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pzorba75
Moraliser avec les Verts c'est un peu vite oublier le sens moral des Cohn-Bandit, des Baupin et autre traître de Rugy. Les leaders des verts sont des ambitieux, prêts à tout pour obtenir et conserver quelques bonnes places bien payées avec des combats pour stériliser le milieu vivant.
Xuan
Un article paru sur Marianne. L'orientation de Jadot ressemble à la campagne électorale de Macron :


Européennes : le vert ne fait pas tout


Publié le 29/05/2019 à 16:30
Aurélien Bernier

Aurélien Bernier est essayiste. Il a publié publié plusieurs ouvrages dont Comment la mondialisation a tué l'écologie (Mille et une nuits, 2012), La gauche radicale et ses tabous : pourquoi le Front de gauche échoue face au Front national (Seuil, 2014) et plus récemment La démondialisation ou le chaos (Utopia, octobre 2016).
L'essayiste Aurélien Bernier décortique le positionnement des Verts en France et dans le reste de l'Union européenne. D'après lui, leurs ambiguïtés à l'égard du libéralisme et du libre-échange les condamnent à l'impuissance.


Avec 13,47 % des suffrages exprimés, Europe Écologie-Les Verts a réalisé un bon score aux élections européennes du 26 mai. Ce ne sont pas les 15 % souhaités par la tête de liste Yannick Jadot en amont du scrutin, mais c'est un chiffre bien supérieur aux sondages, qui tous plaçaient la liste Europe Écologie sous les 10 %. Plus spectaculaire encore est le succès des Verts allemands, les Grünen : les 20,53 % qu'ils obtiennent représentent plus du double des voix totalisées en 2014. En Finlande, la Ligue verte atteint 15,90 % des suffrages exprimés (contre 9,33 % en 2014) et en Irlande, le Green Party passe de moins de 5 % à 15 %. C'est essentiellement la forte mobilisation de la jeunesse et des classes moyennes intellectualisées, en écho aux marches et aux grèves pour le climat, qui explique cette progression.

L'ancrage "à gauche" des Verts a toujours été, dans les faits, un ancrage à la social-démocratie.

Alors que dans la rue, les manifestants appellent à "changer le système, pas le climat" , les verts européens sont pourtant plus que jamais positionnés au centre de l'échiquier politique. Depuis les tout débuts de l'écologie politique, la question se pose aux partis de cette mouvance : faut-il revendiquer une approche "ni droite ni gauche", un ancrage au sein de la gauche de transformation ou bien (ce qui est très différent) de la social-démocratie ?

Pour ce qui est de la gauche de transformation, la chose semble entendue. Les écologistes les plus à gauche, comme Jutta Ditfurth en Allemagne ou Martine Billard en France ont quitté le mouvement vert, laissant la place aux modérés. Pour ces derniers, la gauche de transformation est plutôt infréquentable. Les nouveaux dirigeants verts français se sont maintes fois déchaînés contre le Front de gauche puis la France insoumise. Ils critiquent tantôt l'attachement de ces formations aux régimes progressistes d'Amérique latine, tantôt leur positionnement sur la Russie, ou encore le côté "soviétique" de la planification écologique voulue par Jean-Luc Mélenchon.

Dans l'actuel contexte de débâcle de la social-démocratie, les verts, qui ne souhaitaient pas être entraînés dans la chute, ont logiquement opté pour un réalignement "ni droite ni gauche".

L'ancrage "à gauche" des Verts a toujours été, dans les faits, un ancrage à la social-démocratie. Leur participation à la "gauche plurielle" en France de 1997 à 2002 est venue (tout comme celle du PCF de Robert Hue d'ailleurs) cautionner les nombreuses privatisations opérées par le gouvernement Jospin, ainsi que les somptueux avantages accordés aux actionnaires. En Allemagne, les Grünen comptent trois ministres au gouvernement lorsque le social-démocrate Gerhard Schröder fait adopter (à partir de 2003) les lois Hartz de dérégulation du marché du travail. En France à nouveau, des ministres verts sont présents au sein des deux premiers gouvernements Hollande, de 2012 à 2014.

Vote EELV aux européennes : les jeunes boostent à nouveau la vague du moment
Dans l'actuel contexte de débâcle de la social-démocratie, les verts, qui ne souhaitaient pas être entraînés dans la chute, ont logiquement opté pour un réalignement "ni droite ni gauche". "L'écologie politique n'est pas à marier" affirmait Antoine Waechter en 1986 dans sa motion majoritaire, alors que l'Assemblée nationale basculait à droite. Un discours réhabilité par Yannick Jadot et ses colistiers aujourd'hui. "Nous sommes les porte-parole d'une société écologiste en Europe et en France qui n'est ni de droite ni de gauche" , assure l'eurodéputée Karima Delli au magazine Le Point.

