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Xuan
Tous ces faits confirment la nécessité de sortir de l'OTAN.

Cette organisation entièrement à la botte de l'hégémonisme US est aux antipodes des intérêts du peuple et de la nation. Elle se désagrège parce que les intérêts de ses membres sont en conflit et n'a plus de raison d'être.

SORTIR DE L'OTAN !



Edité le 17-10-2019 à 13:51:10 par Xuan


Xuan
Le même site de Thierry Meyssan publie plusieurs articles sur la question Kurde, notamment sur le projet du colonialisme français d'un Kurdistan. Connaissant les sympathies de T. Meyssan, on prendra ces textes avec réserve notamment là où ils ne sont pas sourcé.

La généalogie de la question kurde
Le Kurdistan, imaginé par le colonialisme français
Xuan
Sur le site souverainiste de Thierry Meyssan, un article révèle l'incendie de l'usine Lafarge en Syrie par la coalition internationale.
Le Monde avait en effet publié plusieurs articles sur les liens de Lafarge et de l'EI, comme celui-ci, qui cherche à disculper l'entreprise et blanchit totalement les puissances impérialistes :


La France incendie l’usine Lafarge de Syrie


https://www.voltairenet.org/article207967.html

16 OCTOBRE 2019

La Coalition internationale a incendié, le 16 octobre 2019, l’usine Lafarge de Jalabiyeh (à la frontière turque, au nord d’Alep), avant que l’armée arabe syrienne n’en prenne possession.

Ainsi disparaissent les traces d’une opération secrète de première importance

Cette usine avait livré 6 millions de tonnes de ciment aux jihadistes afin qu’ils construisent des fortifications souterraines et puisse livrer une guerre de position, conformément à la stratégie décrite par Abou Moussab "Le Syrien" dans son livre de 2004, 'La Gestion de la barbarie'. Par la suite, cette usine avait abrité les forces spéciales norvégiennes et françaises qui ont mit le feu avant de fuir.

En 2016, un site internet turc, Zaman Al-Wasl, avait publié des e-mail des dirigeants de Lafarge entre eux attestant que la multinationale entretenait des liens avec Daesh. Une enquête avait été ouverte en France à la demande d’employés syriens qui s’estimaient lésés.
Le quotidien Le Monde avait alors publié sa version des faits visant à masquer :

> le lien avec de la multinationale avec la CIA dans diverses opérations, notamment des transports d’armes lors de la guerre contre l’Iraq ;
> le lien de Lafarge avec la secrétaire d’État US, Hillary Clinton (ancienne administratrice de la firme) ;
> le lien de la multinationale avec la DGSE durant la guerre contre la Syrie ;
> et la construction des infrastructures jihadistes en Syrie.

L’aviation russe, qui dispose de bombes pénétrantes, détruisit durant six mois ces fortifications —les plus importantes sur un champ de bataille depuis la Seconde Guerre mondiale—, permettant ainsi à l’Armée arabe syrienne de libérer son territoire.

« Révélations : le jihad de Lafarge-Holcim », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 24 mars 2017.
Xuan
Tandis que la ville de Minbej est totalement contrôlée par l'armée syrienne, Sputnik annonce "À l’instar des États-Unis, la partie française quitte à son tour la ville syrienne de Minbej, dans le gouvernorat d’Alep, selon des sources locales citées par un correspondant de Sputnik. Cette annonce intervient quelques heures après qu’un convoi américain a été filmé en train de quitter cette même ville.

Dans la matinée du 15 octobre, les militaires français ont commencé à retirer leurs forces présentes sur le territoire de la ville syrienne de Minbej, où elles étaient stationnées, a fait savoir un correspondant de Sputnik, se référant à des sources locales. Plus tard le porte-parole de la coalition internationale a confirmé avoir quitté Minbej."


https://fr.sputniknews.com/international/201910151042265759-des-militaires-francais-auraient-quitte-la-ville-syrienne-de-minbej/
Xuan
Je cite ici un extrait de https://histoireetsociete.wordpress.com/2019/10/16/bachar-el-assadtahhan-nous-assistons-a-la-victoire-finale-dassad-et-ses-allies-contre-la-france-et-ses-allies-sputnik-mikhail-voskressenski/

Interview de Bassam Tahhan sur Sputnik repris par D. Bleitrach.
Bassam Tahhan est un arabiste, islamologue et politologue franco-syrien, porte-parole du Rassemblement pour la Syrie.
Son jugement sur la politique étrangère de la France correspond exactement aux faits. L'impérialisme français a conjugué l'ingérence, la subversion, le soutien au terrorisme et l'incompétence. Aujourd'hui les médias bourgeois stigmatisent la "trahison" américaine, comme si la France avait défendu une juste cause.
En réalité Trump, qui défend lui aussi des intérêts impérialistes, est juste réaliste et il effectue une retraite locale.

