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Xuan
https://histoireetsociete.com/2023/02/03/la-chine-pousse-larabie-saoudite-a-la-dedollarisation-du-petrole/
pzorba75
Xuan a écrit :


Les États-Unis préviennent que les tentatives de la Chine d'exercer son influence dans le monde entier n'étaient "pas propices" à l'ordre international.

La Chine n'a pas besoin de prévenir que les interventions des Etats-Unis dans le monde entier étaient toutes génératrices de désordres et de guerres. Tous les pays le savent, excepté les pays de la coalition dite internationale, la majorité d'entre eux abritant des bases militaires américaines.
Xuan
Le président Xi Jinping est arrivé à Riyadh et a reçu un accueil saoudien chaleureux. Lorsque l'avion du président est entré dans l'espace aérien saoudien, il a été escorté par 4 avions de chasse saoudiens et à plus basse altitude par 6 avions de conciergerie.
Xi devrait assister à un sommet saoudo-chinois, au sommet Golfe-Chine, et au sommet arabe-Chine de Riyadh au cours de sa visite de 3 jours. Les pourparlers sur un accord de libre-échange entre la Chine et les six pays du Conseil de coopération du Golfe entrent dans une "phase finale".

Saudi Aramco a relancé les discussions en vue de construire un complexe de raffinage et de pétrochimie de plusieurs milliards de dollars en Chine.
Saudi Arabiaet la Chine chercheraient à stimuler la coopération dans les chaînes d'approvisionnement en énergie en établissant un centre régional dans l'État arabe du Golfe pour les usines chinoises. Plus de 20 accords initiaux d'une valeur de 110 milliards de SR (29,26 milliards de dollars) seront signés au cours de la visite de Xi.

Les États-Unis préviennent que les tentatives de la Chine d'exercer son influence dans le monde entier n'étaient "pas propices" à l'ordre international.
Xuan
Le renforcement des liens entre la Chine et l'Arabie saoudite ouvre des perspectives pour l'utilisation du yuan dans le règlement du pétrole


https://www.globaltimes.cn/page/202212/1281416.shtml?fbclid=IwAR1Py5rGSqDCGJgxN5uVPwEGua1UluMLMG1l3A0CBWKud7Gmq0a243syvX4

Le rapprochement entre la Chine et l'Arabie saoudite permet de se prémunir contre les incertitudes et affaiblit l'hégémonie du dollar américain.
08 déc. 2022
La discussion sur l'utilisation du yuan chinois dans les règlements pétroliers entre la Chine et l'Arabie saoudite est de plus en plus fréquente ces derniers temps, dans le contexte de la visite du président chinois Xi Jinping dans le pays. Ce voyage marque une étape historique dans les relations sino-arabes et suscite également l'espoir d'un approfondissement des liens énergétiques dans les années à venir.
Ce changement est jugé nécessaire par les observateurs des deux pays à la lumière de "l'armement croissant du système financier dominé par le dollar", ont-ils déclaré, espérant que cette mesure apportera de la certitude au commerce bilatéral et portera atteinte à l'hégémonie du dollar américain sur le marché mondial du pétrole.
L'utilisation plus fréquente de la monnaie de l'autre est également mise en avant dans l'agenda du gouvernement chinois. Dans un rapport intitulé "La coopération sino-arabe dans la nouvelle ère", publié le 3 décembre par le ministère chinois des affaires étrangères, la Chine indique qu'elle renforcera la coopération monétaire avec les banques centrales des pays arabes et discutera de l'extension des accords transfrontaliers de règlement et d'échange de devises locales.
Le rapport met également l'accent sur un "partenariat stratégique à long terme entre la Chine et les pays arabes dans le domaine de l'énergie, mutuellement bénéfique et amical", et promet de construire conjointement un modèle de coopération énergétique entre la Chine et les pays arabes dans les domaines du pétrole et du gaz, de l'énergie nucléaire et de l'énergie propre.
Dans l'article signé publié jeudi par le président Xi sur le journal saoudien Al Riyadh, il a déclaré que la Chine allait renforcer la synergie entre son initiative "la Ceinture et la Route" et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, approfondir et étayer la coopération pratique dans tous les domaines, et accroître la convergence des intérêts et la connectivité entre les peuples des deux pays, selon l'agence de presse Xinhua.
M. Xi est arrivé en Arabie saoudite mercredi pour assister au premier sommet Chine-États arabes et au sommet Chine-Conseil de coopération du Golfe, et effectuer une visite d'État dans le pays à l'invitation du roi Salman bin Abdulaziz Al Saud d'Arabie saoudite.
L'Arabie saoudite restera un partenaire énergétique fiable et digne de confiance pour la Chine, a déclaré mercredi le ministre saoudien de l'énergie, le prince Abdulaziz bin Salman, selon l'Agence de presse saoudienne (SPA).
Il a noté que la coopération entre la Chine, premier consommateur d'énergie au monde, et l'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au monde, avait contribué à maintenir la stabilité du marché mondial du pétrole, a rapporté SPA.
Les experts s'attendent à ce que la visite de Xi stimule la coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie, en plus d'autres domaines.
Un changement "logique
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie saoudite, avec des échanges bilatéraux d'une valeur de 87,3 milliards de dollars en 2021. En outre, l'Arabie saoudite est le premier fournisseur de pétrole de la Chine, représentant 18 % du total des achats de pétrole brut de la Chine, avec des importations totalisant 73,76 millions de tonnes au cours des 10 premiers mois de 2022, pour une valeur de 55,52 milliards de dollars, selon les données des douanes chinoises.
"Par conséquent, utiliser le yuan chinois pour régler une partie ou la totalité de leurs échanges, qu'ils soient liés au pétrole ou non, n'est que logique et normal, surtout à la lumière de l'armement croissant du système financier dominé par le dollar", a déclaré jeudi au Global Times Ebrahim Hashem, stratège des Émirats arabes unis et ancien conseiller du président du Bureau exécutif d'Abou Dhabi, une autorité responsable des stratégies à long terme d'Abou Dhabi.
"Le règlement de leurs échanges dans leurs monnaies locales, en particulier dans le yuan chinois, protégera davantage leurs échanges contre une éventuelle politisation du système financier international", a déclaré M. Hashem.
Les discussions sur les contrats pétroliers en yuan durent depuis des années, mais cette année a vu des signes d'accélération.
Selon un rapport du Wall Street Journal de mars, l'Arabie saoudite est "en pourparlers actifs" avec Pékin pour fixer le prix de certaines de ses ventes de pétrole à la Chine en yuan, citant des personnes au fait de la question.
Les Saoudiens envisagent également d'inclure des contrats à terme libellés en yuan, connus sous le nom de petroyuan, dans le modèle de tarification de la Saudi Arabian Oil Co, connue sous le nom d'Aramco, selon le rapport.
"Si ces discussions actives entre Riyad et Pékin parviennent à fixer le prix d'une partie des ventes de pétrole de l'Arabie saoudite à la Chine en yuan, alors c'est une étape qui réduirait la domination du dollar sur le marché mondial du pétrole", a déclaré mercredi au Global Times Nadia Helmy, experte en affaires politiques chinoises et professeur de sciences politiques à l'université de Beni Suef, en Égypte.
"Je pense qu'autoriser les paiements pétroliers en yuan peut ouvrir la voie à la création d'un (système parallèle de paiements internationaux) dans lequel le yuan chinois aura la même importance et la même force que le dollar américain", a déclaré l'experte.
Des progrès progressifs
"Mais il s'agit d'un processus à long terme et d'un changement majeur qui ne peut être réalisé du jour au lendemain, car le pétrole est libellé en dollars depuis tant d'années, et l'hégémonie du dollar ne peut être facilement ébranlée", a déclaré mercredi au Global Times un représentant d'une entreprise chinoise en Arabie saoudite.
Selon le rapport du Wall Street Journal, la majorité des ventes mondiales de pétrole, soit environ 80 %, se font en dollars, et les Saoudiens négocient le pétrole exclusivement en dollars depuis 1974, dans le cadre d'un accord avec l'administration Nixon qui comprenait des garanties de sécurité pour le pays.
"Néanmoins, s'il ne s'agit pas seulement de pétrole, il peut y avoir beaucoup d'autres échanges et de coopération entre nous et l'Arabie saoudite, nous pouvons progressivement commencer par des choses faciles, même une coopération à petite échelle, essayer d'étendre l'utilisation du yuan dans les règlements bilatéraux", a déclaré le représentant, qui a demandé à rester anonyme.
L'un des derniers progrès a déjà été réalisé à Yiwu, la ville natale des petits produits de base dans la province du Zhejiang, dans l'est de la Chine. Mardi, une entreprise locale a reçu un paiement transfrontalier en yuan de clients saoudiens par le biais de "Yiwu Pay", marquant un progrès dans l'utilisation du yuan dans le commerce bilatéral, selon un rapport du Securities Times, un journal financier chinois.
"Une chose est sûre, nous pouvons constater que l'expansion de l'utilisation du yuan dans le commerce mondial devient maintenant une tendance, non seulement en Arabie saoudite, mais aussi dans les pays voisins et dans d'autres parties du monde", a déclaré le représentant.
Le yuan a gagné 2,13 % de part de marché dans les paiements mondiaux en valeur en octobre, derrière le yen japonais (2,95 %), la livre sterling (7,85 %), l'euro (34,43 %) et le dollar américain (42,05 %), selon Swift.
Xuan
https://www.youtube.com/watch?v=7354hP6Ue7Y

