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Xuan
Pourquoi des millions d'Américains risquent d'être expulsés à partir de ce samedi

Les familles incapables de payer leur loyer à cause de la crise du covid-19 ne sont désormais plus protégées par la loi.
Le HuffPost avec AFP
https://www.huffingtonpost.fr/entry/pourquoi-des-millions-damericains-risquent-detre-expulses-a-partir-de-ce-samedi_fr_61050bd2e4b0f9b5a233afae

ÉTATS-UNIS - Des millions de familles américaines qui n’ont pas pu payer leur loyer depuis des mois à cause de la crise de la covid-19, risquent d’être expulsées de leur logement à partir de ce samedi 31 juillet, alors qu’expire le moratoire qui les protégeait.
Les élus de la Chambre des représentants ont échoué vendredi à se mettre d’accord pour accorder un délai supplémentaire aux locataires en difficulté. Il y a pourtant urgence, d’autant plus que le variant Delta fait de nouveau flamber les cas de covid-19.
Une commission parlementaire avait proposé d’aller jusqu’au 31 décembre, mais le soutien n’était pas suffisant, y compris dans les rangs démocrates. Un sursis jusqu’au 18 octobre avait alors été offert à la discussion.

Les Parlementaires en vacances
“Malheureusement, pas un seul républicain ne soutient cette mesure. (...) Il est extrêmement décevant que les républicains de la Chambre et du Sénat aient refusé de travailler avec nous sur cette question”, a déploré vendredi soir la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, dans un communiqué. Une source au Congrès a indiqué à l’AFP que l’idée est loin aussi de faire l’unanimité dans les rangs démocrates.
“Il s’agit d’une préoccupation de santé publique”, avait déclaré plus tôt vendredi Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche, lors du point presse quotidien.
Les élus de la Chambre des représentants sont désormais en vacances jusqu’à la fin du mois d’août, et seront suivis par les sénateurs une semaine plus tard, éloignant tout espoir d’un accord rapide.

3,6 millions de personnes pensent qu’elles vont se faire expulser
Plus de 10 millions de personnes sont en retard sur le paiement de leur loyer, a calculé le CBPP, un institut de recherche indépendant. Et quelque 3,6 millions de locataires estiment qu’ils risquent de se faire expulser dans les deux mois, selon une étude du bureau des statistiques (Census) réalisée début juillet auprès de 51 millions de locataires.
Le président Joe Biden avait lui aussi demandé jeudi au Congrès d’étendre ce moratoire. Mais les critiques fusent, beaucoup lui reprochant d’avoir attendu le dernier moment.
“Nous sommes à trois jours de la fin du moratoire inconstitutionnel sur les expulsions du CDC, et quelle est la solution du président Biden? Blâmer la Cour et appeler le Congrès à y remédier”, avait déploré le vice-président républicain de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants, Patrick McHenry. Il avait souligné que les membres républicains de cette commission avaient mis sur pied un texte pour pouvoir prolonger le moratoire, mais n’ont pas reçu de réponse.

Situation kafkaïenne
Cette suspension des expulsions avait été mise en place en septembre 2020 par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence de santé publique des États-Unis, puis prolongée à plusieurs reprises.
“Garder les gens chez eux et hors des lieux surpeuplés ou de rassemblement -comme les refuges pour sans-abri- en empêchant les expulsions est une étape clé pour aider à arrêter la propagation du covid-19” , justifient les CDC sur leur site internet. Mais une décision de la Cour suprême en juin, stipule que la reconduction devra être adoptée par le Congrès, et non plus décidée par les CDC.
Ce moratoire succédait à celui prévu en mars 2020 par l’administration Trump, pour éviter aux millions de personnes qui avaient perdu leur emploi à cause de la pandémie de se retrouver à la rue. Mais selon les CDC, il “ne touchait pas tous les locataires”.

Pour ajouter à cette situation kafkaïenne, l’argent prévu par le gouvernement fédéral pour aider les locataires en difficulté à payer leur loyer, peine à arriver sur leurs comptes en banque. L’argent est en effet versé aux États et collectivités locales, chargés ensuite de distribuer l’aide aux ménages. Or, cela nécessite la mise en place des systèmes complexes pour recueillir les demandes, vérifier les situations, verser l’argent... Ainsi, sur les 46 milliards de dollars prévus par le gouvernement, dont 25 milliards déboursés début février, 3 milliards seulement sont arrivés à destination.

À voir également sur le HuffPost: Aux États-Unis, des queues interminables devant les banques alimentaires


Edité le 01-08-2021 à 00:17:53 par Xuan


Xuan
Pourquoi les États-Unis ne peuvent pas imiter les leçons de la Chine sur la construction d'infrastructures

Par Ding Gang
Publié: 21 avr.2021 16:29 https://www.globaltimes.cn/page/202104/1221672.shtml

Après que les États-Unis aient identifié la Chine comme un concurrent stratégique, le président américain Joe Biden a annoncé son intention d'investir davantage dans les puces, les infrastructures et de nombreux autres domaines pour maintenir les avantages des États-Unis sur la Chine.

Certains chercheurs américains considèrent cette décision comme le «grand jeu» du 21e siècle. Ils ont même appelé le gouvernement américain à imiter ou à se référer au «modèle chinois» pour accroître la gestion et l'orientation du développement dans ces domaines.

En reconnaissant la capacité de la Chine à la surpasser dans certains domaines, ce que les États-Unis veulent avant tout, c'est se motiver. Cependant, à mon avis, il est difficile que les États-Unis puissent suivre l'expérience de la Chine. De même, il y a certaines leçons que Pékin ne peut pas tirer de Washington.

À ce propos, je voudrais parler de mon point de vue sur la différence entre la nature des entreprises et leur responsabilité sociale en Chine et aux États-Unis.

En 2004, Jack Welch, l'ancien PDG de General Electric, est venu en Chine pour dialoguer avec plusieurs entrepreneurs chinois. Les événements ont été si bien accueillis que le billet d'entrée s'est vendu à 4 800 yuans (environ 579 dollars à l'époque) par personne.

Après avoir partagé son expérience de gestion, Welch n'a pas oublié de rappeler aux entrepreneurs chinois leur responsabilité sociale. Après avoir félicité les entreprises publiques chinoises pour leurs objectifs de développement visionnaires, il a déclaré qu'il était important que les entreprises publiques chinoises se souviennent qu'elles doivent assumer différentes obligations sociales et économiques.

