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Xuan
J'ai déjà signalé l'article de l'Humanité Comment les gelées d'avril vont fragiliser l’agriculture française

On lit en particulier "Votée en 2018 par la majorité parlementaire, la loi EGAlim promise le 11 octobre 2017 par le président Macron de mettre en place « une construction du prix partant des coûts de production» n’a pas abouti à ce résultat, bien au contraire. Car les négociations annuelles sur les prix entre les distributeurs et leurs fournisseurs obéissent à un rapport de force dont les distributeurs peuvent sortir gagnant via le recours aux importations dans le seul but de faire baisser les prix de la production nationale de ces denrées périssables au départ de la ferme ."

Dans l'article Des gelées noires pour une année blanche :
Des mesures [celles de Castex] qui restent encore très floues, pour Christophe Claude, directeur de la coopérative fruitière Rhoda-Coop. «Ces annonces nous donnent de l’espoir, mais il ne faut pas oublier que l’ensemble de la filière va être touché», souligne-t-il. Rien que pour sa coopérative, c’est 500 saisonniers – souvent des étudiants – qui ne seront pas recrutés cet été.
Dans l’immédiat, les producteurs cherchent de quoi combler leur trésorerie. «C’est maintenant qu’on en a besoin, pas dans un ou deux ans» , insiste Aurélien Esprit. Chez cet arboriculteur drômois, les caisses sont vides. Sur sa quinzaine d’hectares à Pont-de-l’Isère, il a perdu plus de 80 % de sa production. Un épisode qui se répète puisque ses fruits avaient déjà été victimes du gel, l’année dernière, et des orages de grêle, en juin 2019. Sans compter que, cette année, il n’a pas pu s’assurer contre les risques climatiques. «Les assureurs font la moyenne de la production des trois dernières saisons. Avec ce calcul, ils ne m’auraient assuré qu’une tonne par hectare, alors que j’en produis 20 par hectare» , explique-t-il, découragé.


On voit que les saisonniers sont durement frappés et privés de revenu sans aucun recours.
Egalement une des raisons pour lesquelles des agriculteurs évitent de s'assurer systématiquement, alors que les catastrophes se répètent sur plusieurs années.

Enfin «Individuellement, on ne peut pas faire grand-chose, si ce n’est de trouver des pansements quand c’est possible» , indique le coporte-parole de la Confédération paysanne en Ardèche, Pierre-Yves Maret. Pour lui, ce n’est pas tant un changement de technique qui est nécessaire qu’une transformation générale: relocaliser la production, limiter la consommation de tout ce qui émet des gaz à effet de serre, avoir une agriculture plus vertueuse avec moins d’intrants polluants… «tout ça, on le sait. Maintenant, la solution est entre les mains des pouvoirs publics» , conclut l’agriculteur .
Pas un mot sur les profits ni sur les assurances. Il ressort que le découragement politique et l'abandon sont à la clé.

La conclusion de l'article ne donne aucune perspective :
Les pouvoirs publics, eux, assurent «poursuivre et amplifier des actions structurelles vis-à-vis de l’ensemble de l’économie» , comme l’a souligné Jean Castex, samedi. Le premier ministre a évoqué la nouvelle Politique agricole commune, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2022, ou encore la loi «climat et résilience» , actuellement en débat à l’Assemblée. Deux gros morceaux très actuels qui pourraient, en effet, changer les choses. À condition de vraiment pousser pour un changement des pratiques agricoles.

Voilà un vibrant appel à la lutte contre la grande distribution.

L'Humanité n'appartient plus au PCF, mais pour ce dernier, Fabien Roussel n'a pas fait de déclaration fracassante.


