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Xuan
Turquie : un peu plus qu’une élection présidentielle, par Jafar SALIMOV
ADMIN531918 AVRIL 2023

https://histoireetsociete.com/2023/04/18/turquie-un-peu-plus-quune-election-presidentielle-par-jafar-salimov/


https://gazeta-pravda.ru/issue/36-31385-13-aprelya-2023-goda/turtsiya-chut-bolshe-chem-vybory-prezidenta/?sphrase_id=137839

No36 (31385) 13 avril 2023
Page 3
Auteur : Jafar SALIMOV.

Les élections présidentielles turques n’intéressent pas seulement les électeurs turcs ; les politologues et les analystes de nombreux pays du monde entier observent déjà le processus électoral. Les experts estiment que le résultat pourrait avoir un impact sur le paysage géopolitique mondial.

Un conflit entre les deux kémalistes

“Étonnamment, Erdogan se positionne comme un kémaliste, tout comme son principal opposant, Kiliçdaroglu ”, explique le politicien kazakh Aynur Kurmanov, “mais ils proposent deux voies complètement différentes. Pour ma part, j’ai défini ces deux vecteurs comme étant le “département de l’approvisionnement” et le “département des ventes”.

Kiliçdaroglu promet de mettre en place des programmes sociaux et de multiplier les opportunités et les préférences. Sa rhétorique populiste n’aborde pas les questions de création ; il est le “département des ventes”. En même temps, comme un bon vendeur, il sourit à tous les partenaires – il promet d’être l’ami de la Russie et de l’OTAN, sans se soucier de la nature apparemment contradictoire d’une telle “amitié tous azimuts”.

Erdogan, quant à lui, est un propriétaire cupide, “ramenant tout dans la maison”, s’occupant de la création – ici, il s’agit du “département de l’approvisionnement”. Dans le même temps, l’actuel président, au lieu de promettre des sourires, jette un regard sévère sur ses partenaires, évaluant chaque accord et chaque promesse, afin d’en tirer le maximum de bénéfices pour son pays.

Il est compréhensible que la population turque soit plus attirée par le “service commercial”, qui est prêt à faire preuve d’une générosité sans précédent. Mais la pratique montre que lorsqu’un populiste prend les rênes, ses promesses peuvent être oubliées à jamais. Il suffit de rappeler avec quelle rapidité les gens de SYRIZA sont devenus des capitalistes cyniques.

L’Occident, en revanche, je crois, “croise les doigts” pour Kiliçdaroglu, espérant profiter pleinement à la fois de la générosité à venir du “service commercial” et de l’affaiblissement imminent de la Turquie.”

Des attentes qui risquent d’être déçues

Sandro Teti, turcologue italien et auteur de nombreux ouvrages sur le monde turc, suggère que les électeurs turcs, avides de changements, en obtiendront, mais en seront déçus : “La Turquie est fatiguée d’Erdogan. De plus, il est devenu une victime de son style de gouvernement autoritaire. Aux yeux des gens ordinaires, puisqu’il prend les décisions, il est responsable de tout. Par conséquent, l’opinion publique l’associe à la tragédie du tremblement de terre. Le bon sens suggère que le président n’est pas responsable des éléments, mais les gens ont tendance à le blâmer intuitivement et émotionnellement de toute façon.

Mais qu’a fait Erdogan au cours de ses années au pouvoir ? Le pays agraire est devenu un pays industriel. Peu de gens le savent, mais la Turquie occupe la première place en Europe pour la production de voitures et la première place au monde pour la production d’autobus. Presque tous les véhicules blindés à roues de l’OTAN sont fabriqués en Turquie. Le pays produit des pièces détachées d’hélicoptères, d’avions et de voitures, des textiles et des presses industrielles, sans lesquels des pans entiers de l’industrie européenne et américaine s’arrêteraient purement et simplement.

Erdogan, conscient de son pouvoir, a fait de la Turquie un acteur indépendant et très inconfortable de la géopolitique mondiale. Il peut se permettre de poursuivre ses intérêts nationaux, irritant occasionnellement toutes les grandes puissances : la Russie, les États-Unis et la Chine.

Si Erdogan est remplacé par un président enclin à une politique pro-occidentale, l’ancienne indépendance sera oubliée. Les rapprochements avec l’Union européenne, les États-Unis et l’OTAN peuvent apporter quelques améliorations temporaires, mais le rétrécissement de la souveraineté ramènera l’État aujourd’hui indépendant à la position d’une colonie.

De plus, les partenaires occidentaux utiliseront tous les leviers pour rendre la Turquie aussi docile que possible. Les États-Unis et la Suède s’occuperont de la question kurde, l’Europe sapera le transit du gaz et l’industrie gazière en général.

En conséquence, la population du pays, qui s’attend à des changements, en obtiendra. Mais il est peu probable qu’elle en soit heureuse”.

Trois points de bifurcation

L’analyste politique pakistanais Imtiaz ul Haq voit trois points de crise possible : l’économie, la politique étrangère et la politique intérieure : “Vu du Pakistan, qu’Erdogan a appelé à plusieurs reprises “sa deuxième maison”, il est clair qu’en matière de politique étrangère, Erdogan a construit sa souveraineté sur 20 ans, en suivant la doctrine de la profondeur stratégique du professeur Davutoglu. L’objectif initial était probablement de renforcer sa position en Méditerranée orientale, mais avec le temps, Erdogan s’est rendu compte que la Turquie était en train de devenir l’un des centres de pouvoir du monde.

Les étapes suivantes visant à étendre la souveraineté étaient risquées et n’ont pas toujours porté leurs fruits. On peut considérer que la Turquie a atteint la limite de l’autonomie et de l’influence, un bord, une frontière délimitée par les capacités réelles du pays et l’opposition d’autres acteurs. Il s’agit d’une position insoutenable, d’un extremum.

La poursuite de cette voie est l’utilisation des résultats obtenus, la “monétisation des investissements” politique et les petits pas lents et prudents dans la même direction. Changer de cap, c’est dégringoler de la montagne sur laquelle on a grimpé pendant 20 ans. Mais un changement de cap est presque inévitable avec un changement de président. La Turquie est destinée à devenir un simple satellite, incapable de jouer son propre jeu.

