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Xuan
Dmitri Novikov : “La Chine est la voix, la défense et l’espoir des peuples de la Terre”.
29 MARS 2024


https://histoireetsociete.com/2024/03/29/dmitri-novikov-la-chine-est-la-voix-la-defense-et-lespoir-des-peuples-de-la-terre/

Je n’ai qu’une chose à vous dire : s’il y a un texte que vous devez lire impérativement dans ceux qu’histoireetsociete vous propose, c’est celui-là… Oui ! Il existe des réflexions, des bilans ouvrant sur des perspectives… c’est ce que nous privilégions, nous prenons un peu de distance pour aller vers l’essentiel, ce texte en fait partie. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/225240.html

La deuxième session du 14e Congrès national du peuple s’est tenue à Pékin, à la Maison des Congrès du peuple. Cet événement a été qualifié par de nombreux médias de principal événement politique de l’année en Chine.

La session du Congrès national du peuple a abordé un large éventail de questions relatives à la vie de la Chine et à sa position sur la scène internationale. À cette occasion, l’agence de presse chinoise Xinhua a interrogé Dmitri Novikov, vice-président du comité central du KPRF et premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État russe, sur la politique intérieure et extérieure de la Chine.

– Dmitri Georgievich, quelles initiatives du dirigeant chinois sur la scène internationale ces dernières années sont, selon vous, les plus significatives ?

– L’élection du camarade Xi Jinping et de ses associés à la tête du Parti communiste chinois et de la République populaire de Chine a constitué, à mon avis, un jalon tout aussi important dans l’histoire de votre pays que la proclamation de la République populaire de Chine et le début de la politique de réforme et d’ouverture. Sous la direction de l’actuel secrétaire général du comité central du PCC, la Chine a été en mesure d’évaluer très précisément les changements qui se produisent dans le monde et la place qu’elle y occupe. Sur cette base, des mesures extrêmement importantes ont été prises pour développer le pays à la lumière des changements massifs dans lesquels l’humanité est entrée.

L’importance des événements qui se déroulent dans le monde est telle qu’ils affectent directement tous les pays et tous les peuples. Sous nos yeux, les modes de développement de la communauté internationale pour les années, voire les décennies à venir, sont en train d’être déterminés. L’essence profonde de ces processus est l’affaiblissement de plus en plus rapide et irréversible du capital occidental. Ce phénomène est influencé par deux facteurs principaux. Tout d’abord, il y a une augmentation des contradictions au sein des principales puissances bourgeoises – les États-Unis et les États d’Europe occidentale. À ce stade, ils ont épuisé leur potentiel de développement progressif.

La réticence du capital à abandonner le taux de profit extrêmement élevé a posé un certain nombre de “mines à retardement” dans le système bourgeois. Le secteur financier et spéculatif gonfle de manière effrénée et n’est pas doté d’un véritable “contenu”. Tôt ou tard, ces bulles éclatent, comme ce fut le cas en 2008. Cependant, les capitalistes n’ont pas abandonné leur politique vicieuse et continuent de spéculer sur un système où règnent l’avidité, la tromperie et l’aventurisme.

Dans ces conditions, les divisions de classe au sein des pays occidentaux s’accentuent. Le flux d’aides sociales, que la bourgeoisie avait accepté à contre cœur sous l’influence des succès de l’URSS et de la popularité croissante des idées communistes, se tarit rapidement. La suppression des anciens acquis ne peut que provoquer une résistance croissante de la part des travailleurs. Hier encore, les “gilets jaunes” français l’ont clairement démontré. Aujourd’hui, on peut le voir dans les puissantes protestations des agriculteurs, des travailleurs des transports et d’autres groupes en Europe occidentale.

L’immigration extérieure n’est pas non plus propice à la paix sociale. La population se rend compte qu’il existe un moyen de résoudre ce problème. Il suffit de cesser de détruire les États des pays du Sud, de participer à la résolution des problèmes libyens, palestiniens et autres, et d’aider les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine à se réinstaller dans leur pays d’origine. Cependant, les monopoles capitalistes ont leurs propres calculs. Ils comptent sur l’afflux de main-d’œuvre bon marché dans leurs pays pour exercer une pression sur le prolétariat occidental, qu’ils jugent trop “gâté”.

Tous ces phénomènes provoquent un effondrement socio-économique aigu, qui se reflète inévitablement dans la pensée, la politique et la culture. La crise idéologique et morale s’aggrave. Cela devient un autre problème de la société occidentale. Les valeurs d’une civilisation autrefois grandiose, qui a donné à la culture mondiale les noms de philosophes, d’écrivains, d’artistes et de musiciens brillants, sont en train de s’éroder. Il y a des signes de sa dégénérescence. Nous les voyons dans la dépopulation croissante des pays de l’UE et dans la dégradation de leur élite politique.

Lorsque je parle de la dégénérescence de ce public, je ne souhaite offenser personne. Hélas, c’est la réalité. Après tout, lorsque Josep Borrell divise l’Occident “civilisé” et le reste du monde en un jardin fleuri et une jungle sauvage, c’est un signe certain de dégradation, à la fois mentale et morale.

Le deuxième facteur le plus important pour affaiblir l’influence du capital occidental est son auto-dévoilement. Dans sa recherche du profit, l’oligarchie mondiale se débarrasse de plus en plus cyniquement des masques de la démocratie et des droits de l’homme. Pour la énième fois de son histoire, elle se lance dans une vaste expansion. Le néocolonialisme a touché des dizaines de pays sur la planète. La Yougoslavie, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan ont été victimes d’interventions ouvertes. Les républiques post-soviétiques, de nombreux États d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont expérimenté les technologies sophistiquées des “révolutions de couleur”. Et bien sûr, l’Occident utilise vigoureusement de nombreuses méthodes d’exploitation économique, y compris l’utilisation du système du dollar.

L’ingérence des cercles impérialistes dans les affaires d’autres pays incite au renforcement des luttes de libération nationale dans le monde moderne. Les peuples du monde exigent avec de plus en plus d’insistance le respect de leurs intérêts. Ils s’efforcent d’assurer non pas une souveraineté formelle, mais une véritable souveraineté de leurs pays.

La Chine est à l’avant-garde de ces processus. Depuis près de deux siècles, elle a accumulé de l’expérience dans la lutte pour un développement indépendant contre les colonisateurs anciens et nouveaux. Votre patrie a fait de grands progrès dans cette grande tâche. Il y a un siècle, la Chine était divisée en sphères d’influence de puissances étrangères. Leurs marionnettes ont pillé le pays et humilié une nation dont l’histoire remonte à plusieurs milliers d’années.

La Chine a été le premier pays au monde à sentir le souffle glacé de la Seconde Guerre mondiale, face aux impitoyables envahisseurs japonais. Après la défaite des militaristes japonais, les impérialistes américains ont tenté d’établir leur contrôle sur le pays, en misant sur la clique de Chiang Kai-shek. Mais la Chine a surmonté toutes ces épreuves avec honneur. L’acte de véritable indépendance a été la proclamation de la République populaire de Chine en 1949. Et cela s’est produit grâce au rôle prépondérant du parti communiste, qui a réussi à diriger l’énergie et la volonté du peuple vers la défense de son pays natal.

Aujourd’hui, certains tentent à nouveau de “rappeler à l’ordre la Chine”. L’Occident craint que la Chine ne devienne une superpuissance mondiale. Il veut freiner son développement. La haine des impérialistes est renforcée par le fait que Pékin est devenu, sans exagération, la voix, l’espoir et la défense du monde entier, qui ne veut pas vivre sous le joug des nouveaux colonisateurs. Ce monde est parfois appelé “Sud Global”, mais ses intérêts sont en parfaite harmonie avec ceux de la majorité mondiale, et donc avec ceux de l’humanité tout entière.

Le solide fondement idéologique sur lequel repose le rôle progressif de la Chine dans le monde moderne déplaît particulièrement aux opposants de la République populaire de Chine, qui en deviennent même hystériques. Le grand mérite du PCC et de Xi Jinping personnellement est que la société chinoise reste fidèle aux idéaux du marxisme-léninisme, construisant le socialisme en tenant compte des spécificités nationales de votre grand, beau et très intéressant pays.

Je vais énumérer ce que j’estime être les initiatives les plus importantes des dirigeants chinois sur la scène internationale. Il s’agit tout d’abord du concept de communauté de destin commun de l’humanité. Il offre une voie de développement fondamentalement différente du modèle occidental de mondialisation impérialiste. Pour soutenir ce concept, la Chine a développé des mécanismes spécifiques pour mettre ses idées en pratique. Il s’agit de l’initiative mondiale pour le développement, de l’initiative mondiale pour la sécurité et de l’initiative mondiale pour la civilisation. Elles ont été approuvées par des dizaines de pays et deviennent déjà la base conceptuelle de la mise en œuvre d’un certain nombre de projets spécifiques.

Le projet “Une ceinture et une route”, en particulier, est devenu une incarnation pratique des grandes initiatives de Pékin. Son objectif est de relier les pays et les continents par le biais du commerce, de l’investissement, du développement des infrastructures et des échanges entre les peuples. Déjà 150 pays sont devenus des participants à la Ceinture et la Route. En 10 ans, cette initiative a permis d’absorber des investissements de près de 1 000 milliards de dollars dans le cadre de plus de 3 000 projets communs. La Chine a doublé son chiffre d’affaires commercial avec les pays situés le long des itinéraires de “la Ceinture et la Route” pour atteindre 2,07 trillions de dollars. Selon les prévisions de la Banque mondiale, d’ici 2030, le développement de l’initiative “Une ceinture, une route” créera 420 000 emplois dans les pays partenaires de la Chine.

La stratégie internationale de la Chine repose sur les idées d’égalité et de justice. Lors du dernier sommet des participants à “la Ceinture et la Route”, Xi Jinping a noté que l’initiative continuera à se développer sur les principes inchangés de la planification conjointe, de la construction conjointe et de l’utilisation conjointe. “Il n’y aura pas de place pour la confrontation en bloc et les jeux géopolitiques, les sanctions unilatérales, le chantage économique et les tentatives de désengagement”, a souligné le président chinois. Selon lui, l’histoire du développement de l’ancienne route de la soie a prouvé que le développement et la prospérité ne sont pas obtenus par des chevaux de guerre et de longues lances, mais par des caravanes de chameaux et la gentillesse, pas par des navires de guerre, mais par des navires marchands et l’amitié. Et c’est exactement ce qui manque aujourd’hui au système des relations internationales.

– Quelle est, selon vous, la signification sous-jacente de l’ensemble des initiatives du dirigeant chinois dans le pays et dans le monde ? Peut-on dire que depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, une conception holistique de la gouvernance de l’État à l’intérieur du pays et un ensemble d’initiatives sur la scène internationale ont vu le jour ?

– En tant qu’adeptes des idées de Marx, Engels et Lénine, nous, communistes, savons que la politique intérieure et la politique étrangère ne peuvent être séparées l’une de l’autre. Toutes deux constituent une superstructure au-dessus de la base économique et expriment, avant tout, les intérêts des classes dirigeantes. Par exemple, dans le système capitaliste, l’exploitation de ses propres travailleurs va de pair avec l’expansion extérieure et la conquête de marchés. Dans le même temps, la bourgeoisie tente parfois d’atténuer le mécontentement des travailleurs domestiques en leur accordant des aides et en attisant les sentiments chauvins et nationalistes.

La Chine populaire, dès sa formation, a entrepris de construire le socialisme. Et, contrairement aux spéculations de ceux qui assurent que tout cela n’est qu’un paravent pour les réformes du marché, Pékin renforce avec confiance les fondations socialistes de son État. La récente rencontre entre les dirigeants chinois et vietnamiens est typique à cet égard. Lors de ses entretiens avec le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh, Xi Jinping a déclaré que la Chine et le Viêt Nam devraient naviguer ensemble sur le même navire du socialisme.

Je voudrais également rappeler que le 19e congrès du PCC a défini un plan stratégique visant à construire pleinement une puissance socialiste modernisée. De 2020 à 2035, le plan consiste essentiellement à mener à bien la modernisation socialiste et, de 2035 au milieu du siècle, à faire de la Chine une puissance socialiste modernisée riche et puissante, démocratique et civilisée, harmonieuse et belle.

Une telle politique implique de renforcer le rôle dirigeant du PCC et d’impliquer de plus en plus le peuple dans la gouvernance du pays. Nous voyons les dirigeants chinois mener une lutte acharnée contre la corruption, le carriérisme, le gaspillage, l’hédonisme – ces fléaux qui peuvent conduire à la contre-révolution bourgeoise. Au tournant des années 1980-90, ces phénomènes dans notre pays ont contribué dans une large mesure à la destruction de l’Union soviétique et ont conduit à la plus grave catastrophe géopolitique, dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui.