Edité le 13-04-2021 à 16:17:32 par Xuan


Xuan
Gel et floraison précoce


Pour donner un exemple sur trois variétés de cerisiers : burlat, reverchon et summit, on voit que sur les deux premiers la quasi totalité des fleurs a grillé et a disparu.
Le summit qui est plus tardif reste fleuri mais 50 % des fleurs ont grillé. Des fleurs en formation sont encore en place.
Ce qui signifie comme je l'indiquais dans le chapeau d'introduction que c'est la floraison et la germination précoces qui sont à l'origine des dégâts, c'est-à-dire le réchauffement global, et non le gel qui est ponctuel.

L'exemple est local mais une très grande partie des vergers français a été touchée par l'épisode de gel, qui a concerné presque toutes les régions, y compris la côté ouest et les vergers de Normandie, ce qui me paraît quand même exceptionnel.
De surcroît ces gelées se sont répétées et se reproduisent encore ces jours-ci.
Météo france y compris la météo agricole avaient annoncé des gels de - 1° à - 3° au plus.
En fait la température est tombée à - 4° ou - 5° dans la Drôme, mais parfois jusqu'à -20°.
Même des feuilles de platanes déjà apparues ont été brûlées.
Les chaufferettes installées par les agriculteurs n'ont pratiquement servi à rien. J'ai constaté que sur des abricotiers équipés des chaufferettes les fruits naissants sont mous et tordus.
La répétition des gels nocturnes fait que la vente des bougies vient en rupture de stock et subit maintenant une hausse des prix.

Les traitements et les préventions contre le gel, la sécheresse ou la grêle constituent un chapitre important des dépenses.
Par exemple des prédateurs ou des maladies sont apparus depuis plusieurs années, comme la sharka des abricotiers, qui provoque des nécroses profondes imprégnées de gomme dans les fruits, ainsi que dans d'autres cultivars du type prunus. Des cultures d'abricotiers ont été entièrement éradiquées dans les régions productrices, et remplacées par du blé, du tournesol, du maïs.
On observe depuis quelques années une invasion de mouches de la cerise. Elles pondent très tôt dans les fruits, puis se développent à l'intérieur en ne laissant qu'une piqûre d'épingle en surface. Mais le fruit est immangeable. Les pièges à phéromones (comme le phosphate diammonique) n'en éliminent qu'une partie.
Dans bien des cas on constate que ces désordres sont liés à la destruction de l'écosystème, où les oiseaux ne sont plus là pour chasser les insectes.

Il faut prendre en compte ce que le régime de "calamité agricole" peut apporter aux producteurs :
Le Fonds des calamités agricoles est alimenté par une taxe de 5,5% sur les assurances obligatoires. Cette cotisation est plafonnée à 60 millions d'euros par an et l'Etat complète avec des subventions à hauteur des besoins en cas de sinistres climatiques importants.
Il importe de savoir s'il sera versé aux agriculteurs non assurés.
Beaucoup d'entre eux y ont renoncé. La raison est simple, les assureurs ne sont pas des philanthropes. L'assurance n'a pas pour but d'aider les paysans mais de faire du profit sur leur dos.
Castex a déclaré lors d'une visite en Ardèche qu'il compte "utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges", "réunir les banquiers, les assureurs et l'ensemble des acteurs qui vont pouvoir être mobilisés" .
Il est clair là encore que la crise servira à accroître les profits du capitalisme financier et non à sauver les agriculteurs dont l'endettement va exploser.

Mais encore une fois il s'agit d'une production à forte intensité de main-d'œuvre. Les producteurs exploitants n'embauchent personne si la récolte est estimée à 20 % parce que les coûts de main d'œuvre, l'entretien, les traitements, etc. leur reviennent plus cher que les tarifs imposés par la grande distribution.

Ou celle-ci importera des fruits, ou bien c'est le consommateur qui devra s'en passer.
Là aussi on mesure les profits engrangés par l'industrie agricole et la grande distribution.