Sur le plan intérieur, le style affirmé d’Erdogan, devenu trop rigide après le coup d’État militaire de 2016, a façonné la demande de démocratisation. Il est important pour la Turquie non seulement de résoudre ses problèmes économiques, mais aussi de travailler à la mise en place d’un système politique stable et inclusif qui réponde aux besoins de tous ses citoyens. Cependant, on ne peut guère attendre du président actuel qu’il libéralise la vie politique dans le pays.

Mais les rivaux d’Erdogan parieront certainement sur la soif de liberté, et la victoire de l’un ou l’autre de ses rivaux sera inévitablement exploitée par des fournisseurs de démocratie externes, qui ont déjà mis au point les techniques de démocratisation en Tunisie, en Libye, en Irak et en Syrie. Les populations de ces pays ne voulaient pas de la dévastation, de la pauvreté et de la guerre ; elles voulaient la liberté. Les pays occidentaux ont activement soutenu cette aspiration et … ils ont gagné.

Aujourd’hui, la Russie regarde probablement d’un œil approbateur Sinin Oglan, diplômé de l’université de Moscou, qui mise sur l’expansion des relations bilatérales. Les États-Unis et l’Union européenne se retrouveront avec une victoire de Kemal Kılıçdaroğlu. La question de savoir qui doit gagner pour que le peuple turc gagne reste ouverte”.

Deux faces d’une même bourgeoisie

Kemal Okuyan, secrétaire général du comité central du Parti communiste de Turquie (PCT), estime qu’il ne peut y avoir de changements positifs sans un changement du système impérialiste actuel de l’ordre mondial : “L’appel du PCT à voter pour Kiliçdaroglu le 14 mai n’a rien à voir avec des attentes positives pour l’avenir du pays de la part de Kiliçdaroglu. Le Parti républicain du peuple (CHP) qu’il dirige, le parti fondateur de la République de Turquie, s’est complètement écarté de sa philosophie fondatrice : le CHP était au pouvoir lorsque la Turquie a été incluse dans la Doctrine Truman et le Plan Marshall et lorsque la voie vers la pleine intégration de la Turquie dans l’OTAN était en train d’être tracée.

Mais nous pensons que le peuple doit se débarrasser du pouvoir persistant du Parti de la justice et du développement (AKP) et donc remplacer Erdogan. C’est pourquoi nous disons : “Un vote contre Erdogan, c’est un vote pour l’AKP”.

De toute évidence, Erdogan a appris au fil des ans à exploiter les contradictions et les faiblesses internes de l’impérialisme, s’ouvrant ainsi un espace sur la scène internationale. L’AKP a parfois prétendu défier le système impérialiste, mais il a toujours connu ses limites et su revenir à la position d’un partenaire complaisant dans les moments les plus critiques. Dans cette approche de la politique étrangère, cependant, la source de motivation dans la prise de décision n’est pas l’intérêt national mais l’intérêt de la classe capitaliste.

L’écart entre la marge de manœuvre ouverte par le pragmatisme de l’AKP et la position pro-OTAN de l’opposition n’est pas aussi grand qu’il y paraît. Les deux principaux camps de la politique bourgeoise en Turquie se superposent largement. Davutoglu et Babacan, les architectes de la politique étrangère et des politiques économiques de l’AKP, sont désormais à la tête des deux partis de l’Alliance populaire et, si Kiliçdarogluest élu, ils continueront à façonner la politique dans ces domaines en tant que vice-présidents.

Remarque : à mesure que Kiliçdaroglu et l’Alliance nationale commencent à devenir une véritable alternative au gouvernement, les contacts de Kiliçdaroglu avec d’autres pays du système impérialiste commencent à se diversifier. Et n’oublions pas : que Kiliçdaroglu ou Erdogan soit élu, la Turquie restera membre de l’OTAN. Les intérêts de l’OTAN dans la région constitueront la base de la politique régionale du nouveau gouvernement qui sera élu. Enfin, il est important de noter qu’Erdogan a entamé un nouveau rapprochement avec les États-Unis à l’approche des élections.

Nous ne voyons pas une classe capitaliste aux ambitions impériales plus fortes comme une garantie pour l’indépendance du pays. Au contraire, nous affirmons que l’approfondissement des relations avec les différents acteurs du système impérialiste se retourne contre les travailleurs de notre pays sous la forme d’une exploitation, d’une inégalité et d’une dépendance accrues. L’ordre social irrationnel dans lequel nous vivons rend déjà notre pays plus fragile et plus vulnérable aux interventions étrangères.

Le moyen de rendre la Turquie vraiment plus forte est de reconstruire un pays avec un modèle de développement planifié et étatiste et un ordre social égalitaire et laïque. Il n’y a pas de place pour la dépendance ou l’OTAN dans ce tableau. La seule façon de garantir une paix réelle dans la région est de briser la chaîne impérialiste et de restaurer la Turquie en tant que pays égal et indépendant”.

Ne pas s’attendre à des changements

Carlos F. Mamani, sociologue péruvien et directeur du groupe de réflexion Proyecto Patria (Cajamarca, Pérou), ne prévoit pas non plus de changement global, quel que soit le résultat de l’élection : “Je ne vois aucune raison pour de grands changements en Turquie, même si un candidat alternatif l’emporte. Les promesses populistes pseudo-socialistes des rivaux d’Erdogan ne reposent sur aucune base économique et ont peu de chances de se concrétiser. Le président actuel est encore plus incapable de manœuvrer politiquement.

La meilleure chose qui puisse profiter au peuple turc est la stabilité politique tout en continuant à travailler sur l’économie du pays. Tout changement radical, quel qu’il soit, ne fera qu’exacerber les problèmes.

En matière de politique étrangère, l’actuel président Recep Tayyip Erdogan a jusqu’à présent fait preuve d’une sorte d'”ambiguïté stratégique”. La Turquie, qui dispose de la deuxième armée de l’OTAN (après les États-Unis), s’est comportée de manière résolument hostile à l’égard de l’alliance atlantique. Cet élan souverain et patriotique de la politique étrangère turque vis-à-vis des intérêts mondialistes atlantistes sera soit renforcé par la victoire d’Erdogan, soit affaibli par sa défaite. Dans le premier cas, le mouvement tectonique vers un monde multipolaire au XXIe siècle s’accélérera ; dans le second, il ne ralentira que légèrement, car il s’agit d’un processus de transition systémique irréversible et inévitable”.


