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Xuan
Deux questions historiques et actuelles pour les communistes rompre avec le capitalisme, construire le socialisme

DANIELLE BLEITRACH 7 AOÛT 2021TEXTES FONDAMENTAUX
https://histoireetsociete.com/2021/08/07/deux-questions-historiques-et-actuelles-pour-les-communistes-rompre-avec-le-capitalisme-construire-le-socialisme/


Pierre-Alain Millet intervient toujours pour tirer le processus le plus loin possible et il le fait à travers une lecture attentive du dernier livre de Jean-Claude Delaunay, toutes choses qui correspondent aux choix de ce blog qui a lui aussi choisi de prendre du champ avec la campagne au jour le jour de Fabien Roussel, pour mieux tenter de rester sur le but, le socialisme et la nécessité d’un parti communiste. Cet article correspond totalement à nos choix éditoriaux et politiques. Non l’exaspération face à Macron ne suffit pas elle peut même être fort mauvaise conseillère comme d’habitude et plus encore quand nous sommes confrontés à des enjeux historiques qui posent la question du socialisme comme la pandémie. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société

Jeudi 5 août 2021, par pam,


Le dernier livre de Jean-claude Delaunay “rompre avec le capitalisme, construire le socialisme” est sorti en pleine crise sanitaire, en août 2020. Je ne l’ai lu que cet été, un an plus tard… J’invite tous les communistes à ne pas prendre plus de retard pour découvrir cette contribution qui aidera grandement à leurs efforts pour construire une candidature communiste utile à notre peuple, c’est à dire qui aide à répondre enfin à deux questions sur lesquelles bute tout le mouvement social et progressiste depuis des décennies, avec dureté et souffrance ces dernières années
- pourquoi et en quoi rompre avec le capitalisme ?
- pourquoi et comment construire une autre société ?

Le titre de ce livre est parfaitement choisi !
- Oui, il faut rompre avec le capitalisme, et pas seulement avec tel ou tel de ses effets ou apparences. On sent bien l’exaspération d’une partie du peuple face à Macron, mais on sait aussi d’expérience que l’exaspération contre Sarkozy qui montait partout en 2010 a produit le vote Hollande contre la finance… L’exaspération sur les effets du capitalisme ne suffit pas à construire un rapport de forces pour permettre une véritable rupture avec ce système injuste mais dirigé par de grandes forces économiques et sociales…
- Oui, il faut construire le socialisme ! Certes, le mot est tabou au PCF depuis des années, et ce silence sur ce qui définissait notre projet de société cache de plus en plus mal l’ambiguïté sur notre projet qui ne nous permet pas de reconquérir le monde du travail et les milieux populaires. Car voulons-nous seulement une “gestion de gauche” du système ? le communisme que nous voulons est-il “déjà-là” et suffit-il de le faire grandir ? Voulons-nous simplement revenir au projet du conseil national de la résistance ? ou au programme commun de l’union de la gauche ? En quoi notre projet de société est radicalement différent de ce qu’on connait ? Et le plus difficile tellement les communistes ont été habitués à se détacher de leur histoire, notre projet de société a-t-il quelque chose à voir avec l’histoire du mouvement communiste, l’URSS, Cuba, la Chine…? Et comment concevons-nous alors notre projet de société ? avec un marché capitaliste ? un capitalisme d’état ? un communisme sans plus aucun capitalisme ? un “marché socialiste” comme l’évoque ce livre ?

Jean-claude Delaunay nous donne des clés pour répondre à ces questions. Si son livre a une ambition bien plus profonde que la seule campagne des présidentielles, je suis convaincu qu’il peut armer de manière décisive les communistes pour transformer le lancement réussi de la campagne de Fabien Roussel en mouvement de masse pour exiger de rompre avec le capitalisme et pour construire le socialisme.

J’ai trouvé dans ce livre des réponses compréhensibles par tous à des questions qui secouent les idées communistes depuis longtemps. Il est un outil militant accessible pourvu que des communistes prennent le temps de lectures communes, de débats et de travail en lien avec leurs actions politiques, comme cela a commencé sur ce site [1].
Le livre fait certes près de 300 pages, mais il propose un résumé de 9 pages et chacun des 7 chapitres se termine aussi par un résumé court. Des réunions de communistes pourraient utilement commencer par la lecture commune d’un résumé de chapitre pour ouvrir une discussion surtout si l’un d’eux a déjà lu le livre et se prépare pour essayer d’apporter les réponses du livre aux questions du débat [2].

Ce livre me semble utile en effet à la fois pour répondre à des questions très actuelles, et pour reprendre le fil d’une réflexion marxiste des communistes que les années de “mutation” a fortement affaibli.

Le capitalisme est-il historiquement fini ?
D’abord pourquoi disons-nous (disions-nous !) que le capitalisme ne pouvait durer et serait remplacé par le socialisme ? Visiblement, les 50 dernières années ont plutôt montré l’incroyable dynamique du capitalisme, dans la violence et l’injustice certes, mais quand André Gérin écrivait en 2004 son livre “Et si le capitalisme avait fait son temps ?”, c’était en mode interrogatif ! Il appelait avec raison les utopistes à se lever, car après la chute de l’URSS, les multiples actions militaires des USA, la mondialisation apparemment triomphante, qui pouvait croire à son abolition annoncée en 1848 par le manifeste du parti communiste ?

Ce n’est pas (seulement) une question d’histoire pour les communistes, c’est une question très actuelle ! Avec les milliards des “plans de relance” en UE comme aux US, l’agressivité diplomatique, commerciale, technologique des USA pour reprendre la main sur la Chine, on a plutôt le sentiment que le capitalisme est sûr de lui et tient les manettes ! D’ailleurs, certains disent que la Chine ne serait qu’un autre capitalisme… bref, que ce système est indépassable… Et les défaites sociales et politiques de ces dernières années en France ne font que conforter ce sentiment populaire profond au cœur de l’abstention…

Jean-Claude Delaunay commence son livre par une analyse du capitalisme par grandes phases, quatre premiers chapitres montrant comment l’histoire du capitalisme répond à une logique profonde, du premier stade du capitalisme conduisant aux guerres mondiales, au développement du rôle de l’état après guerre dans la concurrence avec le socialisme pour devenir le “capitalisme monopoliste d’état” avant que la crise des années 60 ne conduise à une contre-offensive qui s’appuiera sur la défaite de l’URSS et sur la mondialisation. La logique derrière ces grandes ruptures est celle que Marx avait caractérisée dans le capital comme les deux lois de ce système, l’accumulation et la baisse tendancielle du taux de profit. Si j’ose un résumé militant, tout capitaliste veut devenir toujours plus gros, donc investit tant qu’il peut, mais plus il investit plus il a du mal à maintenir son taux de profit, et comme chaque capitaliste ne s’occupe que de son propre intérêt, il est prêt à tout pour être le gagnant, ce qui fait qu’au total, le système accumule de plus en plus et a de plus en plus de mal à en tirer suffisamment de profit… c’est pourquoi “le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage”, car il faut périodiquement détruire suffisamment de capital pour retrouver un taux de profit suffisamment alléchant [3].

