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Xuan
La Chine élabore les premières directives nationales complètes pour l'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale

ParXu Keyue
Publié: 08 août 2023 23:08

https://www.globaltimes.cn/page/202308/1295914.shtml

La Chine a lancé mardi une initiative nationale visant à solliciter l'opinion publique sur les projets de réglementation ciblant spécifiquement la technologie de reconnaissance faciale, marquant la première fois que le pays cherche à établir des directives complètes pour l'utilisation de la technologie au niveau national.

Des initiés chinois ont déclaré que si la technologie de reconnaissance faciale offre commodité et efficacité, des inquiétudes ont été soulevées concernant son utilisation abusive potentielle et sa violation de la vie privée des individus. Ces réglementations sont opportunes et nécessaires de toute urgence pour trouver un équilibre entre la promotion du développement de la technologie de reconnaissance faciale et la protection de la vie privée.

Tout en affirmant que les réglementations devraient être une percée pour le pays dans la normalisation de la protection de la vie privée et de la sécurité nationale alors que l'IA et d'autres technologies de pointe continuent de se développer rapidement, ils ont souligné que le projet doit être spécifique et amélioré car certains de ses les clauses ne sont pas assez pratiques ou sont trop larges.

Le projet de règlement a été publié par la Cyberspace Administration of China (CAC). Selon la CAC, la période de consultation publique de ces règlements durera un mois, au cours duquel les individus et les organisations sont encouragés à faire part de leurs commentaires et suggestions.

La réglementation propose des exigences strictes pour la collecte, le stockage et l'utilisation des données de reconnaissance faciale .

Selon le projet de règlement, les organisations utilisant la technologie de reconnaissance faciale doivent obtenir le consentement des individus avant de collecter leurs données faciales. Ils doivent également indiquer clairement le but et l'étendue de la collecte de données, et s'assurer que les données sont utilisées uniquement dans le but déclaré.

Le projet indique qu'il est préférable d'utiliser des solutions technologiques de reconnaissance de caractéristiques non biométriques.

À moins que le consentement individuel n'ait été obtenu, ou que ce soit dans le cadre du maintien de la sécurité nationale et de la sécurité publique ou de la protection de la vie, de la santé et des biens des personnes dans des situations d'urgence, aucune organisation ou personne ne peut utiliser la technologie de reconnaissance faciale pour analyser des informations personnelles sensibles telles que race, origine ethnique, croyances religieuses, état de santé ou classe sociale, indique le projet.

De plus, les organisations sont tenues d'établir des mesures strictes de protection des données pour empêcher tout accès non autorisé ou fuite de données.

Le projet indique que toutes les entités ou utilisateurs qui stockent plus de 10 000 ensembles de données de reconnaissance faciale doivent déposer auprès des autorités du cyberespace au niveau de la ville ou au-dessus dans les 30 jours ouvrables.

Cependant, Qin An, directeur adjoint du Comité d'experts sur la gouvernance de la lutte contre le terrorisme et de la cybersécurité, Société chinoise de droit de la police, a souligné que la clause seule n'est pas très pratique.

"Si une agence collecte 9 900 informations faciales et ne les signale pas, elle ne peut pas être tenue pour responsable ?" Qin s'est interrogé, notant que d'autres clauses devraient aborder les limites de cette clause.

Le règlement répond également aux préoccupations concernant l'abus potentiel de la technologie de reconnaissance faciale.

Les hôtels, les banques, les gares, les aéroports, les salles de sport, les salles d'exposition, les musées, les galeries d'art, les bibliothèques et autres lieux d'affaires ne peuvent forcer, induire en erreur ou contraindre les individus à accepter la technologie de reconnaissance faciale pour vérifier leur identité personnelle, sauf disposition contraire de la loi ou règlements administratifs.

Les équipements d'acquisition d'images et d'identification personnelle ne doivent pas être installés dans les chambres d'hôtel, les salles de bain publiques, les cabines d'essayage, les toilettes et autres endroits où la vie privée des personnes peut être violée.

Sauf lorsque les conditions légales le permettent ou que le consentement individuel a été obtenu, les utilisateurs de la technologie de reconnaissance faciale ne peuvent pas enregistrer des images, photos ou vidéos originales de visages.

Qin a déclaré mardi au Global Times que le projet intervient alors que la technologie de reconnaissance faciale est devenue de plus en plus répandue dans des secteurs tels que la sécurité publique, les finances et les transports.

Avec l'intégration et le développement des technologies de l'information en réseau et de la biométrie, chaque pays, afin de protéger sa sécurité nationale et la sécurité de sa population, renforcera les mesures de protection et améliorera les lois et réglementations pertinentes, a indiqué M. Qin.

"C'est ce que tout gouvernement responsable devrait faire pour le sentiment de gain, de bonheur et de sécurité de ses citoyens, et le gouvernement chinois est l'une des autorités nationales responsables de la communauté internationale" , a noté Qin, en réponse à certains médias agressifs. des médias qui ont diffusé des rapports calomnieux selon lesquels "Pékin utilise la technologie de reconnaissance faciale pour surveiller ses habitants" .

Le New York Times a rapporté que le système de reconnaissance faciale de la Chine peut profiler une minorité et salir le pays, affirmant qu'il utilise la technologie de l'IA pour suivre les groupes minoritaires musulmans.

Qin a souligné que le projet a été formulé afin de mieux protéger la biosécurité du peuple chinois. La technologie est strictement réglementée et tout abus est interdit,
Xuan
Je pense que les chinois essaient de calmer le jeu en s'appuyant sur le bon sens de certains capitalistes, mais ils ne se font plus beaucoup d'illusions. Leur but est de retarder la guerre ouverte le plus longtemps possible.
C'est un nouveau pacte "germano-soviétique" qui devient sino-US.
pzorba75
Il y a de l'ambiance et, fort heureusement, les chinois ne semblent pas prêts à se plier aux vociférations occidentales, pas seulement "européennes".
Xuan
La Chine et l'UE rouvrent le dialogue sur les droits de l'homme après une suspension depuis 2019
Un échange efficace repousse la tendance à la politisation et les pratiques à double standard

Par les journalistes du personnel de GT
Publié: 19 février 2023 20:40
https://www.globaltimes.cn/page/202302/1285756.shtml


Lors de la 38e session du dialogue Chine-UE sur les droits de l'homme qui s'est tenue vendredi à Bruxelles, heure locale, et qui a marqué la reprise des pourparlers après une suspension depuis 2019, la Chine a exhorté l'UE à considérer de manière objective l'évolution de la cause des droits de l'homme en Chine. , cesser de politiser les questions relatives aux droits de l'homme avec des pratiques à deux poids deux mesures, et respecter la souveraineté et les intérêts fondamentaux de la Chine.

Les observateurs chinois estiment qu'une telle reprise, après que les relations bilatérales sont devenues glaciales depuis mars 2021, est d'une grande nécessité et constituera une mesure efficace pour rectifier la tendance malveillante à politiser les questions liées aux droits de l'homme, les pratiques de doubles standards et l'utilisation des droits de l'homme comme outil de rivalité.

Selon un communiqué de presse officiel de l'événement, le dialogue a été coprésidé par Sun Lei, directeur général adjoint pour les organisations internationales et les conférences au ministère chinois des Affaires étrangères et Paola Pampaloni, directrice générale adjointe pour l'Asie et le Pacifique au Service Actions.

Sun a souligné que les questions liées aux régions chinoises du Xinjiang et du Xizang (Tibet) et les affaires liées à la Région administrative spéciale de Hong Kong ne devraient pas être classées comme des questions de droits de l'homme, mais plutôt comme des questions de principe majeures liées à la souveraineté, à l'indépendance et à la souveraineté territoriale de la Chine. intégrité, sans interférence externe autorisée.

L'UE est priée, lors du dialogue, d'accorder une attention sérieuse aux préoccupations de la Chine et d'être prudente dans ses paroles et ses actes sur les questions concernant les intérêts fondamentaux et les préoccupations majeures de la Chine, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine a également partagé sa vision des droits de l'homme qui est centrée sur les personnes et considère que les droits à la survie et au développement sont prioritaires en tant que droits de l'homme fondamentaux. Le pays a souligné que l'UE devrait prendre note de ses propres problèmes de droits de l'homme tels que les violations des droits des réfugiés et des immigrants, une augmentation de l'exclusivité et du racisme, ainsi que l'application de mesures coercitives unilatérales qui violent les droits de l'homme dans d'autres pays. et deux poids deux mesures dans des domaines tels que la liberté de la presse et le travail forcé.

Les deux parties ont salué la discussion approfondie et franche malgré leurs divergences. Cependant, ces différences ne doivent pas être politisées et les deux parties doivent poursuivre le dialogue pour améliorer la compréhension et gérer les différences par des mesures constructives. Les deux parties ont convenu de collaborer pour protéger les droits des femmes et des enfants, selon le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

"La réouverture des pourparlers est d'une grande nécessité. De tels pourparlers seraient efficaces pour corriger la tendance malveillante occidentale dirigée par les États-Unis à politiser les questions liées aux droits de l'homme, les pratiques de deux poids deux mesures et l'utilisation des droits de l'homme comme outil de concurrence. ", a déclaré dimanche au Global Times Chang Jian, professeur et directeur du Centre d'étude des droits de l'homme de l'Université de Nankai.

Tang Yingxia, vice-directeur du centre de recherche sur les droits de l'homme à l'Université de Nankai, a déclaré au Global Times que cela montre également la confiance et l'ouverture de la Chine sur les questions liées aux droits de l'homme.

Tang vient de participer au troisième examen de la mise en œuvre par la Chine du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) à Genève et elle faisait partie de la délégation chinoise de haut niveau représentant les ONG où elle a eu un face-à-face avec des groupes de défense des droits occidentaux.

Ces groupes de défense des droits claironnent leurs valeurs qui promeuvent les droits de l'homme, la démocratie et la liberté tout en négligeant les progrès réalisés par d'autres pays sur le terrain et les efforts déployés pour de tels progrès, a déclaré Tang, ajoutant qu'ils utilisent des ouï-dire et de fausses informations pour accuser et contenir la Chine.

Le dialogue Chine-UE sur les droits de l'homme, qui a débuté en 1997 et se tenait deux fois par an, est au point mort depuis une session en avril 2019, à la suite des sanctions de l'UE et des contre-mesures de la Chine sur les questions de droits de l'homme. La décision de reprendre le dialogue a été prise lors du sommet Chine-UE en avril 2022.

Bien que la porte-parole de l'UE pour les affaires étrangères, Nabila Massrali, ait déclaré aux médias que l'UE et la Chine avaient des points de vue différents sur les droits de l'homme, elle a déclaré que c'était exactement la raison pour laquelle le dialogue est important. Certains groupes de défense des droits en Europe ont critiqué les pourparlers, les qualifiant de « dénués de sens », car ils préconisent davantage de sanctions contre la Chine et les Chinois plutôt que des pourparlers.

Les observateurs chinois repoussent ces points de vue, soulignant que pour tirer des fruits positifs de ces pourparlers, il est crucial d'être sincère et humble en premier lieu, afin que les deux parties puissent apprendre l'une de l'autre et mieux comprendre les raisons de leurs divergences. La Chine a fait preuve de sincérité dans les échanges.

Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et directeur du Bureau de la Commission centrale des affaires étrangères, a rencontré samedi le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell Fontelles, lors de sa participation à la conférence de Munich sur la sécurité . , soulignant que la Chine et l'UE ne sont pas des rivaux mais des partenaires, et partagent plus de points d'accord que de points de divergence.