__________________


A titre indicatif la déclaration de la Confédération Paysanne. La "solidarité inter filières" me paraît un doux rêve. Les profits de la grande distribution ou de la transformation sont prélevés sur la plus value de producteurs, et si une "solidarité" est affichée elle sera purement symbolique. Mais en fait la solidarité annoncée sera celle de toute la population.
On peut calculer que les suicides se produiront plus fréquemment qu'un jour sur deux.
:

Gel : accompagner rapidement les urgences pour n’oublier personne


La Confédération paysanne a participé ce matin à la réunion organisée en urgence par le Ministre de l'agriculture et de l'alimentation suite aux épisodes de gel qui ont très fortement impacté les vignes et les productions arboricoles. Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne a exprimé notre soutien et notre mobilisation envers toutes les paysannes et paysans impactés.
Si le Ministre a déclenché la procédure de calamité agricole, la gravité de la situation exige aussi des mesures d'urgence plus simples, plus rapides et accessibles à toutes et tous, notamment en termes d'avance de trésorerie. Il en va de la survie des productrices et producteurs qui ont perdu des mois de travail et d'investissement.
Le désarroi des paysan.nes face à ce nouvel épisode de gel, qui est pour certains le 3éme en quatre ans, montre une nouvelle fois l'insuffisance du système actuel d'indemnisation des événements climatiques de plus en plus graves et de plus en plus fréquents. Le Ministre de l'agriculture a d'ailleurs lui même reconnu ce matin que le système actuel – calamités agricoles et assurances privées – n'était pas efficient à court comme à moyen terme.

Alors qu'une réunion opérationnelle doit avoir lieu lundi prochain avec les filières, les banques et les assurances, la Confédération paysanne juge urgent de faire jouer la solidarité inter et intra filières et que le Ministre les pousse fortement en ce sens. A moyen et à plus long terme, c'est ce principe de solidarité qui doit désormais prévaloir dans la gestion des risques climatiques. C'est le sens de la proposition de la Confédération paysanne d'un fonds mutuel et solidaire. Ce fonds serait doté par une solidarité entre les différentes productions et au sein des filières - interprofessions, fournisseurs d'agroéquipements et d'intrants, transformateurs et grande distribution - parce que la production agricole bénéficie à toute la chaîne alimentaire !


Edité le 13-04-2021 à 14:16:50 par Xuan


Xuan
Comment le changement climatique aigrit la récolte 2020 des vignerons français


AFP https://www.thelocal.fr/20200815/climate-change-sours-french-winemakers-bitter-harvest/
news@thelocal.fr
@thelocalfrance
15 August 2020
09:04 CEST

2020 a déjà été une année à oublier pour les vignobles, car la crise corona a entraîné une chute des ventes. Désormais, des conditions météorologiques défavorables menacent de ruiner la récolte.
Juste au moment où il semblait que l'année ne pouvait pas être plus horrible pour les vignerons français, elle a empiré.
Avec les verrouillages de coronavirus faisant chuter les ventes, certains ont dû transformer leur stock invendu en désinfectant alcoolique pour les mains.

C'est d'autant plus déprimant que 2019 a été un millésime dans de nombreuses régions viticoles du pays.

Mais 2020 a également mis en évidence le spectre rampant du changement climatique, car les vignerons ont été contraints de commencer à cueillir leurs raisins début août dans certaines parties du sud de la France - un mois entier en avance sur la norme il y a deux générations.

Les premiers signes ne sont pas bons, avec une maigre récolte criblée de moisissure par temps à l'envers.
Dans certains vignobles, il ne reste pratiquement plus de raisins à cueillir.
La vallée de l'Agly, en amont de Rivesaltes, le village qui donne son nom au célèbre vin fortifié, est la plus ensoleillée de France, avec 300 jours de soleil par an.

Cueillette la nuit pour éviter la chaleur

Pourtant, même ici, ils n'ont pas vu une année comme celle-ci avec des vendangeurs travaillant sous des températures fulgurantes approchant les 40 degrés centigrades (104 Fahrenheit).
Les agriculteurs ont été contraints de récolter à la machine la nuit ou de cueillir à la main à l'aube pour garder les raisins à leur meilleur frais.
«C'est la première fois que je vois quelque chose comme ça, et je travaille dans les vignes depuis mes 17 ans» , confie à l'AFP Jean-Marie Dereu, 68 ans, dans ses champs à 40 kilomètres de la frontière espagnole.