Le livre propose d’identifier une phase nouvelle initiée dans la crise des années 60 et liée à ce qu’on a appelé la “contre-offensive de l’impérialisme” après la défaite retentissante des USA au Vietnam en 1975, la grande peur des bourgeoisies devant le niveau des luttes sociales en 1968, mais aussi les leçons de la réussite du coup d’état au Chili installant le modèle libéral qui allait se généraliser.

Pour cela, JCD résume les lois du capitalisme dans l’expression de “sur-accumulation durable du capital”, qui synthétise la loi de l’accumulation et la baisse tendancielle du taux de profit. Il caractérise alors les différentes phases du capitalisme. D’abord l’investissement privé qui produit l’industrialisation et le colonialisme jusqu’au partage du monde dans les guerres, avec l’apothéose de la première guerre mondiale. Mais l’énorme destruction de capital de cette grande guerre ne résout pas le problème et la crise frappe encore plus fort en 1929 dans le contexte en plus de l’existence de l’URSS ce qui produit le nazisme et la seconde guerre mondiale dont le capitalisme se relève dans l’affrontement mondial avec le socialisme conforté et les indépendances nationales.

Le capital fait alors le choix de l’intervention massive des états, du plan Marshall au gaullisme pour apporter l’activité qui permet de soutenir le taux de profit pour les capitalistes. Cela fonctionne un temps, mais Georges Marchais pointait dans un article célèbre la crise et notamment la baisse du taux de profit dès 1971.

Jean-Claude Delaunay propose de caractériser la transformation du capitalisme après les “trente glorieuses” comme le choix de rompre avec l’état investisseur militaire et d’infrastructures et de lancer la course à la mondialisation pour chercher des taux de profits élevés dans les pays à faible coût… Il l’appelle le “capitalisme monopoliste financier” qui assure un développement fantastique des pays du sud tout en détruisant massivement du capital dans les pays développés, et permet une nouvelle phase de développement capitaliste sur lequel s’appuie… la Chine pour assurer son propre développement.

Mais là aussi, ce modèle entre en crise dès le début des années 2000 et notamment avec la grande crise de 2008. La désindustrialisation au nord produit des populations pauvres qui ne peuvent consommer que par une dette qui finit par exploser notamment aux USA, et la sur-accumulation durable reprend, parce-que le capitalisme est incapable de planifier globalement son développement. Il n’est “régulé” que par la concurrence entre les investisseurs. Le développement de “la finance” permet aux investisseurs de réduire leur risque individuels, pour ceux qui peuvent être du bon coté, mais sans inverser la tendance durable à la sur-accumulation.

Ajoutons (le livre n’en tient pas encore vraiment compte) que la réponse capitaliste à la crise de 2020 va se traduire par une accélération des efforts des capitalistes pour maintenir leur taux de profit individuel en faisant payer les états. On sait tous que les peuples vont payer à la fin ! Mais le livre nous aide à comprendre que c’est toujours la même incapacité du capitalisme à résister à la “sur-accumulation durable” qui en fait un système en crise d’autant plus forte que le niveau de sur-accumulation est élevé et donc que le “coût” d’une destruction massive de capital devient historiquement “too big to fail”, comme le disent les banquiers. Les cubains disent souvent “le socialisme ou la mort”, trop souvent compris comme un slogan désespéré, alors que c’est au contraire le refus de la mort que ne peut que provoquer le capitalisme destructeur.

La conclusion est claire. Bien sûr, les capitalistes se battent avec tous les moyens, y compris la guerre, pour maintenir leur pouvoir et leur taux de profit, mais ils sont incapables d’éviter la sur-accumulation durable de capital et donc les crises. Donc oui, le capitalisme est mortel à condition que des forces sociales suffisantes décident de rompre franchement avec la classe sociale qui dirige le capitalisme, la grande bourgeoisie !

JCD conclut le dernier chapitre sur le capitalisme en affirmant ainsi :

La fin de l’impérialisme est l’objectif de l’heure. Cela ne veut pas dire la fin du capitalisme qui survira ici et là. Cela veut dire la fin de la domination du capitalisme sur le monde.

Le système capitaliste apparaît de plus en plus clairement aujourd’hui comme étant un système de socialisation des pertes qu’il engendre et de privatisations des gains que les travailleurs lui procurent. Ces derniers ont à se convaincre dans leur masse que le socialisme est un système de socialisation des gains procurés par le travail et de réduction jusqu’à leur annulation des pertes engendrées par le capitalisme.


Évidemment, il faut lire le livre qui construit une argumentation rigoureuse à la fois sur l’équilibre global de chaque phase du capitalisme, mais aussi sur la place du marché et donc des marchandises, prenant en compte le développement des marchandises financières et proposant de différencier le marché capitaliste et le marché socialiste. Il s’interroge alors sur ce que deviennent les marchandises quand on s’attaque au capitalisme. Cela nous donne un angle d’attaque nouveau de questions très actuelles sur la société de consommation et donc sur la réponse aux besoin sociaux, qui pour lui est au cœur justement de la construction d’une autre société. C’est un enjeu essentiel dans un monde politique où dominent les idées de la sobriété, voire de la pauvreté choisie…

Qu’est-ce que ça veut dire de construire le socialisme ?
C’est là que le livre répond à la deuxième question, quelle société autre que le capitalisme ? La réponse est devant nous dans le monde et la connaissance de la Chine de Jean-Claude Delaunay qui y vit depuis des années lui permet de montrer que ce qui gagne dans la crise actuelle du “capitalisme monopoliste financier”, c’est le socialisme…. JCD fait un choix clair, le socialisme pour caractériser le projet d’une autre société, et pour cela il reprend la discussion sur ce qu’est le socialisme par rapport au communisme. Le PCF de la mutation des années 2000 avait rejeté le socialisme en considérant que la seule “visée” pertinente était le “communisme” lui-même, ce qui conduisait de manière surprenante à considérer que la “révolution” n’était plus nécessaire car le communisme étant le mouvement, il suffisait de le faire grandir… La violence du capitalisme du XXième siècle a évidemment refroidi ces idées du “communisme déjà là” et le 38eme congrès du PCF a réouvert le débat sans réutiliser pourtant le terme de socialisme.

