Ils sont une frange important de la population sud-Coréenne.
Ils seront bientôt sujet à tension entre les deux Corées.');"> Il y a aussi la question de tous ces nord Coréens exilés en corée du sud, mais qui ont découvert que l’économie de marché c'était pas pour eux.
Ils sont une frange important de la population sud-Coréenne.
Ils seront bientôt sujet à tension entre les deux Corées.
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![]() La Corée du Nord… vue de Russie. » L’année qui aura le visage de Kim 16 JAN histoire et société « .http://bordeaux-moscou.over-blog.com/2018/01/la-coree-du-nord.vue-de-russie.html ![]() Publié le 16 janvier 2018 par Boyer Jakline Fiodor Loukyanov est un analyste russe important des relations internationales. Vous le trouverez souvent sur ce blog. Sur des questions de politique intérieure, il est aussi précieux pour nous. Ses analyses sont souvent très éclairantes. Ici, en l’occurence, ce qui s’est passé depuis le 26 décembre, date de la publication de son article, confirme la pertinence de son analyse, qui s’appuie sur les analyses de collègues japonais. Bref. des nouvelles du monde. La Corée du Nord a une frontière commune avec la Fédération de Russie. D’où un intérêt » plus proche « … Dans un article publié le 26 décembre 2017 dans Le Journal russe (édition fédérale n° 7460 / 294), sous le titre « L’année qui aura le visage de Kim » (Jong-un), Fiodor Loukianov, professeur et chercheur à l’Ecole supérieure d’économie, estimait que, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ayant atteint son objectif de disposer d’une force de dissuasion nucléaire opérationnelle, s’engagerait sur un retour aux négociations, notamment pour desserrer l’étau des sanctions économiques. Une analyse qui s’est avérée prémonitoire, au regard de l’offre de dialogue du Maréchal Kim Jong-un dans son discours de Nouvel An : après que le dialogue intercoréen eut été renoué à l’occasion des Jeux olympiques de Pyeongchang, au sud de la péninsule, le Président Moon Jae-in de la République de Corée a annoncé être prêt à rencontrer son homologue nord-coréen, tandis que le Président Donald Trump a affirmé qu’il était également prêt à des discussions avec le Président Kim Jong-un. Nous traduisons ci-après du russe l’article de Fiodor Loukyanov. ______________________ » À la veille du Nouvel An je me suis intéressé auprès d’un collègue japonais à connaître comment à Tokyo on regarde la Corée du Nord et si l’escalade possible de la crise autour des armes nucléaires et des missiles inquiète. À ma surprise, il a réagi tranquillement : il n’y aura probablement plus de provocations, Pyongyang a atteint ses buts (la création d’un potentiel de dissuasion nucléaire) et maintenant il se concentrera sur ses outils diplomatiques. Sa nouvelle tâche sera de réduire la pression sur l’économie, du fait des sanctions, pression qui a considérablement augmenté l’année passée. Washington n’est pas intéressé à une guerre, les généraux qui entourent étroitement Trump ne veulent pas de risques superflus. Mon interlocuteur résumait ainsi : des négociations directes sont possibles en 2018. Ce que cherche depuis le début la RPDC. Dans toute l’abondance des très importants événements internationaux de 2017 le problème nord-coréen se trouve mis en relief. Le régime du Djouche, venant par ses racines du système mondial du socialisme de la deuxième moitié du XXe siècle, a expérimenté ce système pendant presque 30 ans. Après la disparition de l’URSS certains croyaient que les jours de Pyongyang étaient comptés. D’abord le principal modèle et soutien avait disparu, ensuite dans les vagues de la démocratisation générale la Corée du Nord était de plus en plus curieusement regardée comme un anachronisme (pour certains simplement comme un pays de sauvages). Mais le scénario s’est trouvé plus capricieux. La famille Kim a tiré la conclusion de la crise de ses anciens alliés, qui tentaient d’apaiser les tensions intérieures par une libéralisation dirigée. Serrer les boulons, ne pas laisser place aux doutes, ne pas faire preuve de faiblesse politique – cette recette a fonctionné. Le pouvoir en RPDC a changé déjà deux fois de mains depuis ce temps, le pays a