La cause défendue par la France est honteuse et elle échoue sur toute la ligne. C'est une défaite à plate couture
Dans pareil cas il faut s'attendre à des conséquences internes.
Quand une équipe de rugby gagne la cuillère en bois on change d’entraîneur, ici c'est la ligne social-démocrate et l'atlantisme qui sont en cause.
Tôt ou tard ces orientations devront être révisées par les monopoles capitalistes, et dans leurs propres intérêts.


________________________



... Sputnik France: Comment expliquez-vous l’attitude des Américains?

Bassam Tahhan: «Les Américains ont perdu cette guerre et ils en sont conscients. Ils essaient dorénavant de maintenir comme ils peuvent Erdogan dans le giron de l’Otan et ainsi l’éloigner de Poutine et des Russes. Mais l’essentiel est ailleurs. L’offensive turque contre les Kurdes signe la victoire finale d’Assad et de ses alliés contre la France et ses alliés.»

Sputnik France: La France?

Bassam Tahhan: «Je dis la France et non pas les États-Unis pour une bonne raison.
Ces derniers se sont retirés et le projettent depuis longtemps. Cela fait un moment que Trump a compris qu’il n’avait plus rien à faire en Syrie. Pourquoi la France y est-elle restée?
C’est une grave erreur. Il est urgent d’évacuer nos troupes.
Dorénavant, la défaite pour Paris est totale.
Et tout remonte à l’époque de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Ce couple avait pour objectif de renverser Assad et de détruire la Syrie.
Ils ont été suivis par François Hollande, qui a fait encore mieux. Il a reconnu une opposition illégitime contre un pays souverain qui est la Syrie.
La responsabilité de la France est très lourde dans ce dossier.
La gravité de la défaite française en Syrie est à la mesure de la médiocrité de sa politique étrangère.
Ajoutons à cela que, très vite, il s’est avéré que l’opposition syrienne était gangrénée par les islamistes et de fait, la plupart des responsables français avaient des concordances de points de vue avec les Turcs durant les longues années de ce conflit.»


Sputnik France: L’Europe semble impuissante…

Bassam Tahhan: «Il faut tirer les leçons de ses erreurs. L’Europe et ses dirigeants ont joué un rôle important dans cette affaire. Emmanuel Macron a, dès le début de son mandat, commis une erreur.
Alors qu’il n’était pas contre reconnaître la légitimité de Bachar el-Assad, il a fait marche arrière.
Pourquoi? Car il a hérité de nombreux conseillers qui officiaient du temps de Hollande, en premier lieu desquels figure le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian.
Or ces gens-là n’ont rien compris au problème syrien et, par orgueil, ont fait changer Macron d’avis.
Au final, nous assistons à la victoire d’Assad qui va récupérer ses territoires grâce à l’erreur d’Erdogan. Peut-être poussée par la Russie…»


Bassam Tahhan: «à mon avis, c’est un coup de maître de la part de Poutine, Assad et leurs alliés. La Russie a bien compris qu’afin de déloger les Américains et les Européens de l’Est de l’Euphrate, elle ne pouvait compter sur la seule armée arabe syrienne pour croiser le fer avec ces troupes étrangères qui occupent illégalement le sol syrien.
Au contraire de la Turquie qui a, de plus, la légitimité à intervenir selon les accords d’Adana, s’ils ne dépassent pas les 5 km réglementaires évoqués précédemment.
Vladimir Poutine connaît extrêmement bien le dossier syrien. Il a donc donné son blanc-seing à l’intervention turque, tout en sachant qu’à un moment donné, il allait pouvoir tirer son épingle du jeu en convainquant Erdogan de reculer.
Dans le même temps, Damas finirait par reprendre une bonne partie de la frontière avec la Turquie et, pour le moment, l’Est de l’Euphrate.
Le projet de faire éclater la Syrie et de ne pas respecter son territoire souverain ne verra pas le jour.»