JCD s’inscrit clairement dans le choix du socialisme comme une société de transition en rupture avec le capitalisme qui ne doit plus “diriger le monde”. C’est le cadre nouveau dans lequel on peut engager la construction d’une société radicalement différente, le communisme avec un mode de production qui mette fin à toute exploitation et qui finisse par supprimer tout marché capitaliste, ce qui prendra du temps, mais pas une éternité dit JCD. Ce qui est sûr, c’est que personne ne construira de communisme dans une société capitaliste, c’est à dire dirigée par les oligarchies capitalistes !

Si en 1900, une autre société que le capitalisme relevait de l’utopie, personne ne peut croire que nous sommes dans la même situation en 2021 ! On ne peut pas faire l’autruche sur ce qu’ont été l’URSS, les pays de l’Est, la Yougoslavie, sur ce qu’est Cuba, tout comme on ne peut pas ignorer que des communistes dirigent le plus grand pays du monde devenu une puissance équivalente aux USA au plan économique, même si elle en est très loin au plan militaire.

La première leçon de l’histoire du socialisme, ce sont les grandes différences entre toutes les expériences socialistes, du passé comme du présent. C’est ce qui conduit JCD à considérer que s’il faut parler du socialisme comme transition entre capitalisme et communisme, il faut aussi parler des socialismes, au pluriel, pour caractériser différentes situations liées aux différents pays, aux différentes modèles économiques au moment de la rupture avec le capitalisme [4]. On sait que les marxistes jusqu’en 1917 considéraient que le socialisme arriverait dans un pays très développé. Or, il s’est construit dans des pays avec une classe ouvrière encore très faible, et dans le cas de la Chine dans un pays très peu développé et très massivement paysan. Cela conduit JCD à tenter de caractériser deux types de socialismes, un socialisme du développement et un socialisme de la maturité.

JCD insiste sur une différentiation essentielle des sociétés, la rareté ou l’abondance. Chacun comprend qu’une société qui connait encore la grande famine a comme premier objectif le développement agricole pour nourrir la population. C’était le cas de la Chine socialiste naissante. Mais elle doit aussi pour cela construire une industrie… ne serait-ce que pour augmenter la productivité agricole. Et la leçon de l’histoire du socialisme est bien qu’une période de développement accéléré a besoin du marché avec des investisseurs privés, donc du “capitalisme”, de la NEP de Lénine, au 6eme congrès des communistes cubains introduisant les commerces privés, et bien sûr avec le “marché socialiste” chinois. JCD resitue ce débat avec une citation utile de 1952 de Staline dans “Les problèmes économiques du socialisme en URSS” qui considère que l’économie soviétique “reste fortement marqué par la production marchande”. Certains opposent le socialisme chinois faisant place au marché, au socialisme stalinien dont le refus du marché après le NEP serait l’origine de son “autoritarisme” et la source de son échec [5]. D’autres à l’inverse considèrent le socialisme chinois comme un “capitalisme d’état” autoritaire, oubliant que l’union européenne qui ne se trompe jamais en matière de marché capitaliste a justement refusé en 2016 de reconnaître la Chine comme une “économie de marché” ! JCD en conclut que les capitalistes ne peuvent pas accepter l’idée d’un marché socialiste, car cela signifie la fin du capitalisme !

JCD propose une définition du socialisme qui permet de tenir compte des diversités de socialismes existants, URSS et Chine compris.

D’abord tenant compte que le socialisme ne peut pas supprimer le marché d’un coup de baguette magique, il y a nécessairement du marché dans le socialisme, tout le problème étant que ce ne doit pas être un marché capitaliste servant le besoin de profits des capitalistes, mais un marché socialiste dirigé pour répondre aux besoins populaires. Ce qui conduit JCD a affirmer la nécessité de ce que les Chinois nomment la “dictature démocratique du peuple”, une formule plus riche que la “dictature du prolétariat”, ce qui sera l’objet du dernier chapitre du livre.
La réponse aux besoins populaires selon le développement des forces productives. C’est un sujet de débat des communistes russes sur les causes de la défaite soviétique. D’un coté, ils considèrent que l’envie populaire d’un monde de consommation à l’occidentale n’était pas réaliste au niveau de développement soviétique, mais aussi que la pression militaire conduisait à détourner les capacités productives de la réponse aux besoins. C’est sans doute le premier défi de tout socialisme, répondre aux besoins populaires. Cuba est un bon exemple qui ne peut évidemment pas assurer un niveau de vie à l’occidentale, mais qui assure la santé, l’éducation, le sport, la musique, et qui se bat pour construire une indépendance alimentaire qui est un défi gigantesque dans une petite île sous blocus US !
Le “guidage” économique par le taux de profit moyen dans la société, c’est à dire que ce n’est plus le profit individuel qui décide seul des investissements, mais la planification globale qui doit notamment fixer la part des investissements et de la consommation donc des salaires, enjeu essentiel d’une politique économique socialiste.
Le socialisme se construit dans une nation. C’est bien sûr un fait historique, mais c’est surtout pour JCD une exigence pour que la réponse aux besoins populaires et les choix économiques soient bien le choix d’un peuple acteur. Il faut lire les arguments détaillés de JCD qui montre que la mondialisation technologique et industrielle ne remet pas en cause au contraire la nécessité du cadre national. On voit bien par exemple en France que sans bataille nationale pour la réindustrialisation, il n’y a pas de réponse possibles aux besoins populaires !
les services collectifs au cœur de la production socialiste moderne, dans un socialisme de la maturité dont les infrastructures sont déjà développées [6]
les forces productives humaines dominent les forces productives matérielles. C’est un aspect très actuel pour la France après toutes les lois capitalistes qui précarisent et soumettent le travail aux capitalistes et à leurs investissements. Les communistes doivent absolument lire ces quelques pages qui montrent la logique capitaliste de la précarité du travail et la réponse socialiste de la stabilité des qualifications.
Le socialisme est une société favorable à l’environnement. Si les premières phases de développement de la Chine n’ont pas tenu compte de l’impact environnemental, la Chine est devenue un pays en pointe pour l’action pour le climat et la biodiversité. [7]. JCD donne trois raisons de l’avantage du socialisme pour l’écologie, la réponse aux besoins populaires comme seul objectif, la place de l’état pour mettre en œuvre réellement les décisions pour l’environnement, quitte à s’opposer aux intérêts marchands justement, enfin sans doute le plus important, l’idée que la réponse aux besoins n’est pas qu’individuelle, mais aussi collective ce qui conduit à l’idée d’une “valeur d’usage social” qui conduit par exemple à prioriser le transport en commun sur le véhicule individuel.
Ces définitions éclairent en quoi le programme commun de gouvernement nous plaçait dans une impasse que l’histoire a confirmée, et pour tous ceux qui veulent tirer les leçons de l’échec de l’union de la gauche, c’est une idée fondamentale.