subi l’épreuve d’une crise économique et d’une terrible famine mais a tenu ferme, et à un moment donné sont apparues de prudentes réformes qui ont permis de passer d’un régime de survie de crise à un modèle de développement original. En dehors de la stabilité intérieure il y a un problème de stabilité extérieure, ici la direction nord-coréenne a manifesté aussi son sens politique. Le travail intensif sur le programme nucléaire a commencé bien avant qu’il ne soit devenu clair que les « dictatures hors-normes » quitteront la scène politique non seulement par la force des idées et la pression économique, mais aussi par l’intervention armée. De sorte que leur seule garantie est leur capacité à causer un préjudice inacceptable en retour. Saddam Hussein, Mohamar Kadhafi… s’en sont occupés mais en observant de près on voit combien fut lamentable le destin de ceux qui ont hésité dans cette voie. Le chef de la RPDC est un joueur très prudent et qui comprend ce qu’il fait. 2017 a été l’année décisive. D’une part, une série d’actions ostentatoires de Pyongyang d’essais nucléaires et de lancement de missiles, l’ignorance complète de la réaction de la communauté internationale. D’autre part les menaces du côté des États-Unis jusqu’à la déclaration du président Trump à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU sur sa volonté d’anéantir la Corée du Nord. Au milieu de l’année on a commencé à parler sérieusement de la possibilité d’une guerre. Vers l’automne on a commencé à en voir apparaître les contours. La pression des sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU a atteint presque le niveau maximum. Mais rien ne s’est passé. Et maintenant on se met à parler d’une possible détente. Dans toute cette histoire il y a deux composantes. L’une est liée à la spécificité du régime nord-coréen, extrêmement original et personnalisé. La volonté de Kim Jong-un d’aller tout droit courageusement et d’élever les enjeux impressionne, de plus la plupart des observateurs reconnaissent que le leader de la RPDC est très prudent et agit en complète compréhension de la situation. Mais il y a une autre composante. La crise nord-coréenne est un exemple caractéristique de ce qui se produit quand le système international demeure en état de déséquilibre, que tous les acteurs clés sont occupés par la résolution de leurs propres problèmes et ne sont pas intéressés par le dénouement des problèmes complexes. Kim Jong-un longtemps avant Trump a formulé pour lui-même son principal slogan : « la Corée du Nord – avant tout ». C’est pourquoi Kim n’est pas du tout troublé par la réaction du dehors, il ne démord assurément pas de sa ligne. Il sait aussi que malgré les votes unanimes au Conseil de sécurité, les grandes puissances ne se retrouveront pas dans une approche commune du problème nucléaire dans la péninsule coréenne. La nécessité du maintien du régime de non-prolifération n’est contestée par personne, mais pratiquement tous ont d’autres buts et priorités propres. 2017 a démontré définitivement la sortie des anciens schémas, le changement des modèles de conduite, considérés comme des axiomes durant les trois dernières décennies. À l’avant-garde les États-Unis dont le tournant « vers leurs propres affaires » n’a pas commencé avec Trump mais est devenu évident et clair. L’Amérique ne refuse pas la première place, mais ne prétend plus au « poste de leader global » . Cela influence tous les autres et ouvre des possibilités pour les autres acteurs mais les plonge aussi dans un état de désarroi. Pour certains, la domination des États-Unis était devenue un état naturel et le point de départ pour adapter leur propre conduite et ils ne savent pas trop que faire, quand la force prédominante tourne le dos. Dans ce contexte la stratégie de la Corée du Nord, qui s’est toujours orientée vers elle-même, en préférant compter sur ses propres forces, se trouve plus adaptée dans ces nouvelles conditions. Un résultat inattendu. Traduction du russe en français YB. |