Sputnik France: La décision de Trump de retirer ses troupes ne sonne-t-elle pas, au moins pour un temps, la fin de l’impérialisme américain dans la région?

Bassam Tahhan: «Dans la région, non. Dans le dossier syrien, sûrement. D’ailleurs, il faut remarquer avec quel dédain Trump a envoyé balader les Européens en disant qu’il ne s’opposerait pas à une intervention russe, chinoise ou de Napoléon Bonaparte pour défendre les Kurdes.
Par contre, si la Syrie n’intéresse plus Trump depuis longtemps, ce n’est pas le cas des pays du Golfe, là où il y a l’argent.
Et c’est là que l’on voit très bien que Poutine a compris comment fonctionnait Trump et ce qu’il avait dans la tête. Le 14 octobre, le Président russe était en Arabie saoudite et le lendemain aux Émirats arabes unis.
C’est un message directement envoyé à Trump:
“Ne pensez pas que c’est parce que l’on défend la Syrie que l’on va vous laisser les coudées franches dans les pays du Golfe”. Vladimir Poutine est bien décidé à signer pour des milliards de dollars de contrats et, pourquoi pas, vendre des systèmes de missiles S-400 à Riyad comme il l’a déjà fait avec la Turquie. Il damerait ainsi le pion aux Américains et aux Européens.»



Edité le 16-10-2019 à 23:23:41 par Xuan


Xuan
Pathétique déclaration de Hollande sur une "zone d'exclusion aérienne" et repli des impérialismes occidentaux, accompagné des tirs "fratricides". Les rêves de destruction de la Syrie s'envolent dans la confusion.
Les Echos titrent :
"L'armée française prise de court en Syrie"
On notera, outre sa présence "clandestine" dite "non officielle", la position complètement subordonnée de l'armée française.


https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/larmee-francaise-prise-de-court-au-levant-1140297


L'armée française prise de court en Syrie
Pris au dépourvu par le retrait américain, Paris est obligé de rapatrier ses commandos.
Jean-Yves Le Drian se rend en Irak pour évoquer le dossier des djihadistes détenus sur place.


Par
Anne Bauer et Yves Bourdillon
Publié le 15 oct. 2019

La France plie aussi bagage. Après que le millier de soldats américains déployés auprès des Kurdes luttant contre les djihadistes dans le nord de la Syrie a reçu lundi l'ordre de quitter immédiatement le pays en raison de l'offensive turque, le maintien des commandos français semble impossible.

Soutien logistique indispensable

Ces membres du Commandement des opérations spéciales (COS), dont le nombre officieux s'élèverait à quelques centaines, ne peuvent se maintenir sans le soutien logistique du Pentagone en matière de renseignements, désignation de cibles, ravitaillement aérien. Ils risqueraient en outre de se trouver pris sous le feu des troupes turques combattant depuis mercredi dernier les milices kurdes YPG.

Ces dernières ont accepté dimanche d'appeler au secours l'armée syrienne, qui s'est emparée, mardi, de la ville de Minbej. Une agence de presse kurde affirme que deux soldats français auraient été blessés par des obus turcs, vendredi, près de Kobané. L'artillerie turque a aussi frappé le même jour à quelques centaines de mètres d'une base américaine dans la même ville, selon le Pentagone.

Les Britanniques prêts aussi à retirer

Les Britanniques, qui ont déployé des moyens équivalents, se tiennent prêts aussi à retirer leurs troupes. Un maintien de troupes européennes face aux Turcs serait d'autant plus problématique qu'il pourrait occasionner des combats fratricides entre partenaires de l'Otan, dont Ankara est un constituant clé sur son flanc sud-est.

Paris a annoncé lundi soir prendre des mesures pour assurer la sécurité du personnel français, sans autre précision. Auditionnée mardi après-midi au Sénat, la ministre des Armées, Florence Parly, n'a pas souhaité commenter les informations sur la présence du COS au Nord-Est de la Syrie, ni sur un éventuel blessé. Tout juste a-t-elle concédé que tout était fait pour que le personnel soit en sécurité. Elle a en outre confirmé un embargo net et large de toute exportation d'armement vers la Turquie, un pays « qui mène une attaque unilatérale susceptible de ruiner tous les efforts dans la lutte contre Daech » .

