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Xuan
14 mai 2016

Washington lance son attaque contre les BRICS


(Counterpunch)

Paul Craig ROBERTS

Après avoir eliminé la présidente réformiste de l'Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, Washington élimine maintenant la présidente réformiste du Brésil, Dilma Rousseff. Washington a utilisé un juge fédéral pour ordonner à l'Argentine de sacrifier son programme de restructuration de la dette afin de payer aux fonds vautours US la totalité des obligations argentines en défaut que les fonds vautours avaient acheté pour quelques centimes du dollar. Ces vautours étaient des « créanciers » qui avaient octroyé des « prêts », indépendamment du fait qu'ils ne sont pas des créanciers et n'avaient en réalité octroyé aucun prêt. C'était des opportunistes à la chasse de l'argent facile et ils ont été utilisés par Washington pour se débarrasser d'un gouvernement réformiste.

La présidente Cristina Fernandez de Kirchner a résisté et, en conséquence, elle devait partir. Washington a donc inventé une histoire. La présidente avait couvert un « attentat iranien » perpétré à Buenos Aires en 1994. Ce prétexte invraisemblable, ( il n’y a aucune preuve d’une l’implication iranienne), a été fourni par l’un des agents de Washington au bureau du procureur de la nation et un événement douteux qui s’est produit il y a 22 ans a été utilisé pour laisser libre la voie du pillage de l’Argentine par les États-Unis.

Au Brésil, Washington a utilisé des insinuations de corruption pour obtenir la mise en accusation par la chambre basse de la présidente présidente Dilma Rousseff. Aucune preuve n’est nécessaire, les accusations suffisent. Tout cela ne nous change pas des « armes nucléaires iraniennes », « des armes de destruction massive » de Saddam Hussein ", de l’utilisation d’armes chimiques par Assad et, dans le cas de Rousseff c’est seulement des insinuations. Le Secrétaire général de l’Organisation des États américains, Luis Almagro, note que Rousseff "n’a pas été accusée de quoi que ce soit." Les oligarchies locales soutenues par les Etats-Unis utilisent simplement la mise en accusation pour éliminer une présidente qu’elles ne peuvent pas vaincre électoralement.

En résumé, nous assistons à une attaque de Washington contre les BRICS. Washington fait ce qu’il faut pour remettre au pouvoir un parti de droite contrôlé par les Etats-Unis, dans le but évident de torpiller les relations croissantes du Brésil avec la Chine et la Russie.

Notons ironiquement que le projet de loi de mise en accusation a été concocté par le président corrompu de la chambre basse, Eduardo Cunha (destitué lui-même depuis : il n’est plus président de l’Assemblée National, ni même député et ne sera donc pas le vice-président du pays -ndt), on a découvert récemment qu’il avait accumulé des millions de dollars dans des comptes secrets en Suisse (peut-être les pots-de-vin de Washington) et qu’il était parjure pour avoir nié posséder des comptes bancaires à l’étranger. Vous pouvez lire cette histoire sordide à l’adresse suivante. http://www.globalresearch.ca/us-complicity-after-vote-to-remove-brazils-president-key-opposition-figure-holds-meetings-in-washington/5521059

Les « crimes » de la présidente Cristina Fernandez de Kirchner et de la présidente Dilma Rousseff sont leurs efforts pour que les gouvernements de l’Argentine et du Brésil représentent les peuples de l’Argentine et du Brésil, plutôt que leurs oligarchies respectives et Wall Street. Pour Washington c’est un délit très grave parce que Washington préfère utiliser les élites et les oligarques pour contrôler les pays d’Amérique du Sud. Chaque fois que les Latino-Américains élisent un gouvernement qui les représentent réellement, Washington fera tout pour tomber ce gouvernement ou même assassiner le président.

Washington est bien près de remettre le Venezuela sous le contrôle de la droite oligarchique, leur alliée. Les présidents de l’Equateur et de la Bolivie sont également dans le collimateur. Une raison pour laquelle Washington ne permettra pas à son toutou britannique de respecter l’asile accordé par l’Equateur à Julian Assange, c’est parce que Washington ne perd pas espoir d’avoir son propre agent en tant que président de l’Equateur, auquel cas le droit d’asile accordé à Assange sera révoqué .