Pascal Boniface ... Xi Jinping à Riyad : un axe saoudo-chinois ?
Xuan
Pas seulement du pétrole pour le yuan : Xi Jinping se rend en Arabie saoudite


©AP Photo / Andy Wong
Le président chinois Xi Jinping sur un écran de diffusion à Pékin. Photo d'archive
Lire ria.ru https://ria.ru/20221206/vizit-1836522241.html
Petr Akopov

Demain, la visite du dirigeant chinois Xi Jinping en Arabie saoudite aura lieu - loin d'être un événement ordinaire, même pour notre époque agitée. Ce n'est pas la première fois que le président de la Chine vient à Riyad, donc le point ici n'est pas le caractère unique du voyage, mais le fait qu'il symbolise une nouvelle étape dans la construction des structures de soutien du futur ordre mondial.
Auparavant, en Occident, la visite de Xi aurait été décrite en termes de « la plus grande usine de la planète » et de « le plus grand vendeur de pétrole », mais même en 2016, lorsque la précédente visite du président a eu lieu, cela n'expliquait plus la situation. essence de la relation entre les deux pays. Et maintenant, le contenu de ce qui se passe est complètement impossible à comprendre à travers le prisme des relations bilatérales, et même de l'économie en général. Oui, les Saoudiens sont toujours les plus grands fournisseurs de pétrole de la Chine, et l'Empire Céleste est le principal acheteur de pétrole saoudien, mais ce n'est qu'une partie du puzzle.


Les prix du pétrole ont ralenti après l'annonce de l'Arabie saoudite
A Riyad, Xi tiendra trois sommets : outre le sommet sino-saoudien proprement dit, se tiendront également le Conseil de coopération des États arabes du golfe Persique, ainsi que le tout premier sommet sino-arabe (la Ligue des États). C'est-à-dire que nous ne parlons pas seulement des relations avec le chef des Arabes (l'Arabie saoudite), mais de l'avenir des relations avec l'ensemble du demi-milliard de monde arabe.


Les relations avec les Arabes en Chine ressemblent quelque peu aux relations de notre pays avec le Moyen-Orient : dans les années 50-80, Pékin, comme Moscou, soutenait des régimes laïcs d'orientation socialiste de l'Algérie au Yémen, et les monarchies du Golfe regardaient les Chinois communistes en tant que révolutionnaires prêts à soutenir toute agitation dans leurs États. Mais depuis le début des années 90, tout a commencé à changer - et désormais Pékin entretient des liens étroits avec la majorité absolue des 22 pays de la Ligue des États arabes, quels que soient leur système politique et leur orientation idéologique. L'énorme chiffre d'affaires du commerce extérieur est complété par l'intérêt chinois pour les infrastructures, et pour le pétrole, la Chine peut déjà offrir non seulement un prix élevé, mais aussi des technologies avancées, y compris militaires.


Dans le même temps, Pékin, comme Moscou, approfondit ses relations stratégiques avec l'Iran, rival historique des Arabes et leur rival d'influence sur le monde islamique. Les Anglo-Saxons dépeignent l'Iran comme une menace pour l'ensemble du monde arabe pour continuer à diviser et gouverner le Moyen-Orient, mais ni la Russie ni la Chine ne veulent choisir entre les Arabes et les Perses. Au contraire, Pékin et Moscou sont intéressés par la réconciliation entre leurs voisins du Golfe - et le renforcement des positions de la Chine et de la Russie dans la région pourrait à terme modifier toute l'architecture de sécurité locale.
Désormais son élément clé reste la dépendance des pays du Golfe vis-à-vis des États-Unis : les bases et les approvisionnements en armement américains font des États le garant de la sécurité des monarchies arabes, mais si la mythique menace iranienne est écartée, seule la rivalité arabo-iranienne ( sous la forme sunnite-chiite) restera, ce qui peut être mis dans le cadre des accords multilatéraux sur la sécurité régionale (après avoir construit un système de freins et contrepoids). Ce processus ne sera pas facile, mais le retrait progressif des États-Unis de la région et le renforcement constant des positions de la Chine et de la Russie le rendent tout à fait réaliste.