Mais l'industrie d'armement turque est puissante et n'achète pas plus de 50 millions d'euros par an en France. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a annoncé qu'il allait se rendre en Irak pour y discuter de la question sensible des djihadistes étrangers détenus sur place. Paris a aussi dénoncé la « responsabilité très lourde » d'Ankara et Washington dans la situation actuelle.

L'opération Chammal continue sans ligne directrice

Officiellement, la France n'a jamais établi de forces au sol en Syrie depuis le lancement de l'opération Chammal en septembre 2014. Mais elle assigne bien des missions au COS. Et les Kurdes ont bien été des alliés essentiels de Paris dans la lutte contre Daech, notamment pour la libération de Raqqa ou de Deir ez Zor en Syrie. La seule force au sol revendiquée par Paris s'est déployée autour des quatre canons Caesar prêtés aux forces irakiennes pour la reconquête de Mossoul. Des canons rapatriés en France en avril dernier suite à la reconquête de la quasi-totalité du territoire occupé par l'Etat islamique.

Malgré cette « victoire », l'opération Chammal s'est curieusement poursuivie sans modification apparente. Chaque semaine, l'état-major évoque les sorties de sa dizaine d'avions de chasse Rafale positionnés en Jordanie et aux Emirats arabes unis, auxquels s'ajoutent différents stages imaginés pour former les soldats irakiens et leur commandement. Au total, depuis le début de l' opération « Inherent Resolve » pilotée par le commandement américain, la France a donc mobilisé un millier de soldats, dix avions de chasse et une poignée d'autres aéronefs, sans compter la mobilisation à quatre reprises de son porte-avions Charles de Gaulle au large de la Syrie.

La France qui aime à souligner sa parfaite coopération avec les Etats-Unis, et à faire état de ses 10.000 sorties aériennes en cinq ans et 2.000 « objectifs atteints » , ne sait apparemment plus quelle logique suivre contre Daech, dont des centaines de membres se sont évadés à la faveur des combats dans le nord de la Syrie. A sa décharge, les volte-face de l'Amérique ne facilitent pas les choix stratégiques.

Anne Bauer et Yves Bourdillon


Edité le 16-10-2019 à 20:14:45 par Xuan


Xuan
Ce qui se passe en Syrie n'est plus dans le temporaire mais dans le long terme maintenant. Il y aura toujours des changements et des atermoiements mais sur le fond la situation a changé.
A tel point que les impérialistes en sont à demander de l'aide aux russes et aux syriens. C'est ce qu'on appelle "le monde à l'envers" et c'est le signe que le rapport des forces a définitivement basculé. Le départ des USA peut être vu par certains comme une trahison, mais en réalité c'est une retraite en bonne et due forme et si des supplétifs français ou allemands veulent rester sur le terrain tant pis pour eux.

Macron n'obéit pas "aux directives allemandes". Ils ne défendent pas les systématiquement mêmes intérêts et l'industrie comme la finance allemande se portent mal à présent. Du reste en Syrie l'Allemagne ne fait guère parler d'elle non plus.
Il faut remettre en cause les idées toutes faites sur ce sujet, partir des faits et non des a priori.
Ceux qui font la loi en Europe, ce sont les plus gros capitalistes, et les moins mal lotis actuellement sont les monopoles français. Ce n'est pas l'Allemagne qui dirige l'Europe.

A l'échelle mondiale, le revirement qui se produit est le déclin des USA.
Ce déclin n'est pas une alerte passagère mais une lame de fond. Les USA ne redeviendront pas "great again" mais ils abandonneront l'hégémonisme et passeront au rang d'ancienne puissance impérialiste et d'empire déchu comme ses anciens alliés.
Pour se sauver l'hégémonisme US piétine ses propres alliés, ce qui ne fait que précipiter son isolement et sa chute.

Et le côté du plus fort du point de vue de l'avenir, c'est celui de la Chine et des pays émergents.
Par conséquent et à terme, l'impérialisme français n'a pas d'autre ressource que de se tourner vers la Russie et la Chine.
Là non plus il ne s'agit pas d'un revirement temporaire mais d'une tendance irréversible.
pzorba75
Xuan a écrit :

Lire aussi sur le même site :
Macron et Xi Jinping s’accordent pour soutenir le multilatéralisme et relever des défis mondiaux

Si ces infos sont vérifiées, il s'agit d'un revirement dans la politique extérieure de l'impérialisme français, se détachant de l'atlantisme.