Washington a toujours bloqué les réformes en Amérique latine. Les peuples latino-américains seront toujours des serfs pour les États-Unis jusqu’au jour où ils éliront des gouvernements avec des majorités si larges qu’ils puissent se permettre d’envoyer en exil les perfides oligarchies, de fermer les ambassades américaines et expulsent toutes les sociétés américaines. Tout pays d’Amérique latine qui supporte la présence américaine sur son territoire n’a pas d’autre avenir que la servitude.

Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint du Trésor US, éditeur associé au Wall Street Journal.

Traduction vers le français par ALfare

___________________


Cet article important appelle quelques réflexions.

D’abord il recoupe d’autres infos sur la subversion US au Brésil en particulier :
« Après le vote pour destituer la présidente du Brésil, les membres clés de l’opposition ont tenu une réunion à Washington, par Glenn Greenwald » sur le site Les crises.
Danielle Bleitrach reprend aussi Wikileaks révélations : le nouveau président du Brésil est un informateur des USA.
Simultanément le Venezuela est aux prises avec des manifestations de « l’opposition » réclamant un référendum pour révoquer Nicolas Maduro.

On peut en tirer quelques conclusions.

Sur la nature des gouvernements anti impérialistes
D’abord l’expression « réformiste » à propos de Kirchner et Rousseff n’est pas satisfaisante, ceci caractérise des effets de leurs politique mais ne dit rien de la classe et des intérêts qu’elles représentent.
Il vaudrait mieux parler de bourgeoisie nationale. C’est-à-dire une classe montante, historiquement indispensable à l’expansion des forces productives, mais dont le développement est freiné par l’impérialisme. Elle s’oppose inévitablement à lui et pour cela elle doit s’appuyer sur le peuple.

Mais comme bourgeoisie elle n’est pas toujours capable de satisfaire réellement les besoins du peuple et de tenir tête à l’impérialisme. C’est là que résident les limites « réformistes » de ces gouvernements ainsi que leur fragilité face à la subversion.
Seul le nouveau prolétariat de ces pays et ses partis communistes peut mener à bien cette double tâche dans une révolution à la fois nationale et socialiste, de type « démocratie nouvelle », en s’appuyant sur la bourgeoisie nationale mais en dirigeant la révolution.
On constate aussi que le modèle occidental de la démocratie parlementaire, laissant la parole aux représentants de la bourgeoisie compradore pro impérialiste, ne permet pas l’expression d’une démocratie populaire et qu’il peut être utilisé à des fins de subversion étrangère.

Sur la tentation d’en faire un modèle de révolution pour la France
Présenter ces pays comme socialistes, en se fiant aux déclarations de leurs dirigeants ou aux étiquettes de leurs partis n’est pas réaliste.
Ceci ne retire rien au caractère révolutionnaire anti impérialiste de leur lutte puisqu’elle est dirigée contre l’impérialisme.
Ce sont également des pays en voie d’industrialisation qui doivent aussi réaliser la réforme agraire et rattraper un retard séculaire en quelques décennies.
En faire des modèles pour les vieux pays impérialistes comme le notre, ne tient pas compte de leurs spécificités et du caractère novateur et progressiste de leur bourgeoisie nationale.

Sur la question du Front Uni anti impérialiste
Pour cette raison la classe ouvrière dans ces pays peut établir un front uni avec la bourgeoisie nationale à cause de son double caractère anti impérialiste et bourgeois.
En France la contradiction de classe nous oppose à une vieille bourgeoisie réactionnaire, impérialiste, pourrissante, qui n’a plus rien de révolutionnaire et qui s’oppose au développement des forces productives en privilégiant le capitalisme financier.
Il serait irréaliste d’imaginer une quelconque alliance anti impérialiste avec elle, malgré ses contradictions réelles avec l’hégémonisme US, y compris avec ses éléments « nationaux » ou souverainistes, pour qui l’ennemi n°1 c’est la classe ouvrière, son parti communiste et la révolution prolétarienne. Une telle illusion ne peut que nous entrainer dans les filets du chauvinisme.