Edité le 19-04-2023 à 09:32:08 par Xuan


Xuan
Echec des sanctions de l'UE contre la Turquie

https://www.capital.fr/economie-politique/face-aux-sanctions-la-turquie-lance-un-avertissement-a-lue-1391681


Il est temps pour la Turquie de se retirer de l'ingérence occidentale pour examiner la "diplomatie des valeurs"

à l'échelle mondiale
Écrit par : Zhao Chang
2021-10-28 00:10:01

dnews

Les États-Unis et dix autres pays occidentaux ont exigé la libération des prisonniers politiques par la Turquie, déclenchant une contre-attaque furieuse en menaçant d'expulser leurs ambassadeurs. Voyant que la guerre diplomatique était sur le point de commencer, les dix pays occidentaux ont insisté sur le respect des normes de non-ingérence dans affaires intérieures d'autres pays et a choisi de reculer pour apaiser la colère d'Ankara. Cela semble démontrer une fois de plus les limites de la soi-disant « diplomatie des valeurs » dans la société internationale d'aujourd'hui.

À l'origine, les dix pays occidentaux ont publié une déclaration conjointe lundi dernier (18 octobre), exigeant que la Turquie libère le prisonnier politique Osman Kavala dès que possible. Cette personne est membre du conseil d'administration de la branche turque de la "Open Society Foundation" du crocodile financier Soros, qui est considéré par les procureurs turcs comme étant soupçonné d'avoir organisé et sponsorisé la manifestation antigouvernementale du pays en 2013 à Gates Park.
Bien qu'il ait été déclaré non coupable par le tribunal en février de l'année dernière, il a été immédiatement arrêté pour implication dans le coup d'État militaire de 2016 et est resté en prison jusqu'à présent. Les dix pays occidentaux ont déclaré dans leurs déclarations que l'affaire « jette une ombre sur le respect du système judiciaire turc pour la démocratie, l'état de droit et la transparence » , et ont cité la décision de la Cour européenne des droits de l'homme en 2019 selon laquelle « l'emprisonnement avant le procès viole les droits de l'homme » et a appelé la Turquie à la libérer immédiatement.

De façon inattendue, ce mouvement a déclenché un rebond féroce. Le ministère turc des Affaires étrangères a rapidement envoyé une note aux ambassadeurs des dix pays pour exprimer leur protestation le lendemain, disant qu'ils n'étaient pas qualifiés pour "enseigner à la Turquie » et a demandé « Ignorez-vous les foules nationales, les meurtriers et les terroristes ? des dix pays comme « personnes indésirables » (personne non grata). C'est la condamnation la plus grave des envoyés diplomatiques d'un pays : une fois promulguée, ils seront expulsés.

En fin de compte, dix pays occidentaux ont choisi de reculer, et l'ambassade des États-Unis et d'autres ont publié lundi 25 octobre une déclaration reconnaissant l'article 41 de la Convention diplomatique de Vienne sur la "non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays". Erdogan s'est également dit satisfait que ces ambassadeurs "tiennent leurs promesses et parleront avec plus de prudence" , puis a retiré la décision d'expulser l'ambassadeur. Une crise diplomatique a pris fin brutalement.

Les "valeurs démocratiques" cèdent la place à la vraie politique

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une bosse dans la « diplomatie des valeurs ». Lorsque les dix pays occidentaux ont donné des conseils impulsifs à la prise de décision judiciaire de la Turquie, non seulement ils essayaient avec condescendance de discipliner la Turquie avec une formule unifiée de démocratie et de primauté du droit, ils avaient également l'arrogance de l'amour-propre qu'ils connaissaient la vérité de le cas mieux que l'autre partie, et a ignoré le rejet persistant de l'UE de l'adhésion de la Turquie et la punition américaine. Le ressentiment déclenché par l'achat par la Turquie du système russe S-400. Pour Erdogan, qui tente d'emprunter une nouvelle route turque entre l'Est et l'Ouest, cela équivaut à une grande offense, de sorte qu'il n'hésitera pas à sacrifier l'avertissement de l'ambassadeur d'expulsion qui risque de provoquer une rupture dans la relation. Une réponse aussi féroce prouve que la « diplomatie des valeurs » a suscité un fort mécontentement dans de plus en plus de pays souverains.

Les concessions ultérieures des dix pays occidentaux fondées sur une politique réelle ont prouvé que le poids des « valeurs » peut être de temps en temps de plus en plus important. Ces pays savent que s'ils ne prennent pas du recul à ce moment-là, la Turquie tombera encore plus dans les bras de ses rivaux stratégiques que sont la Chine, la Russie et l'Iran. D'autant plus que le président américain Biden a continué à snober Erdogan à l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre, incitant l'autre partie à exprimer rapidement qu'elle avait toujours l'intention d'acheter le deuxième lot de système de défense aérienne russe S-400 et de rencontrer le président russe Vladimir Poutine plus tard ce mois-là. .

Dès lors, les dix pays occidentaux ont rapidement choisi de se réconcilier. L'ambassade des États-Unis a pris l'initiative de publier une déclaration sur Twitter pour adhérer à l'article 41 de la Convention diplomatique de Vienne, et d'autres ambassades ont emboîté le pas. Le fonctionnement des « valeurs démocratiques » cédant momentanément la place aux intérêts géographiques a une fois de plus prouvé les limites de la « diplomatie des valeurs ».


Edité le 28-10-2021 à 20:48:36 par Xuan


Xuan
Turquie : dix ambassadeurs, dont celui de la France, déclarés comme "persona non grata"
Xuan
Deux articles sur les relations Turquie - USA, Le Diplo d'octobre et l'interview de deux analystes turcs sur Sputnik apportent quelques indications sur l'agression de la Rojava par la Turquie et ses rapports avec l'impérialisme :

https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/BILLION/60458

Lundi 7 octobre 2019.
Les États-Unis ont annoncé qu’ils ne feraient rien pour empêcher une intervention militaire turque contre les forces kurdes qui contrôlent le nord-est de la Syrie (lire « Le Rojava entre compromis et utopie » ). Longtemps soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont perdu 11 000 combattants dans la guerre contre l’Organisation de l’État islamique. La Turquie — seul État de culture musulmane membre de l’OTAN — persiste toutefois à les considérer comme une organisation terroriste. Washington comme Moscou sont de moins en moins disposées à la contredire sur ce point.

