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Xuan
merci pour ton précieux travail Paria.
Paria
Finimore


Voici un texte que j'avais déjà posté sur d'autres forums et qui aborde le sujet de la polémique sino-albanaise, la théorie des 3 mondes, la rencontre Nixon-Mao, Hoxha contre Jurquet, la position du PTB sur cette polémique sino-albanaise.

La polémique sino-albanaise est principalement structurée principalement autour de plusieurs axes :
-Le refus de la lutte de lignes à l'intérieur du Parti
-Le rejet de la Révolution Culturelle (GRCP)
-La négation du caractère socialiste de la Chine sous Mao
-Le rejet et le refus de reconnaître que Mao a enrichi le ML

Ces divergences monteront d'un cran avec les attaques publiques contre Mao et le PCC, avec la publication de livres comme : « L'impérialisme et la révolution », « Réflexions sur la chine »...
Et surtout lorsque la polémique déborda sur l'analyse international, la géopolitique, les relations avec d'autres pays etc...

le PTA a pris la responsabilité d'une grave division internationale.
Ce fut la polémique sur « la théorie des trois mondes » qui non seulement divisa le mouvement communiste ml international (principalement organisé autour de la Chine et de l'Albanie) mais aussi entre les ML se référant à Mao. La polémique lancée publiquement par le PTA a contribuer très fortement à la division et à l'affaiblissement du mouvement ML dans le monde, Enver Hoxha en porte la responsabilité historique (cela n'enlève en rien les mérites d'Enver Hoxha et du PTA dans la lutte contre le révisionnisme moderne aux côtés du PCC et de Mao.).
Si certaines craintes, mises en garde et critiques du PTA au sujet de l'évolution de la politique extérieure de la Chine sont en parties recevables, il n'en reste pas moins que le ton, les exagérations gauchistes et extrémistes d'Hoxha ont contribué à braquer les uns contre les autres et non absolument pas fait progresser le mouvement communiste.

De l'eau au moulin du révisionnisme soviétique.
Le PTA n'hésita pas à dire que la Chine voulait diriger le monde, qu'elle était une superpuissance social-impérialiste ou encore que le marxisme-léninisme de Mao était une forme de révisionnisme.
Il est d'ailleurs assez significatif que les attaques du PTA reprennent pratiquement mots pour mots les attaques des révisionnistes soviétiques à l'époque.
Des brochures furent éditées par les Soviètiques, l'une d'elles intitulée « Le maoïsme : slogans et pratique » par Vladimir Glébov -Editions de l'Agence de presse Novosti -Moscou 1978 -, et particulièrement intéressante car l'argumentation qui y est développée est très proche des attaques d'Hoxha sur le fond.
Les cibles et les arguments des révisionnistes soviétiques dans l'introduction de cette brochure sont claires « La chine traverse encore une crise politique aiguë. Venus au pouvoir après la mort du « grand timonier », les nouveaux dirigeants ont tenu à montrer par leurs actes qu'ils s'étaient faits les héritiers de tous les oripeaux du maoïsme, qu'ils entendaient poursuivre la politique de Mao et, notamment, sur le plan extérieur, sa ligne nationaliste, chauvine et belliciste. Aucun doute n'est plus permis : les déclarations du nouveau président du P.C.C (août 1977), pénétrées d'un esprit de domination et de militarisme et pleines de haine à l'égard des pays socialistes, ont montré que la nouvelle équipe de Pékin entendait adopter comme programme à long terme les « pensées de Mao Tsé-toung », lesquelles sont parfaitement étrangères à tout idéal de paix et de socialisme ».
Curieusement cette brochure s'en prend à la politique intérieur de la Chine « l'idée de Mao selon laquelle « la révolution continue en pleine dictature du prolétariat » puis à d'autres théories et concepts :
- les « Deux lignes qui s'affrontent »,
- « Le parti dirige tout » ;
- « Le parti est la force qui dirige »
- « Le grand bond »
- « Compter sur ses propres forces »
- « Le pouvoir sort du canon du fusil »
- la « Ligne de masse »
Dans un autre chapitre cette brochure révisionniste s'en prend à « La politique étrangère » de la Chine :
- «Social-impérialisme »
- Les « trois mondes »
- Les deux « superpuissances »
- « Menace du Nord »
- « Guerre populaire »
Le dernier chapitre s'en prend notamment à :
- La « révolution culturelle »
- Lin Piao et Confucius sur la sellette
Dans sa conclusion, cette brochure dénonce notamment : « La propagande chinoise » qui selon les révisionnistes « a dévoilé ses dessous au cours de la campagne « de dénonciation et de critique » de la bande des quatre.

Quelques articles au sujet de la théorie des trois mondes Rappelons a travers la citation de certains articles (d'organisations ML), quelques éléments sur cette « analyse des trois mondes » liés à cette époque :
« L'impérialisme US, puissance montante dans l'entre deux guerres, a tiré un bénéfice considérable de la seconde guerre mondiale.
Il est devenu à partir de 1945 la première puissance impérialiste, qui est venu remplacer dans de nombreuses régions du monde d'autres impérialismes affaiblis, comme l'impérialisme anglais ou l'impérialisme français.
Il est devenu le gendarme des peuples, la tête de pont de la lutte contre le camp socialiste. Il a étentu sa présence à de très nombreux pays du tiers monde et il a également tenté de placer l'Europe capitaliste sous sa domination (...) Jusqu'en 1953, du vivant de Staline, l'Union Soviétique fut le principal rempart contre cette grande puissance agressive. Le pacte de Varsovie, la constitution de la RDA, l'établissement du camp socialiste furent autant de réponses et de défis lancés à la face des impérialistes américains.
L'Union Soviétique est restée debout face aux menaces extérieures. Mais le pouvoir prolétarien qui avait résisté à tant d'assauts extérieurs, a succombé après la mort de Staline aux assauts intérieurs de la nouvelle bourgeoisie soviétique. Incapable de détruire par la violence le socialisme, la bourgeoisie l'a détruit pacifiquement.
Et sous l'impulsion de Kroutchev et de ses successeurs, Brejnev, Kossiguine, l'Union Soviétique, la patrie de Lénine et de Staline, s'est engagée rapidement dans la voie de restauration du capitalisme et de l'établissement d'un nouveau système impérialiste.
Les faits sont là qui montrent, sans aucune contestation possible que l'Union Soviétique est une puissance capitaliste.
Les faits sont là, irréfutables qui démontrent que l'Union Soviétique est en même temps un pays impérialiste, l'asservissement économique et militaire des pays du Comecon, dont les matières premières sont extorquées à bas prix par l'URSS et qui sont contraints d'acheter les produits de l'industrie soviétique, la présence de travailleurs immigrés en URSS (notamment 20.000 Bulgares qui travaillent en Sibérie). La pratique des prêts sous condition et à des taux usuraires, les tentatives d'étranglement de l'Albanie, l'agression en Tchécoslovaquie, l'agression contre la Chine, le dépeçage du Pakistan, le soutien apporté à Lon Nol au Cambodge, l'appui aux réactionnaires indiens, le sabotage de la grève des mineurs des Asturies par l'intermédiaire du charbon polonais, les tractations avec l'impérialisme US, l'établissement de bases navales dans l'océan Indien, en Méditerranée, les atteintes à la souveraineté des pays dans leurs eaux territoriales, la reconnaissance dé l'état sioniste et l'appui incomparable qui lui est apporté par l'émigration annuelle de 70.000 juifs d'URSS. »

-« Révolution Prolétarienne » n°1- revue politique mensuelle du PCRML -déc 1974-

« Mais s'il n'est pas possible de définir pour notre révolution une ligne stratégique qui ne tienne pas compte de l'insertion de la France dans le monde, avec ses contradictions, avec les rapports de force existants, il n'est guère possible non plus, sous prétexte de lutte contre les superpuissances, de mettre au second plan la lutte contre l'impérialisme français qui est la cible de notre révolution, l'ennemi que nous devons abattre pour instaurer le pouvoir des ouvriers et des paysans. Tenir compte, certes, des contradictions, secondaires, qui opposent l'impérialisme français aux superpuissances, mais s'en servir comme d'une arme supplémentaire pour abattre notre ennemi, telle doit être la ligne de conduite des marxistes-léninistes authentiques. Certains dans le passé proposaient au prolétariat de s'allier avec la bourgeoisie française contre l'impérialisme US, d'autres aujourd'hui proposent au prolétariat d'atténuer sa lutte contre l'impérialisme français sous prétexte d'opposition au social-impérialisme ; la logique de telles positions conduit à saluer la rencontre de Giscard d'Estaing et du Shah d'Iran comme un fait positif, à attaquer les mouvements de la jeunesse contre l'armée bourgeoise sous prétexte qu'ils affaibliraient la défense de la France. » -« Révolution Prolétarienne » n°1- revue politique mensuelle du PCRML -déc 1974-

« Les deux superpuissances, ennemi principal des peuples » -Front-Rouge (PCRML) nvelle série n°3 -1978-

« La logique de la rivalité pour l'hégémonie mondiale implique que chacune des deux superpuissances cherche à s'assurer un avantage décisif qui lui permette de supplanter l'autre et de la réduire à sa merci. »[ g] -Front-Rouge (PCRML) nvelle série n°3 -1978- [/g]

« Dans cette rivalité pour l'hégémonie, les deux protagonistes ne se trouvent pas néanmoins dans une position semblable : d'un côté l'URSS, pour compenser son handicap de dernière venue et pallier la relative faiblesse de sa base économique, s'est mise en position d'offensive, pousse à fond ses capacités de militarisation et exploite, autant qu'elle le peut encore, sa possibilité de tromper les peuples et les pays pour camoufler sa politique impérialiste. Elle cherche coûte que coûte à déstabiliser en sa faveur par la subversion, l'intervention et l'agression, les rapports de domination hérités du passé et qui bénéficient en premier lieu aux USA.
Les Etats-Unis de leur côté, se trouvent plutôt en position défensive : ayant subi toute une série de revers en prétendant écraser les mouvements de libération nationale, largement dénoncés comme oppresseurs et comme exploiteurs, ils cherchent avant tout à conserver leurs positions acquises, à trouver pour cela des moyens si possible non militaires ou n'impliquant pas leur intervention directe, tout en veillant à ce que le rapport de force militaire global avec l'URSS ne se détériore pas en leur défaveur. C'est en ce sens que si les deux superpuissances sont, toutes deux, l'ennemi principal des peuples et le principal fauteur de guerres et d'un troisième conflit mondial, c'est l'URSS qui est, de par sa position historique, la plus dangereuse et la plus agressive des deux »
-Front-Rouge (PCRML) nvelle série n°3 -1978-

C'est bien, sur le développement de cette idée, que s'est greffé tout un tas de conceptions et de pratiques discutables vis à vis notamment de l'impérialisme américain. Cependant il faut également avoir à l'esprit que « Si la logique des choses est déjà celle-là, si en fait, l'axe fondamental du camp de la guerre doit être une alliance progressive entre la Chine et les Américains, il faut le dire ! Ce n'est nullement insupportable : contre les nazis, l'URSS de Staline s'est finalement alliée aux impérialismes de l'Ouest, et elle a eu raison. » -(brochure UCFML Des années 60 aux années 80 La situation mondiale et les tâches immédiates des révolutionnaires -1979-)

Une polémique mélangeant tout
Dans la polémique sur « les trois mondes » tout fut mélangé : la contradiction bourgeoisie-prolétariat, les contradictions principales, secondaires, fondamentales. Il est évident que les développements ultérieurs de la situation internationale jusqu'à aujourd'hui, donne un éclairage négatif à bon nombre de positions politiques adoptés à cette époque. Il est facile plus de vingt ans après de se poser en donneur de leçons, d'oublier le contexte historique etc…d'autant plus que la situation internationale n'est plus la même aujourd'hui.
Il ne faut pas oublier non plus que ces controverses se sont déroulés le plus fortement après la mort de Mao, alors qu'une lutte de classes intense se menait en Chine concernant l'avenir du socialisme, sur la question « des quatre modernisations », de la « critique de la bande des quatre » etc... De nombreuses questions et de nombreux débats eurent lieu en France au sujet de ce que certains présentait comme une « démaoïsation », sur le retour au pouvoir de Deng Hsiao Ping, le révisionnisme et les possibilités de victoire du révisionnisme en Chine... etc
Pour de nombreux communistes ML soutenant Mao, cette « théorie des 3 mondes » a provoqué des dégâts considérables. Pour être plus précis, je pense qu'il s'agit surtout de la lecture, de la compréhension, de l'interprétation de cette « théorie » qui a donner lieu à des prétextes de divisions (qui auraient certainement eu lieu même sans cette « théorie » ).
La forme et le contenu furent critiqué, la paternité et l'origine de cette « théorie » furent également au centre d'une polémique entre organisations « maoïstes ».
Ce qui fait que cette « théorie des trois mondes » fut dès le départ critiquée et combattu par toute une partie du mouvement ML, et aussi plus ou moins défendu par une autre.

Hoxha contre Jurquet
Quand je parle de prétextes je pense notamment aux calomnies lancés contre le PCMLF et Jacques Jurquet dans « Réflexions sur la Chine ». A ce sujet il répond sur de nombreux points où il est mis en cause dans le livre d'Hoxha. Après avoir rappeler l'origine de l' « Institut des études marxistes-léninistes près le comité central du Parti du Travail d'Albanie » qui était responsable de la publication du livre « L'impérialisme et la Révolution », Jacques Jurquet précise « Peu après cette publication, le même institut fit éditer cette fois-ci en Albanie deux énormes volumes publiant le « journal politique du camarade Enver Hoxha » rédigé au cours des années 1962 à 1972 et 1973-1977. « Réflexions sur la Chine », titre principal de ces ouvrages, donne une première idée de leur cible centrale. Je n'aurais jamais accordé le moindre intérêt à cette prose fallacieuse, nourrie de ragots et d'interprétations toujours tendancieuses, si je ne m'y étais trouvé pris à partie, personnellement, de façon stupide, injurieuse et diffamatoire. » (extrait du livre de Jacques Jurquet sortie en 2001 « A CONTRE COURANT -1963 -1986 -» chapitre 37 pages 259-260). Pour informations les réponses aux accusations portées par Hoxha sont aux pages 260 à 264.

La rencontre Nixon-Mao et l'analyse gauchiste d'Hoxha
Au sujet de la rencontre Nixon-Mao (j'y reviens aussi plus loin dans ce texte), voici un extrait du livre de Jurquet ou il aborde une question de fond concernant les positions gauchistes du PTA « Dans 'Jamais de compromis ? ', chapitre de La maladie infantile du communisme, le gauchisme », Lénine écrivait : « On ne peut triompher d'un adversaire plus puissant qu'au prix d'une extrême tension des forces et à la condition expresse d'utiliser de la façon la plus minutieuse, la plus attentive, la plus circonspecte, la plus intelligente, la moindre fissure entre les ennemis, les moindres oppositions d'intérêts entre les bourgeoisies des différents pays, entre les différents groupes ou catégories de la bourgeoisie à l'intérieur de chaque pays, aussi bien que la moindre possibilité de s'assurer un allié numériquement fort, fut-il un allié temporaire, chancelant, conditionnel, peu solide et peu sûr. Qui n'a pas compris cette vérité n'a pas compris goutte au marxisme ».
" Le Parti du Travail d'Albanie s'opposait au principe « Tirez profit des contradictions pour concentrer les coups principaux contre l'ennemi ». Sur ce point le camarade chinois conclut « Quelle que soit leur intention subjective, la façon objective de raisonner des dirigeants albanais répond aux besoins du révisionnisme soviétique ». Il précisa encore « le PTA ne distingue pas le principal du secondaire et confond l'ami et l'ennemi... Il s'en tient à l'idée que « moi seul suis révolutionnaire » et veut tout abattre. Ce sont là des positions de gauche en apparence mais de droite en réalité. La source de ce comportement sur le plan idéologique se trouve dans la métaphysique et l'idéalisme. »
A CONTRE COURANT -1963 -1986 -» chapitre 36 pages 247-248. ).

