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pzorba75
Terminer " avec l'Occitanie si chère, l'union du drapeau bleu-blanc-rouge du drapeau rouge et l'humain et la planète au coeur " évite de perdre son temps en lisant le discours inutilement long et mémoriel. Le PCF est mort et enterré, F. Roussel n'y changera rien en jouant le social démocrate écologiste et européiste, les places sont déjà occupées et il mobilise pour atteindre 0% d'audience et de voixs.


Edité le 07-09-2019 à 06:18:00 par pzorba75


Xuan
Fabien Roussel ignore l'impérialisme français


Ci-dessous un discours de Fabien Roussel sur le thème des communistes et de la nation.
Mis en ligne sur le site "faire vivre", ce texte veut défendre le patriotisme contre sa version bourgeoise.
Roussel désigne une finance mondialisée qui serait l'ennemie de ce patriotisme. Nulle part alors que les exemples de ses méfaits abondent, il ne désigne l'hégémonisme US, ni l'OTAN.
Mais surtout il ne cite nulle part l'impérialisme français, ni le duumvirat franco-allemand qui opprime les peuples d'Europe.
Il dénonce la façon dont l’Union européenne traite la question des réfugiés , mais jamais le rôle particulièrement hypocrite du gouvernement français.

Au passage il faut signaler " nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle" , projet réformiste défendu par Mélenchon, visant à revenir à une république bourgeoise parlementaire hors d'âge. Selon Roussel, pousser au bout le parlementarisme bourgeois serait l'antichambre d'une société socialiste.
"Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste »"
Roussel revient ici au rapport de Waldeck-Rochet "Pour une Démocratie avancée pour une France socialiste! " publié en 1968.

Sur la question nationale Roussel rappelle que "notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées." , sans jamais rappeler de quelles multinationales et de quelles banques il s'agit.

Ces multinationales effaceraient "jusqu’à l’idée de nation" dit-il.
Les multinationales défendent toujours des intérêts capitalistes nationaux, sinon on se demande d'où vient la guerre des tarifs engagée par Trump contre ses propres alliés, ou bien le Brexit ou encore les querelles entre Macron et Salvini.

Roussel ne désigne jamais les financiers et capitalistes français qui ont été promoteurs de ces traités. "la finance et les multinationales" sont encore des fantômes bien pratiques pour éviter de nommer l'impérialisme français comme ennemi des peuples d'Europe et de notre peuple.


______________________________



Discours de Fabien Roussel - Colloque Jean Jaurès à Toulouse

5 Septembre 2019
Publié le 04/09/2019 par PCF
Discours de Fabien Roussel – Colloque Jean Jaurès à Toulouse
Conclusion du Colloque Jean Jaurès

3 septembre 2019 – Toulouse
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis, Chers Camarades,

Permettez-moi tout d’abord de remercier la fédération de Haute-Garonne du Parti communiste français de cette initiative consacrée à Jean Jaurès, à l’occasion du 160e anniversaire de sa naissance.
Permettez-moi aussi de remercier les intervenants qui ont brillamment contribué aux tables rondes de cet après-midi : Gilles CANDAR, Rémy PECH, Charles SYLVESTRE et Martine BERNARD-ROIGT.
Merci enfin à vous toutes et tous, qui vous êtes libérés pour évoquer l’une des plus prestigieuses figures du mouvement ouvrier français.
Nous n’avons pas voulu, aujourd’hui, simplement commémorer celui dont la trace reste indélébile dans la conscience collective de notre peuple. Bien sûr, commémorer est indispensable pour que le fil de la mémoire ne vienne jamais à se rompre. Surtout, d’ailleurs, lorsqu’il s’agit du fondateur de l’Humanité, devenu journal communiste à la naissance de notre parti, dont nous célébrerons le centenaire l’an prochain.

Mais nous avons voulu aller au-delà, souligner combien cette empreinte de géant s’inscrit pleinement dans notre époque.
Car Jaurès aura eu, dans la dernière partie du XIX° siècle et jusqu’à son assassinat, à relever les défis de la première mondialisation du capitalisme.
C’est l’époque durant laquelle le capital se concentrait déjà à toute vitesse et bouleversait les modes de production. Il cherchait frénétiquement à intensifier l’exploitation du travail, des êtres humains mais aussi, déjà, celle des ressources naturelles.
C’était il y a plus d’un siècle mais le capitalisme n’a pas vraiment changé au fond. En 1910, le capital prospère sans limites fort de la révolution industrielle, en s’appuyant sur le travail à la chaîne.
Un siècle plus tard, ce même capital se régénère avec les banques, l’informatique et l’avènement d’une finance globalisée mais il exploite toujours sans retenue les salarié•e•s et la planète.
Le monde reste ainsi dominé par l’esprit de conquête, la soif de puissance et les rivalités qui incitent des pays à mener des guerres, quelles soient armées ou économiques.
Jaurès avait tout dit, dès 1895, quand il écrivait : « Le capital, même sous les traits les plus aimables (...), reste une puissance tyrannique et injuste. »
Nous sommes aujourd’hui confrontés à des enjeux d’une même ampleur.
Une forme nouvelle de mondialisation économique se déploie, dévastatrice pour la nature, implacable pour les travailleurs. Un modèle qui détruit partout les protections collectives arrachées de haute lutte par les mouvements populaires. Une force qui cherche à désintégrer politiquement et socialement le mouvement ouvrier et ses capacités de résistance.

Tout est fait pour substituer un individualisme égoïste aux solidarités de classe.
Comment qualifier autrement cette généralisation de la précarité du travail, ces contrats « Uber » qu’on nous vend comme le symbole de la modernité et qui ne sont rien d’autre que le retour du travail à la tâche !!
Où est le progrès quand 250 000 hommes et femmes de notre pays acceptent, bien obligés, de devenir des auto- entrepreneurs dépendant des plateformes numériques qui les exploitent, en les rémunérant à la commande, au coup de pédales, sans aucune protection sociale ?
Il n’y a pas beaucoup de différence avec ces femmes, ces hommes, ces enfants qui vendaient, au siècle dernier, leur force de travail dans les mines ou dans les entreprises textiles ?
Et ce modèle se répand, en France, en Europe, sur tous les continents...
Au nom d’un monde désormais aux mains de la finance, la souveraineté des nations et, par conséquent, celle des citoyens, est tout simplement niée, battue en brèche.
A tel point que des multinationales, et pas seulement celles du numérique, ont même davantage de pouvoirs que bien des États. Pour installer leur siège social, elles vont jusqu’à choisir l’État dans lequel elles négocieront l’impôt le plus bas voir nul.
Et pourtant, sous l’impact de la révolution numérique, de cette forme d’accélération du capitalisme, de nouvelles catastrophes apparaissent.
Le dérèglement climatique et les désastres écologiques qui s’enchaînent placent notre planète au bord du gouffre. Et le nombre de personnes, d’enfants souffrant de malnutrition repart à la hausse depuis 2 ans. Tous les signaux d’alerte sont tirés. Les moyens et des solutions existent pour lutter contre la faim dans le monde, contre la pollution, pour transformer les modèles agricoles ou alimentaires... Sauf que ces solutions, qui supposent un changement de nos modes de production et de consommation, une autre utilisation des richesses se heurtent de plein fouet au dogme libéral, à cette sacro-sainte exigence de rentabilité à court terme, imposée par une minorité de privilégiés.
Tout cela a une cohérence, implacable. Hier comme aujourd’hui.
Et tout ce qui fait obstacle à leur modèle économique, à la globalisation de l’économie, doit être détruit. Pas d’État, pas d’impôt, pas de compte à rendre !
C’est pourquoi ceux qui défendent ce système ultra financiarisé ne veulent pas de nations souveraines ! Ils veulent encore moins de frontières entre lesquelles peut encore s’exercer cette souveraineté, s’organiser le débat démocratique. Ils ne veulent pas non plus de services publics qui pourraient échapper aux règles de la compétitivité et de la profitabilité à tout prix.
Au fond, la perversion de l’Union européenne, en tout cas telle qu’elle aura été construite ces dernières décennies, prend source dans cette obsession de la rentabilité, de la concurrence effrénée qui va de pair avec l’effacement de la nation et de la souveraineté populaire. C’est une des raisons pour lesquelles les défenseurs de cette Europe ont méprisé les peuples, comme le notre, qui avait osé voter contre leur Traité constitutionnel en 2005.
Voilà ce qui l’a menée à la crise démocratique que nous connaissons et qui se traduit par une immense défiance des électeurs à son égard.

Ailleurs, l’horizon est hélas tout aussi préoccupant. Alors que se profile un nouveau krach financier, encore plus dévastateur que le précédent, des guerres commerciales, et même désormais monétaires, mettent aux prises des grandes puissances et des multinationales.
Guerres économiques, diplomatie de la gâchette, multiplication des conflits armés, record du nombre des réfugié•e•s , de pauvreté, voila l’horizon de ce 21eme siècle !!
Comme toujours, les prêcheurs de haine font leur miel d’un tel climat. Ils conquièrent sans cesse de nouvelles positions, et parviennent même à se hisser à la tête de nombreux pays.
Comme hier, ils soufflent sur les braises des orgueils nationaux et des querelles ancestrales de territoires. Ils attisent le racisme, ils prospèrent sur les peurs face aux flux de réfugiés ou encore face aux terrorismes. Comment analyser autrement les résultats en Allemagne où l’ AFD, parti nazi, arrive en deuxième position aujourd’hui ?
Interrogeons-nous en cet instant sur la politique, sur son rôle : n’est-il pas justement d’élever la conscience des hommes et des femmes, de faire grandir en eux ce qu’il y a de plus beau : la solidarité, l’échange, le partage, l’amour de son prochain, l’ambition de faire vivre ensemble une communauté humaine, dans toute sa diversité, de trouver des solutions pour relever chaque défi tout en respectant la dignité humaine et l’intérêt général ?
Est-ce cela que nous voyons aujourd’hui ? Non et c’est même le contraire ! Nous voyons comment des responsables politiques flattent les plus bas instincts qui existent aussi en chacun d’entre nous tel que la jalousie, l’égoïsme, l’individualisme ou même la peur quand ils devraient au contraire tout faire pour les repousser.
Comment justifier la manière dont l’Union européenne traite la question des réfugiés si ce n’est pour exciter les peurs, les fantasmes et faire grandir la haine de l’autre, de l’étranger? Les partis d’Extrême-droite n’ont plus qu’a ramasser la mise pour devenir l’exutoire de toutes les colères, y compris sociales.
Ces forces d’extrême-droite profitent aussi, il faut le reconnaître, des déceptions, des impasses dans lesquelles s’est enfermée une large partie de la gauche et des forces progressistes et écologistes.
Et c’est là, dans la reconstruction d’un projet d’émancipation humaine pour sortir des logiques terrifiantes du capitalisme, que l’apport de Jaurès nous est essentiel.