Il est extrêmement important que les dirigeants de la RPC aient donné la priorité à l’amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population. L’extrême pauvreté a été éliminée dans le pays. Plus de 700 millions de personnes sont sorties de la pauvreté au cours des quarante dernières années. Aucun pays capitaliste ne peut se targuer d’un tel résultat. C’est aussi le résultat du choix socialiste, qui permet de réaliser le principe de “l’humain d’abord”.

Des valeurs similaires constituent la base de la politique étrangère de la Chine. Elle est fondamentalement différente de celle des puissances occidentales, qui repose sur les principes du “gros bâton” et de la “main de fer”. Les conquêtes coloniales se sont accompagnées de crimes odieux : génocides, traite des esclaves, opposition entre les peuples. Tout cela a été subordonné à l’objectif du profit, qui est l’essence même du capitalisme. Et tant que le capitalisme existera, ces méthodes continueront d’être utilisées. N’est-ce pas ce que nous voyons à Gaza, au Yémen, et un peu plus tôt en Libye, en Irak, en Afghanistan ?

La diplomatie chinoise est une diplomatie de l’internationalisme, de l’égalité, du développement conjoint pour une prospérité commune. Ces valeurs caractérisent toutes les initiatives internationales de Pékin. Le président chinois l’a bien exprimé dans son discours au Forum d’affaires BRICS-2023. Selon lui, la Chine respire le même air que les autres pays en développement et aspire à une destinée commune avec eux. Comme l’a souligné Xi Jinping, la Chine défend résolument les intérêts communs des pays du Sud et s’efforce d’accroître la représentation et la voix des marchés émergents et des pays en développement dans les affaires mondiales.

Les objectifs de Pékin sont reflétés plus en détail dans le concept de l’initiative de sécurité globale. Proposée par Xi Jinping en 2022, elle montre clairement la différence entre la politique étrangère socialiste et la politique étrangère bourgeoise, la politique étrangère chinoise et la politique étrangère occidentale. Comme le souligne le concept, le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde et la promotion du développement et de la prospérité à l’échelle mondiale devraient être l’aspiration de l’ensemble de la communauté internationale.

La stratégie contient six principes fondamentaux. Le premier est la nécessité de poursuivre la vision d’une sécurité commune, globale, coopérative et durable, en particulier de respecter et de garantir la sécurité de chaque pays et de promouvoir la coopération par le dialogue politique et les négociations pacifiques.

Deuxièmement, un engagement ferme à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays. Tous les pays – grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres – sont des membres égaux de la communauté internationale. Leur souveraineté et leur droit à choisir leur propre système social et leur voie de développement doivent être respectés. L’ingérence dans leurs affaires intérieures est inacceptable.

Troisièmement, l’adhésion aux objectifs et aux principes de la Charte des Nations unies. La Chine appelle au multilatéralisme de tous les pays et préconise un système international dans lequel les Nations unies jouent un rôle central. Comme l’indique le document, la mentalité de la guerre froide, la confrontation des blocs et l’hégémonisme sont contraires à l’esprit de la Charte des Nations unies et doivent être rejetés.

Le quatrième principe consiste à respecter les préoccupations de chaque pays en matière de sécurité. La sécurité d’un État ne doit pas être assurée aux dépens des autres. Tout pays doit tenir compte des préoccupations raisonnables des autres en matière de sécurité. Ce point correspond parfaitement à la situation actuelle en Ukraine. L’implication de Kiev dans les aventures militaires et politiques des États-Unis et de l’OTAN a créé une menace extrêmement grave pour les intérêts nationaux et la sécurité de la Russie.

Cinquièmement, l’initiative de sécurité globale prévoit le règlement pacifique des différends et des litiges entre les pays par le dialogue et les consultations. Elle établit que la guerre et les sanctions ne peuvent constituer le fondement de la résolution des questions litigieuses.

Le sixième principe consiste à maintenir la sécurité dans un large éventail de domaines, y compris les domaines traditionnels et non traditionnels. La RPC appelle tous les pays du monde à s’unir pour résoudre les différends régionaux et les problèmes mondiaux tels que le terrorisme, le changement climatique, la cybersécurité et la sécurité biologique.

Exprimant l’essence de la ligne chinoise sur la scène internationale, Xi Jinping souligne que la Chine ne participe pas aux jeux géopolitiques et à la confrontation entre blocs. La Chine s’oppose aux sanctions unilatérales et aux pressions économiques. En cela, les objectifs de la Chine et de la Russie coïncident certainement.

– Selon vous, quelle est l’importance de l’expérience de la Chine en matière d’administration publique pour les autres pays, en particulier les pays en développement ?

– L’importance de cette expérience peut difficilement être surestimée. La Chine montre les succès que peut obtenir un pays qui a choisi la voie du développement socialiste et qui ne permet pas aux “bienfaiteurs” étrangers de s’immiscer dans ses affaires. Bien entendu, chaque État et chaque société ont leurs propres spécificités. Elles sont liées à l’histoire, à la culture et aux particularités nationales. Les classiques du marxisme-léninisme l’ont d’ailleurs constamment souligné. Ils pensaient que la diversité des conditions dans lesquelles les socialistes de différents pays opèrent exige la diversité des moyens pour atteindre un objectif commun.

Je suis convaincu que la prise en compte des spécificités nationales a été l’une des raisons du succès des communistes chinois. Mao Zedong a évoqué son rôle dans la réalisation des idées marxistes dès les années 1930 dans sa série de conférences Problèmes de stratégie de guerre révolutionnaire en Chine. Selon lui, “les principes généraux du marxisme existent toujours sous des formes nationales concrètes”. Partant du principe que “la pratique est le critère de la vérité”, Mao Zedong a mis en garde contre une compréhension dogmatique du marxisme : “Nous devons exercer notre leadership sur la base de la situation dans le pays, dans les provinces, dans les comtés et les cantons ; sur la base de régularités inhérentes, et non inventées ; chercher des liens internes dans les choses qui nous entourent”.

En poursuivant la politique de réforme et d’ouverture, Deng Xiaoping a mis l’accent sur le rôle moteur du marxisme et sur la nécessité d’adhérer fermement à la voie de l’édification du socialisme. Il a souligné la nécessité de combiner les principes généraux du marxisme avec la situation spécifique du pays et a insisté sur la nécessité de “suivre sa propre voie, de construire le socialisme avec la spécificité chinoise”.

Ainsi, l’expérience de la Chine nous enseigne que le développement créatif du marxisme, sa combinaison avec les particularités culturelles du peuple donnent d’excellents résultats. C’est la première et la plus importante des conclusions.

La deuxième conclusion concerne l’importance des développements de Xi Jinping dans le domaine de l’administration publique. Elle concerne en particulier la discipline et la pureté auxquelles les organes directeurs de l’État doivent fermement adhérer. Il s’agit en effet d’un impératif pour éviter leur déclin et l’affaiblissement du pays.

Tout aussi importante est l’analyse attentive de la situation internationale, l’étude minutieuse de la dynamique des événements mondiaux. Ce n’est qu’en comprenant l’environnement que nous pourrons développer des instruments de réponse efficaces. Comme Xi Jinping l’a souligné à plusieurs reprises, seuls les États qui évoluent avec leur temps et comprennent le contexte et les exigences de l’époque peuvent prospérer. Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il faille oublier les valeurs fondamentales. Au contraire, nous avons devant nous une attitude très créative à l’égard du marxisme, qui est la clé de sa mise en œuvre réussie.

Enfin, l’expérience chinoise de la gouvernance montre que toute aspiration hégémonique conduit à une impasse. L’expansion et la ruine d’autres pays n’apportent que des avantages temporaires aux puissances bourgeoises. La conséquence de ces politiques est l’instabilité et des menaces croissantes pour la sécurité. En fin de compte, ce sont les expansionnistes eux-mêmes qui sont touchés. Ainsi, les interventions occidentales dans les États arabes et africains, les interventions, les coups d’État et les guerres civiles ont provoqué une vague d’immigration contre laquelle l’Europe ne sait pas se défendre. Il en va de même pour l’hémisphère occidental, où les États-Unis pillent les pays depuis deux siècles, entravent leur développement, renversent les régimes progressistes et imposent leurs mandataires. Aujourd’hui, les populations appauvries de ces pays prennent d’assaut les frontières des États-Unis, aggravant la crise politique au sein de ce pays.

Nous ne pouvons manquer de rappeler ce qui est devenu un terrain propice à ce que l’on appelle le terrorisme international. Le soutien apporté par les pays occidentaux aux mouvements réactionnaires les plus radicaux pour lutter contre l’URSS y a largement contribué. L’autre facette de ces processus a été l’ingérence flagrante dans les affaires des pays musulmans – avec les invasions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye.

Notre monde moderne est étroitement interconnecté. Les menaces s’internationalisent. Il est franchement insensé d’espérer “résister à la tempête” sous la protection de deux océans et de puissantes forces militaires, comme le fait Washington.

La Chine offre une voie fondamentalement différente. Son approche de la gouvernance des États est fondée sur les valeurs d’harmonie, d’enrichissement mutuel, d’égalité et de prise en compte des intérêts de tous les acteurs. “La paix, l’amitié et l’harmonie sont des valeurs ancrées dans la civilisation chinoise. L’agression et l’expansion ne sont pas inscrites dans nos gènes”, déclare Xi Jinping. Selon lui, le peuple chinois garde un souvenir amer et profond des troubles et des souffrances qui lui ont été infligés au cours des deux derniers siècles : “Je dis souvent que le peuple chinois s’oppose à la guerre, qu’il veut la stabilité et qu’il espère une paix mondiale durable. La grande renaissance de la nation chinoise ne peut se faire sans un environnement international pacifique et stable”.

Les livres de Xi Jinping sur la Gouvernance ont déjà été traduits en 24 langues. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient très demandés, puisqu’ils ont atteint les rayons des librairies dans plus de 160 pays et régions du monde. Les peuples du monde admirent sincèrement et naturellement les réalisations de la Chine. Ils aimeraient de plus en plus utiliser l’expérience réussie de la Chine dans leurs propres conditions, dans l’intérêt du développement de leurs pays.

– Dans les années 1960 et 1970, le “maoïsme” est apparu en Chine et a eu un impact certain sur les différents continents. Que pensez-vous de la philosophie et de la pensée des dirigeants chinois actuels ? Dans quelle mesure le système d’idées actuel en matière de gouvernance et de concepts de politique étrangère diffère-t-il de ce que la Chine et d’autres pays avaient l’habitude de faire ?

– Mao Zedong et ses idées ont eu une grande influence sur le développement du mouvement de gauche dans le monde et sur l’environnement international. J’ai mentionné plus haut la contribution de Mao Zedong au développement créatif de la théorie marxiste. C’est lui qui a jeté les bases du concept de “socialisme aux caractéristiques chinoises”, qui a été enrichi par les générations suivantes de communistes chinois.

Un autre mérite de Mao Zedong est que la construction du socialisme n’est pas possible “d’un coup de baguette magique”. Il ne peut être réalisé qu’en plusieurs étapes, par la création des conditions matérielles, techniques et sociales nécessaires à la transition vers une nouvelle société. Ceci est particulièrement vrai pour les pays agraires sous-développés. Dans son rapport politique au VIIe congrès du PCC en 1945, Mao Zedong a souligné l’utopie de construire automatiquement le socialisme sur les ruines d’une société semi-féodale et semi-coloniale sans recourir à des structures économiques multiples, sans la libération et le développement de la personnalité de centaines de millions de personnes. Il a souligné l’impossibilité de “sauter à pieds joints dans une société socialiste”.

Les idées de Mao Zedong ont apporté une grande contribution au mouvement mondial de libération nationale. Ce mouvement a été particulièrement actif à l’époque où l’Union soviétique, après la mort de Staline, s’éloignait de plus en plus des idées de la dictature du prolétariat et de l’internationalisme prolétarien. Plaçant la prévention de la troisième guerre mondiale au centre de sa politique, l’URSS a fait certains compromis dans sa politique intérieure et extérieure. La Chine a joué un rôle croissant dans le soutien aux forces qui luttaient pour la libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Ces pays honorent encore la contribution de la Chine et de Mao Zedong à leur combat pour l’indépendance nationale.

On ne peut pas dire que le développement de la Chine sous Mao Zedong se soit fait sans heurts. Les approches théoriques et leur mise en pratique ont connu des changements, parfois spectaculaires. Cette évolution a été influencée par des facteurs à la fois objectifs et subjectifs. Néanmoins, les idées de Mao Zedong ont une importance durable pour le parti communiste chinois, la RPC et l’ensemble du mouvement communiste.

La charte du PCC, telle que révisée lors du 19e congrès, stipule : “En combinant les dispositions fondamentales du marxisme-léninisme avec la pratique concrète de la révolution chinoise, les communistes chinois, représentés par leur dirigeant, le camarade Mao Zedong, ont créé la pensée Mao Zedong. La pensée Mao Zedong, résultat de l’application et du développement du marxisme-léninisme en Chine, représente les principes théoriques corrects, éprouvés par la pratique, et la généralisation de l’expérience de la révolution et de la construction chinoises, la quintessence de l’esprit collectif du Parti communiste chinois.

