déclinant à la manière d'Eluard dans « Liberté j’écris ton nom », pourquoi il n'était pas Charlie.
TF1 voulait faire un reportage sur le sujet, soit sur ceux qui ne sont pas Charlie. Comme cette journaliste me demandais de bien vouloir l'appeler si je partageais le point de vu de Loch Lomond, et qu'a priori je pensais bien venu que la presse s’aperçoivent que tout le monde n'était pas Charlie et puisse s' intéresser a ce fait, je lui ai téléphoné après avoir rédigé une réponse que je lui envoyais par mail, pour lui dire de vive voix ce que j'en pensait. Je lui ai demandé à l'occasion comment elle avait eu mon mail. Surprise par ma question elle n'a pas su me répondre. Il me restait à supposer qu'elle l'avait trouvé sur notre site. Mais de cela rien n'est sur.

Nous avons alors continué ensemble notre entretient un petit quart d'heure, puis je lui ai dit, que je pouvais aussi lui parler d'un endroit en Europe où des gens étaient assassinés tous les jours par des fascistes, sans que personne ne bouge. Elle m'a dit: bien sur! Il y eu un silence. j'ai sentie un trouble. Je lui ai donc parlé de la conférence de presse qu'un collectif de parisiens doit tenir sur les massacres d'Odessa. Elle m'a répondu qu'elle ne savait pas si elle pourrait se déplacer, mais elle a accepté que je lui relaye l'info. Elle la lira.

Dans la lettre que je lui avait au préalable adressé pour ordonner mes idées je lui disais: "Je n'ai pas d'autres coordonnées que celle qui me sont parvenues sur facebook mais je peux toujours lui faire savoir votre désir de le rencontrer par ce biais . Je suis effectivement très rétif a "la formulation je suis Charlie" en tant qu'elle pose une identités entre une formule journalistique et une conscience de soi et du monde. Je ne suis pas Charlie, parce que je suis avant tout une personne et sais
exister avec les autres et qui est faite d'une histoire singulière et collective.

J'aurai préféré une formule comme "que vive Charlie" ou "nous sommes la république: nous sommes Liberté Égalité Fraternité".J'ai longtemps travaillé avec des adolescents souffrant de trouble d'identité, aussi comprenez que ma position est une position sous-tendue par une expérience clinique et humaine. Il existait autre fois une campagne publicitaire qui se servait d'une suite de mots. Elle disait suivez le bœuf en argument de boucherie. Elle aurait très bien pu s'écrire je suis (suivre) le bœuf. D'ailleurs des flèches indiquaient les étals dans les grands magasin .

Notre langue a des couleurs polysémiques qui ont des implicites parfois désastreux comme celui-ci . Suis, suit, suie, tout cela se dit pareillement et peu s'entendre différemment. Je redoute avec ce mots d'ordre l'injonction d'être comme, sans nuance, en négation de toute forme de subjectivité, d'avoir obligation de me conformer.Il est bien évident que pour moi cette formule se prêtait complètement à la grande mascarade politique qui a mis pendant quelques minutes sur un parcours de 300 m toute la bande de chef d'états atlantistes qui depuis 30 ans bombarde et détruits tous ceux qui refusent sa vision paradisiaque du grand marché et qui d'une certaine manière a armé les trois fascistes meurtriers de la semaine dernière.

Vous comprendrez que ce refus d'être une chose, n'a rien avoir avec un quelconque acquiescement à ce qui s'est commis dans la salle de rédaction de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, cet acte qui me fait horreur et pleurer de rage. Il ne me met pas en dehors de l'immense mouvement de ces derniers jours, je veux parler de tous ces gens qui ont exprimé leur refus de l'intolérance et d'une vision unique et totalitaire du monde. Au contraire, j'ai marché parmi les 300 000 lyonnais, sans drapeau et sans badge, bien que j'aurai souhaiter dire ma différence, dire ce que je suis effectivement.

J'aimais beaucoup Cabu et Wolinsky dont les dessins suivent ma vie depuis des dizaines d'années. Je n'ai pas attendu ces derniers jours pour acheter les recueils de leurs créations. Je n'oublie pas pour autant les quinze autres victimes dont la plus part étaient d'anonymes citoyens de ce pays, qui avaient chacun leur importance, en particulier auprès de ceux qui les aimaient. Je suis inquiet, du climat de haine qui monte. Je crains ce communautarisme qui morcelle le peuple de notre pays. Je crains cette division des classes populaires, qu'une certaine vision de la société à favorisé pour mieux nier, les effets de la lutte des classes qui la traverse et barrer la perspective politique qui permettrait de nous en sortir .

Je veux bien m’entretenir avec vous de ces questions mais je ne veux pas apparaître dans une émissions dont je ne maîtrise pas, les aboutissants et qui immanquablement, étant donné les contraintes de montage et d'horaire, ne me permettra pas d'être ce que je suis. Il est toujours difficile, de donner une tonalité objective à un point de vu minoritaire, dans un média, qui fonctionne à faire du consensus et de l'idéologie majoritaire"
.

