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Xuan
Mao Tsétoung et les industriels privés



Quelques mois avant la prise du pouvoir, Mao Tsé-toung indiquait de façon assez précise dans cet extrait [1] la conduite à tenir avec l’industrie capitaliste privée [2] et la structure économique de la démocratie nouvelle :

4… L'industrie capitaliste privée de la Chine, qui occupe la seconde place dans notre industrie moderne, est une force qu'on ne doit pas ignorer.
Opprimés ou limités dans leur activité par l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, la bourgeoisie nationale de Chine et ses représentants ont souvent participé aux luttes de la révolution démocratique populaire ou sont restés neutres dans ces luttes.
Pour ces raisons, et du fait que l'économie chinoise est encore retardataire, il sera nécessaire, pendant une période assez longue après la victoire de la révolution, d'utiliser autant que possible les facteurs positifs du capitalisme privé des villes et de la campagne dans l'intérêt du développement de l'économie nationale.

Pendant cette période, il faudra permettre à tous les éléments du capitalisme urbain et rural qui sont profitables et non nuisibles à l'économie nationale d'exister et de se développer.
Ceci est non seulement inévitable, mais encore économiquement indispensable.

Cependant, le capitalisme n'existera ni ne se développera en Chine de la même façon que dans les pays capitalistes, où il peut déborder librement sans être endigué.

Le capitalisme sera limité en Chine de plusieurs façons : par la restriction de son champ d'activité, par la politique fiscale, par les prix du marché et par les conditions de travail.
Nous adopterons une politique appropriée et souple pour limiter le capitalisme de plusieurs façons, selon les conditions spécifiques de chaque lieu, de chaque branche et de chaque période.
Il nous est nécessaire et utile de nous servir du mot d'ordre de Sun Yat-sen "contrôle du capital »[3] . Cependant, dans l'intérêt de l'économie nationale tout entière et dans l'intérêt actuel et futur de la classe ouvrière et de tout le peuple travailleur, nous ne devons absolument pas limiter l'économie capitaliste privée d'une manière excessive ou trop rigide, mais lui laisser du champ pour qu'elle puisse exister et se développer dans le cadre de la politique économique et de la planification économique de la république populaire.
La politique de limitation du capitalisme privé se heurtera inévitablement, à des degrés différents et sous des formes différentes, à la résistance de la bourgeoisie et surtout des grands propriétaires d'entreprises privées, c'est-à-dire des gros capitalistes.
La limitation et l'opposition à cette limitation seront les formes principales de la lutte de classes dans l'Etat de démocratie nouvelle.

Estimer qu'à l'heure actuelle nous n'avons pas besoin de limiter le capitalisme et que nous pouvons rejeter le mot d'ordre de "contrôle du capital" est tout à fait faux ; c'est de l'opportunisme de droite. Estimer au contraire que nous devons imposer des limites des plus restreintes ou des plus rigides au capital privé, ou que nous pouvons même éliminer le capital privé très rapidement, est tout aussi faux ; c'est de l'opportunisme "de gauche" ou de l'aventurisme. […]

5 … L'économie d'Etat, de caractère socialiste, l'économie coopérative, de caractère semi-socialiste, plus le capitalisme privé, l'économie individuelle et l'économie du capitalisme d'Etat, gérée en commun par l 'Etat et le capital privé, seront les secteurs principaux de l'économie de la république populaire et constitueront la structure économique de démocratie nouvelle. […]



______________________

Notes

[1] Rapport à la 2e session plénière du CC issu du VIIe congrès du PCC – chapitre 4 (5 mars 1949 – Tome IV des Œuvres choisies),
[2] On voit au passage que la réforme de Teng Siao Ping n’a pas restauré le capitalisme contrairement à ce qui est souvent affirmé ici.
[3] Le "contrôle du capital" était un des célèbres mots d'ordre de Sun Yat-sen_ Le manifeste, publié le 23 janvier [924, du 1er Congrès du Kuomintang, marqué par la coopération entre le Kuomintang et le Parti communiste, interpréta ce mot d'ordre comme suit:
"Toute entreprise, appartenant aux Chinois ou aux étrangers, ayant un caractère monopoliste ou dépassant, par son envergure, les possibilités d'un particulier, comme la banque, les chemins de fer et la navigation, doit être administrée par l'Etat, afin que le capital privé ne puisse contrôler la vie économique du peuple."
Xuan
Mao Tsé-toung et la « théorie des forces productives »


Dans ‘La révolution chinoise et le Parti Communiste Chinois’ [1] , Mao montre l’évolution et la situation des classes dans la Chine avant la révolution. Dans ces grandes lignes cette évolution se retrouve dans un grand nombre de colonies.