D’abord pour son inlassable combat en faveur de la République.
Une République issue de la Révolution française, une République toujours populaire, sachant se remettre en cause pour être toujours plus à même de répondre à ses fondamentaux: liberté, égalité, fraternité.
Une République indissociable de l’exigence de démocratie et protégeant la souveraineté du peuple;
Une République défendant l’intérêt général compris comme le souci de répondre aux besoins du grand nombre plutôt qu’à la soif illimitée d’enrichissement de quelques-uns ;

Une République qui promeut le « droit à l’existence » prenant le pas sur le droit de propriété, selon les belles paroles de Robespierre ;
Une République qui fait vivre la laïcité, garantissant la liberté de conscience tout comme la séparation intransigeante des sphères publique et privée.
Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste », termes qu’il employa indistinctement tout au long de sa vie.
En cela, même s’il lui fallut affronter bien des polémiques dans son propre camp. Jaurès se situait bel et bien dans la lignée de Marx, qui avait lui-même écrit : « La Révolution française a fait éclore des idées qui mènent au-delà des idées de l’ancien ordre du monde. Le mouvement révolutionnaire qui prit naissance en 1789 (...) avait fait éclore l’idée communiste. »

Les communistes sont fiers d’avoir inscrit leur histoire dans cette continuité. Quand ils se portèrent en première ligne des batailles pour la laïcité, contre la xénophobie ou les clans colonialistes qui ne cessèrent de contester la République.
Quand ils contribuèrent à prolonger l’action armée contre l’occupant hitlérien et le régime de Vichy par ce programme si ambitieux qui fut la grande œuvre du Conseil national de la Résistance.
Quand ils firent de l’école publique, question qui fut au cœur de la visée jauressienne, le premier des piliers d’une République de l’intelligence et du savoir, ouvrant à la jeunesse et au corps citoyen la voie de l’émancipation et du courage.
Quand ils furent à l’initiative de propositions audacieuses pour rendre la République pleinement démocratique et briser cette frontière invisible qui lui interdisait de pénétrer sur les lieux de travail.
Permettez-moi de m’arrêter un instant sur ce point.
Lorsque, aujourd’hui, nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle, ou contre ces réformes constitutionnelles qui laissent entendre qu’il y a plus de démocratie avec moins de parlementaires, nous assumons entièrement l’héritage de Jaurès, qui sera intervenu tant de fois sur ces questions.
De même, lorsque nous proposons que les salarié•e•s disposent de nouveaux droits à décider des choix faits dans leurs entreprises, nous partageons la colère qui était la sienne devant un système qui fait théoriquement du citoyen un souverain l’instant d’une élection, mais le laisse soumis au despotisme de son patron le reste du temps.
Oui, après Jaurès, nous affirmons à notre tour qu’il faut pousser la République jusqu’au bout, que la démocratie politique est inséparable de la démocratie dans l’entreprise et que doit enfin être proclamée ce qu’il nommait « la « souveraineté du travail ».

Mais la République de Jaurès s’incarne aussi dans une nation.
Et je tenais à m’exprimer ici sur ce sujet tellement il est insupportable de lire, d’entendre ici et là comment la nation est aujourd’hui réduite au nationalisme, au repli sur soi, à la division d’un peuple, et donc à l’opposé de ce qui la fonde. Oui c’est vraiment insupportable car les fondations d’une nation ne sont pas ethniques ou religieuses. Elle relève d’une construction politique, d’une histoire commune d’un peuple uni dans sa diversité.
La nation de Jaurès, et de tous les progressistes, est d’abord conçue comme une communauté de citoyens que ne se distinguent ni par leur origine, ni par leurs convictions intimes.
C’est en cela que la nation française, grandie par la Révolution de 1789, a pu d’emblée porter un message universel en direction des autres peuples d’Europe.Qu’elle a accompagné leur marche vers la liberté et l’indépendance.
Qu’elle a, dès ses premières années, affirmé une ambition de paix pour l’humanité tout entière. Et si, à son tour, elle s’est trouvée à divers moments précipitée par ses classes dirigeantes dans les guerres de conquêtes et de rapines, elle aura toujours trouvé en son sein les ressorts du retour à ses idéaux d’origine.
De ce point de vue, l’attachement de Jaurès à la nation française, son « patriotisme » revendiqué qu’il opposait au nationalisme belliciste, fut jusqu’à son dernier souffle indissociable de son action internationaliste. Et, plus particulièrement, de son combat pour la paix dès qu’il sentit que le choc des cupidités impérialistes pouvait la mettre en grand péril. Il ne cessa, pour cette raison, d’inciter les travailleurs à ne pas laisser la nation aux mains de ceux qui l’emmenaient à sa perte. « Plus les ouvriers sont une classe, plus ils sont une patrie: ils auront tout à fait la patrie quand ils seront la classe souveraine », avertissait-il.
Quoi de plus actuel que cette approche ?

Je l’ai dit en commençant, chacune et chacun d’entre nous sent bien que notre monde est en train de basculer dans l’inconnu. Tout a été fait, depuis trois ou quatre décennies, au nom d’une globalisation supposée « heureuse », pour effacer jusqu’à l’idée de nation et ainsi priver les peuples de leurs droits fondamentaux.
En gommant l’idée d’une nation porteuse de progrès, d’humanité, voire l’idée même qu’une nation pouvait encore exister, la classe dominante, les milieux d’affaires, la finance remettent en cause les conquêtes d’un peuple, sa souveraineté et son aspiration à une vie digne et heureuse.
Et pourtant. Une nation porteuse de progrès c’est celle qui s’engage à éradiquer le chômage et la pauvreté, à lier la justice sociale et la justice climatique, à protéger chaque vie et chacun des instants de la vie d’un homme ou d’une femme, de celles et de ceux qui forment le peuple, notre peuple. Le peuple et la nation. La nation et le peuple, intimement liés et forts, en France, de ces conquêtes sociales, de l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République, de la Résistance et de ses Jours Heureux, promis à tous ses citoyens, dans le respect des origines et des confessions de chacun.
Nous voulons redonner du sens à la nation, indéfectiblement liée au peuple, à sa souveraineté, à son indépendance qui lui ont permis de mettre en oeuvre le programme des Jours Heureux issu du Conseil National de la Résistance. Oui, les français sont fiers de cette histoire qui nous a permis de bâtir cette exception française que sont les services publics et la Sécurité Sociale.
Et si nous voulons redonner du sens à la nation, à notre souveraineté, c’est bien pour redonner aux français le droit de s’affranchir des Traités qui nous emprisonnent, c’est pour redonner sa liberté au peuple, à la France, de mettre en place par exemple une Sécurité Sociale du 21ème siècle, digne d’Ambroise Croisa ou pour redonner de nouveaux droits aux salariés dans les entreprises.
Retrouver notre indépendance et notre souveraineté, ce n’est pas pour nous enfermer dans des frontières, ce n’est pas pour exclure des citoyens en fonction de la couleur de leur origine, de leur religion, c’est pour redonner la liberté au peuple de déterminer ses choix et notamment de pouvoir voter un budget sans avoir à le faire valider par Bruxelles !
Mais voilà ! Tout est fait pour déposséder les peuples de leurs souveraineté, pour gommer toute référence à la nation. Et pour renvoyer les colères vers les forces d’extrême droite.
Le sentiment national d’un peuple existe toujours et se réveille à mesure qu’il se sent dépossédé de tout contrôle sur son existence.
Et ce noble sentiment est détourné par des droites extrémistes ou fascisantes, qui encouragent le fanatisme, la violence, le plus odieux des racismes, l’opposition des peuples entre eux. Ici même, de la droite qui se voulait jusqu’alors « républicaine » mais qui court désormais derrière l’extrême-droite, resurgit le vieux fantasme de l’abandon du droit du sol, alors que celui-ci est antérieur à la Révolution française.

Raison de plus pour défendre plus que jamais une autre conception de la nation. Jaurès, mieux que tant d’autres, l’avait compris, qui s’en prenait à ceux qu’il baptisait « les chacals du patriotisme rétrograde ».
Devant l’Assemblée, il précisait : « La classe ouvrière défendra l’idée de la patrie, mais elle ne sera pas dupe de ceux qui essaient d’exploiter l’idée de patrie elle- même dans un intérêt de classe ; elle essayera par un incessant effort de substituer à une patrie d’inégalités et de privilèges une patrie de pleine d’égalité sociale qui s’harmonise par là avec les autres patries. »
Les peuples ont leurs histoires, tourmentées et contradictoires certainement, mais qui ont imprégné leurs modes de vie et de pensée. Ces caractéristiques donnent aux nations leur consistante sociale.
Mais surtout, et c’est là pour nous l’essentiel de la nation : c’est le cadre privilégié, normalement indépassable, de l’exercice de la démocratie, de la souveraineté.

Oui le cadre de la nation reste un levier pour résister aux entreprises destructrices du capital, défendre par exemple l’industrie face aux délocalisations ou l’agriculture face à l’agrobusiness. C’est au nom d’une nation souveraine, à l’écoute de son peuple, qu’il est légitime de faire avancer des politiques publiques de progrès.
C’est aussi un point d’appui pour les mouvements populaires au-delà de leurs frontières.
C’est, par conséquent, un vrai danger de laisser la nation, un peuple, ses droits se dissoudre dans l’adhésion à un marché économique aux prétentions universelles. Et c’en est un autre, tout aussi dangereux, que de croire bâtir l’Europe en effaçant la souveraineté de ses nations et des peuples dans la construction fédéraliste que promeut l’idéologie néolibérale. Tout ce qui uniformise représente un appauvrissement politique, social et culturel, une régression totale...
Notre vision de la nation française, celle de Jaurès hier, celle qui a donné tout son sens à nos propres engagements depuis, ne relèvera jamais d’une vision qui exclut, qui stigmatise les individus ou qui les sélectionne en fonction de leurs origines et de leurs particularités.
Elle procède au contraire d’une approche démocratique qui vise à rassembler, unir des citoyennes, des citoyens, par- delà les différences de culture et d’histoire, dans une communauté humaine soudée par une communauté de destin.
Cette démarche d’ouverture, nous l’appliquons évidemment aux relations que doit entretenir la France avec les autres pays. Notre attachement à notre propre pays n’est pas synonyme de concurrence avec eux, encore moins d’affrontement sur le théâtre international.
Nous en appelons plutôt à bannir toutes les logiques de confrontation et de domination, à renoncer aux surenchères militaristes. Nous sommes les protagonistes infatigables de la construction de nouveaux liens d’amitié et de coopération entre les peuples.