. Nixon est allé en Chine, l'hebdomadaire Front Rouge n°14 (février 1972) titre : « NIXON A PEKIN - NIXON A GENOUX », voici des extraits d'un article de ce n° : « Nixon est à Pékin... Depuis des années l'impérialisme américain a redoublé d'efforts pour abattre la Chine Rouge... en vain. Harcelé par les peuples d'Indochine, miné aux USA même par les luttes contre la guerre du Vietnam et ses conséquences, enlisé dans la crise mondiale monétaire et économique, l'impérialisme US connaît le goût de la défaite. C'est dans ces conditions que Nixon mendie la permission de venir à Pékin ; il n'a certes pas renoncé à anéantir la Chine Rouge, mais sans doute espère-t-il trouver à Pékin une solution momentanée à ses difficultés en Asie du Sud Est... et secondairement un prestige électoral pour les prochaines élections. S'il veut venir, qu'il vienne, telle est l'attitude du gouvernement Chinois, qui ne se fait aucune illusion sur les résultats du voyage. Mais voir Nixon à genoux devant son vieil ennemi la Chine Rouge, c'est déjà une grande victoire » (...) « Quant au député « communiste » Odru, il reprend ce que dit le P«C»F pour qui toute la politique Chinoise est dictée par l'antisoviétisme : Mao Tsé toung s'allierait avec Nixon contre l'URSS car Odru veut faire oublier le million de soldats soviétiques à la frontière Chinoise ''comment les malheureux 200 millions de soviétiques, déclare-t-il à France-Inter, oseraient-ils s'attaquer aux 800 millions de Chinois ? '' » (...) « En réalité ni la bourgeoisie ni les révisionnistes n'aideront à comprendre la politique extérieur de la Chine socialiste. Prenant l'exemple de la politique soviétique, ils veulent obliger à imaginer que la politique extérieure d'un pays socialiste est dictée par ses intérêts de grande puissance. C'est pourtant une toute autre politique que celle de la Chine bastion du socialisme. L'objectif de la Chine est le même que celui de tous les peuples qui luttent contre l'impérialisme et le social impérialisme : la Chine est un élément de ce vaste front mondial. Dans ce front chacun occupe sa place. Aux premières lignes, ceux qui luttent directement, les armes à la main, comme les peuples d'Indochine contre l'impérialisme US. D'autres, comme l'Albanie socialiste, doivent repousser toutes les manoeuvres et visées agressive du social impérialisme. Nous avons notre place dans ce front : abattre notre propre impérialisme en profitant des fissures crées dans le camp impérialiste. Dans ce front La Chine Rouge, la base rouge du socialisme a un rôle important (...) Simplement , sa puissance, son expérience politique, son poids diplomatique lui donne un rôle important. D'abord aider de toutes les façons possibles ceux qui sont en premières lignes. Les ouvriers chinois fabriquent des armes qui seront livrées gratuitement aux combattants d'Indochine, de Palestine, du Dhofar, du Pakistan (contre l'Inde et le social impérialisme). Les ouvriers chinois mettent leur production et leur expérience au service des nations de la zone des tempêtes qui cherchent à préserver leur indépendance contre l'impérialisme : aide médicale en Algérie, chemin de fer Tanzanie-Zambie, (le matériel est fourni gratuitement, ainsi qu'un prêt de 2,3 milliards de NF, sans intérêts, remboursable en 30 ans) (...) Donc loin de voir ses affaires s'arranger, comme veulent le faire croire les révisionnistes, Nixon risque fort de quitter Pékin en plus mauvaise posture qu'à son arrivée. »
Toujours dans son livre sorti en 2001 « A CONTRE COURANT -1963 -1986 -», Jacques Jurquet indique très justement au sujet de la visite de Nixon et rappelant les critiques du PTA contre la Chine : « qui aurait pu protester avec davantage de raison que les Albanais, sinon les Vietnamiens, les peuples Indochinois agressés par les Etats-Unis ? Mais nos camarades vietnamiens savaient parfaitement quels étaient les objectifs de Mao et comprenaient qu'il agissait aussi pour parvenir à contraindre les Américains à renoncer à leur agression dans le sud-est asiatique. »

La « théorie des 3 mondes » a pourtant servie de prétextes au :
Chauvinisme (ce qui ne veut pas dire qu'elle le prescrit...)
Tendances conciliatrices avec l'Impérialisme français
Adeptes de la division, du scissionnisme et du dogmatisme et aussi de justification aux anticommunistes et aussi aux révisionnistes.

Erreurs et Autocritique du PCMLF
Evidemment, dans cette période le PCMLF -principalement de son IIè Congrès- a commit des erreurs -notamment dans l'application et l'interprétation en France de « la théorie des trois mondes » . Fidèle au principe de la critique et de l'autocritique, le PCMLF à fait son autocritique. Voici ce que dit Jurquet « Par ailleurs j'avais été convaincu, sous la pression démocratique de nos adhérents de base comme à travers des discussions avec les membres du Bureau politique et du Comité de rédaction de notre quotidien, notamment avec Alain Quarante, que la ligne du IIè congrès du PCMLF comportait une orientation erronée. Tenter de s'allier avec des formations de droite comme celles de Michel Jobert ou Germain-Thomas, même si ces hommes de la grande bourgeoisie française adoptaient des points de vue positifs en dénonçant les deux super-puissances, faisait fi de la contradiction principale dans notre pays entre bourgeoisie et prolétariat. Sous prétexte de prise en considération de la situation internationale et d'adhésion à la théorie des trois mondes, devions nous ignorer les luttes de classes au sein même de notre pays ? J'avais bien fait de ne pas apparaître personnellement lors des rencontres ou réunions avec la jeunesse dorée que séduisait dans la politique de la Chine son opposition à la fois aux Américains et aux Soviétiques. Depuis deux ans j'avais eu le temps de réfléchir très sérieusement à cette question. Je décidait donc d'assumer personnellement la responsabilité de cette bêtise et préparai l'autocritique approfondie nécessaire du moins, pour l'instant, dans les activités pratiques que nous entreprenions »
(page 203 « A contre courant »)
« Je tiens à indiquer d'emblée que du point de vue tactique, une mauvaise appréciation de la théorie des trois mondes résultant de ma propre interprétation ratifiée par le IIe Congrès allait nous conduire à la mise en oeuvre d'une ligne politique erronée.
Je crus le moment venu d'accepter une alliance temporaire avec des formations de droite qui condamnaient comme nous les deux super-puissances »
(...) -(pages 177-178)-
« le second trimestre de 1975, une campagne de critique qui dura près de deux ans, venue de nos adhérents de base aboutit lors du IIIè Congrès à ce que je fus dans l'obligation de présenter une autocritique. Notre ligne tactique était opportuniste et erronée, il fallut en convenir. Elle fut qualifiée de « bourgeoise » à l'unanimité. Naturellement toutes les forces gauchistes qui faisaient du PCMLF depuis des années leur cible principale trouvèrent en la circonstance matière à multiplier leurs attaques contre nous. » ( page 178 -A contre Courant-).

Le PTB, Ludo Martens et la polémique sino-albanaise
Le PTB est aujourd'hui peut-être en Europe, le plus fort des partis se réclamant du ML, qu'il défini comme étant « la théorie et la pratique de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Tsé-Toung » -K7 vidéo « Capitalisme ou Communisme ? » conférence de Ludo Martens à Bredene en 1994-

. Sans revenir sur l'ensemble des évolutions politiques, théoriques et idéologiques de celui-ci, il est intéressant de voir comment il se situe dans cette polémique Chine-Albanie.
-Le PTB (et Ludo Martens) a sur ces questions (comme sur beaucoup d'autres d'ailleurs...) des positions « à géométrie variable ». Une période c'est un soutien à tous ceux qui se disent communiste (Honnecker, Brejnev, Castro, Gorbatchev...) et c'est souvent des positions changeantes au grès de l'évolution de telle ou telle situation. Que les choses et les situations changent c'est vrai et il faut bien évidemment adapter au mieux sa pratique politique en tenant compte de la réalité.
Le PTB met en avant la question de l'unité du MCI et propose comme il semble l'appliquer pour lui-même une sorte de fusion/cohabitation entre des courants qu'il classe comme communistes. Ces trois courants principaux sont « Albanais », « Chinois », « Soviétique ». Ce qui amène le PTB a des contacts avec des courants révisionnistes issus du Brejnévisme.
L'organisation tous les ans d'un Séminaire Communiste International à Bruxelles est un élément qui permet de mieux comprendre sa démarche politique. Cette démarche privilégie la discussion plutôt que la rupture, la confrontation honnête plutôt que l'invective etc...
Il est parfois assez difficile de comprendre sur le fond certaines analyses et positions de celui-ci, du fait de ses nombreux changements.
Sur la question des rapports Mao-Staline-Hoxha, il y a quelques indications parfois contradictoires qui dénotent des changements d'analyses du PTB au cours de ses plus de trente ans d'existence. Le PTB reconnaît qu'il a opéré « une réévaluation de son analyse sur l'URSS », cette réévaluation est principalement sur la transformation de l'URSS en pays révisionniste et capitaliste d'Etat menant une politique intérieure social-fasciste et extérieure social-impérialiste. Pour le PTB, l'URSS de 1989 était encore socialiste (certes un socialisme malade précise-t-il). Dans ses nombreuses conférences qu'il organise (et qui sont disponible en K7 vidéo) le changement et l'évolution de ses positions est aussi très net, ce qui fait qu'il est difficile de s'y retrouver (sans parler de ses brochures, articles et livres).
Sur la question des divergences sino-albanaises, je m'en tiendrait donc au livre de Ludo Martens publié en 1994 « De Tien An Men à Timisoara -Luttes et débats au sein du PTB (1989-1991) ». Le chapitre 6 est consacré à « Mao Zedong et Enver Hoxha et la lutte sur deux fronts », les positions de 1978 du Parti du Travail d'Albanie à l'encontre du Parti Communiste Chinois sont décrites comme étant des « critiques exagérées et des accusations gratuites ». A propos du PTA, Ludo Martens dans ce chapitre consacré à l'analyse de « quelques aspects des deux tomes que Enver Hoxha a publiés sous le titre Réflexions sur la Chine, publiés à Tirana en 1979. » , n'hésite pas à dire que celui-ci (en 1962) comporte « certains aspects gauchistes », qu'en 1969 « Les remarques d'Enver Hoxha » à l'encontre de Chou En-Laï qui aurait « enfourché le cheval révisionniste opportuniste » sont effectivement gauchistes et extrémistes.
L'ensemble du chapitre donne globalement l'explication suivante :
-le PCC à eu certaines tendances à la « déviation opportuniste », notamment « a partir de 1973, lorsque la politique extérieur de la Chine a commencée à virer à droite » et que Enver Hoxha a formulée un certain nombre de remarques pertinentes concernant la lutte de classes au niveau international »
-Le PCC (ainsi que le PTB) ont pris dans ce contexte des positions un peu trop unilatérales.
-Le PTA en « critiquant les déviations opportunistes du PCC » se perd « dans un verbiage gauchiste non moins dangereux » que celui de Deng Xiaoping.

Certains aspects virulent de la polémique lancée par Hoxha sont aussi très bien analysés dans ce chapitre à la page 203-204. Dans le sous-chapitre intitulé « Nixon et le laquais de l'impérialisme américain » le PTB revient sur la fameuse rencontre Mao Nixon. A partir de juillet 1971, le PTA dénonça la visite de Kissinger préparant une invitation à Nixon.
« En juillet 1971, Enver Hoxha se déchaîne : «Recevoir le président Nixon et s'entretenir avec lui, ce n'est pas juste et ce ne sera accepté ni par les peuples, ni par les révolutionnaires, ni par les communistes authentiques. » « Par cet acte politique, les Chinois désorientent le mouvement révolutionnaire mondial et éteignent l'ardeur révolutionnaire. »
Avec de telles positions, Enver Hoxha frôle le trotskisme.
Les communistes se sont toujours prononcés pour la coexistence pacifique avec les Etats capitalistes. Et dés la première années de l'existence de l'Union soviétique, Lénine a mené des négociations avec les Nixon de l'époque.
Après la révolution d'Octobre, Lénine a accepté de négocier la paix avec l'Allemagne de l'empereur Guillaume, à Brest-Litovsk. On sait que Trotski s'est opposé à ces négociations. Début 1922, Lloyd George, le premier ministre de Grande-Bretagne, la plus grande puissance impérialiste de l'époque, a convoqué une conférence internationale pour le redressement de l'Europe, à laquelle il a invité l'URSS. Lénine a immédiatement plaidé pour que l'Union soviétique y envoie ses représentants afin de défendre le système socialiste et de diviser ses ennemis. Après la conférence de Gênes, en avril 1922, l'URSS a signé le traité de Rapallo avec l'Allemagne ruinée, assurant ainsi à l'Etat soviétique de meilleurs conditions politiques et économiques pour la construction socialiste.
En 1935, Staline a conclu un accord avec Laval, le réactionnaire français, contre l'expansionnisme du fascisme allemand. Là aussi, les trotskistes ont hurlé à la trahison. En 1939, Staline a reçu Von Ribbentrop pour conclure le Pacte germano-soviétique qui a donné à l'Etat soviétique une année et demi de répit avant la guerre. La réaction mondiale et le trotskisme se sont déchaînés contre cet accord.
C'est l'impérialisme américain qui a refusé, de 1949 à 1971, de reconnaître la Chine socialiste. Suite aux luttes des peuples du monde entier, Nixon a été obligé de reconnaître le régime de Mao et il a accepté de se rendre à Beijing. C'était le premier pas dans la voie du rétablissement de la Chine dans ses droits à l'ONU et dans les organisations internationales. Que l'impérialisme américain se voyait obligé, après un boycott de 22 ans, de traiter la Chine d'égal à égal, était une grande victoire pour le socialisme en Chine.
Alors, on comprend difficilement qu'Enver Hoxha se soit laissé aller à certaines extravagances puériles. Il se met en colère parce que Chou En-Laï a dit : « Le peuple chinois et le peuple américain sont amis. » Et de s'indigner : « Pour Chou, Nixon a cessé d'être un impérialiste, un fasciste, un bourreau du peuple. Cela s'appelle passer du côté des laquais de l'impérialisme » On croirait entendre un trotskiste à propos du pacte germano-soviétique. »

Cette longue citation extraite du livre de Ludo Martens est pour moi très explicative en ce qui concerne cette rencontre Mao/Nixon. Cette rencontre fut et est unanimement critiquée violemment par les trotskistes dans des termes proches ou reprenant les accusations du PTA (c'est déjà une indication intéressante pour moi).