«Quand j'étais jeune, nous avons commencé la récolte en septembre.»
Cette année, tout a commencé le 5 août.
«Nous avons eu tellement de pluie au printemps, qui a été catastrophique, et en été, les vignes ont été dévastées par le mildiou.
«Normalement, la brise marine de Tramontane souffle et sèche les vignes mais cette année il n'y avait pas de vent. Et maintenant, c'est presque une sécheresse », a déclaré Dereu, qui travaille sept jours sur sept malgré son âge.
«Cette année, nous allons certainement perdre de l'argent», a-t-il ajouté en montant sur son tracteur.
Le gouvernement français affirme que le changement climatique est presque certainement à blâmer.
Le ministère de l'Environnement a déclaré que «en moyenne, les récoltes en France ont lieu 18 jours plus tôt qu'il y a 40 ans».
Il s'agissait d'un «marqueur clair du réchauffement climatique», a-t-il ajouté.

`` Les raisins espagnols pousseront au Royaume-Uni ''

Dans son laboratoire de Rivesaltes, l'œnologue Anne Tixier s'inquiète de la manière «dérangeante» dont la hausse des températures affecte la production viticole en testant le jus de raisin pressé directement du vignoble.
«Nous allons finir par cultiver des cépages espagnols en Angleterre» si cela continue, a-t-elle déclaré en dégustant les premiers petits raisins muscat de 2020 avec leurs notes distinctives de citron.
«Nous surveillons les récoltes plus tôt depuis 30 ans», a ajouté Tixier.
«Nous ne pouvons plus nier le changement climatique. Il faut penser à l'avenir, peut-être en utilisant d'autres variétés ou hybrides pour s'adapter »au réchauffement climatique.

Pierre Ruel, dont les vignes se trouvent dans le village voisin de Salses-le-Château, est toujours passionné par le vin qu'il produit mais admet qu'il «serait plus rentable de vendre mes vignes que de les travailler».
Dereu veut prendre sa retraite mais «personne dans ma famille ne veut le prendre. Les jeunes préfèrent travailler derrière un bureau plutôt que de devoir faire un dur labeur physique », soupira-t-il.

_____________________


Le sud de la France va grésiller, selon une nouvelle étude sur le changement climatique


Publié le: 02/02/2021 - 08:57 https://www.france24.com/en/france/20210202-southern-france-set-to-sizzle-says-new-climate-change-study

Cette maison de rêve du sud de la France sur laquelle tant de gens fantasment va devenir inconfortablement chaude dans les décennies à venir, selon de nouvelles projections sur le changement climatique publiées lundi par le service météorologique national du pays.

Même si l'humanité parvient à réduire modestement les émissions de gaz à effet de serre - ce qui jusqu'à présent ne s'est produit que lors d'une pandémie qui fait rage ou d'une récession mondiale - France dans son ensemble est en passe de se réchauffer de près de trois degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels d'ici 2070 environ. , A déclaré Meteo France dans un rapport.

Et si la pollution par le carbone se poursuit sans relâche, les températures annuelles moyennes à travers le pays, d'ici la fin du siècle, grimperont de 4,5 ° C au-delà de ce seuil.

C'est à la limite d'un monde invivable, comme l'ont montré une série d'études climatiques.

Avec un peu plus de 1 ° C de réchauffement jusqu'à présent, la planète a connu un crescendo brutal dans des conditions météorologiques extrêmes mortelles, y compris des vagues de chaleur et des méga-tempêtes rendues plus destructrices par la montée des mers.

Le traité de Paris sur le climat de 2015 s'est fixé comme objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 ° C et à 1,5 ° C si possible.