Ainsi, en Europe, nous l’avons dit et répété à l’occasion des élections de mai dernier avec Ian BROSSAT, notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées.
Jaurès, à son époque, faisait découler l’organisation de la paix mondiale de la défense conjointe de l’indépendance nationale, de la démocratie et du socialisme. Une paix qui passait à ses yeux par le respect des intégrités nationales, le rejet de toutes les oppressions, pour promouvoir l’arbitrage international et la sécurité collective. Tout cela s’imbriquait dans sa célèbre formule : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène. »
Nous reprenons ce flambeau, devant les dangers qui guettent de nouveau la civilisation humaine. Comme je l’ai fait à l’occasion de notre dernière université d’été, nous proposons ainsi que la France, plutôt que de suivre l’administration TRUMP dans ses surenchères atlantistes, comme le fait hélas Monsieur MACRON, s’adresse aux Nations unies, pour un nouvel ordre mondial favorisant le dialogue et la coopération entre les peuples. La France devrait même demander à renforcer les prérogatives de L’Onu pour qu’elle mène le combat en faveur du climat et pour une plus grande justice fiscale dans le monde.
Ce serait l’occasion de réclamer le désarmement général, l’abolition de l’arme nucléaire, une nouvelle organisation de la sécurité collective et un développement économique aussi partagé que protecteur des grands équilibres écologiques. C’est, nous semble-t-il, le rôle que lui assignent à la fois son histoire et l’écho dont bénéficie sa parole dans le monde. C’est le rôle conforme à son « génie », aurait dit Jaurès.
Défendre la paix et l’indépendance de notre pays, pousser les principes de la République jusqu’à la sortie d’un capitalisme dévastateur, ne sera toutefois possible que si le monde du travail redevient un acteur puissant et écouté. Un acteur conscient de ce combat pour la sauvegarde de l’humanité, qui devra rassembler autour de lui toutes celles et tous ceux qui aspirent à un autre avenir. C’est l’autre enseignement que nous retirons de l’œuvre de Jaurès.
Sa vie, de parlementaire ou de journaliste, d’intellectuel et de dirigeant politique, se confondit avec le soutien aux luttes sociales, de celle des traminots de Toulouse à celles des mineurs de Carmaux ou des verriers d’Albi. Sans parler de sa campagne pour faire libérer l’ouvrier Jules DURAND, condamné à mort pour ses activités de syndicaliste. Comme il l’écrivait, « la dignité de la classe ouvrière est une des richesses essentielles de la France. »
C’est également notre conviction, à l’heure où le salariat est devenu l’écrasante majorité de la population active d’un pays comme le nôtre, et où, au grand dam du président des ultrariches, chaque mobilisation remet la « question sociale » à l’ordre du jour.
Voilà pourquoi nous voulions, ici, à Toulouse dont il fut l’élu, au cœur de cette Occitanie qui lui était si chère, marquer avec force l’actualité du « Grand Jaurès ». Pour le Parti communiste, bien sûr, mais au-delà, pour redonner du sens et de la force à la république française et à l’union du peuple de France. Oui nous voulons de nouveau voir flotter ensemble le drapeau bleu blanc rouge de la France au coté du drapeau rouge du mouvement ouvrier, défendre un projet de société qui place l’être humain et la planète au cœur de son projet mais remet aussi au centre de ses combats, la démocratie et la souveraineté du peuple de France !
source : http://www.pcf.fr/actualite_discours_de_fabien_roussel_colloque_jean_jaur_s_toulouse
Finimore
pzorba75 a écrit :

La dérive vient de loin, essentiellement du choix de l'union de la gauche, initiée au moment du front populaire dès 1935.


En fait tu donnes une réponse (un peu rapide) concernant la période 1936, qui elle-même est à resituer dans la stratégie antifasciste des années 30 (Staline-Dimitrov). La réponse que tu fais, ne me semble pas être très différente des analyses de certains courants trotskistes ou des maximalistes de l'ultragauche. Le site des EP a publié des textes sur l'histoire du PCF et notamment une brochure de 1969 du groupe Ligne Rouge intitulée "Staline contre le révisionnisme". Cette brochure revient sur certaines critiques faites dans le cadre du Mouvement Communiste International au PCF et notamment sur la question des alliances et de la gauche.
http://editions-proletariennes.fr/Dochml/presse/brochures/lignerouge/stalinecontrelerevisionnis.htm
pzorba75
Xuan a écrit :

Le PCF est bien bas, cependant le réseau faire vivre en fait partie.
Il y a d'authentiques communistes dans et hors le PCF maintenant.

Ces communistes authentiques sont souvent des retraités grisonnants ou des cadres moyens ou supérieurs de la Fonction publique territoriale ou hospitalière, exceptionnellement des militants ouvriers (plus d' ouvriers paysans en France avec la mécanisation à outrance) rodés aux luttes contre le patronat et les "préfets" de l'ordre républicain. Ce sont finalement des intellectuels se complaisant dans des débats théoriques ou historiques mais sans aucune base permettant la mobilisation pour une révolution socialiste, au sens historique, très bon pour un débat autour d'une bonne bière.
Les candidats présentés par le PCF et ses élus les plus jeunes ne sont plus issus de la classe ouvrière, ce sont des représentants d'une bourgeoisie d'état, prêts à toutes les magouilles électorales, faudrait-il faire du sociétal plutôt que du social et du politique.
Les scores actuels à tous les scrutins accentuent cette tendance conservatrice et privent les militants authentiques des ressources pour être visibles et créer l'adhésion au projet révolutionnaire que les communistes se doivent de défendre.
Xuan
Le PCF est bien bas, cependant le réseau faire vivre en fait partie.
Il y a d'authentiques communistes dans et hors le PCF maintenant.
pzorba75
Xuan a écrit :

Le réseau "faire vivre" publie un article sur le départ calamiteux de Tsipras

Grèce : défaite logique de Tsipras





Quand un parti politique reçoit le soutien des dirigeants de la secte nommée "PCF - Parti Communiste Français", sa fin est proche. Et dans pas longtemps, il y aura d'avantage de dirigeants au PCF que de bulletins de vote communiste dans les urnes. La dérive vient de loin, essentiellement du choix de l'union de la gauche, initiée au moment du front populaire dès 1935.
Xuan
Le réseau "faire vivre" publie un article sur le départ calamiteux de Tsipras

Grèce : défaite logique de Tsipras



http://lepcf.fr/spip.php?page=article&id_article=4272
Une analyse du dernier scrutin grec (législatives du 7 juillet 2019) publié sur le magazine Marianne et écrit par Olivier Delorme, écrivain, historien et auteur de "La Grèce et les Balkans, du Vème siècle à nos jours" (Gallimard, 2013) et "30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe" (H&O, 2016). Ce que l’auteur ne dit pas, c’est que Tsipras, ce Macron grec, copine depuis longtemps avec Pierre Laurent. N’oublions pas que sous sa direction et celle de Buffet, le KKE (parti communiste grec) a été évincé de la fête de l’Huma au profit de Syriza qui, chaque année, nous vante sans honte les formidables avancées du gouvernement Tsipras, de quoi refroidir les quelques travailleurs français qui voudraient rejoindre le PCF. Qui se souvient également de la préface au bouquin de Pierre Laurent "Maintenant, prenez le pouvoir", préface signée par Tsipras ? Il y a encore du boulot pour remettre en état de marche le PCF, et notamment faire le ménage dans ses relations internationales...
PB

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Hier, les Grecs ont sèchement congédié Alexis Tsipras, arrivé au pouvoir après les élections législatives de janvier 2015. Ces élections du 7 juillet 2019 sont celles qui ont le moins mobilisé les électeurs (42,08 % d’abstention) depuis le rétablissement de la démocratie en 1974 à l’exception du scrutin de septembre 2015 (43,43 %) consécutif à la trahison par Tsipras des résultats du référendum de juillet. Elles sont aussi celles où, depuis plus de trente ans, le parti arrivé en deuxième position affiche, avec 31,5 % pour Syriza, l’un des plus bas scores, et l’un des plus importants écarts (8,32 %) avec le parti majoritaire, Nouvelle démocratie (39,85 %) qui, avec 158 sièges sur 300 au Parlement, gagne une majorité absolue qu’aucun parti n’avait plus obtenue depuis 2009.

Tragédie grecque
C’est que, contrairement à ce que chantent sur tous les tons depuis des mois les dirigeants européens, la presse occidentale dans sa quasi-totalité et Tsipras lui-même, la Grèce ne va pas mieux. Sauf à considérer qu’un excédent budgétaire primaire exclusivement utilisé à payer des créanciers qui font leur beurre avec la dette grecque serait un signe de santé retrouvée. Alors même que cette dette, après dix ans de déflation imposée par l’UE, est au plus haut par rapport à un PIB qui a fondu dans des proportions qui rendent insignifiant le vague rebond de la croissance depuis deux ans.
C’est aussi que le peuple grec ne partage pas l’avis des dirigeants européens et de la presse occidentale dans sa quasi-totalité, quand ils célèbrent en Tsipras la mutation d’un leader qui se présentait de gauche radicale et qui était donc, forcément, un démagogue irresponsable, en homme d’État qui a eu le courage d’imposer les réformes et les sacrifices, durs mais nécessaires, différés depuis trop longtemps.