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![]() Séoul propose à Pyongyang de négocier © Sputnik. Ilya Pitalev 06:55 02.01.2018 Après deux ans de stagnation, des pourparlers entre la Corée de Nord et la Corée de Sud ont toutes les chances d’être organisées au sommet, début janvier, après la main tendue de Kim Jong-un. Il a évoqué une participation nord-coréenne aux jeux Olympiques d'hiver. La Corée du Sud a proposé mardi de tenir des discussions de haut niveau avec Pyongyang, le 9 janvier afin d'améliorer les relations intercoréennes, a annoncé le ministre sud-coréen de l'Unification Cho Myoung-Gyon lors d'une conférence de presse. L'intention de Séoul a été provoqué par la récente déclaration du numéro un nord-coréen Kim Jong-Un qui a donné le premier signe d'une possible participation aux jeux Olympiques d'hiver en Corée du Sud, en dépit des tensions suscitées par ses ambitions nucléaires. «Nous espérons que le Sud et le Nord pourront s'asseoir face à face pour discuter de la participation de la Corée du Nord aux jeux de Pyeongchang de même que d'autres questions d'intérêt mutuel pour l'amélioration des relations intercoréennes» , a déclaré le ministre Cho Myoung-Gyon. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, les dernières négociations au niveau des vice-ministres nord-coréen et sud-coréen ont eu lieu en décembre 2015. Le Président sud-coréen Moon Jae-in a salué le souhait de Kim Jong-un d'envoyer une délégation nord-coréenne aux Jeux olympiques de Pyeongchang en février. Le Président a chargé les ministères de l'Unification nationale, de la Culture et des Sports «de préparer dès que possible toutes les variantes à la participation des athlètes nord-coréens aux JO» . |
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![]() Pendant ce temps, dans le Nord, en tant que chef du Parti communiste, Premier ministre de 1948 à 1972 et Président de 1972 à sa mort en 1994, Kim Il-sung a gouverné la Corée du Nord pendant près d’un demi-siècle. Sa politique pour son pays était une sorte de retour à l’ancien idéal coréen d’isolement. Connue sous le nom de juche, elle a mis l’accent sur l’autosuffisance. Le Nord était essentiellement une société agraire et, contrairement au Sud, qui, à partir des années 80, accueillait l’investissement et l’aide étrangers, il est resté fermé. Initialement, cette politique a bien fonctionné : jusqu’à la fin des années 70, la Corée du Nord était relativement plus riche que le Sud, mais le Sud a pris la tête avec sa révolution industrielle. Étonnamment, Kim Il-sung partage avec Syngman Rhee une jeunesse chrétienne protestante ; en effet, Kim a déclaré que son grand-père était un ministre presbytérien. Mais l’influence la plus importante sur sa vie a été la brutalité de l’occupation japonaise. Les informations que nous avons sont façonnées par des déclarations officielles et équivalent à un hymne de gloire. Mais, probablement, comme beaucoup de nationalistes asiatiques, en tant que jeune homme, il a participé à des manifestations contre la puissance occupante. Selon le récit officiel, à l’âge de 17 ans, il avait passé du temps dans une prison japonaise. À 19 ans, en 1931, il a rejoint le Parti communiste chinois et quelques années plus tard est devenu membre de son groupe de combat mandchou. Chassé par les Japonais et leurs collaborateurs coréens comme Park Chung-hee, Kim est passé en territoire russe et a été incorporé dans l’armée soviétique, dans laquelle il a servi jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Puis, comme les Américains l’ont fait avec Syngman Rhee, les Russes l’ont installé en tant que chef du gouvernement provisoire. Dès les premiers jours de son arrivée au pouvoir, Kim Il-Sung s’est concentré sur l’acquisition du pouvoir militaire. De manière logique suite à sa propre expérience, il a poussé l’Armée à s’entraîner à des tactiques informelles ; mais lorsque l’Union soviétique a commencé à fournir du matériel lourd, il a orienté ses officiers vers une formation militaire conventionnelle sous l’égide de conseillers russes. Lorsqu’il a décidé d’envahir la Corée du Sud, son armée était imposante, avec des armements aux normes européennes et bien organisée. Presque tous les adultes coréens en faisaient ou en avaient fait partie. L’armée était pratiquement devenue l’État. Cette répartition des ressources, comme l’a montré la guerre de Corée, a mené à une puissante force de