Guidé par les idées de Mao Zedong, le parti communiste chinois a mené le peuple multinational du pays à travers une longue lutte révolutionnaire contre l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, jusqu’à la victoire dans la nouvelle révolution démocratique et l’établissement de la République populaire de Chine, un État de dictature démocratique du peuple. Par la suite, les transformations socialistes ont été menées à bien, la transition de la nouvelle démocratie au socialisme a été achevée, les systèmes de base du socialisme ont été établis, l’économie, la politique et la culture socialistes ont été développées”.

L’importance des idées de Mao Zedong a été soulignée par Xi Jinping dans un discours prononcé à l’occasion de son 130e anniversaire. Selon le secrétaire général du Comité central du PCC, “le camarade Mao Zedong appartient à la génération des grands hommes qui ont conduit le peuple chinois à changer complètement son destin et le pays à changer d’image. C’est un grand internationaliste qui a contribué de manière significative à la libération des peuples opprimés du monde et au progrès de l’humanité”. Il a ajouté qu’avec Mao Zedong, le processus de “renaissance nationale de la Chine” a commencé.

Les communistes chinois suivent les idées de la nature graduelle de la construction du socialisme. Ainsi, Deng Xiaoping a proclamé que l’objectif principal de la politique du Parti était de surmonter le retard et d’éliminer la pauvreté. En même temps, il a insisté sur le fait que “pour que le socialisme ait des avantages sur le capitalisme, il est nécessaire d’emprunter et d’étudier audacieusement toutes les réalisations de la civilisation de la société humaine, toutes les méthodes avancées d’économie et de gestion des pays étrangers, y compris les pays capitalistes développés, reflétant les régularités de la production généralisée moderne”.

De même, selon Deng Xiaoping, il est toujours nécessaire de procéder à partir d’un critère clair : si les transformations dans le pays “favorisent le développement des forces productives de la société socialiste, la croissance de la puissance totale de l’État socialiste et l’amélioration du niveau de vie de la population”.

Pour sa part, Jiang Zemin a mis en avant le concept de “Avancer avec le temps”. Cela signifie que “toute la théorie et tout le travail du Parti doivent porter les caractéristiques de l’époque, saisir ses régularités et se caractériser par une grande créativité”. L’avenir et le destin du Parti et du pays dépendent de leur capacité à le faire en permanence”.

Les idées de Xi Jinping sur la gouvernance de l’État et la politique internationale sont un brillant développement de ces concepts. Prenant le meilleur d’entre eux, il les a enrichis d’un contenu nouveau et moderne. Cela se reflète dans le concept de communauté mondiale de la destinée commune de l’humanité, la stratégie “Une ceinture et une route”, les initiatives de développement mondial, la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale.

– Dmitri Georgievich, pourquoi, selon vous, y a-t-il parfois des lectures et des interprétations différentes dans le processus de transfert de l’expérience chinoise et des idées du dirigeant chinois vers d’autres pays ? Quelles sont les raisons de ces perceptions différentes ?

– Chaque pays a son propre parcours historique, sa culture nationale et ses valeurs. Les communistes chinois en tiennent compte lorsqu’ils élaborent leurs concepts et leurs initiatives. Lors du récent dialogue de haut niveau entre le PCC et les partis politiques du monde entier à Pékin, Xi Jinping a appelé au respect de la diversité des civilisations. Il a déclaré que les pays devaient adhérer aux principes d’égalité, d’apprentissage mutuel et de dialogue, et faire en sorte que l’exclusion soit surmontée par l’échange culturel, les conflits par l’apprentissage mutuel et les sentiments de supériorité par l’inclusion.

En effet, la diversité des cultures n’est pas un obstacle mais une opportunité de construire un monde juste et équitable. Ce n’est pas un hasard si, dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, Xi Jinping a parlé de la nocivité de la politique de “ruine du voisin” et du “chacun pour soi”. Tôt ou tard, elle conduit à la propagation des menaces et des problèmes. À l’époque, le président de la République populaire de Chine avait souligné la nécessité de se respecter mutuellement dans le choix de la voie et du modèle de développement, et s’était prononcé en faveur de la préservation du paysage naturel des civilisations multicolores de l’humanité.

L’opposition que les idées et les initiatives des dirigeants de la RPC rencontrent dans d’autres pays est le plus souvent la conséquence de la politique antichinoise délibérément menée par l’Occident. Les documents stratégiques des États-Unis et de l’OTAN désignent la Chine comme la principale menace à leur hégémonie. La nouvelle version de la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, publiée en 2022, place Pékin au premier rang des concurrents. Elle affirme que la Chine est le seul pays qui a l’intention de changer l’ordre international et qu’elle dispose d’une puissance économique, diplomatique, militaire et technologique croissante pour y parvenir.

L’Occident, emmené par les États-Unis, va entraver le développement de la Chine sur tous les fronts, y compris la guerre économique, le blocus technologique, le renforcement militaire autour de la RPC et la provocation de courants séparatistes à l’intérieur du pays. Dans le même temps, le capital mondial a déclenché une guerre de l’information contre la Chine. Les principaux dirigeants de la Maison Blanche l’admettent ouvertement. Voici ce qu’a déclaré le secrétaire d’État américain Anthony Blinken : “Le président Biden a demandé au ministère de la défense de considérer la Chine comme son principal défi et de veiller à ce que les forces armées américaines conservent leur supériorité. Nous chercherons à maintenir la paix par le biais d’une nouvelle approche que nous appelons “dissuasion globale” – en engageant des alliés et des partenaires, en travaillant dans les domaines conventionnel, nucléaire, spatial et de l’information, et en tirant parti de nos atouts en matière d’économie, de technologie et de diplomatie”.

Toute l’énergie de l’Occident est consacrée à peindre la Chine et ses motivations sous une lumière noire. Le mensonge selon lequel Pékin entraîne ses partenaires dans des “pièges à dettes” est répandu. On prétend que la Chine prépare des plans agressifs contre les Philippines, l’Inde et d’autres pays. Ainsi, l’Occident tente de transférer ses propres vices à la Chine afin de calomnier ses politiques. La tâche des forces progressistes de la planète est de dénoncer ces calomnies, en montrant que les initiatives de Pékin servent les intérêts des peuples de tous les pays.

– Vous traitez avec la Chine depuis de nombreuses années. Selon vous, que devrait faire la Chine pour accroître la visibilité de ses idées, initiatives et opinions à l’étranger et la rapidité de leur diffusion ? Comment raconter “l’histoire chinoise” tout en disant “la vérité chinoise” ? En particulier, quelles mesures devraient être prises pour s’assurer que la Chine moderne est comprise de manière significative et adéquate en Russie ?

– La Chine fait beaucoup pour dire la vérité sur elle-même et sur ses objectifs. Elle est aidée en cela par des amis et des personnes partageant les mêmes idées dans le monde entier. Par exemple, le parti communiste de la Fédération de Russie déploie beaucoup d’efforts pour populariser l’expérience chinoise. Nous le faisons par le biais de nos publications imprimées et en ligne, ainsi que par la chaîne de télévision Ligne Rouge. Les députés du KPRF informent les électeurs des projets et des initiatives des dirigeants chinois. Le chef de notre parti, Guennadi Ziouganov, donne l’exemple d’une position active sur ces questions.

Ce type de travail effectué par les amis de la République populaire de Chine dans différents pays du monde est très important. Il est également important parce qu’au cours de sa période de domination, l’Occident a maîtrisé non seulement les méthodes d’expansion et les intrigues politiques, mais aussi la lutte pour les esprits et les cœurs des gens. Il existe toute une série de leviers qui lui permettent de maintenir sa popularité auprès des habitants des différents pays. Il s’agit d’un mélange de manipulation, de cadeaux, d’intimidation, de mensonges sur les autres pays et de dénigrement des rivaux de l’Occident, y compris la Chine. Les principaux médias d’Europe et des États-Unis sont d’immenses empires, avec un financement de plusieurs milliards de dollars, des dizaines de bureaux de correspondants et un énorme vivier d’experts et de pseudo-experts en tout genre.

La Chine ne peut contrer tout cela qu’avec la vérité et un travail minutieux et calibré pour la diffuser. Bien entendu, ce travail doit être exhaustif. Il doit inclure des informations de première main sur la Chine et la vision de Pékin sur les événements mondiaux. Il est tout aussi important de familiariser les citoyens de différents pays avec la culture, la langue et les nouveautés cinématographiques chinoises. “Les Instituts Confucius et les Centres Confucius en sont un bon exemple.

En même temps, à mon avis, la Chine ne doit pas seulement élargir le champ de ses activités d’information, notamment en augmentant l’audience de ses médias de masse. Le contenu de ces activités est également extrêmement important. L’Occident se déguise habilement en intérêts et besoins de la société qu’il influence. Par exemple, les publications financées par les États-Unis et l’Union européenne soulèvent des questions aiguës sur la corruption et la vie sociale. Les organisations non gouvernementales sous leur contrôle s’intéressent aux problèmes des communautés locales et à la protection juridique des résidents. Elles sont désireuses d’entreprendre des projets dans le domaine de l’éducation et des soins de santé, de s’impliquer dans la résolution des problèmes d’approvisionnement en eau et d’introduire de nouvelles cultures agricoles. Bien entendu, cette aide est loin d’être désintéressée et sincère. Mais elle donne parfois aux personnes non averties l’impression d’un Occident “gentil, honnête et bienveillant”.

La Chine fonde sa politique internationale sur des idées fondamentalement différentes : l’égalité et le respect de la diversité. Et là où l’Occident aborde les problèmes avec hypocrisie, votre pays peut agir avec une conscience claire et un véritable désir d’aider. Cela signifie qu’il faut accorder plus d’attention aux pays partenaires de Pékin. Par exemple, la Chine peut partager son expérience en matière de lutte contre la pauvreté en concluant des accords avec les gouvernements pour travailler ensemble dans des zones “pilotes”.

Les publications chinoises et leurs bureaux de représentation pourraient non seulement rendre compte de la Chine, mais aussi aborder des sujets importants pour les pays où ils sont basés. En même temps, bien sûr, il est important de ne pas franchir la ligne de l’ingérence dans les affaires intérieures des pays étrangers. Mais il est nécessaire de suivre cette voie, en trouvant l’équilibre nécessaire.

C’est d’autant plus important que la Chine s’est engagée à construire une société socialiste – une société de justice sociale. Pékin peut contribuer à développer la justice dans les pays partenaires en répondant à leurs demandes publiques et en leur apportant le soutien nécessaire sur le plan de l’organisation, de l’information et d’autres aspects. Ce faisant, la Chine sera en mesure d’attirer encore plus l’attention sur ses initiatives et de sensibiliser les autres pays à la voie qu’elle emprunte.
Xuan
Ziouganov : la locomotive de la Chine est aux commandes aujourd’hui et le monde entier la regarde avec espoir

1 AOÛT 2022

https://histoireetsociete.com/2022/08/01/ziouganov-la-locomotive-de-la-chine-est-aux-commandes-aujourdhui-et-le-monde-entier-la-regarde-avec-espoir/

Le 28 juin, le Parti communiste chinois a organisé un événement majeur, le Forum international du PCC et des partis marxistes. Plus de 300 délégués de près d’une centaine de pays y ont participé dans un format en ligne. Le parti communiste de la Fédération de Russie était représenté par son leader Guennadi Ziouganov. Cet événement a eu un écho formidable dans le monde entier et dans tous les partis communistes. Sauf bien sûr le PCF avec les “boulets” anticommunistes qu’il se traîne et leur propension à servir les bonnes œuvres de l’OTAN en caricaturant le passé du PCF et en bouchant son avenir avec la thèse des deux impérialismes… Fort heureusement il y a quelques sites comme le nôtre qui feront écho de cet avenir et refuseront le “négationnisme’ (je pèse mes mots) et l’inertie au meilleur des cas de ceux qui détruisent l’organisation et la capacité d’intervention des communistes français. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://svpressa.ru/politic/article/341646/

Le président du Comité central du KPRF a dressé un bilan du Forum international du PCC et des partis marxistes.
Andreï Polounine

Le 28 juin, le Parti communiste chinois a organisé un événement majeur, le Forum international du PCC et des partis marxistes. Plus de 300 délégués de près d’une centaine de pays y ont participé dans un format en ligne. Le parti communiste de la Fédération de Russie était représenté par son leader Guennadi Ziouganov.

Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC et président de la République populaire de Chine, a délivré un message au forum. Il a noté que le PCC combine le marxisme avec les réalités actuelles et les traditions historiques, et que les communistes chinois sont toujours prêts à dialoguer et à échanger des expériences avec des camarades d’autres pays.

Guennadi Ziouganov, le Secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyen Phu Trong et le Premier secrétaire du Parti communiste cubain, le Président de la République de Cuba Miguel Diaz-Canel se sont adressés aux délégués.