Ce revirement sera probablement suivi d'un prochain revirement, toujours du côté du plus fort. Macron et l'équipe qui l'accompagne obéissent aux directives allemandes pour ce qui concerne d'Union Européenne et aux ordres américains pour le reste. Tant que le rapport des forces militaires sur le terrain syrien ne sera pas éclairci, Macron flottera, sa ligne est l'opportunisme et la parole, quelque soit le risque encouru par les mercenaires français sur le terrain.
Xuan
Lire aussi sur le même site :
Macron et Xi Jinping s’accordent pour soutenir le multilatéralisme et relever des défis mondiaux

Si ces infos sont vérifiées, il s'agit d'un revirement dans la politique extérieure de l'impérialisme français, se détachant de l'atlantisme.
Xuan
Sur le site Sputnik :

https://fr.sputniknews.com/international/201910151042268772-forces-speciales-francaises-syrie-piege-allies/

Forces spéciales françaises en Syrie: «nous sommes pris au piège par nos propres alliés»


19:05 15.10.2019
Par Maxime Perrotin

Nouveau revers en Syrie pour la France? Après le retrait des derniers soldats américains face à l’avancée turque, la France est contrainte à un redéploiement de ses forces spéciales et appelle Moscou à l’aide. Une situation qui résulte du «paradoxe absolu» dans lequel Paris a inscrit sa politique étrangère en Syrie.

La France reste très discrète sur les effectifs de ses forces spéciales présentes sur le terrain ainsi que sur leur mission, se résumant à répéter que ces troupes d’élite agissent dans le cadre de la coalition internationale contre Daech*, pilotée par les États-Unis.

Depuis un conseil de défense restreint qui s’est tenu dans la nuit du 13 au 14 octobre, dans la foulée d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, l’Élysée évoque –toujours de manière laconique– un redéploiement de ses forces présentes dans nord de la Syrie. Une annonce qui, au-delà de l’avancée des Turcs en Syrie, correspond à celle de Washington de retirer de la région ses troupes restantes. Une présence américaine dont étaient particulièrement dépendantes les forces françaises. Emmanuel Dupuy, Président de l’IPSE (Institut Prospective & Sécurité en Europe), revient à notre micro sur ce piège, américain.

Sputnik: Quelles sont les réelles raisons de la présence des forces spéciales françaises en Syrie? N’était-ce pas, entre autres, d’empêcher ce qui est en train de se passer, à savoir les Turcs d’attaquer les bastions Kurdes dans le nord du territoire syrien? C’étaient d’ailleurs les Turcs qui avaient révélé leur présence au printemps 2018.

Emmanuel Dupuy: «La présence des forces spéciales françaises n’avait absolument aucune condition de cette nature, puisque la France récuse l’opération turque, en rappelant qu’elle remet en cause la lutte contre Daech*, pour reprendre les mots du ministre des Affaires étrangères paru ce mardi dans le Figaro. Donc la France n’était pas là pour lutter contre la Turquie, mais pour éradiquer les dernières poches de résistance de Daech.

Maintenant, je ne suis pas tout à fait certain que la France redéploie ses troupes en Syrie. Je crains fort qu’en l’absence d’un soutien américain –puisque les Américains ont décidé de quitter le territoire syrien– la France, comme d’autres nations qui ont des forces spéciales –je pense notamment aux Allemands– va être obligée elle aussi de se redéployer, non pas de manière volontaire, mais quasiment obligée.

Imaginez qu’hier, près de Kobané, un hélicoptère de la coalition contenant des forces spéciales françaises a été pris pour cible par les forces turques et les Français ont dû répliquer. Ce qui, si c’était confirmé, serait une première: deux pays de l’Otan se faisant face et accessoirement tirent l’un contre l’autre en situation "de légitime défense".»

Sputnik: Dans une telle situation chaotique, quelles options s’offrent aujourd’hui aux forces françaises? Se replier sur le territoire Irakien voisin?