Car la novlangue euro-libérale ne peut indéfiniment masquer les réalités tragiques de ces réformes et de ces sacrifices dont Syriza et Tsipras se sont faits les agents zélés, le mémorandum qu’ils ont accepté de mettre en œuvre à l’été 2015 – concocté par l’UE, la BCE et le FMI – étant pire que les deux précédents réunis. Ces réalités, ce sont un chômage de masse qui n’a fléchi qu’en raison de départs en émigration qui vident le pays de ses forces vives et de ses capacités de rebond. Ce sont la vaporisation du droit du travail, l’effondrement des revenus des ménages (entre 30 % et 50 % en dix ans), la spoliation des biens immobiliers des petits propriétaires endettés auprès du fisc ou des banques (Syriza ayant fait sauter, sous pression européenne, la sanctuarisation du domicile principal), le bradage des infrastructures et des biens communs de toute sorte à des intérêts privés étrangers, l’insécurité alimentaire, énergétique et la privation d’accès aux soins pour un nombre croissant de Grecs, le délabrement accéléré du système éducatif et de l’hôpital publics… Toutes choses qui correspondent évidemment à ce qu’attendait l’électorat qui a porté au pouvoir Syriza en 2015 !

Au final, ce à quoi Alexis Tsipras a présidé, durant quatre ans et demi, c’est à l’extinction de la classe moyenne grecque : aujourd’hui, ce sont les deux tiers des Grecs qui se trouvent sous le seuil de pauvreté ou menacés d’y sombrer à plus ou moins brève échéance. Quand un tiers continue pour l’heure à s’en tirer tant bien que mal, et qu’une mince couche (d’une bourgeoisie que les marxistes d’antan appelaient compradore et qui, parfaitement à l’aise dans la mondialisation dès avant la mondialisation – les armateurs par exemple – a toujours fondé sa fortune sur son rôle d’intermédiaire avec un étranger dominant) a continué à s’enrichir sans avoir jamais rien eu à redouter d’un gouvernement de gauche radicale.

Tsipras : du combat syndical à la capitulation néolibérale
Quant à l’homme Tsipras, son itinéraire fut celui d’un syndicaliste étudiant passé aux responsabilités politiques, directement et avec une rapidité étonnante, lorsque se constitua, en 2004, la Coalition de la gauche radicale (Syriza), fédération de formations comprenant des dissidents du Parti communiste qui avaient quitté la maison mère en plusieurs vagues, des militants de différents courants d’extrême gauche, d’eurosceptiques, d’écologistes, de mouvements citoyens… C’est à Alékos Alavanos, premier président de Syriza (2004-2009), que le jeune homme pressé de 35 ans dut son ascension fulgurante à la tête du parti en 2009 : Alavanos quittera Syriza en 2011 avec des mots très durs pour ce poulain qu’il a poussé et qui va se révéler un politicien à l’opportunisme et au sens tactique redoutables – faute de vision stratégique, comme le montrera sa pratique du pouvoir.
C’est à cette époque, et sous l’impulsion de Tsipras, que Syriza change de nature. Boîte à idées plus que formation qui compte sur l’échiquier électoral, la crise de 2009-2010 le transforme, pour beaucoup de Grecs, en recours face à un bipartisme épuisé qui règne en maître depuis 1981. Tsipras affiche alors son soutien aux puissantes manifestations contre les premiers mémorandums et affirme vouloir rompre avec leur logique austéritaire.

Par ailleurs, la capitulation du gouvernement socialiste de Georgios Papandréou devant l’UE, la BCE et le FMI, l’entrée du Parti socialiste panhellénique (PASOK) dans le gouvernement du banquier non élu Papadimos (2011-2012) aux côtés de la droite et de l’extrême droite, imposé au terme d’un véritable coup d’État européen, déchaîne une vague de haine populaire contre les hiérarques et élus de ce parti. Beaucoup choisissent alors de quitter le navire en perdition et tentent de sauver un siège ou une carrière en ralliant Syriza. Leur poids ne cessera plus d’en infléchir la ligne. D’autant que Syriza passe de 4,6 % aux législatives de 2009 à 16,8 % lors de celles de mai 2012 qui donnent une chambre ingouvernable et à 26,9 % lors du scrutin de juin. Tsipras comprend alors qu’il a l’opportunité d’occuper la place laissée vacante par un PASOK en déroute, dans un paysage politique en ruines : le programme du parti est revisité dans la précipitation afin de le rendre compatible avec les exigences européennes et celles des marchés.

Mais bien plus que sur un programme, c’est sur deux mots d’ordre – le retour à la dignité nationale et "plus un sacrifice pour l’euro" – que Tsipras et Syriza remportent 36,3 % des suffrages en janvier 2015, ne ratant que de quelques sièges la majorité absolue à l’Assemblée.

Dès lors s’engage un bras de fer avec les créanciers – réel ou mimé, il est impossible de trancher aujourd’hui, mais la suite justifie qu’on pose la question. Dès l’accord intérimaire de février 2015 avec ces créanciers, le vieux et inflexible résistant Manolis Glézos, maintes fois arrêté, torturé, détenu entre 1941 et 1974, deux fois condamné à mort, élu européen de Syriza en 2014, sonne l’alarme avec des mots très durs sur la dérive d’un pouvoir dans lequel il ne se reconnaît plus. Puis ce sera l’épisode du référendum de juillet : organisé par Tsipras pour être perdu et ne pas endosser la responsabilité d’une politique qu’il avait déjà acceptée ? Là encore il faut poser la question sans pouvoir y répondre.

Dès lors, le peuple grec ayant refusé la soumission dans un réflexe patriotique dépassant largement l’électorat de Syriza, et Tsipras ayant choisi d’en trahir aussitôt le résultat, s’amorce une suite sans fin de capitulations masquées derrière des discours en forme de communiqués de victoire. Tandis qu’une partie des premières équipes de Syriza se retire de la politique, d’autres tentent de créer des formations d’opposition qui ne percent pas (le 7 juillet, la formation de l’ex-ministre des Finances Varoufakis a cependant franchi tout juste le seuil d’éligibilité des 3 %), tant le fait d’avoir été associé au premier gouvernement Tsipras génère le discrédit. Tant la trahison par Tsipras des promesses qui l’avaient porté au pouvoir génère le discrédit DU politique.

Enfin, la signature des accords de Prespa avec la République dite désormais de Macédoine du Nord, sous la pression intense de l’Allemagne et des États-Unis afin d’étendre l’OTAN dans le cadre de la néo-guerre froide anti-russe (extension bloquée jusque-là par le veto grec), a paru à beaucoup de Grecs comme une trahison des intérêts fondamentaux du pays. Car il a réveillé les souvenirs de la slavisation forcée de la Macédoine grecque durant l’occupation bulgare de 1941-1944, comme ceux de la guerre civile des années 1946-1949, dans laquelle le Parti communiste grec paya le soutien yougoslave de son ralliement à un projet de rattachement de la Macédoine grecque à un État macédonien socialiste à majorité slave : hier, Syriza a perdu entre 9 % et 15 % dans les départements du nord du pays.

Sans doute, dans leur grande majorité, les Grecs n’attendent-ils rien – et surtout rien de bon – d’une droite dirigée par une caricature du vieux système clanico-clientéliste qu’ils avaient voulu congédier en votant Syriza en 2015. Mais voilà, depuis les élections de septembre 2015 qui, malgré la trahison des résultats du référendum, avaient confirmé le rejet du vieux système et donné sa chance à Syriza, le désarroi devant les reniements de Tsipras s’est transformé en colère, la colère en rage, et parfois en haine, pour un parti et un homme qui avaient promis le retour à la dignité et la fin de l’austérité alors qu’ils ont seulement démontré que, dans le cadre de l’UE et de l’euro, la gauche radicale est une droite comme les autres.

Publié sur le magazine Marianne
Xuan
Le texte du CEN dont il est question ci-dessus. Les dirigeants révisionnistes se sont mis dans une impasse et font des pieds et des mains pour en sortir, y compris avec une "carte pétition" destinée à cautionner leur ligne de capitulation :

Texte du document de travail du Comité Exécutif National du PCF en date du 17 juillet



GRECE : Document de travail du PCF

Ce texte est une première analyse, encore à chaud, de la situation. Tant sur l’analyse que sur les leçons à tirer, il faudra prendre le temps d’approfondir, avec le recul et en tenant compte des évolutions des semaines à venir. La situation reste très instable. Face à l’urgence, nous posons des questions et ouvrons des pistes pour nos luttes, avec comme ligne de mire la nécessaire élévation de notre bataille en France et en Europe.



***


La Grèce est en première ligne de la lutte des classes en Europe. Depuis la victoire de Syriza en Grèce le 25 janvier, et a fortiori à travers la dernière séquence politique des négociations dans la zone euro, a mis en lumière la violence avec laquelle une droite au service de la finance, s’appuyant sur l’extrême droite et bénéficiant du silence complice des autres, a pu piétiner la démocratie et punir un peuple, qui a osé dire non à l’austérité. Malgré le courage de Tsipras et la maturation politique qu’a permis son combat dans toute l’Europe, de lourdes questions sont posées pour les forces progressistes de nos pays, au premier rang desquels, le rôle que nous devons jouer pour élever assez haut le niveau de débat politique et de rapport de forces en Europe, pour desserrer l’étau sur le peuple grec et ne pas laisser isolé le seul gouvernement de gauche en Europe.



LE GOUVERNEMENT TSIPRAS : UNE LUTTE PERMANENTE CONTRE LE COUP D’ETAT FINANCIER ET LA DESTABILISATION POLITIQUE.




Dans une Europe dominée par le consensus libéral entre forces de droite et social-démocrates, dès le 25 janvier, jour de leur victoire électorale, le gouvernement Tsipras et Syriza sont devenus les ennemis de tous, l’expérience alternative à détruire.



25 janvier – 25 juin : 5 mois de luttes pour la sortie de l’austérité, la relance économique et l’assainissement de la vie publique grecque, sous asphyxie financière

Le 20 février, après de difficiles négociations, la Grèce signe l’accord-pont avec l’Eurogroup. Objectif : allonger le programme de financement précédent le temps de prendre les mesures urgentes et préparer un programme de financement durable à négocier en juin. Loi humanitaire, réintégration de fonctionnaires, réouverture ERT, droit du sol, lutte contre la corruption et commission vérité sur la dette : le gouvernement Tsipras inscrit sa politique à gauche. Pendant ce temps, les termes de l’accord ne sont pas respectés par les créanciers et aucun financement n’est versé. La BCE commence à multiplier les conditionnalités pour l’accès à ses financements : l’asphyxie financière a commencé dès la victoire de Syriza.