Elle m'a dit qu'elle comprenait mon point de vu. Nous nous sommes quitté sur ces paroles et la perspective d'autres entretiens au besoin. Le soir je n'ai pas regardé TF1. je ne regarde plus ses journaux qui de toute façon sont très droitier. depuis que la chaîne est passé à un entrepreneur de travaux public et qu'elle a viré Pollack, qui avait publié un dessin humoristique qui annonçait une télé de m.... .
Je ne sais pas comment elle s'est débrouillée de son sujet, mais j'ai entendu d'autres journalistes, donner la paroles sur ce même sujet, à des gens étonnants, comme à notre ministre de l'éducation nationale, qui a recensé devant l'assemblée nationale, le nombres d'incidents signalés, dans des établissements scolaires, durant la la minute de silence. A partir de là, j'ai commencé a me poser des questions, sur le véritable sens de cette curiosité soudaine, pour ceux qui ne sont pas Charlie.

Puis il y a eu cette directrice de l'information sur antenne2 qui lisant son prompteur, déclarait, le regard de biais comme si elle avait du mal à nous le dire en face: "on parle beaucoup d'unité, mais toute la France n'était pas dans la rue. C’est justement ceux qui ne sont pas Charlie qu'il faut repérer, ceux qui dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui balancent sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux qu'il faut repérer, qu'il faut traiter, intégrer, ou réintégré dans la communauté internationale, et là l'école et le politique ont une lourde responsabilité" . puis n'en pouvant mais, elle termine avec cette perle inspirée par des propos tenus par Sarkozy : " l'esprit du 11 janvier,c'est que ce président impopulaire a su se transformer en chef de la nation. Il a fait ce qu'il devait faire" . N'avait on pas dit quelque chose d'approchant au sujet de Busch junior après le 11septembre?

Voilà, c'était prévisible, ils donnait le la. Commençait la traque de ceux qui ne sont pas! Avec amalgame en prime, car le lapsus de cette dame qui n'est pas un perdreau de l'année et qui représente toute une rédaction, était de taille, puisque dans le discours explicite de son intervention, ce sont d'avantage ceux qui refusent l'étiquette uniforme qui sont désigné plutôt que ceux qui étaient ou pas à la manif et qui doivent pour cela être repéré, traité, intégré du fait de l'affirmation d'un ne pas, d'une différence . Décidément les inconscients parlent fort chez tous ces gens là. Mais ce n'était pas tout, après que plusieurs ténors de l'UMP aient demandé le vote d'un patriote-acte à la française, qu’Éric Ciotti se soit déclaré sur Twitter favorable à la suppression des allocations familiales à l'encontre des parents dont l'enfant n'a pas respecté la minute de silence, mardi dernier, au parlement, Christian Jacob, président du groupe de ce même parti, estimait pour sa part qu' a"circonstance exceptionnelles, il faut une loi exceptionnelle que nous devrions voter sans trembler. Pour que les choses soient claire si nous devons pour un moment restreindre les libertés publiques et les libertés individuelles de quelques uns il faudra le faire" et il poursuivait "Quand à l'école de la république , si l'on accepte que des écoliers, des collégiens et des lycéens refusent une minute de silence à nos morts on a déjà perdu" .

Mais ne nous y trompons pas, ces propos ne sont pas tellement différent de ceux tenu par le très libéral homme de gauche qu’est Laurent Joffrin. Ce dernier déclarait, dans un esprit d'impertinence que seuls les nouveaux chiens de garde et leurs maîtres sauront apprécier "Charlie est un journal laïque comme la France. Manquer à l'esprit de Charlie c'est manquer aussi a ceux qui sont mort ".
Sur facebook un militant d’extrême gauche s'adressant a un blogueur qui refusait d'être Charlie et en donnait les raisons, lui rétorquait avec une grande finesse d'analyse : tu les assassine une deuxième fois.
Enfin l 'huma du 16 janvier révélait les propos d'un représentant du MEDEF qui tout en gardant l'anonymat déclarait "Ce serait tout de même assez malvenu que les partenaires sociaux n'arrivent pas à signer un accord sur le dialogue social, alors que la France a fait preuve d'une unité nationale exceptionnelle ces derniers jours sur des sujets bien plus graves" . Inutile de préciser dans quelle direction cet accord devrait tendre.

A entendre tous ces gens, l'esprit du 11janvier prend une tournure qui est loin de respirer l'air flottant dans les cortèges de nos villes . Comme l'explique Sophie Wanisch : "il existe un usage fasciste des émotions politiques de la foule" . Si l 'horreur sidère, l'émotion nous prive de nos repères. Or c'est précisément ces repèrent qui manque dans la période que nous vivons. Il nous manque une organisation qui s'appuyant sur une orientation de classe, sacheremette du sens sur ces émotions et puisse donner une direction au mouvement qui s'est exprimé ces derniers jours. Nous le voyons, nous l'entendons, un bloc très droitier prend appuis sur ce mouvement "spontané et privé de visions politique claire, pour faire passer ses messages inspirés par la com. Le pire pour les masses peut donc arriver.