Chang a averti l'UE et l'Occident dirigé par les États-Unis que les questions de droits de l'homme devraient être un pont plutôt qu'une barrière. Si une partie tente d'imposer par la force sa propre compréhension et ses pratiques aux autres, les questions relatives aux droits de l'homme deviendront inévitablement un obstacle au rétablissement des liens.
Xuan
Crédit social en Chine : cassons les mythes orwelliens


https://reseauinternational.net/credit-social-en-chine-cassons-les-mythes-orwelliens/

par Pierre Sel.

Le système de crédit social déchaîne les passions et les fantasmes. Alors que tout le monde a en tête l’image d’un système de notation orwellien, la réalité est tout autre… et bien moins sensationnaliste.

Dans les débats portant sur les technologies numériques et les dangers qu’elles représentent, la République populaire de Chine est souvent perçue comme « l’opposé négatif » du « nous ». Perception influencée par l’avancée de la Chine dans ce domaine : il est vrai que le régime de Pékin est pionnier dans la mise en place de la censure et de la surveillance à grande échelle, disposant de capacités de pointe autour de la reconnaissance faciale et de la surveillance des réseaux sociaux.

Plombée par cette image désastreuse, la Chine incarne en Europe l’exemple-type de la dystopie contemporaine. Si cette représentation peut faire les choux gras d’hommes politiques et de journalistes peu soucieux du détail, la réalité ne se résume pas à un « État orwellien » et son panoptique numérique contrôlant chacun des faits et gestes des individus. Ces raccourcis brouillent la compréhension des implications des technologies numériques sur le fonctionnement de l’État et proposent une vision biaisée de la vie en Chine contemporaine. Le dernier exemple en date est le nouveau documentaire, diffusé mardi 8 février sur la chaîne parlementaire LCP-AN, titré « Ma femme a du crédit ».

Ce documentaire déroule le récit d’une Chine devenue « totalitaire » où la « 5G, les Big data, les doubles digitaux forment une immense toile de la surveillance totale » – toile grâce à laquelle « le Parti communiste peut lire sur le visage de ses citoyens chacun de leurs faits et gestes » . Mieux encore, le Parti aurait mis en place un système de notation, d’évaluation des citoyens en fonction de leur comportement : le fameux « système de crédit social » (SCS). Effet garanti lorsque le réalisateur demande à son épouse, Lulu, à peine sortie du lit, de « vérifier son score » et que le nombre 752 s’affiche sur l’écran.

Ce que signifie ce résultat, le documentaire ne l’explique pas vraiment. On nous informe qu’il s’agit d’un « score qui conditionne l’accès aux services publics » ou « qui permet à des commandes internet d’aboutir » . Nous n’aurons pas plus de détails, sinon que le projet « est inspiré des techniques financières américaines » , qu’il est « inscrit dans le plan quinquennal » et recourt à des « contraintes contre les personnes non dignes de confiance » . Le procédé vise à impressionner le spectateur, et peu importe que le réalisateur prenne des libertés avec la réalité, peu importe que les traductions soient approximatives, voire trompeuses. « Ma femme a du crédit » est le dernier exemple en date de documentaire à charge, qui n’hésite pas à déformer les faits pour coller à une vision dystopique de la Chine.

Ce n’est pas la première fois que le crédit social est ainsi décrit dans des formats grand public. Il est vrai que cet objet d’étude est particulièrement complexe. Malgré les efforts des chercheurs comme Jeremy Daum ou Séverine Arsène, ce système reste associé à l’idée d’un « score universel attribué à l’ensemble des citoyens chinois » qui permet « d’évaluer leur comportement ». La réalité est tout autre, et surtout plus ennuyeuse : le système de crédit social est un outil bureaucratique, reposant avant tout sur des tableurs Excel, qui concerne plus les entreprises que les individus – ceux-ci ne représentent que 0,2% des entités sanctionnées. Il n’y a pas de score donné aux citoyens, et personne ne se voit interdire l’accès aux hôpitaux pour avoir traversé au feu rouge.

Si on cherche à arrêter une définition rigoureuse, le « système de crédit social » est une « interface bureaucratique entre les systèmes juridique et réglementaire » (Jee, 2021). En tant que tel, le SCS sert deux fonctions principales : faciliter le partage l’information entre les administrations, et mettre en place un mécanisme de récompenses et de sanctions. Afin de faciliter le partage d’informations, l’État construit laborieusement des bases de données à disposition des administrations. Ces données sont issues tant de l’administration fiscale, du régulateur financier, que des départements en charge de la protection de l’environnement, etc. Elles concernent majoritairement les entreprises : licence, historique juridique, déclarations fiscales – 73% des documents liés au crédit social concernent les entreprises. Pour ce qui est de la mise en place d’un mécanisme de récompenses et sanctions, le SCS permet de pénaliser une entreprise si elle est reconnue coupable par une administration compétente d’avoir enfreint les lois en vigueur. Elle est alors ajoutée sur liste noire et se voit appliquer des sanctions correspondantes. Ces sanctions incluent le plus souvent des restrictions pour l’accès aux financements ou aux marchés publics.

Loin de former un système monolithique notant les individus en fonction de leur comportement quotidien, le SCS punit principalement les enregistrements frauduleux d’entreprises, les chauffeurs Uber dont la licence est expirée, les ventes de médicaments non autorisés, etc. Pour les individus, les sanctions les plus sévères sont réservées aux personnes qui refusent de rembourser leurs dettes tout en ayant la capacité de le faire. Cela reste encore à nuancer : l’inscription sur cette liste ne s’effectue qu’après trois rappels à la loi.

Quid du score de Lulu dans le documentaire ? Ce score affiché est celui du crédit Sésame, qui n’est pas un mécanisme gouvernemental, mais un service d’Ant Group, lié au groupe Alibaba. Il fonctionne comme un système de fidélité, octroyant des avantages aux utilisateurs fréquents des produits de Ant. Pour cette raison, le crédit Sésame a été exclu du SCS par le gouvernement. Surtout, aucune sanction n’existe pour un utilisateur dont la note sera trop « basse ». On comprend mieux la réaction de Lulu, qui ne comprend pas trop pourquoi son mari s’intéresse à ce score, qui finalement n’a que peu d’utilité et que personne ne regarde tous les jours.

Personne ne nie les dangers posés par les technologies numériques. Mais faire croire que chaque citoyen chinois perd des points s’il achète du soda est tout bonnement faux. Or, nous sommes justement dans un moment où la juste compréhension d’un système complexe est cruciale pour guider nos réflexions sur les technologies numériques. À travers le SCS, c’est la question de l’informatisation de la bureaucratie chinoise qui est posée. Plus largement, la question du traitement des données, et de leur usage dans la société chinoise contemporaine qui, comme sujet sérieux de libertés publiques et individuelles, ne peut se construire sur une méconnaissance des faits.

source : Le Grand Soir
Xuan
Au cours de la trente-septième étude collective du Bureau politique du Comité central du PCC, Xi Jinping a souligné que nous suivrons inébranlablement la voie du développement des droits de l'homme en Chine et que nous promouvrons mieux le développement de la cause des droits de l'homme de mon pays.



Source : Xinhuanet 2022-02-26
http://www.qstheory.cn/yaowen/2022-02/26/c_1128418840.htm
Agence de presse Xinhua, Beijing, 26 février (Xinhua) -- Le Bureau politique du Comité central du PCC a mené la trente-septième étude collective sur la voie du développement des droits de l'homme en Chine dans l'après-midi du 25 février. Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois, a souligné lors de la présidence de l'étude que le respect et la protection des droits de l'homme sont la poursuite incessante des communistes chinois. L'histoire du siècle de lutte du parti traverse les efforts inlassables du parti pour unir et amener le peuple à lutter pour les droits de l'homme, à respecter les droits de l'homme, à protéger les droits de l'homme et à développer les droits de l'homme. Notre pays s'est engagé dans un nouveau voyage de construction d'un pays socialiste moderne de manière globale et en marche vers l'objectif du deuxième centenaire. Nous devons profondément comprendre l'importance et l'urgence de faire du bon travail dans le domaine des droits de l'homme, suivre inébranlablement la voie du développement des droits de l'homme en Chine, et accorder plus d'attention au respect et à la protection des droits de l'homme et mieux promouvoir le développement de la cause des droits de l'homme de mon pays.

Le camarade Lu Guangjin, secrétaire général de la Société chinoise pour les études sur les droits de l'homme, a expliqué ce problème et a avancé des suggestions de travail. Des camarades du Bureau politique du Comité central ont écouté attentivement son explication et en ont discuté.

Xi Jinping a prononcé un discours important tout en présidant l'étude. Il a souligné que le respect et la protection des droits de l'homme sont la poursuite incessante des communistes chinois. Depuis sa création, notre parti a brandi haut la bannière de la "lutte pour la démocratie et les droits de l'homme", et a clairement déclaré sa proposition de sauver le pays et le peuple et de lutter pour les droits de l'homme. Pendant la période de la nouvelle révolution démocratique, la période de la révolution et de la construction socialistes, et la nouvelle période de réforme et d'ouverture et de modernisation socialiste, notre parti a fermement saisi la mission originelle de rechercher le bonheur du peuple chinois et le rajeunissement du nation chinoise, et a conduit le peuple à réaliser la révolution.Avec la grande victoire de la construction et de la réforme, le peuple chinois est devenu le maître du pays, de la société et de son propre destin, et la protection des droits du peuple chinois à la subsistance, au développement et d'autres droits fondamentaux a continué de progresser.

Xi Jinping a souligné que depuis le 18e Congrès national du Parti communiste chinois, nous avons insisté sur le respect et la protection des droits de l'homme en tant que tâche importante dans la gouvernance du pays, et avons promu la réalisation historique de la cause des droits de l'homme de mon pays. Nous avons atteint l'objectif du premier centenaire d'édifier une société modérément prospère de manière globale, résolu historiquement le problème de la pauvreté absolue et jeté des bases matérielles plus solides pour le développement de la cause des droits de l'homme de mon pays. Nous continuons à développer la démocratie populaire tout au long du processus, à faire progresser la protection des droits de l'homme et de l'état de droit, et à sauvegarder résolument l'équité et la justice sociales, afin que le peuple jouisse de droits démocratiques plus larges, plus complets et plus complets. Nous avons encouragé la réalisation d'emplois plus adéquats et de meilleure qualité, construit le plus grand système d'éducation, de sécurité sociale et de soins médicaux et de santé au monde, et vigoureusement amélioré la qualité du cadre de vie des gens. Nous adhérons au principe de donner la priorité aux personnes et à la vie, et nous avons vigoureusement répondu à l'épidémie de COVID-19, en protégeant la vie et la santé des personnes dans toute la mesure du possible. Nous mettons pleinement en œuvre les politiques ethniques et religieuses du parti, insistons sur le fait que tous les groupes ethniques sont égaux, respectons les croyances religieuses des masses et protégeons les droits et intérêts légitimes des personnes de tous les groupes ethniques. Nous avons approfondi la réforme du système judiciaire, renforcé la construction d'une Chine sûre et de l'État de droit en Chine, procédé à une éducation et à une rectification approfondies des équipes politiques et juridiques, mené des actions anti-criminelles globales, sévèrement réprimé sur divers types de crimes illégaux, a maintenu la stabilité sociale à long terme et a efficacement protégé la vie et les biens de la population. mon pays est le seul grand pays au monde à avoir continuellement formulé et mis en œuvre le plan d'action national en quatre phases pour les droits de l'homme. Nous participons activement à la gouvernance mondiale des droits de l'homme et avons apporté des contributions chinoises et apporté des solutions chinoises au développement de la cause mondiale des droits de l'homme.