La tentative de coup d’État financier, le référendum

Le mandat donné par le peuple grec « Sortir de l’austérité, rester dans l’euro » a conduit le gouvernement Tsipras a une démarche de négociations depuis son élection. Depuis, ni le mandat, ni la démarche n’ont changé jusqu’ici. Le 25 juin, alors qu’un accord était « à portée de main », le FMI rompt les négociations du plan de financement durable en faisant une contre proposition inacceptable. Tsipras décide alors de convoquer un referendum et appelle à voter NON à la proposition des créanciers. La réponse des forces néolibérales est celle de la pression politique et financière – une stratégie de la destabilisation et de la peur – pour peser sur le referendum.

Quelques jours avant, Samaras (leader de l’opposition grecque) appelait à un gouvernement d’Union nationale et le Président de To Potami (un parti fondé par les anciens du Pasok et pro-austérité ) était reçu en grandes pompes dans toutes les institutions européennes. L’eurogroup du 27 juin décide, sans le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, de terminer au 30 juin le programme financier en cours. Le lendemain, conséquence logique, la BCE annonçait la coupure des liquidités pour les banques grecques à la même date. Ce chantage financier a contraint le gouvernement grec à mettre en place une procédure de contrôle des capitaux et à fermer les banques, puis à faire défaut au remboursement du FMI.

L’offensive médiatique et politique est coordonnée autour d’au moins deux axes : Tsipras est irresponsable, c’est lui qui a fait échouer les négociations / la question du referendum est pour ou contre la sortie de l’Euro. Le 5 juillet, le NON l’emporte avec 61 %. Tsipras est renforcé et compte toujours négocier. Il s’appuie sur le referendum pour inclure dans les négociations un rééchelonnement de la dette et un plan d’investissement pour la croissance issu du plan Juncker. Son objectif est un programme de financement durable pour stabiliser la Grèce et relancer l’économie.

2/ LE 13 JUILLET, UN TOURNANT HISTORIQUE


L’Europe est ébranlée par le tournant pris au sein de l’Eurozone ces dernières semaines.

Une méthode de « gangsters »

Le Grexit était l’option choisie par Angela Merkel et les droites dures d’Europe (ex : le gouvernement Finlandais de droite/extrême droite) dès le début et jusqu’au dernier moment. Le but déclaré des dirigeants allemands était la “suspension provisoire “, autrement dit l’expulsion de la Grèce de la zone euro, quitte à ouvrir, pour ce pays au bord de la banqueroute, une ère cauchemardesque, et d’entraîner l’Europe elle-même dans une aventure très périlleuse. Quant à la dette grecque, les dirigeants allemands ne voulaient plus en entendre parler. Ils n’entendaient pas davantage consentir de nouveaux prêts à un Etat dirigé par un gouvernement qui a osé le défier jusqu’à organiser un référendum au verdict humiliant pour ceux qui se voient comme les maîtres de l’Europe. La Banque centrale européenne devait continuer à servir d’instrument pour ce coup d’Etat financier. Tout au long du week-end ce « bloc des durs », n’a cessé de faire des propositions provocatrices, humiliantes et inacceptables pour le gouvernement Tsipras, cherchant à ce qu’il quitte la table des négociations.

Un mauvais accord signé « le couteau sous la gorge »

Les mesures imposées dans ce contexte à Athènes sont socialement inhumaines, économiquement contre-productives et politiquement scandaleuses -incluant des violations extrêmement graves de la souveraineté du pays. Le paroxysme est, à cet égard, atteint avec la création d’un “fonds pour les privatisations” : visant à gager des actifs publics d’un montant démentiel -plus d’un quart du Produit Intérieur Brut de la Grèce !- et soustrait à la maîtrise du gouvernement pour la gestion des recettes attendues. Une mesure scélérate s’il en est. Le Grexit n’est pas écarté. Il reste le choix du gouvernement allemand et l’accord ne comporte aucune garantie de déblocage des financements, au contraire, il impose de nouvelles conditionnalités.

Le choix politique d’Alexis Tsipras : signer un mauvais accord pour éviter le désastre , stopper l’asphyxie financière du pays et la mort à petit feu, empêcher le grexit et la mort subite. Il a favorisé la survie financière du pays. Il a pris ses responsabilités de Premier ministre face aux exigences extravagantes des créanciers, à la possibilité d’un effondrement immédiat du système bancaire et la sortie de l’euro et la « sortie ordonnée » de l’euro préconisée par Schaüble, et même par certains à gauche. La Grèce n’est pas sortie de l’euro, conformément au souhait de 75 % de la population. Donc, pour l’instant, l’objectif de Schaüble n’est pas atteint.Le gouvernement Tsipras est toujours en place et bénéficie d’un très large soutien dans la population grecque. Le deuxième objectif de Schaüble n’est donc pas atteint. Le texte de l’accord a été adopté au Parlement grec dans la nuit de mercredi à jeudi. Dans le groupe de Syriza, la majorité a voté pour, 32 contre dont des personnalités « phares » (Konstantopoulou, Varoufakis), 6 abstentions et une absence. Le CC de Syriza appellait à voter contre. Nous devons être très vigilants à ne pas nous immiscer dans les débats internes de Syriza.

Le vote des communistes au Parlement français

C’est principalement le contenu de cet accord qui a conduit nos députés et sénateurs à voter contre au Parlement Français. Il s’est agit également de marquer notre rejet de la brutalité de la méthode Schauble et notre mécontentement que la France ait laissé faire. C’est aussi un vote de combat, un vote en soutien au peuple grec et à Tsipras. Pierre Laurent au Sénat « Notre vote est aujourd’hui un acte de lutte et de solidarité aux côtés du peuple grec, d’Alexis Tsipras et de nos camarades de Syriza. Nous sommes solidaires de leurs choix et assumons leur difficile et courageux combat. Nous sommes à leurs côtés pour dire non à l’expulsion de la Grèce. Mais nous disons d’un même mouvement, au nom de la France, que l’accord scandaleux imposé à Bruxelles n’est pas digne de l’Europe et qu’aucun maintien dans l’euro ne le peut légitimer ».

3/ PERSPECTIVES DE COMBATS, DE REFLEXION, D’INITIATIVES POLITIQUES


Après les deux victoires du 25 janvier et du referendum, l’accord du 13 juillet est une défaite dans le combat pour imposer une solution viable et juste pour le peuple grec et les peuples européens. Mais la bataille continue. Le 13 juillet a été le paroxysme d’un aiguisement sans précédent de l’affrontement de classe en Europe. La lutte de Syriza et la résistance du gouvernement grec ont élevé le niveau d’affrontement, permis une maturation du combat et des consciences en Europe. Les 6 mois écoulés ont été une démonstration grandeur nature pour des millions d’Européens. A un peuple et un gouvernement qui refusent l’austérité, a répondu une violence inouïe du capital allemand et d’une partie des dirigeants européens. Ceux qui l’ont emporté cette fois peuvent le payer cher dans la durée, d’autant que l’accord s’avère sans issue pour le pays. Le PCF doit poursuivre le combat avec une intensité renouvelée dans ses initiatives de solidarité, mais aussi le recul nécessaire pour tirer les leçons de cette page sombre de l’histoire européenne, en dégager des perspectives de luttes.



Aider les Grecs dans l’immédiat

* Continuer à contester sur le fond la stratégie du choc et le contenu de l’accord

> Refuser l’austérité. Les Grecs, s’ils ont compris le dilemme auquel était confronté le gouvernement Tsipras, restent debouts contre l’austérité. Les gouvernements de la zone euro et la « troïka » n’ont pas réussi à neutraliser les effets du « non » au référendum en Grèce. En France, les sondages d’opinion montrent qu’une large majorité des Français rejettent ces politiques.
> Argumenter sur l’inéfficacité économique. Plusieurs voix diverses s’élèvent pour dire que l’« accord » du 13 juillet, contraire à tout bon sens économique, est inapplicable.
> « Lever la punition ». L’inqualifiable mise sous tutelle d’un pays membre de la zone euro, le fond de privatisations, la méthode autoritaire employée font débat, y compris en Allemagne, et les humiliations produisent de l’indignation très très largement dans les sociétés européennes. Même dans des cercles conservateurs, l’inquiétude grandit. Le gouvernement allemand notamment, « serait peut-être allé trop loin ». Des ruptures s’opèrent au sein du consensus libéral, il faut les utiliser.

* Devérouiller les financements

> Tout faire pour stopper l’asphyxie financière de la Grèce. La décision de l’Eurogroup « post-accord » a conduit la BCE à augmenter de 900 millions d’euros de l’aide d’urgence (ELA) aux banques grecques. Cela est non seulement insuffisant mais ne permet pas à la Grèce de voir venir au-delà d’une semaine. La BCE doit assurer la liquidité des banques grecques en augmentant suffisamment le plafond des liquidités d’urgence et en en diminuant le coût. Les banques grecques doivent pouvoir rouvrir pour les citoyens comme pour les PME.

> Argumenter sur la nécessaire restructuration de la dette. La dette grecque est non viable et l’accord, par ses conséquences récessives et les nouvelles recapitalisations des banques, peut la faire exploser à nouveau. La directrice générale du FMI, C. Lagarde vient de dire qu’elle devra être nécessairement restructurée. La BCE également.

> Agir pour que les financements de moyen terme, arrachés par la Grèce et destinés à la relance de l’économie, deviennent effectifs au plus vite. Plusieurs engagements figurent dans l’accord à la demande de la Grèce : un programme de refinancement de 82 à 85 milliards d’euros, un plan européen d’investissement pouvant aller jusqu’à 35 milliards d’euros.

> Créer un fonds de développement pour la Grèce, adossé à la BCE, pour que la création monétaire de la BCE soit utilisée pour l’économie grecque et non pour la spéculation financière. Ce fonds pourrait servir de modèle pour la création d’un fonds de même nature destiné à tous les pays européens.

> Débloquer les fonds structurels non utilisés, notamment pour aider la Grèce à accueillir les migrants. La République hellénique fait aujourd’hui face, avec l’Italie, à une situation humaine et sanitaire qu’elle ne peut régler seule, a fortiori dans les conditions de crise qu’elle connaît elle-même.

=> Le PCF fera signer cet été et jusqu’à la Fête de l’Humanité, une carte pétition. Les cartes pourraient être déposées dans un lieu symbolique.