Le programme commun fut une construction économique et politique qui prolongeait et étendait le capitalisme monopoliste d’état de l’après-guerre. Il augmentait le nombre et l’ampleur des nationalisations. Il énonçait tout un ensemble de principes novateurs de gestion de la société, de fonctionnement de ses institutions et pourtant il a échoué.

Cette solution n’avait pas les moyens économiques et politiques de son aboutissement. Elle reposait sur l’illusion d’une dynamique qui ne pouvait être que tendanciellement socialiste.

Un socialisme en transition vers le communisme
Dans le 6eme chapitre, JCD esquisse une classification des socialismes selon le niveau de développement qui doit atteindre “une société d’abondance” condition du communisme. Il précise le rôle de l’état, des entreprises, de l’impôt, des échanges extérieurs. Il décrit de manière convaincante le processus qui permet au socialisme de combattre la sur-accumulation durable du capital que ne pouvait inverser le capitalisme et d’être ainsi réellement une société de transition vers le communisme. Une dimension intéressante et très actuelle pour lui est que ce processus repose sur plus de sciences et de technologies pour que l’investissement soit de plus en plus productif et ainsi pouvoir être réduit tout en développant le travail et la réponse aux besoins.

avec le socialisme, le travail de tous est mis au service de tous. Il reste ensuite à mettre en œuvre les mécanismes conduisant à ce qu’existe une certaine équivalence entre ce que chacun donne à la société et reçoit de la société. Cela dit, au fur et à mesure que se développe la productivité du travail, la liaison entre ce que chacune reçoit et donne perd de son importance pratique.

L’économie de marché socialiste, ce n’est donc pas une économie de marché capitaliste qui serait guidée et dirigée à l’aide d’une “trique” socialiste. C’est l’amorce profondément contradictoire d’une forme de production accomplissant le dépassement partiel de la valeur marchande, préparant ainsi son dépassement total et le dépassement complet du marché.

Démocratie bourgeoise et démocratie populaire
Dans son dernier chapitre, JCD aborde de front une notion historique du marxisme que le PCF avait abandonnée en 1976, la célèbre dictature du prolétariat, et il le fait en montrant le lien étroit entre la démocratie bourgeoisie et la production marchande capitaliste. La démocratie à l’occidentale, c’est la séparation entre l’espace politique, où tout citoyen est supposé égal, et le monde économique où domine la surbordination du salarié au capitaliste. Seuls les bourgeois peuvent ainsi faire le lien entre politique et économie et le lobbying en est l’expression !

C’est une question décisive à plusieurs titres
- d’abord le niveau d’abstention populaire porte une véritable crise de légitimité de la démocratie électorale occidentale. Les repères qui donnaient du sens à un “parti pris” politique dans les batailles électorales ont disparu, tout le monde peut dire à peu près n’importe quoi de gauche et de droite, y compris l’extrême-droite, et les électeurs qui restent sont de plus en plus sensibles à des campagnes médiatiques de type publicitaires mettant en avant les personnes et les “narratifs” des communicants au détriment de toute référence sociale.
- ensuite le socialisme a été dans la bataille idéologique associé à la dictature, et c’est une des raisons qui ont conduit les communistes dans les années 70 à chercher comment affirmer leur choix de la liberté en abandonnant le mot “dictature”. Mais ils n’ont pas dit comment alors imposer à la bourgeoisie des réformes qui la mettent en cause ! Peut-on espérer que les grandes oligarchies respectent le choix majoritaire ? Ils ont montré en 2005 qu’ils avaient tous les moyens pour imposer leur choix, et le coup d’état chilien en 1973 avait montré jusqu’où une bourgeoisie est prête à aller.
- enfin, personne ne peut espérer qu’un changement de société radical se fasse dans le consensus et donc qu’il devra faire face à des oppositions, y compris au sein du peuple, et aussi bien sûr au plan international ! Ferons-nous comme Tsipras en Grèce devant renier le vote populaire ? Mais alors, comment imposer la volonté majoritaire populaire à des minorités organisées, financées et acceptant la violence ?

A l’évidence, il faut affirmer que la volonté populaire majoritaire doit être respectée et que le système politique doit avoir les moyens de le faire. C’est pourquoi une démocratie populaire ne peut séparer politique et économie. JCD propose de lier deux dimensions, la place du monde du travail qui doit devenir réellement dirigeant pour orienter la transformation socialiste, et la place du peuple qui doit devenir acteur dans les contradictions qu’utiliseront les forces capitalistes toujours présentes.

C’est peut-être la contribution la plus forte de ce livre en nous aidant à dépasser la contradiction entre rupture avec le capitalisme et démocratie sur laquelle le PCF a buté depuis les années 70.

conclusion
J’espère que Jean-claude ne me fera pas trop de reproches de cette lecture très partielle, mais l’objectif est vraiment de pousser les communistes qui cherchent comment être utiles à notre peuple divisé par les crises successives et notamment cette crise du COVID à se coltiner collectivement à ces deux questions décisives, rompre avec le capitalisme et construire le socialisme. C’est un défi pour proposer en 2022 quelque chose de radicalement nouveau aux abstentionnistes du monde du travail et des quartiers populaires… Je propose à Jean-Claude de publier un fascicule avec le résumé de chaque chapitre et le résumé du livre comme support de formation à la disposition des communistes. Et peut-être pourrait-il enregistrer une courte vidéo par chapitre pour aider à l’organisation pratique ?
Xuan
Le Manifeste aujourd'hui


Il est intéressant de relire le Manifeste et de comparer avec la réalité actuelle du capitalisme.

La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.


On peut se poser des questions sur le prolétariat. Déjà la définition étendue au salariat mérite quelques débats. La notion de « classe ouvrière du manœuvre à l’ingénieur » avait conduit à de graves dérives révisionnistes, en plaçant aux postes de commande des organisations ouvrières des cadres institutionnels du capitalisme.