Xi Jinping a souligné que dans la pratique de la promotion du développement de la cause des droits de l'homme de mon pays, nous avons combiné le concept marxiste des droits de l'homme avec la réalité concrète de la Chine et l'excellente culture traditionnelle chinoise, résumant l'expérience réussie de notre parti dans la direction du peuple respecter et protéger les droits de l'homme, et appris des êtres humains. Les réalisations exceptionnelles de la civilisation se sont engagées dans une voie de développement des droits de l'homme conforme à la tendance de l'époque et adaptée aux conditions nationales du pays. Tout d'abord, adhérer à la direction du Parti communiste chinois. La direction du Parti communiste chinois et le système socialiste de mon pays ont déterminé la nature socialiste de la cause des droits de l'homme de mon pays, déterminé que nous pouvons faire en sorte que le peuple soit le maître du pays, adhérer au partage égal des droits de l'homme, promouvoir le développement intégral de divers droits de l'homme, et de les réaliser, de les maintenir et de les développer en permanence Les intérêts fondamentaux des masses les plus larges de la population. La seconde est de maintenir le respect de la position dominante du peuple. La nature des gens est la caractéristique la plus importante de la voie de développement des droits de l'homme en Chine. Nous protégeons les droits démocratiques du peuple, stimulons pleinement l'enthousiasme, l'initiative et la créativité du peuple, faisons du peuple les principaux participants, promoteurs et bénéficiaires du développement des droits de l'homme, et promouvons efficacement le développement global du peuple et la prospérité commune des progrès substantiels. La troisième est de coller à la réalité de notre pays. Nous combinons le principe de l'universalité des droits de l'homme avec les conditions réelles de la Chine et promouvons le développement des droits de l'homme à la lumière des conditions nationales de mon pays et des exigences du peuple, afin de garantir que le peuple bénéficie d'un accès étendu, complet, réel, droits de l'homme spécifiques et effectifs conformément à la loi. Quatrièmement, adhérer aux droits humains fondamentaux avec le droit à la subsistance et le droit au développement comme première priorité. La survie est la base de la jouissance de tous les droits de l'homme, et une vie heureuse pour le peuple est le plus grand des droits de l'homme. Nous mettons pleinement, précisément et complètement en œuvre le nouveau concept de développement, adhérons à la philosophie de développement centrée sur les personnes, insistons sur le fait que le développement est pour les personnes, que le développement dépend des personnes et que les résultats du développement sont partagés par les personnes, et nous nous efforçons d'atteindre une meilleure qualité , plus d'efficacité, plus d'équité et plus de fiabilité. Un développement soutenu et plus sûr, dans le processus de développement, rendra le sentiment de gain, de bonheur et de sécurité des populations plus épanouissant, plus sûr et plus durable. Cinquièmement, adhérer à la protection des droits de l'homme conformément à la loi. Nous insistons sur le fait que tout le monde est égal devant la loi, respectons et protégeons les droits de l'homme dans tous les aspects de la législation, de l'application de la loi, du système judiciaire et du respect des lois, accélérons l'amélioration du système juridique avec des droits, des opportunités et des règles équitables, protégeons les citoyens les droits personnels, les droits de propriété et les droits de la personnalité, et assurer la participation des citoyens Les droits politiques fondamentaux tels que l'élection démocratique, la consultation démocratique, la prise de décision démocratique, la gestion démocratique et le contrôle démocratique doivent être garantis, et les droits des citoyens dans les domaines économique, culturel, social , de l'environnement et d'autres domaines doivent être protégés et le niveau de protection juridique des droits de l'homme doit être constamment amélioré. Sixièmement, insister pour participer activement à la gouvernance mondiale des droits humains. Nous portons les valeurs communes de toute l'humanité, pratiquons un véritable multilatéralisme, participons activement à la réforme et à la construction du système de gouvernance mondiale, y compris les droits de l'homme, et promouvons la construction d'une communauté de destin pour l'humanité. Les six éléments ci-dessus ne sont pas seulement les principales caractéristiques du développement des droits de l'homme en Chine, mais aussi notre

Xi Jinping a souligné qu'il était nécessaire de promouvoir le développement global des droits de l'homme, d'adhérer à la voie de développement des droits de l'homme de la Chine, de se conformer aux attentes du peuple pour une vie belle et de haute qualité, de répondre en permanence aux besoins croissants du peuple en matière de droits dans divers aspects. , et coordonner la promotion du développement économique, de la démocratie et de l'état de droit, de l'idéologie et de la culture, et de l'équité, de la justice, de la gouvernance sociale, de la protection de l'environnement, etc. , les soins médicaux, le logement, les soins aux personnes âgées et la pension alimentaire. Dans le cadre du processus de développement coordonné, le niveau de protection de divers droits de l'homme sera amélioré de manière globale.

Xi Jinping a souligné qu'il était nécessaire de renforcer la protection des droits de l'homme et de l'État de droit, d'approfondir les réformes dans le domaine de l'État de droit, d'améliorer le mécanisme de protection des droits de l'homme et de l'État de droit et de réaliser le respect et la protection des droits de l'homme dans l'ensemble de la chaîne, du processus et de la couverture complète de la législation, de l'application de la loi, de la justice et du respect des lois, afin que les personnes puissent être impliquées dans chaque projet. L'équité et la justice se font sentir dans le système juridique, dans chaque décision d'application de la loi, dans chaque affaire judiciaire. Il est nécessaire d'étudier, de planifier et de résoudre systématiquement les problèmes en suspens dans le domaine de l'État de droit, qui sont fortement reflétés par le peuple, de traiter équitablement les revendications du peuple conformément à la loi et de prévenir résolument l'apparition de choses qui blessent les sentiments du peuple et porter atteinte aux droits et intérêts du peuple en raison de l'injustice judiciaire. Tous les actes de violation des droits légitimes des masses, et tous les phénomènes d'indifférence et d'indifférence aux violations des droits et intérêts des masses doivent faire l'objet d'enquêtes sérieuses et punis conformément à la discipline et à la loi, et ils doivent être résolument tenus pour responsables.

Xi Jinping a souligné qu'il était nécessaire de faire avancer le concept correct des droits de l'homme, de diffuser largement la publicité et la diffusion des connaissances sur les droits de l'homme, et de créer une bonne atmosphère pour le respect et la protection des droits de l'homme. Il est nécessaire de mener une éducation sur la connaissance des droits de l'homme parmi tous, en particulier les jeunes, et d'intégrer le concept marxiste des droits de l'homme et l'éducation aux droits de l'homme chinois contemporains dans le système éducatif national. Il est nécessaire de renforcer la formation aux connaissances sur les droits de l'homme pour les fonctionnaires, en particulier ceux qui travaillent au niveau local. Il est nécessaire de tirer pleinement parti des avantages des organisations de groupe pour promouvoir la protection des droits et des intérêts de groupes spécifiques tels que les femmes et les enfants, les personnes âgées et les handicapés. S'appuyant sur la pratique vivante du développement de la cause des droits de l'homme de mon pays, nous devons affiner les concepts originaux et développer notre système de discipline des droits de l'homme, notre système universitaire et notre système de discours. Il est nécessaire de renforcer la construction de groupes de réflexion sur les droits de l'homme et de bases de recherche sur les droits de l'homme, et de se concentrer sur la formation d'un groupe d'experts des droits de l'homme de haut niveau dotés de théories solides, de superbes compétences académiques, d'une familiarité avec les règles internationales et de la capacité de dire le histoire des droits de l'homme en Chine.

Xi Jinping a souligné qu'il était nécessaire de promouvoir activement la gouvernance mondiale des droits de l'homme, de faire avancer les valeurs communes de toute l'humanité, d'adhérer aux concepts d'égalité, de confiance mutuelle, d'inclusivité et d'apprentissage mutuel, de coopération gagnant-gagnant et de développement commun, et promouvoir le développement de la gouvernance mondiale des droits de l'homme dans une direction plus équitable, juste, raisonnable et inclusive. Il est nécessaire de participer activement aux affaires des Nations Unies en matière de droits de l'homme, de mener à bien des échanges et une coopération internationaux sur les droits de l'homme avec d'autres pays, en particulier les pays en développement, et de jouer un rôle constructif.

Xi Jinping a souligné que les droits de l'homme sont historiques, concrets et réalistes, et qu'on ne peut pas parler des droits de l'homme isolément des conditions sociales et politiques et des traditions historiques et culturelles des différents pays. Lorsqu'il s'agit d'évaluer si un pays respecte les droits de l'homme, il ne peut pas être jugé selon les normes d'autres pays, encore moins deux poids deux mesures, ou même utiliser les droits de l'homme comme un outil politique pour s'immiscer dans les affaires intérieures d'autres pays. Il est nécessaire de saisir l'initiative stratégique, de se concentrer sur le récit de l'histoire des droits de l'homme en Chine et d'utiliser des expressions visuelles et concrètes pour renforcer l'attractivité, l'attrait et l'influence des points de vue chinois contemporains sur les droits de l'homme.

Xi Jinping a souligné que les comités du parti (groupes du parti) à tous les niveaux devraient assumer la responsabilité historique de promouvoir le développement de la cause des droits de l'homme de mon pays, de renforcer le leadership organisationnel, de prendre l'initiative d'agir et de mettre en œuvre avec sérieux le plan d'action national des droits de l'homme. Les cadres à tous les niveaux, en particulier les cadres dirigeants, doivent étudier consciemment le concept marxiste des droits de l'homme et le concept chinois contemporain des droits de l'homme, les sensibiliser, renforcer leur confiance en eux et prendre l'initiative de faire un bon travail en respectant et en protégeant droits humains. Toutes les régions, tous les départements et toutes les industries devraient renforcer la sensibilisation au respect et à la protection des droits de l'homme et former une force commune pour promouvoir le développement de la cause des droits de l'homme de mon pays.
Xuan
La démocratie à la chinoise : les suggestions et opinions des citoyens sont entendues au niveau national

le Quotidien du Peuple en ligne | 13.08.2021 10h46

http://french.peopledaily.com.cn/Chine/n3/2021/0813/c31354-9883755.html
Au début des années 1940, un dicton populaire a saisi avec éclat l'enthousiasme des électeurs locaux lorsque le Parti communiste chinois (PCC) était basé à Yan'an, dans la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine). Ce dicton proclamait : « Les haricots roulent, les haricots votent, les haricots vont dans les bons bols » .

Au cours de ces années, le PCC a conçu une méthode simple pour s'assurer que les agriculteurs analphabètes exercent leur droit de vote. Les électeurs jetaient des haricots représentant des bulletins de vote dans des bols placés sur une table. Il y avait un bol pour chaque candidat.

Le PCC, de l'époque révolutionnaire au gouvernement de la Chine nouvelle depuis 1949, a dirigé la nation dans l'exploration et le développement d'un modèle de démocratie qui convient aux conditions de la Chine, avec le peuple comme « maîtres du pays ». Prononçant un discours lors d'un grand rassemblement à Beijing le 1er juillet pour marquer le centenaire du Parti, Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC, a souligné le développement d'une « démocratie populaire à tous les niveaux ».

