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Xuan
“Nous avions trouvé les défauts de la cuirasse” Intervention de Benoît Frachon devant le congrès de l’Internationale Syndicale Rouge

20 DÉCEMBRE 2020

https://histoireetsociete.com/2022/12/20/nous-avions-trouve-les-defauts-de-la-cuirasse-intervention-de-benoit-frachon-devant-le-congres-de-linternationale-syndicale-rouge/

Merci à Franck Marsal qui nous propose de reprendre pied dans un des grands moments de péril de notre histoire, face à la montée du nazisme, face à la collaboration de classe, il s’est trouvé au sein de la CGT et du parti communiste des dirigeants comme Benoît Frachon pour faire face. Frank Marsal dit l’actualité de cette intervention qui reprend pied dans la classe ouvrière. Cet exemple historique nous permet de comprendre l’ampleur et la profondeur des batailles à mener. Il ne s’agit pas de bâtir des alliances de façade qui laissent en suspens les enjeux de long terme au profit d’une victoire (voire d’une défaite amoindrie, comme ce fut le cas lors des précédentes élections législatives). La NUPES était, pour différentes raisons, imposée par les circonstances. Il fallait faire élire des députés pour porter une voix alternative au parlement. Mais l’impulsion de cette alliance n’a en rien la puissance et l’enracinement populaire, le caractère de classe de l’union syndicale recherchée par Frachon et les communistes français dans les années 30. La bataille qui est au cœur de nos enjeux, ce n’est pas l’union pour l’union, c’est d’aller, ainsi que l’explique Benoît Frachon, c’est de développer le “souci dominant de mieux connaître les pensées intimes des masses”, “de parler à ces masses un langage qu’elles comprennent” et “d’employer une tactique qui les aide à faire l’expérience”.) (Note de Danielle Bleitrach et Franck Marsal pour histoireetsociete)


C’est au lendemain du 7e congrès de l’Internationale communiste, tenu du 25 juillet au 20 août 1935, qu’a été prononcée l’allocution de Benoît Frachon dont nous reproduisons ici des extraits. Cette réunion, demeurée clandestine, s’est tenue dans le cadre d’une conférence de l’Internationale syndicale rouge (ISR) organisée du 22 au 25 août 1935, à la veille de la réunification syndicale en France entre la Confédération générale du travail (CGT) et sa concurrente la Confédération générale du travail unitaire (CGTU).

J’ai découvert ce texte (https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2003-3-page-105.htm#no5) en effectuant des recherches sur le parcours et les discours de Benoît Frachon, et d’autres dirigeants communistes de cette époque, comme Ambroise Croizat, Marcel Paul, et tant d’autres, dont bien sûr Maurice Thorez. Cette génération fera, par son courage, sa lucidité et son sacrifice (nombre de ces militants et dirigeants feront le sacrifice de leur vie), du Parti Communiste une force décisive pour une période cruciale de l’histoire de France. Elle nous a légué des institutions parmi les plus avancées (la sécurité sociale non pas telle que nous la connaissons aujourd’hui, l’EdF de Marcel Paul, et tant d’autres) et nous apporte une expérience puissance et des leçons actuelles que nous devons prioritairement nous réapproprier

Ce cycle politique s’est amorcé en 1920 par la création du Parti Communiste, dans l’impulsion de la révolution russe qui, se propageant à l’Europe, mit fin à la Grande boucherie de 14 – 18. Rapidement après la création du Parti Communiste Français, la minorité opposée à cette création et à l’adhésion à l’Internationale Communiste quitte le nouveau parti et se réorganise. Le journal L’Humanité (fondé par Jean Jaurès) bascule du côté communiste.

La CGT est, depuis 1914 et le ralliement à la guerre, traversée par les mêmes débats que l’ancien Parti Socialiste. Son secrétaire général, Léon Jouhaux, soutient, du début à la fin, l’effort de guerre. Il apporte l’appui de la CGT à l’organisation économique de l’effort de guerre. Cette politique, identique à celle des dirigeants socialistes français suscite la même opposition. Un courant syndicaliste révolutionnaire émerge dans la CGT dès 1915. Cependant, la majorité de la CGT de l’époque, demeurera, elle, dans le camp que l’on appellera “réformiste” (c’est à dire favorable à des “réformes dans le cadre légal des institutions” par opposition au camp “révolutionnaire” favorable au renversement des institutions elle-mêmes). Une centrale syndicale “révolutionnaire”, la CGTU se crée en 1921, notamment à partir des fédérations des Métaux et des Cheminots. Elle se rapproche rapidement du Parti Communiste Français, dont des militants et cadres en constitueront principalement la cheville ouvrière et la direction.