Mais ces déclarations d'"indépendance" cachent une tout autre réalité : les écologistes ont besoin d'alliances aussi bien au niveau local que national et européen. En Belgique, le coprésident des verts wallons Jean-Marc Nollet s'y dit prêt, au niveau fédéral, à "une coalition avec l'ensemble des partis en dehors de la N-VA [l'extrême-droite]". En Allemagne, les Grünen vont jusqu'à former des "coalitions noires-vertes" avec la droite, comme celle en place dans la région de Bade-Wurtemberg depuis 2016. Au parlement européen de Strasbourg, les verts disent vouloir être « pragmatiques », c'est-à-dire travailler tant avec la droite qu'avec les sociaux-démocrates.

En réponse à cette demande sociale, les partis verts ne portent aucune véritable rupture.

BALLE AU CENTRE

Le "ni-ni" de Yannick Jadot ou des Grünen n'est donc pas un "ni droite ni gauche". C'est un "en même temps" .
Ni totalement arrimé à la social-démocratie, ni totalement arrimé à la droite, le mouvement vert européen se réserve la possibilité de choisir la meilleure alliance en fonction des pays, des circonstances, et d'en changer si besoin. Bien qu'il s'en défende souvent, il s'aligne de fait sur les politiques libérales conduites aussi bien par les droites européennes (traditionnelles comme la CDU ou rénovées comme la République en marche) que par les forces dites socialistes. Des politiques qui n'offrent comme perspective que l'avènement d'un capitalisme "vert", dont l'un des grands ambassadeurs en Allemagne n'est autre que Joschka Fischer, ancien ministre fédéral et vice-chancelier, écologiste… et aujourd'hui conseiller des multinationales BMW, Siemens ou RWE.

La "vague verte" de mai 2019 est un marqueur parmi d'autres de la montée des enjeux écologiques dans le débat public. La reprise de revendications écologistes par les gilets jaunes en est un autre, plus fort encore car il traduit une préoccupation nouvelle des classes populaires qui ne s'exprime pas dans les urnes. Mais en réponse à cette demande sociale, les partis verts ne portent aucune véritable rupture.
Ni avec l'Union européenne, qu'ils rêvent comme beaucoup d'autres de changer de l'intérieur, ni avec l'ordre économique, qu'ils rêvent en fait de moraliser.
C'est précisément ce refus de la cohérence qui mène l'écologie politique de victoires européennes ou locales en défaites nationales.
Et, plus grave, c'est ce refus de l'affrontement avec les grandes puissances financières qui explique l'échec environnemental de l'écologie politique : malgré plusieurs décennies de "verdissement" du capitalisme, jamais les indicateurs n'ont été aussi rouges.


Edité le 09-06-2019 à 20:46:37 par Xuan


Xuan
Cet article déjà mis en ligne reparaît sur le site revolution. Il retrace le parcours de courants et de combats écologistes et leur récupération par la bourgeoisie.

AMÈRE VICTOIRE DE L’ÉCOLOGISME

vendredi 4 décembre 2015, par visiteur (Date de rédaction antérieure : 10 mars 2010).


Texte de 1988



Ville artificiellement isolée, par un dôme de plexiglass,
de la pollution généralisée au monde entier


Dans un monde qui n’a pas été essentiellement transformé, l’écologisme a réussi. Cette victoire se retourne contre l’écologisme, qui n’attendait rien que du renversement de l’ordre social dominant.

Ainsi, avec Brice Lalonde, l’écologisme obtint un ministère. L’écologisme ayant réussi dans le capitalisme, a donc réussi à se vendre. Un pot catalytique coûte cher, la viande "garantie sans hormone" aussi, etc… L’écologisme ne se vend pas seulement au sens où il est devenu un label publicitaire permettant de vendre plus cher, mais aussi et peut-être surtout au sens où les écologistes se vendent au pouvoir : Brice Lalonde, à ma connaissance, est le premier à avoir montré l’exemple : à Malville, en 77, il y avait une gigantesque manifestation-occupation contre le surgénérateur ; 100 000 personnes se battaient très durement contre les bandes armées du pouvoir ; on a parlé de guerre civile ; devinez qui réussit à disperser la manif et comment il s’y prit ? ce fut Brice Lalonde, en nous faisant croire qu’on avait gagné. Pour sa récompense, il a obtenu un ministère… de l’environnement (ce qui pourrait prêter à sourire si l’on n’était pas capable, en généralisant, de deviner que puisqu’on est nommé à un ministère de l’environnement après avoir prouvé sa capacité à vaincre un mouvement favorable à l’environnement, il en va de même pour tous les postes politiques "importants", comme le ministère à la condition féminine, le ministère du SIDA — pardon, de la santé —, etc…). Son exemple fut suivi par bien d’autres écologistes qui acceptèrent d’être élus, c’est-à-dire de gérer les nuisances écologiques nécessairement produites par le capital ; et même le groupe "Robin des bois" s’est vendu.

Après Dumont en 74, Waechter se réjouit de l’augmentation du prix de l’essence. D’après eux, seuls les riches ont le droit de consommer. Dans quel camp sont-ils ?