Le terme de « démocratie à tous les niveaux » a été proposé pour la première fois par Xi Jinping, qui est également président de la Chine et président de la Commission militaire centrale, lors d'une visite d'inspection du sous-district de Hongqiao à Shanghai en novembre 2019. Échangeant des idées avec les résidents de la communauté qui avaient participé à une enquête sur la législation, Xi Jinping a déclaré : « Nous marchons sur la voie du développement politique du socialisme à caractéristiques chinoises, et la démocratie de notre peuple est une démocratie à tous les niveaux ».

En 2014, lors d'une cérémonie marquant le 65e anniversaire de la fondation de la Conférence consultative politique du peuple chinois, l'organe consultatif politique national, Xi Jinping a déclaré : « La démocratie se définit non seulement par le droit du peuple de voter lors d'une élection, mais aussi par le droit de participer aux affaires politiques au quotidien » , soulignant que cela dépend du fait que le peuple ait ou non le droit d'organiser des élections démocratiques, et également de prendre des décisions démocratiques, de mener une gestion démocratique et d'exercer un contrôle démocratique.

Selon les experts, une série d'arrangements institutionnels garantissent que le mode de démocratie en Chine garantit le droit des gens à participer aux élections démocratiques, aux consultations, à la prise de décision, à la gestion et au contrôle, ce qui constitue une « démocratie à tous les niveaux », ajoutant que, à la différence de la démocratie de style occidental, qui se caractérise souvent par le vote aux élections toutes les quelques années, la démocratie chinoise est un mode de vie quotidien pour le peuple qui conduit à des résultats efficaces.

Wang Chen, vice-président du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale (APN), a déclaré lors de la session plénière de l'Assemblée de cette année en mars que la démocratie à tous les niveaux est « une caractéristique de la démocratie socialiste qui la distingue des divers systèmes démocratiques capitalistes » . En mars, l'APN a adopté des amendements à deux lois concernant son organisation et ses procédures de travail, la démocratie intégrale étant inscrite dans la loi pour la première fois dans l'histoire législative du pays.

Une participation populaire

Xia Yunlong, 81 ans, enseignant à la retraite qui vit dans le district de Hongqiao, à Shanghai, depuis 30 ans, a reçu le titre de responsable de l'information lorsqu'une station de contact au niveau communautaire a été mise en place par le Comité permanent de l'APN en 2015. Les projets de loi sont envoyés à ces stations afin que les citoyens puissent en discuter et exprimer leurs opinions aux législateurs.

La station de Hongqiao a été créée dans le cadre des efforts du pays pour diversifier les canaux permettant aux gens de donner leur avis. Un responsable de l'information recueille des suggestions de projets de loi, qui sont examinés par les organes législatifs du pays, ce qui permet aux résidents de faire plus facilement entendre leur voix au niveau national.

You Yuanchao, un fonctionnaire de l'assemblée populaire du district de Changning, qui travaille à la station de contact de Hongqiao, a indiqué que des opinions avaient été reçues du public concernant 55 lois. Plus de 1 000 suggestions ont été faites, dont 92 ont été adoptées. « Un mécanisme de travail complet pour la station de contact a été établi à partir de zéro, comprenant huit étapes depuis l'acceptation d'une enquête législative jusqu'à la soumission des suggestions finales » , a précisé M. You.

Les suggestions proviennent principalement des agents d'information, dont le nombre est passé à 310 au fil des ans, a-t-il déclaré. « Nous avons des professionnels des organes judiciaires locaux ainsi que des avocats qui font office d'experts. Ils soutiennent les responsables de l'information et aident à transformer la langue familière que les gens utilisent en une terminologie correcte pour la législation » , a expliqué M. You.

Wu Xinhui, associée et avocate au cabinet d'avocats K&M, qui fournit une aide et des conseils juridiques au sous-district de Hongqiao depuis 2010, est également responsable de l'information au poste de contact. En tant qu'avocate spécialisée dans les affaires civiles et domestiques depuis 12 ans, maître Wu a déclaré qu'elle pouvait mieux découvrir les lacunes qui doivent être corrigées dans la législation actuelle. Elle rassemble également des cas connexes pour fournir un retour d'information à la législature nationale. Elle a également noté que sa suggestion d'inclure les personnes âgées dans la loi contre les violences domestiques avait été adoptée, ajoutant qu'elle l'avait soulevée car elle avait traité une affaire dans laquelle les droits d'une personne âgée avaient été violés par les enfants de cette personne.

« C'est un bon moyen d'envoyer les points de vue de la base aux législateurs nationaux, et reflète également le processus démocratique alors que notre pays légifère », a-t-elle dit. Maître Wu a également soumis des suggestions pour le projet du premier Code civil du pays et des amendements à la Loi sur la protection des mineurs et à la Loi sur la prévention de la délinquance juvénile. Lorsque le président Xi Jinping s'est rendu au bureau de la station de contact au Centre civique de Gubei Civic à Shanghai en 2019, maître Wu l'a informé du travail effectué pour l'aide et les services juridiques publics. Une zone spéciale a été mise en place au centre civique pour afficher le travail de la station de contact.

Selon Zhu Lingjun, professeur à l'École du Parti du Comité central du PCC, la mise en place de telles stations de contact à la base aide à promouvoir une législation plus ciblée. Il a souligné que le Parti a intégré la « ligne de masse » dans ses activités de gouvernance, garantissant que la voix du peuple puisse être entendue sur la prise de décision, la mise en œuvre et la surveillance. Il a ajouté que la démocratie consultative en Chine évite le formalisme de la démocratie dans de nombreux pays, où les gens n'ont que le droit de voter mais n'ont pas droit à une large participation. « Les gens dans ces pays ne se réveillent que pour voter et se rendorment après l'avoir fait » , a-t-il noté.

Des voix entendues

Selon Tang Yalin, professeur d'administration publique à l'École des relations internationales et des affaires publiques de l'Université de Fudan, le but de la démocratie en Chine est de comprendre les besoins des gens et qu'il est important de les combiner avec les objectifs de développement à long terme de la nation.

Il a expliqué qu'il existe un certain nombre de canaux permettant aux gens d'exprimer leurs opinions. Il s'agit notamment d'audiences d'opinion publique et de colloques d'experts organisés avant la publication des principales lois, plans, politiques et projets. Les opinions peuvent également être exprimées sur des sites Internet, a ajouté M. Tang.

« La Chine a constamment exploré et amélioré les moyens d'impliquer le peuple dans l'ensemble du processus démocratique, conformément au développement et aux changements de la société », a-t-il poursuivi, ajoutant que l'utilisation d'Internet est une tendance relativement nouvelle.

L'année dernière, tout en rédigeant des propositions pour élaborer le plan directeur de la nation pour les cinq prochaines années et les objectifs jusqu'en 2035, la direction centrale a appelé à des efforts pour atteindre le peuple et incorporer des idées brillantes dans le plan. À la tête du groupe de rédaction, Xi Jinping a souligné que la conception de haut niveau devrait être associée à l'opinion publique et encourager les personnes de tous horizons à faire part de leurs suggestions.

En août de l'année dernière, les suggestions et les conseils des internautes pour le projet de 14e Plan quinquennal (2021-25) ont été sollicités en ligne ; c'était la première fois que cette pratique était adoptée pour la formulation d'un document aussi important.

L'année dernière, l'agence de presse Xinhua a publié une vidéo présentant un internaute dont les opinions sur le vieillissement de la société étaient incluses dans le document. Li Dianbo, un responsable du village de la bannière de Dalad, dans la région autonome de Mongolie intérieure, a suggéré en ligne qu'un modèle d'assistance mutuelle aux personnes âgées soit mis en place dans les zones rurales.

Dans le village de M. Li, les deux tiers des quelque 1 200 résidents permanents sont des personnes âgées dont les enfants sont partis chercher du travail dans les villes. Il s'occupe quotidiennement de la tâche difficile des soins aux personnes âgées dans les zones rurales.

Il a suggéré que dans les zones rurales densément peuplées, le gouvernement construise des cantines publiques et des dortoirs pour les personnes âgées désireuses de vivre ensemble. Ceux qui sont relativement plus jeunes et plus aptes peuvent s'occuper de leurs aînés plus âgés et plus faibles, formant ainsi un système de soutien mutuel et de soins aux personnes âgées.
Son idée a ensuite été incorporée dans le document directeur par les autorités centrales. M. Li a dit : « Je pense que le document a été rédigé par la direction centrale dans l'intérêt du peuple, et aussi avec la participation du peuple au niveau local » .

Selon les données officielles, plus d'un million de suggestions sur le 14e Plan quinquennal ont été reçues en ligne. De plus, la direction du Parti a écouté les opinions exprimées lors de plusieurs colloques par des non-membres du Parti, des entrepreneurs et des experts dans divers domaines.

Une démocratie efficace

Evandro Carvalho, un expert juridique brésilien, a déclaré à Xinhua que la démocratie socialiste chinoise n'est « pas seulement une démocratie dans la forme, mais dans le fond ». Pour M. Carvalho, ancien chercheur invité en Chine et professeur de droit à la Fondation Getulio Vargas, un groupe de réflexion économique brésilien, une telle démocratie ne se limite pas au processus de prise de décision démocratique, mais se concentre également sur ses résultats.

Les arrangements institutionnels pour la démocratie chinoise, a-t-il expliqué, impliquent les aspects procéduraux et la participation du public, dans le but de trouver des solutions aux problèmes auxquels les gens sont confrontés.

« Contrairement à plusieurs démocraties occidentales qui éloignent de plus en plus le peuple du processus politique et ignorent ses besoins, le gouvernement chinois veut, avec l'utilisation de la technologie, être plus à l'écoute de la population et surveiller l'exécution des mesures pour répondre aux besoins des gens » , a-t-il noté, ajoutant que « la Chine construit une démocratie aux caractéristiques chinoises qui implique une plus grande participation du public et est plus liée à la réalité et aux intérêts du peuple que de nombreuses démocraties occidentales » .

Selon M. Tang, de l'Université Fudan, la démocratie électorale dans les pays capitalistes occidentaux est une manifestation des intérêts des partis politiques et du capital, ou un « carnaval du scrutin populiste » organisé par les politiciens pour manipuler l'opinion publique pour leurs intérêts spécifiques. « En conséquence, il y a un écart par rapport à l'intérêt public et l'intérêt public est kidnappé, ce qui entraîne des risques potentiels pour la prospérité et l'unité de l'État » , a-t-il affirmé.

Le mécanisme de fonctionnement de la démocratie en Chine ne repose pas sur des élections basées sur la compétition multipartite, dans lesquelles les gens votent pour les dirigeants toutes les quelques années mais participent à peine aux affaires nationales dans leur vie quotidienne par la suite, a-t-il noté. La démocratie en Chine n'est pas un processus de vote étroit. Au lieu de cela, c'est un processus dans lequel les opinions des gens sont entendues et même absorbées dans les politiques nationales, a souligné M. Tang. « Le PCC ne poursuit pas ses propres intérêts, et la valeur suprême du Parti réside dans le peuple chinois et les intérêts nationaux chinois » , a-t-il ajouté.

Selon M. Zhu, de l'Ecole du Parti, dans la démocratie occidentale, un changement dans le parti au pouvoir entraîne un changement de politique. Dans le système chinois, a-t-il souligné, partant du principe que le PCC a le rôle de pouvoir et décide de la ligne de base du Parti, des cadres exceptionnels sont sélectionnés et nommés pour assurer la mise en œuvre de cette ligne.