"J'ai l’impression que cela me remplie la tête de toutes sortes d'idées . J'ignore malheureusement qu'elles sont ces idées! pourtant quelqu'un a tué quelque chose, c'est ce qui est claire là-dedans en tout cas " disait Alice dans "de l'autre côté du miroir". Son état était à l'évidence celui qu'ont partagé les centaines de millier de français qui se sont retrouvé du jour au lendemain face un acte inouïe en France : l'assassinat en plein jour de toute l'équipe rédactionnelle d'un journal. En plus des douze victimes, quelque chose a été tué, et c’est ce que les terroristes cherchaient. Quelque chose qui met en état de recherche et qui laisse une place disponible que toute une campagne habillement relayée par les médias dominant voudrait remplir avec un miroir que l'on nous tend, un miroir où se reflète une image en trois lettre, une image qui nous dit "je suis Charlie"

Le "je" qui de fait se décline en je suis, n'est rien d'autre expliquait la psychanalyste Piera Aulagnier, que le savoir du "je" (celui qui parle) sur le je (suis) Pour elle il faut ajouter à ce qui le défini à savoir cette auto construction continue du je par le je, un corollaire: "le savoir du « je » par le « je » a comme condition et comme but d'assumer au « j e » un savoir sur le futur et sur le futur du « je »". Tout en Restant dans cette perspective, elle rappelait que Cassier expliquait dans sa phénoménologie de la connaissance que : " à la violence de l'affect va faire suite la violence du commentaire qu'entend le je, une foie advenu sur les motivations, les justifications de ces scènes. Tel est donc le but essentiel de la connaissance: rattacher le particulier à une loi, un ordre qui est la forme de l'universalité. Par la s'effectue d'autant plus précisément cette œuvre que nous avons nommée "l'intégration vers un tout" . Concluait-il.

La pancarte « Je suis Charlie » est devenu une profession de fois, une forme duplicable à l’infini de ce savoir qu'il convient de montrer comme une nouvelle carte d'identité, un mot de passe exigé pour entrer dans la communauté nationale. En l'espace d'une semaine, elle est devenue, suite à une promotion politico-médiatique, sans précédent sur une période aussi courte, le signe du ralliement "a une loi, un ordre", qui est devenu" la forme d'une nouvelle « universalité" proposé pour nous intégré dans "le tout" d'une société capitaliste arrivé à son stade suprême, une société que nous nommons impérialiste depuis l'opuscule que Lénine à consacré à la question : d'où viennent les guerres?

Cette société qui se donne comme réalisation de la Rome céleste sur terre est pour les riches, mais elle construit un enfer pour les pauvres. Qu'importe. Ce nouveau paradigme, nous l'avons entendu presque à saturation ces derniers jours. Il se décline depuis, à longueur de journaux, pour s'articuler à « la liberté de la presse », redevenue pour la circonstance la garante nécessaire de la démocratie, alors qu'elle suffoquait depuis des années dans le carcans des multinationales qui l'on concentré dans quelques mains odieusement mercantiles.

Devenue métonymiquement le signifiant de laïcité, il recouvre de fait cet autre paradigme devenu inavouable qui est celui de la pensée libérale articulée au libre marché sans contrainte, de la constitution européenne, refusée par la majorité de notre peuple en 2005. Avec « je suis Charlie » une laïcité restreinte et l'idéologie libérale libertaire viennent brutalement prendre la place du triptyque "liberté égalité fraternité" devenu ringard a l’oreille de nos modernes. Telle est en tout cas le scénario que nous récitent depuis dimanche radios, télévisions et politiques. Il doit remplir la tête de ceux qui ont entrepris les marches républicaines. Nul doute qu’ils s’y sont soumis. Leur choix ne peut avoir exprimé autre chose. Par contre,ceux qui n'ont pas marché seront repéré et mis au pas. Problème ils forment la plus grande part des classes populaires. De ce point de vu le métro offrait un indicateur hors paire pour établir un comptage sociologique. Au retour de la manif lyonnaise les rames bourrées a craqué se sont vidé dans les quartiers bourgeois. Arrivée en banlieue elles étaient vide depuis deux stations a l'exception de quelques militants communistes qui rentraient chez eux, dont j’étais.

Une amie m'écrivait ces jours : " Entre je suis celui qui suit et je suis celui qui est, la différence est grande.... je pense que dans le cas de Charlie il y a confusion... la question est qui sommes nous? Et la réponse dessine moi un moutons! " Cela m’a fait penser au dialogue qu’il y avait eu entre le petit prince et l' auteur au sujet du mouton que le petit prince avait demandé de lui dessiné. Le pilote avait beau s'appliquer, les esquisses qu'il proposait ne satisfaisaient jamais l'enfant. Finalement a bout de patience l'auteur dessinait une caisse avec des troues, puis lui tendant sa feuille il lui dit " Voila, ça c'est la caisse, ton moutons est dedans . A son grand étonnement ; l'enfant lui répondait "c'est tout a fait comme cela que je le voulais" . Leur dialogue se terminait magistralement sur une image qui permettait réalisation de la subjectivité en expliquant le mécanisme de son intériorisation. Chacun pouvait ainsi se représenter le mouton qu'il portait en interne. Cette histoire nous amène malheureusement a comprendre qu'il se passe exactement le contraire dans le débat qu'engage la classe dominante.