Fermons cette parenthèse et revenons, au contenu du chapitre du livre de Ludo Martens « De Tien An Men à Timisoara -Luttes et débats au sein du PTB (1989-1991) », le sous chapitre de la page 204 est intitulé « Chine : déviations opportunistes ou « social-impérialisme » l'auteur remarque que « A partir de 1973, lorsque la politique extérieur de la Chine a commencée à virer à droite Enver Hoxha a formulée un certain nombre de remarques pertinentes concernant la lutte de classes au niveau international » puis Ludo Martens critique très fortement certaines exagérations du responsable du PTA : « Enver Hoxha sombre lui-même dans un délire gauchiste où il rejoint, lui aussi, une certaine extrême droite : «la lutte que mène la Chine contre le social-impérialisme soviétique a seulement un caractère d'expansion territoriale. La Chine a pour ambition d'occuper les territoires qui y confient au nord, comme ceux de la Sibérie, de Mongolie, etc. D'autre part, elle voudrait, sinon mettre la main sur, eux, du moins étendre son influence en Inde et dans des autres pays du Sud-Est asiatique, comme l'Indonésie, les Philippines, à ceux de l'Extrême-Orient , à l'Australie, etc. » Ce sont mot pour mot, les thèses propagées par l'extrême droite américaine. »
Dans le sous chapitre « Critique du révisionnisme ou lutte extrémiste ? » tout en reconnaissant « qu'Enver Hoxha a bien décelé le danger d'une réconciliation de la direction chinoise avec certains courants révisionnistes. », L. Martens note que l'analyse d'Enver Hoxha en ce qui concerne la lutte de lignes au sein du PCC est gauchiste : « Mais au lieu de faire une analyse concrète des luttes politiques au sein du Parti Communiste Chinois -des tendances révisionnistes indiscutablement présentes comme du courant marxiste-léniniste-, Enver Hoxha se perd une nouvelle fois dans des exagérations gauchistes et des affirmations arbitraires. Il y a peu de place pour la dialectique lorsqu'on déclare péremptoirement que tous sont pourris et qu'on les combattra tous sans la moindre hésitation. » Plus loin au sujet des affirmations comme quoi Mao n'a jamais été marxiste ou qu'il ne serait pas appuyé sur le prolétariat, au profit de la seule paysannerie, Ludo Martens rappelle « Tout au long de la révolution le PCC a entrepris un travail clandestin intense parmi les ouvriers. Beaucoup de cadres ouvriers, sur le point d'être découvert par la police, ont été transférés vers des zones de guérilla où ils ont rejoint le cadre prolétarien qui a toujours constitué l'ossature politique de l'armée paysanne.
Il est d'ailleurs intéressant de constater, une fois de plus, que les « analyses » gauchistes et extrémistes se détachent de la réalité et qu'elles méconnaissent la dialectique. Pour cette raison , elles peuvent facilement rejoindre les « analyses » révisionnistes. Les contre-vérités flagrantes d'Enver Hoxha que nous venons d'évoquer semblent en effet tirées des innombrables ouvrages que les Brejnéviens ont consacrés au « maoïsme ».

Plus loin dans le sous chapitre : « La lutte au sein du parti : libéralisme et gauchisme », l'auteur indique que « Enver Hoxha tire des conclusions arbitraires et exagérées de son constat des erreurs opportunistes. Il ne développe guère l'aspect 'lutte politique, critique, éducation et rééducation des cadres', pour mettre l'accent unilatéralement sur l'épuration et la répression » (...) « Aux yeux d'Enver Hoxha, toute divergence sérieuse devient complot. Peu d'efforts sont entrepris pour résoudre divergences -et même les divergences graves- par la discussion et la lutte politique. Les bilans de pareilles luttes politiques ne sont pas utilisés pour l'éducation et l'unification politique et idéologiques des cadres. Il règne une unité apparente, mais qui n'est pas basée sur une compréhension commune des contradictions rencontrées au cours de la lutte. » -( Ludo Martens « De Tien An Men à Timisoara -Luttes et débats au sein du PTB (1989-1991 ) »-
Paria
Finimore


L'Humanité Rouge (Edition spéciale 11 septembre 1976) -Quotidien des Communistes Marxiste-Léninistes de France

-- TIRANA : « Une perte colossale » -- Dans un message de condoléances, les instances suprêmes de la République populaire d'Albanie ont exprimé leur « peine profonde et leur grande douleur » devant « la perte colossale » que représente le décès du président Mao Tsé-toung. Le message rend un vibrant hommage au « grand dirigeant du peuple chinois frère » et au « ferme combattant contre les ennemis du marxisme-léninisme avec à leur tête les révisionnistes khrouchtcheviens ». Ce message a été diffusé à la radio et à la télévision albanaises, qui a consacré une émission spéciale à la vie et à l'oeuvre du camarade Mao Tsé-toung.


LE QUOTIDIEN DU PEUPLE n°803 -samedi 2, dimanche 3, lundi 4 décembre 1978- Organe central du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste

Les attaques de la direction du Parti du Travail d'Albanie contre le Parti Communiste Chinois et le Marxisme-Léninisme Une Question examinée au 3e Congrès du PCR ml

Ces deux dernières années ont été marquées par une dégradation importante des relations entre la Chine et l'Albanie. Au fil des mois, les attaques publiques du Parti du Travail d'Albanie contre le Parti communiste chinois et la République populaire de Chine se sont multipliées, se faisant chaque jour plus violentes.
***

Récemment, le 7 juillet 1978, le gouvernement chinois a été contraint de mettre fin à son aide économique et militaire à l'Albanie. Falsifiant la réalité, le PTA tente de faire croire que cet arrêt de l'aide chinoise s'identifie à la rupture unilatérale de l'assistance soviétique à l'Albanie en 1961.
Cette tentative grossière est particulièrement malhonnête puisqu'elle tente d'assimiler deux situations historiques totalement différentes :
L'arrêt de l'aide soviétique à l'Albanie était un diktat visant à faire pression sur la politique du PTA pour qu'il accepte les positions révisionnistes de Khrouchtchev. L'arrêt de l'aide chinoise résulte de la détérioration des rapports de coopération du fait des obstacles et ultimatums de la partie albanaise.
La rupture de la coopération entre la Chine et l'Albanie résulte d'une volonté politique délibérée de la partie albanaise et de son refus de régler les problèmes par la voie de la consultation.
Si l'aide entre deux pays est possible, même s'il existe entre eux des divergences politiques, ou même entre pays à systèmes sociaux différents, elle implique néanmoins des rapports d'amitié et une volonté de coopération de part et d'autre. Or, du fait de l'Albanie, une telle situation n'existe plus entre les deux pays. Notre Parti dénonce fermement les attaques sans fondement des dirigeants albanais contre la politique chinoise, d'aide et de coopération.
Récemment, le PTA en est venu à designer la Chine comme une superpuissance menaçant gravement la paix mondiale. Il affirme qu'elle cherche à provoquer dans les Balkans et vise à l'hégémonie en Europe. Qualifiant la politique chinoise de " politique typiquement impérialiste et de superpuissance ", il accuse la Chine de vouloir s'allier aux USA contre le social-impérialisme soviétique pour provoquer la destruction de ce dernier en vue de prendre sa place pour dominer le monde.
***

La virulence et l'énormité de ces accusations ont pu surprendre et étonner. En fait, elles ne constituent nullement un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais s'inscrivent dans la droite ligne de la politique du PTA, notamment depuis deux ans.
En novembre 1976, s'est tenu le VIIe Congrès du Parti du Travail d'Albanie. De nombreux thèmes erronés y furent énoncés concernant l'analyse de la situation internationale.
La négation de l'existence du Tiers Monde et donc sa constitution en force politique et de son rôle grandissant sur la scène mondiale, la surestimation de l'état de développement de la lutte des classes dans les pays impérialistes, le refus de reconnaître que l'URSS constitue la plus dangereuse des deux superpuissances et le principal foyer d'une nouvelle guerre mondiale, brossaient déjà un tableau de la situation du monde contemporain fort éloigné de la réalité.
Certaines affirmations suivant lesquelles la révolution serait un problème concret et à résoudre dans l'immédiat dans les pays capitalistes, où cependant, les syndicats seraient devenus des instruments d'encadrement de la classe ouvrière aux mains de la bourgeoisie, témoignaient d'une ignorance profonde de la réalité concrète et entraient en contradiction avec les positions et les pratiques de notre Parti.
***

Analysant le rapport adopté par le VIIe Congrès du PTA, notre Parti constata ainsi que sur de nombreuses questions importantes, il développait une analyse gravement erroné de la réalité et contradictoire sur de nombreux points avec notre programme adopté quelques mois plus tôt.
En juillet 1977, en faisant paraître un article attaquant la théorie des trois mondes, le PTA commençait ses attaques publiques contre le Parti communiste chinois et la République populaire de Chine
La polémique déclenchée alors par le PTA révéla clairement son analyse erronée de la situation internationale.

* Erronée parce que faisant abstraction de la situation réelle du monde contemporain et du degré de développement des quatre contradictions fondamentales.

* Erronée parce que plaquant sur la réalité concrète de la situation internationale les analyses de l'Internationale Communiste dans les années 20, utilisant le marxisme-léninisme comme un dogme et non comme un guide de l'action, prétendant que la situation n'a pas changé, que la restauration du capitalisme dans un grand nombre de pays socialistes et la dégénérescence révisionniste de la plupart des partis communistes n'a pas d'effet significatif.

* Erroné parce que ne menant pas le débat sur le fond, remplaçant la démonstration par des formules, isolant les faits de leur contexte.

* Erronée enfin, par le ton, un ton inadmissible, qui tend à fermer la voie à une persuasion réciproque, faits à l'appui, et qui prend au contraire vis-à-vis du parti communiste avec lequel il existe des divergences à résoudre, la démarche réservée à l'ennemi.
***

Examinant les critiques portées par le PTA contre la théorie des trois mondes, notre Parti les réfuta, réaffirmant son accord avec cette théorie. Cette attaque du PTA contre la théorie des trois mondes ne constituait en fait qu'un élément d'une série d'attaques qui allaient se développer de plus en plus violemment et de plus en plus directement contre le Parti communiste chinois et sa politique.
Le PTA affirme même aujourd'hui que le PCC n'a jamais appliqué correctement " les grandes idées de la Grande Révolution Socialiste d'Octobre et l'idéologie marxiste-léniniste " aux conditions concrètes de la Chine, s'en prenant plus particulièrement aux camarades Mao Tsé-toung et Chou En-laï.
Ainsi le PTA affirme que le PCC, alors dirigé par Mao Tsé-toung ne mena pas une lutte ferme et résolue contre le révisionnisme khrouchtchévien au début des années 60 mais qu'il fit preuve d'opportunisme à son égard.
En fait, chacun sait que lorsqu'en 1956 le Parti communiste de l'Union soviétique, lors de son 20ème Congrès, énonça une série de thèses anti-marxistes et contre-révolutionnaires, le PCC et Mao Tsé-toung engageaient une lutte contre elles, d'abord dans le cadre de la polémique entre partis communistes puis publiquement à partir de 1963.
Face aux affirmations de Khrouchtchev suivant lesquelles la coexistence pacifique devait régir tous les rapports fondamentaux dans le monde et devait s'appliquer aussi bien aux relations entre les pays capitalistes et les pays socialistes, entre les mouvements de libération nationale et l'impérialisme, entre la bourgeoisie et le prolétariat dans les pays capitalistes, le PCC réaffirma que la coexistence pacifique ne peut être qu'un aspect de la politique étrangère d'un pays socialiste, l'aspect principal étant l'internationalisme prolétarien. Le PCC rappela que l'impérialisme n'avait pas changé de nature et que seule la guerre populaire dans les pays opprimés et la révolution socialiste dans les métropoles impérialistes pouvaient le détruire, rejetant ainsi les théories révisionnistes de Khrouchtchev sur la guerre et la paix et prônant le "passage pacifique " au socialisme.
Lorsque Khrouchtchev rejeta la dictature du prolétariat au nom de " l'Etat du peuple tout entier ", Mao Tsé-toung montra sa nécessité en rappelant que la lutte de classe se poursuit sous le socialisme, et cela dès 1957. Dans cette lutte contre le révisionnisme soviétique, le PCC et Mao Tsé-toung luttent pour l'unité du Mouvement communiste international. Par exemple, aux deux conférences des Partis communistes à Moscou en 1957 et 1960, Mao Tsé-toung combattit pied à pied les thèses révisionnistes tout en tentant de maintenir l'unité du camp socialiste. Ainsi, malgré les attaques portées par le PCUS contre la Chine et le PCC dès 1960, le Parti communiste chinois ne critiqua pas publiquement et nommément le PCUS avant 1963.
Ainsi loin de s'apparenter à une attitude hésitante ou à un manque de fermeté dans la lutte contre le révisionnisme soviétique comme l'affirme la direction du PTA, la politique menée par le PCC en direction du PCUS visait à mener jusqu'au bout le débat au sein du Mouvement communiste international en s'appuyant sur toutes les possibilités qui pouvaient se faire jour.
***

Calomniant la grande révolution culturelle prolétarienne, le PTA affirme : " La révolution culturelle, dans la plupart des cas, dans son esprit comme dans son action, se développa comme une lutte non conforme aux principes, qui n'était pas conduite par un véritable parti de la classe ouvrière qui combattait pour l'instauration de la dictature du prolétariat. Ces affrontements entre groupes fractionnistes se terminèrent ainsi en Chine par l'instauration d'un pouvoir aux mains d'éléments bourgeois et révisionnistes. "
Le PTA nie ainsi les acquis considérables de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne : déclenchée et dirigée par le camarade Mao Tsé-toung en personne, elle a permis par la mobilisation des larges masses populaires de triompher des tentatives de restauration du capitalisme, elle a renforcé l'édification du socialisme et enrichi la théorie marxiste-léniniste sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat. Elle constitue un apport considérable à l'expérience révolutionnaire du prolétariat international.
Mais le PTA ne nie pas seulement les acquis de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Il nie l'existence de la lutte entre deux lignes aux sein du Parti. Pour le PTA, ce qui caractérise le Parti communiste, c'est son " unité monolithique et le fait qu'il n'a toujours qu'une seule ligne, toujours plus juste et marxiste-léniniste ". Le PTA nie ainsi les apports décisifs de la pensée maotsétoung concernant les liens d'unification du Parti et lui substitue une vision métaphysique et figée de cette édification.

Dans son discours en date du 8 novembre 1978, Enver Hoxha pousse encore plus loin ses attaques contre le marxisme-léninisme et le maoïsme en affirmant que " la Chine n'a pas été et n'est pas un pays socialiste (ATA du 9/11/78 p.21) " et en traitant le maoïsme de " prétendue pensée maotsétoung, qui ne peut être ni n'a jamais été marxiste-léniniste " (ATA du 9/11/78 p.23). Il dévoile ainsi sans ambiguïté l'objet des attaques répétées du PTA contre la République populaire de Chine et le PCC : c'est l'œuvre et la pensée de Mao Tsé-toung, ses apports décisifs à l'enrichissement de la théorie marxiste-léniniste, ce sont les enseignements même de l'édification du PCC pendant plus de 50 ans qui sont niés, calomniés.
Ce sont des dizaines d'années de lutte du Parti communiste et du peuple chinois pour l'édification du socialisme qui sont traînés dans la boue.

Ainsi, la négation des apports de la pensée maotsétoung, le refus de la reconnaissance des insuffisances et erreurs de Staline, les divergences d'ordre théorique entre le PTA et les marxistes-léninistes notamment sur la question de l'édification du Parti, constituent des fondements essentiels de l'évolution négative et dangereuse des positions politiques du PTA.
En dénaturant l'œuvre et la pensée maotsétoung, en calomniant la politique menée de longue date par le Parti communiste chinois et en qualifiant aujourd'hui la République populaire de Chine " d'impérialisme " menant une " politique de superpuissance " qui conduit à une troisième guerre mondiale, les dirigeants albanais se sont placés d'eux mêmes en dehors et à l'opposé du point de vue et des positions marxistes-léninistes.
***

Dans la situation internationale actuelle, les prises de position anti-chinoises du PTA servent à couvrir les visées hégémoniques du social-impérialisme soviétique.