Rappelons que cinq États dans le monde appliquent les idées du marxisme – la Chine, le Vietnam, la Corée du Nord, le Laos et Cuba. Dans le même temps, Pékin et Hanoï affichent une dynamique de croissance très impressionnante.

Guennadi Ziouganov, président du parti communiste, explique pourquoi les idées du marxisme deviennent à nouveau un point de ralliement au milieu de la crise mondiale de l’Occident.

– Ce forum est, sans exagération, un événement d’envergure historique, déclare Gennady Zyuganov. – Ce sont précisément les idées marxistes-léninistes qui, au cours des 100 dernières années, ont produit les résultats les plus extraordinaires.

Le pays soviétique l’a prouvé au siècle dernier, lorsque sous la bannière du marxisme-léninisme a été rassemblé l’empire russe, qui s’était effondré et avait péri dans le feu de la Première Guerre mondiale – il a été rassemblé pacifiquement, démocratiquement, sous la forme de l’URSS. Notre pays était alors un exemple de la manière de sortir d’une crise systémique, de mener à bien l’industrialisation, la collectivisation et la révolution culturelle. Nous avons ainsi obtenu des résultats colossaux, en vainquant le fascisme et en créant le meilleur système social du monde. Le monde entier s’est émerveillé de nos réalisations en matière d’éducation, de soins médicaux, de soins aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées.

Et au cours du nouveau siècle, le parti communiste chinois a montré l’exemple en étendant largement les réformes de Deng Xiaoping, construisant le socialisme avec des caractéristiques chinoises. Guidé par les idéaux marxistes-léninistes et l’héritage créatif unique de Marx, Engels et Lénine, le PCC a obtenu des résultats brillants : le taux de croissance moyen de la Chine a dépassé 10 % par an pendant 30 ans, 800 millions de personnes ont été sorties de la pauvreté totale et une puissante industrie spatiale a été créée. La Chine est devenue l’atelier du monde. La Chine produit aujourd’hui près de 20 % de la production industrielle mondiale – autant que l’URSS autrefois.

Aujourd’hui, une nouvelle crise systémique a éclaté. Si l’Union soviétique a sorti le monde des deux précédentes crises de cette ampleur – grâce à la révolution d’octobre et à la victoire de 1945 -, la locomotive chinoise est aujourd’hui le moteur principal, et le monde entier la regarde avec espoir.

SP : – Quelles sont les principales caractéristiques de la situation actuelle ?

– La crise systémique s’aggrave, l’agressivité des impérialistes s’accroît, la ligne militariste se renforce et de nouveaux blocs militaires se créent. Dans ces circonstances, il est particulièrement important d’étendre la solidarité entre toutes les forces patriotiques de gauche. C’est ce qu’a démontré le Forum international du PCC et des partis marxistes.

Au cours des discours – et tous les grands pays du monde se sont exprimés lors du forum – une tendance très importante s’est dégagée : la volonté de s’unir le plus possible, de freiner les militaires, de donner l’exemple du travail constructif et du souci des êtres humains.

La philosophie et la politique du parti communiste chinois est que l’être humain est la valeur la plus importante, et que tout doit être fait pour le bien et le bénéfice de l’individu. Cela fait d’ailleurs écho au discours de Poutine au forum de Valdai en octobre dernier. Il y a constaté que le capitalisme était dans une impasse. Et puis, lors d’une récente réunion avec les dirigeants des factions de la Douma, lorsque j’ai dit que nous devions construire un socialisme renouvelé, Poutine a répondu : “Je ne vois rien de mal au socialisme. Il est important de trouver un équilibre raisonnable entre le rôle de l’État, de l’individu et de l’initiative privée”.

J’ai dit que j’étais totalement d’accord avec cela. Et je lui ai rappelé que nous approchons du 100e anniversaire de la création de l’URSS. Il est tout à fait possible d’étudier l’expérience soviétique exceptionnelle et l’expérience unique de la Chine, avec laquelle la Russie coopère désormais étroitement.

Je dois reconnaître que Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés régulièrement ces derniers temps. En conséquence, notre partenariat stratégique, notre amitié entre les nations, notre volonté d’élargir la coopération sur tous les fronts, et surtout sur les questions de sécurité, s’approfondissent.

Aujourd’hui, alors que la guerre hybride nous a été déclarée, que la Russie et la Chine ont été qualifiées d'”ennemi numéro un” par les Anglo-Saxons, la coopération bilatérale et l’interaction étroite au sein des BRICS et de l’OCS sont extrêmement importantes.

De nombreux intervenants du forum l’ont souligné. De facto, tout le monde soutenait notre ligne contre l’agression – contre l’OTAN, le fascisme, le bandérisme. Je tiens à souligner que cette tendance ne s’est pas seulement manifestée lors du forum. Récemment, jusqu’à 130 délégations du monde entier sont venues assister à nos jubilés – le 100e anniversaire de la révolution d’octobre, de l’Armée rouge, du Komsomol de Lénine. Et tous ont soutenu notre position sur la Crimée et Sébastopol, faisant preuve d’une unité exceptionnelle.

SP : – La Chine est-elle ouverte à l’échange d’expérience en matière de gouvernance ?

– Les camarades chinois ont récemment publié le quatrième volume d’une série de livres sur le système de gouvernance de Xi Jinping. J’ai déjà trois volumes de la série et j’espère obtenir le quatrième en russe.

Il est très utile car il démontre à la fois la tactique, la stratégie et l’art de la modernisation. Je suis très impressionné par les paroles de Xi Jinping : “Nous approfondissons partout les réformes non pas parce que le socialisme aux caractéristiques chinoises serait mauvais, mais pour le rendre encore meilleur.

Les communistes chinois ne se contentent pas de développer les idées du marxisme-léninisme, ils deviennent un exemple pour la planète entière. Leur expérience devient universelle et nécessite une discussion et une étude approfondies et minutieuses.

Je veux rappeler aux jeunes, quelle que soit leur orientation partisane, que c’est le socialisme qui a sauvé l’humanité du nazisme et du fascisme. Que nous, en tant qu’enfants de la Victoire, avons tout fait pour reconstruire notre pays – précisément sous la forme du pouvoir soviétique. C’est de la bouche de Lénine que sont sortis les slogans qui sont extrêmement pertinents aujourd’hui : la paix aux peuples, le pain aux affamés, la terre aux paysans, les usines aux ouvriers, le pouvoir aux Soviets.

Et aujourd’hui, le pouvoir populaire en Chine montre comment il prend soin du peuple, devenant ainsi l’exemple le plus impressionnant à suivre dans le monde moderne.

Les discours de nos collègues et camarades au forum démontrent que les forces de gauche ont une cohésion et une unité, qu’il y a un désir de coopération étroite, pour tirer le meilleur parti de l’expérience du progrès socialiste qui a été accumulée au Vietnam, à Cuba, au Laos. Qu’il est extrêmement important d’affirmer le principe du développement souverain du Belarus, du Venezuela, de l’Afrique du Sud, du Nicaragua et d’autres pays.

Je considère ce forum comme un grand cadeau créatif pour nous tous. Et je suis convaincu qu’il deviendra une aide importante dans la préparation du 20e congrès du parti communiste chinois et du 100e anniversaire de l’Union soviétique.[/url]


Edité le 01-08-2022 à 23:06:41 par Xuan


Xuan
Guennadi Ziouganov : “Les communistes chinois ouvrent la voie de l’avenir”.


DANIELLE BLEITRACH
19 JUIN 2021
https://histoireetsociete.com/2021/06/19/guennadi-ziouganov-les-communistes-chinois-ouvrent-la-voie-de-lavenir/

Encore un texte important de Ziouganov. Décidément face à la myopie catastrophique des Européens, y compris communistes, il y a une prise de conscience des enjeux historiques, cela ne signifie pas toujours qu’une stratégie à la hauteur de ces enjeux soit évidente mais incontestablement il y a la conscience de plus en plus forte de celle de l’ennemi. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

En restant fidèle au marxisme et en le développant de manière créative, le Parti communiste chinois a fait de la Chine un point de référence pour toute l’humanité. Les réussites du pays sont admirées par ses amis et détestées par ses ennemis. Ces derniers sont beaucoup moins nombreux, mais disposent d’un vaste pouvoir militaire, d’information et de propagande. Ils orientent leurs capacités de guerre hybride vers le renforcement de la domination du capital à l’échelle mondiale.

Agence de presse Xinhua

16 juin 2021

https://kprf.ru/party-live/cknews/203342.html

La situation exige l’union de toutes les forces progressistes de la planète. Le renforcement de la coopération entre le PCC et le KPRF répond pleinement aux intérêts des peuples de nos deux pays. C’est ce qu’a déclaré le président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov, dans son interview à l’agence de presse Xinhua.

– Le 1er juillet, le parti communiste chinois marque le 100e anniversaire de sa fondation. Sur la base de l’expérience et des leçons du Parti communiste de l’Union soviétique et du KPRF, quelles sont, selon vous, les questions urgentes et d’actualité pour le PCC aujourd’hui en termes de construction du parti ?

– En effet, notre grand voisin et partenaire stratégique de la Russie, la Chine, marque une date importante. Il y a exactement cent ans, en 1921, le parti communiste du pays était fondé. Les détracteurs de votre État,gens de l’establishment politique des puissances capitalistes prétendent que l’idée communiste est quelque chose d’étranger à la Chine. Dans le même temps, le PCC est déclaré quasi usurpateur du pouvoir, tenant de force sous son contrôle près d’un milliard et demi de personnes.

Il est difficile d’imaginer une plus grande absurdité. Le parti communiste n’est pas arrivé à la tête de la Chine par le mensonge et la violence, comme de nombreuses forces politiques en Occident. Il a dirigé le pays parce qu’il était capable de comprendre les désirs les plus profonds du peuple, de protéger ses intérêts et, finalement, de sauver la patrie au pire moment de son histoire. Les idées communistes qui ont guidé le parti ont aidé à surmonter la difficile période d’humiliation nationale qui a débuté avec les guerres de l’opium. La voie du renouveau national était ouverte.

C’est ce qu’a clairement déclaré le président chinois Xi Jinping lors du 19e congrès du PCC. Il a souligné : “Les vérités scientifiques du marxisme-léninisme ont indiqué aux éléments avancés de la Chine les moyens de résoudre les problèmes de la Chine. Dans les mouvements sociaux qui se sont déroulés dans la société chinoise au cours de la nouvelle période historique et au-delà, dans la lutte acharnée du peuple chinois contre la domination féodale et l’agression étrangère, dans la combinaison du marxisme-léninisme et du mouvement ouvrier chinois, le Parti communiste de Chine est né en 1921. Depuis lors, il a été le pilier du peuple chinois dans la lutte pour l’indépendance nationale, la libération du peuple, la force et le bonheur du pays. Spirituellement, le peuple chinois a subi une transformation, passant de l’attente passive à l’action.”

Grâce au travail désintéressé des communistes et de l’ensemble du peuple travailleur, la Chine est devenue un pays au développement dynamique, un modèle pour le reste du monde. La Chine moderne n’est pas seulement une grande puissance industrielle, maîtrisant de nouvelles technologies et de nouveaux domaines de connaissances scientifiques. Ce qui est beaucoup plus important, c’est l’exemple que vous donnez de la manière dont le progrès économique et le progrès social peuvent être réunis. Les fruits du développement de la Chine ne profitent pas à un petit groupe de détenteurs de capitaux et à leurs proches, mais à l’ensemble de la population. C’est l’essence même du socialisme aux caractéristiques chinoises.

Les failles les plus profondes du capitalisme apparaissent de plus en plus clairement aujourd’hui. Les cœurs et les esprits de milliards de personnes sur la planète, avec un espoir croissant, se tournent vers Pékin. L’état réel des choses dans le monde fait que la perspective socialiste est de plus en plus populaire. Et la Chine démontre clairement sa fécondité.

La formation d’un système de relations internationales fondamentalement nouveau devient également impérative. Ayant mis en avant l’idée de la communauté de destin commune de l’humanité, la Chine devient le centre d’attraction de tous les peuples de la terre qui aspirent au progrès social. C’est la raison des attaques contre Pékin en général et le parti communiste en particulier.

Toutes les capacités politiques, économiques et médiatiques du capital mondial sont actuellement axées sur le discrédit et l’affaiblissement de la Chine. Dans ce contexte, la capacité du PCC à rester inébranlable et à répondre efficacement aux défis de plus en plus redoutables est d’une importance capitale. Et l’expérience de l’Union soviétique et du PCUS offre des leçons extrêmement importantes.

L’une des raisons de l’effondrement de l’URSS a été la dégradation de la direction du parti au pouvoir. Des éléments étrangers et des carriéristes, préoccupés uniquement par leur bien-être personnel, ont commencé à l’infiltrer. Dans le même temps, le PCUS n’a pas pu discerner et prévenir ce danger à temps. Après la mort de Staline, le Parti a réagi de plus en plus faiblement à de nombreux défis et menaces. Et le principe de Staline “ Sans théorie, nous sommes morts” a été relégué aux oubliettes. Certains fonctionnaires ont commencé à traiter les questions théoriques d’une manière purement formaliste. L’idéologie, qui était censée jouer un rôle primordial dans le parti communiste, a commencé à être transformée en un élément au service de l’appareil bureaucratique. En conséquence, le marxisme-léninisme était de moins en moins perçu comme une idée vivifiante, évolutive et fondée sur des principes inébranlables.