Les républicains enquêtent sur "l'accord secret" de Biden pour produire du pétrole
Et un Moyen-Orient plus ou moins stable et indépendant est nécessaire non seulement aux Arabes eux-mêmes, mais aussi au reste du monde. Car la réduction de la dépendance vis-à-vis des acteurs extérieurs (et la Chine et la Russie ne prétendent pas endosser le rôle de « nouveaux anglo-saxons » dans la région) ouvrira la voie au monde arabe à l'unité - non politique, que des générations de nationalistes et de dont rêvaient les socialistes, mais au moins économique. L'intégration intra-régionale au niveau de la LEA créera non seulement un marché d'un demi-milliard de dollars avec une langue et une religion communes, avec un peuple commun ou apparenté, mais rendra également aux Arabes le rôle de l'un des peuples clés du monde. l'histoire. De plus, le monde arabe a une énorme influence non seulement sur le milliard et demi du monde islamique, mais aussi sur l'ensemble de l'Afrique - le continent à la croissance la plus rapide, dont la population a dépassé le milliard.
La préservation de la désunion intra-arabe fait le jeu de l'Occident, mais pas dans l'intérêt de la Chine et de la Russie, pour qui un monde arabe fort et indépendant peut être l'allié le plus important dans la création d'un nouveau monde post-occidental, post-anglo -Ordre mondial saxon.


Les anciennes civilisations traditionalistes telles que la chinoise et l'arabe seront parmi ses principaux bâtisseurs - c'est pourquoi la visite de Xi Jinping en Arabie saoudite est si déconcertante pour les atlantistes. Et pas seulement parce que les Saoudiens vendront leur pétrole aux Chinois pour des yuans au lieu de dollars.
Xuan
signalé par Robert Kissous

Une guerre froide 2.0 : qui façonnera le nouvel ordre mondial ?




Marco Carnelos
Mardi 11 octobre 2022
https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/guerre-froide-chine-russie-etats-unis-nouvel-ordre-mondial-brics?fbclid=IwAR2PAItG73lbIit4ZKw07uBeKO9Cb8OW4NBCBhrZICvTq-3kjyrmpEigpaA

Alors que l’Occident continue de jouer la carte d’une opposition éculée entre démocratie et autocratie, les pays du Moyen-Orient se réjouissent de la perspective d’une nouvelle ère propice à des alternatives


L’Amérique, le dernier empire idéologique, tente aujourd’hui l’impossible : contenir deux grands pays en même temps. Ce n’est pas la première fois qu’elle essaie cela. Les États-Unis ont essayé de contenir à la fois l’Iran et l’Irak pendant trois décennies, et dans les deux cas, cela s’est mal terminé. L’Iran n’a pas été contenu, tandis que si le régime irakien a été changé, le pays lui-même a été perdu.
Aujourd’hui, alors que les États-Unis n’ont jamais été aussi faibles à l’étranger et polarisés à l’échelle nationale, leurs ambitions – que les échecs en série ne découragent pas – n’ont jamais été aussi grandes. Ils cherchent à contenir à la fois la Russie et la Chine.
Henry Kissinger a récemment résumé le danger que cela représente : « Nous sommes au bord d’une guerre avec la Russie et la Chine autour de problématiques que nous avons en partie créées, sans aucune idée de la façon dont cela va se terminer ou de ce à quoi on est censé aboutir. »

La guerre en Ukraine et les tensions croissantes autour de Taïwan sont les points de mire de ce nouvel effort, qui s’accompagne de graves répercussions : crises énergétiques et alimentaires mondiales causées par les sanctions contre la Russie, perturbations de la chaîne d’approvisionnement, tensions commerciales et course technologique, le tout accompagné d’une récession et d’une stagflation imminentes.
Moscou comme Pékin sont accusés de rompre l’ordre mondial fondé sur des règles. Mais les preuves ne sont pas convaincantes.
Cette confrontation pourrait encore déclencher un réalignement mondial – vers un système dans l’idéal véritablement multipolaire, mais plus probablement tripolaire. Le premier pôle est le bloc démocratique occidental dirigé par les États-Unis, incarné par la triade G7-OTAN-UE – une nouvelle sainte alliance.
Le deuxième est le bloc eurasien dirigé par la Chine et la Russie, auxquelles se joignent l’Iran et certaines républiques d’Asie centrale. Le troisième bloc sera constitué des États souhaitant garder leurs distances avec les deux blocs – le reste du monde, désormais appelé le Sud. Il restera sur la touche pendant que la démocratie cherchera à l’emporter face à l’autocratie dans une guerre froide 2.0.

La conquête des cœurs et des esprits

Le Sud s’affranchit de plusieurs décennies de tutelle politique, économique et financière occidentale. Cela n’implique pas un alignement automatique avec le bloc eurasien, mais cela laisse certainement présager un système international plus fluide.
Comme l’illustre la guerre en Ukraine, le cri de ralliement mondial de l’Occident contre la Russie n’est pas si attrayant. Celui qui sera lancé prochainement contre la Chine le sera encore moins.
La triade occidentale s’efforce de gagner les cœurs et les esprits dans le Sud, mais sa politique jusqu’au-boutiste de deux poids, deux mesures et son ordre mondial déformé fondé sur des règles agacent, bien plus que les atrocités commises par la Russie en Ukraine ou l’attitude affirmée de la Chine le long de ses propres frontières.