* Lorsque le PTA affirme que l'Europe ne constitue en rien l'enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances, que l'URSS frappera certainement ailleurs, ou lorsqu'il déclare que " l'impérialisme chinois veut précipiter l'Europe dans une conflagration ", au delà du caractère inadmissible et odieux d'une telle caractérisation de la République populaire de Chine, le PTA ne tente-t-il pas de désarmer les peuples d'Europe face aux préparatifs de guerre des deux superpuissances, ne favorise-t-il pas, en fait les plans d'agression du social-impérialisme soviétique ?

* Lorsque le PTA affirme que la politique de la Chine dans les Balkans vise " à troubler la situation actuelle dans cette zone, à créer des inimitiés entre les peuples des Balkans et à pousser une troisième guerre mondiale ", dit-il autre chose que les révisionnistes soviétiques lorsqu'ils attaquent la Chine ?

* Le soutien apporté au Viêt-nam le jour même ou il adhère au COMECON et la reprise mot pour mot des accusations soviétiques suivant lesquelles, c'est la Chine qui provoquerait le conflit entre le Viêt-nam et le Cambodge, ne témoigne-t-il pas d'une évolution inquiétante de la politique du PTA ?

* Quand le PTA dénonce le traité d'amitié sino-japonais parce qu'il a " une couleur anti-social impérialiste ", ou lorsqu'il divise les pays du Tiers Monde en qualifiant certains de " progressistes ", qu'est ce qui distingue ces positions de celles de l'Union soviétique ?

Le PTA peut bien maintenir un discours en apparence anti-social impérialisme, quel poids a-t-il lorsqu'il concentre l'essentiel de ses coups contre la Chine, reprend les attaques les plus virulentes de l'URSS contre le Parti communiste chinois et la République populaire de Chine, manifestant ainsi une évidente convergence avec la position du social-impérialisme soviétique sur les problèmes essentiels de la situation internationale ?

Notre Parti condamne énergiquement la polémique engagée par le Parti du Travail d'Albanie contre le politique du Parti communiste chinois qui constitue en fait une attaque contre le marxisme-léninisme et tous les partis marxistes-léninistes dans le monde.





Koba


Tu cherches à te faire clouer au pilori, Finimore ? Un article denguiste soutenant la théorie des trois mondes... pour attaquer le PTA !!!



Continue comme ça...

PS : Pour rétablir une vérité historique complète, il ne te reste plus qu'à dire que ce sont les albanais qui ont refusé d'avoir des entretiens avec le PCC dès le début des années 70 ou que c'est le PTA qui a utilisé les accords commerciaux passés avec la Chine pour user de pressions économiques sur elle...





Finimore


Koba a écrit :

Tu cherches à te faire clouer au pilori, Finimore ? Un article denguiste soutenant la théorie des trois mondes... pour attaquer le PTA !!!

Quotidien du Peuple a écrit :

"Le PTA nie ainsi les acquis considérables de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne : déclenchée et dirigée par le camarade Mao Tsé-toung en personne, elle a permis par la mobilisation des larges masses populaires de triompher des tentatives de restauration du capitalisme, elle a renforcé l'édification du socialisme et enrichi la théorie marxiste-léniniste sur la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat. Elle constitue un apport considérable à l'expérience révolutionnaire du prolétariat international.
Mais le PTA ne nie pas seulement les acquis de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. Il nie l'existence de la lutte entre deux lignes aux sein du Parti. Pour le PTA, ce qui caractérise le Parti communiste, c'est son " unité monolithique et le fait qu'il n'a toujours qu'une seule ligne, toujours plus juste et marxiste-léniniste ". Le PTA nie ainsi les apports décisifs de la pensée maotsétoung concernant les liens d'unification du Parti et lui substitue une vision métaphysique et figée de cette édification."

Quotidien du Peuple a écrit :

"Ainsi, la négation des apports de la pensée maotsétoung, le refus de la reconnaissance des insuffisances et erreurs de Staline, les divergences d'ordre théorique entre le PTA et les marxistes-léninistes notamment sur la question de l'édification du Parti, constituent des fondements essentiels de l'évolution négative et dangereuse des positions politiques du PTA."


Hé oui, je suis en accord avec ce texte.

Message édité le 01-02-2007 à 19:12:39 par Paria
Paria
Armenak


merci de ta contribution au débat camarade Koba, les extraits de textes que tu proposes sont intéressants à plus d'un titre et méritent plus que le petit message que je poste ce matin.
Cependant que penses-tu de ce que j'ai écrit plus haut sur la question de l'unité des ML aujourd'hui?
Je reste persuadé que la lutte contre le révisionnisme est aussi une lutte contre la mise en oeuvre de conceptions erronnées. Dans les années 60, il s'agissait de la lutte contre la coexistence pacifique et la remise en cause de la théorie marxiste de la dictature du prolétariat. Aujourd'hui, je pense que la ligne de démarcation se situe au niveau de la lutte contre le chauvinisme et la remise en cause de la théorie marxiste de l'indépendance politique du prolétariat et de son parti face à la bourgeoisie.
Pour Charles Bettelheim, qu'entends-tu par "qu'en pense les maoistes du Forum?"



Koba


armenak a écrit :

Aujourd'hui, l'unité des ML ne se fera pas sur une lutte de lignes sur la question du maoisme il me semble, mais plutôt sur deux aspects de la politique révisionniste mise en oeuvre aujourd'hui:
-la question de la nation et la lutte des ML contre le social-chauvinisme
-la question de l'indépendance politique du prolétariat et de son parti et la lutte contre les théories modernes de "fronts populaires interclassistes".


Tu confonds unité des m-l et travail pratique en direction des masses : la question du maoïsme, sans être solutionnée, ne pourra pas apporter d'unité au mouvement m-l. Sans unité, pas de Parti. sans Parti, pas de lutte de classes véritables. Tu mets la charue avant les boeufs !

Cependant, tu illustres le fait qu'il y a "maoïste" et maoïste. Mon opposition au maoïsme vient principalement de sa sous-estimation de l'économie politique (ou dénigrement des erreurs de Staline dans la construction du socialisme : je me demande toujours en quoi consistent précisément les "30% d'erreurs de Staline" ?), et du fait que le maoïsme tombe le plus souvent dans l'idéalisme. Il défend bien en théorie des thèses du m-l (parfois déformées cependant), mais a du mal à rattacher cette défense aux réalisations concrètes du socialisme.

Pour le reste, tes deux pistes conviennent parfaitement dans le cadre de la définition d'une stratégie pour mobiliser les masses et lutter contre notre révisionnisme "national" et ses variantes m-l qui ont tendance à tomber comme tu le soulignes justement dans le social-chauvinisme et les fronts interclassistes paralysant l'indépendance de classe du prolétariat. Tu fais donc partie de ces maoïstes de gauche. (sans guillemets)

Cependant, je pense que la dictature du prolétariat, et la revendication de ce mot d'ordre doit encore être mise à l'ordre du jour. Le mvt m-l s'emparera des masses quand il aura su leur démontrer que la démocratie bourgeoise, qui confère au Capital une toute puissance économique et politique, est une dictature du Capital, une démocratie fausse et tronquée pour les exploités.

Pour Charles Bettelheim, j'ai mal formulé sa question. d'abord j'aurais du l'adresser à tous, pour voir de qui il était connu ; ensuite j'aurais du dire : pour vous, est-il m-l ? que pensez-vous de ses travaux sur la Chine maoïste ?



Armenak


koba a écrit :

Tu confonds unité des m-l et travail pratique en direction des masses : la question du maoïsme, sans être solutionnée, ne pourra pas apporter d'unité au mouvement m-l. Sans unité, pas de Parti. sans Parti, pas de lutte de classes véritables. Tu mets la charue avant les boeufs !

Cependant, tu illustres le fait qu'il y a "maoïste" et maoïste. Mon opposition au maoïsme vient principalement de sa sous-estimation de l'économie politique (ou dénigrement des erreurs de Staline dans la construction du socialisme : je me demande toujours en quoi consistent précisément les "30% d'erreurs de Staline" ?), et du fait que le maoïsme tombe le plus souvent dans l'idéalisme. Il défend bien en théorie des thèses du m-l (parfois déformées cependant), mais a du mal à rattacher cette défense aux réalisations concrètes du socialisme.


Je te remercie d'avoir clarifié à travers ce post. Pour ta contribution sur le site CMC pourquoi ne pas la mettre en discussion sur ce forum?
La question de la sous-estimation de l'économie politique doit-elle être rapportée à la sur-estimation de la critique de la théorie des forces productives chez les chinois?
Si tel est le cas, je pourrais te conseiller une vieille brochure de l'OCML VP qui répond de mon point de vue assez justement sur la question, à moins que tu ne l'ai déjà lue. Si sous-estimation de l'économie politique est synonyme de critique des erreurs de Staline , alors il convient d'avoir le débat sur les travaux de Mao tsétoung sur la critique du manuel d'économie politique soviétique. Débat riche et compliqué mais intéressant à plus d'un titre.
La remarque que tu fais est aujourd'hui en discussion chez les forces qui se revendiquent de la pensée Mao tsétoung (et pas du maoisme) comme il ne te l'aura pas échappé peut-être si tu suis l'évolution du MLPD allemand et des textes de la Conférence internationale ICMLPO, mais pour ma part je ne suis pas d'accord avec eux, ni avec Voie Prolétarienne que je trouve assez suiviste (ou convaincue) par cette évolution.
Pour le reste, je pense que tu confonds à ton tour la question de l'unité des ML avec la condamnation du maoisme . La nécessaire clarification idéologique est nécessaire pour l'unité, c'est pour cela que nous devons avoir ces débats entre nous, elle n'est pas l'unique élément d'unité, ni le primordial même si la politique est le reflet la plupart du temps de l'idéologie que l'on défend. La question du programme est de tout temps la question centrale pour l'unité. Lénine et les bolchéviks ont dans le POSDR défendu des positions identiques sur le programme bien qu'ayant des divergences idéologiques importantes.
Enfin, rapidement sur Charles Bettelheim, je ne sais pas si il était ML ou est ML aujourd'hui, je peux simplement te dire que quelques ouvrages et polémiques qu'il a mené font partie de mon "corpus" de formation politique. C'est le cas aussi pour Samir Amin, pourtant trois-mondiste depuis la chute du maoisme en Chine.





Koba


D’abord, ce n’est pas moi qui gère le site de CMC

Par théorie des forces productives, les maoïstes font en général une confusion : Lénine et Staline se sont opposés à la théorie révisionnistes « des forces productives » qui clame entre autre que dans un pays économiquement arriéré, il n’est pas possible de construire tout de suite le socialisme et qu’il faut en passer par une forme de transition (capitalisme d’Etat, démocratie nouvelle, peu importe comment tu l’appelles…) qui ne serait ni socialiste ni capitaliste. Cette voie, tous les révisionnistes l’emploient (y compris dans les pays impérialistes : chez Thorez par exemple, c’est l’accession au socialisme via la « démocratie continue »).

Dans tous les cas il y a négation de la dictature du prolétariat et de l’économie-politique marxiste. Un marxiste dit : la révolution est possible dans un pays arriéré économiquement et la solution réside dans l’industrialisation du pays et la collectivisation agricole sur la base de la grande production mécanisée. Bien sur dans un pays arriéré, comme l’URSS dans les années 20 ou la Chine et l’Albanie dans les années 40-50, cela pose des problèmes d’une difficulté inouïe : comme l’indiquait Lénine, il faut économiser sur tout pour constituer une base industrielle lourde. C’est seulement une fois cette base construire qu’à l’aide de la priorité accordée à l’industrie de production des moyens de production, que la reproduction socialiste élargie devient possible et permet l’industrialisation à une échelle croissante et la liaison de l’agriculture avec l’industrie (SMT). Cela, ce n’est pas de « l’économisme », mais le ba-ba du marxisme.

« Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives . » (Karl Marx, Manifeste du Parti communiste)

Cette expression si claire fait-elle de Marx un « économiste » ???

« L'accroissement plus rapide de la part du capital constant (au sein du capital total) par rapport à celle du capital variable, est d'une importance considérable dans le processus du développement du capitalisme et de sa transformation en socialisme. » (Lénine, Karl Marx, Edition numérique, p. 12.)

« Marx divise la production sociale en deux grandes sections : I) la production des moyens de production et II) la production des moyens de consommation ; après quoi, opérant sur des chiffres, il étudie minutieusement la circulation de l'ensemble du capital social, tant dans la reproduction simple que dans le cas de l'accumulation. » (Lénine, Karl Marx, Edition numérique, p. 13.)

« La base matérielle du socialisme ne peut être que la grosse industrie mécanisée, susceptible de réorganiser aussi l'agriculture. Mais on ne saurait se borner à ce principe général. Il importe de le concrétiser. Une grosse industrie de niveau avec la technique moderne et susceptible de réorganiser l'agriculture, c'est l'électrification du pays entier. » (Lénine, Thèses du rapport sur la tactique du Parti Communiste Russe présenté au IIIe Congrès de l’Internationale communiste, Œuvres choisies en deux volumes, Tome II, p. 426-427.)

« Nous ne devons et ne pouvons réduire l'industrie lourde aux seules fins de développer le plus amplement l'industrie légère. Cette dernière, d'ailleurs, ne peut se développer sans un essor rapide de l'industrie lourde. » (Staline, Les questions du léninisme, Tome II, Edition numérique, p. 51).

En outre, c’est seulement sur la base de la hausse de la productivité du travail social qu’il devient possible de libérer le travailleur des taches physiquement pénibles, d’introduire des éléments de travail intellectuel dans le travail manuel, de rapprocher le niveau de développement des campagnes de celles de la ville, etc.

Rien de tel chez Mao qui est typiquement idéaliste et qui rejette la voie d’industrialisation et de collectivisation de Lénine-Staline sous couvert de rejeter « l’économisme ». (en fait le matérialisme pour lequel la base matérielle est nécessaire à tout changement dans la superstructure). Mao a prétendu réaliser la collectivisation sans utiliser largement la mécanisation. Cela a été un échec (comme les premières communes en URSS lorsque l’on avait tenté de sauter par-dessus l’artel). La productivité du travail et les rendements restaient donc des plus faibles dans l’agriculture chinoise, et cela n’a guère évolué dans les années 60-70. Les « communes populaires » restaient donc fragiles économiquement. En outre, le fait que les moyens de production appartenaient à la « commune », cela en faisait une forme de propriété inférieure à la forme de l’artel soviétique (le vente des SMT aux kolkhozes est une des réformes khrouchtchéviennes ayant ruiné l’agriculture soviétique).

« L'Etat, reprit le camarade Staline, doit créer des stations de machines et de tracteurs. Vous ne devez pas céder les tracteurs aux coopératives… » (Enver Hoxha, Avec Staline, Edition numérique, p. 36.)