Pousser la réflexion et le débat sur les solutions

Nous avons toujours rejeté les fondements libéraux de l’Union européenne. Tout, depuis Maastricht, et en particulier depuis l’éclatement de la crise financière mondiale de 2008 et son utilisation par les dirigeants européens pour accélérer le processus de libéralisation et de démembrement des modèles sociaux de nos pays, et le tournant pris par la zone euro à travers l’accord du 13 juillet, nous conforte dans ce rejet. Après ce précédent ultra-violent, nous entrons dans un nouveau cycle. Il est maintenant évident que l’Europe ne peut continuer ainsi. Une lutte s’ouvre au grand jour entre les tenants de l’ultralibéralisme, prêts à pousser encore et toujours la mise à genoux des peuples pour servir les intérêts de la bourgeoisie, les forces d’extrême droite qui cherchent à tirer profit de la crise pour rendre crédible leur projet nationaliste et xénophobe, et une troisième option, la nôtre, celle de la refondation de l’Europe pour une coopération régionale, solidaire et démocratique. L’aiguisement des contradictions sème une confusion et parfois du désarroi. Cela doit nous conduire, à moyen terme, à des approfondissements et des clarifications. Ce combat ne peut être abandonné devant l’ampleur de la tâche. Voici, basées sur les travaux de la dernière Convention Europe du PCF, quelques réflexion et pistes d’initiatives soumises au débat des communistes pour les semaines à venir.

* Concernant la sortie de la Grèce de la zone euro :

Devant la brutalité de cet accord, certains en viennent à penser que le grexit ne serait plus qu’un moindre mal. Quoi qu’il arrive, cette hypothèse ne peut qu’être une décision souveraine du peuple grec et nous rejetons toutes les tentatives de grexit forcé imposées par un ou plusieurs gouvernements européens, ainsi que par les créanciers. La Grèce ne peut, à nouveau, être le laboratoire d’expérimentation du pire. Cette hypothèse serait à ce stade une option extrêmement dangereuse pour plusieurs raisons :

> Economiques et sociales: Un « Grexit » signifierait une dévaluation estimée au minimum à 40 % et donc une perte de pouvoir d’achat de 40 % et une augmentation du coût de la dette de 40 %. Cela ne peut apporter aucun gain de compétitivité dans un pays où les salaires ont déjà baissé de 25 % et où l’appareil productif n’est pas capable de répondre à un surcroît de demande. Cela aurait pour effet immédiat une hausse des prix importés donc plus d’austérité salariale, une dette privée plus chère, des difficultés accrues pour financer les investissements et, finalement, une soumission encore plus forte à la finance. Par ailleurs, un « grexit » déclencherait des assauts spéculatifs massifs pour faire sortir d’autres pays de la zone euro, à commencer par l’Italie (2.070 milliards d’euros de dette), l’Espagne (966 milliards d’euros), le Portugal (219 milliards d’euros) et, probablement, la France ensuite. On entrerait dans une course sans fin de chaque pays aux dévaluations compétitives, anti-salariales et déflationnistes renforçant encore la guerre économique pour prendre des parts de marché au détriment des partenaires européens.

> Politiques : l’humiliation et la soumission contenues dans l’accord vont déjà laisser des traces dans les esprits en Grèce et partout en Europe. Mais le grexit serait la meilleure façon de légitimer le discours nationaliste de l’extrême droite (Aube dorée en Grèce, FN en France…), qui se prépare en se frottant les mains au choc des nations, comme elle se nourrit des divisions dans nos pays.

> Géopolitique : une déstabilisation de la Grèce, port méditerranéen aux portes du Moyen-Orient et pays d’accueil des migrants qui fuient la guerre et la famine, est un risque d’aggravation de la situation pour toute la région.

> Stratégique: dans notre bataille européenne commune, notre position est plus forte avec un gouvernement qui mène le combat politique au sein de la zone euro. C’est la raison principale pour laquelle Schauble et Merkel souhaitent le grexit : ils ne veulent pas que puisse exister une voix alternative à leur ordo-libéralisme. C’est pour cette même raison que les forces nationalistes et xénophobes prônent le grexit : leur alternative de repli nationaliste doit être la seule alternative.

* Concernant notre projet européen

La question de la refondation de l’Union européenne se pose plus que jamais
Beaucoup de propositions figurent dans le texte de la Convention Europe du PCF, d’autres – convergentes – émanent des textes du Parti de la gauche européenne et des débats du Forum européen des alternatives (une brochure est en cours de préparation). Nous pointons deux questions clés aujourd’hui.

> Pour ceux qui, à gauche, nourrissaient encore des doutes à ce sujet : la souveraineté populaire ne compte pour rien, aux yeux du pouvoir européen actuel, dès lors que ses “règles” sont remises en cause et que ses intérêts de classe sont en jeu. La démocratie est bel et bien au coeur des ruptures à opérer avec les règles et les institutions actuelles pour qui veut s’engager dans le combat pour la refondation de la construction européenne.

> Un débat est ouvert, notamment par la France, sur le modèle d’intégration de la zone euro. François Hollande, dans un entretien accordé au JDD, prone un nouveau saut fédéraliste pour la zone euro qui devrait constituer une « avant garde »: «J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un parlement pour en assurer le contrôle démocratique » . Après le 13 juillet, nous considérons que la conclusion qu’il tire est l’exact contraire du bon sens. D’abord parce qu’elle créée une Europe à deux vitesses entre la zone euro, intégrée au plus haut niveau, et une périphérie totalement écartée des choix majeurs en matière économique. Mais surtout parce qu’elle constitue une grave fuite en avant, au moment même, où la zone euro, et l’UE entière, devraient se questionner sur leur capacité à intégrer les différences entre ses pays membres et les choix souverains des peuples. A cette vision centralisatrice, qui nous soumettrait un peu plus à la loi du plus fort, nous opposons notre conceptiond’une Europe à géométrie choisie. Toute initiative non basée sur le consentement est vouée à l’échec. Le temps doit être pris pour négocier, dans la transparence et en conformité, non pas avec les principes libéraux et la loi des marchés, mais avec les aspirations populaires et les choix souverains des pays membres. La zone euro devrai se doter d’un Fonds européen destiné au développement des services publics et de l’emploi dans les pays membres. Ce Fonds, institution financière publique, serait financé par la BCE comme l’y autorise le Traité de Lisbonne (article 123,2). Il émettrait des titres publics que la BCE achèterait avec une partie des 1.140 milliards d’euros qu’elle s’est engagée à créer, le 22 janvier dernier, pour stimuler l’économie européenne au taux de 0,05 %. Ce Fonds serait géré démocratiquement avec des critères explicites. Il pourrait être une première étape vers la réalisation de notre demande d’un Fonds européen pour le développement que réclame le Parti de la gauche européenne.

=> Une tâche clé du PCF pour les mois à venir est de préciser son projet européen, de le construire avec ses alliés de tous les pays. Nous proposons dès la rentrée une réunion de travail visant à préciser notre alternative tant sur l’usage de la monnaie unique que sur le modèle de coopération au sein de la zone euro.


> La politique européenne de la France pourrait être différente

Si le Président de la République avait joué son rôle dès le début de l’affrontement entre les “institutions” et le gouvernement grec -à plus forte raison s’il avait tenu sa promesse d’agir pour “réorienter l’Europe” dès son élection en 2012- le rapport de force aurait été bien différent dans le moment crucial que nous vivons aujourd’hui. La France a joué un rôle pour empêcher le grexit. Mais il a laissé Merkel dicter la liste des cruautés et des humiliations qui caractérisent le contenu de l’accord. Alors que son action a prouvé qu’elle pesait lourd dans les processus de négociation, elle a joué les rabatteurs sur les propositions des droites dures et des créanciers.

La bataille contre l’austérité en France est une question clé. Pour créer un nouveau rapport de force en Europe, le rôle et la voix de notre pays sont essentiels. La France peut faire basculer les choses si elle s’engage elle-même dans la contestation de l’austérité. La crise grecque élargit les possibilités d’y parvenir car elle a élevé le niveau de confrontation ici aussi. Le rôle de la France n’est pas d’être collé à n’importe quel prix au couple franco-allemand mais de prendre part à un front anti-austérité en Europe.

=> Nous pouvons lier plus systématiquement nos combats anti-austérité (hopitaux, services publics, dépenses publiques, dotations aux collectivités locales) à la demande d’une sortie du pacte budgétaire et à des mesures d’allègement de la dette (conférence européenne sur la dette)

=> nous pouvons faire monter l’exigence d’initiatives de coopération de la France avec la Grèce, par exemple, pour que notre gouvernement débloque immédiatement sa contribution au plan européen d’investissement pour la Grèce et qu’une aide alimentaire (qui existe dans le cadre européen actuel) soit constituée avec les producteurs français de viande et de lait qui connaissent une crise sans précédent de débouchés et de prix.

> Tout pays qui veut appliquer une politique de gauche devra élever le niveau du rapport de force européen.

La « crise grecque » a mis en évidence combien l’échelle européenne est une échelle pertinente de la lutte des classes, et combien elle est difficile dans le cadre du consensus libéral qui unit droite et sociale-démocratie européenne, même avec un rapport de forces qui a évolué avec l’élection d’un premier gouvernement de gauche. L’enjeu est crucial pour nous-mêmes. Nous avons collectivement marqué des points dans la crédibilité et la visibilité de la gauche européenne. Un petit pays et un gouvernement isolé ont réussi à ouvrir une brèche et occuper le débat public pendant des semaines. Mais nous avons en face de nous un système de pouvoirs prêt à nous écraser. Nous pouvons, si nos adversaires parviennent à leurs fins, sortir affaiblis, voire rayés de la carte; et l’espoir de millions d’Européens avec. Le gouvernement de Syriza reste un rempart, il n’a pas rendu les armes. Nos amis grecs nous l’ont toujours dit : la victoire du 25 janvier élève le niveau d’ambitions, de luttes et de solidarités à construire au niveau européen et dans nos pays. Nous ne pouvons pas faiblir sur la solidarité avec le peuple grec, avec Syriza et avec le gouvernement Tsirpas. La bataille ne fait que commencer et le PCF entend bien s’engager dans cette lutte, comme il a toujours su le faire. Nous avons, de part notre histoire et notre pratique du rassemblement, un rôle particulier à jouer pour l’unification des forces qui peuvent, et doivent, entrer en mouvement.