Les formats politiques non occidentaux tels que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) semblent plus attrayants

Jusqu’à présent, les formats politiques non occidentaux tels que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) semblent plus attrayants.
Les démocraties occidentales ne gagnent des États partageant les mêmes idées qu’au sein de leur propre troupeau, comme en témoigne l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. Les autres acteurs régionaux – notamment la Turquie, l’Algérie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Argentine et le Mexique – regardent ailleurs.
Un haut diplomate britannique m’a dit un jour : « Être ami avec les États-Unis, c’est beaucoup plus difficile que d’être leur ennemi. » Ainsi, deux blocs économiques et commerciaux concurrents pourraient émerger : New York, Londres et le dollar américain pourraient ne plus être les centres névralgiques et outils exclusifs du système financier mondial.
La Chine et la Russie travaillent sur des alternatives au dollar américain, au système de paiement mondial SWIFT et aux bourses de New York et de Londres. Les entreprises d’État chinoises se retirent des bourses américaines, tandis que Pékin revoit à la baisse les titres obligataires du Trésor américain qu’elle détient.
Ces manœuvres en sont encore à leur stade embryonnaire, mais en temps voulu, elles pourraient attirer de nombreux pays du Sud, surtout si l’Occident persévère dans sa stratégie stupide consistant à utiliser le dollar et sa primauté financière comme des armes.
De plus en plus d’États pourraient également commencer à chercher des endroits plus sûrs pour leurs réserves d’or et de devises fortes, en particulier après la saisie des réserves nationales afghanes et vénézuéliennes, respectivement par les États-Unis et le Royaume-Uni, sans parler de la saisie sans précédent par les États occidentaux de 300 milliards de dollars appartenant à la Russie.
Le découplage économique avancé de la Russie par rapport à l’Occident, et celui à venir de la Chine, pourraient engendrer un paysage tout à fait différent. Comment le Moyen-Orient s’adaptera-t-il à ces glissements tectoniques ?
Avec le nombre de mains qui ont été forcées pour produire les accords d’Abraham, la Pax Americana s’éloigne de plus en plus. Les accords, défendus par l’administration Trump et confirmés par le président américain Joe Biden, sont importants sur le plan économique, notamment pour Israël.
Mais ils reposent sur deux hypothèses historiquement faillibles : la question palestinienne pourrait être indéfiniment mise de côté sans conséquences, et l’opinion publique du monde arabe n’a pas d’importance.

La realpolitik l’emporte

L’heure des décisions approche pour les grandes puissances régionales. La région se laissera-t-elle à nouveau transformer en champ de bataille pour les grandes puissances, comme elle l’a été au cours du XXe siècle ? Autour de quel modèle politique – s’il doit y en avoir un – la stabilité régionale pourrait-elle se construire ? Les accords d’Abraham élargis sous l’égide des États-Unis, les ententes informelles anti-occidentales comme l’Axe de la résistance (Iran-Irak-Syrie-Hezbollah), ou des groupements non-occidentaux comme les BRICS+ et l’OCS ?

Le cadre économique de la région penchera-t-il davantage vers l’initiative chinoise de nouvelle route de la soie, chiffrée en milliers de milliards de dollars, ou vers le Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux récemment annoncé par le G7, d’une valeur de 600 milliards de dollars ?

Malgré l’évolution du paysage mondial, le plan directeur américain pour le Moyen-Orient ne change malheureusement pas. Le récent voyage de Biden en Israël/Palestine et en Arabie saoudite n’a pas fait exception

Le président américain a été confronté à un dilemme de taille : s’en tenir à ses propres valeurs morales, qui exigeraient que l’homme qui a ordonné l’assassinat de Khashoggi demeure un paria international, ou donner la priorité aux consommateurs américains en tentant de réduire les prix du pétrole
Les institutions financières continueront-elles de s’appuyer sur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, contrôlés par les États-Unis, ou trouveront-elles une alternative auprès de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, proposée par la Chine ?
La seule preuve disponible jusqu’à présent est que des partenaires traditionnels des États-Unis au Moyen-Orient, tels que l’Égypte et l’Arabie saoudite, envisagent de rejoindre les BRICS.
Riyad réfléchit à l’idée d’accepter le yuan au lieu du dollar pour les ventes de pétrole, tandis que le président chinois Xi Jinping devrait bientôt se rendre en Arabie saoudite. La comparaison entre les politesses envers Xi Jinping et celles récemment accordées à Biden sera révélatrice : dans le monde arabe, la forme se rapporte toujours au fond.
Malgré l’évolution du paysage mondial, le plan directeur américain pour le Moyen-Orient ne change malheureusement pas. Le récent voyage de Biden en Israël/Palestine et en Arabie saoudite n’a pas fait exception.
Israël a obtenu un partenariat stratégique avec les États-Unis visant principalement à contrer l’Iran, tandis que les Palestiniens ont eu droit à une nouvelle mise au placard de leurs aspirations légitimes à l’autodétermination.
Mais la halte la plus importante était celle en Arabie saoudite. Depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, une remise à zéro des relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite est recherchée. La querelle a confirmé les difficultés inhérentes à une politique étrangère fondée exclusivement sur des principes et des valeurs éthiques.
Le discours grandiloquent de Biden autour d’un affrontement mondial entre démocraties et autocraties s’est complètement effondré en ce qui concerne le Moyen-Orient. La realpolitik a imposé ses propres priorités. Le président américain a été confronté à un dilemme de taille : s’en tenir à ses propres valeurs morales, qui exigeraient que l’homme qui a ordonné l’assassinat de Khashoggi demeure un paria international, ou donner la priorité aux consommateurs américains en tentant de réduire les prix du pétrole.
Sans surprise, Biden a opté pour la seconde option. L’inflation galopante ronge à la fois le pouvoir d’achat des consommateurs américains et les chances de victoire du Parti démocrate aux élections de mi-mandat prévues en novembre. La solution la plus rapide serait d’inonder le marché pétrolier de brut.
Il est désormais tout à fait clair que si Biden n’a pas pu échapper au check humiliant avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, Riyad ne s’est pas engagé à augmenter sa production de pétrole, invoquant une capacité de réserve proche de la limite. En bref, cette visite a été un désastre politique.

Le sommet tripartite quasi parallèle entre l’Iran, la Russie et la Turquie qui s’est tenu à Téhéran pourrait avoir des répercussions bien plus importantes et durables pour la région. Alors que les États-Unis sont toujours les otages d’une stratégie obsolète et que l’UE a perdu tout poids, la Russie et la Chine pourraient disposer d’une plus grande marge de manœuvre.
Malgré les efforts déployés par l’Occident pour structurer le système international selon une logique rigide du « nous contre eux », la réalité émergente est bien plus complexe. Les pays du Moyen-Orient, y compris les alliés traditionnels des États-Unis, se réjouissent de la perspective d’un tout nouvel ordre mondial où de nombreuses nouvelles options pourraient être à leur disposition.