Cela apparaît également dans le dernier ouvrage de Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS, au sujet duquel il est fondamental de lire l’analyse du camarade Bill Bland : « LA SIGNIFICATION HISTORIQUE DE L'OUVRAGE DE STALINE "LES PROBLEMES ECONOMIQUES DU SOCIALISME EN URSS" »


Sur l’ouvrage de Staline, Molotov affirmait : « Aujourd’hui, je dois bien confesser que nous [les membres du Politburo] avons sous-estimé cet ouvrage. Il aurait fallu l’étudier plus à fond. Personne ne l’a encore fait. C’est bien le malheur. Les gens n’étaient pas forts en théorie. » (Félix Tchouev, Conversations avec Molotov, Albin Michel, Paris, 1995, p. 240.)

C’est pourquoi les révisionnistes ont pu aussi facilement faire passer leurs « réformes de marché » après la mort de Staline !

Sinon, l’exemple de l’économie albanaise qui a suivi la voie léniniste-stalinienne est exemplaire à cet égard : les productions agricoles et industrielles ont été multipliée respectivement par 4 et 34 entre 1950 et 1980. (Le rendement moyen des céréales panifiables a été multiplié par plus de 3 entre 1960 et 1980 !) Courant des années 70, on commençait à faire passer les coopératives agricoles du type des kolkhozes à une forme transitoire qui la rapprochait de la forme des fermes d’Etat de type sovkhoze. La paysannerie albanaise, grâce aux avancées de l’agriculture socialiste, commençait à se persuader de l’inutilité du lopin individuel !

La portée de la construction du socialisme en Albanie est immense comme camouflet aux théories trotskistes-économistes sur l’impossibilité de construire le socialisme sans passer par une étape de développement bourgeoise dans un pays sortant à peine du féodalisme, et donc comme défense du marxisme-léninisme et de l’édification du socialisme.

Maintenant imagine une seule seconde ce que l’immense Chine, qui disposait de ressources gigantesques et d’un potentiel humain formidable, aurait pu réaliser en s’engageant sur la voie du socialisme. (L’Albanie avait achevé la collectivisation agricole, l’électrification de tous les villages, institutionnalisé l’athéisme, abolit tous les impôts dès la fin des années 60 !...) En Albanie il fallait côtiser 15 à 20 ans pour avoir droit à la retraite (alors que l’espérance de vie était proche de 70 ans dans les années 70 !), tous les soins médicaux étaient pris en charge par la société. Il était courant qu’un cadre directeur d’entreprise touchât moins qu’un ouvrier hautement qualifié ! Autant d’éléments prouvant la supériorité du socialisme !

Un mot sur Bettelheim : c’est un idéaliste enragé qui a craché sur l’URSS de Staline (reprenant la soviétologie occidentale), mais qui il est vrai, du haut de sa chaire universitaire, a hautement apprécié le contre-modèle chinois. Ses théories servent de modèle aux pseudo-marxistes (comme Tom Thomas justement issu de l’ OCML – VP dans son Détour irlandais) qui vont jusqu’à affirmer que la révolution bolchévique n’était pas une révolution socialiste ! (en quoi il rejoint Kautsky il y a quelques décennies…)

Sur l’économisme prétendu de Staline : les maoïstes (idéalisme « de gauche ») et les eurocommunistes du PCF (idéalisme de droite) s’entendent comme larrons en foire là-dessus ! La pratique du matérialisme les irritent ! Prudence, donc !

PS : Tous ces thèmes seront plus amplement développés dans le travail que je mène actuellement…
Paria
Armenak


Deux aspects de la critique de Enver Hodja au PCC en 1977-78 me semblent justes, la critique de la théorie des trois-mondes et la nécessité de maintenir le social-impérialisme dans le cadre de la lutte contre les deux superpuissances. A savoir la critique du PCC qui juge le social-impérialisme comme l'ennemi principal parce que la superpuissance la plus dangereuse.
Par ailleurs, cette polémique était nécessaire à l'époque parce que le capitalisme était en voie de restauration en Chine, que le camp socialiste représenté par la Chine et l'Albanie jusque là volait en éclats.
Par ailleurs j'ai d'énormes divergences vis-à-vis d'Enver Hodja quant à sa "critique" du maoisme, en particulier la négation de la continuation de la lutte de classes sous le socialisme qui me parait erronnée et tourne le dos aux acquis de la lutte contre le révisionnisme moderne.
Aujourd'hui, l'unité des ML ne se fera pas sur une lutte de lignes sur la question du maoisme il me semble, mais plutôt sur deux aspects de la politique révisionniste mise en oeuvre aujourd'hui:
-la question de la nation et la lutte des ML contre le social-chauvinisme
-la question de l'indépendance politique du prolétariat et de son parti et la lutte contre les théories modernes de "fronts populaires interclassistes".





Armenak


Par ailleurs, et en guise d'information, la position de Hodja a évolué entre son texte de 1978 "L'impérialisme et la révolution" et ce texte de 1969, où il décrit les apports de la pensée Maotsétoung:

E. HOXHA
25 ANNEES DE LUTTES ET DE VICTOIRES SUR LA VOIE DU SOCIALISME
Discours prononcé à la réunion solennelle consacréeau 25e anniversaire de la libération de la Patrieet au triomphe de la révolution populaire

(...) Une amitié fraternelle étroite, indéfectible et invincible unit le peuple albanais au peuple chinois, le Parti du Travail d'Albanie au grand Parti Communiste Chinois. Cette amitié repose sur les fondements d'airain du marxisme-léninisme et de l'internationalisme prolétarien et il n'y a pas de vague et de tempête qui puisse l'ébranler ou la ternir. Nous sommes fiers d'avoir un ami fidèle et un allié aussi puissant que le peuple chinois et son glorieux Parti Communiste.
Notre peuple salue avec joie et de tout coeur les brillantes victoires
que le peuple chinois, guidé par son Parti Communiste avec le camarade Mao Tsetoung à sa tête, a remportées dans la grande Révolution culturelle prolétarienne ainsi que dans tous les domaines et il s'en réjouit. La grande Révolution culturelle prolétarienne chinoise, déclenchée et dirigée par le grand marxiste-léniniste qu'est le camarade Mao Tsetoung, a été une puissante tempête révolutionnaire, qui a mis en mouvement les masses de centaines de millions de la classe ouvrière, de la paysannerie laborieuse, de l'intelligentsia révolutionnaire et qui a débarrassé la Chine des ordures capitalistes et révisionnistes, de tous les éléments
réactionnaires au service des ennemis de classe qui voulaient faire
rebrousser chemin à la révolution
et livrer le pays aux impérialistes américains et aux révisionnistes soviétiques. La Chine populaire est sortie de la grande Révolution culturelle prolétarienne cent fois plus forte, les positions du socialisme se sont consolidées encore plus sur le sol chinois, la République populaire de Chine est devenue invincible et la terreur des ennemis. Le 9e Congrès du Parti Communiste Chinois, qui a été le couronnement
de la victoire finale de la grande Révolution culturelle prolétarienne, de la ligne révolutionnaire prolétarienne du Président Mao Tsétoung sur la ligne réactionnaire bourgeoise du renégat Liou Chao-chi , a renforcé plus encore le grand et glorieux Parti Communiste Chinois, son unité révolutionnaire, et il a ouvert devant le peuple chinois de brillantes perspectives pour son avenir socialiste.
Les principes théoriques élaborés par le Président Mao Tsetoung et sa pensée, sur lesquels s'est guidée la grande Révolution culturelle prolétarienne chinoise, constituent une éminente contribution créatrice au développement du marxisme-léninisme . Jetant la lumière sur les problèmes du développement de la révolution socialiste dans les conditions de la dictature du prolétariat, ils sont une arme puissante aux mains des communistes et des révolutionnaires du monde, leur permettant de faire progresser la grande cause de la révolution et du communisme.
Notre Parti a souligné, en d'autres occasions également, et il le souligne toujours que l'appui et le soutien au Parti Communiste et à la République Populaire de Chine est un devoir internationaliste important pour tous les révolutionnaires du monde, que la solidarité d'airain marxiste-léniniste avec la Chine est déterminante pour les destinées de la révolution et de la libération des peuples. (...)

Emprunté au journal Zëri i Popullit du 29 novembre 1969.





Koba


Armenak a dit :

« Par ailleurs j'ai d'énormes divergences vis-à-vis d'Enver Hodja quant à sa "critique" du maoisme, en particulier la négation de la continuation de la lutte de classes sous le socialisme qui me parait erronnée et tourne le dos aux acquis de la lutte contre le révisionnisme moderne. »

« Négation » similaire dans le fond à Staline qui affirmait que sous le socialisme il n’y avait plus de classes exploiteuses en tant que tel. En Chine, par contre, de l’aveux même de Mao, la bourgeoisie patriotique était intégrée au socialisme (ou devant s’y intégrer par la « rééducation » !).

(Dans la lutte contre le révisionnisme en général, je crois que le PTA a pas mal d'acquis face au titisme, au khrouchtchévisme, à l'eurocommunisme, etc...)

« L'erreur de Boukharine consiste précisément en ce que les koulaks et les concessionnaires, tout en étant «jusqu'à un certain point » un corps étranger, ne s'intègrent pas moins dans le socialisme. Voilà à quelle absurdité conduit la théorie de Boukharine ! Les capitalistes de la ville et de la campagne, les koulaks et les concessionnaires s'intègrent dans le socialisme, voilà où en vient Boukharine. Non, camarades, ce « socialisme », nous n'en voulons pas. Nous en faisons cadeau à Boukharine. Jusqu'à présent, nous, marxistes-léninistes, pensions qu'entre les capitalistes de la ville et ceux de la campagne, d'une part, et la classe ouvrière, de l'autre, il y avait opposition d'intérêt irréductible. C'est là-dessus que repose la théorie marxiste de la lutte de classe. Or, aujourd'hui, la théorie de Boukharine sur l'intégration pacifique des capitalistes dans le socialisme bouleverse toutes ces notions de fond en comble, l'opposition irréductible des intérêts de classe entre exploiteurs et exploités disparaît, les exploiteurs entrant dans le système du socialisme. » (Staline, Les questions du léninisme, Tome II, Edition numérique, p. 140).

« Mais si les capitalistes de la ville et de la campagne; si les koulaks et les concessionnaires s'intègrent dans le système du socialisme, à quoi servira-t-elle cette dictature du prolétariat, et si elle sert à quelque chose, quelle classe va-t-elle réprimer ? » (Staline, Les questions du léninisme, Tome II, Edition numérique, p. 141).

La lutte contre le révisionnisme, sous le vrai socialisme, c’est non pas la lutte contre une vraie bourgeoisie déjà constituée et influant sur le Parti, mais une lutte contre des éléments dégénérés au sein des organismes étatiques et économiques de l’Etat prolétarien, du fait même d’une position « tentante » qui pousse à rechercher les privilèges. Il est évident que la lutte contre le révisionnisme doit prendre en compte cette dégénérescence inévitable sous le socialisme, qui restera d’actualité aussi longtemps que l’Etat, l’encerclement capitaliste, et les formes de propriété de transition (kolkhozes par ex.) continueront d’exister. Mais c’est là bien différent à la situation en Chine (sous Mao bien sûr), où l’on rachetait à la bourgeoisie les moyens de production (quelle expropriation !!!) et où les administrateurs bourgeois, en sus de leur salaire, jusqu’à 300 yuans par mois (jusqu’à 250 yuans par mois pour un ingénieur… contre 30 yuans par mois pour un manœuvre…) continuaient de percevoir le plus légalement du monde leurs profits ! Rien de comparable à l’URSS ou à l’Albanie ! Mais très comparable à l’URSS révisionniste (cf. l’article « A propos du mécanisme de la plus-value et de son appropriation dans la société soviétique » paru dans la revue Etudes politiques et sociales, N°1, Tirana, 1984, Edition numérique, pp. 83-91.)

En URSS sous Staline : selon les chiffres donnés par Moshe Lewin, historien bourgeois-trotskiste n’ayant absolument AUCUNE sympathie pour Staline (Moshe Lewin, Le siècle soviétique, Fayard/Le Monde Diplomatique, 2003, p. 82.), le salaire moyen d’un travailleur non manuel (spécialistes divers, techniciens, ingénieurs) dépassait de 70 % le salaire moyen d’un ouvrier en 1940. L’amplitude des salaires était donc généralement inférieure à deux !

Cette lutte contre le révisionnisme, il faut la mener comme en URSS ou en Albanie : 0° d’abord en expropriant réellement la bourgeoisie, pas comme en Chine ;-) …, ensuite 1° en utilisant le contrôle par le bas (révocation) ; 2° la rotation des cadres ; 3° la réduction progressive de l’écart des salaires (réduit à 1:2 en Albanie dès 1976) ; 4° le perfectionnement des rapports de production socialistes ; 5° la lutte idéologique contre l’impérialisme et pour extirper les survivances petites-bourgeoises dans la conscience des travailleurs.

Sur la lutte contre le bureaucratisme en URSS, quelques remarques du « métaphysicien lourdaud » :

« Il n'y a aucun doute qu'il existe, chez nous, des éléments de bureaucratisme dans l'appareil d'Etat comme dans celui des coopératives et du Parti. C'est également un fait que la lutte contre les éléments du bureaucratisme est indispensable, et que cette tâche se posera à nous tant que le pouvoir d'Etat existera et tant que l'Etat existera chez nous. Il ne faut pas, néanmoins, dépasser les bornes. Lutter contre le bureaucratisme dans l'appareil d'Etat au point d'ébranler cet appareil, de saper son autorité, de risquer de le briser, c'est travailler contrairement au léninisme ; c'est oublier que notre appareil est un appareil soviétique d'un type supérieur, en regard de tous les appareils d'Etat existants. En quoi réside sa force ? En ce qu'il relie le pouvoir aux masses ouvrières et paysannes par le moyen des Soviets; en ce que les Soviets sont une école où des dizaines, des centaines de milliers d'ouvriers et de paysans apprennent à diriger; en ce que l'appareil d'Etat ne se sépare pas des masses populaires, mais se fond en quelque sorte avec elles au moyen d'un nombre considérable d'organisations de masses, de commissions, de sections, de conférences, de réunions de délégués, etc., qui viennent en aide aux Soviets et soutiennent, par là, les organes du pouvoir. Où est le point faible de notre appareil d'Etat ? Dans l'existence, en son sein, d'éléments bureaucratiques qui dénaturent son travail. » (Staline, Les questions du léninisme, Tome II, Edition numérique, p. 55).

« Le meilleur moyen de lutter contre le bureaucratisme, c'est d'élever le niveau culturel des ouvriers et des paysans. On peut maudire et injurier le bureaucratisme de l'appareil d'Etat et le clouer au pilori ; mais, si les larges masses ouvrières n'ont pas atteint un certain niveau de culture, qui leur fournit le désir et la capacité de contrôler cet appareil par en bas, de leurs propres forces, le bureaucratisme subsistera malgré tout. C'est pourquoi le développement culturel de la classe ouvrière et des masses laborieuses paysannes — non seulement par l'enseignement de la lecture et de l'écriture, qui constitue la base élémentaire de toute culture, mais avant tout, par l'habitude et la compréhension de l'administration du pays — est le levier essentiel pour améliorer notre appareil d'Etat et tout autre appareil. Tel est le sens du mot d'ordre de Lénine sur la révolution culturelle. » (Staline, Les questions du léninisme, Tome II, Edition numérique, p. 56).

« … quand Khrouchtchev dénonce «l'insécurité, la peur et le désespoir» qui régnaient, selon lui, sous Staline, il promet en fait aux éléments bureaucratiques et opportunistes qu'ils jouiront désormais de la tranquillité. Ils ne seront plus «persécutés» par les critiques «gauchistes» de la base. » (Ludo Martens, Un autre regard sur Staline, Edition numérique, p. 150.)