Celle-ci, nous impose la forme d'un moutons, une forme forcément impropre à la vision de chacun, une forme indiscutable qui prend le ton regrettable d'une somation. Être ou ne pas être et tant pis pour la folie d'Hamlet. Son esprits n'y tiendra pas ce n’est pas le sujet. Et tant pis pour notre scepticisme existentiel. Nous marcherons au même pas. Notre caisse n'a pas de troue, elle ne laisse rien deviner d'autre que son apparence extérieur . Tout doit rester en surface. Nul ne saura jamais s'il y avait un moutons a l'intérieur, et moins encore s'il était endormis où éveillé.

Je trouve qu’il y a dans l'atmosphère de ces jours quelque chose du "matin brun", la nouvelle de Franck Pavloff., quelque chose qu’il résume dans ce passage : "faut pas pousser disait Charlie, tu comprends, la nation n'a rien à y gagner à accepter qu'on détourne la loi, et a jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté enregardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation. Par mesure de précaution, on avait pris l'habitude de rajouter brun ou brune, à la fin des Phrases ou après les mots. Au début demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage, c'est fait pour évoluer et ce n'était pas plus étrange de donner dans le brun que de rajouter putain, con a tout bout de champ, comme on le fait par chez nous. au moins, on était tranquilles."
Pour un tas de raison qui d'ailleurs les rapproche je ne suis Pas plus Edwy Plenel que ne suis Charlie, mais je partage son jugement quand il dit : "les terroristes font toujours la politique du pire..... les terroristes sont les pourvoyeurs des politiques de la peur, des politique que nous combattons", comme lui je crains "que l'on se serve de ces crimes pour nous engager dans une guerre sans fin pour désigner en bloc une partie de notre peuple" Il est urgent de cesser cette escalade de la diabolisation. Il est urgent de cessez de remplacer des groupes et des secteur de la populations par des monstres dont on fini par avoir peur au point qu’ils justifient des mesures y compris militaire.

D'autres alternatives existent à cette tendance qui pousse au replie et a la stigmatisation de l'autre comme réponses a l'irrationnel de ces peurs. Danielle Bleitrach qui administre le blog « histoires et société » a publié le témoignage d'une enseignante de la régions parisienne dont l'expérience l'avait amenée à dire " Quand il faut lutter pied à pied contre des thèses fallacieuses, des idées dangereuses, il faut laisser les ados s'exprimer librement plutôt que de se protéger en réduisant immédiatement leur lecture à la liberté d'expression, la liberté de la presse, la laïcité. Les grands concepts viendront après, peut être selon ce qu'il diront" . En gros son témoignage prouve qu'il faut faire confiance aux masses , à leur intelligence. Or cela passe en premier lieu par l'ouverture d'espace de parole et de temps d'écoute pour leur mise en place, c'est-à- dire de circonstances concrètes et physiques pour permettre le déploiement de ce qui pourra devenir la mise en cohérence de toute sortes de pensées qui souvent s'exprime dans un premier temps dans le bruit et la fureur. "Nous ne devons ni pleurer, ni rire, mais comprendre" disait Spinoza le rescapé de l'inquisition a qui l'on avait demandé de abjurer sa foie. L’ennemie, ce n'est pas celui qui s'oppose pour pouvoir se construire, c'est tout ce qui nous divise.

Dans un autre article Danielle Bleitrach nous disait: "cela me fait songer à l’analyse de Marx sur la lutte des classes en France… Il raconte comment en 1848 tandis que le peuple était épris d’une ivresse de liberté et inventait un autre monde avec des commissions rassemblées aux jardins du Luxembourg, le capital installait les conditions de la répression et de la guerre … Marx dit « tandis qu’aux jardins du Luxembourg on cherchait la pierre philosophale, à l’Hôtel de ville on battait déjà la monnaie… »
Tandis que Valls nous parlait d’unité nationale, Macron et les marchands d’armes, de surcroît patrons de presse, installaient les conditions réelles de l’aggravation de la situation. Et chacun déjà cherchait dans l’autre le bouc émissaire.."; Je rajouterai a cette remarque un autre passage où Marx demande de prendre garde a ce que l'assemblée nationale ne soit plus " qu'un comité de salut public du parti de l'Ordre" , car expliquait -t-il " chaque fois que, pendant ces vacances le bruits confus du parlement s'éteignait et que son corps se dissolvait dans la nation, il apparaissait clairement qu'il ne manquait qu'une chose pour parachever le visage véritable de cette république: rendre ses vacances permanentes et remplacer sa devise: liberté, égalité, fraternité par les termes sans ambiguïté : infanterie, cavalerie, artillerie!" Et en effet de puis la journée du 11 janvier, nous voyons les effectifs de vigie pirate en augmentation, le porte avion Charles de Gaulle promu super star et dix mille soldat de l'armée française appelé a déambuler sur la voirie de notre "douce France".