Je pense qu'il y a eu un message sous ses paroles: une entreprise d'État a plus de responsabilités envers le pays, les gens et la société. Ainsi, elle ne peut pas agir comme une entreprise privée qui ne considère que ses propres gains financiers ou fixe des objectifs de développement en fonction de la période contractuelle de sa propre entreprise.

Un bon contre-exemple au message de Welch serait les pannes de courant au Texas causées par les blizzards en février lors de la pandémie COVID-19.

Selon une enquête après action, la privatisation du système électrique du Texas en était l'une des causes. Les entreprises privées fonctionnent sur le principe du bénéfice maximal pour un coût minimal. Il est peu probable qu'ils aient un plan à plus long terme ou qu'ils investissent beaucoup pour faire face à une catastrophe qui survient une fois dans un siècle, même si le Texas avait déjà subi une panne de courant similaire.

Le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, a frappé en plein dans le mille en déclarant que «le Texas a radicalement déréglementé son marché de l'énergie de manière à encourager chaque producteur à produire le plus d'énergie au moindre coût avec le moins de résilience - et à ignorer le long- tendance à terme vers des conditions météorologiques plus extrêmes. "

Il est beaucoup moins probable que cela se produise en Chine. Après tout, les entreprises publiques doivent d'abord être responsables envers le pays. Ils doivent avoir un objectif de développement à plus long terme, et ce n'est que sur cette base qu'ils peuvent envisager combien d'argent ils pourraient gagner. Si un événement comme la panne d'électricité au Texas se produisait, les responsables concernés seraient tenus de rendre des comptes.

En 2008, alors que certaines parties de la province du Hunan, en Chine centrale, ont été durement touchées par une catastrophe de gel une fois par siècle, la State Grid Corporation of China a rapidement organisé 52 projets et investi 147 millions de yuans dans des fonds de recherche pour mettre en place une réponse d'urgence efficace. système. Depuis lors, il y a eu un temps froid plus sévère, mais pas de panne de courant majeure.

Une autre responsabilité importante des entreprises publiques chinoises est d'assurer l'emploi. Les différences entre les entreprises des deux pays étaient particulièrement importantes au milieu de la pandémie de COVID-19.

Boeing a averti en octobre 2020 qu'il supprimerait les emplois de 30000 travailleurs, soit près de 20% de sa main-d'œuvre, d'ici la fin de 2021 en raison de lourdes pertes.

Cependant, les entreprises chinoises, en particulier les grandes entreprises publiques, ont également subi de lourdes pertes, mais aucune n'a pris de telles décisions pour licencier des travailleurs. Certains ont même embauché plus d'employés après que la Chine se soit un peu remise de l'épidémie. La stabilité du personnel et des investissements des entreprises publiques contribuera également à stabiliser les petites et moyennes entreprises privées de la chaîne industrielle.

Ils ne peuvent pas se débarrasser du fardeau de la société et gagner de l'argent en rationalisant, comme l'ont fait de nombreuses entreprises américaines. Par conséquent, lorsque nous voyons ces actions américaines augmenter sur le marché boursier, nous devrions réfléchir à ce qu'elles ont fait à la société.

De la comparaison de ces deux aspects, on peut voir que la structure de l'économie chinoise est très différente de celle des États-Unis. Ils peuvent tous deux prendre exemple l'un par rapport à l'autre, mais dans l'ensemble, en raison de structures économiques différentes, les entreprises des deux pays iront dans des directions différentes. Néanmoins, il y a des expériences réussies de la Chine que les États-Unis ne pourront jamais apprendre.

L'auteur est rédacteur en chef au Quotidien du Peuple et actuellement chercheur principal au Chongyang Institute for Financial Studies de l'Université Renmin de Chine. [email]dinggang@globaltimes.com.cn[/email]. Suivez-le sur [email]Twitter@dinggangchina[/email]
Xuan
Cold Truth: Le gel du Texas est une catastrophe du marché libre

Par James K. Galbraith

21/02/2021
http://www.defenddemocracy.press/cold-truth-the-texas-freeze-is-a-catastrophe-of-the-free-market-by-james-k-galbraith/
18 févr.2021

Les «réformes» du marché de l'électricité au Texas ont rendu la crise actuelle inévitable
Lénine, qui était un meilleur économiste que Rick Perry, définissait autrefois le communisme comme «le pouvoir soviétique plus l'électrification de tout le pays». En concurrence avec Staline, le New Deal a construit des barrages et des lignes électriques suspendues dans l'arrière-pays américain. Lyndon Johnson, alors jeune membre du Congrès, a demandé à Roosevelt d'aider à construire le barrage de Mansfield, qui a apporté le pouvoir public au Texas Hill Country, et un autre, le barrage de Tom Miller, qui l'a amené à la ville d'Austin.

Les temps ont changé. Le Texas s'est développé et le culte du marché libre a pris le contrôle du gouvernement de l'État. Les économistes ont éclairé la voie à suivre. L'électricité est le produit standard ultime, chaque secousse exactement comme une autre. Le Texas avait une grille auto-fermée, coupée du commerce interétatique et est donc exemptée des réglementations fédérales. Quel meilleur endroit pour prouver les vertus d'un système compétitif et déréglementé?

En vertu des réglementations de type New Deal, les services publics d'électricité ont obtenu un taux de rendement de leur investissement, régi par une commission des services publics qui fixait et stabilisait les prix. C'était (en principe) suffisant pour couvrir la construction et l'entretien et un juste profit, pas tant que cela équivalait à des profits de monopole; les services publics étaient une entreprise stable mais terne, le socialisme municipal. Les économistes se sont plaints: il y avait une incitation, ont-ils dit, pour ces services publics à surinvestir. Plus leurs opérations sont importantes, plus leurs coûts totaux sont élevés, plus ils peuvent en tirer des taux .

Que faire? Les économistes ont proposé un marché libre: laisser les entreprises de production se concurrencer pour fournir de l'électricité au consommateur via le réseau électrique commun. Des contrats librement choisis régiraient les conditions et le prix. La concurrence assurerait une efficacité minimale et moyenne et des prix bas et bas la plupart du temps, reflétant le coût du carburant et la plus petite marge bénéficiaire possible. Le rôle de l'État serait minime - juste pour gérer le réseau commun, à travers lequel l'énergie circule du producteur au consommateur. En période de pénurie, les prix pourraient augmenter, mais le marché déciderait alors; ceux qui ne souhaitaient pas payer pouvaient toujours éteindre leurs interrupteurs.