« Khrouchtchev avait promis une vie plus tranquille au sommet, et beaucoup de gens ont sauté sur l’occasion. » (Félix Tchouev, Conversations avec Molotov, Albin Michel, Paris, 1995, p. 293.)

« Pour conclure, laissons la parole au professeur J. Arch Getty qui, à la fin de son livre remarquable, Origins of the Great Purges, dit ceci : « Les données matérielles indiquent que la 'Ejovshchina' (la 'Grande Purge'), doit être redéfinie. Elle n'était pas le résultat d'une bureaucratie pétrifiée qui éliminait des dissidents et détruisait des vieux révolutionnaires radicaux. En fait, il est possible que les Purges étaient juste le contraire. Il n'est pas incompatible avec les données disponibles d'argumenter que les Purges étaient une réaction radicale, et même hystérique, contre la bureaucratie. Les fonctionnaires bien casés étaient détruits d'en haut et d'en bas dans une vague chaotique de volontarisme et de puritanisme révolutionnaire. » » (Ludo Martens, Ibid.)

En 1953, Staline préparait une nouvelle purge du Parti, convaincu que le danger de dégénérescence grandissait de manière dangereuse. (danger illustré par exemple par les déviation révisionnistes d’économistes importants, comme Voznessenski et le groupe de Léningrad.)

Pour le reste, il est facile de sortir des documents albanais des années 60 et du début des années 70 pour montrer que les albanais ont changé leur appréciation de la Chine de Mao, quand on sait que les albanais ont justement affiné leur compréhension de la Chine maoïste, et certains doutes qu’ils avaient eu dès la période du « printemps du révisionnisme moderne ». Les albanais s’ils ont parfois parlé du m-l de la Chine de Mao, surtout quand cette dernière connaissait des difficultés intérieures immenses comme durant la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne », n’en étaient pas moins soucieux, et manquaient d’éléments pour affiner leur analyse. Cela ressort dans des documents internes officiels du PTA dès l’époque de la GRCP : voir par exemple « NOTRE PARTI POURSUIVRA COMME TOUJOURS LA LUTTE DE CLASSE AVEC ESPRIT DE SUITE, COURAGE ET SAGESSE (Extrait d'un entretien avec Chou En-laï) (24 juin 1966) » et « QUELQUES PREMIERS JUGEMENTS SUR LA REVOLUTION CULTURELLE PROLETARIENNE CHINOISE (Discours au 18e plénum du CC du PTA) (14 octobre 1966) ».

Petits extraits :

« Comme vous le savez, nous avons eu avec les camarades chinois une controverse de principes non pas tant sur la lutte de classes, que «sur l'existence de la classe féodalo-bourgeoise en tant que classe, en tant qu'entité qui nous combat, et même depuis des positions de pouvoir, en un temps où le pouvoir dans nos pays est la dictature du prolétariat». Nous connaissons bien notre thèse et nous la fondons sur la lutte, sur les faits, sur l'analyse marxiste-léniniste. Les camarades chinois ont prétendu le contraire. Comme vous le savez, nous leur avons dit qu'il peut en être ainsi chez eux, mais non pas chez nous, car la lutte de classe chez nous a été entreprise avec esprit de suite dès l'époque de la Lutte de libération nationale, elle a été poursuivie après la guerre et elle continuera contre les débris de la classe féodalo-bourgeoise, etc. Il n'y a pas chez nous de bourgeoisie au pouvoir. Et les camarades chinois voulaient que nous adhérions à leur façon de voir, le fruit peut-être, d'une analyse de la situation en Chine, mais en vain. Devant notre analyse, ils se virent contraints de baisser le ton. » (Enver Hoxha, QUELQUES PREMIERS JUGEMENTS SUR LA REVOLUTION CULTURELLE PROLETARIENNE CHINOISE (Discours au 18e plénum du CC du PTA) (14 octobre 1966) in Œuvres Choisies, Tome IV, Edition numérique, p. 35.)

« Le fait est que le dernier congrès du PCC date de dix ans et le nouveau plan quinquennal a été adopté sans avoir été soumis au congrès. Cela est anormal, irrégulier, c'est une violation des statuts et, pour autant que nous puissions en juger de dehors, il n'y a pas eu de raisons objectives pour empêcher la tenue du congrès. Ce n'est pas là une question purement organisationnelle, c'est en premier lieu une question de principes : la direction suprême du parti ne se voit pas donner la possibilité de prendre des décisions et il ne lui est pas rendu de comptes, autrement dit, on ne lui demande pas son avis. Comment cela se fait-il ? Nous ne pouvons le savoir, mais nous pouvons dire qu'il s'agit là d'une infraction très sérieuse, qui peut être grosse de conséquences. Passe encore le congrès, mais le plénum du Comité central ? Cela fait quatre ans qu'il n'a pas été réuni! Comment est-ce possible ? Pourtant les faits sont là. Les instances principales du parti ont été dédaignées. Comment les choses ont-elles été jugées ? L'ont-elles été dans l'unité ou dans la division ? De façon fausse ou juste ? Cela, nous ne pouvons pas le dire ; au reste nous ne pouvons rien dire sur le fond, car nous ne sommes pas informés, mais malgré tout nous affirmons que cela est irrégulier, illégal, qu'une telle pratique est inadmissible, qu'elle est condamnable et qu'elle a de graves et dangereuses conséquences pour le parti et pour le pays. Dans aucun parti marxiste-léniniste on n'observe une pareille pratique. Qu'est-ce qui a poussé les camarades chinois à violer les règles les plus élémentaires et les plus vitales du parti ? On peut imaginer beaucoup de choses. (…) Le 11e plénum du Comité central du PCC s'est tenu après quatre ans. Qu'y a-t-on fait, de quoi y a-t-on discuté, qu'y a-t-on décidé ? Nous n'en savons rien, à part ce que dit le communiqué sur la lutte contre l'impérialisme et le révisionnisme soviétique et certaines questions que nous évoquerons plus loin. Mais y a-t-on analysé la ligne du parti, y a-t-on fait ressortir les succès et les erreurs, a-t-on demandé des comptes, individuellement et collectivement, à ceux qui avaient commis des erreurs, quelles mesures ont-elles été prises pour rectifier les choses ? Ce sont là des questions intérieures et rien n’en transpire. Il n'a même pas été déclaré quand se tiendrait le congrès. » (Enver Hoxha, QUELQUES PREMIERS JUGEMENTS SUR LA REVOLUTION CULTURELLE PROLETARIENNE CHINOISE (Discours au 18e plénum du CC du PTA) (14 octobre 1966) in Œuvres Choisies, Tome IV, Edition numérique, p. 51.) [« Nous n'en savons rien » souligné par moi.]

« Cette révolution, telle que la mènent les «gardes rouges», il nous est difficile de l'appeler Révolution culturelle prolétarienne. » (Enver Hoxha, QUELQUES PREMIERS JUGEMENTS SUR LA REVOLUTION CULTURELLE PROLETARIENNE CHINOISE (Discours au 18e plénum du CC du PTA) (14 octobre 1966) in Œuvres Choisies, Tome IV, Edition numérique, p. 53.)

De même les camarades albanais ont eu des doutes sur Khrouchtchev entre 1954 et 1960 et n’ont entamé la polémique ouverte qu’une fois persuadés de la voie révisionniste de Khrouchtchev, de même les camardes albanais ont attendu d’avoir assez d’éléments pour se faire une idée précise du socialisme en Chine. La mort de Mao et la parution du tome V de ses « œuvres choisies », y a évidemment contribué. Les camarades albanais ont compris que Deng était pire que Mao, mais que c’est grâce à Mao que la ligne bourgeoise de Deng avait pu triompher intégralement ! Les camarades albanais ont plus appris sur la Chine via des journalistes occidentaux comme Edgar Snow que par les échanges de délégation (repoussés aux calendes grecques sous Mao dès la visite de Nixon en Chine en 1971 ! Ainsi, il n’y a pas eu de délégation du PCC au 6ème congrès du PTA en novembre 1971…)

« Cet homme [Edgar Snow] se pose comme un très important sinologue, il passe pour l'être et, sans aucun doute, pour les Occidentaux, c'est une autorité. » (Enver Hoxha, 3 mai 1977, Un agent américain, grand ami de Mao Tsétoung, in Réflexions sur la Chine, Tome II, Edition numérique, p. 224.)

« Edgar Snow, l'homme du Département d'Etat américain, qui avait des contacts avec les présidents américains (il a été reçu trois ou quatre fois en audience par Roosevelt) et était consulté sur les problèmes chinois, se présente comme un ami de la Chine maoïste. » (Enver Hoxha, 5 mai 1977, Le jeu proaméricain de la Chine est très dangereux, in Réflexions sur la Chine, Tome II, Edition numérique, p. 224.)

« Pour étayer son idée et infléchir la politique américaine, Edgar Snow présente la Chine et le nouveau régime chinois de Mao Tsétoung comme un régime pas trop radical. Selon lui, si les Etats-Unis opèrent un tournant dans leur politique à l'égard de la Chine, ce régime peut fort bien adopter une politique amicale à leur endroit. Cette politique, selon Edgar Snow, revêt une grande importance du fait même de l'étendue du territoire chinois, de son immense population, des grandes richesses de son sous-sol, ainsi que de l'influence que ce pays est appelé à exercer en Asie et dans le monde. » (Enver Hoxha, 5 mai 1977, Le jeu proaméricain de la Chine est très dangereux, in Réflexions sur la Chine, Tome II, Edition numérique, p. 224.)

Je conseille la lecture de son ouvrage « La chine en marche » (Stock, Paris, 1973).

Une petite question aux maoïstes (ou « m-l-m » et m-l-p-m-t) du forum : que pensez vous de C. Bettelheim ?

PS : je ne reviendrais pas sur ce genre de polémiques pour le moment puisque je travaille actuellement sur un texte dont le titre sera « De la façon de traiter du matérialisme dialectique et historique dans l’analyse des sociétés prétendument socialistes », et qui aidera à comprendre l’essentiel de la théorie et de la pratique du socialisme. C’est une nécessité pour déblayer les restes d’influence révisionniste, provoquer l’accord idéologique des marxistes-léninistes, et ainsi pouvoir avancer sur la voie de leur unification au sein d’un Parti m-l. L’important quand on traite de la critique du révisionnisme ou de la défense du socialisme, c’est de partir de la réalité économique, politique et sociale concrètes. C’est ce que j’ai commencé à faire dans le paragraphe I de la page http://www.communisme-bolchevisme.net/mao_tsetoung_textes_revisionnistes.htm ; et c’est de ce point de vue que je partirai dans mon prochain texte, pour aborder la réalité de la construction du socialisme en URSS et en Albanie, et approfondir la critique de la Chine de Mao.
Paria
Je vais tenter de retranscrire ici -en plusieurs fois, et en un certains temps- le débat qui avait eu lieu sur le FML1 sous le titre de "polémique sino-albanaise".

Finimore


Voici un article dont le sujet est la réécriture de l'histoire du PTA par... le PTA lui-même. Les passages en bleu indiquent le texte original de 1956 et en rouge la réédition de 1971.
Cet article provient de « Prolétariat »n°20 -revue théorique et politique du Comité central du PCML- 2è trimestre 1979 « Le Parti du Travail d'Albanie réécrit son histoire » pages 73 à 80.
La revue « Front Rouge » n°8 nouvelle série : revue théorique et politique du Parti Communiste Révolutionnaire marxiste-léniniste- 1er trimestre 1980- a également publié cet article pages 74 à 78.
Je signal également qu'hormis ces deux revues "prochinoises", la revue éditée par le groupe l'Union Bolchévique du Canada -groupe staliniste opposé à Mao- publie un article " Hoxha contre Staline " dans Lignes de Démarcation n° 15 -juillet 1980- et confirme de fait les affirmations de Prolétariat au sujet des falsifications du PTA.

Le Parti du Travail d'Albanie réécrit son histoire

A lire les documents officiels albanais d'aujourd'hui comme les écrits encenseurs français du PTA, le Parti du Travail d'Albanie serait le premier et le seul à avoir véritablement combattu le révisionnisme khrouchtchévien au cours de la bataille des années 60 au sein du Mouvement communiste international. Quiconque met en doute cette affirmation tombe sous le coup du qualificatif de « serpent venimeux » d'Enver Hoxha.
Encore faut-il la prouver ! Assurément, le Parti du Travail d'Albanie a joué un rôle dans la lutte contre le révisionnisme moderne à cette époque. Personne ne le nie. Mais pourquoi cet acharnement à prouver qu'il est le premier ?
Nous sommes retournés aux sources, aux textes et avons étudié le texte intégral et original du Rapport d'Enver Hoxha au IIIe Congrès du PTA.


Ce Congrès se tient en mai 1956, trois mois après le XX" Congrès du Parti communiste d'Union soviétique. Ce fameux XXe Congrès fut le premier pas caractérisé de la direction soviétique dans la voie du révisionnisme. Khrouchtchev y répudia Staline sous couvert de « lutte contre le culte de la personnalité" et y avança une série de thèses révisionnistes : la thèse du passage pacifique au socialisme, la conception révisionniste de la coexistence pacifique et de la "compétition pacifique". la thèse selon laquelle les guerres impérialistes ne sont plus à l'ordre du jour, etc.
Comment le PTA réagit-il à ces reniements lors de son IIIe Congrès ?
Voilà ce qu'en dit L'Histoire du Parti du travail d'Albanie éditée en 1971 (pages 427 à 443 de l'édition en français) :
" Dans tous les secteurs, le IIIe Congrès décida à l'unanimité et sans la moindre hésitation de poursuivre la ligne marxiste-léniniste suivie par le parti depuis sa fondation.
" Toutes les conclusions et les décisions du IIIe Congrès du Parti du travail d'Albanie étaient pénétrées d'un esprit révolutionnaire marxiste-léniniste qui était, en son essence , à l'opposé de l'esprit révisionniste dont étaient empreintes les conclusions et les décisions du XXe Congrès du PCUS.
" Néanmoins, le IIIe Congrès ne dénonça pas ouvertement les thèses antimarxistes du XXè Congrès.
" L'essentiel était que le Parti du travail d'Albanie, à la différence de ce qui se produit dans plusieurs autres partis communistes et ouvriers, ne fit aucune concession de principe face à la pression du groupe de Khrouchtchev et n'adoptât pas comme base de sa propre ligne la ligne révisionniste du XXe Congrès du PCUS. Il garda intacte sa ligne générale marxiste-léniniste ".


Ce texte laisse entendre que la dénonciation ouverte ne fut pas faite par opportunité car il n'aurait pas été encore temps de mener la bataille à visage découvert. Et ce point de vue tactique serait tout à fait acceptable.
La vérité oblige à dire néanmoins que cette présentation des faits de 1971 n'est pas conforme au texte original de 1956 et que les historiens de l'Institut des Etudes marxistes-léninistes de Tirana ont procédé à une manipulation malhonnête de la réalité historique. C'est ce que nous voulons prouver ci-dessous par un examen attentif de l'original du IIIe Congrès de 1956 et par une étude comparée de ce texte avec une réédition de 1975 dans les Oeuvres choisies d'Enver Hoxha (Tome II, page 508).
Il existe en effet deux versions du Rapport d'Enver Hoxha au IIIe Congrès :
- le texte intégral publié après le Congrès, en 1956. dont nous possédons l'original, texte difficile à se procurer aujourd'hui ;
- une réédition en "extraits" de 1975 (Tome II).
L'étude comparée des deux textes est édifiante, les coupures et les modifications de la réédition de 1975 donnent une appréciation du XXe Congrès du PCUS contradictoire avec celle du texte de 1956. Qu'on en juge rapidement par la comparaison des deux conclusions différentes selon les deux versions :
1975
" Notre parti marxiste-léniniste n'a pas commis d'erreurs parce qu'il a été dirigé d'une manière juste par le CC, parce qu'il a toujours été compact, parce qu'en toute chose et à chaque pas, il s'est guidé sur les intérêts supérieurs de notre peuple et a construit sa ligne générale sur les fondements du marxisme-léninisme... "

(Tome II.)