frappe, mais à une économie affaiblie. Cela a également amené les partisans chinois de Kim à décider de le mettre sur la touche. On ne sait pas comment il a fait pour survivre à cette rétrogradation temporaire, mais au lendemain du cessez-le-feu, on l’a revu de nouveau fermement au contrôle du Parti communiste et de l’État nord-coréen. L’État nord-coréen, comme nous l’avons vu, avait pratiquement cessé d’exister suite aux bombardements. Kim pourrait espérer peu d’aide étrangère pour la reconstruction, et l’a d’autant moins sollicitée. Sa politique d’autosuffisance et de militarisation a été imposée au pays. Sur le modèle soviétique des années 30, il a lancé un plan quinquennal draconien dans lequel pratiquement toutes les ressources économiques ont été nationalisées. Lors de la très médiatisée rupture sino-soviétique, il s’est d’abord rangé auprès des Chinois mais, perturbé par la Révolution culturelle chinoise, il a repris ses relations avec l’Union soviétique. En effet, il ne pouvait avoir pour pôles que les deux puissances voisines. Sa politique d’indépendance a été influente mais pas décisive. Pour affermir son gouvernement, et vraisemblablement en partie pour renforcer le sentiment d’indépendance de son peuple, il a développé un culte de la personnalité élaboré. Cette propagande lui a survécu. Quand il est mort en 1994 à l’âge de 82 ans, son corps a été conservé dans une vitrine où il est devenu l’objet d’une sorte de pèlerinage. De manière insolite pour un régime communiste, c’est son fils Kim Jong-Il qui a pris la succession de Kim Il-sung. Kim Jong-Il a poursuivi en grande partie la politique de son père qui, vers la fin de sa vie, a évolué vers un accord partiel avec la Corée du Sud et les États-Unis. Il a été confronté à une sécheresse dévastatrice en 2001 et à une famine consécutive qui aurait affamé quelque 3 millions de personnes. Cherchant peut-être à dissimuler l’impact de cette famine, il a abrogé l’armistice et envoyé des troupes dans la zone démilitarisée. Cependant, des changements intermittents, dont la création d’une enclave industrielle partiellement extra-territorialisée pour le commerce extérieur, ont été accomplis pour améliorer les relations avec le Sud. Puis, en janvier 2002, le président George Bush a fait son discours sur « l’Axe du mal » dans lequel il diabolisait la Corée du Nord. Par la suite, la Corée du Nord s’est retirée de l’accord de 1992 avec le Sud interdisant les armes nucléaires et a annoncé qu’elle avait suffisamment de plutonium de qualité militaire pour fabriquer environ 5 ou 6 armes nucléaires. Bien qu’il soit probablement resté invalide suite à un accident vasculaire cérébral en août 2008, son état a été caché le plus longtemps possible pendant que les préparatifs étaient faits pour sa succession. Il est décédé en décembre 2011 et son fils Kim Jong-un lui a succédé. Avec cet aperçu des événements jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un et de Donald Trump, j’aborderai dans la partie 2 de cet article la situation dangereuse dans laquelle nos gouvernements — et nous tous individuellement — nous retrouvons aujourd’hui. William R. Polk est un consultant confirmé, auteur et professeur en politique étrangère, il a enseigné à Harvard sur le Moyen-Orient. Le président John F. Kennedy a nommé Polk au Conseil de planification des politiques du Département d’État, où il officiait pendant la crise des missiles cubains. Source : William R. Polk, Consortium News, 28-08-2017 Traduit par les lecteurs du site les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source. Voir en ligne : Comment l’Histoire explique la crise coréenne, par William R. Polk |