Suite aux mises en gardes que je faisais a l'occasion d'un comité de section du parti, devant un excès d'optimisme après l'immense mobilisation de ces derniers jours, un camarade, sans doute animé par l'esprit Charlie avait cru spirituel de me faire remarquer que si la révolution se présentait comme en 48, je ne m'en rendrait pas compte.
Pourquoi pensait-il précisément à celle là ? Le besoin de référence est parfois étrange. L’inconscient, toujours lui décidément, vient souvent se mêler des conversations pour à l'improviste dire ce qui refuse de se penser clairement. En tout cas je lui répondait en lui faisant remarquer qu'au lieu de faire le finaud il ferait mieux de se rappeler que celle ci n'avait pas été conclue en faveurs des forces populaires faute d'une organisation qui les représente et leur donne programme et perspective. Il est utile de rappeler que de ce fait un troisième larron était venu,ramasser la mise, après avoir su habilement récupérer le mouvement.

Marx nous faisait justement remarquer dans ces même" luttes de classe en France" que "Derrière l'empereur se cachait la jacquerie.....La république qu'ils
balayaient par leur vote c'était la république des riches"
. L'absence d'un parti du prolétariat avait permis au démagogue de faire illusion sur ces bases. Cela rappelle à quelqu'une ! Mais Marx nous disait aussi dans " le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte" que "tout peuple qui croit avoir accru son puissant mouvement, se trouve soudain ramené à une époque défunte,et pour empêcher toute confusion quant à la rechute, on fait revire les anciennes dates, l'ancienne chronologie, les anciens noms, les anciens édits qui semblaient appartenir depuis longtemps à l'érudition savante, et les sbires d'antan que l'on croyait que depuis longtemps tomber en putréfaction" Des référence au passé et des comparaisons avec d'autres événements, nous en avons entendu, ces jours, en particulier au sujet de cette journée d’Août ou la foule avait ovationnée le grand Charlie, promu symbole en marche de la France résistante .

Pour comprendre l’événement qui venait d'avoir lieu en 1848, Marx poursuivait ses comparaisons en nous livrant ce constat: "Les Français tant qu'ils furent
révolutionnaires, ne purent se défaire des souvenirs napoléoniens, comme la prouvé l'élection du 10 décembre (celle de Louis Napoléon à la présidence).
Pour échapper aux dangers de la révolution, ils rêvèrent de retrouver les marmites d' Égypte, et la réponse fût le 2 décembre 1851( date du coup d'état). Ils ont caricaturé le vieux Napoléon lui-même, tel qu'il doit se profiler au milieu du XIX siècle. La révolution sociale du XIX siècle ne peut puiser sa poésie dans le temps passé, mais seulement dans l'avenir. Elle ne peut commencer avec elle-même avant d'être dépouillée de toute superstition à l'égard du passé. Les révolutions antérieures eurent besoin des réminiscences empruntées à l'histoire universelle que pour s'aveugler elles-mêmes sur leur propre objet. La révolution du XIX siècle doit enterrer leurs morts, pour atteindre son propre contenu. Dans les premières, la rhétorique dépassa le contenu, dans celle-ci, le contenu dépasse la rhétorique"


Ne nous en laissons pas compter, par les professionnels de l‘idéologie bourgeoise, et les communicants de l’Élysée, ne nous laissons pas imposer une rhétorique, fusse -t-elle celle de l'humour caricaturiste. Ne nous laissons pas impressionner par les embaumeurs de cadavre et gardons notre distance critique, retrouvons nos combats pour la libération humaine par nos luttes dans l’esprit de la classe dont nous sommes le produit .
La conscience sociale dont nous sommes les tributaires, n’en déplaise, est toujours en dernière instance déterminée par les moyens de production. Elle ne saurait se réduire au nom d’un journal et des valeurs qu’il est censé représenter. Les patrons d’ailleurs ne s'y trompent pas quand ils espèrent que nous saurons continuer dans les négociations a venir, l'union nationales construite ces derniers jours derrière le Président, entouré de
ses cinquante confrères et du parlement unanime."

.
Gilbert Rémond


Cit. :
La violence de l'interprétation piera Aulanier Puf
Les luttes de classe en France suivit du 18 brumaire Karl Marx Folio histoire
Matin brun de franck pavloff Albin Michel
Le petit prince Antoine Saint Exupéry Gallimard
De l'autre côté du miroir Lewis Carole Garnier Flamarion poche
Daniel Bleitrach histoires et société
Xuan
Le communiqué de communistes

« Union sacrée », jamais !


Nous saluons les victimes de l’attentat criminel du 7 janvier contre « Charlie Hebdo ».
Nous condamnons cet attentat contre un organe de presse. Seul le combat politique contre les idées et les mots d’ordre véhiculés par les médias permettra d’établir dans notre pays l’indispensable liberté de la presse pour laquelle nous luttons.

Nous enregistrons que cet attentat a été condamné par les responsables de la religion musulmane de France et du monde.