« Les politiciens en Chine n'ont pas besoin de consacrer beaucoup d'argent et de temps aux campagnes électorales. Ce qu'ils doivent faire, c'est servir le peuple avec cœur et âme, et ils ne peuvent à aucun moment se dérober à leurs responsabilités » , a-t-il conclu.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Ying Xie)
Xuan
J.Cl. Delaunay : LE SYSTÈME DE CRÉDIT SOCIAL EN CHINE (3)


DANIELLE BLEITRACH
22 AVRIL 2021 https://histoireetsociete.com/2021/04/22/j-cl-delaunay-le-systeme-de-credit-social-en-chine3/

C’est ici que l’on peut, notamment, faire intervenir le marxisme. D’abord cette théorie n’est pas centrée sur une approche étroite des problèmes soulevés par la préservation de la liberté individuelle. Il faut considérer le couple (individu/société ) et pas seulement l’individu. Ensuite, cette théorie est fondamentalement une théorie du travail et de son exploitation. Être marxiste suppose de ne pas séparer l’analyse des libertés individuelles et collectives de celle du travail dans un certain contexte de rapports sociaux. Enfin, cette théorie oriente la réflexion vers la transformation du présent en s’efforçant de lui donner une perspective de moyen/long terme.
Telles sont, me semble-t-il, les trois raisons pour lesquelles la recherche sur le SCS chinois se doit d’être développée dans le cadre d’une analyse explicitement marxiste, conduite selon d’autres hypothèses et d’autres exigences théoriques que celles dont témoigne le court article de R.S.Dial, nous explique J.Cl Delaunay à propos de cette “aide à la gouvernance” dont il soulève les questions restées en suspend. Nous reprendrons probablement les trois articles en un seul pour faciliter la lecture. (note de Danielle Bleitrach)


(Troisième partie et fin)

Dans les deux précédentes parties, je me suis efforcé, tout en donnant un aperçu de ce que pourrait être le SCS chinois en cours de réalisation (il devrait commencer à être opérationnel dans 1 à 2 ans et il est déjà en application partielle), de le comparer à ses homologues occidentaux.

L’observation montre que le phénomène SCS est un phénomène général, qui vient de loin. J’ai mentionné, à ce propos, un livre paru en 2011, écrit par un dénommé Medina, sur Cybersyn, une expérience tentée par le gouvernement Allende pendant les courtes années de son existence (1970-1973). La Chine socialiste sera vraisemblablement le premier pays a mettre en œuvre cette nouvelle façon, non pas de gouverner la société, mais d’aider à la gouverner.

Cela dit, bien des questions restent en suspens, et notamment celle de savoir comment contrôler les contrôleurs? Que devient l’individualité, mais aussi l’exploitation du travail, dans ce contexte technique? On voit bien l’intérêt immédiat d’un tel système dans un pays comme la Chine. L’intérêt immédiat d’un tel système est de contrôler et de conduire à l’obéissance les ennemis de la nation et de la société.

Mais est-ce le seul intérêt? C’est ici que l’on peut, notamment, faire intervenir le marxisme. D’abord cette théorie n’est pas centrée sur une approche étroite des problèmes soulevés par la préservation de la liberté individuelle. Il faut considérer le couple (individu/société et pas seulement l’individu. Ensuite, cette théorie est fondamentalement une théorie du travail et de son exploitation. Être marxiste suppose de ne pas séparer l’analyse des libertés individuelles et collectives de celle du travail dans un certain contexte de rapports sociaux. Enfin, cette théorie oriente la réflexion vers la transformation du présent en s’efforçant de lui donner une perspective de moyen/long terme. Telles sont, me semble-t-il, les trois raisons pour lesquelles la recherche sur le SCS chinois se doit d’être développée dans le cadre d’une analyse explicitement marxiste, conduite selon d’autres hypothèses et d’autres exigences théoriques que celles dont témoigne le court article de R.S.Dial.

Le premier groupe des questions immédiatement soulevées semblent alors les suivantes. Puisque nous sommes à l’époque où le triplet «révolution numérique, révolution cybernétique, technologies informatiques» est arrivé à un degré élevé de maturité, quel peut en être l’incidence sur le fonctionnement des sociétés capitalistes et socialistes? Puisque la Chine est une économie socialiste accordant une autonomie de fonctionnement à un certain nombre d’entreprises capitalistes, comme cela se passe-t-il dans ce pays, puisque, selon la représentation triviale des choses, on y observerait la présence interactive des «deux modes de production»?

Le deuxième groupe de questions a trait au rapport entre SCS et force de travail. Est ce que le SCS peut aider à modifier la forme marchande de la force de travail? Comment?

Le troisième groupe de questions a trait à l’évolution de moyen long terme d’un tel système. Deviendra-t-il aussi indispensable que le sont les routes et les télécommunications aujourd’hui? Dans ce contexte, quels pourraient être les rapports entre individus, entre individus et sociétés, entre sociétés, portés par le SCS? Quel pourrait être le rapport entre un tel système et ce que nous appelons «la démocracie»?

UNE DISCUSSION LIMINAIRE

Quand j’ai rédigé ce texte, je ne savais pas trop si, de façon liminaire, je devais ou non me lancer dans une discussion relative au concept de «révolution informationnelle», qui fut l’un des étendards que Paul Boccara aimait à déployer et qui demeure, chez nombre de communistes français, d’un usage courant. Est-ce que cela pouvait aider à clarifier les idées que l’on peut avoir relativement aux SCS et au SCS chinois en particulier?

Je me suis quand même décidé à le faire, tout en renvoyant au dernier dossier que la revue marxiste d’économie, Economie et Politique, lui a consacré, et à dépenser quelques lignes à ce propos[1]. Dans un article de ce dossier, Frédéric Boccara discute de savoir pourquoi le terme de révolution informationnelle est préférable à tous les autres. Il écrit : «…Alors que dans la révolution industrielle, on remplaçait la main de l’homme maniant l’outil par des machines-outils, dans la révolution informationnelle, on remplace certaines activités du cerveau…par des machines informationnelles…Les activités informationnelles deviennent décisives…».

Il reprend le raisonnement de son père, qui cherchait absolument à mettre en avant «l’information» dans toute analyse caractérisant les changements profonds de notre époque, parce que c’était, selon lui, l’élément le plus important à considérer pour comprendre l’impossibilité du système capitaliste à mener à bien «la révolution informationnelle», et pour comprendre le lieu où porter la solution, à savoir l’information.

Il y a de l’information partout, aussi bien dans une société capitaliste que socialiste. Mais ce «partout» désigne l’information en tant qu’élément technique. En revanche, c’est seulement dans les rapports de production capitaliste que l’information devient une marchandise au point de caractériser le processus révolutionnaire d’ensemble. L’information y fonctionne alors comme rapport social et substitut de la force de travail.

Si ce que je dis est vrai, si l’information tend à devenir une façon de ne pas parler du travail, est-il possible de définir la révolution en cours, qui est révolution du mode de production en place, qui en est la révolution du travail, à l’aide d’un attribut idéologique du fonctionnement de ce mode de production, l’information ?

Il faut, disait à peu près Paul Boccara, «libérer l’information» des rapports capitalistes de production pour pouvoir la «partager». En réalité, ce qu’il faut libérer, c’est la société, et il faut la libérer des rapports de production qui font que l’information est emprisonnée dans un statut non plus technique, mais social puisqu’elle devient une marchandise et un «rapport social».

Le «partage de l’information», qui est, avec «la SEEF», le paquet cadeau qu’Économie et Politique envoie à tous ses nouveaux abonnés, n’est pas suffisant. Je ne sous-estime pas l’importance des réflexions qu’il recouvre. Je cherche seulement à marquer quelles en sont, selon moi, les limites, et je crois que cette notion de «partage de l’information» est une notion extrêmement faible par rapport aux exigences.

En tout cas, il me semble que le raisonnement de F.B., que je viens de rappeler, (c’est celui que tenait son père), contient une importante erreur logique et que le redressement de cette erreur clarifie la discussion relative au SCS. C’est la seule raison pour laquelle je me suis lancé dans cette discussion, car il faut bien reconnaître que la réalité n’attend pas les avis de Tel ou Tel pour avancer. Quelle est cette erreur ?

Revenons au concept de révolution industrielle. Celle-ci désigne un ensemble d’activités, l’industrie, et les moyens de cette révolution, les machines-outils. Sautons à pieds joints dans la révolution suivante. Les moyens en sont, dit F.B., les machines informationnelles. Mais alors pourquoi désigner la révolution nouvelle par l’intermédiaire de la matière première (l’information) de ces moyens (les machines informationnelles) alors que la révolution précédente l’était par l’intermédiaire de son lieu d’application (l’industrie)?

Ne serait-il pas plus cohérent de dire que la révolution actuelle est une révolution de toutes les activités de la société, alors que la révolution précédente ne l’était que de l’industrie? Cette recherche de cohérence est-elle sans autre portée théorique que la cohérence des désignations?

Ma question est évidemment une fausse question. Car si l’on considère que mon souci de cohérence logique n’est pas dépourvu de bon sens, on en déduira que l’histoire de l’humanité a vu se succéder trois grandes époques du travail, celle du travail agricole, celle du travail industriel et, aujourd’hui, celle du travail de toutes les activités de la société.

Or parler de «révolution générale du travail» et de «révolution informationnelle», ce n’est pas pareil. Ce que Paul Boccara n’avait pas bien compris, parce qu’il était trop pressé d’être le premier en tout, c’est que sa hâte l’avait conduit à faire abstraction du travail (car la référence au travail par le biais du concept d’information est ténue) et à reprendre de façon non critique les représentations capitalistes des phénomènes en cours de développement, alors qu’il cherchait, avec une sincérité que je ne mets pas en doute, à suivre de près la trace d’un penseur, Marx, qui a massivement introduit le travail dans la pensée occidentale.

Les penseurs du XVIIIe siècle ont été ceux des lumières du travail de l’intelligence, ceux du XIXe siècle ont été ceux des lumières du travail industriel. Nous sommes en train de devoir penser la lumière de tous les travaux, celles du travail en général.

La révolution actuelle est une révolution de tout le travail social. Cela veut dire que les SCS doivent être appréciés dans le cadre d’une problématique du travail social et non dans le cadre d’une problématique de l’information. Penser que le SCS est un moyen d’informer sur les comportements individuels, c’est voir le SCS par le petit bout de la lorgnette. Je ne dis pas que ce que contient ce concept est accompli, mais je prétends que tel en est le sens profond.

Pour développer pleinement la révolution en cours, il faut libérer la société et le travail, tout le trvaial, pas seulement l’information. Le socialisme est le moyen nécessaire de ces libérations.

Notons au passage (mais cela ne fait pas problème), que les moyens de cette révolution sociale du travail ne sont pas seulement définis par l’existence de machines informationnelles. Ils contiennent, outre les moyens matériels de cette révolution (les machines informatiques, leurs logiciels, et l’évolution de leurs capacités de mémorisation et de vitesse de traitement), les moyens intellectuels de cette révolution, ceux d’un calcul numérique de type nouveau ainsi que de la cybernétique, qui est, si j’ai bien compris, une formalisation opérationnelle de la dialectique du vivant et notamment de la société[2]. La disposition de ces moyens a pour prolongement nécessaire le développement de la formation, de la connaissance, de la recherche. La révolution en cours ne peut bouleverser l’ensemble des travaux que si elle repose dur le bouleversement de tous les travaux.

Pour tenir compte de ces divers éléments, Ivan Lavallée a retenu le concept de Cyber-Révolution. Je ne cherche pas ici à baptiser la révolution scientifique et technique en cours, ou à la débaptiser. Je vais reprendre le terme de Cyber-Révolution dans la suite de ce texte car je crois que celui de de «Révolution informationnelle» est fondamentalement idéologique. L’idéologie capitaliste vise à faire disparaître le travail de toute représentation du fonctionnement de la société, que ce soit celle de la valeur des marchandises ou que ce soit celle de la manière dont la société travaille.