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![]() La guerre de Corée débuta dans les faits le 25 juin 1950, mais bien évidemment avait commencé avant que les premiers coups de feu soient tirés. Et Syngman Rhee, et Kim Il-sung étaient déterminés à réunifier la Corée, chacun selon sa propre vision. Rhee avait officiellement mentionné la « nécessité » d’envahir le Nord pour réunifier la péninsule. Le gouvernement communiste n’avait pas besoin de faire des déclarations publiques, mais les événements sur le terrain avaient dû convaincre Kim Il-sung que la guerre avait déjà commencé. Sur la ligne de séparation, d’après un savant américain de Corée, le professeur John Merrill, de nombreux Coréens avaient déjà été blessés ou tués avant que la « guerre » n’ait commencé. ![]() soldats sud-coréens patrouillent parmi quelques-uns des milliers de prisonniers politiques tués à Taejon En ce mois de juillet 1950 document photographique des archives de l’armée américaine classé « top secret » à l’époque : des soldats sud-coréens patrouillent parmi quelques-uns des milliers de prisonniers politiques tués à Taejon, Corée du Sud, au début de la guerre de Corée L’événement qui semble avoir précipité la guerre à grande échelle a été la déclaration émanant du gouvernement de Syngman Rhee annonçant l’indépendance du Sud. Si elle s’était réalisée, comme Kim Il-sung l’avait clairement compris, elle aurait empêché la réunification. Il a considéré que c’était une déclaration de guerre. Il était prêt pour la guerre. Il avait profité de ses années au pouvoir pour bâtir une des plus grandes armées au monde, sachant que l’armée du Sud avait été saignée par les dirigeants du Sud. Kim Il-sung devait connaître en détail la corruption, la désorganisation et la faiblesse de l’administration Rhee. Comme l’a rapporté Max Hastings, journaliste anglais et chroniqueur sur la Corée, l’entourage de Rhee avait entrepris le pillage à grande échelle des fonds publics et des salaires. L’argent engagé par les bailleurs de fonds étrangers pour fonder un État moderne était détourné vers des comptes à l’étranger, des « soldats fantômes », l’équivalent militaire des Âmes mortes de Gogol, qui n’existaient que dans les comptes de l’armée, recevaient des soldes que les officiers supérieurs se mettaient dans les poches, tandis que les vrais soldats relativement peu nombreux n’étaient pas payés et n’avaient ni uniforme, ni armement, ni nourriture. Dit brutalement, Rhee a offert à Kim une occasion qu’il n’a pas pu refuser. Nous savons à ce jour, mais pas à l’époque, que Staline n’était pas favorable à une attaque du Nord, et n’y consentit que si la Chine, à l’époque un État communiste, en prenait la responsabilité. Ce que « responsabilité » signifiait réellement n’était pas clair, mais cela a suffi pour que Kim bascule vers la guerre. Il ordonna à son armée d’envahir le Sud. Traversant rapidement la ligne de démarcation, ses soldats se ruèrent vers le Sud. Beaucoup plus disciplinés et motivés, ils s’emparèrent de Séoul en trois jours, le 28 juin. Syngman Rhee décréta une lutte à mort, mais, en fait, lui et son premier cercle avaient déjà fui. Ils furent rapidement suivis par des milliers de soldats de l’armée du Sud. De nombreux soldats qui n’avaient pas déserté s’enfuirent au Nord. A l’initiative des États-Unis, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies — profitant de l’absence de la délégation soviétique — vota le 27 juin, c’est-à-dire juste avant la chute de Séoul, la création d’une force pour protéger le Sud. Quelques 23 pays conduits par les États-Unis fournirent environ trois millions de soldats pour défendre le Sud. Il y avait des pays comme la Thaïlande, le Sud-Vietnam et la Turquie avec leurs propres problèmes d’insurrection, mais la plupart des combats étaient livrés par les forces américaines. Ils étaient conduits au Sud et près de la péninsule coréenne par l’armée de Kim Il-sung. Les troupes américaines étaient mal équipées et presque toujours débordées en nombre. Le combat était acharné et les victimes nombreuses. A la fin du mois d’août, ils ne contrôlaient plus qu’un dixième de ce qu’était la République de Corée, seulement la province du Sud autour de la ville de Pusan. En analysant sagement le déséquilibre réel entre les forces du Sud soutenues par les Américains et les forces apparemment victorieuses commandées par Kim Il-sung, le dirigeant chinois Zhou Enlai demanda à son état-major ce que les Américains pouvaient être amenés à faire : négocier, battre en retraite ou tenter une contre-attaque depuis leur bastion de Pusan. L’état-major fit savoir que les Américains mobiliseraient certainement leur potentiel supérieur pour contre-attaquer. ![]() Des soldats nord-coréens gravement blessés gisent là où ils sont tombés et attendent l’examen médical des infirmiers de la Marine, qui accompagnent les Marines dans leur avancée. 