Emmanuel Dupuy: «Je ne vois pas comment, s’il n’y a pas une mobilisation internationale imposant l’arrêt de l’offensive turque, les Français peuvent rester entre deux feux ou rester l’arme au pied. Cela voudrait dire que la France observe le massacre des Kurdes, cela voudrait dire que la France se laisse “dicter son agenda”. Je ne vois pas d’autre agenda que de faire comme les Américains. Ce n’est pas un agenda voulu, mais un agenda subi, ce qui prouve à quel point l’action de la France en Syrie compte peu… Si peu que nous soyons obligés de demander à Vladimir Poutine de tout faire pour essayer de convaincre Erdogan d’arrêter son offensive: c’est ce que Paris a demandé à Vladimir Poutine. Et on apprend qu’Emmanuel Macron aurait appelé Donald Trump pour faire la même chose…
Donc on voit bien que notre action diplomatique est réduite à néant, que notre présence militaire devient de facto un facteur d’insécurité pour nos propres troupes qui, bien évidemment, ne tireront pas. Si elles étaient toutefois obligées de le faire, elles le feraient en légitime défense, mais feraient tomber 50 ans de principes de sécurité collective.

Encore une fois, c’est sans doute une provocation de la part des Turcs, qui n’iront pas jusqu’à cette extrémité, mais je ne vois pas comment la France pourrait encore maintenir ses forces spéciales sur le territoire syrien dans la configuration où la Turquie maintiendrait son offensive. Nous sommes dans une situation totalement ubuesque, où la France en est à s’en remettre à l’armée syrienne pour essayer de contenir ou d’empêcher la pénétration truque, qui correspond au pire scénario.»

Sputnik: Que pensez-vous de cette demande française à l’égard de la Russie?

Emmanuel Dupuy: «Je la vois positive, confirmant la nécessité de travailler davantage de concert avec la Russie dans le cadre de la nouvelle architecture de sécurité que l’on veut pour l’Europe. La Russie est exemplaire de ce point de vue là. Il est d’autant plus exemplaire que nous attendons que l’initiative française et allemande de s’associer via le “Small group” au processus d’Astana se réalise. Ça, c’est sur le plan diplomatique.

Sur le plan militaire, je ne dis pas qu’il faille indiquer à la Russie ou à la Turquie où sont nos positions, ce serait un trop gros cadeau à faire, mais bien évidemment nous sommes obligés de tenir compte d’une évolution sur le terrain, un changement stratégique que nous n’avons pas voulu, mais dont nous sommes obligés de tenir compte.

J’espère que Vladimir Poutine a encore la capacité de faire plier le Président Erdogan, mais je pense que Vladimir Poutine n’est pas seul à devoir et à pouvoir parler au Président turc. L’Iran a été assez clair, par la voix de Mohammad Djavad Zarif [ministre iranien des Affaires étrangères, ndlr.], qui a fait une interview à ce sujet il y a deux jours en évoquant la nécessité d’une position commune de la communauté internationale. Il a mis en avant que c’est sans doute la Russie qui devait prendre le leadership de cette initiative, étant donné que les Américains ont, semble-t-il, déjà accepté l’agenda turc, ce qui ne semble pas encore être le cas des Russes. Jusqu’à présent, ils n’ont pas bougé, mais le signal pourrait être celui de faire venir l’armée syrienne, qui serait sans doute de nature à changer les velléités de prolongation de la Turquie dans le territoire syrien.

Sputnik: Cette attente de la France vis-à-vis de la Russie peut apparaître, pour certains, assez étonnante… En reprenant les pourparlers d’Astana que vous évoquez, rappelons qu’au-delà de refuser d’y prendre part, les Occidentaux avaient tenté de les faire échouer.
On n’oublie également pas les positions particulièrement hostiles du Quai d’Orsay et de l’Élysée, à l’égard de Moscou, lorsque les Russes avaient rejoint le théâtre d’opérations syrien. Des sanctions avaient même été brandies contre la Russie pour cela et aujourd’hui on les appelle à l’aide?


Emmanuel Dupuy: «Le paysage stratégique est dans une évolution telle que le Président Macron a bien voulu le prendre en compte en faisait un coin– au sens propre du terme– avec la stratégie erronée ou fallacieuse d’un certain nombre de responsables français, qui partaient du principe que nous devions soutenir ceux qui accessoirement ne sont pas forcément les maîtres du terrain. Inutile de rappeler que l’offensive syrienne fait que le gouvernement syrien, qu’on soit d’accord ou pas avec lui, a regagné des territoires. De ce point de vue, notre agenda, qui jusqu’à présent se bornait à dire que nous étions en Syrie pour lutter contre Daech, vient se heurter frontalement a cette réalité, qui fait que ceux que nous étions appelés à soutenir pour lutter contre Daech ne font pas appel à nous, car ils savent bien que nous sommes incapables de les défendre, mais font appelle à celui [Bachar el-Assad, ndlr] que précisément nous avions désigné comme étant de nature à déstabiliser le pays.