Historiquement, l’impérialisme a engendré une aristocratie ouvrière, puis à partir des guerres du pétrole, les délocalisations et la désindustrialisation ont réduit l’importance numérique de la classe ouvrière et ruiné des bassins d’emploi, comprenant non seulement les ouvriers mais aussi tous les commerces et PME environnantes. De cette sorte la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat s’est partiellement déportée vers les usines du monde ; des classes intermédiaires ont pris de l’ampleur et elles ont fait émerger une idéologie de la soumission et de la collaboration réformiste, ou d’un révolutionnarisme chimérique. Mais l’essor des pays colonisés aiguise de nouveau les contradictions au sein des pays impérialistes. Régulièrement des dizaines de milliers de professions libérales et de petits propriétaires sont précipités dans le salariat. Les travailleurs et les retraités pauvres sont apparus, ils se sont retrouvés dans les rangs des gilets jaunes. Peu à peu la classe ouvrière devra se reconstituer, reformer sa conscience de classe et reprendre sa place dirigeante dans la révolution

La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu'elle ne soit pas, quant au fond, une lutte nationale, en revêt cependant tout d'abord la forme. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie.
Cette question est aussi l’objet d’une controverse apparue avec l’Union Européenne. Faut-il sortir d’abord de ce cadre ou bien renverser d’abord la bourgeoisie française ?
Marx observe que la lutte pour l’indépendance nationale est la première forme de la révolution prolétarienne, c’est ce qui s’est produit lors de la Commune de Paris. Mais elle a échoué faute de n’avoir pas d’abord renversé la bourgeoisie française. Un frexit qui ne reposerait pas sur la prise du pouvoir et l’éviction de la classe bourgeoise serait ainsi voué à l’échec.

Les conditions bourgeoises de production et d'échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées.

Nous avons déjà assisté à plusieurs crises successives. La dernière en date en 2008 reposait sur la hausse des taux d’intérêt des prêts immobiliers, ou crise des subprimes, jetant à la rue des dizaines de milliers d’américains. Les américains pauvres ont plus tard gonflé les rangs du populisme et du protectionnisme, qui a échoué.
Aujourd’hui, les milliers de milliards de dollars imprimés pour redresser l’économie US couvrent l’horizon financier du monde d’une inflation jamais égalée. De surcroît la pyramide de Ponzi des bitcoins menace de former une nouvelle bulle financière. Rapatriés aux USA parce que bannis de Chine, les bitcoins ont été adoptés par la Bank of America qui les investit au Salvador comme monnaie nationale, en promettant une croissance de 12 %. https://journalducoin.com/actualites/bitcoin-au-salvador-bank-of-america-prend-tout-le-monde-par-surprise/


Nous avons déjà vu plus haut que la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c'est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier. Ces mesures, bien entendu, seront fort différentes dans les différents pays

Ce paragraphe essentiel montre que l’économie socialiste ne s’instaure pas instantanément. Des formes capitalistes de l’économie subsisteront un certain temps sous le socialisme, et cela suivant les caractéristiques propres à chaque pays, comme les formes archaïques de l’économie féodales ont subsisté dans le capitalisme mais avec un caractère subalterne.
L’exemple de la Nep puis celui de la Chine Populaire, l’ont confirmé dans des conditions différentes.

C’est d’abord le pouvoir politique de la classe ouvrière qui doit d'abord s’instaurer, puis procéder à une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production. L’expérience a montré que la bourgeoisie ne se laisse jamais dépouiller de bon gré, et n’autorise jamais le parti du prolétariat à prendre le pouvoir pacifiquement. En 100 ans d’existence, le PCF même lorsqu’il était « premier parti de France » n’y est jamais parvenu. La prise du pouvoir par le prolétariat dans notre pays exigerait qu'il s'affranchisse non seulement de la mainmise des principales entreprises capitalistes monopolistes, mais simultanément des règles liées à la monnaie européenne et aux accords européens.

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La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l'Amérique. Le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Ce développement réagit à son tour sur l'extension de l'industrie; et, au fur et a mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l'arrière-plan les classes léguées par le moyen âge
[…]
Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit. Les œuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.
Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.


Marx dépeint la poursuite et l’achèvement de la mondialisation à l'échelle du monde, dans l’ère du capitalisme.
On voit ici que la mondialisation n'a pas commencé en 1990 mais que sa forme a changé. Après la chute de l’URSS et du COMECON, cette mondialisation a été dominée par l’hégémonisme US, qui a forcé les autres nations à travailler pour lui et façonné un monde à son image .
Ce n'est pas le super impérialisme de Kautski, les contradictions entre les impérialismes n'ont pas disparu, mais ils sont dominés par une superpuissance.

Avec l’émergence de plusieurs pays et l’essor irrésistible de la Chine, c’est une nouvelle ère qui commence.
Paradoxalement "Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers" s'applique maintenant aux pays impérialistes eux-mêmes, dont la balance commerciale est en déficit, et qui ne peuvent pas se protéger par le protectionnisme à cause des liens innombrables qu'ils ont eux-mêmes tissés. La méthode de Trump a échoué.

L’hégémonisme doit céder la place à une nouvelle organisation de la mondialisation, à de nouveaux rapports internationaux. Cet équilibre nouveau ne peut plus être dominé par les impérialismes occidentaux, qui sont aussi rivaux entre eux.
Quant à l’hégémonisme US c’est une situation très dangereuse qui se présente pour lui, où la perte de la domination mondiale n’est pas une simple rétrogradation comme ce fut le cas des autres empires.
L’hégémonisme US repose sur sa puissance militaire, technologique, économique et financière, notamment le pouvoir d’exporter sa dette et d’enchaîner le monde au dollar.
Mais la puissance militaire, technologique, économique et financière des USA repose elle-même sur son hégémonisme. Car s’il disparaît tout est l’édifice est menacé. Aussi leur rivalité avec la Chine est-elle inextinguible. Le monde entier lui-même est menacé par un déchaînement belliciste des USA, refusant l’effondrement de leur empire.


Edité le 04-08-2021 à 22:48:41 par Xuan


Xuan
Un second article de G. Questiaux sur le socialisme

Choisir le socialisme !

3 Août 2021

Choisir le socialisme

Le socialisme est la propriété collective des moyens de production.