La conséquence théorique de ce que j’avance est que la révolution en cours doit être analysée comme révolution de tous les travaux, même si la pratique capitaliste tend à la définir comme révolution informationnelle. Il s’en suit que l’essence du SCS chinois ne serait pas de rassembler des informations pour contrôler la population chinoise. Il viserait à révolutionner le travail chinois

CAPITALISME, CYBER-RÉVOLUTION, SYSTEME DE CREDIT SOCIAL

Voyons tout d’abord comment cette révolution s’est introduite dans l’univers capitaliste et lui a permis de surmonter momentanément la crise dans lequel il était plongé depuis les années 1970. Il existe au moins deux points sur lesquels quasiment tous les observateurs de la révolution en question dans l’univers capitaliste sont d’accord.

Le premier est que cette révolution a accompagné la mondialisation d’entreprises capitalistes de toutes sortes, productives, commerciales, bancaires et financières. La révolution en question a été stimulée, en retour, par le processus de mondialisation. Les grandes entreprises sont devenues, chacune pour soi, d’immenses structures d’informations. Les marchés financiers partout dans le monde ont été revisités et interconnectés. Les transports ont été profondément modernisés tout en étant pénétrés par elle.

En sortant de l’univers, certes internationalisé mais toujours centré nationalement, de la phase du Capitalisme monopoliste d’Etat, pour entrer dans celui de la phase mondialisée du Capitalisme financier mondialisé, le capitalisme a éclaté le travail. Il l’a dispersé dans le monde, et il l’a, en retour réunifié de manière marchande. Il en a récupéré les morceaux sous la forme d’informations destinées à fournir à ses dirigeants la seule information qui les intéresse : combien de profit aujourd’hui? L’information est devenue la forme fétichisée du travail dans l’univers, à la fois éclaté et unifié, unifié par la valeur dans l’éclatement de sa valeur d’usage, de la mondialisation capitaliste[3]. L’information a été substituée à la force de travaiL

Le deuxième point important est que, sous l’impulsion du Capital monopoliste, cette révolution s’est accompagnée de la réorganisation en profondeur, tant du rapport entre Capital et Travail, que des formes de l’exploitation. Les économies capitalistes développées ont exporté vers les pays en développement une partie importante de leur production industrielle, pour réduire leurs coûts, pour étendre leurs marchés, pour trouver le temps de travail vivant dont elles ont besoin pour rentabiliser leur capital.

Cela dit, toutes les activités n’ont pas disparu. Ce qui était autrefois production et exportations est devenu importations, commerce et finances. Certaines productions stratégiques sont restées sur place. Mais la plus grande part des activités restantes sont des services. La digitalisation les a pénétrés, sur la base d’une réorganisation complète des modalités générales de fonctionnement du travail (droit du travail, précarisation, rémunérations, allocations diverses, retraites) ainsi que des procès de travail propres à la firme. Les «salariés» du stade précédent du capitalisme ont été transformés en «entrepreneurs», en réalité en salariés encore plus soumis qu’auparavant à la domination du Capital. Lorsqu’ils, ou elles, n’ont pas subi cette transformation, leurs moindres gestes ont été, grâce aux nouvelles technologies, strictement délimités et encadrés.

Le modèle de fonctionnement des compagnies «digitales» de taxis est typique de cette façon de faire. On en trouvera la description précise, ainsi que l’analyse de leur contexte concurrentiel, dans les articles cités de Frédéric Boccara et de Cédric Durand . Bien sûr, ce modèle ne s’applique pas à toutes les activités, ou ne s’y applique que de façon partielle. Mais il est significatif d’une tendance lourde du capitalisme contemporain, où le capital prend de la distance avec ceux qui produisent (avec le travail), les chauffeurs de taxis en l’occurrence, mais où, en rassemblant des données, en mettant en œuvre une infrastructure particulière, en transformant la révolution du travail en révolution informationnelle, il offre à ces chauffeurs un fonctionnement légèrement amélioré de leur activité mais globalement beaucoup plus contraignant qu’auparavant.

Partout, dans la société capitaliste développée, les données deviennent à ce point importantes qu’elles prennent la forme marchandise. Elles sont appropriables. Leur propriété est protégée par la loi. L’achat ou l’utilisation de données tend à remplacer, dans ce modèle, l’achat des forces de travail.

Le problème cependant, est que la mise au point de ces systèmes d’information coûte cher. De lourdes dépenses sont engagées, qu’il faut ensuite récupérer et rentabiliser. Il faut trouver la source de travail vivant devant permettre cette double opération. Cette source de valeur, c’est le travail des chauffeurs. Et comme le montant des dépenses engagées ainsi que la rentabilité recherchée sont bien supérieures à celui des économies produites par le système, ce sont les «profits» des «entrepreneurs-chauffeurs» qui font les frais de cette organisation du travail, de même que les «profits» des «entrepreneurs-paysans» pris dans les filets d’une semblable organisation, font les frais des systèmes d’information mis au point par les grandes surfaces pour valoriser leur activité commerciale. Ces systèmes ne contribuent guère à la production de valeur d’échange. Ils sont donc essentiellement prédateurs. Ils prélèvent sur la rémunération des chauffeurs en visant l’accroissement de leur processus d’exploitation de trois manières complémentaires : 1) par accroissement du temps travaillé pour obtenir la même rémunération, ou production de plus-value absolue, 2) par accroissement de l’intensité de leur travail, ou production de plus-value relative, 3) par report, sur eux, de frais d’entretien et d’assurances de leur véhicule.

La nature prédatrice du fonctionnement capitaliste dans les sociétés capitalistes développées est, selon moi, bien mise en lumière par les travaux de Michel Husson. La comparaison sur laquelle repose son analyse de longue période (depuis les années 1970), dans l’ensemble des pays capitalistes, est celle entre des courbes de taux de profit croissantes, des courbes de productivité des facteurs décroissantes et des courbes de rémunération salariale décroissantes. Comment la rentabilité peut-elle croître dans un univers productif dont l’efficience décline, si ce n’est parce que la prédation sur la valeur créée, et donc sur les salaires et rémunérations des agents, exercée par le capital monopoliste, est accrue?[4]

La cyber-révolution engendre d’autres modèles ou d’autres types concrets de relations entre Capital et Travail, comme par exemple celui du télétravail. Mais les deux modèles que je viens d’évoquer me semblent déjà suffisants pour comprendre ce que peut être un SCS dans le contexte de la mondialisation du capital et de la surexploitation de la main-d’œuvre. Ils ont pour objectif majeur, dans les pays capitalistes développés, de réduire, pour le Capital, les inconvénients économiques de la dégradation engendrée par la mondialisation capitaliste (le recours accru au crédit et la croissance du nombre des mauvais payeurs). Ces systèmes s’efforcent d’orienter les comportements individuels de consommation vers tels ou tels biens, vers les produits de telle ou telle entreprise. On observe aussi qu’ils s’étendent au domaine politique et tendent à concerner non seulement «les mauvais payeurs» mais «les mauvais citoyens». Au total, les SCS sont principalement privés. Ce ne sont pas nécessairement des systèmes sophistiqués de bonus-malus. Ils peuvent être tout simplement des listes noires d’exclusion. Ils se développent indépendamment du droit. Ils relèvent d’une sorte de juridiction privée et leur existence confirme l’hypothèse «féodaliste» défendue par Cédric Durand.

SOCIALISME CHINOIS, CYBER-RÉVOLUTION, SYSTÈME DE CRÉDIT SOCIAL

L’exemple chinois conduit à soulever deux questions.

La première a trait au fait que dans ce pays existent des entreprises capitalistes de très grande taille. Comment le SCS public chinois peut-il révolutionner le travail chinois tout en se trouvant face à ces entreprises? Elle part du constat que les SCS, ou les blacklists existant dans les pays capitalistes développés, à commencer par les Etats-Unis, visent principalement à protéger des intérêts du Capital monopoliste. Or les compagnies que l’on observe en Chine sont également de très grand taille et elles sont capitalistes. Comment le pouvoir chinois y fait-il face? Voici quelques unes de ces grandes entreprises, dans le champ «Internet».

Big Data Companies USA and CHINA
Regardons le tableau ci-dessus : c’est un tableau de «monstres» dans le domaine considéré. Or les «monstres chinois» font 45% de ces vingt premiers. C’est dire leur importance. Que font ces géants chinois des informations qu’ils recueillent quotidiennement en très grand nombre? Et qu’ils capitalisent, au vrai sens du terme? Car ce sont des entreprises capitalistes, et personne n’a prétendu que de telles entreprises avaient spontanément un comportement socialiste.

Elles font comme leurs homologues des Etats-Unis : elles concluent entre elles des accords pour ne pas abaisser leurs prix sur tels ou tels services, elles constituent des bases de données à l’insu de leurs clients, elles empêchent de nouveaux concurrents de s’implanter sur le marché, elles se font la guerre et gaspillent des ressources en publicité stupides, elles ne manquent pas de violer la loi si cela leur rapporte et si elles peuvent tromper les autorités, car pas vu, pas pris. Et leurs dirigeants, qui voient passer à leurs pieds des fleuves d’argent, sont tentés de se servir et de corrompre des fonctionnaires, des gestionnaires d’hôpitaux par exemple, de leur vendre illégalement des données publiques, etc…

Les société basées sur Internet ne sont pas les seules à être surveillées par le gouvernement. Mais si l’on s’en tient uniquement à elles, on observe que, d’une part, le gouvernement les contrôle et les tient en main, et que d’autre part, son action ne vise pas à les détruire. Elle vise seulement, dans la mesure où elles sont utiles pour la production de la société et n’ont pas épuisé toutes leurs potentialités, à les remettre sur le chemin de la légalité. Elles avaient eu tendance à oublier cette exigence. Le gouvernement leur rappelle qu’elles ont le droit de faire des profits mais pas de faire n’importe quoi et surtout pas de chercher à se substituer au gouvernement, notamment dans le domaine de la politique monétaire et financière.

Le premier a avoir payé le prix de ses turpitudes semble avoir été le groupe Alibaba. Histoire et Société a publié un article à ce sujet le 20 décembre 2020 (La Chine repense le modèle Jack Ma). Les régulateurs chinois ont suspendu une introduction en bourse effectuée par Ant Financial, une subdivision d’Alibaba. Le 10 novembre 2020, l’Administration centrale des marchés a publié un document visant à empêcher les grandes plate-formes Internet à bloquer la concurrence. Diverses amendes ont été infligées, à Tencent Holding, à Alibaba, pour non respect des règlements. Le 14 avril 2021, 12 grandes entreprises, dont Baidu, JD.com[5], ByteDance et PinDuoduo, ont signé un engagement de respect de la loi. Le gouvernement leur a donné un mois pour régulariser le fonctionnement de leur société et de ses filiales (Histoire et Société, 15/04/21, La pression antitrust de la Chine à son niveau le plus actif).

La réponse que l’on peut apporter à la première question est donc la suivante. Le PCC envisage de contrôler ces compagnies privées comme toutes celles qui opèrent en Chine. Il vise à en éliminer les manquements et il leur a rappelé qu’en Chine, c’est le gouvernement et le PCC qui gouvernent et non les entreprises, a fortiori les entreprises privées. Mais ce contrôle repose, pour l’instant, sur un engagement de la part de leurs dirigeants, étant entendu que le gouvernement chinois dispose de moyens complémentaires d’en surveiller l’activité.