C'était une configuration de manuel parfaite, avec l'offre d'un côté, la demande de l'autre et un gestionnaire neutre entre les deux. Certes, il y avait quelques détails. La première est que la demande d'électricité est ce que les économistes appellent inélastique : elle ne répond pas beaucoup aux prix, mais elle réagit aux changements de temps, et à ces moments-là, de chaleur ou de froid, la demande devient encore plus inélastique.

Un autre détail était que sur un marché ordinaire, il peut y avoir un certain jeu dans la relation entre l'offre et la demande. Si même un poissonnier ne vend pas ses prises, il peut, en fin de compte, baisser son prix - voire congeler l'aiglefin pour le lendemain. L'électricité n'est pas comme ça. L'offre doit être exactement égale à la demande chaque minute de chaque jour. Sinon, tout le système peut échouer.

Ce système présentait donc trois vulnérabilités. Premièrement, cela a créé une incitation à la concurrence acharnée, à fournir de l'énergie de la manière la moins chère possible, ce qui signifiait avec des machines, des puits, des compteurs, des tuyaux et aussi des moulins à vent qui n'étaient pas isolés contre le froid extrême - une rareté mais pas inconnue, même au Texas. Deuxièmement, il a laissé les prix libres de fluctuer. Troisièmement, il a assuré que lorsque les prix augmenteraient le plus, ce serait exactement au moment où la demande d'électricité serait la plus élevée.

En 2002, sous le gouverneur Rick Perry, le Texas a déréglementé son système électrique. Après quelques années, le marché libre de l'électricité, géré par une organisation à but non lucratif appelée ERCOT, était pleinement établi. Une soixantaine de prestataires ont finalement vu le jour. Si quelques villes - dont Austin - conservent leur pouvoir public, elles sont néanmoins liées au système étatique.

Le système de marché pouvait fonctionner et fonctionnait la plupart du temps. Les prix montaient et descendaient, et les clients qui ne signaient pas de contrats à long terme étaient exposés à certains risques. Un fournisseur, appelé Griddy, avait un modèle spécial: pour 9,99 $ par mois, vous pouviez obtenir votre électricité quel que soit le prix de gros d'un jour donné . C'était bon marché! Le plus souvent.

Le problème avec «la plupart du temps» est que les gens ont tout le temps besoin d'électricité . Et les dirigeants du Texas savaient en 2011, au moins, lorsque l'État a traversé un gel court et sévère, que le système était radicalement instable par temps extrême . Mais ils n'ont rien fait. Pour faire quelque chose, ils auraient dû réglementer le système. Et ils ne voulaient pas réglementer le système, parce que les fournisseurs, une riche source de financement de campagne, ne voulaient pas être réglementés et avoir à dépenser pour une météorisation qui n'était pas nécessaire - la plupart du temps. En 2020, même les inspections volontaires ont été suspendues, en raison du Covid-19.

Entrez dans le gel profond de 2021. La demande a augmenté. L'approvisionnement a diminué. Le gaz naturel a gelé dans les puits, dans les tuyaux et dans les centrales. Les moulins à vent non météorologiques ont également été déconnectés, une petite partie de l'histoire . Le Texas étant déconnecté du reste du pays, aucune réserve n'a pu être importée, et étant donné le froid partout, il n'y en aurait pas eu de disponible de toute façon. Il est arrivé un moment, le dimanche 14 février ou le lendemain, où la demande a tellement dépassé l'offre que l'ensemble du réseau texan est venu à quelques minutes d'un effondrement qui, nous dit-on, aurait pris des mois à réparer.

Lorsque cela s'est produit, le mécanisme des prix a complètement échoué. Les prix de gros ont été multipliés par cent - mais les prix de détail, sous contrat, ne l'ont pas fait, à l'exception des clients malchanceux de Griddy, qui se sont fait payer des factures de milliers de dollars chaque jour. ERCOT a donc été obligé de couper l'électricité, ce qui aurait pu être tolérable si cela s'était produit de manière continue dans les quartiers de l'État. Mais c'était impossible: vous ne pouvez pas couper le courant aux hôpitaux, aux casernes de pompiers et à d'autres installations critiques, ni d'ailleurs aux immeubles de grande hauteur du centre-ville dépendant des ascenseurs. Ainsi, les lumières sont restées allumées dans certaines régions, et elles sont restées éteintes - pendant des jours entiers - dans d'autres. Socialisme sélectif, pourrait-on l'appeler.

Lorsque les lumières s'éteignent et que la chaleur diminue, l'eau gèle et c'était la phase suivante de la calamité. Lorsque l'eau gèle, les tuyaux éclatent et lorsque les tuyaux éclatent, l'approvisionnement en eau ne peut pas répondre à la demande. Donc, à travers le Texas, la pression de l'eau baisse, alors que je tape ces mots. Les hôpitaux sans eau ne peuvent pas produire de vapeur, et donc de chaleur; et certains d'entre eux sont en cours d'évacuation . Pendant ce temps, la glace s'abat sur les lignes électriques.

Pour la plupart d'entre nous, c'est un jeu d'attente. Nous savons que l'électricité reviendra bientôt, tout comme elle n'est plus si désespérément nécessaire. Nous ne savons pas combien de temps avant que l'approvisionnement en eau soit entièrement rétabli. La nourriture dépend de votre niveau de préparation préalable. Quiconque n'a pas d'argent prêt, quiconque s'est fié à des informations officielles, quiconque n'est tout simplement pas sorti avant la tempête - tous ces gens ont un problème.

Rick Perry nous a rassurés qu'en tant que Texans, nous sommes prêts à nous sacrifier pour éviter la malédiction du socialisme . Mais c'est trop tard maintenant. Au lendemain de cette débâcle, nous reviendrons au socialisme municipal de style New Deal, ou ce désastre de l'électricité, de l'eau et du gaz se reproduira. Le socialisme est un gouvernement, en matière technique, par des ingénieurs et d'autres qui connaissent leur métier et non par des idéologues qui ne le savent pas. Comparé au Texas actuellement, ce n'est pas une si mauvaise perspective. En URSS, malgré tous ses autres défauts et le froid russe, le courant et la chaleur sont restés allumés. Même dans le pire de l'effondrement du marché libre post-soviétique, le métro de Moscou, un triomphe du socialisme municipal, ne s'est jamais arrêté.

