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Xuan
Le site de la Nouvelle Vie Ouvrière présente :

Le droit, nouvelle arme de guerre économique

15 juin 2019 - Mise à jour le 16 juin 2019
Par Régis Frutier



Les amendes monumentales à verser au Trésor US terrorisent ou saignent à blanc nombre d'entreprises. Après le scandale d'Alstom – GE, d'autres proies, comme Airbus, sont dans le collimateur US. Dans son livre, Ali Laïdi décrypte les stratégies machiavéliques élaborées pour piller les fleurons industriels du Vieux Continent.
Voici un essai que tous les syndicalistes des grands groupes devraient lire pour mieux comprendre les dangers qui guettent les entreprises européennes, notamment françaises et allemandes, confrontées aux attaques juridiques mises en place par les États-Unis.

Mais l'Europe n'est pas la seule cible de l'oncle Sam qui inscrirait bien la Chine (cf l'affaire Huaywei) ou la Russie à son tableau de chasse. Sauf que l'Europe, en tant qu'allié, apparaît cependant bien ici comme la plus naïve, la plus désarmée et la plus incapable de la moindre réaction ferme face à ce qu'il faut bien qualifier de pillage organisé de son industrie, de ses brevets, de ses marchés.

Technip, Alstom, Siemens, mais aussi les banques comme la Société Générale, BNP Paribas, Commerzbank, etc. Ce sont des milliards de dollars qui sont versés au Trésor américain par les entreprises européennes condamnées. Des sommes qui donnent le tournis. Autant de richesses ponctionnées légalement de l'Europe pour atterrir dans l'escarcelle américaine au nom d'une lex americana qui n'existe pourtant que par la peur qu'elle inspire.

Des méthodes redoutables pour fabriquer des coupables

Les méthodes qui sont employées pour aboutir à ce résultat sont détaillées dans l'ouvrage d'Ali Laïdi, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégique et docteur en science politique. Et le moins qu'on puisse dire est qu'elles sont redoutables.

Pour résumer, la logique de référence est celle d'une guerre. Celle de la guerre anti-terroriste alimentée par la corruption et qu'on assècherait donc en combattant toute corruption présente dans le monde. Les fondements juridiques sur lesquels s'appuie la prétention hégémonique à l'extraterritorialité que s'octroient les États-Unis sont donc les viols d'embargo de pays qualifiés – par eux – de voyous (Iran, Cuba, Libye, Corée du Nord…), ou la lutte contre la corruption (essentiellement des pots de vin pour obtenir des marchés). Afin de débusquer les coupables, les Etats-Unis disposent du plus arsenal d'espionnage mondial et notamment des tous les e mail stockés depuis des lustres sur les serveurs localisés aux États-Unis.

Des amendes pour mettre à genoux les entreprises

Une entreprise dans le collimateur du Department of Justice est quasiment condamnée d'avance puisqu'avant même l'ouverture d'une procédure, des milliers d'informations ont déjà été collectées. Elle est priée de faire la démonstration non pas de son innocence, mais de l'étendue pleine et entière de sa culpabilité, au besoin en rémunérant – souvent pour plusieurs millions de dollars – des avocats et personnels techniques qui enquêteront contre elle-même.

Quand les autorités US estimeront disposer de suffisamment d'éléments – ce qui évidemment pose d'énormes problèmes de confidentialité sur les secrets commerciaux et industriels- alors un deal raisonnable de quelques dizaines de millions pourra être trouvé. Dans le cas contraire, il faudra un jugement qui alourdir la facture de quelques centaines de millions…

L’Europe et la France en situation de faiblesse face à la loi américaine

Dans ce domaine, l'affaire emblématique demeure celle d'Alstom qui au début ne voulait rien céder. Sauf qu'après l'arrestation de l'un de ses cadres aux États-Unis et la menace d'une amende dépassant le milliard, la direction prise de panique a fini par créer un service entier pour collaborer avec le Department of justice. C'est dans ce contexte qu'en 2014, Alstom vend sa partie Énergie à GE parallèlement à un deal juridique. Mais officiellement, il n'y a eu aucune pression, même pas la crainte pour son PDG, Patrick Kron, de se retrouver à son tour emprisonné…

On n'a certainement pas fini d'entendre parler de ce désastre industriel et à l'heure où nous écrivons, les 1000 suppressions d'emplois annoncés à Belfort (au lieu des 1000 qui devaient être créés par GE) montrent encore si besoin est l'étendue de la perfidie de nos « amis » américains et l'extraordinaire faiblesse dont l'Europe et la France ont ici fait preuve.

La loi française donne pourtant quelques outils qui interdisent la transmission des informations techniques, commerciales et technologiques d'une entreprise à des puissances étrangères sans le consentement de sa Justice. Qu'un syndicat active ce levier – ce qui n'a jamais été tenté jusqu'alors – pourrait peut-être empêcher de nouvelles affaires Alstom. La question mérite réflexion, d'autant qu'aujourd'hui, selon l'auteur, c'est Airbus que les américains ont maintenant dans leur viseur.
 
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