Je ne crois pas que, par exemple, l’intégration de leurs bases de données dans le SCS soit envisagée. En revanche, ces compagnies se devront de plus en plus de respecter leurs clients, et de construire leurs bases de données en accord avec eux. Leur activité, intérieure et internationale, devrait, grâce au SCS, faire l’objet d’un suivi plus strict. J’ai déjà souligné ce point dans le présent article. Mais sans doute ne faut-il pas hésiter à le redire : la politique mise en œuvre par le gouvernement que dirige le Président Xi Jinping est une illustration de ce que signifie «une économie socialiste de marché» et «la dictature démocratique du peuple».

Supposons maintenant qu’il n’y ait pas d’entreprises privées en Chine et abordons la deuxième question. Elle a trait au rôle que le SCS chinois joue et peut jouer pour révolutionner le travail chinois. Révolutionner le travail signifie, à mon avis :

Contrôler la production marchande capitaliste en la socialisant et en éliminant le noyau dirigeant de la classe capitaliste, la grande bourgeoisie monopoliste,
Transformer la force de travail, de marchandise soumise qu’elle était en agent actif et dominant de la société parce que débarrassé de sa forme marchandise,
Conduire, simultanément, le procès de production vers un état de développement tel que la forme marchandise perde toute signification au regard du degré très élevé de la productivité du travail et des facteurs.
Développer de manière inédite les activités motrices de cette révolution, c’est-à-dire les fondement scientifiques et intellectuels de la Cyber-Révolution.
Transformer les relations internationales.
Comme on peut le constater, on est très éloigné des réflexions sur la réputation ou la confiance. Ce que l’on connaît du SCS chinois actuel correspond à la première phase de ce processus révolutionnaire. Cette première phase contient elle-même trois aspects.

C’est tout d’abord la contribution que ce système peut apporter d’abord pour contrôler les anciennes classes dirigeantes et leurs résidus groupusculaires ainsi que toutes les actions terroristes impulsées par les puissances impérialistes. C’est simultanément le nettoyage des ces comportements malsains que sont le vol, l’escroquerie, la corruption, l’individualisme forcené et le non-respect de la vie d’autrui. C’est le contrôle des nouvelles entreprises capitalistes permises ou même sollicitées pour contribuer au développement socialiste.

C’est ensuite la régularisation et les aménagements internes que le SCS peut apporter au système de la production de marché socialiste. Il s’agit de normaliser les prix des marchandises, et donc les profits réalisé par leur vente, ceux par exemple, de la production pharmaceutique. Il s’agit de socialiser l’investissement et, ce faisant, de le rendre plus économe, plus efficace, d’en contrôler les effets pervers sur la nature et les hommes, mais aussi, sans négliger la rentabilité, de le réaliser aussi pour d’autres motifs que la rentabilité, comme par exemple la construction de routes dans les montagnes ou de routes destinées à désenclaver des régions antérieurement isolées du reste du pays.

C’est enfin la socialisation de la consommation. Le SCS peut aider à satisfaire mieux les besoins de consommation, à améliorer la qualité et le prix des produits, à ne pas développer la production au détriment de l’environnement et de la santé humaine.

En résumé, je dirai que cette première phase est celle du nettoyage du mode de production socialiste naissant de toutes les scories antérieures. Elle est celle de la socialisation de la production marchande et de son équilibrage. Au cours de cette première phase, qui est toujours marquée par le sceau de la nécessité, la liberté individuelle est d’autant plus grande pour la masse de la population que le société est assainie et se développe en tant qu’économie socialiste de marché[6].

La deuxième phase de révolution à laquelle le SCS peut contribuer activement est celle simultanée du développement et de la généralisation au plus grand nombre de forces de travail des activités motrices de la Cyber-Révolution. Il s’agit de faire de chaque individu un scientifique à son niveau. Cela ne signifie pas, à mon avis, que chacun devienne un Einstein. Mais cela signifie que chaque individu, homme ou femme évidement, ait la claire conscience d’être, à son niveau, un membre actif et responsable de la grande révolution scientifique et technique en cours.

Révolutionner le travail, son statut marchand, c’est d’abord élever le niveau intellectuelle de la force de travail moyenne de telle sorte qu’elle domine les moyens de travail non seulement grâce aux rapports de production socialistes mais grâce à sa propre formation, au développement de sa propre intelligence. Il est clair, de plus, qu’une révolution intellectuelle de ce type suppose une révolution matérielle correspondante. Je crois que, par exemple, le SCS chinois sera très vraisemblablement mis en oeuvre pour aider les femmes chinoises à améliorer leur position dans les entreprises, s’il est vrai qu’elles y sont défavorisées, ou pour tendre vers l’égalisation de leurs rémunérations, à qualification égale, si ces rémunérations y sont significativement inférieures.

Mais révolutionner le travail, c’est aussi mettre en oeuvre cette compétence à la fois générale et individualisée pour planifier l’économie, son financement. C’est mettre en oeuvre une politique d’investissements dont la croissance du degré d’efficience ait pour effet de réduire progressivement le périmètre du marché intérieur. Lorsque la productivité du travail sera infinie, la forme marchandise n’aura plus aucun sens et il en sera a fortiori de même pour la marchandise force travail.

C’est l’une des très grandes différences de fond entre les SCS de type capitaliste et les SCS de type socialiste. Les premiers visent à défendre le système de la valeur marchande et à le prolonger. Les seconds visent à le dépasser. L’économie de marché socialiste n’est pas, dans le socialisme chinois, une situation éternelle. C’est une situation transitoire. A un moment donné, non seulement le marché, mais l’entreprise, a fortiori l’entreprise privée, perdront toute signification.

ÉLÉMENTS DE CONCLUSION

Il est temps pour moi de conclure ce texte et de remercier François Potier de m’avoir encouragé à l’écrire. Je me suis efforcé, avec l’arrogance des Innocents et des Stupides, de mettre en oeuvre «un point de vue marxiste», qui fait terriblement défaut pour l’étude de ce genre de problème. S’il me fallait résumer en quelques mots ma conclusion, je dirais que nous, communistes français, nous devrions nous inspirer du SCS qui se construit en Chine car ce sera un instrument de première grandeur pour construire le socialisme en France. Il ne s’agit pas pour nous de l’imiter mais certainement de penser dès à présent à un instrument du même type.

Cela ne doit être qu’un instrument. Et sans doute parmi d’autres, parmi beaucoup d’autres, mais ce doit être quand même un instrument de grande portée, étant donné les potentialités du projet : Révolutionner le travail, tout le travail de la société.

Cela étant dit, bien des problèmes devraient encore être abordés. Je vais dire quelques mots de ceux qui, à l’instant, me semblent les plus importants.

Le premier a trait aux forces sociales à mettre en oeuvre pour installer et construire une société socialiste en France et y implanter un projet de cette sorte. Certes, les communistes français doivent s’adresser aux plus démunis, en leur montrant de chemin de leur délivrance. Nous devons nous adresser aux quartiers populaires. Cela dit, la petite réflexion que je viens de conduire me convainc que nous devons aussi, et dès à présent, pour construire dans ce pays un nouveau rapport des forces entre le peuple et la grande bourgeoisie, nous adresser aux intellectuels, aux travailleurs intellectuels, à certains d’entre eux en tout cas.
Je pense tout particulièrement à celles et à ceux qui, dans cette société, exercent un métier d’informaticien, soit comme salariés, soit comme entrepreneurs. Nous devons nous adresser à eux, comme à toutes ces professions dites intermédiaires, qui font marcher les services publics et les infrastructures de ce pays. Leurs métiers sont déjà des composants actifs de la société à venir. Nous devons leur proposer de la conquérir ensemble, cette société, puis de la construire ou de la reconstruire ensemble. Car ils sont, elles sont, et seront l’un des leviers du socialisme. Leur tâche sera notamment de réaliser l’indépendance informatique de la France et de déployer l’activité de haut niveau dont ce pays aura besoin pour construire et développer le socialisme.

Sans les quartiers populaires, ces professionnels continueront de mijoter dans la mélasse où les met la grande bourgeoisie, mais sans eux, les quartiers populaires mijoteront de la même manière, sans avenir et sans espoirs.

Le deuxième point important concerne les rapports des individus à cette collectivité supérieure et fantastique que, pour nous, occidentaux, représente le SCS chinois. Nous sommes, comme tous les peuples, façonnés par une très longue histoire. Nous la pratiquons quotidiennement et, par le biais du marché capitaliste, nous en avons intériorisé les impulsions de manière quasiment génétique.
L’histoire chinoise fut différente de la nôtre. Pour parler de manière excessive et anachronique, je dirai que c’est la socialisation impériale de la terre qui a permis sa répartition rurale démocratique et parcellisée. Les paysans chinois ne sont pas entrés en conflit avec l’Empereur pour les mêmes raisons que leurs homologues d’Europe occidentale, puisque la propriété publique leur donnait accès à la terre.

Cela dit, un fait demeure, transversal à toutes les sociétés : notre époque est encore celle de la rareté, que ce soit en France ou en Chine même si les niveaux de rareté ne sont pas les mêmes ici et là. Dans la rareté, l’individu, où qu’il se trouve, est nécessairement dépendant de la collectivité.

Je renvoie sur ce point à un texte bien connu, dont Danielle Bleitrach a fort heureusement rediffusé la mémoire sur le site Histoire et Société. Ce texte a trait à l’essence des Grands Hommes [7]. Ce sont les rapports sociaux d’une époque qui font les Grands Hommes de cette époque. De la même façon, ce sont les rapports sociaux d’aujourd’hui qui font que les individus sont libres ou ne le sont pas. La liberté individuelle n’a pas d’autre fondement que la liberté de tous et de la société.

Telle ou telle personne, qui sort avec son voisin de palier, un homme marié bien entendu, et cela dans le but évident d’aller faire des galipettes, trouvera désagréable d’être prise en photo par une caméra publique. C’est compréhensible, mais le SCS chinois, sous l’angle des individus, a pour seul but de freiner l’ardeur des voleurs à la tire, de repérer les auteurs d’actes délictueux voire criminels, de retrouver des enfants perdus, etc, et non de repérer les sorties avec les voisins de palier, voire avec ceux de l’immeuble d’en face…. Je ne vois pas que le gouvernement chinois se propose de suivre de près ou de loin la vie personnelle des Chinois ou de ceux qui vivent en Chine. Il est déplacé de raisonner ainsi, cela n’a aucun sens.

Repérer les terroristes et les criminels, c’est autre chose. C’est un acte légitime et nécessaire pour assurer la sécurité des Chinois. Neutraliser les escrocs du téléphone ou des e-mails, détruire les réseaux de prostitution enfantine ou les trafics d’armes et de drogues via internet sont des activités que seul l’Etat peut accomplir. Oui, cela suppose une certaine intrusion dans les ordinateurs et dans les téléphones personnels. Mais les simples citoyens tirent avantage de son intervention et s’en félicitent. Seuls quelques uns, repliés sur eux-mêmes, y trouvent à redire.