Le socialisme est le résultat du développement historique des contradictions du capitalisme qui tracent la route de l’évolution future de la société humaine, c’est le résultat de la transformation du capitalisme en une société rationnellement organisée et (donc) égalitaire. En théorie (marxiste), la classe bourgeoise supprime la classe des féodaux, et/ou des rentiers de la terre, généralise le mode de production capitaliste à toute la terre, crée le prolétariat ouvrier, et est supprimée à son tour par lui. Mais dans la réalité, avant d’aboutir à ce retournement, la bourgeoise change ses alliances, et s’appuie sur les restes des groupes sociaux survivants du féodalisme qu’elle a combattu auparavant pour échapper à ce funeste destin. Classe historique du talent et du travail dur et frugal, elle s’inverse à la recherche du temps perdu en nouvelle aristocratie oisive et décadente.

La division de la société en classe, sur le modèle des anciens rapports de production qui existaient antérieurement au capitalisme bloque l’évolution historique au milieu du gué. Aller plus loin implique donc un choix volontaire et conscient de l’humanité, ou plus exactement d’un parti déterminé de l’humanité, et une lutte contre les partis opposés, conservateurs et/ou réactionnaires; entre les deux, la gauche, historiquement, est le parti bourgeois-capitaliste de « l’égalité des chances » qui pense que le choix radical du collectivisme n’est pas nécessaire, et que l’on peut se fier à l’évolution naturelle de l’économie pour parvenir à son but : une société meilleure et plus riche, le meilleur des mondes possibles. L’expérience de deux siècles montre que ce n’est pas possible : les moyens les plus extrêmes, essentiellement la manipulation des masses, la guerre et la dictature, ont été utilisés pour l’empêcher, et le meilleur des mondes s’est avéré impossible. La gauche pourtant continue de battre la même monnaie de Clemenceau à Léon Blum, de Guy Mollet à Mitterrand. Ces radicaux et ces socialistes qui ne sont ni radicaux, ni socialistes.
De nombreuses raisons sont prodiguées et de nombreux préjugés sont cultivés pour ne pas conduire cette évolution vers le socialisme jusqu’à son terme et pour proclamer que la société divisées en classes est une bonne chose, une organisation « optimale » comme l’affirment les économistes marginalistes, et qu’elle est de toute manière donnée de toute éternité. Ou en partant d’un autre point de vue, que seule une telle société peut créer de la beauté et fonder de nouvelles valeurs, comme l’affirme Nietzsche. Du coup, il faut rappeler quelques évidences qui se sont brouillées. Sur les notions fondamentales de la politique sociale, les analphabètes de 1848 en savaient bien plus long que les diplômés du XXIème siècle, la vie leur apprenait ce que la culture a depuis caché à nos contemporains.

Le socialisme est un projet simple et clair : de l’éducation, de la santé , un emploi et un logement pour tous, et pas de deuxième choix. Le destin piteux des réalisations sociales du capitalisme, cités, hôpitaux, écoles, métros, lorsqu’il n’est plus sous la pression de la classe ouvrière, la dégradation et la désaffection des biens sociaux proviennent des moyens insuffisants qui sont consacrés à leur entretien à cause du prélèvement des classes privilégiées, mais plus fondamentalement encore du spectacle démoralisant offert aux pauvres d’une richesse ostentatoire et impudente qui prêche le dédain des biens communs.

Le socialisme est un système juste. Il crée une égalité réelle entre les êtres humains, il proscrit les inégalités de revenus et de fortune. Rien de rationnel ne peut être invoqué pour justifier ces inégalités, mais il y a dans la culture commune beaucoup de raisonnements sophistiqués pour les excuser et les revendiquer. Or dans une société inégale, la comparaisons des statuts sociaux devient la substance de toutes valeurs et tous les désirs, la société de classe devenant aliénée des deux cotés, riches et pauvres courant après du vent. Ce qui est gratuit et offert à tous n’a littéralement plus aucune valeur puisqu’il n’y a de valeur que par la distinction qu’accorde un haut niveau de consommation privée et de gaspillage.

Le socialisme est un système efficace. En fait toute entreprise capitaliste efficace fonctionne vue de l’intérieur comme une société socialiste, par coopération des travailleurs, spontanée et passionnée par le but collectif. L’entrepreneur à succès est le dictateur local qui réussit à capter cette énergie créatrice essentiellement sociale à son profit privé. La mise en concurrence de tous contre tous, loin d’être créatrice provoque une anarchie destructrice, malveillante et stérile.

Le socialisme est un progrès de civilisation. Au terme de son avènement, les humains ne seront plus régis par la peur et l’envie. Et c’est pour cela que ces deux concepts, « progrès », et « civilisation », sont contestés dans la culture post moderne ; « postmoderne » ne signifie pas autre chose que « postérieurement à l’échec de la révolution socialiste ».

Le socialisme par ailleurs est un système organisé de part en part par l'État, sachant que l’État est la conscience collective, et qu’il en est d'ailleurs la seule forme concrète. Dans une société socialiste, nous sommes tous des fonctionnaires, et cela est bien. C’est bien d’avoir la sécurité de l’emploi, une retraite suffisante, des droits et des conditions de travail favorables et une grille de carrière fondée sur des critères objectifs, c’est ce qui permet à l’homme ordinaire qui ne cherche pas à monter sur le dos de ses frères d’être libre, c’est ce qui lui permet de faire des projets, ce qui permet aussi à l’information de circuler dans les organisations sans être faussées par la concurrence entre leurs agents et dénaturée par les ambitions personnelles.

Dans la société capitaliste, nous sommes voués à devenir des égoïstes stupides, des dissimulateurs cyniques, des débiteurs anxieux, des simulateurs et des arnaqueurs petits ou grands.

Par destination, le socialisme est un système mondial. Avec comme perspective la coexistence pacifique de quelques nations culturelles bien distinctes, différentes mais pacifiques. Le socialisme c’est la paix. Aucune valeur humaine ne surgit de la mort des soldats ni de la destruction de la vie et des biens d’humains ordinaires par d’autres humains ordinaires. Et dans ce domaine aussi, le capitalisme pervers, décadent et tardif a développé une libido de la guerre et de la violence à toutes les échelles qui n’en est pas moins délétère de se développer principalement dans le domaine du jeu et du loisir.
Marx, le principal penseur socialiste et le seul véritablement rigoureux, a analysé le passage au socialisme comme le produit de la lutte des exploités contre les exploiteurs et comme la question de la réappropriation du travail gratuit. Il démontre dans le Capital que le capitalisme contient une zone obscure, en ce qu'il repose comme tous les modes de production qui l’ont précédé sur l’extorsion de travail gratuit, mais que contrairement à eux il doit procéder à cette extorsion en la dissimulant, parce qu'il se développe sous le règne de l'idéologie libérale démocratique. Cette zone d’ombre finit par falsifier toute sa production culturelle et à l’inverser en force de destruction de la raison. C’est la protection de ce secret honteux qui conduit la civilisation à sa perte.
Il faut être très clair sur un point : le socialisme ne supprime pas le travail gratuit, il le socialise. Si l’humanité socialisée décide, par exemple, de guérir le cancer ou de coloniser la planète Mars, il faudra pour ça beaucoup de travail gratuit. Ce qui explique pourquoi les expériences du socialisme réellement existant ne peuvent que scandaliser la mentalité de l’extrême gauche qui imagine l’avenir radieux de l’humanité comme le remplacement du travail productif par une réunion infinie dont l’ordre du jour est de déterminer son ordre du jour.