* James K. Galbraith, chaire Lloyd M. Bentsen Jr. en relations gouvernementales et commerciales, Université du Texas à Austin

Publié sur www.ineteconomics.org

Lire aussi
Bénéfice des entreprises, déréglementation de l'électricité et catastrophe au Texas
Rick Perry suggère aux Texans d'aller volontairement sans chaleur pour repousser le fléau du socialisme
Xuan
Pandémie aux USA : loyers à payer et État-providence

Par Rachel Brunet Publié le 01/04/2020 à 16:05 Mis à jour le 01/04/2020 à 16:23

https://lepetitjournal.com/new-york/pandemie-aux-usa-loyers-payer-et-etat-providence-277448

Face à une crise économique grandissante découlant de la pandémie de coronavirus, les appels à geler les loyers des particuliers se sont multipliés dans la ville de New York, dans l’État mais aussi dans tout le pays. Le gouverneur Cuomo, à la tête de l’État de New York, insiste sur le fait qu’il a déjà mis en place des solutions pour les locataires qui peinent à payer leur loyer. Mais est-ce suffisant ?



26 % des ménages concernés
Selon le cabinet Amherst, 26% des ménages vivant en location aux Etats-Unis pourraient avoir besoin d'aide temporaire pour payer leur loyer, ce qui se chiffrerait à environ 12 milliards de dollars par mois.

Le gouvernement fédéral a certes annoncé un plan d'aide historique de 2.200 milliards de dollars pour soigner l'économie, mais le chèque de 1.200 dollars promis à chaque Américain, et qui ne concèrne pas les expatriés, -- plus 500 pour chaque enfant -- n'arrivera pas avant la seconde moitié d'avril.

En attendant, un nombre record de 3,28 millions d'Américains se sont inscrits au chômage lors de la semaine clôturée le 21 mars. Un chiffre qui fait tout simplement office de record, le précédent pic ayant été enregistré en octobre 1982 avec 695.000 nouvelles demandes. En février dernier, le taux de chômage était de 3,5% aux États-Unis, le plus faible depuis un demi-siècle. Les prochains chiffres qui seront publiés le 3 avril devraient donc être très mauvais. Steve Mnuchin, secrétaire d’État au Trésor, a évoqué un possible taux record de 20%.

Stop aux expulsions
Face aux cortèges de licenciements et annonces de chômage technique, les sociétés de prêts immobiliers sont préparées à une vague d'impayés massifs au 1er avril.

Des expulsions ont été suspendues temporairement dans certaines municipalités, tandis que des appels à un loyer blanc en avril se multiplient sur les réseaux sociaux. Le Gouverneur Cuomo, plus tôt en mars, a fait geler les expulsions pour loyers impayés pour une durée de 90 jours. Sa mesure phare donc. Mais que se passera-t-il à l’issue de cette période ? Si les loyers ne sont pas suspendus, il y a fort à parier que les expulsions reprendront de plus belle. En effet, les ménages qui ont perdu une grande partie ou la la totalité de leurs ressources durant la période de « pause » nécessiteraient plusieurs semaines voire plusieurs mois afin de pouvoir honorer leurs arriérés. Alors qu’est-il conseillé aux locataires qui sont dans l’incapacité de payer leur loyer ce 1er avril, comme il en est la règle ? Contacter le propriétaire, ou le management de son immeuble, afin de demander soit du temps, soit un allègement du loyer. Certains propriétaires pourraient se montrer compatissants. Peut-être que d’autres le seront moins.

Aujourd’hui, un groupe de new-yorkais a déjà prévu de manifester en respectant la règle de distanciation sociale devant le Justice Center à El Barrio dans la quartier de East Harlem. Ils invitent tous ceux qui souhaitent bénéficier d’un gel de loyer à se joindre à eux. Leur cri de ralliement « Cancel the rent / Cancela la renta » . Le rendez-vous est donné à 18h ce 1er avril.

Outre les particuliers, une foultitude d'entreprises, grandes et petites, comme Nike et Cheesecake Factory, vont soit payer seulement la moitié de leurs loyers soit faire défaut.

Certains secteurs souffrent particulièrement de la crise. Les services sont notamment frappés de plein fouet. Le département du Travail a également précisé que les soins de santé et l’assistance sociale, les arts, les divertissements et les loisirs, les industries du transport, de l’entreposage et de la fabrication étaient touchés.

Autre milieu aux abois: la restauration. Avec plus d’un million de bars, de fast-food et de restaurants présents dans le pays, ce secteur vital pour l’économie américaine est le deuxième plus important employeur du pays derrière le secteur de la santé. La Fédération nationale des restaurants a récemment mené une enquête auprès de 4.000 restaurateurs, qui montrait que 3% des établissements avaient déjà mis la clé sous la porte et que 11% comptaient le faire d’ici un mois. D’après les calculs de la Fédération, une fermeture d’une durée de trois mois amputerait le chiffre d’affaires de 25% et cinq à sept millions de personnes au minimum perdraient définitivement leur emploi.

Qu’en disent les économistes ?
En attendant, des économistes de Pantheon Macroeconomics ont pointé un indicateur de la morosité économique ambiante qui frappe actuellement les États-Unis. Le nombre de recherches Google « déposer une demande de chômage » est actuellement environ huit fois supérieur à ce qu’il était en février 2009. Les États-Unis étaient alors en pleine crise des subprimes. Mais il faut aussi garder à l’esprit qu’il y a 11 ans, le réflexe de recherche sur internet était peut-être moins un automatisme qu’aujourd’hui et que les smartphones faisaient moins partie intégrante du quotidien des Américains.

Alors quid de l’idée de l’État providence ? Selon l’économiste français Gaël Giraud, la pandémie montre les faiblesses du modèle économique libéral et individualiste, et rappelle la nécessité d’un Etat ramené à sa mission première : la survie de chacun. Parallèlement, Dan Patrick, lieutenant-gouverneur du Texas (équivalent de vice-gouverneur), a estimé que les grands-parents, comme lui, devaient être prêts à mourir pour sauver l'économie du pays. Troublant parallèle.