« La diplomatie d’Ankara reste dominée par la question kurde et par l’obsession d’empêcher toute cristallisation sous forme d’État ou d’entité autonome, rappelle Didier Billon dans le numéro d’octobre, ce à quoi aspirent nombre de nationalistes kurdes par-delà leur diversité » (lire aussi « Le monde vu de Moscou »).

Répression des opposants et redéploiement stratégique, les priorités de Recep Tayyip Erdogan

La Turquie, allié capricieux, ennemi impossible


Cible privilégiée du pouvoir turc, les réseaux gülénistes tentent de se réorganiser en Europe (lire l’article d’Ariane Bozon). De son côté, Ankara est confronté à une crise ouverte avec les États-Unis après avoir acquis des missiles russes et esquissé un rapprochement avec Moscou. Malgré les tensions, une sortie de la Turquie de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) est peu probable.

par Didier Billion


Le 12 juillet dernier, la Turquie réceptionnait le premier lot d’équipements destinés au système de défense antimissile S-400, de fabrication russe. Faisant suite à un contrat conclu entre Ankara et Moscou en avril 2017, cette livraison, complétée par d’autres en août et en septembre, a provoqué d’importantes tensions diplomatiques turco-américaines. Pour Washington, le système S-400 serait incompatible avec les équipements de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), dont la Turquie est membre depuis 1952. Afin de faire pression sur Ankara, l’administration de M. Donald Trump a brandi la menace d’une suspension des ventes de chasseurs F-35 à l’armée turque. Il n’en fallait pas plus pour attiser les craintes d’une sortie de la Turquie de l’OTAN et d’une dégradation de ses relations avec les États-Unis, déjà mises à mal par leurs stratégies divergentes en Syrie.

Pour saisir les dynamiques de la diplomatie turque, il faut tout d’abord prendre en compte l’une de ses constantes, souvent résumée par la formule « syndrome de Sèvres », du nom du traité signé le 10 août 1920 sous la pression des vainqueurs du premier conflit mondial et qui démantelait l’Empire ottoman. Sous cette expression se cachent l’ensemble des angoisses existentielles nationales. Et, de fait, on compte parmi les ressorts structurants de la politique extérieure turque un nationalisme ombrageux. Sur le plan régional, la diplomatie d’Ankara reste dominée par la question kurde et par l’obsession d’empêcher toute cristallisation sous forme d’État ou d’entité autonome, ce à quoi aspirent nombre de nationalistes kurdes par-delà leur diversité.

« Zéro problème avec les voisins »
Au début des années 2000, une tentative de dépassement de ces paradigmes a été impulsée par M. Ahmet Davutoğlu, futur ministre des affaires étrangères et connu pour sa doctrine du « zéro problème avec les voisins » (1). Si cette initiative pouvait prêter à sourire, connaissant les relations houleuses que la Turquie avait toujours entretenues avec son étranger proche, elle marquait pourtant la volonté de rompre avec un autre principe fondateur de la politique extérieure d’Ankara durant plusieurs décennies : « Le Turc n’a d’ami que le Turc. » Rapidement, toutefois, l’environnement géopolitique perturbé du pays, en particulier les soubresauts de la guerre civile syrienne, rendit caducs ces efforts, et les fondamentaux reprirent le dessus.

Étroitement liée depuis la fin de la seconde guerre mondiale aux puissances occidentales, la Turquie n’a pas toujours été un allié facile. Avec les États-Unis, des divergences se sont fait jour à plusieurs reprises. Ainsi, à la suite de l’invasion du nord de Chypre par l’armée turque en juillet 1974, les Américains ont décidé un embargo sur les livraisons d’armes qui a duré plusieurs mois. De même, en 2003, les relations bilatérales ont connu de graves turbulences après le refus du Parlement turc d’accéder à la demande formulée par M. George W. Bush de laisser transiter par la Turquie quelque 62 000 GI prêts à aller attaquer l’Irak de Saddam Hussein.

Cependant, l’effort de la Turquie pour repenser ses rapports avec le monde extérieur, constant depuis les années 1960, ne s’est jamais accompagné d’un renoncement à ses alliances traditionnelles. Trois événements récents le prouvent : l’accord qu’elle a donné à l’installation sur son sol du radar de préalerte du bouclier antimissile de l’OTAN, acté au sommet de Lisbonne de novembre 2010 et confirmé en septembre 2011 ; le déploiement par l’OTAN, sur requête turque, de missiles Patriot (de fabrication américaine) à la frontière turco-syrienne en janvier 2013 ; la réunion de l’OTAN au niveau des ambassadeurs réclamée par Ankara — et immédiatement convoquée par l’organisation transatlantique — quelques minutes après que sa chasse aérienne eut abattu un aéronef russe, le 24 novembre 2015.

Bien que l’instrumentalisation nationaliste des désaccords avec les États-Unis avive parfois les tensions, la Turquie n’entend donc pas brûler les ponts, mais, consciente de son potentiel, faire valoir ses intérêts avec force. Il faut rappeler qu’elle dispose de la deuxième armée de l’OTAN par le nombre de soldats, qu’elle met à la disposition de ses alliés sa base d’ֹIncirlik, où sont entreposées des armes nucléaires, qu’elle contrôle encore les détroits et qu’elle est le seul État de culture musulmane membre de l’Alliance atlantique. En un mot, elle est toujours un hub eurasiatique incontournable pour la politique régionale américaine.

Du point de vue des Occidentaux, le rôle de pivot que joue Ankara de facto doit absolument être préservé. La confiance mutuelle a indéniablement été écornée par la décision turque d’acquérir le système S-400, mais la convergence d’intérêts reste forte. Pour cette raison, la Turquie demeurera dans l’OTAN, même s’il arrive qu’elle s’y comporte en trublion, à l’image du général de Gaulle en son temps.