Le socialisme résout en partie le problème du mal, car on ne peut pas nier qu’une grande partie du mal provient de l’inégalité qui introduit la perversion dans le désir individuel du pauvre comme du riche (dont la seule jouissance concrète de sa richesse est de parader devant le pauvre). Il n’est pas encore possible de savoir s’il le résoudra entièrement, ou s’il en restera un résidu métaphysique. Cependant, les forces d’éternisation du capitalisme sont incontestablement des forces obscures et qui doivent être réprimées.
Ce qui est étonnant chez les penseurs d’extrême-gauche, c’est que dans leur désir de supprimer les prisons ils ne disent jamais ce qu’ils comptent faire des partisans du capitalisme s'ils ne parviennent pas à les convaincre tous !

Le socialisme résoudra le problème écologique, parce que c’est le règne de la raison qui est seul à même d’affronter les problèmes concernant la totalité de l’humanité et de la planète. Dans le régime capitaliste, les capitaux massivement investis dans les secteurs séparés (pétrole, armes, technologies, etc.) influencent les partis et les médias et sèment chacun la graine d’une faction qui défend des intérêts à court terme et prêche le faux au détriment des intérêts généraux de l’humanité.


Et le communisme ?

Le communisme comme l’ont bien deviné ses adversaires a pour horizon la suppression de la propriété des biens de consommation, ou ce qui revient au même la totale fluidité de la circulation de ces biens, ce qui suppose un changement de mentalité considérable, procuré par la satisfaction des besoins que seul le socialisme installé dans la longue durée peut produire. Dans le communisme, ta voiture est ma voiture et ta maison est ma maison, et réciproquement. Mais bien avant d’en venir là il y a une anticipation immédiate du communisme dans l'action : on pourra s’attaquer à la propriété intellectuelle, qui concerne tout autant les biens de production que les biens de consommation, et on a déjà commencé à le faire, comme le veut le développement actuel des forces de productions.

Une des causes principales de la stabilité courante du capitalisme est la division régionale du monde entre un Nord impérial, colonial et ingérent, et un Sud exploité économiquement et dominé politiquement, depuis Christophe Colomb, en pays de niveaux de développement inégaux. L'impérialisme est non seulement « le stade suprême du capitalisme » comme le disait Lénine, mais aussi sa forme la plus durable qui lui permet de se ressourcer et d’échapper à ses contradictions internes. L’émergence de la Chine comme première puissance économique sonne le glas de cette division du monde cinq fois séculaire et porte un coup très rude au capitalisme, indépendamment des intentions à son encontre que peuvent nourrir – ou non - les dirigeants de ce grand pays.
Les conditions objectives de la révolution socialiste dans le monde sont réunies. Les masses populaires n’en ont pas encore conscience et elles peuvent continuer longtemps à tourner en rond d’une élection à l’autre. Elles peuvent aussi choisir le socialisme. Et bien évidemment, lorsqu’elles le feront à nouveau, elles le feront pour commencer à nouveau dans un seul pays, comme en Russie en 1917, qu'il faudra à nouveau défendre contre toutes les agressions.

GQ, 11 février 2021
Finimore
Lu sur http://www.reveilcommuniste.fr/2020/10/le-retour-du-modele-socialiste.html