15 septembre 1950 Pour se protéger des intrusions en Chine, Zhou convainquit ses alliés de déplacer des troupes plus au nord à la frontière sino-coréenne, et de même le gouvernement soviétique de fournir un appui aérien au Nord-Coréens. Ce qui était brillant, c’était que l’état-major de Zhou prédit exactement ce que les Américains feraient et où ils le feraient. Conduits par le général Douglas McArthur, les Américains lancèrent une contre-attaque habile et audacieuse. En arrivant à Inchon le 15 septembre, ils isolèrent le gros de l’armée du Nord de ses bases. L’opération fut un succès militaire remarquable. Mais, comme de nombreux succès militaires, il développa sa propre évolution. MacArthur, soutenu par le Secrétaire d’État Dean Acheson et le général George Marshall — et sous le commandement du Président Truman — décida de faire route vers le Nord pour mettre en place le projet d’unification de la Corée de Syngman Rhee. Au début de l’offensive le 25 septembre, les forces américaines reconquirent Séoul, détruisant pratiquement l’armée nord-coréenne encerclée et franchirent le 38e parallèle le 1er octobre. Sans rencontrer de réelle opposition, ils poussèrent vers le fleuve Yalou à la frontière chinoise. Cette offensive effraya à la fois les gouvernements soviétique et chinois qui craignaient que la vague de la victoire porte les Américains sur leurs territoires. En réponse, les Chinois utilisèrent un nouveau stratagème. Ils envoyèrent une immense force armée, environ 300 000 hommes pour arrêter les Américains mais, pour éviter au moins officiellement et directement une confrontation avec l’Amérique, ils la définirent comme un groupe de volontaires ne faisant pas partie des forces armées régulières — « l’Armée des Volontaires du Peuple Chinois ». Le 25 octobre, l’armée légère chinoise détruisit effectivement ce qui restait de l’armée sud-coréenne, et expulsa les Américains de Corée du Nord. Estomaqué par l’effondrement de ce qui semblait une victoire définitive, le Président Truman annonça l’état d’urgence, et le général McArthur sollicita l’utilisation de 50 bombes nucléaires pour arrêter les Chinois. Ce qui se serait passé alors est de la pure spéculation, mais ce qui arriva vraiment fut que McArthur fut remplacé par le général Mathew Ridegeway qui rétablit l’équilibre des forces conventionnelles. Tristement, la guerre continuait. Au cours de cette période et pour les deux années suivantes, l’armée de l’Air américaine a mené des bombardements massifs. Une partie était censée détruire la capacité chinoise et nord-coréenne de continuer à se battre, mais la Corée est un petit territoire et ce qui a commencé en « frappes chirurgicales » s’est transformé en tapis de bombes. (Un tel bombardement sera considéré comme un crime de guerre à partir du protocole I de 1977 des conventions de Genève.) Les attaques étaient démesurées. Environ 635.000 tonnes d’explosifs et d’armes chimiques ont été larguées — ce qui était bien plus que ce qui a été utilisé contre les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme l’a souligné l’historien Bruce Cumings, l’armée de l’Air des États-Unis a constaté que « trois ans de pluie et de ruines » avaient infligé des dégâts plus importants aux villes coréennes « que les villes allemandes et japonaises incendiées pendant la Seconde Guerre mondiale ». La capitale nord-coréenne Pyongyang a été rasée et le général Curtis LeMay pense que les bombardements américains ont causé la mort d’environ 20 pour cent — un sur cinq — des Nord-Coréens. |