Il est vrai que les S-400 sont incompatibles avec les normes de l’organisation atlantique, dans la mesure où ces armes pourraient, selon Washington, être mises en réseau avec les systèmes d’armement occidentaux que possède la Turquie et les rendre vulnérables. Pour autant, la Turquie a parfaitement conscience qu’aucun pays ni groupe de pays n’est à même de lui fournir des garanties de sécurité équivalentes à celles de l’OTAN. Les nombreux contrats d’armement en projet ou en négociation avec des puissances occidentales témoignent, d’une part, de la diversification des axes de sa diplomatie et, d’autre part, de sa résolution à renforcer ses propres capacités de défense. De fait, les unités de missiles Patriot restées actives sur la base d’ֹIncirlik ne suffisent pas à couvrir la totalité de ses frontières orientale et méridionale.

Tensions récurrentes avec la Russie
Monsieur Donald Trump lui-même a minimisé la responsabilité des Turcs dans l’achat des S-400. Selon lui, la faute incomberait à M. Barack Obama, qu’il accuse d’avoir empêché Ankara d’acquérir des Patriot. Cela ne l’a pas empêché, dès la livraison des premiers éléments de S-400, de prendre des mesures de rétorsion en excluant la Turquie du programme d’avions de combat F-35 : éviction de la chaîne de fabrication, expulsion des pilotes turcs en cours d’entraînement, interdiction pour le pays d’acheter des appareils. À rebours de cette position, M. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a prononcé un plaidoyer en faveur d’Ankara en ouverture de l’Aspen Security Forum, organisé dans le Colorado, le 17 juillet 2019 : « Le rôle de la Turquie dans l’OTAN va bien au-delà des F-35 ou des S-400 (2). »

Qu’en est-il, maintenant, des relations entre Ankara et Moscou ? Si elles paraissent aujourd’hui suivre un cours harmonieux, les événements des dernières années ont montré qu’elles se tiennent en permanence sur une ligne de crête. En effet, entre la Russie et la Turquie, ni l’alliance stratégique ni la rupture totale ne sont réellement possibles.

La crainte que l’on entend parfois exprimer d’une alliance russo-turque qui se dresserait face à l’Occident repose sur une perception erronée de la place et des objectifs des deux pays sur la scène internationale. Certes, bien des aspects semblent les rapprocher : le fait qu’on les classe régulièrement dans le groupe des émergents, la tendance à un exercice autoritaire et personnalisé du pouvoir, des relations heurtées avec l’Union européenne et les États-Unis, un rapport nostalgique à un passé glorieux, enfin une volonté d’affirmation sur le plan international. Cependant, ce sont deux acteurs relevant de catégories fondamentalement différentes.

Alors que la Russie est en train de regagner sa place sur la scène mondiale, la Turquie, elle, ne l’a jamais véritablement trouvée et continue de la chercher. Cette asymétrie persistante débouche sur des tensions récurrentes entre les deux nations, que leurs intérêts politiques et économiques communs ne parviennent pas à oblitérer. Le retour de la Russie parmi les grandes puissances s’est même effectué, ces dernières années, aux dépens des ambitions de la Turquie de se poser en leader régional. À travers notamment son implication dans la crise syrienne, Moscou entretient des relations avec tous les acteurs de la zone et joue finalement le rôle central qu’Ankara s’était assigné sous l’influence de M. Davutoğlu. Par ailleurs, l’impulsivité de M. Recep Tayyip Erdoğan et son incapacité à définir une perspective claire expliquent, entre autres raisons, que la Turquie n’apparaisse pas en position de force dans les négociations sur le dossier syrien, alors même qu’aucune solution au conflit n’est envisageable sans elle.

Plus généralement, le concept même d’alliance ou de partenariat, qui induirait un certain nombre de devoirs et de contraintes politiques réciproques, ne permet pas de saisir la nature essentiellement pragmatique de la relation russo-turque. Il ne faut pas confondre la coopération idéologique, politique et économique rendue nécessaire par le contexte géopolitique avec un rapprochement stratégique dans une logique de bloc, ni oublier la constante réévaluation de ses intérêts par chaque pays. Ce qui est certain, c’est que la Turquie n’appréhende pas la Russie comme un ennemi ou une menace, contrairement à ses alliés occidentaux.

Pas d’alliance stratégique, donc, mais l’intérêt mutuel des deux acteurs à coopérer rend tout aussi improbable le scénario d’une rupture totale. Bien que des tensions, voire des confrontations directes, restent envisageables, la Turquie demeure un partenaire indispensable pour M. Vladimir Poutine s’il veut atteindre ses objectifs en Syrie et concrétiser ses ambitions internationales. Le Kremlin semble en avoir pris acte, laissant à Ankara une certaine marge de manœuvre dans le Nord-Est syrien face aux Kurdes, organisés au sein du Parti de l’union démocratique (PYD), ou encore dans la région d’Idlib, où la Turquie conserve de l’influence auprès des groupes rebelles. Pour sa part, M. Erdoğan voit dans la coopération avec la Russie un moyen de garder la main sur la question kurde, qu’il juge existentielle pour son pays. Si des retournements tactiques ne sont pas à exclure, il est clair aux yeux d’Ankara que la politique de Moscou dans la région est beaucoup moins déstabilisatrice pour ses intérêts que celle de Washington.

À court terme, la relation russo-turque sera en bonne partie déterminée par le tour que prendra le conflit syrien et les négociations en vue de sa résolution. Elle devra également se lire à travers le prisme des rapports de chacun des deux pays avec l’Union européenne et les États-Unis.

En définitive, les évolutions de la politique extérieure de la Turquie découlent aussi bien de sa longue quête d’identité, perceptible depuis maintenant cinq décennies, que de sa volonté plus récente de tenir compte des nouveaux paradigmes structurant les relations internationales. Désormais, les valeurs que les pays occidentaux considèrent encore — plus ou moins confusément — comme universelles ne parviennent plus à s’imposer, ni militairement, ni politiquement, ni culturellement. Par-delà leur diversité, les puissances dites émergentes s’affirment sur la scène mondiale et bousculent les équilibres anciens. La Turquie est un exemple de ce bouleversement du monde, et le président Erdoğan exprime régulièrement son refus d’un ordre international régi par les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies. « Je persiste à le répéter : le Conseil de sécurité de l’ONU doit être réformé pour mieux représenter le monde d’aujourd’hui. C’est ce que je veux dire quand j’explique que le monde est plus grand que cinq (3) », a-t-il ainsi déclaré lors de la session de clôture de la 62e Assemblée parlementaire de l’OTAN, le 21 novembre 2016, à Istanbul.