« En 2008, on a beaucoup parlé du retour de l'État providence, mais c'était essentiellement rhétorique : ça consistait en de petits aides budgétaires qui étaient insuffisantes. Aujourd'hui, l'aide budgétaire envisagée par la plupart des pays est également insuffisante. Et puis, c'était surtout des tombereaux de liquidités injectées par les banques centrales dans le secteur bancaire. Or, cet argent qui a été injecté dans le secteur bancaire n'est pas arrivé dans l'économie réelle. Il a été effectivement utilisé par les banques pour agir sur les marchés financiers et il a alimenté la bulle financière qui aujourd'hui, est en train de crever puisque en deux semaines, la planète a perdu en gros un tiers de la capitalisation boursière mondiale » explique l’économiste et non moins directeur de recherches au CNRS et professeur à l’École nationale des ponts et chaussées, Gaël Giraud.

Comparer la situation économique engendrée par la pandémie de nouveau coronavirus au krach boursier de 1929 ? Toujours selon Gaël Giraud « je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait similaire. Ce qui est similaire c'est qu'il y a une panique sur les marchés boursiers, mais la grande différence entre ce qui se passe aujourd'hui et 1929, c'est que l'origine de la crise n'est pas financière. L'origine de la crise se trouve dans l'économie réelle, c'est à dire que c'est la production elle-même qui est à l'arrêt, il y a à la fois une crise d'offre et de demande »

Pour mémoire, en 2016, dans The Great exception, l’historien américain Jefferson Cowie, spécialiste du monde du travail, tentait d’expliquer à ses lecteurs pourquoi le mot d’ordre d’un nouveau New Deal, ou d’une réactivation de la politique sociale et économique des années 1930 et 1940, n’était pas à l’ordre du jour pour la gauche progressiste aujourd’hui. A ses yeux, le New Deal est un « hapax » dans l’histoire des Etats Unis, une exception singulière qui s’explique par des causes conjoncturelles et qui, parce qu’elle va à l’encontre des courants profonds de la culture politique américaine, ne peut être ni réitérée ni réactivée.
Xuan
23 avril 2019

La chute de l’aigle est proche



URL de cet article 34837
https://www.legrandsoir.info/la-chute-de-l-aigle-est-proche.html


Bruno GUIGUE
Aurions nous atteint ce moment crucial où l’hyperpuissance en déclin se met à douter d’elle-même ? La presse américaine vient de relater ce que l’ancien président Jimmy Carter a dit à Donald Trump lors de leur récente entrevue. Le locataire de la Maison-Blanche avait invité son prédécesseur à lui parler des relations entre la Chine et les USA, et Jimmy Carter a rapporté publiquement la teneur de cet entretien lors d’une assemblée baptiste en Géorgie. C’est une véritable pépite.


« Vous craignez que la Chine nous passe devant, et je suis d’accord avec vous. Mais savez-vous pourquoi la Chine est en train de nous dépasser ? J’ai normalisé les relations diplomatiques avec Pékin en 1979. Depuis cette date, savez-vous combien de fois la Chine a été en guerre avec qui que ce soit ? Pas une seule fois. Et nous, nous sommes constamment restés en guerre. Les États-Unis sont la nation la plus belliqueuse de l’histoire du monde, parce qu’ils désirent imposer des valeurs américaines aux autres pays. La Chine, elle, investit ses ressources dans des projets tels que les chemins de fer à grande vitesse au lieu de les consacrer aux dépenses militaires.

Combien de kilomètres de chemin de fer à grande vitesse avons-nous dans ce pays ?Nous avons gaspillé 3 000 milliards de dollars en dépenses militaires. La Chine n’a pas gaspillé un centime pour la guerre, et c’est pourquoi elle est en avance sur nous dans presque tous les domaines. Et si nous avions pris 3 000 milliards pour les mettre dans les infrastructures américaines, nous aurions un chemin de fer à grande vitesse. Nous aurions des ponts qui ne s’effondrent pas. Nous aurions des routes qui sont entretenues correctement. Notre système éducatif serait aussi bon que celui de la Corée du Sud ou de Hong Kong. »

Qu’un tel bon sens n’ait jamais effleuré l’esprit d’un dirigeant américain en dit long sur la nature du pouvoir dans ce pays. Il est sans doute difficile, pour un Etat qui représente 45% des dépenses militaires mondiales et dispose de 725 bases militaires à l’étranger, où les industries de l’armement contrôlent l’État profond et dont la politique étrangère a fait 20 millions de morts depuis 1945, d’interroger son rapport pathologique avec la violence armée. « La guerre au Vietnam, disait déjà Martin Luther King, est le symptôme d’une maladie de l’esprit américain dont les piliers sont le racisme, le matérialisme et le militarisme ».

Mais cette question concerne surtout l’avenir. Par la faute de leurs dirigeants, les USA sont-ils condamnés à connaître le sort de ces empires qui ont succombé à leurs ambitions démesurées, littéralement asphyxiés par le poids exorbitant des dépenses militaires ? A la fin de son mandat, en 1961, le président Eisenhower dénonçait avec des accents prophétiques un complexe militaro-industriel qui faisait peser une chape de plomb sur la société américaine. Pas plus que Donald Trump ou Barack Obama, il ne se souciait du sort des populations affamées, envahies ou bombardées par l’Oncle Sam au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Mais comme Jimmy Carter aujourd’hui, il pressentait que la course aux armements serait la principale cause du déclin de l’empire.

Car les néoconservateurs et autres « Docteur Folamour » du Pentagone, depuis plusieurs décennies, n’ont pas seulement fait rimer démocratie américaine et massacre de masse au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Corée, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, sans oublier les tueries orchestrées dans l’ombre par la CIA et ses succursales, de l’extermination de la gauche indonésienne (500 000 morts) aux exploits des escadrons de la mort guatémaltèques (200 000 morts) en passant par les bains de sang exécutés pour le compte de l’empire par les lobotomisés du djihad planétaire. Les stratèges de l’endiguement du communisme à coups de napalm, puis les apprentis-sorciers du chaos constructif par importation de la terreur, en effet, n’ont pas seulement mis la planète à feu et à sang.