Nous dénonçons l’utilisation politique de cet assassinat. Le Président de la République et son gouvernement, le patronat et son MEDEF, les partis politique de Mélenchon au Front National, des « personnalités » etc., appellent ensemble à l’ « union nationale ».
Nous dénonçons cette nouvelle version de l’union sacrée qui efface une réalité sur laquelle nous reviendrons. « La France est le pays le plus engagé militairement derrière les Etats-Unis. 8.000 soldats français sont déployés en opération extérieure principalement en Afrique et au Moyen-Orient » indique le journal « Les Echos ».

Nous dénonçons cette Union sacrée qui veut rassembler, une fois de plus, les exploiteurs ces grands industriels et financiers, leurs gouvernements et celles et ceux qu’ils exploitent, les travailleurs et le peuple.

Une réalité demeurera toujours tant que le capitalisme existera, celle de la lutte des classes.
Xuan
Communiqué

HALTE A L’INSTRUMENTALISATION DE L’EMOTION :
REFUSONS LA MASCARADE DE L’UNITE NATIONALE


Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires


Samedi 10 janvier 2015


Le FUIQP a condamné immédiatement les attentats de cette semaine. L’assassinat n’est pas pour notre organisation une forme d’action politique souhaitable, légitime ou justifiable. Nous condamnons tout aussi fermement la multiplication des actes islamophobes (plus de 20 actions contre des lieux de cultes ou des personnes ces trois derniers jours) et l’instrumentalisation de l’émotion en cours, qui prend comme nom « appel à l’unité nationale » et comme slogan « nous sommes tous Charlie ».

Nous ne pouvons pas et ne voulons pas être Charlie

L’instrumentalisation de l’émotion conduit à « mettre de l’huile sur le feu », à multiplier les victimes d’actes islamophobes, à soutenir ceux qui par leurs politiques internationales (participation à des guerres impérialistes d’agression), leurs politiques économiques (fragilisation sans précédent des classes populaires) et leurs politiques sociales (depuis la loi sur le foulard de 2004, les mesures islamophobes d’Etat se sont succédées).

L’unité nationale, pour sa part, vise à offrir une caution aux choix politiques qui se prendront en « notre nom » au prétexte de nous protéger. Des appels à un Patriot Act à la française se font déjà entendre. Il s’agit ni plus ni moins que d’obtenir un consentement à la restriction de nos libertés démocratiques, d’une part, et à rendre légitime une répression ouverte contre les récalcitrants. L’interdiction de manifester son soutien au peuple palestinien que le gouvernement socialiste a prise cet été doit nous servir d’avertissement. Les lourdes condamnations qui ont suivi, dans un silence médiatique assourdissant et sans réaction importante des grandes formations politiques, sont un autre signal d’alerte que nous devons entendre. Enfin, au nom de l’unité nationale, on voudrait nous faire défiler avec des dirigeants israéliens d’extrême droite coupables de crimes de masses en Palestine.

Malgré l’atrocité de l’attentat à Charlie Hebdo, nous ne pouvons pas oublier tout ce qui nous sépare de ce journal. Le faire serait autoriser le déploiement encore plus fort des idées de l’hebdomadaire que nous payons déjà chèrement quotidiennement. Le slogan « nous sommes Charlie » exige de nous, en effet, de nous solidariser avec des propos qui ont contribué à créer la situation dangereuse actuelle. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous combattons et continuerons de combattre l’islamophobie qu’a véhiculée cet hebdomadaire. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous nous sommes toujours opposés, et nous continuerons à le faire, aux guerres impérialistes, alors que cet hebdomadaire a soutenu toutes les guerres de l’OTAN. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous apprécions l’œuvre salutaire de Noam Chomsky sur la contribution des grands médias aux dominations contemporaines et que l’ancien directeur de l’hebdomadaire pense lui que « Chomsky et Ben Laden : même combat ». Sans parler des propos sexistes, homophobes et de mépris des classes populaires réduites à l’image du « beauf », que véhicule l’hebdomadaire.

Nous refusons les politiques de la peur

La violence qui a tué aujourd’hui est le résultat de plusieurs causes cumulées qui ont déjà fait des millions de victimes, victimes des guerres pour le pétrole et le minerai, de l’islamophobie d’Etat, de la précarisation et la paupérisation des classes populaires, des discriminations racistes, etc. C’est pourquoi nous condamnons toutes celles et ceux (classes dominantes en tête, médias, politiques, « experts » ) qui, plutôt que de pousser à la réflexion sur les causes, suscitent une « politique de la peur » en amplifiant la panique émotionnelle qui a suivi l’attentat. Refusons ces logiques qui (volontairement pour certains pyromanes et inconsciemment pour d’autres) conduisent à une « stratégie du choc » par les classes dominantes qui ont appris à tirer profit de tous les drames. Tant de commentaires, de directs, de discours et de réactions, sans contribuer à augmenter notre compréhension de la situation, des causes et des effets. La condamnation d’un acte barbare ne nous contraint pas à nous soumettre à des idéologies qui nous détruisent.