_________________


- Marco Carnelos est un ancien diplomate italien. Il a été en poste en Somalie, en Australie et à l’ONU. Il a été membre du personnel de la politique étrangère de trois Premiers ministres italiens entre 1995 et 2011. Plus récemment, il a été l’envoyé spécial coordonnateur du processus de paix au Moyen-Orient pour la Syrie du gouvernement italien et, jusqu’en novembre 2017, ambassadeur d’Italie en Irak.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Xuan
La guerre en Ukraine confirme l’émancipation de pays du Golfe vis-à-vis de Washington

11 MARS 2022

https://histoireetsociete.com/2022/03/11/la-guerre-en-ukraine-confirme-lemancipation-de-pays-du-golfe-vis-a-vis-de-washington/
Les pays du Golfe (Arabie Saoudite et Emirats arabes réunis) autrefois alliés indéfectibles des Etats-Unis refusent d’appuyer les USA dans leurs efforts pour étrangler la Russie. Dans ce cas impensable il y a quelques années se confirme le basculement du monde vers un monde multipolaire et dans celui-ci un nouveau positionnement des alliances dans lequel les USA et leurs vassaux s’avèrent de plus en plus isolés. La plupart des pays du Tiers monde et en particulier le monde musulman excédé d’être maltraité, divisé, refuse d’être utilisé. Et si les dirigeants en sont là, ce n’est rien à côté des peuples. Dans un pays comme l’Indonésie, une des plus grande nation musulmane mais aussi celle qui a subi un véritable génocide (500.000 personnes accusées d’être communistes exécutées) la popularité de Poutine est à son comble (il est désigné sous le vocable affectueux de “papa Poutine”). (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

SOURCE AFP – Il y a 45 min

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en lumière des divisions autrefois impensables entre Washington et ses principaux alliés du Golfe, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, géants pétroliers de plus en plus indépendants sur la scène internationale.© Saudi Royal Palace/AFPLa guerre en Ukraine confirme l’émancipation de pays du Golfe vis-à-vis de Washington

Les deux pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui soutiennent Washington depuis des décennies, se sont abstenus d’appuyer l’administration du président Joe Biden dans ses efforts pour étrangler Moscou, de l’énergie à la diplomatie.

“Les Emirats (ne devraient) plus être vus comme une marionnette des Etats-Unis ”, déclarait à CNN le 3 mars Abdulkhaleq Abdullah, professeur de sciences politiques dans le pays.
“Nous devons agir selon nos (…) priorités” , ajoutait-il, tout en soulignant les “très bonnes relations avec l’Amérique”.

Pour les analystes, cette nouvelle position des pays du Golfe, qui survient après de nombreux différends ces dernières années –dont le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par un commando saoudien à Istanbul en 2018–, est un tournant dans les relations avec Washington, longtemps “protecteur” de ces Etats, face à l’Iran notamment.

Pétrole contre protection

“C’est certainement une phase importante dans les relations entre le Golfe et les Etats-Unis” , a déclaré à l’AFP Anne Gadel, contributrice régulière pour l’Institut Montaigne sur les pays du Golfe.
Selon elle, les pays du Golfe “sont conscients qu’ils doivent se préparer à un Moyen-Orient différent, et que l’équilibre des pouvoirs est en train de changer en général” au niveau mondial.
Les Emirats, qui assurent actuellement la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, ont refusé de voter en février en faveur d’un projet de résolution américano-albanais condamnant l’invasion de l’Ukraine.
Le conflit fait grimper les coûts de l’énergie mais les pays du Golfe résistent pour le moment aux pressions occidentales visant à augmenter la production de pétrole pour faire baisser les prix.
Les Saoudiens ont ainsi souligné leur engagement envers l’alliance pétrolière Opep+, dirigée par Moscou et Ryad. Et les Emirats ont réaffirmé jeudi leur respect des engagements pris dans ce cadre, au lendemain de déclarations de leur ambassadeur à Washington en faveur d’une hausse de la production.

Le président américain et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ne se sont pas parlé depuis la prise de fonctions de Joe Biden qui avait juré de traiter le royaume comme un état “paria” après le meurtre de Khashoggi, imputé à Mohammed ben Salmane par la CIA.
Remontant à 1945, l’alliance des Etats-Unis avec l’Arabie saoudite, puis avec les monarchies voisines, reposait sur un deal “pétrole contre protection” .
Dans la région, les pays du Golfe qui accueillent troupes et bases américaines et étrangères, ont longtemps été considérés comme les pantins des Américains.

Cette situation a commencé à évoluer en 2011, lorsque le Printemps arabe a mis sur la touche les puissances arabes traditionnelles comme l’Egypte et la Syrie, permettant aux Etats du Golfe, vus comme stables et prospères, de jouer un rôle plus important sur la scène régionale.

Frustrations

L’Arabie saoudite et les Emirats combattent actuellement au Yémen les rebelles Houthis soutenus par l’Iran et ont renforcé leurs liens avec la Russie et la Chine. Les Emirats ont par ailleurs normalisé leurs relations avec Israël.
De nombreuses frustrations ont crispé les relations avec Washington, notamment l’ouverture de M. Biden envers l’Iran ou encore le refus américain de qualifier les Houthis de “terroristes”.
La question sécuritaire est toutefois le cœur du problème avec l’absence d’une réaction américaine forte après l’attaque contre des installations pétrolières saoudiennes en 2019, et la volonté annoncée de Washington de revoir à la baisse ses engagements militaires au Moyen-Orient.
“Les pays du Golfe (…) ne sont plus disposés à compter sur les Etats-Unis comme garant ultime de la sécurité” régionale, estime Hussein Ibish, de l’Institut des Etats arabes du Golfe à Washington.
Même “si les Etats-Unis restent un partenaire stratégique de premier plan” , ces Etats veulent “diversifier leurs options diplomatiques” .

10/03/2022 09:59:39 – Dubaï (AFP) – © 2022 AFP


A titre d’exemple l’AFRIQUE n’est pas du côté de “la communauté internationale” , c’est une tendance que j’avais déjà constaté et dont je parle dans mes mémoires puisque j’étais au BENIN lors de la guerre contre l’IRAK, mais il semble au vu des positions à l’Assemblée générale des NATIONS UNIES que cette tendance s’est encore accentuée dans la guerre en Ukraine. Les effets en sont aujourd’hui perceptibles chez les immigrés et enfants de l’immigration en Europe, en France en particulier. L’indécent débat entre ZEMMOUR et PECRESSE reflétait d’ailleurs à quel point les deux compères s’entendaient sur la nécessité d’une immigration des pays de l’est de l’Europe pour les tâches sous-payées dont les Français ne veulent pas. (NOTE DE DANIELLE BLEITRACH)


Edité le 11-03-2022 à 21:50:14 par Xuan


Xuan
Après le rapprochement entre la Russie, l'Iran et la Chine, le Liban ? La chasse gardée de l'impérialisme français prendrait-elle fin ?