Marionnettes de l’État profond américain, ces bellicistes qui ont pignon sur rue au Congrès, à la Maison-Blanche et dans les think tanks néocons ont également plongé la société américaine dans un marasme intérieur que masque à peine l’usage frénétique de la planche à billets. Si le bellicisme des Etats-Unis est l’expression de leur déclin, il en est aussi la cause. Il en est l’expression, lorsque pour enrayer ce déclin, la brutalité des interventions militaires, des sabotages économiques et des opérations sous fausse bannière est la marque de fabrique de sa politique étrangère. Il en est la cause, lorsque l’inflation démentielle des dépenses militaires sacrifie le développement d’un pays où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus nombreux.

Alors que la Chine investit dans les infrastructures civiles, les Etats-Unis laissent les leurs à l’abandon au profit des industries de l’armement. Washington fait des rodomontades à l’extérieur, mais laisse le pays se déliter à l’intérieur. Le PIB par habitant est colossal, mais 20% de la population croupit dans la pauvreté. Les détenus américains représentent 25% des prisonniers de la planète. 40% de la population est frappée par l’obésité. L’espérance de vie des Américains (79,6 ans) est passée derrière celle des Cubains (80 ans). Comment un petit pays socialiste du Tiers Monde, soumis à l’embargo, peut-il faire mieux qu’une gigantesque puissance capitaliste auréolée de son hégémonie planétaire ? Il faut croire qu’aux USA la santé de la plèbe n’est pas la préoccupation majeure des élites.

Habile compétiteur, Donald Trump a gagné les élections en 2016 en promettant de restaurer la grandeur des Etats-Unis et en s’engageant à rétablir les emplois perdus à cause d’une mondialisation débridée. Mais les résultats obtenus, faute de réformes structurelles, infligent une douche froide à ses ardeurs incantatoires. Le déficit commercial avec le reste du monde a explosé en 2018, battant un record historique (891 milliards de dollars) qui pulvérise celui de 2017 (795 milliards). Donald Trump a complètement échoué à inverser la tendance, et les deux premières années de son administration sont les pires, en matière commerciale, de l’histoire des États-Unis.

Dans ce déficit global, le déséquilibre persistant des échanges avec la Chine pèse lourd. Il a atteint en 2018 un record historique (419 milliards) qui dépasse le bilan désastreux de l’année 2017 (375 milliards). En fait, la guerre commerciale engagée par Donald Trump a surtout aggravé le déficit commercial américain. Alors que les importations de produits chinois vers les USA continuaient de croître (+7%), la Chine a réduit ses importations en provenance des Etats-Unis. Donald Trump a voulu utiliser l’arme tarifaire pour rééquilibrer le bilan commercial américain. Ce n’était pas illégitime, mais irréaliste pour un pays qui a lié son destin à celui d’une mondialisation dictée par des firmes transnationales made in USA.

Si l’on ajoute que le déficit commercial avec l’Europe, le Mexique, le Canada et la Russie s’est également aggravé, on mesure les difficultés qui assaillent l’hyperpuissance en déclin. Mais ce n’est pas tout. Outre le déficit commercial, le déficit budgétaire fédéral s’est également creusé (779 milliards de dollars, contre 666 milliards en 2017). Il est vrai que l’envol des dépenses militaires est impressionnant. Le budget du Pentagone pour 2019 est le plus élevé de l’histoire des Etats-Unis : 686 milliards de dollars. La même année, la Chine a dépensé 175 milliards, avec une population quatre fois supérieure. Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce que la dette fédérale ait battu un nouveau record, atteignant 22 175 milliards de dollars. Quant à la dette privée, celle des entreprises et des particuliers, elle donne le vertige (73 000 milliards de dollars).

Certes, les USA bénéficient d’une rente de situation exceptionnelle. Le dollar est encore la monnaie de référence pour les échanges internationaux et pour les réserves des banques centrales. Mais ce privilège n’est pas éternel. La Chine et la Russie remplacent leurs réserves en dollars par des lingots d’or et une part croissante des échanges est désormais libellée en yuans. Les Etats-Unis vivent à crédit aux dépens du reste du monde, mais pour combien de temps ? Selon la dernière étude du cabinet d’audit PwC (« Le monde en 2050 : comment l’économie mondiale va changer ces 30 prochaines année »), les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie) pourraient peser près de 50% du PIB mondial en 2050, tandis que la part des pays du G7 (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Japon) descendrait à 20%. La chute de l’aigle est proche.

Bruno GUIGUE
Xuan
Si vous allez à San Francisco, vous y verrez des seringues et de la merde
(par Nicolas Casaux)

http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-12-08-2018/

La ville de San Francisco est régulièrement promue dans les médias de masse comme un modèle de gestion écologique des déchets pour son taux de recyclage de 80%. En France, le film documentaire Demain, réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, a beaucoup participé à la diffusion de cette idée. Partout où il passe, Cyril Dion brandit le cas de San Francisco comme une preuve de ce qu’il est possible de rendre une ville écolo-durable ( « L’exemple le plus impressionnant, que nous présentons dans le film, est celui de la ville de San Francisco qui recycle 80 % de ses déchets » ). Si seulement.

Affirmer que San Francisco est un modèle de ville durable est une sacrée performance. Ou peut-être est-ce au contraire d’une simplicité confondante : il suffit de répéter cette affirmation sans l’étudier, sans aucun esprit critique. En creusant un peu, on réalise rapidement qu’elle se base sur un certain nombre d’absurdités. À commencer par le fait que le taux de 80% est une arnaque comptable[1]. La ville comptabilise en effet dans son calcul du taux de déchets recyclés, entre autres bizarreries, les déchets du bâtiment et des travaux publics. Ce qu’aucune ville ne fait[2]. Sans ce tour de passe-passe, le taux de recyclage de la ville serait plutôt de l’ordre de 60%. Au passage, on notera que Recology, l’entreprise chargée de la gestion des déchets de la ville, a été condamnée à payer 1,3 million de dollars en 2014 pour des pratiques frauduleuses. Mais cette arnaque comptable n’est rien au regard de ce qui suit.

La ville de San Francisco (870 000 habitants) produit chaque année toujours plus de déchets, en 2013 elle en a produit plus de 2 millions de tonnes, quand la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (plus d’un million d’habitants) n’en produisait que 653 226 tonnes. Un modèle. La ville de San Francisco génère chaque jour environ 1 200 tonnes[3] de déchets non recyclables et non compostables qui sont enfouies sous terre. Un modèle.