Le parti communiste chinois a pris conscience des conséquences fatales de telles errements. Les communistes chinois accordent une attention énorme, et croissante, au travail théorique. Le Comité central lui-même et un vaste réseau d’institutions scientifiques sont engagés dans ce travail. Il s’agit notamment de l’Académie des sciences sociales, de l’École supérieure du parti, des universités chinoises et de nombreux instituts marxistes dans tout le pays. Cela permet de combiner de manière créative la théorie et la pratique. Le concept de socialisme aux caractéristiques chinoises et la politique de réforme et d’ouverture ont illustré le développement des idées marxistes.

Les dirigeants actuels du PCC et de la RPC soulignent constamment l’importance du travail idéologique et théorique. Selon Xi Jinping, “le matérialisme dialectique est la vision du monde et la méthodologie des communistes chinois “, et le Parti doit “se nourrir constamment de la sagesse de la philosophie marxiste.” Cela a trouvé son expression dans le développement du concept de socialisme avec une spécificité chinoise dans la nouvelle ère. Xi Jinping note toutefois que l’économie politique marxiste doit évoluer avec son temps pour conserver sa vitalité. Selon lui, le PCC a enrichi l’économie politique marxiste en combinant ses principes de base avec les nouvelles pratiques des politiques de réforme et d’ouverture.

Les intérêts du peuple sont désignés comme le principal critère de développement en Chine. C’est ce facteur qui concentre la force et le pouvoir du parti communiste. Suivant les ordres et les espoirs du peuple, le principe de “ l’homme au centre de tout ” a été le but et la mission du PCC depuis le début. Cela lui a permis de surmonter les obstacles et de conduire avec confiance votre pays vers une grande renaissance et un bel avenir socialiste.

Dans le même temps, sous la direction de Xi Jinping, un programme ambitieux visant à renforcer la discipline au sein du Parti et à purger la corruption a été lancé. Il n’y a pas d’intouchables dans cette lutte pour la pureté des rangs. Elle ne s’arrête pas un seul jour. Une telle politique de principe a renforcé la crédibilité du PCC auprès des masses en général. Et pour le parti au pouvoir, c’est extrêmement important.

– Si l’on se projette dans l’avenir, à quelles situations et à quels défis externes le PCC peut-il être confronté selon vous ? Comment pouvons-nous et devons-nous faire face à ces défis ?

– Le principal défi du monde moderne, à mon avis, est la contradiction entre le système capitaliste mondial et les véritables besoins de l’humanité, les besoins de 99 % de la population mondiale. Le système existant dans la plupart des pays du monde est injuste à la base. Le capitalisme ne distribue pas le travail de milliards d’ouvriers, les richesses colossales créées par eux, pour le bien commun, mais les concentre dans les mains de l’oligarchie mondiale. Cela est fait dans le but cynique d’asservir et d’exploiter.

Cela conduit à d’énormes disparités de développement, à des inégalités et à une pauvreté croissantes, à l’absence d’accès aux services sociaux de base pour des milliards de personnes. Lors de la pandémie, même dans les pays occidentaux les plus riches, des gens sont morts parce que les réformes néolibérales avaient détruit l’accès aux soins de santé. Inutile de parler des pays pauvres. Une grande partie des vaccins est concentrée dans quelques nations, tandis que les plus pauvres ne peuvent même pas lancer une campagne de vaccination limitée pour les plus vulnérables.

Les réalités du monde d’aujourd’hui ont été éclipsées par l’impact social et économique de la pandémie. Un nombre considérable de personnes ont perdu leurs moyens de subsistance et sont tombées dans la pauvreté. La faim est un problème mondial croissant. Dans le même temps, la richesse des personnes les plus riches du monde croît de manière exponentielle, tandis que les grandes entreprises font de tels bénéfices qu’elles en perdent le compte.

Malgré les distorsions monstrueuses croissantes du système, les élites capitalistes ne sont pas prêtes à en réviser les fondements. Cet état de fait leur convient parfaitement. Mais il ne convient pas aux masses de travailleurs. Des protestations généralisées ont lieu dans le monde entier. Les gens exigent le rejet des réformes néolibérales ruineuses qui aggravent la situation.

Dans de telles conditions, les puissances capitalistes recourent à des méthodes éprouvées depuis longtemps – mensonges sophistiqués et agression. Ils créent l’image d’un ennemi extérieur afin de détourner l’attention de leur propre population mécontente des véritables causes de leurs désastres. C’est pourquoi les sentiments russophobes et anti-chinois sont si activement cultivés en Occident aujourd’hui. Tant Moscou que Pékin sont accusés de s’efforcer de détruire le mode de vie habituel des sociétés occidentales et de supprimer la démocratie et la liberté. Ainsi, le capital prépare l’opinion publique de ses pays à l’expansion, en fait, à la guerre.

Dès son entrée à la Maison Blanche, la nouvelle administration américaine a identifié les principales menaces. La Russie et, surtout, la Chine ont été déclarées telles. Washington n’a pas caché sa crainte de la montée en puissance économique, politique, scientifique et technologique de la République populaire de Chine et parle ouvertement de l’intention de lancer toutes les forces pour contrer votre pays.

L’offensive va dans plusieurs directions à la fois. En violation flagrante de leurs propres dogmes néolibéraux sur le “libre marché” , les Occidentaux, menés par les États-Unis, tentent de limiter les exportations de la Chine, en créant de plus en plus de nouvelles barrières pour les entreprises chinoises. Ils utilisent même la force brute et des mesures carrément répressives.

Le vecteur militaro-politique des attaques anti-chinoises comprend la militarisation de la région Asie-Pacifique. Les États-Unis déploient toujours plus d’armes offensives dans la région, établissent de nouvelles bases et zones de transit et tentent de constituer un bloc agressif de type OTAN. Pas une semaine ne passe sans une nouvelle provocation – qu’il s’agisse du passage de navires américains en mer de Chine méridionale ou dans le détroit de Taïwan, de livraisons d’armes à Taipei ou de déclarations belliqueuses. Par le chantage et la corruption, Washington tente d’influencer les cercles dirigeants d’un certain nombre de pays pour les monter contre la Chine. Cela se fait en dépit du désir inconditionnel des peuples de vivre en paix et en harmonie.

Les pressions économiques et politico-militaires s’accompagnent d’une campagne de mensonges et de désinformation. Les médias occidentaux parlent de “camps de concentration” dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang et rendent Pékin responsable de la situation tendue dans l’Himalaya. Ils gonflent artificiellement les mouvements séparatistes. Et les autorités américaines ne se privent pas d’utiliser des organisations terroristes comme le Mouvement islamique du Turkestan oriental qu’elles ont retiré de leur “l iste noire ”.

Le PCC est directement dans la ligne de mire de la propagande hostile. Les élites capitalistes savent pertinemment que le parti communiste est l’épine dorsale de la société chinoise, le moteur du développement constant du pays. C’est contre elle que sont dirigées les principales frappes.

Contrer ces menaces sera la principale tâche de la Chine et du parti communiste dans un avenir prévisible. Dans ce contexte, il est essentiel de renforcer les capacités économiques et de défense de la Chine et d’accroître son indépendance scientifique et technologique vis-à-vis de l’Occident. Mais au cœur de tous ces efforts, à mon avis, il devrait y avoir un souci permanent de pureté interne au sein du PCC et de maintien de la fidélité aux idées du socialisme.

– Quelles sont vos attentes quant au développement futur du PCC ?

– L’une des fonctions de la science est la prévoyance. Elle consiste en la capacité de prévoir les grandes orientations du développement des phénomènes, de prédire l’issue de tel ou tel événement. À cette fin, le passé est étudié de manière approfondie et complète, les tendances et les forces motrices des phénomènes sont attribuées. Il devient ainsi possible de présenter les grandes lignes de l’avenir.

Cette fonction est particulièrement importante pour nous, communistes. Se fondant sur une approche scientifique, ayant étudié les régularités objectives du développement de la société humaine, Marx et Engels ont tiré la conclusion du caractère transitoire du capitalisme et de l’inévitabilité de la victoire du socialisme. En utilisant cette méthode, il est également possible de réfléchir aux perspectives de développement du parti communiste chinois.

Le PCC célèbre son centenaire, après avoir parcouru un chemin glorieux. D’abord petit groupe semi-clandestin, le parti s’est transformé en une force de masse bénéficiant d’un soutien populaire. Il a survécu aux persécutions et aux répressions sanglantes, a lutté contre les envahisseurs et la contre-révolution interne, et a connu des périodes de recul et de percée.

Comme toute organisation de masse suivant la voie inexplorée de la libération et du développement de la société, le parti communiste chinois n’était pas garanti contre les erreurs. Son parcours n’a pas été entièrement lisse et sans nuages. Mais le PCC a réussi à comprendre ses erreurs et à les corriger à temps. Ainsi, les conséquences négatives de la politique du “Grand Bond en avant” et de la “Révolution culturelle” ont incité à revoir la trajectoire de développement du pays. Cela a conduit à l’annonce d’une politique de réforme et d’ouverture, le socialisme avec des caractéristiques chinoises.

La capacité à reconnaître et à corriger les erreurs est étroitement liée à une approche créative du marxisme. La direction du PCC est bien consciente des malheurs qui peuvent résulter de la dogmatisation de la théorie, de sa sclérose. Xi Jinping souligne que “sur la base des changements de l’époque et des changements dans la pratique, il est nécessaire d’approfondir continuellement les connaissances, de généraliser continuellement l’expérience, de réaliser continuellement une bonne interaction entre les innovations dans la théorie et les innovations dans la pratique et, dans le processus de leur unité et de leur interaction, de développer le marxisme chinois au XXIe siècle.”

Sur la base de ces facteurs, nous pouvons affirmer sans risque que le parti communiste chinois est sur la bonne voie. Il est bien sûr impossible de prédire tous les événements futurs dans le développement de la Chine et du monde. Mais il est clair pour nous, communistes russes, que le PCC est préparé aux épreuves les plus difficiles. Le Parti dispose de la force interne pour avancer rapidement et de la souplesse nécessaire pour effectuer les manœuvres nécessaires en cours de route.

Ce n’est pas un hasard si Xi Jinping, comparant le Parti à sa fondation à un “ petit bateau rouge ”, a déclaré qu’il avait surmonté les courants et les vagues agités, contourné les hauts-fonds dangereux et était devenu un navire géant qui mène la Chine vers le développement durable. Dans son discours à l’occasion de l’année 2021, le président de la République populaire de Chine a déclaré : “Nous avons passé cent belles années de voyage sans fin pour atteindre des objectifs magnifiques. Nous adhérons au principe de “l’homme au centre”, en nous souvenant toujours de notre objectif et de notre mission d’origine, contre les éléments, le vent et les vagues, en naviguant à toutes voiles à l’avant-garde, nous réaliserons sûrement le grand renouveau de la nation chinoise.” Il est maintenant utile que le monde tienne compte de ces paroles – pour comprendre la Chine moderne et mieux envisager notre propre voie vers l’avenir.

Les décisions du cinquième plénum du 19e comité central du PCC nous inspirent un grand optimisme. Son communiqué expose les orientations les plus importantes de la politique du Parti. Il note que la Chine en est aux premiers stades du socialisme. Le Parti doit maintenir sa détermination stratégique et mener à bien ses tâches conformément aux lois du développement. Elle “doit identifier précisément les changements et y répondre correctement, et s’efforcer d’y parvenir elle-même“ . Elle souligne la nécessité de “savoir trouver le bon moment dans les situations de crise, d’agir de manière nouvelle dans les situations instables, de saisir les opportunités, de relever les défis, d’éviter les dangers et de rechercher les bonnes conditions, et d’aller de l’avant avec audace“ .

– Comment le KPRF évalue-t-il la signification de la théorie et de la pratique du socialisme aux caractéristiques chinoises pour le mouvement communiste international ? Quels sont les principaux résultats du travail théorique du KPRF dans cette direction au cours des dernières années ?

– L’effondrement de l’Union soviétique et du système d’États socialistes en Europe de l’Est a porté un grand coup au mouvement communiste international. Il y a eu des déclarations sur “ l’effondrement historique” du communisme dans la lutte contre le capitalisme.

Ces conclusions se sont avérées, pour ne pas dire plus, hâtives. Elles contredisent les lois objectives du développement social et historique. Même Lénine a averti que “ s’imaginer que l’histoire du monde progresse de façon régulière et précise, sans faire occasionnellement de grands bonds en arrière, n’est pas dialectique, pas scientifique et théoriquement faux ”. Les événements des années 1980 et 1990 ne constituent donc pas une défaite, mais un revers temporaire pour le mouvement communiste.