Sur les thèses gauchistes et la négation de l’impérialisme
D’autres théories, trotskistes ou néo trotskistes ont décrété la fin des luttes anti impérialistes depuis l’accession à l’indépendance des anciennes colonies. Elles ont défini les BRICS comme des impérialismes en formation et en concurrence avec les USA. L’impérialisme ne serait plus alors en concurrence qu’avec lui-même.
Parmi les marxistes-léninistes les thèses albanaises ont répandu l’idée que la lutte anti impérialiste est remplacée par des contradictions entre pays impérialistes et que partout la contradiction principale oppose bourgeoisie et prolétariat. La Chine a ainsi été définie comme un pays impérialiste à l’extérieur et fasciste à l’intérieur, de sorte que toutes les agressions impérialistes contre elle et contre les BRICS devraient nous laisser au moins indifférents.
Or décréter la fin des luttes anti impérialistes signifie aussi décréter la fin de l’impérialisme, car l’un et l’autre sont dialectiquement liés.
De fait ces théories, complémentaires à la campagne anti communiste des années Mitterrand, ont conduit de nombreux progressistes à avaler le sermon sur la « démocratie » occidentale et l’exportation de ses vertus universelles, à reprendre la propagande impérialiste sur les « dictateurs » qu’il faut bombarder au nom de l’ingérence humanitaire. Certains maîtres à penser, « maos » repentis, trotskistes, « nouveaux philosophes », ont été promus idéologues officiels de la social-démocratie au pouvoir, ministre, chef de guerre ou dirigeant du Parti Socialiste.

Le critère des faits
Les crimes commis au Maghreb et au Moyen Orient sous prétexte de destituer les dictateurs, au nom de l’ingérence humanitaire et des printemps arabes, ont réveillé les consciences et remis en cause ces thèses erronées. Il reste malgré tout du chemin à faire pour l’unité de vues des communistes.

La subversion US en Amérique Latine confirme que les USA restent les gendarmes du monde impérialiste et la seule puissance hégémonique.
Deuxièmement il s’avère par là même que la lutte anti impérialiste se poursuit dans les pays émergents sous la forme économique, technologique, financière, scientifique, etc.
C’est la raison pour laquelle les USA mènent de leur côté une guerre économique, commerciale, financière et monétaire contre eux, et s’opposent à leur développement économique afin de les asservir.
En utilisant la nature anti populaire de leurs institutions calquées sur le modèle occidental, et la « liberté d’expression pour tous » y compris les représentants des intérêts impérialistes, les USA tentent de renverser leurs gouvernements à l’aide de révolutions colorées, de diverses formes de sédition, de groupes d’opposition représentant les intérêts compradores vendus à l’impérialisme.

Le cas de la Chine
La Chine se trouve dans une situation comparable, mais la dictature du prolétariat permet de maîtriser le développement de la bourgeoisie nationale chinoise et de s’opposer à la subversion impérialiste. Ceci donne lieu à de sempiternelles diatribes sur le sort des opposants en Chine, dont ‘Le Monde’ s’est fait une spécialité.
Le bashing anti chinois consistant à dénoncer la pollution, les bas salaires, la richesse des bourgeois, la corruption, l’absence de liberté, la menace expansionniste, ou à l’inverse, les bulles immobilières, les fonds fantômes, le risque de crise économique menaçant le monde entier, etc. Tout ceci, s’appuyant parfois sur des faits réels mais tronqués, relève de la guerre idéologique impérialiste visant à déstabiliser le régime en soufflant dans la baudruche d’une poignée d’opposants.

Etudier l’impérialisme à l’aide du matérialisme dialectique et prendre la tête du combat anti impérialiste.
Il est important pour les communistes d’étudier avec soin la question de l’impérialisme et des luttes anti impérialistes dans la période actuelle, fort différente de l’époque des guérillas et des combattants Viêt-Cong, rampant dans les boyaux, sous les villages bombardés par les B 52.
Parce qu’anti impérialiste, le développement économique des pays du Tiers Monde participe toujours de la révolution prolétarienne mondiale, et ceci malgré la disparition du camp socialiste.
Nous devons le soutenir en tenant pleinement compte des caractéristiques duales des bourgeoisies nationales de ces pays.
Pour cela il faudrait se débarrasser de notre cartésianisme suranné et appliquer le matérialisme dialectique, pour nous unir sur une compréhension commune, marxiste-léniniste des contradictions mondiales.
Notre silence et nos contradictions sur ce terrain-là ont favorisé le développement d’un anti américanisme rouge-brun, nationaliste bourgeois, antisémite et foncièrement anti communiste.

C’est aux communistes qu’il revient de prendre la tête du combat anti impérialiste.
En avant pour une ligne anti impérialiste promouvant les cinq principes* de la coexistence pacifique et fondée sur l’internationalisme prolétarien !

(* respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques et coexistence pacifique.)
 
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