En outre, ce qu’ils (les gouvernements, les entreprises et les médias de masse) qualifient de recyclage n’a rien d’écologique. Le traitement des déchets se fait toujours loin hors de la ville, dans des usines énergivores (sauf pour le bois/papier qu’ils brûlent en usine de biomasse, une autre catastrophe écologique). Dans le film Demain, on ne voit que la part des déchets qui est compostée, et c’est tout. Sachant que les déchets compostés constituent la part la moins importante des déchets collectés dans la ville. Ce qu’ils n’expliquent pas dans le documentaire, c’est qu’une grande partie des déchets (métaux, plastiques, etc.), uniquement triée, est exportée et disséminée à travers le globe, jusqu’en Chine, aux Philippines et au Vietnam — d’ailleurs, depuis que la Chine a restreint ses importations de déchets en 2017, Recology se retrouve face à un problème relativement gênant, celui de trouver comment écouler les tonnes d’ordures qu’elle expédiait habituellement vers l’empire du Milieu. C’est-à-dire que ces déchets produits par les San-Franciscains sont compressés en balles en usine puis expédiés à l’autre bout du monde pour être recyclés — sachant que le recyclage n’est pas une véritable solution, d’abord parce que le recyclage infini est un mythe[4], ensuite parce que le recyclage du plastique est particulièrement inefficace[5], et enfin et surtout parce que le recyclage, dans le cadre d’une société industrielle capitaliste de croissance, ne résout aucun des problèmes fondamentaux qu’elle implique (de surconsommation de ressources, y compris énergétiques, de pollutions en tous genres, d’étalement urbain, de croissance démographique, etc., etc.).

Récapitulons. Ce qu’ils nous présentent comme un modèle de vertu écologique, de durabilité, c’est une ville dont la production de déchets par personne, relativement élevée, ne cesse de croître, et dont la gestion de ces déchets consiste à en enfouir une partie, à en expédier une autre en Chine et ailleurs, et à en brûler une partie en incinérateur ; c’est aussi une ville qui trafique ses calculs de taux de recyclage. Un modèle.

Mais nous ne devrions pas avoir besoin de discuter ainsi de la soi-disant durabilité d’une ville comme San Francisco. Comme toutes les grandes métropoles du monde, San Francisco dépend directement de l’ensemble des infrastructures et des pratiques toutes plus insoutenables les unes que les autres de la civilisation industrielle. Il faut une sacrée dose d’ignorance historique et écologique pour ne pas comprendre que l’urbanisation de la baie de San Francisco a dramatiquement ravagé ce qui était jusqu’à il y a moins de 300 ans un écosystème sain (non pollué ) et plein de vie. Où sont passés les condors de Californie, les wapitis, les ours, les loups et ainsi de suite, qui pullulaient dans la baie ? Les conséquences du développement de la civilisation industrielle dans la baie de San Francisco rappellent les conséquences de son développement partout sur la planète : extermination et disparition de nombreuses espèces vivantes, pollution des eaux (aujourd’hui, on retrouve un peu de tout dans les eaux de San Francisco, du mercure, des résidus de médicaments en tous genres, des huiles de moteur usagées, des déchets plastiques, et ainsi de suite ; cinq des plages les plus polluées de Californie se trouvent dans la baie, qui ne cesse de s’acidifier), pollution de l’air (en ce moment, la qualité de l’air dans la baie n’est pas loin d’être la pire de tous les États-Unis[6]), etc.

Leur manière de mesurer la qualité écologique de la ville — et d’une ville en générale — est grotesque. Comme si on pouvait se contenter de statistiques concernant le « recyclage » des déchets produits par une ville pour l’estimer. Comme si on pouvait occulter les nombreux impacts environnementaux (sans parler des impacts sociaux), entre autres choses, de la production mondialisée des appareils électroniques les plus couramment utilisés par les San-Franciscains — iPods, iPads, iPhones, Google Glass… — ou de leurs voitures, réfrigérateurs, téléviseurs, ou de leur nourriture, ou de la construction des infrastructures qu’ils utilisent et des bâtiments dans lesquels ils vivent, et ainsi de suite. Si toutes ces choses étaient prises en compte, on s’apercevrait immédiatement de l’insoutenabilité totale de la civilisation industrielle et de son mode de vie. Mais elles ne le sont pas, évidemment, propagande oblige.

Et comment ne pas parler des inégalités sociales ? San Francisco est une des villes les plus chères des USA. La gentrification en cours n’a pour cesse d’épurer la ville de ses habitants les plus pauvres[7] :

« La ville de San Francisco connaît un processus de gentrification d’une violence sans commune mesure avec ce que l’on peut constater en France. On l’a longtemps appelé embourgeoisement, ou changement urbain dans le contexte de la recherche académique française, sans pour autant y mettre les significations que contient le terme anglo-saxon. Il faut pourtant être clair : il est bien question ici de processus similaires dans leurs conséquences, bien que la rapidité à laquelle ils se produisent diffère, ou que leur visibilité ne permette pas de les identifier aussi facilement. »

Et comment ne pas voir toute la folie et l’inhumanité de la civilisation industrielle dans le fait que la ville ne parvient toujours pas à gérer les problèmes qui découlent de la présence des nombreux sans-abri, souvent atteints de troubles psychiatriques, qui errent dans ses rues, résultat des politiques calamiteuses des gouvernements qui se sont succédé et symptôme du mal-être qui ronge la modernité ? On estime qu’ils sont 7 500 à vivre dehors sur une population totale de 870 000 habitants (presque 1% de la population). Très récemment, la nouvelle maire de San Francisco, London Breed, dans une des premières interviews[8] qu’elle a accordées depuis son entrée en fonction, a expliqué qu’il y avait « plus d’excréments sur les trottoirs » que jamais, et qu’on « ne parle pas que de crottes de chiens, mais de matières fécales humaines » . Au cours des six premiers mois de l’année 2018, plus de 16 000 plaintes concernant des « excréments » ont été déposées auprès des autorités de la ville. La présence de déchets en tous genres, y compris de seringues, est actuellement un véritable problème pour la municipalité. Ainsi que l’explique le San Francisco Chronicle dans un article[9] intitulé « Pourquoi San Francisco fait face à un déluge de seringues » : « La ville de San Francisco distribue plus de seringues gratuites aux toxicomanes — 400 000 par mois, un chiffre qui ne cesse de croître — que la ville de New York, dix fois plus peuplée » . La consommation de drogue en public est un problème croissant dans toute la ville. Des habitants se plaignent, entre autres, de « devoir enjamber des gens qui s’injectent de l’héroïne dans les stations de métro » .