Quel que soit l’équilibre des classes et des forces politiques à l’heure actuelle, le triomphe mondial du socialisme est inévitable. Les tendances de ces derniers temps le prouvent clairement. Le capitalisme mondial est de plus en plus déchiré par des contradictions. Il entraîne l’humanité dans une profonde crise socio-économique, écologique, culturelle et morale. Dans un contexte aussi déplorable, les réalisations des pays qui suivent la voie socialiste brillent de plus en plus fort. Tout d’abord, il s’agit de l’énorme et puissante Chine.

Dès 1979, dans le contexte des réformes engagées, il est devenu nécessaire de clarifier la question des perspectives du socialisme en Chine. Deng Xiaoping a alors avancé la thèse de la nécessité de suivre fermement quatre principes de base. Ce sont la voie socialiste, la dictature du peuple ou du prolétariat, la direction du parti communiste, le marxisme-léninisme et les idées de Mao Zedong. En outre, Deng Xiaoping a expliqué en substance pourquoi le socialisme est meilleur que le capitalisme : “Le capitalisme ne peut exister sans les superprofits des millionnaires, sans l’exploitation et le vol, il ne peut échapper aux crises économiques, ne peut formuler des idéaux et une morale communs, ne peut se débarrasser de la pire criminalité, du déclin moral et du désespoir“ . La justesse de ces paroles se vérifie chaque jour.

À un moment où le monde souffrait déjà de la pandémie, votre pays a géré le fléau du coronavirus en un temps record. En outre, vous avez maintenu la dynamique économique et atteint l’objectif extraordinaire d’éradiquer l’extrême pauvreté avant la date prévue.

La Chine se félicite de ses réalisations remarquables. Au premier trimestre de cette année, l’économie nationale a enregistré une croissance sans précédent de plus de 18 %. La production industrielle a connu une croissance décisive. Les industries de haute technologie sont les moteurs de la croissance. La production d’équipements a augmenté de 40 %, et la production de voitures électriques, de robots industriels, d’excavatrices, de micro-ordinateurs et de circuits intégrés a progressé de plus de 60 %. La croissance des exportations a dépassé 38 % par rapport à la même période de l’année dernière. Tous ces chiffres témoignent du succès du lancement du concept de double circulation proposé par le PCC l’année dernière.

Ainsi, la pratique du socialisme en Chine joue un rôle décisif dans le processus historique de transition du capitalisme au socialisme à l’échelle mondiale au stade actuel. Grâce à ses formidables succès, Pékin démontre au monde entier les avantages de la voie socialiste de développement. Autrefois pays agraire pauvre, déchiré par des conflits internes et ravagé par des envahisseurs étrangers, la Chine est devenue une puissance de premier plan qui défie les centres de développement mondiaux traditionnels que sont les États-Unis et l’Europe occidentale.

La Chine, avec ses concepts de communauté de destin unique de l’humanité et de “la Ceinture et la Route” , a promu son expérience dans de nombreux pays du monde. Leur développement économique et leurs liens avec la Chine et entre eux s’approfondissent. Cela accélère la formation d’un pôle alternatif, affaiblissant la domination du globalisme selon le scénario américain. La position constante de Pékin sur la scène internationale sert le même objectif.

S’opposant aux ambitions agressives des États-Unis et de leurs alliés, la Chine soutient un système de relations interétatiques fondé sur les normes du droit international, avec l’ONU à sa tête. Pékin s’oppose au blocus de Cuba et aux plans d’intervention contre le Venezuela. Elle défend le droit du peuple palestinien à créer son propre État et rejette la politique de sanctions contre la Russie, l’Iran et d’autres pays. Cela affaiblit l’oligarchie mondiale et aide les mouvements communistes et autres mouvements progressistes dans leur travail au profit de leurs peuples.

Il est important que la Chine prenne une part active au développement de la théorie marxiste. La tenue annuelle de forums internationaux scientifiques et socialistes à Pékin est devenue une bonne tradition. Ils rassemblent des représentants des partis de gauche, des scientifiques et des experts du monde entier. Les forums abordent les questions les plus urgentes liées aux études historiques, philosophiques et politiques, aux processus économiques et politiques mondiaux, aux perspectives de développement du mouvement communiste et à la pratique du socialisme.

Ainsi, la Chine apporte une contribution déterminante au mouvement mondial pour le socialisme et, sans exagération, elle est la locomotive du processus historique mondial. Ce fait est constamment souligné par le KPRF. Conscient que l’inhibition du travail théorique a joué un rôle négatif dans le destin de l’URSS et du PCUS, notre parti accorde une attention accrue à ces questions.

Le KPRF a réalisé une analyse approfondie des raisons de la destruction de l’Union soviétique et de la restauration du capitalisme en Russie. Aujourd’hui, notre Parti s’efforce de définir la voie du développement de la société russe, d’aborder les problèmes de l’avenir et de former un mouvement de masse “Pour une patrie socialiste forte et juste – pour l’URSS !” Cette activité est menée par le Comité central du KPRF et ses branches régionales, les journaux Pravda et Sovetskaya Rossiya, la chaîne de télévision Krasnaya Liniya, l’association publique des universitaires russes d’orientation socialiste, nos alliés et nos partisans.

Dans les travaux théoriques, une importance considérable est accordée à l’étude des tendances du développement mondial. Dans un certain nombre d’ouvrages, dont mon livre “La Russie dans le collimateur du mondialisme”, une analyse approfondie des caractéristiques du stade impérialiste du capitalisme à cette étape est donnée, des conclusions sont faites sur son caractère pernicieux pour l’humanité. Une place particulière dans ces travaux est dévolue à l’analyse de l’expérience de la Chine en tant que société, capable de fédérer autour d’elle les forces vives de la planète et de défier le capital mondial.

– Parlez-nous de l’état actuel du parti communiste. La pandémie a-t-elle apporté des ajustements à la philosophie politique du KPRF ?

– Depuis son rétablissement en 1993, le Parti communiste de la Fédération de Russie est la principale force d’opposition du pays. Nous considérons que la voie néolibérale choisie après l’effondrement de l’URSS est erronée et fatalement dangereuse pour la Russie. Malgré la rhétorique patriotique des autorités russes actuelles, on n’entend pas les cercles dirigeants condamner la politique de “ thérapie de choc” . Et cette politique a eu les conséquences les plus dramatiques. Il s’agit notamment de la désindustrialisation de notre pays, de sa dépendance à l’égard de la “ seringue” de pétrole et du gaz, d’une profonde crise démographique, de la destruction des infrastructures sociales, de la paupérisation de la population et de profondes inégalités.

Nous pensons que la vie exige de toute urgence un changement décisif dans le cours du développement de la Russie. Pendant plusieurs années consécutives, les revenus réels de la population ont diminué. La part du pays dans le PIB mondial est tombée en dessous de deux pour cent. Très à la traîne en matière d’innovation, la Russie reste vulnérable à des défis extérieurs de plus en plus graves. Les États-Unis et leurs alliés nous imposent des sanctions, nous entourent de bases militaires et amassent des contingents militaires près de nos frontières. Jusqu’à présent, le bouclier de missiles nucléaires créé par l’Union soviétique retient les prédateurs étrangers. Cependant, en l’absence d’un arrière fort sous la forme d’une économie forte et d’une science développée, cela pourrait ne pas suffire pour se défendre contre une agression extérieure.

La pandémie nous a donné raison, confirmant les évaluations et les avertissements du KPRF. Le système social, affaibli par plusieurs vagues d'” optimisation ”, a résisté avec peine aux assauts de l’infection. Le déclin économique des résultats de 2020 a été plus important que la moyenne mondiale. Cela pousse notre parti à se battre avec encore plus d’énergie pour la mise en œuvre des dispositions de son programme.

Le 18e congrès du KPRF, qui s’est tenu en avril de cette année, était très important pour nous. Le Congrès a évalué le travail du Parti et de son Comité central au cours des quatre dernières années. Nous avons consigné les résultats spécifiques, noté les problèmes et les succès, et fixé les tâches pour l’avenir. La résolution du congrès intitulée “Pour le socialisme, contre la pauvreté et l’anarchie !” a souligné la nécessité de résoudre d’urgence les problèmes accumulés dans le pays.

Le KPRF insiste sur la mise en place d’un gouvernement de confiance du peuple, qui mettra en œuvre un programme pour sortir la Russie de la crise. Nous considérons que la nationalisation des industries et des banques clés, la mise en œuvre d’une politique monétaire nationale et la prévention de l’exportation prédatrice de capitaux sont les tâches principales d’un gouvernement populaire. En général, il est extrêmement nécessaire d’éliminer les mécanismes financiers qui dévastent le pays, empêchant son développement économique et social. Nous avons besoin d’une véritable substitution des importations et d’une politique sociale dans l’intérêt des travailleurs.

L’expérience de la Chine a été citée en exemple lors du Congrès du KPRF. Le rapport politique du Comité central cite Xi Jinping qui a déclaré que le centre de la politique du PCC est le peuple, ses aspirations et ses intérêts. En même temps, notre document souligne comment un développement rapide peut être atteint sur une telle base : “Plus de 700 millions de personnes ont été sorties de la pauvreté. D’ici le milieu du siècle – le 100e anniversaire de la République populaire de Chine – l’Empire céleste entend devenir un État socialiste puissant, civilisé et avancé. Et sous la direction du parti communiste, cette tâche est absolument réalisable. Sur la scène mondiale, Pékin promeut activement le projet “One Belt, One Road”. C’est l’idée d’unir des pays pour un développement basé sur l’introduction de nouvelles technologies, de systèmes de transport et d’infrastructures. Ces approches développent les idées marxistes-léninistes de coopération égale entre les peuples“ . Nous pensons qu’en juin prochain, lors de la deuxième étape du 18e congrès du KPRF, ses délégués soutiendront une résolution spéciale sur le 100e anniversaire du KPRF.

Les élections à la Douma d’État de septembre prochain seront un événement important pour la Russie. Nous nous y préparons sérieusement, avec le soutien de millions de nos concitoyens. Le KPRF aborde la campagne des élections parlementaires avec une stratégie bien élaborée pour sauver le pays.

Agissant dans l’opposition, les communistes russes sont confrontés à de nombreuses difficultés. Nous devons constamment surmonter les pressions politiques, faire face à l’anticommunisme et à l’antisoviétisme. Mais nous n’avons pas été découragés par les difficultés. Nous sommes inspirés par les victoires exceptionnelles de nos prédécesseurs, les bolcheviks russes, le peuple soviétique tout entier, et les réalisations exceptionelles de nos camarades et amis chinois.

– Comment le KPRF considère-t-il les différences entre la philosophie politique du PCC et celle du KPRF ?

– Le PCC et le KPRF sont tous deux des partis communistes basés sur le marxisme-léninisme. Les deux partis abordent leur héritage théorique non pas de manière dogmatique mais de manière créative. Cela est tout à fait conforme aux avertissements de Marx, Engels et Lénine sur les dangers du dogmatisme et de l’application mécanique des positions théoriques. Rappelons qu’Engels a comparé le marxisme à un levier qui doit mettre en mouvement les masses de prolétaires et tous les travailleurs. Il a sévèrement critiqué ses compagnons d’armes, qui “dans la plupart des cas ne comprennent pas eux-mêmes cette théorie et la traitent de manière doctrinale et dogmatique, croyant qu’elle doit être apprise par cœur – et que cela suffit pour toutes les occasions. Pour eux, c’est un dogme, pas un guide d’action“ .

Lénine a également combattu avec force l’assimilation doctrinaire du marxisme. Il a refusé la mémorisation mécanique par cœur et la répétition de “ formules ”. Toute disposition théorique doit être utilisée en fonction de la “situation économique et politique concrète de chaque tranche spéciale du processus historique“ .

Le programme du KPRF l’affirme fermement : “Pour déterminer les buts et les objectifs de son programme, sa stratégie et sa tactique, notre Parti procède à une analyse de la pratique sociale et politique, il est guidé par la doctrine marxiste-léniniste et la développe de manière créative, en s’appuyant sur l’expérience et les réalisations de la science et de la culture nationales et mondiales.”

Les documents du programme du PCC indiquent également que le Parti est guidé dans ses activités par le marxisme-léninisme. Les statuts du parti stipulent que “ la ligne idéologique du parti appelle à tout baser sur la réalité, à unir la théorie à la pratique, à être réaliste, à vérifier et à développer la vérité dans la pratique “.

Il est certain que les circonstances ont un effet sur les activités du PCC et du KPRF. Le PCC est la force dirigeante de la société chinoise. Il est directement concerné par l’organisation du développement politique et socio-économique du pays, et par la définition des politiques intérieure et extérieure de la Chine. Le KPRF est un parti d’opposition. Nous proposons des stratégies pour le développement de la Russie, soulignons les lacunes de la politique actuelle et défendons les droits des travailleurs. Nous luttons pour la mise en œuvre de nos politiques par le biais du parlement et des autorités locales, dans les rues et dans notre travail quotidien avec les travailleurs.