1956 : le Parti n'avait pas commis d'erreurs car il a construit sa ligne générale sur :
" l'expérience du glorieux Parti communiste de l'Union soviétique, dont la politique léniniste a été et sera toujours juste, indépendamment des graves erreurs qui se sont vérifiées dans le travail de Joseph Vissarionovitch Staline ".
(texte original)

Voilà un remaniement de textes qui en dit long... mais ce n'est pas le seul. De fait, les coupures, escamotages et remaniements concernent des points fondamentaux de la lutte contre le révisionnisme moderne :
la ligne générale du Mouvement communiste international, la question de la Yougoslavie, la question de Staline.

la ligne générale du mouvement communiste international
Dans les vingt premières pages de l'original, il est traité de l'Union soviétique et de son XXe Congrès. Ces pages n'ont pas été rééditées dans le Tome II. Surtout " en (leur) essence ", les thèses énoncées dans ces pages ne sont pas du tout " à l'opposé de l'esprit révisionniste ". En voici les preuves :

. A propos de la coexistence pacifique : Sans aller jusqu'à dénoncer ouvertement la thèse de Khrouchtchev, était-il nécessaire de la louer avec tant d'enthousiasme ?
" Les questions de principe qui furent posées au XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en ce qui concerne le développement de la situation internationale actuelle ont une grande importance historique pour l'humanité et constituent un trésor précieux qui vient s'ajouter au marxisme-léninisme dans les circonstances concrètes de la situation internationale actuelle. Le principe léniniste de la coexistence pacifique des deux systèmes, du système socialiste et du système capitaliste, a toujours guidé la politique pacifique de l'Union soviétique. " (...)
." Les communistes affirment que le système socialiste triomphera du système capitaliste dans la compétition pacifique et le triomphe du communisme est inévitable en raison de la supériorité du système socialiste sur le système capitaliste. Cette grande vérité a été confirmée par la vie et elle gagne des centaines de millions d'hommes. "
(texte original)

. Les guerres impérialistes sont-elles inévitables ?
Citons un passage de l'original non réédité :
" Une autre thèse d'une grande importance de principe, que le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique vient d'ajouter au marxisme-léninisme, c'est la question de la possibilité de conjurer les guerres à l'époque actuelle . Cette question qui préoccupe continuellement l'humanité, a reçu une réponse juste et scientifique de la part du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique. Les guerres à notre époque ne peuvent pas être fatales et inévitables; "dans la question de savoir si la guerre aura lieu ou non, une grande importance s'attache au rapport des forces de classe, des forces politiques, au niveau d'organisation et à la volonté consciente des hommes". Les thèses marxistes-léninistes selon lesquelles les guerres sont inévitables tant qu'existe l'impérialisme, ont été formulées à l'époque où l'impérialisme était un système mondial unique et où les forces sociales et politiques opposées à la guerre étaient encore assez faibles. Tandis que, à notre époque, les forces du socialisme et de la paix dans le monde sont très puissantes. Le camp du socialisme est une force colossale et le socialisme est aujourd'hui un système mondial. La politique pacifique du camp du socialisme jouit de l'appui de centaines de millions d'hommes dans le monde et de beaucoup d'Etats pacifiques, C'est ainsi que, actuellement, existent des forces ayant des moyens moraux et matériels puissants pouvant empêcher les aventuriers impérialistes de déclencher une troisième guerre mondiale. Cependant, la thèse léniniste selon laquelle, aussi longtemps qu'existe l'impérialisme, reste aussi la base économique pour le déclenchement des guerres, garde toute sa valeur; c'est pourquoi les forces du socialisme et de la paix doivent être toujours vigilantes.
"Ces thèses importantes du Parti communiste de l'Union soviétique ont ouvert devant l'humanité des perspectives radieuses, ont suscité l'enthousiasme, éveillé les espoirs des peuples et renforcé leur lutte pour la défense de la paix. Les peuples du monde se rendent mieux compte à présent que la guerre ne plane pas sur leur tête comme l'épée de Damoclès et qu'ils sont en état de briser pour toujours cette épée qui a causé à l'humanité tant de catastrophes périodiques. Le monde va connaître désormais un mouvement encore plus puissant et plus vaste des partisans de la paix ; de nombreux autre Etats dans le monde vont conquérir encore leur indépendance nationale et adopteront une attitude pacifique, loin de la guerre, loin des pactes agressifs tramés par les impérialistes américains ".
(texte original)

II y a d'autres endroits dans le rapport du IIIe Congrès où le problème de la guerre est traité. Nous retrouverons ces passages sans coupures dans la réédition, en particulier: (OEuvres choisies, page 513.

Le Parti du travail d'Albanie a adopté cette thèse révisionniste de Khrouchtchev à son IIIe Congrès et l'a conservée jusqu'à ce jour, à la différence des autres thèses khrouchtchéviennes qu'il dénonça ultérieurement. Le passage ci-dessus présente un intérêt particulier : il revendique clairement la paternité de cette thèse du XXe Congrès du PCUS. C'est sans nul doute la raison de son escamotage lors de la réédition de 1975.

. Sur le passage pacifique au socialisme :
Là, Enver Hoxha fait carrément le pas : " La thèse sur les formes du passage des divers pays au socialisme, basée sur les célèbres thèses du grand Lénine, ouvre devant les peuples et la classe ouvrière de tous les pays des perspectives éclatantes pour le passage au socialisme par des voies diverses. La question du passage au socialisme, par la guerre civile ou sans la guerre civile,
est également une grande lumière et une aide très précieuse pour les partis de la classe ouvrière et pour les peuples travailleurs, pour prendre le pouvoir en main, pour réaliser les transformations sociales, pour transformer le parlement bourgeois, là où la bourgeoisie n'est pas en mesure de recourir à la violence et d'opposer la force, en un moyen de la véritable volonté populaire, pour assurer le passage des principaux moyens de production entre les mains du peuple ".

(texte original)

Pour camoufler le soutien objectif du IIIe Congrès aux thèses du XXe Congrès du PCUS, la réédition est obligée de supprimer les deux paragraphes publiés ci-dessous :
" Pour passer au socialisme, le recours ou non à la violence et à la guerre civile ne dépend pas tant du prolétariat que de la bourgeoisie, Pour le passage au socialisme, les partis communistes et ouvriers auront toujours en vue les enseignements de Lénine, qui souligne que "pour toutes les formes de transition au socialisme, la direction politique de la classe ouvrière, avec en tête son avant-garde, est une condition indispensable, la condition majeure. Sinon, il est impossible de passer au socialisme ".
" Ces thèses qui enrichissent le marxisme-léninisme ouvrent devant la classe ouvrière et les masses travailleuses des pays capitalistes: coloniaux et semi-coloniaux, des perspectives éclatantes pour réaliser l'unité de la classe ouvrière, à laquelle incombe la tâche de rassembler sous sa direction la paysannerie travailleuse, les intellectuels et tous les homme honnêtes, pour opérer les transformations radicales dans la voie vers le socialisme, vers la conquête du pouvoir et l'effondrement des forces réactionnaires capitalistes qui dominent à l'heure actuelle les peuples de ces pays. C'est précisément pour tout cela que le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique a suscité un enthousiasme indescriptible dans le monde entier précisément pour cette raison que les documents du XXe Congrès sont étudiés avec le plus grand soin et sont devenus le phare éclairant tous les hommes d'action et de bonne volonté qui luttent pour la paix et pour une vie meilleure ".

(texte original)

le parti du travail d'albanie et la yougoslavie
Dans la préface au Tome II, il est écrit :
" En un temps où sous l'influence du PCUS la plupart des partis communistes et ouvriers avaient cessé leur lutte contre le révisionnisme yougoslave, le PTA continuait sa lutte sans répit et avec la plus grande âpreté, non seulement parce que ce courant était l'ennemi du marxisme-léninisme et constituait un danger pour l'ensemble du Mouvement communiste et ouvrier international, mais aussi parce que son propre combat contre ce courant contribuait puissamment à la lutte contre toute forme de révisionnisme, surtout contre les thèses antimarxistes du XXe Congrès du PCUS ".
Or, là encore, il faut un escamotage malhonnête dans la réédition de 1975 pour pouvoir établir le caractère « sans répit » et la « plus grande âpreté » de la lutte antititiste du PTA.

Qu'indique le Tome II quant aux relations albano-yougoslaves à cette période ?
" Nos relations amicales avec les peuples frères de Yougoslavie sont entrées dans la voie normale et elles se renforcent de jour en jour... Nous avons conclu et mis en oeuvre avec la RPFY plusieurs accords dans l'intérêts commun et établi avec elle des relations commerciales et culturelles. "
(texte du Tome Il)

Autrement dit, l'édition de 1975 laisse entendre qu'il s'agit là uniquement de relations d'Etat à Etat, alors que la lutte antititiste se développe avec âpreté et sans répit.
Telle n'est pas la vérité cependant. Les pages 35, 36 et 37 de l'édition originale de 1956, pudiquement remplacées en 1975 par des points de suspension, méritent d'être lues avec attention. Les voici :
« Le peuple albanais et le Parti du travail d'Albanie ont salué avec enthousiasme et ont pleinement approuvé la déclaration de Belgrade signée entre les dirigeants de l'Etat soviétique et de l'Etat yougoslave au mois de juin 1955 et se sont beaucoup réjouis de la normalisation des relations entre l'Union soviétique et la Yougoslavie. La même voie de normalisation et d'amélioration ont suivie aussi les relations de notre peuple et des peuples des autres pays de démocratie populaire avec les peuples de Yougoslavie. C'était là un grand succès pour nos pays et un échec pour les plans de l'impérialisme et de son agent Béria qui avait monté la grande provocation diabolique, laquelle a causé le désaccord amer entre nos pays et la Yougoslavie.
(...) (I)
" La déclaration de Belgrade a été également un tournant radical pour les relations de notre Etat avec la Yougoslavie.

( I) Ces points de suspension correspondent à des passages publiés dans le Tome II des OEuvres choisies, page 523.

Les relations entre le Parti communiste albanais et le Parti communiste yougoslave, comme on sait, ont été cordiales dès avant la libération. Après la libération se sont établies entre nos Etats des relations plus larges. Durant cette période dans ces relations se sont vérifiées des erreurs et des déformations de principe qui devaient être corrigée par la voie normale ; mais, malheureusement, elles n'ont pas été corrigées. Il faut souligner que, malgré tout cela, notre Parti, non seulement n'a pas mis en doute l'amitié avec la Yougoslavie, mais il a fait tous les efforts jusqu'au dernier moment pour que l'amitié et les relations établies ne fussent atteintes.
« Notre Parti s'est solidarisé avec les résolutions du Bureau d'information. Nous avons reconnu et nous reconnaissons que nous avons été trompés, comme ont été trompés les autres partis communistes et ouvriers, par la provocation ourdie contre la Yougoslavie par le vil agent de l'impérialisme, Béria. Dans les circonstances difficiles ainsi créées, nous avons, de notre part, lié toutes les questions ensemble : les fautes et les différends qui existaient entre le Parti communiste albanais et le Parti communiste yougoslave, ainsi qu'entre nos deux Etats, les délits et les crimes de Kotchi Dzodzé commis contre le Parti et l'Etat, pour lesquels il a été condamné comme il le méritait, ainsi que la grande provocation montée par l'agent Béria.
" Dans ces circonstances-là, il était difficile pour nous de ne pas lier ensemble ces trois questions, au lieu de les apprécier, comme il fallait, séparément. C'est là une erreur de notre part. Plus tard, la logique de la lutte qui nous opposait l'un contre l'autre nous a amenés à des erreurs consistant à nous servir d'accusations infondées, montées par l'agent Béria contre le Parti communiste yougoslave et l'Etat yougoslave, à accuser la Yougoslavie comme un pays ennemi et comme un instrument de l'impérialisme, le Parti communiste yougoslave comme un parti fasciste et les dirigeants yougoslaves comme des antimarxistes, etc. Ces accusations étaient injustes; nous avons de notre part eu tort dans ces questions. Maintenant, tout est clair, notre Parti a reconnu les erreurs qui le concernent parce qu'il les a analysées objectivement et il est résolu à ce que le passé amer soit enterré et il n'existe plus aucun obstacle pour le renforcement de l'amitié sincère entre nos deux Etats et nos deux partis. Nous sommes sûrs qu'une telle amitié dans l'esprit du marxisme-léninisme et sur la base de la déclaration de Belgrade s'élargira et se renforcera continuellement. Nous sommes unis par la lutte héroïque de libération que nous avons faite ensemble, nous sommes unis par les idées immortelles du marxisme-léninisme qui inspirent nos partis, nous sommes unis par la lutte commune contre les convoitises de l'impérialistes et des ennemis de nos peuples qui tentent de semer la discorde entre nous et de nous diviser. Avec la République populaire fédérale de Yougoslavie, nous avons conclu et mis en oeuvre plusieurs accords dans l'intérêt commun (souligné par nous -NDLR). Nous avons établi des relations commerciales et nous ferons tout notre possible pour les élargir chaque année. De concert avec les Yougoslaves, nous avons décidé d'étudier les possibilités de la construction de certaines oeuvres de grande importance économique pour nos deux pays. Dans notre pays sont venus des artistes yougoslaves. Nous enverrons en Yougoslavie les nôtres. Nous attendons avec plaisir que les frères yougoslaves viennent visiter notre patrie, que des troupes de théâtre, des groupes de sportifs, des touristes viennent chez nous. Nous aussi, nous enverrons en Yougoslavie les nôtres.
Nous voudrions et demandons de projeter sur les écrans de notre pays des films yougoslaves, d'échanger de la littérature, etc. Tout sera fait de notre part, dans ce sens et nous sommes persuadés que la même volonté existe aussi chez les camarades yougoslaves pour
renforcer notre amitié dans l'esprit nouveau de l'intérêt commun et de la non-ingérence dans les affaires intérieures ".
(texte original)

Ce long passage escamoté contredit l'affirmation de la préface de 1975 concernant la lutte " sans répit ", " avec la plus grande âpreté " : des relations de parti à parti fraternelles ont été établies quelques mois. En novembre de la même année, le PTA reprend l'attaque contre Tito en raison de son attitude à propos des événements de Hongrie et de Pologne.
Mais pourquoi cacher la vérité ? Pourquoi escamoter l'attitude réellement adoptée au IIIe Congrès ?

le pta et la question de staline
Dans le Tome II, la publication du Rapport du IIIe Congrès remanie à volonté tous les passages traitant de cette question. Dans l'original, cette question est traitée dans le Chapitre III, sous-chapitres 6 et 7. Dans la réédition, il n'y a plus que le sous-chapitre 6, habile compilation des 6-7 originaux. Nous ne publions ici que les passages omis concernant la question de Staline. Nos points de suspension signalent des passages cités dans le Tome II, pages 627 et suivantes.