Les alliés traditionnels de la Turquie doivent donc apprendre à distinguer ce qui relève de la posture conjoncturelle — souvent motivée par des raisons de politique intérieure — de ce qui pourrait, hypothétiquement, devenir structurant dans les années à venir.

Didier Billion

Directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
(1) Cette doctrine est explicitée dans son ouvrage Stratejik Derinlik (« Profondeur stratégique »), publié en 2001 en Turquie, non traduit en français ni en anglais.

(2) Jens Stoltenberg, « L’OTAN : un atout pour l’Europe, un atout pour l’Amérique » , 17 juillet 2019.

(3) Agence Anadolu, Istanbul, 21 novembre 2016.

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L’opération turque «peut bien modifier le rapport de forces dans le monde et ce en défaveur de l’Occident»


© Sputnik . Hikmet Durgun
https://fr.sputniknews.com/international/201910111042249444-loperation-turque-peut-bien-modifier-le-rapport-de-forces-dans-le-monde-et-ce-en-defaveur-de/
17:49 11.10.2019

Après l’échec du plan turco-américain de création d’une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, la Turquie a lancé une offensive pour, selon Recep Tayyip Erdogan, sécuriser sa frontière sud et assurer le rapatriement des réfugiés syriens. Deux analystes turcs se sont exprimés sur les effets de cette opération au micro de Sputnik.

Mercredi 9 octobre, Ankara a lancé son offensive Source de paix dans le nord-est de la Syrie, dont l’efficacité ne sera probablement connue qu’après des années, estime dans un entretien accordé à Sputnik Ceyhun Bozkurt, rédacteur en chef de l’édition Yorunge.

«On s’attendait à ce que la Turquie recule»
«L’opération Source de paix peut bien modifier le rapport de forces dans le monde et ce en défaveur de l’Occident. Quoi qu’il en soit, les effets de l’opération ne seront évidents que des années plus tard. Le rapport de forces avec Washington a radicalement changé. Tout comme sur la question des S-400, on s’attendait à ce que la Turquie recule et s’entende finalement avec les États-Unis» , détaille Bozkurt.
Et de rappeler qu’à la fin de la semaine dernière, vu la détermination de la Turquie, il était devenu parfaitement évident que le lancement de l’opération n’allait pas tarder.

Les Américains en panique
«Les Américains n’arrivaient plus à dissimuler leur panique. L’armée turque entrait dans la région dans laquelle ils [les États-Unis, ndlr] investissaient depuis des années comme s’il s’agissait d’un de leurs territoires. Cela montre bien que les déclarations américaines pèsent moins que par le passé aux yeux du monde» , souligne le rédacteur en chef.

Pour lui, les propos plus que contradictoires tenus par le Président états-unien y ont contribué.
«Par ailleurs, le fait que des officiels [américains, ndlr] haut placés se soient mis à parler de la Turquie, leur allié à l’Otan, comme d’un "ennemi", montre qu’à l’avenir le rapport de forces des États-Unis et de l’Otan sera revu» , relève le journaliste.

Les USA ont-ils perdu leur influence sur la Turquie?
Et d’ajouter que les États-Unis ont perdu de leur influence sur la Turquie qui va désormais se concentrer sur ses intérêts nationaux, en resserrant, entre autres, ses liens avec «le monde asiatique et l’Eurasie dans son ensemble» .

«La présence illégitime des États-Unis dans la région sera remise en question grâce à l’opération Source de paix qui donnera aussi l’exemple à d’autres régions, montrant comment on peut s’opposer à la volonté destructrice de qui que ce soit» , résume Ceyhun Bozkurt.
De son côté, Ozge Ergen Yahsi, secrétaire du bureau des rapports internationaux du parti Vatan et qui s’est exprimée pour Sputnik, estime que la Turquie ne devrait pas se limiter à la mise en place d’une zone de sécurité, mais amorcer une coopération avec les pays de la région.

«La position ferme de la nation turque et la volonté de l’armée turque contribuent à approfondir progressivement la division à l’intérieur même des États-Unis. C’est une belle occasion pour porter un coup dur à l’impérialisme. La Turque doit immédiatement s’unir non seulement avec le gouvernement syrien, mais aussi avec la Russie et l’Iran pour combattre ensemble leur ennemi commun» , conclut Mme Yahsi.

Selon Ankara, son offensive Source de paix dans le nord-est de la Syrie a pour but de sécuriser la frontière sud de la Turquie, de protéger l’intégrité territoriale du pays voisin et de «créer une zone de sécurité qui permettra le retour des réfugiés syriens» que la Turquie a accueillis sur son territoire.


Edité le 11-10-2019 à 19:32:05 par Xuan


Xuan
Pourquoi «Erdogan s’engage dans un jeu actif avec la Chine»?


© REUTERS / Jason Lee

21:53 03.07.2019 https://fr.sputniknews.com/international/201907031041588354-pourquoi-erdogan-sengage-dans-un-jeu-actif-avec-la-chine/

Après avoir critiqué la Chine à propos de sa politique dans le Xinjiang, Ankara s’est récemment rangé du côté de Pékin. Le directeur du Centre chinois d’étude de la Turquie, Li Bingzhong, et l’expert russe du Proche-Orient, Stanislav Tarassov, ont expliqué à Sputnik pourquoi le Président Erdogan a changé sa politique à l’égard de la Chine.
Le Président turc s’est engagé dans un grand jeu géopolitique avec la Chine pour plusieurs raisons, ont déclaré à Sputnik Li Bingzhong, directeur du Centre d’étude de la Turquie auprès de l’Université pédagogique de la Shaanxi Normal University et Stanislav Tarassov, historien russe et expert du Proche-Orient.