Lassé du bâton occidental, le Liban se tourne vers la carotte de Téhéran, Moscou et Pékin


https://fr.sputniknews.com/moyen-orient/202107261045927624-lasse-du-baton-occidental-le-liban-se-tourne-vers-la-carotte-de-teheran-moscou-et-pekin/
17:43 26.07.2021

Par Alexandre Aoun
Face aux nombreuses pénuries qui l’accablent, le Liban a signé un accord pétrolier avec l’Irak. Ce partenariat serait symptomatique d’une nouvelle époque, estime Richard Labévière, géopolitologue. En froid avec la France et les États-Unis, Beyrouth se rapprocherait ainsi un peu plus du giron oriental, notamment de la Russie et de l’Iran.

Et si l’espoir du Liban venait de l’Est?
Beyrouth et Bagdad ont signé le 24 juillet un accord stipulant que l’Irak s’engageait à fournir un million de tonnes de fuel. Un partenariat qui permettra aux Libanais de s’alimenter en électricité de quatre à douze heures par jour pendant quatre mois, estime le ministre de l’Énergie, Raymond Ghaja. Un contrat qui avoisine les 300 millions de dollars, que Beyrouth paiera en livres libanaises, en services médicaux, hospitaliers et en produits agricoles. Les premières livraisons devront débuter la semaine prochaine.

«Plusieurs pays se positionnent davantage sur le dossier libanais»
En somme, une bouffée d’oxygène pour le Liban. Le pays du Cèdre traverse en effet l’une des pires crises économiques de son histoire: la livre libanaise a dégringolé à 20 000 pour un dollar au marché noir, le salaire minimum a perdu environ 90% de sa valeur, le pays est sans gouvernement depuis plus de 10 mois, les prix du pain, de l’essence et de l’électricité ne cessent d’augmenter et le pays commence à manquer de médicaments.

Une coopération qui arriverait donc à temps. «Mais le Liban n’est pas en mesure de négocier aujourd’hui, il prend ce qu’il peut prendre» affirme Richard Labévière, ancien rédacteur en chef du service étranger de RFI et directeur du site d’information Proche&Moyen-Orient.ch.
«Compte tenu de la situation catastrophique au pays du Cèdre, il n’a pas le choix, il se doit de créer de nouveaux partenariats. Cet accord avec l’Irak est purement conjoncturel, il répond à un impératif d’ordre humanitaire et économique. Plusieurs pays se positionnent davantage sur le dossier libanais pour déplacer leurs pions» , souligne-t-il au micro de Sputnik.
A cet égard, le spécialiste du Moyen-Orient évoque le rôle croissant de Pékin dans la région. Pas moins de 40% des importations libanaises proviennent de Chine. Elle est le deuxième partenaire commercial du Liban et a fourni un volume de 1,6 milliard dollars d’exportations en 2019. L’Empire du Milieu s’intéresserait également à la reconstruction du port de Beyrouth et serait en concurrence avec des sociétés françaises, allemandes, turques et russes.
De surcroît, en pleine crise, l’armée libanaise peut compter sur l’aide militaire chinoise. Le Liban a reçu le 11 juin dernier 60 véhicules tout-terrains B80VJ et 40 camions à six roues motrices Sinotruk Howo, dans le cadre de l’assistance militaire de Pékin.

Ce dernier est pourtant loin d’être le seul à se pencher sur le pays du Cèdre. Tout comme Pékin, Moscou ne cache pas son attrait pour les activités portuaires libanaises. L’entreprise russe Rosneft avait déjà remporté un appel d’offres pour la restauration et l’élargissement des capacités de stockage en hydrocarbures du port de Tripoli en 2019, pour une durée de 20 ans. Par ailleurs, la compagnie Novatek participe au consortium pétrolier dans le sud du pays avec le Français Total et l’Italien Eni.
Pour ses projets au Liban, la Russie peut compter sur sa diplomatie pragmatique:
«elle parle avec tout le monde» , résume Richard Labévière. En effet, Moscou entretient de bons rapports avec toute la classe politique libanaise, de Hariri au Hezbollah en passant par le Président Aoun et les leaders druzes Walid Joumblatt et Talal Arslane. Mais pour les autorités russes, le Liban serait englobé dans un ensemble régional.
«Ce qui intéresse avant tout la Russie, c’est la stabilité politique et économique de la Syrie. Et Moscou sait pertinemment qu’un Liban instable aura des conséquences dramatiques sur le voisin syrien. Mais ce qui est intéressant également dans cette crise libanaise, c’est le poids grandissant du Hezbollah, qui amène petit à petit le Liban dans l’orbite de Téhéran» , analyse le géopolitologue.

Lors d’une allocution télévisée le 8 juin dernier, Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a évoqué la possibilité de se rendre en Iran afin de «négocier» l’importation à Beyrouth de mazout et d’essence «si l’État libanais n’a pas le courage de le faire lui-même» , pour résoudre les pénuries. En raison de la crise économique, le puissant parti chiite libanais entendrait donc rapprocher le Liban de l’Iran. Un scénario qui ne ferait pas que des heureux. Israël, principal ennemi des Mollahs, craint en effet de voir passer le pays du Cèdre sous domination iranienne.

Vers de nouvelles sanctions européennes contre le Liban?
Mais si le Liban rejoint un peu plus le giron oriental, la faute en reviendrait en partie aux politiques occidentales.

«Historiquement, le Liban a toujours été attiré par l’Occident et notamment la France et les États-Unis» , rappelle Richard Labévière. Mais depuis la crise économique et politique qui frappe le pays du Cèdre, Paris et Washington peinent à imposer des mesures aux autorités libanaises. Pourtant, les deux pays ont déjà tout tenté, ou presque. Dès le lendemain de l’explosion du port du Beyrouth le 4 août dernier, les autorités françaises s’étaient précipitées au chevet du peuple libanais. Avec deux déplacements en moins d’un mois, Emmanuel Macron avait pris le dossier libanais très à cœur. Après la bienveillance initiale, il avait tenté d’imposer une initiative française, une sorte de feuille de route politique pour résoudre la crise libanaise. Mais rien n’y a fait: l’immobilisme de la classe politique locale et les blocages ministériels réguliers ont rapidement entravé la proposition de l’Élysée.

