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![]() C'est une particularité de la mondialisation où la recherche du profit maximum entraîne la concurrence et la guerre, mais où l'interdépendance implique de sérieux manques à gagner en cas de conflit direct, dès que la taille de l'adversaire lui permet de riposter sur le terrain économique. Une partie des monopoles capitalistes commence à mesurer les effets négatifs de l'avilissement du gouvernement, au moment où Hollande se retrouve pratiquement seul européen à appuyer la tentative d'ingérence US en Syrie, sans l'aval de l'ONU ni du gouvernement légal. Or si la guerre est la continuation de la politique, la politique de l'Etat bourgeois ce sont les dividendes des monopoles et il n'est pas certain que ces derniers continuent de "faire le dos rond" pour la gloire d'Obama. Sur Challenges Ces Français qui risquent gros après les mesures anti-russes de l'Europe Par Thuy-Diep Nguyen Publié le 12-09-2014 à 11h55 Il n’y a pas qu’aux chantiers de Saint-Nazaire, où sont construits les Mistral, que les tensions avec Poutine inquiètent. Petit inventaire des gros intérêts français en Russie. • Les nouvelles sanctions contre la Russie entrent en vigueur Installé depuis vingt ans en Russie, Emmanuel Quidet, le président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCFIR), est bien placé pour le dire: "A Moscou, les entreprises françaises craignent l’alourdissement des sanctions. Il faut des solutions politiques à la crise, sans prendre les entreprises en otage!" Il est vrai que l'Europe est sur le mode offensif. De nouvelles sanctions de l'UE sont entrées en vigueur ce vendredi 12 septembre. Elles prévoient des mesures ciblées contre 14 personnalités russes et 10 dirigeants séparatistes ukrainiens. Surtout, elles bloquent le financement de la dette de trois compagnies pétrolières russes et l'accès aux capitaux européens pour trois groupes russes du secteur de la défense. Le rouble est tombé à un nouveau plus bas face au dollar après cette annonce. Moscou a promis une riposte. De quoi tendre le climat des affaires pour les 1200 sociétés françaises sur place - et les 6000 autres qui exportent vers ce pays. • Danone, Renault, Leroy-Merlin... Les ténors tricolores qui ont fait de la Russie un marché phare ne manquent pas. Danone y réalise 11 % de son chiffre d’affaires - son premier pays au monde. La Russie est le deuxième marché d’Yves Rocher, et d’Auchan (81 hypermarchés, 130 supermarchés, 37 315 salariés). Leroy Merlin, autre entité de la galaxie Mulliez, y pousse aussi ses feux – le distributeur spécialisé a ouvert deux grosses plateformes de logistique en moins d’un an à Moscou. Idem pour Alstom qui en 2010 a racheté 25 % du capital de TMH, leader russe de matériel ferroviaire. Le tandem vient d’inaugurer un nouveau tramway dans la capitale. En fusionnant avec Rosbank, la Société générale a fait de la Russie son deuxième marché dans la banque de détail. Quant au duo Renault-Nissan, il a finalisé cet été sa prise de contrôle d’Avtovaz, le fabricant des célèbres Lada, consolidant ses positions sur un marché clé pour l’Alliance. • L'Europe à côté de la plaque ? Quid du business si Poutine durcit le ton? Dans l’agroalimentaire, l’embargo russe sur les produits occidentaux, décrété cet été, mobilise Bruxelles et pourrait coûter cinq milliards d’euros d’échanges par an, selon un document récemment présenté à la Commission. Ailleurs, la facture risque aussi d’être salée. "Trop sûre d’elle, l’Europe a raté le coche au milieu des années 2000 – quand Poutine était « fréquentable » - pour encadrer des secteurs comme la défense ou l’énergie, tacle Dominique Fache, président de la Fondation Sophia-Antipolis et ex-patron de l’énergéticien Enel en Russie. Aujourd’hui, avec ses sanctions, elle est à côté de la plaque. Les entreprises se retrouvent en première ligne." Ainsi, Total pourrait voir le financement de son projet de Yamal, de gaz naturel liquéfié dans l’Arctique, menacé. Cet investissement de 27 milliards de dollars devrait faire de la Russie la première zone de production