Benoît Frachon est né en 1893 dans une famille de mineurs, du bassin houiller de la Loire. Entré jeune dans la vie active, il devient tourneur métallurgiste et adhère à la CGT en 1909. Adhérant dès sa fondation au Parti Communiste Français, il y prendra rapidement des responsabilités. Dirigeant de la grande grève des métallurgistes de Saint-Etienne en 1924, il devient secrétaire de l’UD de la Loire de la CGTU et prend concomitamment des responsabilités importantes dans cette organisation et devient en 1933 secrétaire général de la CGTU. A la suite du Pacte Germano-Soviétique, l’unité syndicale est rompue et Benoît Frachon est déchu de ses mandats syndicaux. Il dirigera la première publication clandestine de l’Humanité le 26 octobre 1940. Dirigeant de premier plan du PCF dans la clandestinité et la résistance, il prépare la renaissance du syndicalisme français sous la forme d’une grande CGT réunifiée qui comptera en 1945 plus de six millions de membres. Alors que Léon Jouhaux organisera une nouvelle scission en 1948, pour créer – avec les fonds des services secrets américains – la CGT – FO. Benoît Frachon, qui connaîtra à nouveau la répression policière et sera incarcéré en 1953 (à la suite des grèves de l’été 53), restera le secrétaire de la CGT (majoritaire) jusque dans les années 60.

Que retenir de ce texte de 1935 ?

Tout au long de ce long cycle historique, Jouhaux et le “réformisme” qu’il porte demeureront constants et resteront eux-mêmes : “Vous savez camarades notre opinion à l’égard des dirigeants confédérés : elle n’a pas varié. Nous les voyons, même dans la période actuelle, s’efforcer de freiner le mouvement de masse. Même quand ils agissent différemment que dans les périodes précédentes, nous savons nous, communistes, que c’est le résultat du mouvement de masse.” De son côté, Frachon restera Frachon. La politique de l’unité (et ceci est valable pour le plan syndical comme pour le plan politique) ne se fonde pas sur le fait que les gens auraient changé, que les divergences fondamentales seraient aplanies … L’unité seule, au moment du Front Populaire et malgré la grève puissante de juin 1936 ne résout pas non plus les questions cruciales auxquelles la France et le monde font alors face. La lutte se déroule et se poursuit sur un long cycle historique de lutte des classes. Même la victoire de 1945 et les avancées de la période 1944 – 1946 ne seront qu’une étape d’une lutte des classes qui se poursuivra et se poursuit encore. L’analyse que fait Frachon de la situation du mouvement syndical et de la stratégie de développement des idées et de l’influence communistes parmi les travailleurs est donc remarquable : “Nous allons à cette CGT unifiée avec le sentiment qu’au début nous serons en minorité, et avec cet autre sentiment que nous serons en masse. Nous ne brûlerons pas les étapes, nous travaillerons pour la direction de cette CGT, pour la direction communiste de cette CGT – sans le dire – mais ce travail peut être long. Combien ? Cela dépend un peu des événements et puis de nous. Deux ans, quatre ans, cinq ans peut-être, camarades nous travaillons avec une telle perspective. Peut-être cinq ans. Nous aurons cette patience.”
Le point d’appui constant de Benoît Frachon et des communistes dans leur stratégie (et là encore cela vaut dans toutes les dimensions de notre travail politique), c’est d’aller vers les masses de travailleurs, de leur parler simplement et directement, en prenant en compte leur situation réelle, leurs opinions, pour produire un discours qui fasse sens pour eux et permettent de les amener à considérer les choses avec plus d’acuité : “L’élément essentiel de cette politique nouvelle a été chez nous le souci dominant de mieux connaître les pensées intimes des masses et en particulier des masses déjà organisées dans les syndicats réformistes, de parler à ces masses un langage qu’elles comprennent et d’employer une tactique qui les aide à faire l’expérience de la nocivité du réformisme et de son rôle scissionniste dans le mouvement ouvrier.” Bien entendu, une telle politique suppose une stratégie consciente et appliquée avec rigueur. L’unité ainsi travaillée et développée n’est pas un mélange informe dans lequel tout se confond avec tout, ni dans lequel le court terme efface les enjeux de long terme.
Fort de cette vision de long terme et de cette orientation vers les larges masses de travailleurs, la CGTU a pu développer l’unification par la mobilisation de la base des travailleurs syndiquées, en même temps qu’elle menait des discussions approfondies avec la direction : “Nous avons vu dans le pays se modifier les rapports entre ouvriers révolutionnaires et ouvriers confédérés dans la grande bataille contre les décrets-lois, où il n’y a pas eu un seul centre du pays et une seule ville où des manifestations communes n’aient été organisées, non seulement entre les dirigeants de syndicats de base, mais entre les dirigeants d’union confédérés et d’union unitaire. Cela nous a permis de réaliser avant l’unification nationale déjà les premières bases d’unification. Vous savez en France, nous avons maintenant plus de 600 syndicats unifiés, de nombreuses sections syndicales unifiées : cela représente environ 120 000 syndiqués, confédérés et unitaires qui sont effectivement unifiés malgré que la direction confédérée ait mené une campagne acharnée contre ces syndicats unifiés. Elle a essayé d’utiliser l’argument, qui avait si bien réussi contre l’OSR : que les syndicats unifiés c’était la dislocation du mouvement, que nous voulions détruire les syndicats confédérés. Si nous avons obtenu ce résultat intéressant, c’est que les ouvriers confédérés ne les ont pas écoutés, qu’ils ont compris que nous, unitaires, nous ne venions pas pour détruire leur syndicat, mais au contraire pour les renforcer.”
Cet exemple historique nous permet de comprendre l’ampleur et la profondeur des batailles à mener. Il ne s’agit pas de bâtir des alliances de façade qui laissent en suspens les enjeux de long terme au profit d’une victoire (voire d’une défaite amoindrie, comme ce fut le cas lors des précédentes élections législatives). La NUPES était, pour différentes raisons, imposée par les circonstances. Il fallait faire élire des députés pour porter une voix alternative au parlement. Mais l’impulsion de cette alliance n’a en rien la puissance et l’enracinement populaire, le caractère de classe de l’union syndicale recherchée par Frachon et les communistes français dans les années 30. La bataille qui est au cœur de nos enjeux, ce n’est pas l’union pour l’union, c’est d’aller, ainsi que l’explique Benoît Frachon, c’est de développer le “souci dominant de mieux connaître les pensées intimes des masses”, “de parler à ces masses un langage qu’elles comprennent” et “d’employer une tactique qui les aide à faire l’expérience”.