Les modèles climatiques antérieurs prévoyaient que la France et le bassin méditerranéen seraient particulièrement touchés par les vagues de chaleur et la baisse des précipitations, et cette réalité a commencé à mordre.

À l'été 2019, les températures dans la pittoresque région viticole au nord de la ville côtière de Montpellier ont atteint 46 ° C, un record national. Paris n'était plus fraîche que de quelques degrés.

Plus de canicules, moins de neige

Cette vague de chaleur et d'autres "étaient une conséquence directe du changement climatique", a déclaré Virginie Schwarz, PDG de Météo France dans un communiqué.
"Toutes les observations faites à travers la planète confirment une accélération sans précédent du changement climatique."

Le rapport de 100 pages a examiné comment trois différents scénarios de pollution par le carbone pourraient façonner l'avenir climatique de la France: une réduction drastique de la pollution par le carbone associée à l'élimination à grande échelle du CO2 de l'air; une montée en puissance imprudente de l'utilisation des combustibles fossiles qui a provoqué le problème au départ; et un chemin quelque part entre ces extrêmes de plus en plus improbables.
Les climatologues de Météo France, en première ligne de la climatologie mondiale, ont également zoomé avec une résolution inédite de 10 kilomètres carrés, permettant de distinguer les micro-régions climatiques.
Les projections mondiales, en revanche, divisent la planète en morceaux de 10 à 15 fois cette taille.
Le scénario d'émissions de gaz à effet de serre à mi-chemin, connu sous le nom de RCP4.5, verra 10 à 15 jours supplémentaires de chaleur extrême par an vers la fin du siècle. Les périodes de sécheresse augmenteront d'environ 30 pour cent.

Dans le pire des cas - que les scientifiques ne peuvent exclure - le sud de la France pourrait connaître un ou deux mois de vagues de chaleur continues d'ici 2100.
Huit jours consécutifs de températures supérieures à 40 ° C en 2003 ont causé au moins 15 000 décès liés à la chaleur en France, en particulier chez les personnes âgées.
Le nouveau rapport indique que les régions de haute montagne connaîtront la hausse la plus spectaculaire des températures, jusqu'à 6 ° C ou 7 ° C au-dessus des niveaux au début de ce siècle.
Même dans les projections RCP4.5 moins désastreuses, le nombre de jours avec au moins un demi-mètre de neige fraîche diminuera de moitié dans les Pyrénées et les Alpes du Sud, raccourcissant les saisons de ski dans les deux chaînes de montagnes.


Edité le 13-04-2021 à 14:10:36 par Xuan


Xuan
Le changement climatique et la destruction des récoltes


Il faut garder à l'esprit que ces articles concernent les propriétaires exploitants. Nous devons penser aussi que les saisonniers des vignobles et des vergers sont les premières victimes. Notamment les étudiants pauvres.

Trois articles sur le sujet - ils concernent l'élévation des températures et on pourrait se demander en quoi le gel observé début avril peut y être lié.
En fait le gel n'est pas anormal, ce qui l'est c'est la floraison et le bourgeonnement précoces dus à des températures trop élevées dans la première semaine d'avril.


____________


Le vin français peut-il survivre au fiasco du changement climatique?
https://www.rfi.fr/en/france/20190923-wine-france-climate-change-future-winegrowers-drought-heatwave

Publié le: 23/09/2019 - 17:35
Texte par:
Alison Hird

Les vignerons du sud de la France ont ressenti le plein effet du changement climatique en juin lorsque des températures record de 46 ° C ont brûlé leurs vignes, réduisant de moitié leur récolte.

Les producteurs de la région Languedoc travaillent avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) pour trouver des moyens de s'adapter à un climat plus chaud, plus sec et plus imprévisible afin de survivre.

«Cette année a très bien commencé, beaucoup de floraison, on pensait que la cuve serait très pleine», raconte le vigneron Robin Williamson, se baladant en jus dans ses caves du Domaine de Saumarez .