D’une part l’impérialisme a accéléré la transformation de la société chinoise :

« la société féodale chinoise a duré environ 3 000 ans. C'est seulement vers le milieu du XIXe siècle, par suite de la pénétration du capitalisme étranger, que de profonds changements se sont produits dans sa structure.
L'économie marchande qui se développait en son sein portait déjà les germes du capitalisme. La société chinoise aurait donc pu se transformer peu à peu en une société capitaliste même sans l'influence du capitalisme étranger. Mais en pénétrant en Chine, celui-ci a accéléré le processus. Il a joué un rôle important dans la décomposition de notre économie sociale : d'une part, il a sapé les bases de l'économie naturelle qui se suffisait à elle-même et a ruiné l'industrie artisanale dans les villes et l'artisanat domestique dans les campagnes ; d'autre part, il a favorisé le développement de l'économie marchande dans les villes et les campagnes »
.

Cette accélération fait apparaître et se développer le capitalisme national :
i]« sous l'effet stimulant du capitalisme étranger et par suite d'une certaine détérioration de la structure économique féodale, des commerçants, des propriétaires fonciers et des bureaucrates ont commencé à faire des investissements dans l'industrie moderne. Il y a une quarantaine d'années, à la fin du siècle dernier et au début du nôtre, le capitalisme national chinois a commencé à se développer. Et il y a vingt ans, pendant la première guerre mondiale impérialiste, alors que les pays impérialistes d'Europe et d'Amérique étaient occupés à faire la guerre et avaient momentanément relâché leur étreinte sur la Chine, l'industrie nationale chinoise, surtout le textile et la minoterie, a connu une nouvelle expansion »[/i].

Le capitalisme fait émerger deux classes « qui n’avaient jamais existé dans l’histoire de la Chine », « à la fois liées l’une à l’autre et antagonistes » :

« A l'apparition et au développement du capitalisme national en Chine correspondent l'apparition et le développement de la bourgeoisie et du prolétariat. Si une partie des commerçants, des propriétaires fonciers et des bureaucrates ont été les précurseurs de la bourgeoisie chinoise, une fraction des paysans et des artisans ont été les précurseurs du prolétariat chinois »

Mais l’une et l’autre ont des spécificités propres aux conditions nationales :
« Cependant, le prolétariat chinois est apparu et s'est développé non seulement en même temps que la bourgeoisie nationale, mais aussi en même temps que les entreprises exploitées directement par les impérialistes en Chine. Il en résulte qu'une partie très importante du prolétariat chinois dépasse la bourgeoisie en âge et en expérience et, par conséquent, sa force sociale est plus grande, sa base sociale plus large ».

Une autre particularité nationale s’applique au développement de ce capitalisme :

« Toutefois, ce phénomène nouveau dont nous venons de parler, l'apparition et le développement du capitalisme, ne représente qu'un aspect des changements intervenus à la suite de la pénétration de l'impérialisme en Chine. Il y en a un autre, concomitant du premier et lui faisant obstacle, c'est la collusion de l'impérialisme avec les forces féodales pour empêcher le développement du capitalisme chinois.
En pénétrant en Chine, les puissances impérialistes n'avaient aucunement l'intention de faire de la Chine féodale un pays capitaliste ; au contraire, elles voulaient en faire une semi-colonie et une colonie»
.