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![]() Comment l’Histoire explique la crise coréenne Source : William R. Polk, Consortium News, 28-08-2017, traduit par lescrises.fr Mis en ligne par le site faire vivre Beaucoup d’Américains considèrent tout simplement la Corée du Nord et ses dirigeants comme « cinglés », mais l’Histoire, derrière la crise d’aujourd’hui, révèle une réalité plus complexe qui pourrait changer ces impressions simplistes, comme l’explique l’historien William R. Polk. Les États-Unis et la Corée du Nord sont proches d’un conflit qui, s’il débutait, conduirait presque certainement à un échange nucléaire. C’est l’opinion manifeste de la plupart des observateurs compétents. Ceux-ci ont des divergences sur les causes de cette confrontation ainsi que sur la taille, la portée et la puissance des armes qui pourraient être lancées, mais aucun ne peux douter qu’une confrontation nucléaire même « limitée » aurait des effets épouvantables sur une grande partie du monde, incluant les États-Unis. ![]() Une fillette coréenne porte son frère sur le dos, dépassant un char M-26 bloqué à Haengju, Corée, le 9 juin 1951 Donc, comment en sommes-nous arrivés là, que faisons-nous maintenant et que pourrions-nous faire pour éviter les très probables conséquences dévastatrices d’une guerre nucléaire même « limitée » ? Les médias regorgent de comptes rendus des dernières déclarations et événements, mais d’après mon expérience personnelle du cas le plus proche d’une catastrophe nucléaire, la crise des missiles cubains, et pour avoir étudié d’autres nombreux « moments critiques », j’ai appris que l’incapacité à apprécier l’arrière-plan et la séquence des événements rend incapable de comprendre le présent, et est donc susceptible de mener à des actes d’autodestruction. Avec cet avertissement à l’esprit, je raconterai dans la partie 1 comment nous et les Coréens en sommes arrivés là où nous sommes. Ensuite, dans la partie 2, j’aborderai la façon dont nous pourrions entrer en guerre, ce que cela signifie et ce que nous pouvons faire pour rester en vie. Durant la majeure partie de son histoire, la Corée s’est considérée comme l’élève de la Chine. Elle a emprunté au confucianisme chinois ses concepts de droit, ses canons d’art et sa méthode d’écriture. Pour cela, elle a généralement rendu hommage à l’empereur chinois. Avec le Japon, les relations étaient différentes. Équipé de l’arme de destruction massive de l’époque, le mousquet, le Japon a envahi la Corée en 1592 et l’a occupé avec plus d’un quart de million de soldats. Les Coréens, armés uniquement d’arcs et de flèches, ont été battus et soumis. Mais, en raison d’événements au Japon, en particulier la décision d’abandonner l’arme à feu, les Japonais se sont retirés en moins d’une décennie et ont quitté d’eux-mêmes la Corée. Officiellement unifiée en un seul royaume, la société coréenne était déjà partagée entre les Pouk-in ou « Peuple du Nord » et les Nam-in ou « Peuple du Sud ». L’importance de cette division dans la politique pratique n’est pas claire, mais elle a apparemment joué un rôle dans la lutte contre les tentatives de réforme et dans l’isolement du pays des influences extérieures. Elle a également affaibli le pays et facilité la seconde intrusion des Japonais. À la recherche de minerai de fer pour leur industrie naissante, ils ont « ouvert » le pays en 1876. Sur les traces japonaises sont venus les Américains qui ont établi des relations diplomatiques avec la cour coréenne en 1882. Les missionnaires américains, dont la plupart étaient également des marchands, ont suivi le drapeau. Le christianisme venait souvent sous le couvert du commerce. Les marchands missionnaires vivaient à l’écart des Coréens dans des villes de style américain, comme les Britanniques l’avaient fait en Inde au début du siècle. Ils rencontraient rarement les indigènes, sauf pour le commerce. Contrairement à leurs homologues au Moyen-Orient, les Américains n’étaient pas connus pour leurs « bonnes œuvres ». Ils ont consacré plus de temps à vendre de biens qu’à enseigner l’anglais, à exercer la médecine ou à faire du prosélytisme ; alors quand bien même les Coréens admiraient leurs marchandises, ils restaient en dehors d’une minorité, attachés aux mœurs confucéennes. La protection de la Chine C’est vers la Chine plus que vers l’Amérique que les Coréens se sont tournés pour se protéger du « soleil levant » japonais. Au fur et à mesure qu’ils devenaient plus puissants et commençaient leur expansion extérieure, les Japonais ont œuvré pour mettre fin à la relation entre la Corée et la Chine. En 1894, les Japonais ont envahi la Corée, capturé son roi et installé un gouvernement « ami ». Puis, comme une sorte de sous-produit de