Lui et son épouse Liz cultivent du vin à Murviel-lès-Montpellier depuis 16 ans. Ils exploitent 14 hectares et produisent entre 30 000 et 40 000 bouteilles de vin biologique chaque année.

Ils s'attendaient à ce que cette année soit la même chose. Mais le 28 juin, tout a changé.
«Nous avons atteint 46 ° C, c'était un truc qui faisait vraiment fondre les yeux.»
Passant devant les vignes le lendemain, il a remarqué qu'elles s'étaient ratatinées et que «les grappes s'étaient également envolées».
En seulement deux jours, ils ont perdu au moins 50 pour cent de leur rendement.
Les vignes les plus touchées étaient celles qu'elles avaient traitées avec du soufre, un moyen naturel de se protéger contre un champignon appelé oïdium. C'était "une chose classique à faire", dit Williamson. Mais "la combinaison du soufre et de la chaleur a accentué les dégâts".

Les Williamson exportent vers plusieurs pays européens et vers les États-Unis, alors perdre cette activité aurait eu des conséquences désastreuses. Les autorités régionales ont pris la mesure exceptionnelle de permettre aux vignerons affectés par la chaleur d'acheter des raisins à d'autres producteurs.

«Nous avons acheté environ 4 000 litres de jus ou de raisins biologiques, ce qui nous aidera à obtenir jusqu'à 80 pour cent de ce que nous produisons sur une année moyenne. Bien sûr, c'est un peu un coup sur notre flux de trésorerie, mais à long terme, nous devons le faire.

`` Je ne suis pas sûr d'avoir toujours foi en ce que je fais ''

Joel Anthérieu , un autre vigneron bien établi à Murviel, estime qu'il a également perdu la moitié de sa récolte cette année à cause de la chaleur. En tant que vigneron bio, il vendrait normalement ses raisins à la main mais cette année, il utilise une machine pour récolter les raisins plus rapidement et surtout réduire les coûts.

«La machine vous fera un hectare en deux heures», dit-il en désignant une machine à vendanger bleu vif. «À la main, vous auriez besoin de 15 personnes à 10 euros de l'heure, pendant huit heures. C'est un peu plus de 800 euros. La machine vous coûte 350. Vous faites le calcul! "

Anthérieu est issu d'une famille viticole. Il y a 16 ans, il a hérité de deux hectares de vignes de son arrière-grand-père et a créé l'entreprise avec sa femme. Il dispose désormais de 21 hectares.
Ses vins ont remporté des prix lors de foires aux vins bio, mais il n'a pas confiance en l'avenir.

«En 2003 [la dernière grande vague de chaleur], ce genre de temps était l'exception, mais depuis 2017, le changement climatique va plus vite», dit-il, attrapant quelques mûres fanées d'une haie voisine à titre d'illustration.
«Nous avons cinq fois plus de terres que mon arrière-grand-père et pourtant nous produisons la même quantité que lui. Je ne suis pas sûr d'avoir toujours confiance en ce que je fais. Ce n'est pas facile de travailler pour rien.

Vins moins acides, plus alcoolisés

En parcourant les vignobles à flanc de coteau à Murviel-lès-Montpellier le sol est dur, l'herbe s'est transformée en paille.
«Je ne me souviens plus de la dernière fois qu'il a plu, peut-être quelques gouttes en avril», explique Jean-Marc Touzard, économiste au programme Vins et climat de l'INRA (Laccave) et qui habite le village depuis 20 ans.

Le changement climatique n'a pas seulement affecté le rendement, dit-il, il a un impact sur le vin lui-même.
«La teneur en alcool augmente, maintenant les vins contiennent en moyenne plus de 14 ° d'alcool. De plus, l'acidité commence à diminuer et vous savez que l'acidité du vin est très importante, elle vous donne de la fraîcheur. Les vignerons doivent donc travailler dur pour maintenir cet équilibre entre acidité, alcool et arôme.