du Français dès 2020. Fin août, Christophe de Margerie, associé au Russe Novatek et au chinois CNPC, se montrait confiant: en cas de pépin, les banques chinoises prendraient le relais. La semaine dernière, le PDG de Total, partisan d’un "dialogue constructif", a préféré rallié l’aréopage de grands patrons venus plaider la cause française à l’ambassade de Russie, à Paris. • Aucune société française ne pliera bagage "Nous ne devons pas nous laisser persuader que la Russie est un ennemi, d’autant que notre approvisionnement en énergie dépend en grande partie de ce voisins." déclarait-il alors au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. "Pour les entreprises, la crise ukrainienne s’ajoute à la crise économique. C’est la double peine" note Emmanuel Quidet. Les tensions diplomatiques ont chahuté le rouble - et par ricochet les résultats semestriels d’Auchan (-11,5 %). La prévision de croissance du pays pour 2015 vient d’être divisée par deux (1 %, après 0,5 % en 2014), tandis que la consommation dégringole. Rude pour une marque comme Renault –premier constructeur étrange– dont les immatriculations russes ont chuté de 9% sur les sept premiers mois de l’année, un peu mieux que le marché, quand celles d’Avtovaz plongeaient de 16%. Pour autant, promet Emmanuel Quidet, aucune entreprise française n’envisage de plier bagages. " Il ne faut pas perdre son sang-froid, plaide Dominique Fache, On l’a vu au moment de la crise financière de 1998 : c’est lors de crises que l’on fait les meilleures affaires. " Bruno Lafont en est visiblement convaincu : " Ce pays signifie beaucoup pour nous, martelait le PDG de Lafarge lors de l’inauguration d’une usine à Moscou en mai, en pleine crise diplomatique. Construire une cimenterie c’est pour cinquante ans. " En attendant, il va falloir faire le dos rond. |
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![]() Que des souverainistes ou des gaullistes se démarquent de l'hégémonisme US n'est déjà plus surprenant, au point qu'un petit nombre d'activistes national-socialistes essaie même de s'appropier le soutien du peuple français à la République du Donbass. Ceci reste anecdotique mais traduit quand même des fissures de la bourgeoisie sur le sujet. Sur le plan économique, à une grande échelle et sur une longue durée, la politique de sanction va à l'encontre de la globalisation, c'est-à-dire du développement des marchés capitalistes et de l'histoire du capitalisme lui-même. La réponse de la Russie a démontré que cette politique est à double tranchant et qu'elle produit l'inverse de l'effet escompté : le renforcement des liens sud-sud, le regroupement des BRICS et la création de marchés régionaux indépendants des monopoles occidentaux. Non seulement ceci met en difficulté des pans entiers de l'économie française, alors que les patrons, commerçants, agriculteurs ne sont nullement résolus à sacrifier leurs profits sur l'autel de la "démocratie" et de l'expansion en Russie, mais il est à prévoir que la politique de soumission à l'hégémonisme US ira de plus en plus à l'encontre de leurs intérêts. Le Süddeushe.de rapporte dans une interview que le patron de Total se démarque du suivisme de l'Etat envers l'OTAN : ... Le principal groupe énergétique français opposé aux sanctions contre la Russie 4/9/2014 Le PDG de Total, Christophe de la Margerie , a mis en garde en raison de l'escalade de la crise en Ukraine sur de nouvelles sanctions contre la Russie: "Les sanctions sont une erreur" , a-t-il déclaré à la Süddeutsche Zeitung . " Nous ne devons pas laisser croire que la Russie est un ennemi - même si notre approvisionnement en énergie dépend en grande partie de ce voisin" , a déclaré le chef du plus grand groupe industriel de France. "Si les Américains veulent attiser le conflit pour des raisons historiques ou de politique intérieure, c'est leur décision. Nous, Européens, devons résoudre cette crise autrement, sans la peindre en noir et blanc." Il ne croit pas personnellement "que le plan du président Poutine est d’annexer Ukraine" .... Edité le 06-09-2014 à 00:11:19 par Xuan |