Refuser la politique de la peur, c’est aujourd’hui refuser l’unanimisme national que l’on nous propose/impose politiquement et médiatiquement. Il n’y a pas de « communauté nationale » qui réunirait toutes les classes, pas plus avant l’assassinat à Charlie Hebdo qu’après (pas plus qu’il n’existe de « communauté musulmane » unie et homogène d’ailleurs). L’unité nationale est un mythe visant à unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) et à diviser ceux qui devraient être unis (les classes populaires quelles que soient leurs croyances ou non croyance). On ne peut pas faire communauté nationale lorsque la nation est divisée, fracturée par des rapports inégalitaires et des rapports de domination. La société française ne créera jamais d’appartenance ou de sentiment à la nation à marche forcée sans poser la question de la justice sociale et des inégalités racistes, sexistes et de classe.

Serrons-nous les coudes

Nous adressons enfin notre soutien à celles et ceux qui, de toutes origines et de toutes religions, tout en condamnant l’acte terroriste, « ne sont pas Charlie » , n’ont pas participé à la minute de silence, ni aux défilés, et qui ont une boule au ventre depuis l’attentat, extrêmement inquiets pour eux ou leurs enfants, ou en colère, à la fois contre les auteurs de l’attentat et contre une mobilisation nationale impulsée par en haut qui ne peut avoir pour résultat que d’initier encore plus une logique de « guerre civile » dont les premiers résultats sont la vingtaine d’agressions contre des lieux de culte ou des concitoyens musulmans réels ou supposés.

Nous appelons ceux qui ont sincèrement été défiler pour défendre la « liberté d’expression » ou pour refuser la violence meurtrière, à prendre rapidement du recul et à réfléchir aux causes, conséquences et enjeux du contexte actuel. Nous les appelons à s’interroger sur les bénéficiaires de la stratégie de la tension qui se met en place et sur ses conséquences : banaliser l’islamophobie, produire une tension permanente entre deux composantes de notre société, limiter nos droits et nos libertés « pour nous protéger », pénaliser l’antisionisme en le présentant comme antisémitisme, empêcher le développement de la contestation sociale qu’appelle la fragilisation sociale et économique des classes populaires (et même des couches moyennes).

N’ayons pas peur. Regroupons-nous. Organisons-nous.



Edité le 13-01-2015 à 13:27:20 par Xuan


Xuan
Maldonne


Les motivations des manifestants

Les manifestations monstres orchestrées par le pouvoir avec le soutien militant de tous les partis bourgeois, des radios, de la télé et de la presse à grand tirage, ont rassemblé des millions de personnes révoltées par le terrorisme et revendiquant la liberté d’expression et la tolérance. Mais les souhaits des manifestants et les objectifs du pouvoir sont sensiblement différents. C’est même un abîme qui sépare les deux.
Déjà parmi les premiers la volonté de tolérance et la stricte laïcité ne sont pas identiques.
Puis le slogan « je suis Charlie » milite pour la liberté d’expression en général mais il recouvre des réalités très différentes. Certains défendent la ligne éditoriale de Charlie Hebdo, d’autres non, et la plus grande part des manifestants ne l’ont jamais lu puisqu’il tirait à 60 000 exemplaires et battait de l’aile

Et celles de la bourgeoisie

Hollande n’a jamais vraiment souffert des traits de Charlie et Sarkozy avait pistonné son directeur Val à France Inter. C’est selon eux un bon placement maintenant. L’Etat verse un million, l’audiovisuel 500 000, Google 250 000 € et un mystérieux donateur s’engage à le financer pour plusieurs années. Fin de partie pour l’impertinence et l’indépendance d’esprit revendiquées, mais depuis longtemps rentrées dans le rang. Désormais Charlie hébergé par Libé est définitivement intégré au groupe de presse socialo.

L’ Union Sacrée était le leitmotiv de la journée et ce sentiment était partagé dans la manifestation, qui arborait des drapeaux tricolores, applaudissait la police et chantait la Marseillaise. Mais très vite on s’est aperçu que chacun des partis bourgeois cherchait à récupérer la recette de Dimanche.
Hollande en avait bien besoin et l’opération terroriste lui est d’un grand secours.
Sarkozy aussi veut se faufiler au premier rang, et Le Pen se tient dans le couloir extérieur.
Finalement l’Union Sacrée n’est pas établie entre le FN et les autres, ni même entre Sarkozy et le PS, notamment sur la question du FN interdit de séjour à Paris.

Les libertés individuelles et la liberté d’expression issues de la révolution bourgeoise et de la philosophie de Voltaire, que les journalistes ont porté aux nues Dimanche, sont des concepts abstraits. La réalité qu’ils recouvrent réserve parfois quelques surprises, comme le passé négrier de Voltaire justement.
Jusqu’où va la liberté d’expression ? Où commence l’antisémitisme de Dieudonné et où s’arrête le « second degré » de Charlie Hebdo ? Et jusqu’où vont la laïcité et sa tolérance envers les religions?
Le port du voile est à peine toléré mais ostracisé et interdit pour certaines professions.
Mais en même temps Valls et Hollande lui-même représentant la France laïque ont coiffé la kipa, afin de montrer la tolérance de notre pays.