Au début de l'année 1957, dans un texte intitulé Sur la situation internationale , Enver Hoxha refait ensuite volte-face sur la question de Staline, affirmant que:
" Sur les questions essentielles, dans la défense des intérêts de la classe ouvrière et dans le combat pour la théorie marxiste-léniniste, dans la bataille contre l'impérialisme et les autres ennemis du socialisme, il ne s'est jamais trompé. Il était et demeure un exemple ".
7 - Le culte de la personnalité et ses conséquences nuisibles et autres questions.
" Le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique a fait une profonde analyse marxiste-léniniste du rôle décisif joué dans l'édification du socialisme et du communisme par les masses populaires, dirigées par le Parti communiste, et du grand dommage causé par le culte de la personnalité, étranger au marxisme-léninisme. La Résolution du XXe Congrès , dit:
" Le Congrès estime que le Comité central a eu parfaitement raison de se lever contre le culte de la personnalité dont l'extension amoindrissait le rôle du Parti et des masses populaires, rabaissait le rôle de la direction collective dans le Parti et entraînait souvent de graves défauts dans le travail ".
(...) " Le culte de la personnalité signifie l'exaltation exagérée des individus, l'attribution de caractéristiques et de qualités surnaturelles à ceux-ci, leur transformation en êtres qui font des merveilles et, enfin, l'agenouillement devant eux. Ces conceptions non justes et non marxistes sur l'individu, étrangères et nuisibles à l'esprit du marxisme-léninisme, ont été développées et cultivées pendant une très longue période à l'égard du camarade Staline.

" Il n'y a pas de doute que le camarade Staline a de grands mérites devant le Parti communiste de l'Union soviétique, devant la classe ouvrière de l'Union soviétique et le mouvement ouvrier international. Il est évident qu'il a joué un rôle connu dans la préparation et le développement de la révolution socialiste. dans la Guerre civile et dans la lutte pour l'édification du socialisme. En commun avec les autres membres du Comité central, il a lutté contre les déformateurs et les ennemis du léninisme. Dans les conditions où le peuple soviétique, guidé par le parti communiste, remportait avec succès de grandes victoires dans la lutte pour l'industrialisation socialiste du pays, pour la collectivisation de l'agriculture, pour l'accomplissement de la révolution culturelle, victoires qui ont été remportées dans une lutte sans relâche contre les ennemis du léninisme, les trotskystes, les boukharinistes, les opportunistes de droite, les nationalistes bourgeois, a été rendue possible la propagation, parmi les larges masses du peuple, du nom et de la valeur de J.V. Staline qui tenait l'important poste de secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique.
" Pendant ce temps, lorsque J.V. Staline a acquis de la popularité, de la sympathie et de l'appui dans le parti et chez le peuple, dans sa personne, dons la pratique de son
travail se sont manifestées graduellement de telles caractéristiques et dispositions qui se sont développées d'une manière difforme, en devenant le culte de la personnalité.

" Les grands succès historiques de portée mondiale remportés par le peuple soviétique dans l'édification du socialisme, dans la victorieuse guerre patriotique, dans le raffermissement du système social et étatique soviétique et dans l'accroissement du prestige international de l'Union soviétique, toutes ces éclatantes victoires du peuple soviétique, sous la direction du parti communiste n'ont pas été soumis à une juste interprétation marxiste-léniniste mais ont été injustement attribués aux mérites d'une seule personne, à Staline, et ont été tous expliqués par ses mérites à lui. La grande erreur de J.V. Staline réside en ce que, non seulement il a admis les louanges et les flatteries à son adresse, mais il a, de sa part, soutenu et encouragé ces points de vue antimarxistes.
« Le culte de la personnalité et la pratique de direction créés par J.V. Staline ont marqué la violation ouverte et difforme des principes léninistes de la direction collective dans le Parti, ont marqué la violation des normes léninistes du parti. Le mépris de J.V. Staline pour les normes de la vie du parti, la solution des problèmes d'une manière individuelle de sa part, le mépris envers l'opinion du parti, en prenant même des mesures sévères contre ceux qui exprimaient des opinions contraires aux siennes, ne pouvaient pas manquer de causer et ont causé de grands préjudices, en donnant lieu à de graves altérations des règles léninistes dans la vie du parti et à la violation de la légalité révolutionnaire.
" Le culte de la personnalité et le mépris, à l'égard des critiques et des conseils, formulés à juste litre par les membres du Bureau politique du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, ainsi qu'à l'égard des normes du parti, ont conduit le camarade Staline à des erreurs ; il n'a pas montré la vigilance nécessaire à la veille de la guerre patriotique contre le nazisme allemand ; il n'a pas consacré l'attention voulue au développement ultérieur de l'agriculture socialiste et au bien-être matériel des kolkhoziens; il a soutenu et incité dans une ligne erronée l'affaire yougoslave, etc. Dans de pareilles circonstances, le camarade Staline s'est montré unilatéral dans ses idées et s'est détaché des masses.
" Le culte de la personnalité et la violation des normes de la vie du parti ont servi comme le terrain le plus favorable dont ont tiré avantage les ennemis du parti et de l'Etat soviétique, tel que l'agent de l'impérialisme, Béria, qui pendant longtemps a agi, sous masque, au détriment du parti et de l'Etat socialiste.

" Le Parti communiste de l'Union soviétique et son Comité central léniniste ont pris des mesures décisives pour le rétablissement des normes léninistes dans le parti, pour le rétablissement du principe de la direction collective dans tous les maillons du parti, de haut en bas, pour le développement de l'autocritique et de la critique, pour la discussion et la solution collectives des questions les plus importantes. Les mesures prises par le Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique et le XXe Congrès pour rétablir et développer davantage les principes démocratiques de la vie et de l'activité du parti, les mesures prises contre la gestion par les méthodes bureaucratiques, contre la dissimulation des défauts, le maquillage de la réalité, la satisfaction béate, l'indifférentisme, ainsi que les mesures prises pour développer la critique et l'autocritique concrètes, de principe, sont en train d'assurer une activité plus grande de la part des travailleurs et des communistes en développant l'immense énergie créatrice des hommes soviétiques.
" Les succès historiques du peuple soviétique sont une preuve éclatante et convaincante du caractère juste de la politique du Parti communiste de l'Union soviétique. Le fait que le Parti communiste de l'Union soviétique a mené une politique résolue contre les défauts dans le travail du parti et du gouvernement, dans l'édification économique, pour éliminer les conséquences du culte de la personnalité est une autre preuve de la grande puissance du parti et de sa grande fidélité à l'égard du léninisme. (Applaudissements). C'est seulement sur le libre développement de ces survivances petites-bourgeoises au sein de nos partis communistes et ouvriers que les impérialistes peuvent trouver appui pour affaiblir les partis communistes et les Etats socialistes.
"Le Parti du travail d'Albanie et le peuple albanais tout entier ont pleinement approuvé les décisions historiques et justes du XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique et considèrent ces décisions non seulement comme une victoire éclatante du parti communiste et du peuple soviétique, mais aussi comme une grande victoire du Parti du travail et du peuple albanais. (Applaudissements).
" Notre parti et notre peuple approuvent la lutte hardie et de principe menée contre le culte de la personnalité. Le culte de la personnalité à l'égard du camarade Staline a eu aussi des manifestations très accentuées dans notre parti et notre pays. Notre peuple et notre parti ont souligné et souligneront, à juste titre, que l'Union soviétique et le glorieux parti communiste, fondés par le grand Lénine, sont les facteurs décisifs de la libération, à jamais, de notre peuple, et c'est pour cette raison que l'amour de notre parti et de notre peuple à leur égard sera indestructible et éternel. (Applaudissements prolongés. Ovations. Les délégués se lèvent debout). Mais maintenant nous comprenons bien le rôle et la place qui doivent revenir au camarade Staline dans l'édification du socialisme et du communisme en Union soviétique et dans l'aide et le rôle qu'il a joué pour la libération de notre pays. La juste compréhension marxiste-léniniste de cet important problème de principe nous a été rendue claire par le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique "

(texte original)

--
Cette étude comparée des deux versions du rapport au IIe Congrès du PTA appelle plusieurs remarques :

- D'abord, elle permet d'établir les faits. Lors de son IIIe Congrès, en mai 1956, le PTA a épousé assez étroitement les thèses khrouchtchéviennes. Il ne s'agit pas d'une simple tactique destinée à mener la bataille dans de meilleures conditions ultérieurement. Il s'agit bien d'une adhésion politique claire, voire d'une glorification des thèses du XXe Congrès du PCUS. Le Rapport du IIIe Congrès du PTA exprime une appréciation principalement négative de Staline ; il déclare que les guerres sont évitables, soutient les thèses du XXe Congrès quant au passage pacifique et à la coexistence pacifique : à cette époque, le PTA a interrompu sa polémique contre la Yougoslavie.
En conséquence, les thèses albanaises hautement claironnées selon lesquelles le PTA a mené le premier la bataille anti-khrouchtchévienne, leurs affirmations d'une lutte sans répit contre Tito, tombent d'elles-mêmes, à une simple lecture du texte original de 1956 !

- Dans son Histoire de 1971 et dans la réédition de 1975, le PTA a falsifié la vérité. Procédant par coupures, escamotages et remaniements, il s'efforce de donner au IIIe Congrès un visage contraire à la réalité des faits. Le PTA veut accréditer le mensonge selon lequel le IIIe congrès aurait participé à la bataille contre le révisionnisme moderne. Cette pratique révèle une attitude idéologique contraire à la conception du monde des communistes qui recherchent la vérité dans les faits et pratiquent la critique et l'autocritique. Le mensonge et la falsification sont étrangers au marxisme-léninisme.

- Reconnaître que la lutte du PTA contre le khrouchtchévisme débuta après le IIIe Congrès du PTA n'est nullement une infamie. La prise de conscience du révisionnisme moderne fut pour les partis et les militants communistes un processus long et complexe qui aboutit à une bataille difficile. Le PTA y a tenu une place, et cela est bien ainsi. Vouloir à toute force se construire une image de marque de « parti qui n'a jamais fait d'erreurs », qui ne se trompe jamais, qui est le premier partout... est également étranger au marxisme. Le PTA pèche par orgueil et par suffisance.

Assurément, de telles pratiques idéologiques font perdre beaucoup de crédibilité au PTA aujourd'hui. Comment le croire sur n'importe quelle question s'il est prouvé qu'il recourt sans vergogne à la falsification et au mensonge pour étayer « ses thèses » ? Ces manipulations malhonnêtes, ces prétentions à la grandeur et à l'infaillibilité jettent le discrédit sur la véracité de tous ses écrits et déclarations actuels. Qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même d'un telle situation.
armenak
De plus, les critiques d'Enver Hoxha dans son livre pourraient très bien dès lors s'appliquer au PTA lui-même. Les chinois et les albanais ont combattu le révisionnisme moderne et ont dans le même temps oeuvré à l'unité du mouvement communiste.
Ainsi, dans "N.Khrouchtchev de nouveau dans le rôle du démagogue, du calomniateur et du scissionniste" (18 avril 1963), article du ZERI I POPULLIT, on lit:
"Le PTA a suivi avec dévouement la ligne commune du mouvement communiste international.
(...)Dans les relations avec les pays capitalistes, le PTA et le Gouvernement de la RP d'Albanie ont pratiqué d'une manière conséquente la politique de la coexistence pacifique, basée sur les principes de l'égalité, de la non-intervention mutuelle dans les affaires intérieures et du respect réciproque, politique qu'ils ont toujours considérée comme une forme de la lutte des classes dans l'arène internationale, qui a lieu sur tous les fronts-idéologique,politique et économique- entre les deux systèmes, le capitalisme et le socialisme.(...) La lutte pour la coexistence pacifique entre pays à différents systèmes sociaux a été considérée par le PTA comme l'une des voies importantes pour la sauvegarde et le renforcement de la paix dans le monde.(...)
Dans "Pour l'unité combative du mouvement communiste sous le drapeau triomphant du marxisme-léninisme" (7 février 1963) article du ZERI I POPULLIT, on lit également:
(...) Les vrais marxistes-léninistes voient, dans les évènements précités (discours de Khrouchtchev du 12 décembre 1962, article de la Pravda du 7 janvier 1963, discours de Khrouchtchev du 16 janvier 1963 - note d'Armenak) des tentatives ouvertes pour rejeter les deux déclarations de Moscou, pour diviser le mouvement communiste et le camp socialiste. C'est pourquoi, les partis communistes et ouvriers qui sont fidèles au marxisme-léninisme, chaque communiste et révolutionnaire, aujourd'hui plus que jamais, élèvent la voix pour la défense du marxisme-léninisme révolutionnaire, pour la défense des Déclarations de Moscou, pour la défense de l'unité combative du camp socialiste et du mouvement communiste international.(...)
Armenak
Finimore
Vu les âneries et les énormités du livre "réflextions sur le chine", ont peu très sérieusement se poser la question : qui a écrit ce livre ? Il est attribué à Hoxha, seulement il apparait qu'Hoxha lui-même ne peut (à moins d'un pétage de plomb) soutenir des contre-vérités historiques flagrantes. Les 2 livres "L'impérialisme et la révolution", "réflexions sur la chine" ont été écrits et diffusés après 1976, c'est-à-dire après la mort de Mao et ont été "la bible anti-mao" du courant pro-albanais lors de la polémique sino-albanaise.
Quoi qu'il en soi, les faits sont bien que le PTA et le PCC ont combattu ensemble le révisionnisme moderne. Il est ridicule que les "hoxhaïstes" veulent s'attribuer la paternité de cette lutte.
sti
Pour un prof en com', je te trouve un peu "light" en cette matière vis à vis de nous.
Nous avons aussi lu ces lignes, et si le débat était aussi simple que le point de vue personnel d'Enver Hoxa (personnel et très officieux à l'époque), la chose serait pesée, amballé depuis longtemps.
Si cet ouvrage nous éclaire sur les relations diplomatiques entre les deux pays (on aurait aimé qu'Enver Hoxa soit reçu en chine au moins à l'instart de Nixon. Un dirigeant de son envergure, de sa qualité de communiste conséquent dans la lutte contre le révisionnisme moderne, aurait pu être être associé différement ...), il nous éclaire très peu sur les stratégie du PCC et précisément à cause des raisons invoqué entre parenthése.

Mais toi, tu as bien un avis, même pas forcément définitif comme c'est mon cas ...
roselove_red
JEUDI 27 DECEMBRE 1962
SILENCE DE TOMBE DE LA POLITIQUE EXTERIEURE CHINOISE
Silence de tombe de la politique extérieure chinoise. Khrouchtchev, Tito, Kennedy se livrent à des marchandages secrets et nous allons voir ce qui en sortira. Les Chinois se taisent et, apparemment, ont décidé de ne pas répondre à Khrouchtchev. A travers les partis communistes et ouvriers qui se situent sur des positions intermédiaires, fluctuantes, les Chinois s'efforcent de parvenir à la convocation d'une conférence des partis communistes et ouvriers du monde. Or, ces «alliés» vous laissent tomber à la première occasion, ces «alliés» sont pour des réunions de compromis.
Khrouchtchev est en mesure d'organiser une pareille réunion quand bon lui semble et ces «alliés» seront toujours de son côté, mais ce qu'il recherche surtout, c'est la liquidation du Parti du Travail d'Albanie et la soumission du Parti communiste chinois. Et Khrouchtchev s'emploie à créer les conditions requises à cette fin, alors que la Chine, elle, traîne la jambe, si je puis dire, sur cette question.
enver hoxha reflexions sur la chine 1962-1972 page 20
 
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