Simplement, la situation n’est plus d’une classe ouvrière organisée en deux courants opposés. La situation dominante est celle de la confusion, de la non-organisation, de la dispersion à tous les niveaux du mouvement ouvrier. Chaque fait divers, chaque circonstance est exploitée pour opposer les uns aux autres et masquer l’exploitation et l’oppression de classe. La conquête ne se fera donc pas en reproduisant les formes du passé, mais par un travail profond d’analyse, de compréhension et de action au sein des masses populaires.

Benoît Frachon nous livre ici le point de vue du travail syndical, mais l’action autonome du parti communiste, et de ses cellules d’entreprises, auprès des travailleurs joue un énorme rôle dans ce travail de conviction, de mobilisation et de conscientisation. Nous ne pouvons pas sauter le travail de fond, d’implantation au sein des collectifs de travail et nous contenter d’une unité de façade comme palliatif.

Intervention de Benoît Frachon :

“Camarades, le congrès de l’Internationale communiste nous a fixé des tâches qui nous font une obligation de travailler à l’unité syndicale dans nos pays et à l’échelle internationale. L’échange de nos expériences est incontestablement d’une grande utilité, mais nous pensons qu’il faudra faire mieux, qu’il faudra utiliser ces expériences nationales et internationales pour faire de l’objectif que nous a tracé le congrès de l’IC, c’est-à-dire de l’unité syndicale, une réalité.

Pendant treize ans nous avons, en France, combattu le réformisme et affirmé la nécessité de l’unité sans que les résultats soient satisfaisants. Aujourd’hui, cependant, tout le monde parle de l’unité comme d’une perspective très prochaine. Cette idée de l’unité syndicale prochaine est dans les esprits de millions d’ouvriers français, et les dirigeants réformistes dans leurs discours officiels sont eux-mêmes contraints d’examiner une telle éventualité. C’est au dernier congrès du syndicat national des instituteurs que Jouhaux lui-même, dans son discours, déclarait : L’unité syndicale sera une réalité en 1936.

Quelles sont les raisons de ces modifications ? Il y en a évidemment plusieurs. D’abord la situation politique dans notre pays, le développement de la crise et du mécontentement des masses, la conviction chez les ouvriers de la nécessité de s’unir pour riposter à l’attaque de la bourgeoisie et aussi les derniers événements de l’année dernière, la menace plus directe du fascisme et là encore à la conviction de la classe ouvrière que la lutte contre le fascisme devait être une lutte de front uni. Mais tous ces éléments objectifs auraient été insuffisants. Nous pouvons avoir de tels événements qui portent les masses à l’unité syndicale et ne pas utiliser un tel sentiment, ne pas avoir agir de façon à ce que ce mouvement unitaire se développe et devienne une réalité. La politique nouvelle que nous pratiquons, en particulier depuis plus d’une année, a puissamment contribué au développement de ce courant unitaire et aboutit déjà à des réalisations partielles d’unité.