Bombard est un naïf : il crut pouvoir faire quelque chose pour l’écologie en entrant au premier gouvernement socialiste en 81. Mais c’est un gentil : quelques semaines plus tard il est reparti complètement écoeuré. Il y a environ 20 ans, il passa à la télé. Il était sur un frêle esquif avec une boite de conserve ouverte et vide. Il disait approximativement : « Voyez, comme il y a quelques années, je vais essayer de me nourrir en ramassant du plancton à la surface de la mer ». Il fait le geste d’écumer l’eau de mer avec sa boite. "Regardez, dit-il, je verse dans ma main ce que j’ai obtenu : il n’y a que des matières grasses, pétrolifères,… de la pollution. Non seulement le plancton, poumon de la mer, et base de la pyramide écologique de celle-ci, est détruit, mais encore, comment voulez-vous que l’eau s’évapore, sous cette couche grasse qui flotte sur elle. Nous sommes sur la partie de l’océan atlantique censée approvisionner le Sahel en eau. Si l’eau ne peut s’évaporer, elle ne peut non plus former de nuages que le vent aurait transporté jusqu’au Sahel où il aurait plu".

Évidemment, aujourd’hui le spectacle prétend que s’il ne pleut pas au Sahel, c’est de la faute à la déforestation, et il en accuse les populations locales. Il dit que l’évaporation des forêts complète les nuages et les retient jusqu’à ce qu’il pleuve. C’est vrai, mais comme de toute façon il n’y a plus de nuages… c’est avant tout pour ça qu’il ne pleut pas. C’est pour ça que la végétation disparaît, notamment la forêt. Il faut tout de même signaler que la forêt disparaît aussi parce que les bois exotiques se vendent très cher. Mais ils sont exploités par le capital, pas par les populations locales, qui, elles, ne coupent que du bois mort pour cuire les aliments.

Comme la pollution des mers augmente en même temps que la pollution en général, et les diverses marées noires n’y sont pas pour rien, les dessalages des bateaux en pleine mer non plus, l’eau s’évapore de moins en moins et le désert gagne du terrain. Maintenant, l’absence de pluie gagne même la fRANCE ; où il y a pourtant des forêts (les promoteurs immobiliers ne les ont pas encore toutes brûlées). Donc la thèse de la déforestation ne tient pas, même si la déforestation n’arrange rien.

C’est le capital qui, en polluant les mers, empêche l’évaporation de l’eau. C’est lui qui en crée la pénurie. Et le peu d’eau qui nous reste, il la pollue. Tout en continuant, mais cette fois-ci consciemment, à produire cette catastrophe écologique, la pénurie d’eau potable, le capital compte désormais en tirer profit, comme de tout ce qu’il produit. Il pense arriver à nous vendre très cher de l’eau qu’il a dépolluée (parait-il ; mais reste-t-elle "vivante" ?) après l’avoir accumulée derrière de nouveaux barrages qui sont en soit de nouvelles catastrophes écologiques.

Si nous ne le détruisons pas, nous pouvons compter sur le capital pour que cet exemple se généralise. Il cherchera à faire du profit avec tous les désastres (écologiques ou non) qu’il aura créés ; et en en créant de nouveaux pour soit-disant contrer les anciens, et de plus en plus graves ; ainsi pourra se continuer le cycle profit -> désastre -> profit -> désastre ; cycle que le capital n’aura aucun intérêt à stopper, puisque dorénavant, c’est l’accumulation des catastrophes qui permettra l’essentiel de l’accumulation du capital. Ces deux expressions sont en train de devenir synonymes, et à la vitesse grand V. À tel point qu’on peut dire que le capital, c’est la catastrophe (et pas seulement écologique).

Le pouvoir finira par nous mettre un "gouvernement" à label écologiste afin que nous cessions de râler. 10 ans plus tard, nous nous rendrons compte que les choses n’ont fait qu’empirer encore plus vite qu’avant. Parce que sous prétexte que le "gouvernement" était "écologiste", nous n’avons pas fait attention, pas développé de rapport de force sur ce sujet — C’est exactement ce qui se passe en ce moment à propos de l’exploitation de l’individu par l’individu sous un "gouvernement" à label socialiste —. Alors, nous nous rendrons compte que nous ne pouvons compter que sur nous même pour nous sauver. Mais ce sera peut-être trop tard.

Les riches, eux, pourront toujours se faire construire des niches écologiques protégées de la pollution par des bulles de plexiglass, comme celles qu’ils sont en train d’étudier soit-disant "Pour que des hommes puissent vivre dans les conditions défavorables de la lune ou de Mars". Là-dedans, il n’y aura pas assez de place pour tout le monde, pas même pour la main d’oeuvre qui les aura construites. Mais bien sûr, les spécialistes de l’écologie, étant indispensables à la mise au point et à l’entretien des bulles de plexiglass "écologiques", seront les bienvenus. C’est ça, la victoire des écologistes. Et même si les plus honnêtes d’entre eux ne le savent pas encore, le lecteur, lui, a compris dans quel camp ils sont.

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