Sangliers, incendies de forêt: les impacts indirects du changement climatique

Nous traversons une partie du vignoble de Williamson, près des ruines des murs de pierre romains qui ont donné son nom à Murviel («vieux mur»).
Touzard pointe du doigt des excréments secs sur le sol, parsemés de ce qui ressemble à des pépins de raisin rouges. "Un sanglier!" conclut-il.
«Avec la chaleur et la sécheresse, les sangliers cherchent de l'eau, des fruits, qu'ils ne trouvent plus dans la nature», explique-t-il. "Les vignerons peuvent perdre plus de 10 pour cent de leur récolte."
Il me montre des clôtures métalliques que Williamson a installées pour empêcher les sangliers d'entrer. «C'est un coût supplémentaire.»

Le changement climatique signifie également plus d'incendies de forêt qui peuvent finir par donner au jus de raisin un arôme de fumée.

«Si vous avez un feu dans les vignobles voisins, le raisin peut absorber l'odeur de la fumée, donc cela affecte vraiment votre vin et sa qualité.
«C'est un problème bien connu en Californie et en Afrique du Sud», poursuit Touzard, «et certains de mes collègues travaillent sur la question de savoir comment éviter ce risque, comment protéger le raisin et comment corriger l'arôme fumé après les vendanges. "

La voie à suivre

Contrairement aux plaines basses qui peuvent être irriguées pour contrer une grave sécheresse, acheminer l'eau du Rhône jusqu'aux vignobles à flanc de colline de Murviel serait coûteux.

Les huit vignerons du village doivent trouver d'autres moyens de s'adapter à la sécheresse et à la chaleur.
«Il n'y a pas de solution magique», dit Touzard mais il cite augmenter la qualité des vins et augmenter les prix en conséquence, améliorer la fertilité du sol et trouver de nouveaux cépages plus robustes.

Un autre vigneron local, Régis Sudre, a opté pour l'option d'amélioration des sols.

Il s'inspire des méthodes agricoles qu'il a vues de première main en Amérique centrale et du Sud où les agriculteurs travaillent le moins possible la terre, permettant à la nature de suivre son cours.
Il prévoit "d'apporter d'énormes quantités de matière organique pour nourrir le sol, augmenter la vie dans le sol et le rendre plus robuste. De cette façon, vous amortissez les effets du changement climatique", explique-t-il.
«Tapisser le sol avec un mélange de bois et de feuilles peut être très utile pour maintenir l'humidité du sol [...] alors la nature fait le reste: le champignon, les bactéries et les vers reviennent. Vous créez un cercle vertueux qui ramène le carbone au sol.

À la recherche de cépages mieux adaptés à l'étranger

Robin Williamson cherche également à améliorer la fertilité du sol "afin que nos vignes aient tôt le matin beaucoup de feuillage qui puisse protéger les raisins". Et pourtant, s'il y avait eu plus de canopée sur les vignes l'année dernière, elles auraient été pénalisées.

«Comme il y avait une énorme quantité d'eau pendant la saison de croissance l'année dernière, si vous aviez beaucoup de feuillage, vous avez beaucoup plus de maladies. Il n'y a pas de régularité maintenant dans la saison de croissance. C'est l'une de ces choses que vous devez en tant qu'agriculteur s'adapter à."

Il n'y a manifestement pas de solution universelle, mais Williamson souhaite expérimenter des cépages différents, plus robustes, autres que les cépages traditionnels languedociens comme la syrah, le carignan, le grenache, le mourvèdre.

Le fait qu'il ait déménagé du Royaume-Uni en France il y a 16 ans lui donne une certaine liberté.
«Nous sommes de l'extérieur de la région, donc nous ne pensons pas 'attendre une minute, nous devons nous en tenir aux variétés traditionnelles'. Je n'ai pas de problème à apporter des choses de l'extérieur. "

Il avait déjà planté le raisin sanjiovese d'Italie à titre expérimental et avait constaté qu'il s'en tirait bien pendant les températures torrides de la fin juin.