On est dans le paradoxe absolu, qui montre la quintessence de notre inaction. Nous n’avons pas autre chose à faire que de devoir nous ranger derrière celui qui est le seul en capacité de faire plier le Président turc et ce ne sont les États-Unis, ce n’est pas l’Allemagne, ce n’est même pas nous-mêmes, c’est la Russie.»

Sputnik: En parlant de paradoxe, nous avions soutenu les Kurdes, leurs représentants avaient d’ailleurs été reçus à l’Élysée en mars 2018 –s’en était suivi un couac diplomatique lorsque plusieurs d’entre eux avaient dit que Paris enverrait des troupes «défendre» Minbej contre les Turcs. De l’autre côté, nous avons toujours cherché à ne pas froisser Ankara, notamment lorsque la Turquie soutenait des groupes djihadistes dans la poche d’Idlib. La France ne paie-t-elle pas aujourd’hui son double jeu en Syrie?

Emmanuel Dupuy: «La France a toujours fait double jeu en Syrie, ce n’est pas cette situation qui la rend encore plus en parfaite contradiction avec la réalité stratégique vue par d’autres. Ce qui change la donne, c’est que premièrement les Américains ne nous soutiennent plus, deuxièmement que les Américains ont décidé de s’occuper que d’eux-mêmes. D’une certaine façon, s’il y avait eu responsabilité ou un double jeu, il n’est pas français, ni même turc, il est américain!
Il est américain, en partant du principe que nous nous étions collectivement engagés dans une coalition internationale. Nous étions dans une logique de convergence diplomatique pour faire passer l’idée qu’à côté de l’intervention soutenue par les pays de la Ligue arabe, qu’à côté de l’intervention soutenue par la Russie, il y avait une coalition internationale. Celle-ci a volé en éclats à partir du moment où le Président américain a dit qu’il s’en remettait à l’agenda turc. De ce point de vue là, oui, nous sommes pris au piège par nos propres alliés aussi. »

Sputnik: Donc finalement, au-delà des Kurdes, les Français sont aussi lâchés en rase campagne par les Américains?

Emmanuel Dupuy: «C’est précisément ce que je dis. Les Kurdes ont été lâchés par tout le monde dès le début. Ce n’est pas parce que les forces françaises étaient présentent au Kurdistan qu’on allait assurer la sécurité, voire assumer l’indépendance du Rojava syrien. Je pense que ce n’était ni dans l’intérêt des Turcs –évidemment– ni dans l’intérêt même du régime de Bachar el-Assad, qui voyait ça d’un mauvais œil. Maintenant, la donne a totalement changé. Là où nous étions dans un double agenda de lutte antiterroriste et de protection –il ne faut pas l’oublier– de milliers de combattants étrangers qui ont été arrêtés par les Forces Démocratiques Syriennes et accessoirement sous bonne garde… jusqu’à présent.

Un débat existe sur le fait qu’ils ont été obligés de relâcher la pression et donc cela a provoqué le départ induit par cette plus faible mobilisation militaire, mais certains vous diront que les Kurdes l’ont fait exprès pour montrer à quel point nous sommes pris à notre propre piège. En ne soutenant plus les Kurdes, nous libérons nos bourreaux que nous avions demandé aux Kurdes de surveiller. Donc là aussi, le paradoxe s’abat de nouveau sur notre diplomatie quelque peu erratique. Vous avez mentionné la position de Laurent Fabius, cela fait bien longtemps que cette position n’est plus d’actualité: à la position intransigeante à l’encontre de Bachar el-Assad a succédé une politique plus souple vis-à-vis de lui, à laquelle est en train de se substituer une politique de l’inaction, où nous voyons bien qu’après que tout cela sera terminé, les Syriens, les Kurdes et accessoirement toutes les parties prenantes –les Turcs, les Américains et les Russes– pourront à juste titre considérer que ceux qui ont vocation à être le moins impliqué sont ceux qui ont été pris au piège: la France, l’Allemagne et singulièrement les autres pays européens qui soutiennent la coalition internationale.»

*Organisation terroriste interdite en Russie
 
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