Il faut, à gauche, se poser collectivement la question : avons-nous jusqu’ici fait vivre la solidarité politique avec le peuple grec au niveau exigé par l’enjeu stratégique que représente le premier affrontement entre un pays membre de la zone euro et l’implacable coalition des tenants du système en place ? L’honnêteté doit nous conduire à répondre non à cette question et à travailler ensemble à un rehaussement qualitatif de notre engagement – aussi nécessaire pour aider le peuple grec à sortir par le haut de l’impasse actuelle qu’indispensable pour ouvrir une perspective de gauche dans notre propre pays. Il ne suffit pas qu’un gouvernement isolé décide de “désobéir à Bruxelles” pour ouvrir la voie aux ruptures fondamentales rendant possible les changements attendus. L’Union européenne n’est pas un “château de cartes” dont il suffirait de menacer de retirer une pièce pour briser la coalition impitoyable des pouvoirs en place. Refonder l’Europe est un combat de classe de haute intensité. La construction sans relâche de convergences entre forces progressistes européennes et la recherche permanente de l’éventail le plus large possible d’alliés dans différents pays pour atteindre ensemble des objectifs partiels mais rassembleurs constituent des impératifs catégoriques pour donner à un peuple et à son gouvernement -qui en ait la volonté politique- la force nécessaire pour changer la donne. Par-delà la Grèce, cette leçon concerne chacun de nos pays, y compris la France. Elle interpelle le “peuple de gauche” dans toute sa diversité, ainsi que chaque force politique ou sociale qui s’en réclame.



Quelques pistes

=> Rendre possible une progression des forces anti-austérité, une « contagion » dans plusieurs aures pays en appuyant de toutes nos forces nos partis et mouvements alliés dans les pays qui ont des échéances électorales (Espagne, Portugal, Irlande) et placer les régionales en France comme une étape de la percée politique nécessaire en France pour changer le rapport de force européen (avec dans nos projets régionaux, des propositions concrètes de solidarités : programmes de co-développement, politiques de solidarité, de jumelage…). Nous envisageons une rencontre politique de haut niveau de tous les partis politiques impliqués pour discuter des modalités de cette solidarité active.

=> élargir l’alliance contre l’austérité au niveau européen : Le Forum européen des alternatives que nous avons tenu à Paris les 30 et 31 mai derniers à l’initiative du PGE, a permis le dialogue et un début de construction commune entre forces politiques, mouvements sociaux, intellectuels critiques. La situation rend urgente une deuxième édition. La fête de l’Humanité devra être un temps fort de mise en évidence de la bataille européenne.

=> élargir le rassemblement en France pour la solidarité avec la Grèce . Le spectre des forces « indignées » de la mise à genoux de la Grèce est très large. L’impact, dans les esprits, de la négation du Non au referendum aura des conséquences contradictoires. Il faut que cette indignation ne tourne pas à la résignation. L’opinion publique française évolue pour le moment dans le bon sens mais nous devons être vigilants car, une fois de plus, le système médiatique est mobilisé pour faire peur, désinformer, empêcher les Français de voir ce qui les unit aux autres peuples européens. La stratégie de la division est en marche. Nous devons saisir la questions grecque pour faire le lien en permanence avec les politiques d’austérité menées en France, la dette de notre pays, le nécessaire redressement productif pour lutter contre le chômage. Ce qui n’est pas bon pour les Grecs, n’est pas bon pour les Français.

=> matérialiser nos solidarités avec la création d’une association de coopération solidaire France-Grèce : jumelages des villes communistes, tourisme social, solidarités concrètes impliquant des organismes institutionnels (en prenant soin de ne pas empiéter sur les initiatives citoyennes déjà existantes et en incitant les camarades à prendre part à celles-ci)



Edité le 30-07-2015 à 15:12:53 par Xuan


Xuan
Sous le titre "Ouvrir le débat entre communistes", le réseau Faire vivre et renforcer le PCF met en ligne une importante déclaration. Les commentaires qui l'accompagnent sont tout aussi intéressants.

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Grèce et U.E. : premières réflexions pour ouvrir le débat après la note du CEN (Comité exécutif national) du 17 juillet

Mardi 28 juillet 2015, par lepcf.fr



Les communistes français ont suivi avec beaucoup d’intérêt la situation de la Grèce depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza. Si l’on connaissait les critiques du KKE par rapport à Syriza, il n’en est pas moins vrai que l’arrivée au pouvoir d’une force politique se réclamant de la gauche de rupture à la tête d’un pays épuisé par des années de politique d’austérité, constituait une expérience politique intéressante sur laquelle il fallait se garder de tout à priori et porter un regard communiste solidaire des luttes de ce peuple.

Le référendum du 5 juillet en Grèce, son résultat sans appel – 61% de votes hostiles aux politiques d’austérité que voulait imposer l’Union européenne – permettait à Alexis Tsipras d’être en position de force face aux créanciers de la Grèce. Or, Syriza a signé un accord léonin qui foule aux pieds la souveraineté du peuple grec.

Tout en étant d’accord avec les constats sur la « brutalité de la méthode » de l’Eurogroupe et de la BCE, sur la pression politique et financière exercée à l’encontre de la Grèce, et sur les « violations extrêmement graves de la souveraineté du pays » , nous ne partageons pas de nombreuses autres affirmations de la note de la direction.

Nous souhaitons, par les questionnements qui suivent, ouvrir le débat et la réflexion collective sur des questions jusqu’ici balayées d’un revers de main lors de nos conseils nationaux, à savoir l’appréciation que nous portons sur l’Union européenne au stade actuel de la crise, sur le rôle de la monnaie unique, sur la pertinence d’une sortie progressiste de la zone euro, sans nous interdire de poser la question de la nature de l’Union européenne.

Que nous le voulions ou non, la crise grecque a lancé ce débat au sein des formations politiques françaises, dans les milieux intellectuels et universitaires, mais aussi chez les salariés et dans les milieux populaires.

Refuser d’aborder le débat, nous replier sur le postulat que seule l’extrême droite conteste l’euro et l’Union européenne, serait suicidaire à l’heure où la contestation de la construction européenne est partagée par une fraction toujours plus importante de la population. Pire, laisser la contestation de l’UE à l’extrême droite est une erreur politique qui pourrait se révéler lourde de conséquences.

Alors que faire ? Rester dans la posture que nous avons adoptée au début des années 90, à savoir que l’UE est une construction démocratique que l’on peut réorienter de l’intérieur ? Ou l’analyser pour ce qu’elle est, à savoir un outil de domination du capitalisme contre les peuples, une superstructure politique dont les dirigeants n’hésitent pas à broyer la souveraineté populaire lorsqu’elle ne va pas dans le sens qui leur convient ?

Premier constat largement partagé, l’accord signé entre la Grèce et ses créanciers ne règle rien sur le fonds. Certes, Alexis Tsipras a obtenu l’engagement du déblocage de nouveaux crédits, ce qui évite pour le moment à la Grèce de quitter la zone euro.
Mais plusieurs questions se posent suite à cet accord.



1 - Sur l’appréciation de la situation politique en Grèce :

• les Grecs, qui ont voté en connaissance de cause le refus de nouveaux plans d’austérité, vont-ils accepter les "réformes" imposées par l’UE, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elles vont aggraver la situation déjà dramatique des couches les plus précaires de la société ?

• en politique intérieure, Tsipras a fait passer les nouvelles mesures d’austérité avec les voix de l’opposition. Quel crédit politique a-t-il à l’issue de cette séquence ?

• au sein de Syriza, le CC a voté majoritairement contre l’accord et les mesures qui l’accompagnaient. A la Chambre, l’unité de Syriza s’est fissurée puisque 30 députés ont refusé de voter en faveur de l’accord. Et pour faire bonne mesure, Tsipras a chassé du gouvernement plusieurs ministres contestataires. Comment Syriza peut-elle concilier ces contradictions ? A-t-elle la capacité à surmonter ses divisions internes ?

• pourquoi les positions du KKE et du mouvement syndical ne sont-elles pas prises en compte dans notre analyse ?

2 - Sur l’accord lui-même

Le « renflouement » de la Grèce par de l’argent prêté par la BCE et le FMI règle-t-il quoi que ce soit sur le long terme ? Tout le monde fait le même constat : non. Il va seulement approfondir l’endettement de l’État grec, et sa dépendance à l’égard des bailleurs de fonds. Tout cela pour rester au sein de la zone euro.

• le jeu en vaut-il la chandelle ? Sans se substituer à Syriza, pourquoi n’avons-nous pas d’appréciation sur cette question ?
• Varoufakis a expliqué publiquement que ses désaccords avec Tsipras portaient sur le manque de préparation d’un scénario alternatif en cas d’impossibilité à trouver un accord. Ce fameux « plan B » aurait nécessité de préparer la sortie de la Grèce de la zone euro. Si le ministre des finances lui-même a exploré cette possibilité et y était favorable, pourquoi la sortie de l’euro de la Grèce n’est-elle présentée que comme l’option jusqu’au-boutiste allemande ? N’est-ce pas la sous-évaluation de l’intransigeance de l’UE et le manque de préparation d’une sortie éventuelle de la zone euro dans des conditions correctes qui a fait que Tsipras a accepté le diktat de l’UE ?
• la mise sous tutelle de la Grèce par l’imposition de deux mesures qui s’attaquent directement à sa souveraineté – l’obligation de soumettre à l’UE toute réforme avant qu’elle soit présentée au Parlement grec, et la création d’un fonds alimenté par la privatisation des actifs publics directement soumis à la gestion de l’UE – ne sont-ils pas l’expression d’un véritable diktat, révélateur de la nature réelle de l’UE ?

3 - Sur le rôle de la France

La France a pesé de tout son poids pour soumettre la Grèce aux exigences de l’UE.

• nos réactions face à la posture de François Hollande ont-elles été à la hauteur de la situation ? Ne devrions-nous pas montrer la cohérence entre la politique européenne de François Hollande et celle qu’il mène en France ? Pourquoi ne pas faire le lien entre l’austérité imposée en France au nom du redressement des comptes publics et la politique de l’UE, menée dans toute sa logique implacable, face à la Grèce ?

• comment expliquer les cafouillages dans notre expression publique entre le « soutien à Syriza » et la tentation d’un vote en faveur de l’accord avec la Grèce ?

4 - Sur les conséquences politiques dans et hors de Grèce

L’arrivée de Syriza a été unanimement saluée en Europe par la majorité de forces progressistes européennes comme un événement positif. Tsipras avait promis durant sa campagne électorale que s’il était élu, il s’opposerait à de nouveaux plans d’austérité. A peine arrivé aux affaires, il cède face à l’UE et fait passer aux forceps des mesures antisociales d’une exceptionnelle gravité. Le message délivré par l’épisode que nous venons de vivre renforce la démoralisation et la démobilisation.