Les caricatures de Mahomet ont été présentées comme un exemple de la liberté d’expression qui s’exercerait indifféremment contre toutes les religions.
Or ces caricatures renforcent l’inégalité entre classe aisée et quartier populaire, dont la religion est un marqueur, sans parler de l’image négative des arabes, moches, machos et cons, comme celle des prolos d’ailleurs, dans Charlie Hebdo. Comment s’étonner ensuite que les jeunes des banlieues ressentent de la haine ? Ils sont alors livrés par les journalistes à la vindicte et au racisme, et les pogroms anti arabes ont redoublé.
Enfin sous le slogan « je suis Charlie » le droit à la parole de Charlie Hebdo se transforme en tyrannie de sa ligne éditoriale pro OTAN, un comble pour un canard qui se voulait anar.

Cerise sur le gâteau, la revendication de la liberté d’expression sert maintenant à restreindre les libertés. Et la polémique, amorcée par certains idéologues bourgeois en s’appuyant sur la menace djihadiste, est maintenant sur le tapis. Le Patriot Act est régulièrement évoqué et on ne discute plus de son principe mais du degré de la surveillance. Mais rien ne garantit qu’elle ne visera que des terroristes et non des opposants ou des syndicalistes. Ce serait bien pratique pour faire passer des réformes anti sociales comme la loi Macron, et de nouvelles atteintes aux ressources des retraités, des chômeurs et de l’ensemble des salariés.
L’unanimité affichée recouvre donc de profondes contradictions.

« Paris centre du monde »…

On a décrété « Paris centre du monde » , mais à l’échelle mondiale les victimes du terrorisme se comptent par centaines en Afrique et au Moyen Orient.
Il est intéressant de considérer les pays représentés, ceux absents, et surtout les commentaires étrangers, car il n’y a pas d’unanimité sur Charlie :
La critique des religions n’est pas à armes égales dans le cas de l’islam puisqu’elle s’effectue de pays riche à pays pauvre. Il en est de même pour le bashing systématique pratiqué par l’occident envers les pays émergents. Dernier en date « l’interview qui tue » diffusé incessamment sur les écrans. Par conséquent ces caricatures sont considérées comme controversées ou insultantes par les pays pauvres.
Pour les pays anglo-saxons où la laïcité à la française n’existe pas, la relation entre la liberté d’expression et la liberté de croyance religieuse est différente, d’où la censure des caricatures de Charlie aux USA. A Londres les employés portent le turban ou le voile. Les caricatures sont vues comme des provocations et une source de désordre chez eux.
On a fait remarquer que les pays anglo-saxons n’ont pas reproduit les caricatures de Charlie et on le leur a reproché, en répétant qu’ il faut critiquer les religions .
Paris s’est ainsi retrouvé isolé au milieu de ses plus proches alliés : ils ne sont pas Charlie.
A l’inverse Israël a justifié ici ouvertement la légitimité des bombardements de Gaza, en affirmant qu’en défendant sa sécurité Israël et l’occident défendaient les mêmes valeurs.
Cette déclaration officielle qui n’a fait l’objet d’aucune réserve délite ainsi le caractère universel des libertés défendues par la France et confirme le soutien de la France aux sionistes contre le peuple palestinien.

Sarkozy avait mis la Libye à feu et à sang, bombardant les civils, détruisant l’infrastructure économique, et étatique : les arsenaux de Kadhafi ont rempli les pick up des salafistes.
Hollande a financé et armé l’opposition en Syrie, laquelle a été décimée ou s’est fondue dans les rangs de Daech. Ainsi la France a soufflé sur les braises du terrorisme, malgré les avertissements lancés par la communauté internationale. La Syrie, l’Iran, la Chine, ont envoyé des condoléances en rappelant la nécessité de respecter les conventions internationales. Avertie des retombées qu’elle risquait pour elle-même, la France n’en a tiré aucune leçon, ni pour une collaboration avec Assad contre le terrorisme, ni pour s’opposer au double jeu saoudien. Pourtant l’œil du cyclone c'est la Syrie.
Mais Hollande veut toujours déstabiliser ce pays et là encore la France est très isolée.

Le traité de Schengen d’ouverture des frontières, dit « espace de liberté, de sécurité et de justice » , est aussi ébranlé par le terrorisme et la lutte anti terroriste. Déjà Madrid l’a remis en question, et on notera que Le Pen revendiquait sa suppression. C’est un échec du libéralisme européen et de l’Europe elle-même.

Tout ça fait beaucoup de contradictions que n’ont évidemment pas résolues les millions de manifestants. Passé le moment d’enthousiasme et la force ressentie il faudra naturellement se pencher sur ces contradictions et les résoudre dans la pratique et non dans les grands principes. La bourgeoisie n’en prend pas le chemin, tout au contraire.
Comme la déclaration de De Gaulle aux pieds noirs « Je vous ai compris » , il y a maldonne. La pommade des socialos s’avèrera une nouvelle canaillerie dès qu’ils passeront à l’acte et nombre de marcheurs s’estimeront alors floués.
 
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