Un jeu géopolitique des grandes puissances

«M.Erdogan s’engage dans un jeu actif avec la Chine […]. Formant une alliance avec la Chine, M.Erdogan se lie aussi d’amitié avec la Russie, il se montre ainsi comme un représentant d’une grande puissance à côté de Pékin et de Moscou. Il souligne aussi que la politique des Américains à l’égard de la Turquie n’est pas celle à laquelle Ankara s’attend. Et son grand jeu avec la Chine est aussi une tentative de gagner le soutien des sympathisants de l’islam en Asie du Sud-Est» , a indiqué M.Tarassov.
Deux pays musulmans, la Turquie et la Malaisie, ont presque simultanément annoncé leur intention de ne pas s’opposer à la Chine sur le dossier de la région autonome ouïghoure du Xinjiang.
Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, a notamment fait une déclaration en ce sens le 2 juillet, lors d’entretiens avec le Président Xi Jinping à Pékin. Il a noté que «toutes les ethnies du Xinjiang chinois vivaient heureuses dans le contexte du développement de la Chine» quatre mois après que le ministre turc des Affaires étrangères a jugé comme une «honte pour l’humanité» le traitement des musulmans dans ce territoire du nord-ouest de la Chine.

Raisons économiques

Selon M.Tarassov, le Président turc cherche aussi à se rapprocher de Pékin pour des raisons économiques.
«Il se prépare à obtenir un crédit en Chine, alors qu’il était jusqu’ici opposé à cette idée. La situation économique actuelle en Turquie ne serait pas bonne. En plus, les États-Unis appliquent des sanctions contre la Turquie» , a relevé M.Tarassov.
Toutefois, M.Erdogan «poursuit discrètement ses efforts en vue d’influer sur le règlement de la question des Ouïghours du Xinjiang» , à son avis.

Raisons politiques

Selon Li Bingzhong, le revirement de la Turquie est un succès de la diplomatie chinoise qui s’explique aussi par le désir de M.Erdogan de régler des problèmes de politique intérieure.
«La Turquie a effectivement changé de position, après que le ministère chinois des Affaires étrangères et l’ambassade de Chine en Turquie ont réalisé un grand travail […]. D’autre part, la politique intérieure et la diplomatie du gouvernement d’Erdogan traversent une période très difficile. La visite du Président turc en Chine est un moyen de trouver des solutions aux problèmes politiques intérieurs et extérieurs» , a-t-il estimé.
Et d’ajouter: «Au nom de ses intérêts, la Turquie prête attention aux questions qui préoccupent le gouvernement chinois».

Selon certains observateurs, l’attitude négative précédente d’Ankara aurait pu être le résultat de pressions des États-Unis. Mais lors des pourparlers avec M.Xi, le Président turc a assuré que son pays ne permettrait à personne de nuire aux relations turco-chinoises.
Xuan
Les intérêts économiques définissent la visite d'Erdogan en Chine

Par Li Weijian Source: Global Times Publié le 2019/7/1 18:28:39

http://www.globaltimes.cn/content/1156382.shtml

Le président turc Recep Tayyip Erdogan commence sa visite en Chine mardi, quelques jours seulement après le sommet du G20 au Japon. Erdogan a rencontré le président chinois Xi Jinping en marge du sommet de la Conférence sur les mesures d'interaction et de renforcement de la confiance en Asie tenu à Douchanbé, au Tadjikistan, le 15 juin. Pourquoi les plus hauts dirigeants des deux pays se réunissent-ils en un mois?

La visite d'Erdogan à Pékin est liée à des problèmes tels que le conflit d'Ankara avec l'administration du président américain Donald Trump, mais sa principale préoccupation est l'économie.

Actuellement, la Chine et la Turquie rencontrent des difficultés. Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont sensiblement évolué depuis que Washington a décidé de suspendre les droits de douane, mais rien ne laisse présager un relâchement des liens entre Ankara et Washington. Les sanctions de Washington sur Téhéran ont assombri les économies chinoise et turque, ces deux pays étant d'importants importateurs de pétrole.

Ankara connaît un ralentissement économique. L'administration Erdogan voudra peut-être consulter la Chine sur les moyens de gérer les conséquences des sanctions américaines sur l'Iran. Pendant ce temps, Erdogan cherche à renforcer sa coopération économique avec la Chine, dans l’espoir que Pékin puisse donner un coup de main dans le traitement des sanctions imposées par les États-Unis à son pays et de la pression qu’il a créée. Les sanctions de 2018 ont entraîné une dépréciation considérable de la lire, la monnaie turque, qui est tombée à un niveau record.

Les relations avec les États-Unis continuent de se détériorer après la décision d'Ankara d'acheter un système de défense antimissile russe S-400. Ankara a pris sa décision après avoir pesé les considérations politiques dans la recherche d’une stratégie diversifiée.

En réalité, les relations de la Turquie avec les États-Unis ne se sont pas seulement détériorées récemment. En 2016, le gouvernement turc a officiellement demandé à Washington d'arrêter et d'extrader Fethullah Gulen, prédicateur islamiste et opposant d'Erdogan, qui vit aux États-Unis et qui est accusé d'être à l'origine de la tentative de coup d'État contre Erdogan en 2016. Les États-Unis n'ont pas accédé à la demande, invoquant des preuves insuffisantes, qui ont provoqué la colère de la Turquie.

En outre, depuis l’entrée en fonction de Trump, le gouvernement Erdogan n’a pas été témoin de nombreux mouvements de son gouvernement, notamment en Syrie et en Iran. Les Etats-Unis ont armé et soutenu les Kurdes syriens, tandis que la Turquie estime que les Kurdes constituent une menace pour sa sécurité nationale.

Bien que l'on ne puisse pas dire que la Turquie ait des différences fondamentales avec les États-Unis, l'éloignement d'Ankara avec l'administration Trump est assez évident. L'affrontement avec les États-Unis a affecté l'investissement étranger dans le pays. Si rien n'est fait, les difficultés économiques pourraient compromettre la réélection d'Erdogan. Pour sécuriser son pouvoir, il doit donner la priorité à l'économie.