• dans les pays européens, cette séquence politique démontre l’incapacité des forces progressistes à respecter leurs engagements et à mener les politiques pour lesquelles elles ont été élues. N’est-ce pas la porte ouverte à un recours à l’extrême droite, surtout si le discours que nous portons sur ce qui vient de se passer se limite à défendre la réorientation de l’EU en « Europe sociale » ?

• le poids de l’OTAN n’est pas abordé. Cette question est en arrière-plan de par le rôle de la Grèce dans cette coalition. Qui plus est, il y a quelques semaines, un accord a été conclu entre la Grèce et l’OTAN sur l’implantation d’une nouvelle base de l’OTAN en Grèce, et ces derniers jours l’accord entre la Grèce et Israël pour des manœuvres militaires communes. Quel rôle ont joué les États-Unis dans les négociations entre l’UE et la Grèce ?

5 - Sur les perspectives

La note du CEN nous engage à renforcer la lutte contre l’austérité. Ces dernières semaines nous invitent à réfléchir aux conditions d’efficacité de cette bataille. Comment peut-on lutter contre l’austérité si on considère que la construction européenne est plus importante encore et que les luttes contre l’austérité doivent s’y soumettre ? Au degré de crise actuel du capitalisme, l’austérité est une des solutions mises en œuvre pour maintenir les taux de profit du capitalisme. L’expérience grecque témoigne qu’on ne peut pas à la fois combattre l’austérité et s’inscrire dans les règles de l’euro.

• la proposition de « refonder l’Europe » est totalement coupée du contexte. Comment peut-on proposer une telle perspective politique quand on voit que la souveraineté d’un peuple qui s’exprime à plus de 60% contre une politique voulue par l’UE est foulée aux pieds ? Sur quelles forces politiques s’appuyer au sein du Parlement européen par exemple, pour y parvenir (si tant est que le Parlement européen soit autre chose qu’une simple chambre d’enregistrement) ?

• la proposition de la création d’un « fonds européen destiné au développement des services publics et de l’emploi dans les pays membres » est-elle autre chose qu’un vœu pieux ? Quand on réalise la violence de l’appropriation des biens publics grecs organisée par la troika au profit de puissances privées ou publiques européennes, qui peut encore croire à une politique européenne de l’intérêt général ?

Conclusion

Après Chypre, ce qui s’est passé avec la Grèce ces dernières semaines démontre que l’Union européenne est une machine de guerre en faveur du capitalisme contre les peuples. Affirmer que l’on peut réorienter la construction européenne, après une telle démonstration de force de l’Eurogroupe est une position difficilement tenable, pour ne pas dire sans aucune crédibilité.

Ne confondons pas la nécessaire coopération entre les peuples et des Etats souverains avec ce qui n’est ni plus ni moins que l’expression sans fard d’une forme à peine atténuée de dictature.

L’UE vient de nous démontrer qu’elle ne laissera aucune marge de manœuvre aux « forces anti-austérité » . Et même si les plus lucides affirment que la dette n’est pas soutenable et qu’il faudra bien, peu ou prou, tirer un trait sur une partie de la dette, nous ne pouvons pas ignorer que cela se fera au détriment d’un peuple qui a déjà beaucoup souffert. Après la Grèce, l’UE ne s’arrêtera pas. Ses dirigeants viennent de faire un exemple. Ils poursuivront dans les mêmes termes partout ailleurs.

A moins que... A moins qu’il y ait une véritable révolte populaire pour les faire reculer. A moins que certains pays, mesurant les avantages comparés du maintien dans la zone euro et d’une sortie, ne viennent gripper la machine. A moins que des forces politiques véritablement progressistes, des forces de rupture avec le système, en un mot des forces communistes ne se lèvent.

Pour le moment, les propositions qui sont faites par la direction du PCF, si louables soient-elles, sont loin de ces enjeux.

Réfléchissons collectivement, nous les communistes, pour envisager la rupture avec les logiques austéritaires européennes, même si cela conduit à une sortie progressiste de la zone euro et de l’UE, et la reconquête de la souveraineté populaire, débat actuellement refusé. Si nous, les communistes, ne nous emparons pas de ces questions centrales pour leur donner une réponse et une perspective politique, nous prenons la responsabilité de les laisser à l’extrême droite. Prenons nos responsabilités.

Le réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"

Le 28 juillet 2015


Edité le 30-07-2015 à 13:30:45 par Xuan


Xuan
sur le site "faire vivre le PCF" :

L’UE, système neo-colonial du XXIeme siecle


Mardi 28 juillet 2015, par Francis Arzalier

Les anciennes colonies africaines de la France, devenues théoriquement indépendantes en 1960,furent en fait depuis soumises à leur ancienne métropole par un lacis de Traités inégaux, sur le plan économique, monétaire, diplomatique et militaire. Pire, à cette " Francafrique " est venue s’ajouter la sujétion a l’Occident : les peuples africains qui tentaient légitimement de sortir du sous-développement en investissant dans l’éducation, la santé, l’industrie, se sont retrouvés piégés par une dette vertigineuse, tenus de " rembourser " chaque année des intérêts pharamineux aux financiers occidentaux, et d’accepter les diktats de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire , baptisés " Aide bilatérale " et " plans d’Ajustement Structurel " :
une médecine libérale, incluant austérité, reculs sociaux et sous-développement économique. Ce système de domination appelé " neo-colonialisme " a accouché du chaos actuel de l’Afrique, misère et guerres, délitement des états et migrations incontrôlables.



Parallèlement, durant ce demi-siècle, les dirigeants " libéraux " de l’Europe, Droites et Partis Socialistes confondus dans une même religion du Marché malgré leur concurrence pour les postes de pouvoir, ont construit par un empilement de Traités successifs, " Rome ", " Maastricht ", " Lisbonne ", etc, un édifice supranational qui a abouti à l’Union Européenne actuelle. Son objectif affirmé des le départ était de supprimer progressivement les entraves a la loi du Grand Marché Capitaliste, à la libre circulation des capitaux, des marchandises, des hommes, considérés exclusivement en consommateurs et main-d’œuvre.

Dans ce but, les dirigeants Européens ont livré peu à peu la maîtrise des économies de leurs pays respectifs aux banquiers de l’Union, notamment par le biais de l’Euro, monnaie supranationale, et démantelé progressivement les protections frontalières, au détriment des conquêtes sociales de chaque nation.

Cet édifice supranational s’est élargi aux peuples de l’Est du continent quand le capitalisme y a été rétabli, englobant aujourd’hui près de 30 nations différentes, dans un grand Maelström libéral, qui organise l’austérité budgétaire et les reculs sociaux, le chômage et la surexploitation, les délocalisations des industries et des mains d’œuvre, etc. Tous les peuples d’Europe sont touchés, y compris celui d’Allemagne, dont la bourgeoisie croit avoir retrouvé grâce à l’UE une domination continentale perdue en 1945 : mais des millions de salariés d’Outre-Rhin, Allemands et immigrés, subissent une précarité féroce. Évidemment,ce carcan Européen pese encore plus fort sur les économies les plus affaiblies, l’Espagne et ses 25 pour cent de chômeurs, la Grèce qui a " bénéficié" de plans " d’aide " d’austérité successifs, sous prétexte d’une dette chaque année gonflée par les banques créancières occidentales : Elles encaissent en intérêts la plus grosse partie des subsides de l’UE et le FMI.

Ne revenons pas sur les péripéties de la tragédie grecque de ces mois derniers, sinon pour constater que l’Union Européenne a confirmé à cette occasion qu’elle était à l’égard des peuples qui lui sont soumis un système neo-colonial du même ordre que celui subi par le Mali ou le Tchad dès 1960. Il est néfaste par nature, inamendable : remettre les pays d’Europe sur le chemin de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire et du progrès social est illusoire dans le lacis des Traités Européens ; il n’y a pas d’autre Union Européenne possible, la seule issue est la rupture avec cette prison des peuples.

Nombre de nos concitoyens ont parfois cru un peu naïvement durant quelques jours que le magistral NON a l’austérité infligé par les électeurs grecs a l’UE allait permettre au gouvernement d’Athenes d’engager un processus de rupture avec ses maîtres occidentaux, c’est à dire de faire ce que le peuple français a été jusqu’à présent incapable de faire. C’était oublier un peu vite que le rejet de l’austérité ne débouche sur rien de concret si elle s’accompagne du désir de rester au sein de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN. En France, en Grèce, ou ailleurs, il nous reste à convaincre nos peuples du caractère néfaste de cette UE, qui n’est et ne saurait être autre chose qu’un instrument du capital contre les peuples d’Europe. Tout accord avec elle ne peut être, comme à Athènes aujourd’hui, qu’une nouvelle soumission, qu’il suffira de faire entériner par des politiciens prêts à trahir leurs promesses et a s’allier avec leurs concurrents de droite : on se gardera bien de consulter les électeurs à nouveau sur la nouvelle avalanche de mesures de régression sociale et de privatisations qui vont aggraver encore la situation économique. Cette nouvelle chute vers le gouffre a, bien sûr, l’assentiment des financiers occidentaux qui vont engranger de plus belle les dividendes de la dette, et la bénédiction des stratèges de Washington, contents de constater que le gouvernement Tsipras n’a a aucun moment mis en cause la participation essentielle de la Grèce a la machine guerrière de l’OTAN.

La " crise grecque " a surtout révèle la nécessité de convaincre tous ceux, autour de nous, qui vivent de leur travail ou aimeraient en avoir un, que les illusions sur " une Autre Europe " doivent faire place à la lucidité et à la rupture avec ce système neo-colonial, possible seulement avec un soutien populaire majoritaire. Elle révèle aussi que cette prise de conscience ne doit pas se laisser leurrer par le discours " anti-europeen " des partis d’extrêmedroite, pure démagogie électorale : s’il fallait une nouvelle preuve de leurs mensonges à ce sujet, il suffit de remarquer que dans la meute ultra-libérale dirigée par le gouvernement allemand, le plus hargneux contre la Grèce récemment était celui de Finlande, auquel participent depuis peu les ministres xénophobes des " Vrais Finlandais " !

Un gros effort militant reste à faire, pour convaincre une opinion d’ores et déjà convaincue du caractère néfaste de l’austérité, mais pas encore de l’inanité d’une " autre UE possible "....

Francis Arzalier Le 27 juillet 2015

sur le site Pollex


Edité le 29-07-2015 à 13:26:54 par Xuan


 
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