vidéo : http://youtu.be/HWdurZWys4I


Ainsi que l’a récemment titré[10] le Business Insider, « Le centre-ville de San Francisco est davantage jonché de seringues, de déchets et d’excréments que certains des plus pauvres bidonvilles du monde » . Dans l’article, on apprend notamment que « la contamination de certains quartiers de San Francisco est pire que celle de certains endroits du Brésil, du Kenya ou de l’Inde » . Un modèle.

Je me suis promené dans les rues de San Francisco. Je ne connaissais pas grand-chose de l’histoire de la ville. J’ai été stupéfait par le nombre de clochards, de toxicomanes et de malades mentaux qu’on y rencontre. Parfois au pied d’immeubles de luxe réservés aux super-riches, ou devant les bureaux d’Uber, de Microsoft, ou de Twitter. J’ai vu les gratte-ciels, ces manifestations délirantes de l’hubris de la société industrielle, dont les constructions sont autant de désastres écologiques. Les travaux incessants qui font de toutes les villes d’interminables chantiers. Les magasins de luxe de l’hypercapitalisme actuel. Les businessmen pressés — de faire du profit, toujours plus, en exploitant les hommes et en détruisant la planète, toujours plus — qui ignorent machinalement tous les clochards qu’ils croisent lors de leur jogging matinal. Je n’ai pas vu « des gens doux et gentils, le long des rues de San Francisco » , me parler de fleurs et devenir mes amis. Je n’ai pas vu de fleurs dans les cheveux mais des oreillettes Bluetooth et des smartphones dans les mains. Bref, j’y ai vu la démence commune de la modernité.

Il n’y a rien de durable à San Francisco. Comme beaucoup d’autres, cette ville incarne précisément l’insoutenabilité, l’iniquité et la folie qui gangrènent la civilisation industrielle. Ceux qui se servent de son cas pour suggérer qu’on pourrait la rendre durable ou écologique sont les idiots utiles du capitalisme vert. C’est l’évidence même. Ceux qui ne le comprennent (toujours) pas aujourd’hui ne manqueront pas de le constater d’ici quelques années.

Nicolas Casaux

Relecture : Lola Bearzatto

Voir ici : http://www.bloomberg.com/view/articles/2014–07–11/san-francisco-s-recycling-claims-are-garbage et ici : https://discardstudies.com/2013/12/06/san-franciscos-famous-80-waste-diversion-rate-anatomy-of-an-exemplar/
http://www.bloomberg.com/view/articles/2014–07–11/san-francisco-s-recycling-claims-are-garbage
http://www.sfexaminer.com/where-does-the-garbage-go/
http://www.youtube.com/watch?v=i03kd_diDDk
http://reporterre.net/Dechets-plastiques-le-recyclage-n-est-pas-la-solution ↑
http://www.sfgate.com/bayarea/article/Bay-Area-air-quality-worst-nation-climate-change-12842251.php ↑
http://www.laviedesidees.fr/La-gentrification-a-San-Francisco.html ↑
http://www.sacbee.com/news/state/california/article214962990.html ↑
http://www.sfchronicle.com/bayarea/matier-ross/article/Why-San-Francisco-is-stuck-with-a-deluge-of-12952111.php ↑
http://www.businessinsider.fr/us/why-is-san-francisco-so-dirty-2018–2 ↑


Edité le 16-08-2018 à 22:39:46 par Xuan


Xuan
USA la misère : "Welcome to Orange County California"

http://www.facebook.com/terrence.daniels.12/videos/1994748470565296/
Xuan
Plus de 16 ans semble-t-il. Je n'ai pas reproduit tout l'article non plus, ce site est lié à Olivier Delamarche, qui annonce régulièrement la fin du monde depuis 2008 au moins.

Il se produit quelque chose de nouveau à ce propos. L'essor des pays émergents absorbe au moins pour partie la crise des pays impérialistes.
Par exemple les milliards de dollars injectés par les USA sont investis par les pays en développement et correspondent alors à une marchandise réelle.
Nous devrions étudier attentivement le Capital pour comprendre ce qu'il y a de nouveau.
pzorba75
Ce titre "Etats-Unis: Au 31 Octobre 2017, près de 102 MILLIONS d’américains sont toujours sans emploi" induit en erreur.
Les 102 millions d'américains sans emploi regroupent les enfants, les personnes dites âgées ne travaillant plus et les sans emploi, seule catégorie vraiment significative de la crise du système de production américain. Il faudrait pour comparer indiquer le nombre des sans emploi en France et en Allemagne, qui sera forcément bien plus élevé que celui rabâché tous les mois des chômeurs par catégorie.
Xuan
Etats-Unis: Au 31 Octobre 2017, près de 102 MILLIONS d’américains sont toujours sans emploi


Le 03 Nov 2017 business bourse B&B - extrait.



Le nombre d’américains se trouvant hors de la population active (en dehors du marché du travail) se situe toujours proche des sommets historiques au 31 Octobre 2017, selon les nouvelles données sur l’emploi publiées ce vendredi 3 Novembre 2017 par le département du travail américain (Bureau of Labor Statistics-BLS).

Le Département du Travail Américain (Bureau of Labor Statistics – BLS) rapporte ce vendredi 03 Novembre 2017 que 95,385 millions d’américains (âgées de 16 ans et plus) n’étaient ni employés le mois dernier, ni en recherche active d’un emploi durant les quatre dernières semaines.

Le nombre d’américains se trouvant exclus du marché du travail au 31 Octobre 2017( Not in labor force), est donc de 95,385 millions d’individus auxquels il faut ajouter 6,520 millions d’américains officiellement déclarés au chômage (unemployed)

En résumé: 95,385 + 6,520= 101,905.
Près de 102 millions d’américains se trouvent sans emploi au 31 Octobre 2017.



 
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