Les principes idéologiques du PCC et du KPRF sont les mêmes. Nos partis visent à construire une société socialiste juste et considèrent le communisme comme l’objectif ultime. “L’idéal suprême et le but ultime du parti est la réalisation du communisme “, dit la Constitution du PCC. “Au fur et à mesure que le socialisme se développe, les conditions préalables nécessaires à l’établissement du communisme – l’avenir historique de l’humanité – sont posées et mûries “, souligne le programme du KPRF. C’est ce qui permet avant tout de jeter des bases solides pour la coopération entre nos partis, afin de relever ensemble les défis auxquels sont confrontés les peuples de Chine, de Russie et du monde entier.

– Comment le KPRF voit-il l’avenir, le destin et la tendance à long terme du développement du mouvement communiste international ?

– Le KPRF est convaincu que les événements du tournant des années 1980-1990 sont un recul temporaire, un épisode tragique mais transitoire sur la route du progrès social. Même Engels a écrit que Marx a donné une explication strictement scientifique de l’inévitabilité de l’effondrement du système capitaliste et a prouvé l’inévitabilité de la victoire du socialisme. Ce faisant, il ne s’est pas fondé sur des principes moraux romantiques, mais sur des faits économiques fondamentaux. Ces faits économiques montrent aujourd’hui encore la condamnation historique d’une société d’exploitation.

Lénine a profondément développé le grand héritage théorique de K. Marx et F. Engels. Dans le même temps, il s’est révélé être un organisateur talentueux, un révolutionnaire, le créateur d’un nouveau type de parti et du premier État socialiste du monde. Comme l’a écrit l’éminent révolutionnaire chinois Sun Yat-sen, “Au cours des nombreux siècles de l’histoire du monde, des milliers de dirigeants et de savants sont apparus avec de belles paroles sur les lèvres, qui n’ont jamais été mises en pratique. Vous, Lénine, êtes une exception. Vous n’avez pas seulement parlé et enseigné, mais vous avez transformé vos paroles en réalité. Vous avez créé un nouveau pays. Vous nous avez montré le chemin“ .

Oui, après la victoire de la grande révolution socialiste d’octobre, le capitalisme a fait preuve de vitalité. Il a montré sa capacité à manœuvrer et à s’adapter aux conditions changeantes. Le capital a fait des concessions aux travailleurs après la victoire de la Grande Révolution d’Octobre et la formation du système d’États socialistes. Il a introduit des garanties sociales et accepté la décolonisation de continents entiers. Mais l’essence du capitalisme est restée la même. Par conséquent, les contradictions du capitalisme n’ont pas disparu. Il s’agit avant tout des contradictions entre la nature sociale de la production et la forme capitaliste privée de l’appropriation.

Les crises du capitalisme sont de plus en plus longues et profondes. À peine l’humanité s’est-elle remise de la crise financière et économique mondiale qui a débuté en 2008 qu’une crise pandémique a frappé. L’épidémie de coronavirus a mis en lumière l’essence du système capitaliste, son inégalité et son injustice. Elle a accéléré l’érosion et le vol aux ouvriers et aux paysans des concessions que la bourgeoisie avait faites au siècle dernier. Dans toute sa vilenie, nous voyons le capitalisme tel qu’il est. C’est un système d’oppression des plus cruels et d’inégalité des plus profonds.

Le fossoyeur du capitalisme et le moteur de la transition vers la société socialiste est le prolétariat. Mais, comme le soulignaient les classiques, pour réaliser leurs véritables intérêts, pour devenir une classe véritablement révolutionnaire, les prolétaires doivent s’armer d’une théorie avancée – le marxisme-léninisme. Ce n’est qu’alors que la protestation spontanée des masses se transformera en une lutte cohérente et consciente pour la liberté et la justice.

Les communistes en sont les premiers responsables. Plus les conséquences de la domination capitaliste sont dévastatrices, plus le besoin d’un mouvement communiste large et fort est urgent. Contrairement aux affirmations sur “ l’effondrement du communisme” , ce sont les forces de gauche qui sont à l’avant-garde des soulèvements populaires dans divers pays. L’année dernière, les manifestations de plusieurs millions de personnes en Inde, les luttes des travailleurs en Turquie, les manifestations de masse en Amérique latine, en Europe et même aux États-Unis l’ont confirmé. L’activité progressivement croissante des masses populaires jette les bases du renforcement du mouvement communiste international.

Il est de la plus haute importance que les forces progressistes de la planète aient des repères lumineux. La Chine, le Vietnam, Cuba ont démontré la grande efficacité des mécanismes socialistes. Ils se sont montrés capables de résoudre les problèmes les plus difficiles, qu’il s’agisse de la charge des soins de santé en période d’épidémie ou de la garantie de la croissance de l’économie. C’est pourquoi, à la suite de Lénine, nous affirmons : “Nous sommes des optimistes !”.

Cependant, la conviction de notre victoire n’est pas une raison pour se reposer sur ses lauriers. Au contraire, la tâche des communistes dans la situation actuelle est de travailler de plus en plus activement avec les masses, de les éduquer, de les élever dans la lutte contre l’exploitation et l’inégalité. Et ceci, à son tour, exige une coordination accrue entre les communistes du monde entier. C’est pourquoi des liens stables et des relations chaleureuses entre le KPRF et le PCC sont si importants.

– Quelles idées et suggestions spécifiques le KPRF a-t-il pour renforcer les échanges et la coopération avec le PCC ?

– Le KPRF et le PCC ont atteint un niveau de relations très élevé. À l’heure actuelle, je ne qualifierais pas seulement notre coopération de partenariat ou d’amitié, mais aussi d’alliance stratégique. J’aimerais rappeler que peu après la restauration du Parti au début des années 1990, des contacts bilatéraux étroits ont été établis entre les communistes de Russie et de Chine. Il y a 25 ans déjà, un accord de coopération entre nos partis a été conclu.

En décembre 2019, l’accord sur notre coopération a été renouvelé une nouvelle fois. A cette époque, ma visite en RPC a eu lieu à la tête de la délégation du KPRF. Le mémorandum signé jusqu’en 2024 prévoit des séminaires sur des questions théoriques, l’échange de délégations, le renforcement de la coopération régionale et une information mutuelle régulière sur les activités de chacun.

Ces tâches sont mises en œuvre avec succès. Avant les difficultés liées à la pandémie, des délégations des branches régionales de la KPRF, des journalistes des publications du parti et des militants du Komsomol Lénine se rendaient régulièrement dans votre pays, apprenant l’expérience des communistes chinois et les succès de la construction socialiste en RPC.

Les membres du KPRF et nos sympathisants reçoivent des informations constantes sur les événements en Chine et sur les politiques du PCC. Cela s’est traduit par l’apparition sur les pages de la Pravda d’une rubrique commune avec le site web de Renminwang. La chaîne de télévision “Red Line”, les ressources Internet de notre parti et ses nombreuses publications locales accordent une grande attention aux événements en République populaire de Chine. Le travail théorique commun se renforce. Il est particulièrement vivant en coopération avec l’Institut du marxisme de l’Académie chinoise des sciences sociales.

Les activités conjointes ont un potentiel énorme. La célébration du 70e anniversaire du Jour de la Victoire, du 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre et du 200e anniversaire de la naissance de Karl Marx en est un exemple. Un tel format devrait être poursuivi et étendu. Le 100e anniversaire du PCC est une bonne occasion pour cela.

Nous pensons que le travail théorique commun doit être porté à un nouveau niveau. Sur la base de l’expérience accumulée, nous pouvons créer des commissions théoriques permanentes ou des groupes de travail avec la participation de spécialistes des sciences sociales de Russie et de Chine.

Nous sommes prêts à populariser les stratégies et les initiatives mises en avant par le PCC, car elles sont très intéressantes et utiles pour les citoyens russes. Elle concerne les concepts de “deux circulations” et de communauté de destin unique de l’humanité, les avantages de la stratégie “Une ceinture et une route” . Ce travail peut être inclus dans un format plus large d’opposition commune à la guerre de l’information de la part de l’Occident. Nous devons simplement créer ensemble une image alternative de l’avenir de notre planète.

Le Parti communiste, qui est l’une des principales forces politiques de Russie, est prêt à renforcer la coopération interétatique entre nos pays de toutes les manières possibles. Ce n’est un secret pour personne qu’après l’effondrement de l’URSS, l’équipe Eltsine en Russie a adopté une approche centrée sur Washington. Cela a rendu notre pays vulnérable aux pressions extérieures de l’oligarchie mondiale. Le KPRF a toujours insisté sur la nécessité de se concentrer sur le développement des relations avec le reste du monde, et en particulier avec la Chine.

Récemment, les relations entre nos deux pays ont beaucoup progressé. La Chine et la Russie mènent des projets communs dans les domaines de l’énergie et des transports, ainsi que de l’industrie de la défense. Les liens politiques, culturels et éducatifs se renforcent. Pékin s’est hissé à la première place des partenaires commerciaux de Moscou. Mais le potentiel d’expansion des relations entre nos pays est grand. Il doit véritablement correspondre au statut des grandes puissances. Ceci est particulièrement important compte tenu de l’aggravation des relations internationales et de l’agressivité croissante du bloc d’États dirigé par les États-Unis.

Les projets communs entre les régions de Chine et de Russie peuvent devenir l’un des “moteurs” de l’expansion de la coopération. En cela, nous sommes prêts à donner un exemple où les régions russes sont dirigées par des candidats du KPRF – dans la région d’Orel, à Novossibirsk et en Khakassie.

– Vous avez rencontré le président Xi Jinping à plusieurs reprises. Pouvez-vous nous parler de vos impressions, et de tout détail intéressant de ces rencontres ?

– En effet, nous avons eu un certain nombre de réunions, et chacune d’entre elles a laissé un souvenir positif indélébile. Nous nous connaissions déjà depuis notre rencontre à Shanghai lorsque Xi Jinping s’est rendu en Russie en mars 2010 en sa qualité de membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC et de vice-président de la RPC. Même à ce moment-là, il était clair qu’il s’agissait d’une personne extraordinaire qui avait beaucoup à faire pour le bien du peuple chinois. Xi Jinping a immédiatement démontré sa profonde compétence, sa préparation dans les affaires économiques, politiques et internationales. Le Président de la République populaire de Chine connaît bien l’histoire des relations entre nos pays et nos partis.

Deuxièmement, l’engagement calme et confiant de Xi Jinping envers le marxisme, la profondeur et la fermeté de ses convictions, font une forte impression. Il ne s’agit pas d’une approche purement émotionnelle, mais d’une confiance fondée sur la connaissance des avantages de la voie socialiste de développement pour la Chine et le monde entier.

En général, le président de la République populaire de Chine est fermement engagé sur la voie du réalisme. Il est étranger au volontarisme et à la vacillation. Il a un bon sens des problèmes de son pays et sait comment les résoudre. Je pense que cela est lié au fait que Xi Jinping a gravi tous les échelons du pouvoir, de secrétaire adjoint du comité du parti communiste à chef du parti et du pays.

Par la suite, nous nous sommes rencontrés à de nombreuses reprises – à Pékin, à l’exposition universelle de Shanghai et lors de la visite du président chinois en Russie peu après son élection. Chaque fois, j’ai découvert de nouvelles facettes de la personnalité de cet homme – son ouverture d’esprit combinée à son adhésion aux principes, sa volonté d’entendre et d’accepter les opinions des autres, ainsi que sa conviction inconditionnelle dans les idées sous-jacentes. Il ne jette pas ses promesses en l’air, ne fait pas de discours creux “ pour faire la conversation”. Tous les accords qu’il a conclus ont été respectés avec précision et dans les délais.

Permettez-moi de le dire sans détour : je pense que le peuple chinois a de la chance d’avoir un dirigeant tel que Xi Jinping. Il a pris la place qui lui revient parmi ses illustres prédécesseurs, aux côtés de Mao Zedong et de Deng Xiaoping. Cela est particulièrement important compte tenu des défis auxquels la Chine et le monde sont confrontés aujourd’hui. Dans un tel environnement, les qualités personnelles des hommes d’État sont extrêmement importantes. Et, bien sûr, pour moi, en tant que communiste russe, il est extrêmement important qu’en la personne de Xi Jinping, le peuple russe ait un ami talentueux et profond, loyal et fort.
Xuan
Rapprochement clair de la Chine et de la Russie, mais aussi du PKRF et du PCC.
Ivan Ivanovich Melnikov est vice-président du Parti communiste de la Fédération de Russie (CPRF) et premier vice-président de la Douma d'État.
On notera que dans son intervention il attribue à Nixon-Kissinger le sabotage des relations entre nos deux puissances dans les années 60. Il y a là un non-dit sur le social-impérialisme et le choix de la Chine à cette époque.
D. Bleitrach en profite pour rappeler très justement l'effondrement eurocommuniste et l'atlantisme toujours en cours dans le PCF.
Que des listes communes soient encore réalisées avec le groupuscule de Glucksmann et avec les résidus du PS en dit long par exemple.