Mao décrit comment l’impérialisme empêche la Chine de devenir un pays capitaliste en prenant une série de dispositions militaires, politiques, économiques, et des moyens d'oppression culturelle et cite Staline sur l’alliance entre propriétaires fonciers féodaux et bourgeoisie compradore et l’impérialisme qui :

« s'associe avant tout aux couches dominantes du régime social précédent - aux féodaux et à la bourgeoisie commerçante et usurière -, contre la majorité du peuple. L'impérialisme s'efforce partout de maintenir et de perpétuer toutes les formes précapitalistes d'exploitation (surtout à la campagne) qui sont la base même de l'existence de ses alliés réactionnaires . » [2]
« L'impérialisme avec toute sa puissance financière et militaire en Chine est la force qui soutient, inspire, cultive et préserve les vestiges féodaux de ce pays avec toute leur superstructure bureaucratico-militariste . » [3]

Sur la base de l'analyse ci-dessus, Mao Zedong a clairement indiqué que la classe ouvrière chinoise et son avant-garde le Parti communiste Chinois, pour atteindre l'objectif de l'industrialisation de la Chine, doivent d'abord terminer la révolution de démocratie nouvelle, en même temps, pour consolider la victoire de la révolution de démocratie nouvelle, nous devons nous efforcer de réaliser l'industrialisation en Chine. Il a dit:

« Il ne sera pas possible de libérer les forces productives du peuple et de leur donner un plein développement avant que se réalisent, pour tout le pays, les conditions politiques de démocratie nouvelle. Les gens qui le comprennent sont de jour en jour plus nombreux. Quand ces conditions seront réunies, le peuple chinois et son gouvernement devront prendre des mesures effectives en vue de créer graduellement, en un certain nombre d'années, une industrie lourde et une industrie légère, et de faire de la Chine agricole un pays industriel. L'Etat de démocratie nouvelle ne pourra se renforcer que sur la base d'une économie solide, c'est-à-dire d'une agriculture avancée et nettement plus développée que notre agriculture actuelle, d 'u ne industrie de grande envergure qui occupe une position prédominante dans l'économie du pays , avec un développement correspondant des communications, du commerce et des finances. Nous, communistes, nous sommes prêts à lutter pour la réalisation de ces objectifs, de concert avec tous les partis et groupements démocratiques et tous les milieux industriels du pays. La classe ouvrière chinoise aura un grand rôle à jouer dans l'accomplissement de cette tâche…Sa tâche n'est pas seulement de lutter pour un Etat de démocratie nouvelle, mais également pour l'industrialisation de la Chine et la modernisation de son agriculture. » [4]

On voit que, selon Mao, gagner la révolution de démocratie nouvelle et réaliser l'industrialisation de la Chine, constituent l'objectif des communistes chinois. De ce point de vue, l'industrialisation chinoise d’un côté, l'impérialisme et le féodalisme de l’autre sont les deux problèmes fondamentaux étroitement liés l’un à l'autre que la Chine doit résoudre.

Comme seul le développement industriel à grande échelle et avec lui le transport, le commerce, les finances et les autres entreprises, peuvent consolider les fruits de la victoire de la révolution de démocratie nouvelle, Mao Zedong a en outre proposé que celle-ci prenne deux mesures.

« la première [étape] consiste à transformer cette société en une société indépendante et démocratique ; la seconde, à développer plus avant la révolution et à édifier une société socialiste." [5]

_______________________


Notes :

[1] Cours écrit par le camarade Mao Tsé-toung, dans l'hiver 1939, avec la collaboration de quelques camarades qui se trouvaient à Yenan. Le premier chapitre, "La société chinoise", a été rédigé par ces derniers et revu par le camarade Mao Tsé-toung. Le deuxième chapitre, "La révolution chinoise", a été écrit par le camarade Mao Tsé-toung lui-même. Un troisième chapitre, "L'édification du Parti", a dû être abandonné, les camarades chargés de le rédiger n'ayant pu l'achever. Cependant, les deux chapitres existants, et surtout le second, ont apporté une grande contribution à l'éducation du Parti communiste chinois et du peuple chinois. Le point de vue du camarade Mao Tsé-toung sur la démocratie nouvelle, exposé dans le deuxième chapitre, a été largement développé par lui dans "La Démocratie nouvelle", écrit en janvier 1940.
[2] "Du mouvement révolutionnaire dans les pays coloniaux et semi-coloniaux", thèses adoptées au VIe Congrès de l'Internationale communiste.
[3] J. Staline: "La Révolution en Chine et les tâches de l'Internationale communiste", discours prononcé le 24 mai 1917 à la huitième assemblée plénière du Comité exécutif de l'Internationale communiste.
[4] Œuvres choisies - tome III – du gouvernement de coalition - Ed. du Peuple 1967 - p 268-269.
[5] Œuvres choisies tome - II - De la démocratie nouvelle - Ed. du Peuple 1967 - p 367
 
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