Paris a donc changé de ton, faisant ainsi planer la possibilité de sanctionner les dirigeants libanais. Jean Yves Le Drian avait évoqué en mars dernier l’idée de renforcer les pressions «renforcer les pressions» sur les élites libanaises. Peu de temps après, la France a mis ses menaces à exécution, sanctionnant plusieurs dirigeants libanais, leur interdisant l’entrée sur son territoire. Une politique calquée sur celle de Washington qui, lui, n’hésite pas à sanctionner le Hezbollah et ses sympathisants. Mais Paris et Washington ne sont pas les seuls à user du bâton plutôt que de la carotte: en cas de non-formation d’un gouvernement avant le 4 août prochain, Bruxelles compte étendre et renforcer ses sanctions contre le Liban .

Une politique qui s’avérerait contre-productive:
«Le Liban cherche à ne plus être dépendant de la France et des États-Unis. Avec l’Occident, l’aide est conditionnée à du politique. Depuis la fin de la guerre civile, l’élite libanaise faisait le choix d’un alignement sur Washington, Paris et Riyad. Aujourd’hui, les choses sont en train de bouger. Est-ce uniquement conjoncturel? Le temps nous le dira» , s’interroge le spécialiste du Moyen-Orient.

Obsédés par le Hezbollah et son influence dans le pays, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis boudent également le Liban et refusent de lui venir en aide. À en croire Richard Labévière, le dossier libanais mettrait en exergue la logique de deux axes opposés:
«De par son histoire, le Liban a toujours été ballotté, un temps à l’Ouest, maintenant vers l’Est. On voit de plus en plus se dessiner un axe regroupant l’Iran, la Syrie, la Russie et, dans une moindre mesure, la Chine. Nous sommes certainement à l’aube d’une nouvelle ère pour le Liban» , conclut-il.


Edité le 26-07-2021 à 20:44:28 par Xuan


Xuan
Un Moyen-Orient en mouvement

PAR ADMIN · PUBLIÉ 21 AVRIL 2021 · MIS À JOUR 21 AVRIL 2021


Par Alastair Crooke
Paru sur Strategic Culture Foundation sous le titre A Middle East in Motion
http://www.entelekheia.fr/2021/04/21/un-moyen-orient-en-mouvement/

Les sanctions américaines sont faciles à mettre en place, mais pas à lever – même temporairement. Quant à leur levée complète, elle est institutionnellement presque impossible.

Si nous considérons le Moyen-Orient comme un réseau complexe, il est possible de discerner un certain nombre de dynamiques qui touchent maintenant à leur potentiel de changement complet de la matrice régionale – et de mise sur une nouvelle voie.

Certaines de ces « graines » ont été semées il y a quelque temps : En 2007, à Munich, le président Poutine avait déclaré à un auditoire majoritairement occidental que l’Occident avait adopté une position d’opposition à l’égard de la Russie, en la défiant. « D’accord », a dit Poutine : Nous acceptons le défi, et nous allons l’emporter. Sa déclaration avait été accueillie avec une franche dérision par le public de Munich.

Aujourd’hui, des décennies plus tard, à la suite des échanges épineux d’Anchorage, la riposte de Poutine est apparue sous sa forme la plus aboutie : La Chine a déclaré sans ambages à Washington qu’elle refusait l’imposition des valeurs et de l’hégémonie occidentales. La Chine a donc accepté, avec la Russie, de relever le « défi occidental » : Elle a ses propres valeurs et sa propre vision qu’elle entend poursuivre, et a noté que les États-Unis n’étaient pas en position d’exiger qu’il en aille autrement. La Chine (ou la Russie) ne cherchent pas la guerre avec les États-Unis – et ne souhaitent pas non plus la guerre froide – mais toutes deux s’en tiennent fermement à leurs « lignes rouges ». Ces dernières doivent être prises au pied de la lettre (c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une « posture »), a indiqué la Chine.

Deux jours plus tard, le ministre des affaires étrangères chinois et Lavrov ont conseillé à d’autres États de ne même pas envisager de se ranger du côté des États-Unis contre l’ « équipe » Russie-Chine ; ce serait inutile. Quelques jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi s’est rendu au Moyen-Orient – en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, puis à Téhéran. Le message était sans équivoque : il faut rejeter le joug de l’hégémonie, résister aux « pressions » sur les questions de droits de l’homme et soutenir sa propre souveraineté. Un Rubicon a été franchi.

En Iran, le ministre Wang Yi a signé un accord de principe de 400 milliards de dollars pour des projets d’infrastructures de transport et d’énergie. Du point de vue de la Chine, une toile d’araignée eurasienne de voies ferrées et de pipelines interconnectés permet potentiellement de faire chuter les coûts de transport et de créer de nouveaux marchés, tandis que ses investissements dans l’énergie iranienne assurent la sécurité énergétique de la Chine.

Toutefois, la feuille de route sino-iranienne prévoit également une coopération en matière de sécurité (la Chine approuvant l’adhésion de l’Iran à l’OCS), des exercices navals conjoints, du partage de renseignements, etc. L’intégration de l’Iran dans la Route de la soie numérique eurasienne sera peut-être encore plus significative. Elle comprend des télécommunications, du câblage en fibre optique de la Chine à la France, la 5G, des systèmes d’intelligence artificielle de « villes intelligentes », des plateformes de paiement numérique (le gestionnaire de fonds spéculatifs américain Kyle Bass affirme que les systèmes de paiement numérique chinois toucheront environ 62 % de la population mondiale), du stockage sur le Cloud et des structures Internet « souveraines ».

L’Iran, bien qu’il ne fasse pas encore partie de la Route numérique, est déjà grosso modo numériquement « chinois », tout comme une grande partie du Moyen-Orient. Selon certaines estimations, un tiers des pays participant à l’initiative Belt & Road – 138 à ce jour – coopèrent à des projets de la RDS (Route de la soie numérique).

Les médias occidentaux surestiment généralement la mesure dans laquelle les projets liés à la Route de la soie numérique font partie d’une stratégie chinoise coordonnée. Cependant, les projets regroupés sous le terme de « RDS » sont en grande partie menés par le secteur privé et permettent aux entreprises de profiter du soutien politique fourni par le gouvernement chinois aux initiatives de la RDS (qui constitue une sorte de franchise), tout en répondant à la demande croissante d’infrastructures numériques dans les pays de l’initiative Belt & Road (IBR). Jusqu’il y a peu, l’IBR était davantage comprise dans son sens traditionnel (chemins de fer et pipelines) que comme une « route » numérique, mais c’est cette dernière qui, à terme, fondera une « Eurasie aux normes chinoises » séparée de l’Occident.