Le retour du modèle socialiste
1 Août 2021 , Rédigé par Réveil Communiste

Le socialisme revient à la mode aux États-Unis depuis la crise des subprime (2008), comme remède proposé aux abus de plus en plus délirants du capitalisme dans sa principale métropole, et il y a gros à parier qu'il en sera de même chez nous très vite. Et ce n'est pas simplement en tant qu'utopie, mais aussi à nouveau en tant que modèle économique et social bien concret.
Voilà qui tombe bien, car l'objectif spécifique des communistes est le socialisme, et non l’émancipation de l’individu, tâche historique du capitalisme qui l’a déjà conduite au-delà de son terme et qui aujourd’hui la pousse jusqu’à l’absurde. Cette orientation fondamentale ne plaît pas du tout à la gauche et à l’extrême gauche bourgeoises qui continuent à enfoncer le portail grand ouvert au nouvel âge du capitalisme de la liberté sans freins et sans règles (celle des riches).
Ce système déplaira aussi aux puristes qui restent bien au chaud dans la théorie parce qu’il comportera des survivances de longue durée du capitalisme : la monnaie, le salariat, la bourse, et même les riches, ce ne sont pas des réalités que l’on peut abolir d’un trait de plume (en tout cas, c’est ce que l'expérience du socialisme du XXème siècle a montré).
Remplacer le capitalisme signifie donc, non pas le détruire du jour au lendemain, mais commencer par le remettre sous le contrôle de la société, en lui ôtant son influence politique, en interdisant aux capitalistes de contrôler des forces politiques, et des médias. Ce qui signifie fragiliser progressivement la propriété privée des moyens de production sans la prohiber d'un seul coup. Comme on fait en Chine, l’enfermer dans une cage, et lui interdire absolument, par le jeu des élections et la manipulation de l’opinion, son retour au pouvoir.
Le socialisme est donc un système politique de parti hégémonique qui n’admet pas d’alternance sur les principes de base de son organisation économique et sociale.
La victoire de ce système est certaine parce que tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, les masses prendront conscience, au niveau mondial, de l’intérêt et de la nécessité de ce nouveau système économique où la production et la distribution des biens nécessaires sera confiée à la collectivité et à l’État qui la représente. Mais cette victoire ne surviendra pas sans engagement actif d’une grande partie de ces masses. Il va falloir encore une âpre lutte et un engagement intégral de millions de héros ordinaires pour y arriver.
Ce qui est clair c’est qu’il n’y a pas d’alternative capitaliste au capitalisme : pas question pour le capital financier dégénéré de revenir au Welfare State des années 1945-1980, ni de laisser un capitalisme autochtone non occidental se développer, ni qu’il parvienne à s’autoréguler pour devenir « vert », ou « éthique », ne serait ce que parce qu’il soumet la science et la culture à des intérêts sordides et court-termistes, et n’a donc aucun moyen objectif de déterminer ce qui est réellement bon pour l’environnement, ou pour l’être humain.
Ces utopies sont destinées à le rester, parce que le capitalisme n’est pas une abstraction, il est fait de chair et de sang, et à ce titre il est indissociable de l’empire d’un Occident en voie d’intégration politique (malgré quelques péripéties, comme par exemple la présidence Trump). Cet empire se développe sous le règne d’une nouvelle oligarchie à l’idéologie mondialiste portée par une classe dirigeante anglophone internationale qui a fait son temps mais qui ne veut pas lâcher l’affaire. A part l’idéologie, sa puissance résiduelle est fondée exclusivement sur la force militaire considérable qu’il conserve encore pour quelques temps.
Une opposition au capitalisme va donc apparaître objectivement dans les forces qui luttent contre l’hégémonie occidentale, d'abord dans les appareils d’État dits « émergents » et notamment en Chine.
Dans les métropoles, c’est dans la classe ouvrière nombreuse et multiforme des économies de service qu’apparaîtra la force politique qui mettra le capitalisme en cage. Prolétaires de services, mais indispensables et incontournables pour le fonctionnement matériel de la société. Quoiqu’il en soit de la forme précise qu’elle prendra, cette force périphérique « encerclera les villes par les campagnes », comme le préconisait Mao, et elle surgira par surprise en contournant les lignes de défenses et les digues idéologiques qui nous bloquent depuis deux générations.
En ce sens des mouvements comme le M5S en Italie ou les Gilets Jaunes en France préfigurent cette surprise stratégique et cette reconfiguration politique radicale. Il faut aussi constater que l’expérience de leur déclin accéléré montre que ces formations sont vouées à jouer un rôle de catalyseur éphémère et à disparaître très vite avec le renouvellement de conditions politiques, avec le retour de la guerre de mouvement entre le capital et le travail.
Un danger existentiel croissant, perçu comme provenant exclusivement de l’extérieur, explique le tournant autoritaire et répressif de l’Occident. La montée de la puissance chinoise annonçant la fin de la division post-colombienne du monde, cinq fois séculaire, entre un Occident dominateur, et tous les autres, est ressentie comme une agression barbare par la classe dirigeante de notre ordre finissant.
L’intérêt de la classe ouvrière métropolitaine occidentale coïncide avec l’intérêt national chinois. La promotion de la Chine au titre de puissance dominante en termes économiques signifie d’abord la fin de son rôle de pays atelier, concurrençant l’emploi ouvrier chez nous. Elle signifie la mise en pratique d’un nouveau modèle de développement où les besoins réels sont davantage pris en compte que par le spectacle marchand produit dans les métropoles du premier monde, San Francisco, Los Angeles, New York, Londres et Paris. Elle signifie enfin la ruine des projets bellicistes de domination mondiale sous prétexte de civilisation et du colonialisme vendu sous la marque des droits de l’homme.
L’intérêt de la classe ouvrière coïncide également avec la préservation du milieu favorable à la survie de l’humanité à long terme, en relocalisant la production industrielle, en l’orientant vers la satisfactions des besoins réels rationnellement calculés du plus grand nombre, et en réorientant la recherche et le progrès technique sous le contrôle d’un État dirigé par le parti qui représente les classes du travail, et non de monopoles capitalistes prédateurs de dimension mondiale.
La classe ouvrière veut des emplois solides, bien rémunérés, valorisants, situés près de chez elle et la sécurité sociale au sens large (logement, alimentation compris) et non la précarité, le nomadisme, la guerre et la dévastation de la planète que lui propose le capital ! Elle veut le développement, la paix et la prospérité pour une longue durée, et cette aspiration coïncide avec les objectifs économiques et géopolitiques de la Chine.
La Chine n’entretient pas de relations privilégiées avec une Internationale ou avec des partis étrangers qui lui seraient a priori favorable. Soutenir la Chine sur le plan international ne signifie pas en espérer une aide politique, mais lutter concrètement contre les tendances à la guerre contre ce pays qui se développent chez nous. La diabolisation de l’image du grand pays d’Asie, et de son allié russe ne sont en effet rien autre chose qu’une préparation psychologique de masse à un conflit majeur avec eux.
La grande cause des forces populaires des métropoles est de rendre impossible cette guerre de reconquête du monde par l’Occident impérialiste, sous quelque forme nouvelle qu’elle prenne.
La Chine pratique le multilatéralisme, et ne cherche pas à imposer chez ses partenaires internationaux un système économique ou social décalqué sur le sien. Mais du simple fait qu’elle tienne tête aux partisans du millénaire occidental, et qu’elle fasse mieux qu’eux au niveau économique, la rend déterminante de l’alternative politique concrète de l’heure. Son accession au rang de première puissance mondiale libère le monde de l’emprise occidentale-américaine, et rend possible la proposition aux masses en France, et dans le monde, d’une véritable alternative politique : le socialisme.
La Chine se présente au monde comme un État socialiste et il faut prendre cette revendication au sérieux. Le socialisme de marché n’est pas un oxymore économique, il signifie l’articulation de ces deux modes de production historiques qui se chevauchent dans le temps, ce qui est conforme à l’expérience concrète de toutes les transitions historiques. Pendant cette période de chevauchement dont on ne peut pas facilement prévoir la durée, une lutte de ligne permanente y opposera les tenants du socialisme à ceux du retour en arrière.
Le socialisme renaît en Chine non par une volonté idéologique mais par la force des choses, comme le prévoyait Marx, par la dialectique des forces productives et des rapports de production, et dans cette conjoncture historique précise, par une conséquence nécessaire et inévitable de l’agressivité d’un capitalisme mondialisé qui reste imbriqué avec les intérêts nationaux des impérialistes (États-Unis, Royaume-Uni, France, UE sous domination allemande). L’hégémonie ne se partage pas.
Le socialisme redevient ainsi par une formidable ruse dialectique un modèle concret, ce qui ne s’était pas vu depuis que l’expérience soviétique a été enrayée par les effets conjugués de la guerre hitlérienne et de la Guerre froide américaine.
Ce modèle a montré sa puissance et son bien-fondé en cette année 2020 dans la lutte contre la pandémie, en Chine, au Viet Nam, et à Cuba. A nous de le revendiquer résolument, en l'adaptant aux réalités nationales, et de le proposer à tous.

GQ, 27 octobre 2020, relu le 31 juillet 2021
 
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