Je crois qu’une interrogation plus sérieuse demeure : qui contrôle les contrôleurs? Qui peut assurer que, dans un pays en voie de développement, dont la population aurait majoritairement choisi le socialisme, les dirigeants de cette société agiront conformément à l’idéal qu’ils affichent? Il n’existe, mon avis, aucune raison théorique a priori autre que celle de la pratique, que l’on puisse évoquer. Ou bien les dirigeants de la révolution satisfont les besoins populaires et y associent étroitement le peuple, et la société progresse, ou bien ils ne le font pas. Ils échouent et la société régresse.
Les gouvernants actuels de la Chine, qui sont les héritiers du Mouvement du 4 Mai, qui ont étudié l’échec du socialisme de type soviétique, qui respectent profondément le peuple chinois dont ils sont issus, qui sont à la fois des patriotes et des internationalistes, savent qu’ils doivent construire le socialisme en Chine non seulement pour le peuple mais avec le peuple. Je me suis réjouis de lire ce matin, dans la version française de Xinhuanet du 20 avril 2021, reproduisant un entretien de la rédaction de Xinhua avec le Président Lula, l’affirmation selon laquelle «le PCC s’engageait à assurer une large participation du public à la croissance économique». Les réalisations de la Chine, a souligné le Président Lula, promeuvent non seulement le développement économique mais «l’intégration sociale et le progrès social».

Cela dit, c’est au peuple chinois et non à moi, ou au premier venu du Boulevard Saint-Michel, voire du Faubourg Saint-Honoré, qui n’est pas très loin, de porter jugement sur ses dirigeants et, s’il y a lieu, d’en rectifier la conduite.

En revanche, il me paraît non seulement justifié, mais nécessaire, de réfléchir aux institutions susceptibles d’assurer ce contrôle dans le cadre de la lutte pour l’instauration d’un socialisme à la française. Je laisse ce point totalement ouvert n’ayant pas la prétention d’avoir un avis sur tout.

Ce que je crois cependant est que les projets de Chambre des travailleurs, émanant tant de Jaurès que de Clouscard, et dont Baran faisait récemment le rappel sur ce site, devraient être pris en considération et réfléchis en ce sens. J’indique que, sans connaître ces deux projets, j’ai fait état d’une esquisse semblable dans mon livre récent sur le socialisme[8].

J’avais enfin l’intention, en conclusion de cette discussion, de rendre brièvement compte des livres de Bernard Stieggler et d’Alain Supiot, l’un portant l’un sur «la gouvernementalité algorithmique» et l’autre sur «le gouvernement par le nombre», et de les situer par rapport au sujet de ma petite étude[9].
Toutefois, la lecture que j’en est faite est trop rapide, trop superficielle pour que puisse en traiter sans leur faire injure. Je vais prendre ce risque, mais uniquement avec l’intention d’affirmer clairement que, en tant que marxiste, je n’ai pas la prétention de tout dire et de tout savoir, loin de là, mais celle seulement, grâce à elle, d’arriver à penser des choses essentielles.

C’est pourquoi je ne crois pas qu’une personne profondément convaincue de la puissance et de la fécondité du marxisme, comme je le suis, puisse envisager de négliger le discours des autres, en particulier ceux de Stiegler et de Supiot. Je peux seulement regretter que cette immense théorie leur soit tant étrangère.

Quoiqu’il en soit, il me paraît clair que, derrière la réflexion de ces auteurs se tient une interrogation sur l’aptitude, tant des régimes fondés sur le marché que ceux de type socialiste, à gouverner les sociétés. Prenant l’URSS comme référence de son analyse du socialisme, Alain Supiot écrit que «les dirigeants soviétiques se considéraient comme les ingénieurs d’une société nouvelle…La construction du socialisme requérait une obéissance sans faille et un contrôle permanent des dirigeants du Parti, comparable à la direction du travail dans une entreprise taylorienne». Ils ont cherché à «remplacer le jugement par le calcul».

De son côté, Bernard Stiegler observe «l’instrumentalisation et la réticulation systématique des relations interindividuelles et transindividuelles, mises au service de la data économy…» (14). Le phénomène de disruption, titre du livre cité de cet auteur, signifie que «la réticulation numérique pénètre, envahit et parasite, et finalement anéantit les relations sociales». On observerait «…la perte du sentiment d’exister». «Les individus sont dépossédés de leurs propres désirs» (14). Bien que critiquant le capitalisme de manière explicite, on peut penser que sa critique s’adresse à tous les systèmes. Car c’est «toute la planète» qui, selon lui, est en cause.

On peut dire que ces deux auteurs se rejoignent dans une même critique de l’économie numérique et des SCS, qu’ils soient capitalistes ou socialistes.

Que leur dire? A Stiegler, malheureusement décédé l’an passé, je ferai remarquer, si j’avais la possibilité de le rencontrer, que je retiens son souci de promouvoir «une économie générale de la contribution». Je crois comprendre ce qu’il veut dire. Cet auteur est profondément hostile au consumérisme engendré par l’économie capitaliste numérisée, et à tout ce qui stérilise les rapports humains. Mais précisément, construire un SCS ne consiste pas à construire un moyen de gouverner à la place des hommes. C’est un moyen visant à aider les hommes à gouverner, ce qui est très différent.

Je lui demanderais donc si, d’une part, il a bien perçu les contradictions principales de cette économie? Qu’est-ce que la critique du seul consumérisme quand, dans le même système consumériste, des gens crèvent de froid et de faim? Je lui demanderais, d’autre part, s’il a bien fait attention au fonctionnement de l’économie et de la société chinoises, ainsi qu’à la façon dont ses dirigeants assumaient leurs responsabilité?

Qu’est-ce que lutter contre la pauvreté? Je dis bien lutter car pendant deux ans, les membres du PCC ont été mobilisés dans ce but qui n’était pas rien? Qu’est ce que promouvoir la paix dans le monde, si ce n’est, là encore, lutter pour une société qui soit autre chose qu’un rassemblement de bêtes à cornes? Ce que les dirigeants de la Chine proposent à leur peuple, en les associant à ce projet, c’est de construire une Chine puissante et cohérente, une Chine qui pour ces deux raisons soit capable d’affronter l’impérialisme et de porter la cause de la paix.

Que dire à Alain Supiot? Un enseignement professé au Collège de France l’a forcément été par une personne de talent. Je lui dirais donc, modestement, que je suis d’accord avec lui quand il écrit : « Lorsque l’Etat n’assure plus son rôle de garant de l’identité et de la sécurité physique et économique des personnes, les hommes n’ont plus d’autre issue que de rechercher cette garantie ailleurs» (342). Cette garantie serait celle «des appartenances claniques, religieuses, ethniques» (ibid.).

Il est clair cependant qu’une telle garantie ne garantit rien. Elle prolonge seulement la vie du capitalisme industriel. Le paradoxe de son fonctionnement est, en effet, le suivant. C’est grâce, désormais, aux maladies qu’il véhicule (et selon moi, les appartenances claniques, religieuses, ethniques érigées en substituts des défaillances de l’Etat sont des maladies), que les grandes bourgeoisies prolongent leur pouvoir. Celles et ceux qui les subissent se doivent donc de lutter pour leur élimination révolutionnaire, à moins qu’ils n’aient accepté de périr sous leur commandement. La tâche des communistes français aujourd’hui est de montrer l’exigence de la lutter pour le socialisme en France et d’en éclairer les contours. Dans ce contexte, je trouve stimulant qu’Alain Supiot ait écrit que le retour vers une certaine harmonie sociale « ne pourra se faire sans une remise en cause politique du pouvoir acquis aujourd’hui dans une majorité de pays par des classes dirigeantes ploutocratiques, dont les motivations n’ont rien de mystique et dont la cupidité effrénée et la puissance dévastatrice rendent toute son actualité à la critique du capitalisme instruite par Marx il y a un siècle et demi» (343).

Je trouve également également stimulant que ce juriste déclare qu’il faille «rendre à ceux qui travaillent une prise sur l’objet et le sens de leur travail» (346). Le SCS chinois et ce que nous pouvons en déduire pour la France est d’être un moyens pouvant aider à révolutionner le travail.

[1]Revue Economie et Politique, Dossier sur «La Révolution informationnelle, ses ambivalences, ses potentialités», avec les articles de : Paul Boccara, Jean Lojkine et Jean-Luc Maletras, Fredéric Boccara, Frédéric Rauch, Sylvain Chicotte, Economie et Politique, mai-juin 2016, n°742-743, p.8-33 (en ligne). En particulier l’article de Frédéric Boccara, «Révolution informationnelle, «numérique», valeur et analyse de la marchandise, Quelques réflexions provisoires», p.21-26.

[2] https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/societe-de-linformation/le-monde-du-livre-et-de-la-presse/histoire-du-livre-et-de-la-documentation/biographies/norbert-wiener.html

[3]Je reprends ici une citation extraite du livre de Cédric Durand sur la révolution numérique, concernant Apple. Ce type d’analyse est bien connu, mais il peut intéresser les lecteurs. «Après avoir abandonné ses usines de Fountain à Colorado Springs et d’Elk Grove à Sacramento, en 1996 et 2004… toute la production est effectuée par des établissements basés hors des Etats-Unis, notamment en Chine, mais cela ne signifie pas que la société a relâché son contrôle sur les opérations de production. Elle a au contraire construit un écosystème fermé où elle exerce un contrôle sur presque tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement, depuis la conception jusqu’au magasin de détail» (Chapitre : Les rentiers de l’intangible). En mondialisant sa production, cette multinationale a pris de la distance avec le travail qui s’y déploie. Celui-ci est le problème de ses unités décentralisées. Mais elle a centralisé le fonctionnement de l’ensemble à l’aide d’informations, de façon à lui donner les impulsions jugées stratégiques et à en connaître à tout instant la rentabilité.

[4]Michel Husson, voir ses divers travaux sur le site Hussonet. Par exemple «La théorie des Ondes Longues et la crise du Capitalisme Contemporain», décembre 2013.

[5]JD est l’acronyme du pinyin de Jing Dong

[6]Voici, par exemple, un propos du Premier ministre Li Keqiang : «Nous allons réduire la bureaucratie et éradiquer les illégalités afin de garantir aux citoyens une plus grande égalité de chances et d’élargir l’espace de leur créativité» (cité par Cédric Durand, Techno-Féodalisme, op.cit.)

[7]Danielle Bleitrach, Le rôle de l’individu dans l’histoire, Histoire et Société, 29 mai 2020, rubrique Cinéma, avec référence à l’ouvrage de Georges V. Plékhanov, Le rôle de l’Individu dans l’Histoire, (1898).

[8]Jean-Claude Delaunay, Rompre avec le Capitalisme, Construire le Socialisme, (chapitre 7, p. ), 2020, Editions Delga, Paris.

[9]Bernard Stiegler, Dans la Disruption, Comment Ne Pas Devenir Fou, suivi d’un Entretien sur le Christianisme, 2016, Les Liens Qui Libèrent; Alain Supiot, La Gouvernance par Les Nombres, Cours au Collège de France (2012-2014), 2015, Fayard, Paris.
Xuan
A noter le soutien du maire révisionniste d'Ivry Sur Seine, Philippe Bouyssou, à Dilnur Reyhan, Présidente de l' Institut ouïghour d'Europe :

"Avec elle, nous signons la charte de solidarité avec le peuple Ouïghours !"

Sa page facebook a ramassé quelques remises au point
https://www.facebook.com/1415284808768510/posts/2499130353717278/


Edité le 16-04-2021 à 13:35:23 par Xuan


Finimore
Ouïghours
Pour en finir avec les fake news !
« Ouïghours » aujourd'hui, « Tibet » hier : CIA, NED, médias organiques de droite et de « gauche », tartufes, affabulateurs, etc., nous font courir...
https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2021/01/ouighours-aujourd-hui-tibet-hier-cia-ned-medias-organiques-de-droite-et-de-gauche-tartufes-affabulateurs-etc.nous-font-courir.html
 
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