Pour que les choses soient claires, quelle que soit la façon dont vous découpez la matrice d’interconnexion de l’IBR – soit d’est en ouest, soit du nord au sud – l’Iran se trouve pile au centre de sa carte. L’important ici, est qu’une grande partie du nord du Moyen-Orient – du Pakistan à la mer Caspienne, à la mer Noire, à la Méditerranée et à l’Europe – est sur la planche à dessin de Moscou et de Pékin.

À mesure que le réseau physique et numérique émergera de sa chrysalide, aucun État du Golfe ne pourra ignorer cette entité géopolitique en devenir, qui s’étendra de Vladivostok au Xinjiang. En fait, ce n’est déjà pas le cas ; ils étendent prudemment leurs tentacules vers Moscou et Pékin (en tenant compte de l’ire de Washington). L’Arabie Saoudite et les EAU sont déjà sur la nouvelle Route de la soie numérique – mais il semble peu probable qu’ils aillent jusqu’au bout de leur engagement, comme l’Iran avec la Chine. La question de savoir combien de temps il leur sera possible de jongler entre les protocoles et normes chinoises et ceux de l’Occident reste ouverte – à terme, la duplication de normes devient encombrante et coûteuse.

C’est dans ce contexte de « bon côté de l’histoire » qu’il faut considérer les négociations américaines sur le JCPOA avec l’Iran. Selon le Département d’État, les cercles proches de Biden insistent sur le fait que les États-Unis se mettront en conformité avec le traité, mais des officiels affirment au contraire que certaines sanctions seront maintenues (sans précision quant au nombre ou à la typologie). Cela n’est guère surprenant. Quelque 1 600 sanctions ont été ajoutées après le JCPOA, sans compter celles qui étaient déjà en vigueur en vertu de l’Iran Sanctions Act de 1996, du Comprehensive Iran Sanctions, Accountability, and Divestment Act de 2010, de la section 1245 de la National Defense Authorization Act for Fiscal Year 2012, de l’Iran Threat Reduction and Syria Human Rights Act de 2012, de l’Iran Freedom and Counter-Proliferation Act de 2012, de l’International Emergency Economic Powers Act et du CAATSA Act de 2017 !

L’administration Obama avait mis en œuvre la plupart des allégements de sanctions américaines prévus par le JCPOA, en exécutant une série de dérogations en matière de sécurité nationale. Ces dernières laissaient en place un certain nombre de sanctions, notamment l’embargo sur la plupart des échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Iran, les sanctions à l’encontre du Corps des Gardiens de la révolution islamique et d’autres sanctions relatives au soutien présumé de l’Iran au terrorisme, et au programme de missiles balistiques de l’Iran. Ces dérogations en matière de sécurité nationale étaient toutefois limitées dans le temps, généralement à 120 ou 180 jours, en fonction de la sanction spécifique, et des lois exigent que l’administration en cours justifie toute dérogation et soumette un argument en sa faveur à un examen préalable du Congrès.

En résumé, les sanctions américaines sont faciles à imposer, mais difficiles à lever – même temporairement. Leur levée complète a été délibérément rendue institutionnellement presque impossible. Il n’est pas du tout évident que l’administration américaine puisse se mettre en conformité totale avec le JCPOA – même si elle le souhaitait (et la réalité de la motivation de Biden à les lever pose question). Deux lettres bipartites du Congrès ont récemment été adressées à Blinken pour exprimer une opposition à toute réactivation de l’ « accord » (l’une d’elles contient 140 signatures de membres du Congrès). Nous devons attendre pour en savoir plus.

Cependant, le fait que l’Iran fasse théoriquement partie de l’accord – mais que les États-Unis en soient exclus – va néanmoins changer la donne dans la région, surtout si un conservateur est élu président de l’Iran en juin. Les conséquences se feront alors sentir dans toute la région. Les pressions visant à chasser les forces américaines des États du nord de l’Asie augmenteront considérablement.

Une troisième dynamique (datant de l’époque Obama) veut que les États-Unis, à contrecœur, se désengagent de la région. Cela a, bien sûr, donné un élan à la normalisation de certains États avec Israël – pour s’abriter sous son parapluie de sécurité.

Une autre raison est que la fin de l’ère Netanyahou (avec sa fixation sur une confrontation avec l’Iran) pourrait être proche. Israël est aujourd’hui totalement fragmenté au niveau décisionnel : le Cabinet de sécurité ne se réunit pas ; il n’y a aucun contrôle sur les décisions prises en solitaire par le Premier ministre ; et des institutions de sécurité s’engouffrent dans le vide pour tenter de prendre le dessus sur leurs rivaux.

Netanyahou tente probablement de signaler à Washington qu’il dispose d’un droit de veto sur tout « accord » avec l’Iran, et les commentateurs israéliens le soupçonnent également de créer une atmosphère de crise en Israël afin d’inciter les petits partis à rejoindre un gouvernement qu’il mènerait. Il lui reste moins de trois semaines pour trouver 61 sièges à la Knesset, sous peine d’être emprisonné pour corruption (Le procès a déjà commencé). La réalité est que la cohésion ne reviendra pas facilement dans la politique israélienne, que Netanyahou survive ou non. Israël est amèrement divisé sur de trop nombreux fronts.

En bref, de nombreux responsables, en Israël, craignent que ses différentes agences, qui rivalisent pour prouver leur valeur, et en l’absence d’une réelle supervision ou coordination de leurs politiques, n’aillent trop loin – et n’engagent l’État dans un cycle militaire d’escalade risquée avec l’Iran.

Washington est dans le pétrin : Netanyahou et le Mossad ont vendu à l’équipe Biden une fable selon laquelle, secrètement, les Iraniens supplient maintenant les États-Unis de revenir au JCPOA. Ce n’est pas vrai. Netanyahou insiste sur cette ligne pour valider sa vieille hypothèse selon laquelle une pression maximale allait mettre l’Iran à genoux. Il veut prouver son point de vue en continuant à exercer des pressions maximales (peut-être « pour toujours »).

Le postulat de Netanyahou a toujours été que l’Iran, à genoux, allait supplier qu’on lui permette de revenir au JCPOA. Il avait tort – et de nombreux Israéliens l’admettent aujourd’hui. Mais c’est peut-être cette analyse israélienne politiquement biaisée qui a amené l’équipe Biden à imaginer que l’Iran accepterait de se conformer pleinement au JCPOA, alors que les États-Unis en seraient dispensés. Et en outre, que l’Iran accepterait que « certaines » sanctions restent en place.

Alastair Crooke est un ancien diplomate et agent du MI6 britannique. Il a fondé un think tank géopolitique, le Conflicts Forum, basé à Beyrouth.

Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration : ancienne Route de la soie / Tehran Times
 
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