Une coopération accrue avec la Chine aiderait la Turquie à sortir du bourbier économique. Alors que la Turquie se situe au carrefour de l’Ouest et de l’Est, elle a compris qu’elle pourrait tirer profit de la ceinture et de la route proposées par la Chine.Initiative (BRI). La Turquie a coopéré avec la Chine dans de nombreux projets dans le cadre de la BRI. Une entreprise chinoise a remporté l'appel d'offres pour la construction d'une partie d'un chemin de fer à grande vitesse reliant Ankara à Istanbul. Le pays a également signé un accord avec la société de télécommunications chinoise ZTE sur le projet de construction du nouvel aéroport d'Istanbul.

La Turquie est en contradiction avec les États-Unis et sa volonté de renforcer ses liens avec de grandes puissances telles que la Chine et la Russie, son influence sur Washington est évidente. Néanmoins, les relations de la Turquie avec les États-Unis ne connaîtront pas de changement fondamental. Il souhaite simplement disposer de davantage d'options au-delà de Washington pour rechercher de meilleurs avantages.

L’auteur est chercheur à l’Institut d’études de politique étrangère des Instituts d’études internationales de Shanghai et vice-président de l’Association chinoise des études sur le Moyen-Orient. opinion@globaltimes.com.cn
Xuan
Malgré l'ultimatum de Washington à Ankara, le système russe S-400 devrait être livré à la Turquie en juillet


i24NEWS
https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1560677813-malgre-l-ultimatum-de-washington-a-ankara-le-systeme-russe-s-400-devrait-etre-livre-a-la-turquie-en-juillet
Dernière modification 16 juin 2019 à 12:23


The Turkish-Russian deal for Moscow's S-400 surface-to-air missile systems, seen here during a Victory Day parade in Red Square, reflect growing military cooperation between the two countries

"Nous nous sommes entretenus avec la Russie concernant le système S-400, et l'affaire est close" (Erdogan)

La Turquie devrait acquérir le système de défense antiaérien russe S-400 dès "la première quinzaine de juillet" , a déclaré dimanche le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon la chaîne NTV.

Il y a dix jours, Washington avait contacté Ankara par l'intermédiaire du chef du Pentagone, Patrick Shanahan, accordant à la Turquie jusqu'au 31 juillet pour renoncer à l'achat des batteries de missiles russes que Washington considère comme incompatibles avec le nouvel avion furtif américain F-35 que la Turquie veut aussi acquérir.

Si, d'ici à cette date, la Turquie n'a pas renoncé aux S-400, les pilotes turcs s'entraînant actuellement aux Etats-Unis sur le F-35 seront expulsés, d'après Washington.

"Nous nous sommes entretenus avec la Russie concernant le système S-400, et l'affaire est close" , a déclaré M. Erdogan lors de son retour du Tadjikistan, après avoir rencontré Vladimir Poutine à Douchanbé, où s'est tenu samedi le sommet sur la sécurité en Asie.

Le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, s'était lui aussi élevé contre l'ultimatum américain, soulignant qu'il s'était entretenu jeudi à ce sujet avec le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton.

Il avait néanmoins déclaré que les négociations se poursuivaient entre Ankara et Washington, appelant les Etats-Unis à "revenir sur leur attitude" afin de ne pas "endommager de façon durable" les relations bilatérales.
marquetalia
Les contradictions entre l Empire et ses vassaux s exacerbent.
Xuan
La Turquie s'en tient à l'accord sur les armes avec la Russie


Source: AFP Publication: 2019/6/4 21:13:40
http://www.globaltimes.cn/content/1153134.shtml

Erdogan: aucune offre positive des Patriots
Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi que la Turquie ne se retirerait pas d'un accord conclu avec la Russie sur l'achat d'un système de défense antimissile S-400 malgré les menaces américaines de conséquences "dévastatrices".
La volonté d'Ankara d'acheter le S-400 a été une source de discorde majeure entre les alliés de l'OTAN, la Turquie et les États-Unis, qui ont menacé de prononcer des sanctions après des mois d'avertissements.
"Nous avons conclu un accord [avec la Russie]. Nous sommes déterminés" , aurait déclaré Erdogan à l'agence de presse officielle Anadolu.
"Il n'y a rien de tel que de revenir en arrière" , a-t-il déclaré à la presse après des prières dans une mosquée à Istanbul.

La semaine dernière, un haut responsable du Pentagone a déclaré que les conséquences seraient "dévastatrices" pour le programme de chasse commun turc F-35 et sa coopération avec l'OTAN si le pays poursuivait ses plans d'achat du système d'arme anti-aérienne russe.
Kathryn Wheelbarger, secrétaire adjointe par intérim à la Défense pour les affaires de sécurité internationale, a déclaré que cet achat projeté nuirait à la capacité de la Turquie de travailler avec l'alliance occidentale et contraindrait Washington à frapper le pays de sanctions à l'encontre des contrats d'armement conclus avec la Russie.
Elle a déclaré que l'administration américaine, même si elle ne voulait pas punir la Turquie pour son achat, pourrait être forcée de le faire par un Congrès antipathique à Ankara.
Les responsables américains ont déclaré s'attendre à ce que la Turquie opte pour les missiles américains Patriot,

La Turquie envisage d'acheter 100 F-35 américains et certains pilotes turcs ont déjà commencé à s'entraîner avec leurs homologues américains.
Erdogan a déclaré mardi qu'il avait déclaré aux Etats-Unis qu'Ankara prendrait des mesures pour acheter les Patriots que si ses conditions de livraison étaient aussi positives que celles de la Russie.
"Malheureusement, nous n'avons pas reçu de proposition positive de la part des Américains au sujet des Patriots comme les S400 de la Russie" , a-t-il ajouté.
La Turquie a défié les pressions croissantes de ses alliés de l'OTAN et a déclaré que l'achat de Moscou était un "accord conclu" .
Erdogan a parlé mercredi au président américain Donald Trump par téléphone et, selon le bureau du dirigeant turc, ils ont discuté de l'offre antérieure d'Ankara de constituer un "groupe de travail commun" sur le système de missiles.
Les deux dirigeants doivent se rencontrer en marge du sommet du G20 à Osaka, au Japon, à la fin du mois de juin.
Xuan
La coalition réactionnaire dans cette région c'est l'impérialisme US et occidental, français notamment, ainsi qu'Israël.
 
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