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Russie et Chine: coopération géopolitique


DANIELLE BLEITRACH 5 JUIN 2021
https://histoireetsociete.com/2021/06/05/russie-et-chine-cooperation-geopolitique/
“La voie vers un monde multipolaire ne peut être tracée que par la coopération géopolitique”.

Ivan Melnikov, Premier vice-président du comité central du KPRF, premier vice-président de la Douma d’État, s’est exprimé lors de la conférence internationale “Russie et Chine : la coopération dans une nouvelle ère” .

Comme en témoigne l’intervention de Melkinov, il s’agit dans un contexte officiel de rappeler la perte de souveraineté russe avec la chute de l’URSS, mais aussi la manière dont tout le continent européen a vu toutes les personnalités indépendantes, les forces politiques allant dans le même sens être remplacées par des individus et des institutions vassalisées.

J’ajouterai et ce sera une réflexion que nous prolongerons demain, ce que ne dit pas ce texte mais qui est contenu en filigrane : dans le cadre de cette vassalisation qu’en a-t-il été des grands partis européens, ceux au pouvoir mais aussi ceux dans l’opposition comme les partis communistes italien et français?

Qu’en est-il aujourd’hui au plan international et l’évolution positive au plan interne a-t-elle sa correspondance au plan international par rapport aux enjeux de l’heure.

Je réponds NON, le PCF est encore vassalisé à l’atlantisme, ce qui bloque son processus de reconstruction stratégique mais celui-ci va de plus en plus exiger un niveau de conscience des militants, et il serait temps de le voir. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)


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2 juin 2021

Ivan Melnikov

Le 1er juin, le premier vice-président de la Douma d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, président de la Société d’amitié russo-chinoise, Ivan Melnikov, a participé à la sixième conférence internationale “Russie et Chine : coopération dans la nouvelle ère”. La conférence était organisée par le Conseil russe des affaires internationales (RIAC) et l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS).

L’événement a été programmé pour coïncider avec le 20e anniversaire du traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération entre la Russie et la RPC, qui a jeté les bases d’un nouveau type de relations entre les deux pays.

Le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, et le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, ont participé à la conférence, ainsi que d’autres hommes d’État, des politiciens, des experts de premier plan et des universitaires des deux pays travaillant sur les relations Russie-Chine. Voici l’intervention d’Ivan Melnikov, au nom de la Douma d’État et de la Société d’amitié russo-chinoise :

“Chers collègues, camarades, amis !

Je suis heureux de voir de nombreux visages familiers. Je remercie les organisateurs des côtés russe et chinois pour l’invitation à participer à cette conférence représentative, informative et vraiment pertinente.

D’une part, l’événement coïncide avec le 20e anniversaire du traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération entre la Russie et la Chine – et nous analysons l’expérience accumulée, la brillante ascension de notre partenariat au niveau stratégique global. Il s’agit d’une réalisation commune de la plus haute importance.

D’autre part, l’accent est mis sur la coopération “dans une nouvelle ère”, et nous discutons de l’avenir. En même temps, nous comprenons que beaucoup de choses sur la planète dépendent aussi de l’avenir de nos relations. Il s’agit d’une grande responsabilité partagée.

Le bloc de questions proposé pour notre session parle des “particularités et caractéristiques essentielles” du partenariat entre la Russie et la Chine. Je crois qu’ils sont fondés sur le déroulement même du processus historique. Historique et géopolitique. Et pour avoir une meilleure idée de la dynamique et du ton de nos relations bilatérales, il est utile de revenir un peu sur le contexte général.

Après l’effondrement de l’Union soviétique – 10 ans avant la conclusion du traité – la Russie a rencontré des problèmes dans la mise en œuvre de sa politique souveraine, y compris la politique étrangère. Ce n’est un secret pour personne que dans les années 1990, un nombre important d’institutions publiques étaient dirigées par des conseillers étrangers venus de l’Ouest. Les chacals politiques se sont rués sur le butin : l’économie soviétique. C’était une “période troublée”, difficile.

Au début du XXIe siècle, juste au moment de la signature du traité, la situation a commencé à changer, la Russie moderne a commencé à chercher son chemin vers une nouvelle politique indépendante. Elle se trouvait à un carrefour, tendant avec bienveillance une main vers l’Europe et l’autre vers l’Asie. Notre pays est fortement lié à l’histoire et à la culture européennes. Quant à l’Europe, il y avait beaucoup d’attentes. Il a été question d’un grand projet “de Lisbonne à Vladivostok”.

Il a fallu du temps pour accepter le fait : l’Europe n’est pas indépendante dans ses intentions et ses actions. Ni “celle de l’Ouest”, ni “celle de l’Est”. Aucune.

On aurait pensé que le monde n’était plus divisé en “deux camps”. Mais les Européens ont se sont débarrassés de tous les dirigeants plus ou moins indépendants – et, sous l’impulsion d’une nouvelle génération de politiciens, n’ont fait qu’accroître leur dépendance à l’égard de Washington et de son quartier général à Bruxelles. En cours de route, ils ont provoqué une avalanche de crises : de la démocratie, de l’identité nationale, de l’orientation spirituelle. Il est devenu plus difficile de parler de quelque chose d'”équitable” et de “mutuellement bénéfique”.

Cependant, au cours de ces mêmes années, le dicton “tout s’apprend par comparaison” s’est avéré efficace. Ces circonstances ont permis de voir encore mieux en Chine, par contraste, les caractéristiques que nous recherchions dans un partenariat. Solidité, cohérence, prévisibilité.

Après une certaine période d’éloignement l’un de l’autre, l’interaction pratique sur des questions spécifiques et la communication basée sur la confiance nous ont rapprochés, étape par étape. Les dirigeants de nos États et leurs relations personnelles ont joué un rôle important à cet égard. Les circonstances historiques ont également joué un rôle important. Et, le plus important de tous : la confluence des valeurs nationales et des approches à long terme. La paix, pas la guerre. Le collectivisme, pas l’égoïsme. La prise en compte mutuelle des intérêts de chacun, et non leur opposition. Indépendance et traditions distinctives plutôt que des modèles universels étrangers et souvent inadaptés.

Sur la scène internationale – aux yeux des autres acteurs – nous ne sommes pas seulement de grands pays. La civilisation russe, avec ses milliers d’années d’existence en tant qu’État et son expérience soviétique unique, et la civilisation chinoise, l’une des plus anciennes de l’histoire de l’humanité, ont un grand potentiel pour équilibrer l’agenda international dans le cadre de relations alliées. De plus, à long terme, ils peuvent jouer un rôle décisif dans la progression du développement économique et technologique de la planète.

Cela est de plus en plus évident pour ceux qui n’aiment pas un tel scénario. C’est pourquoi des informations sur les plans prétendument insidieux de la Chine concernant la Russie sont lancées de plus en plus fréquemment. On s’efforce de créer l’image d’une menace venue de l’Est aux yeux des Russes.

Nous connaissons de tels “bienfaiteurs”. Ils aiment les schémas bien rôdés. Peut-être veulent-ils répéter le coup de Nixon-Kissinger de la fin des années 60 et du début des années 70 pour saper les relations entre nos deux puissances. Et en faisant cela, ils veulent maintenir leur position dominante.

Mais cette leçon a été apprise. Nous avons été “vaccinés” contre ces astuces. Ce n’est pas un hasard si un slogan a été choisi lors de la signature de notre traité il y a vingt ans : “Amis pour toujours, ennemis jamais”.

Bien sûr, la politique et la géopolitique ne sont ni des paroles ni des romances. Il n’y a aucun doute : chaque pays a ses propres intérêts. La Russie et la Chine pensent avant tout à leur bien-être, à leurs tâches nationales, à leurs peuples et à la protection de leurs frontières et de leurs “lignes rouges”. Mais la vie prouve un autre fait irréfutable : il est très difficile, dans les conditions du monde unipolaire imposé, de s’isoler chacun dans son coin et de résoudre ses propres problèmes. Ceux qui revendiquent l’exclusivité et l’hégémonie ne laisseront personne faire cela.

Nous le comprenons. Et dans ce contexte, il était agréable d’entendre les récents propos de Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, selon lesquels les autorités chinoises ont l’intention de commencer à renforcer leur soutien à la Russie dans un contexte de durcissement des sanctions occidentales contre Moscou. Ce langage de référence est important non pas tant pour les politiciens que pour la société russe. La solidarité est un concept très spécial pour le peuple russe ; il connaît son prix.

Nos dirigeants ont répété à plusieurs reprises que nous ne construisons aucun type de blocs ou d’alliances militaires. C’est vrai, c’est notre position. Mais il est également vrai que la voie vers un monde multipolaire ne peut être tracée que par la coopération géopolitique de ceux qui sont en faveur d’un tel monde. Il n’y a aucune réticence à avoir.

Trois “cycles de sept ans” de la lutte de la Russie pour la multipolarité, résistant à l’expansion militaire et culturelle du mondialisme à l’américaine, se sont déjà écoulés au XXIe siècle.

En 2007, le président Vladimir Poutine a explicitement et clairement exposé les problèmes existants dans son discours de Munich. En 2014, avec les faucons aiguisant leur bec de prédateur aux frontières mêmes de la Russie, il n’y avait plus de temps pour les bavardages. Nous avons été contraints d’agir de manière décisive lorsque l’élite occidentale a trahi l’accord signé à Kiev par ses hauts représentants. Aujourd’hui, en 2021, alors que le niveau d’escalade et d’accusations débiles a atteint son paroxysme, le leader russe, d’habitude toujours poli, a utilisé l’expression “nous vous casserons les dents”. Ah, que pouvez-vous faire s’ils ne veulent pas entendre d’autres mots.

La Russie est un pays qui aime la paix. Rappelons-nous : ce n’est pas notre pays qui a déclenché la “guerre froide” au milieu du XXe siècle. Au contraire, forte d’un pouvoir et d’une influence énormes dans le monde après la Seconde Guerre mondiale, lors de toutes les conférences liées à la création de l’ONU, la délégation soviétique a plaidé de manière cohérente et décisive pour que les activités de cette organisation soient fondées sur des principes démocratiques dès le départ. Nous y sommes toujours attachés, même aujourd’hui.

Les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont un droit de veto, et ces droits sont égaux. Quel système incroyable : un seul vote contre, et tout le monde devra l’accepter ! Et on nous impose un cadre où un seul cri, un seul commandement américain “attaque” [mot utilisé uniquement pour donner un ordre au chien, NdT] suffit pour que des dizaines de petits satellites détruisent de grands projets économiques, retirent du marché des innovations technologiques non désirées, imposent des sanctions et arrachent les drapeaux des États. Et tout cela vise à la destruction, à la division, au conflit. Les peuples du monde, fatigués des pandémies, ont déjà accumulé la fatigue d’une telle atmosphère tendue et agressive.

La Russie et la Chine, quant à elles, peuvent donner l’exemple d’un programme positif et créatif. Je suis plongé dans les relations entre la Russie et la Chine depuis de nombreuses années, mais auparavant je n’en voyais qu’une seule composante – interétatique, interparlementaire et interpartis. Ayant dirigé la Société d’amitié russo-chinoise, j’ai discerné, au cours des deux dernières années, une énorme strate de personnes, tant en Russie qu’en Chine, qui, avec un immense enthousiasme et un intérêt sincère pour l’autre, organisent des événements et popularisent les traditions et les réalisations des deux pays. Cette énergie vive est le carburant le plus sérieux pour les contacts de haut niveau. Il existe un sentiment absolument sincère qu’à travers tout cela, en rassemblant les gens, à travers des projets communs, il est possible de surmonter non seulement les difficultés de communication linguistique, mais aussi tous les autres obstacles possibles.

Il ne s’agit pas de s’intéresser aux beautés de la Place Rouge ou à la calligraphie chinoise. Ce qui est important, c’est l’amitié des scientifiques, des entrepreneurs, des étudiants, des sportifs, des médecins, etc., etc. – de tous les tissus de la société, de toutes les catégories professionnelles et d’âge.

De cette manière, nous pouvons élargir et renforcer la base sociale de nos relations. En outre, les systèmes de communication modernes permettent aujourd’hui aux citoyens d’être plus proches les uns des autres, quelle que soit la distance géographique. Si l’intérêt mutuel et l’ouverture de nos citoyens les uns envers les autres deviennent un courant favorable, notre navire de partenariat interétatique voguera plus vite et plus régulièrement sur une telle rivière. La qualité du navire dépend des politiciens. La vitesse de la navigation dépend des peuples.

En conclusion, je voudrais souligner l’importance du mot “bon voisinage” dans le libellé de notre traité. La première partie de ce mot est très forte. Que nos relations continuent à se développer sous le signe du mot “bon” pour la Russie et la Chine, et pour le monde entier !


Edité le 05-06-2021 à 19:02:08 par Xuan


 
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