leur guerre de 1904-1905 avec la Russie, les Japonais ont pris le contrôle et, en accord avec les politiques de l’ensemble des gouvernements occidentaux, ils ont repris le « fardeau de l’homme blanc ». Les politiciens et les hommes d’État américains, dirigés par Théodore Roosevelt, ont trouvé à la fois inévitable et bénéfique que le Japon ait transformé la Corée en colonie. Durant les 35 années suivantes, les Japonais ont dominé la Corée tout comme les Britanniques ont dominé l’Inde et les Français ont régné sur l’Algérie. Si les Japonais étaient brutaux, comme ils l’étaient certainement, et exploiteurs, comme ils l’étaient aussi, les autres puissances coloniales faisaient de même. Et comme d’autres peuples colonisés, alors qu’ils s’éveillaient peu à peu à la politique, les Coréens ont commencé à réagir. Au fil du temps, ils ont vu les intrus japonais non pas comme les porteurs de le « fardeau de l’homme blanc » mais comme étant eux-mêmes le fardeau. Certains Coréens ont réagi en fuyant. Le plus connu parmi eux était Syngman Rhee. Converti au christianisme par les missionnaires américains, il est allé à l’Ouest. Après un parcours pénible d’exilé, les autorités militaires américaines l’ont autorisé, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à devenir le premier Président de la Corée (du Sud). Mais la plupart de ceux qui avaient fui les Japonais avaient trouvé asile en Mandchourie, influencée par la Russie. Le plus connu de ces exilés « orientaux », Kim Il-sung, a participé à la guérilla anti-japonaise et a rejoint le Parti communiste. Et pendant que Syngman Rhee arrivait dans le Sud contrôlé par les États-Unis, Kim Il-sung devenait le chef du Nord soutenu par les Soviétiques. Là, il a fondé la « dynastie » régnante dont son petit-fils Kim Jong-un est le leader actuel. Au cours des 35 années d’occupation japonaise, personne en Occident n’a accordé beaucoup d’attention à Syngman Rhee ou à ses espoirs pour l’avenir de la Corée, mais le gouvernement soviétique était plus attentif à Kim Il-sung. Alors que la Grande-Bretagne, la France et l’Amérique, toutes éloignées, n’avaient aucun rôle actif, l’Union soviétique proche, avec sa longue frontière avec le territoire détenu par le Japon, devait se préoccuper de la Corée. Ce n’est pas tant pour des considérations stratégiques ou suite à la perception d’un danger que la politique occidentale a évolué (et le consentement soviétique à celle-ci). Pour des raisons en partie sentimentales, l’Amérique a impulsé un changement dans le ton des relations avec le monde colonial pendant la Seconde Guerre mondiale ; entraînés par la nécessité d’apaiser l’Amérique, la Grande-Bretagne et la France ont accepté. C’est le reflux de la guerre, plus que tout plan préconçu, qui a placé la Corée dans le groupe très répandu et mal défini des nations « émergentes ». Héritier des rêves de Woodrow Wilson, Franklin Roosevelt a proclamé que les peuples coloniaux méritaient d’être libres. La Corée devait bénéficier de la grande libération de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, le 1er décembre 1943, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine (alors nationaliste) ont convenu lors de la Conférence du Caire d’appliquer les termes révolutionnaires de la Charte de l’Atlantique de 1941 : « Conscients de l’asservissement des peuples de Corée », Roosevelt et un Churchill réticent ont-il proclamé, ils « sont déterminés à ce que, en temps voulu, la Corée devienne libre et indépendante ». Lors de la conférence de San Francisco en avril-juin 1945, où les Nations Unies ont été fondées, la Corée a peu attiré l’attention, mais un vague arrangement était envisagé dans lequel la Corée serait soumise à une tutelle de quatre pouvoirs (américain, britannique, chinois et soviétique). Cette politique a ensuite été confirmée lors de la conférence de Potsdam le 26 juillet 1945 et a été acceptée par l’Union soviétique le 8 août quand elle a déclaré la guerre au Japon. Deux jours plus tard, les troupes russes se sont répandues dans la région du nord. Ce n’est que près d’un mois plus tard, le 8 septembre, que les premiers contingents de l’armée américaine sont arrivés. Edité le 23-09-2017 à 19:51:08 par Xuan |