Maintenant, il cherche à présenter liatiko et assyrtiko de Grèce.

«L'avantage de ces variétés est qu'elles n'ont pas besoin de beaucoup d'eau, c'est donc ce que nous recherchons: des variétés qui garderont leur acidité, ce qui est certainement ce que fait assyrtiko, et aussi la liatiko. Je pense que le seul problème pourrait être avec le public français, essayant de lui faire prononcer les noms correctement.

Les leçons de l'INRA

Le maintien des niveaux d'acidité est vital pour l'avenir des vins du Languedoc.
Les recherches menées par l'INRA et l'Institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux suggèrent que les consommateurs ne sont pas friands de vins de plus en plus corsés.

«Lors de la première dégustation, le panel de consommateurs a plutôt bien accepté des vins plus alcoolisés et plus complexes, plus corsés», explique Nathalie Ollat, responsable du programme INRA vins et climat à Bordeaux. "Mais quand ils ont goûté une deuxième fois quelques jours plus tard, ils se sont ennuyés, il y avait trop d'alcool. Cela signifie donc que les gens ne l'achèteront probablement plus."

Des chercheurs de l'INRA ont développé un procédé électromembranaire pour acidifier le vin. Il est disponible à l'échelle industrielle et peut donc ne pas convenir aux vignerons de Murviel et est moins appétissant pour les agriculteurs biologiques.

L'institut de recherche a également développé ses propres variétés plus résistantes aux maladies telles que le vidoc, l'artaban, le floréal et le voltis, en utilisant des techniques de fertilisation croisée. Et l'identification récente de la séquence génomique d'un porte-greffe de vigne devrait accélérer le développement de nouvelles variétés sensibles à la sécheresse.

Les données recueillies par l'INRA montrent également que si le rendement peut être en baisse dans le sud de la France, dans les régions du nord, les raisins mûriront mieux et de nouvelles régions comme la Bretagne ou les comtés du sud-est du Royaume-Uni pourraient commencer à produire du vin, voire davantage.

Cela signifie-t-il que l'avenir de la France en tant que premier pays producteur de vin est menacé?

"Non", dit Jean-Marc Touzard, "je suis sûr que l'industrie vinicole française aura un bel avenir car il y a tellement de diversité dans le vin en France et les producteurs de vin sont très créatifs, travaillant avec des chercheurs sur des solutions."

Si c'était trop facile, tout le monde le ferait

Pour Robin Williamson, l'innovation est la clé de l'avenir et il y a des leçons à tirer de chaque revers.
«Nous tenons le coup, nous sommes définitivement là pour le long terme. Je pense que si c'était trop facile, tout le monde le ferait. Tout le monde sait que faire du vin est un travail difficile. Et cela nous a fait réfléchir, ce qui est une bonne chose. "
Il écarte la perspective que le sud de l'Angleterre devienne la nouvelle Bourgogne.
«J'ai laissé l'Angleterre derrière moi, et je pense que le Languedoc est un endroit qui s'est également montré extrêmement adaptable. Il y avait autrefois un lac de vin venant du Languedoc, et il y a encore beaucoup de vin venant du Languedoc mais la qualité est très bonne. Je pense que le Languedoc sera probablement l'un des endroits où l'adaptation au changement climatique se fera en premier. Nous sommes en fait à l'avant-garde ici. "

L'avenir, cependant, dépendra de la maîtrise du changement climatique. «Il faut stabiliser le climat après 2050», prévient Jean-Marc Touzard, «pour respecter les objectifs de la Cop21 de maintenir le réchauffement climatique à 2 ° C. Si c'est comme d'habitude, le scénario Trump, je ne peux pas imaginer comment l'avenir de vin pourrait être. "

Ce reportage a été réalisé pour le podcast Spotlight on France



Edité le 13-04-2021 à 08:17:49 par Xuan


 
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