En quoi consiste cette politique ? L’élément essentiel de cette politique nouvelle a été chez nous le souci dominant de mieux connaître les pensées intimes des masses et en particulier des masses déjà organisées dans les syndicats réformistes, de parler à ces masses un langage qu’elles comprennent et d’employer une tactique qui les aide à faire l’expérience de la nocivité du réformisme et de son rôle scissionniste dans le mouvement ouvrier. Qu’avons-nous fait pendant 13 années ? Nous avons parlé un peu pour nous-mêmes et agi comme si tous les ouvriers avaient les mêmes convictions que nous. Nous avons critiqué le réformisme comme si tous les ouvriers avaient vu clairement ce que nous-mêmes nous avions déjà vu. En sommes nous pensions, bien à tort que les masses ouvrières pouvaient se passer de leur propre expérience et que la nôtre leur suffisait.

Cependant, camarades, s’il y a des travailleurs qui suivent encore les dirigeants réformistes – et ils sont nombreux – c’est que ces ouvriers sont convaincus que là est leur intérêt, et nous devons établir une différence entre ces ouvriers qui croient que leurs intérêts est avec leur dirigeants réformistes et nous, militants révolutionnaires qui avons déjà connu par notre propre expérience et par l’étude approfondie que nous en avons faite, ce qu’est le réformisme.

Pendant 13 années nous avons agi de même à l’égard de l’opposition dans les syndicats réformistes et nous n’avons jamais réussi pendant ces 13 années qu’à créer parfois une opposition étroite composée uniquement des ouvriers les plus avertis, les plus convaincus, opposition qui était immédiatement coupée de la grande masse des syndiqués de sa grande organisation, et que les dirigeants réformistes avaient ainsi de grandes facilités à liquider. Je crois que c’est là une des explications pour lesquelles nous avons parlé pendant des années sur la nécessité de constituer l’opposition dans les syndicats sans que nous ayons obtenu des résultats sérieux. Nos efforts d’un an ont fait plus que nous n’avons fait pendant ces 13 années pour développer l’opposition dans les syndicats réformistes. Et cependant nous n’avons plus parlé de l’opposition dans les syndicats réformistes. Pourquoi n’avons plus parlé de l’opposition dans les syndicats réformistes ? Pourquoi ne parlons-nous même plus de la gauche dans les syndicats réformistes ? Parce que là encore, dans le développement de notre travail, nous avons analysé les pensées qui traversaient l’esprit des syndiqués réformistes, nous avons constaté combien les manœuvres des dirigeants confédérés agissaient dans l’esprit des ouvriers, comment, lorsque les dirigeants confédérés expliquaient que les communistes, que les syndiqués unitaires voulaient développer la gauche dans les syndicats pour les détruire, pour les disloquer, nous avons assisté dans presque tous les cas à des réactions très vigoureuses de la part d’ouvriers encore peu éduqués politiquement mais qui veulent quand même se défendre contre le capitalisme ; ils défendaient contre nous leur organisation.

Nous nous sommes efforcés pendant cette année, sans parler ni de l’organisation de l’opposition, ni de la gauche dans les syndicats réformistes, nous nous sommes efforcés de développer cette opposition et cette gauche et maintenant nous avons dans des centaines de syndicats confédérés, parmi des centaines de milliers d’ouvriers réformistes une véritable opposition qui se manifeste dans la critique de l’attitude des dirigeants confédérés sur des problèmes quotidiens et nous avons, maintenant, en particulier au cours de ces dernières semaines, avec la lutte contre les décrets-lois, alors que les dirigeants de la CGT font des efforts surhumains pour freiner le mouvement des masses, nous avons ce spectacle réjouissant pour nous de l’opposition de la presque unanimité des syndicats et des syndiqués confédérés qui se traduit par des actions dans tout notre pays, et des actions en front uni avec nos camarades. Nous pensons que ce résultat a été obtenu encore parce que nous avons appliqué une politique nouvelle.

Nous ne sommes pas parvenus pendant 13 années à faire de nos syndicats rouges de larges organisations de masse. Sans doute il y a là les défauts de notre travail, défauts sur lesquels je ne veux pas insister aujourd’hui, que nous avons eu l’occasion dans maintes assemblées comme celle-ci de marquer, de souligner. Cependant, il ne faut pas penser que le travail syndical, que la transformation de la CGTU, d’une organisation de 260 000 membres en une organisation de millions d’hommes n’a pas été le souci de notre parti. Elle a fait l’objet, cette question, de nombreux examens. Le parti a donné des forces au mouvement syndical et cependant, pendant ces 13 années, nous ne sommes pas parvenus, non seulement à faire de nos syndicats rouges une organisation de millions, nous n’avons pas pu les modifier, dans un sens favorable, d’une façon satisfaisante.

Là aussi, nous avons examiné ce problème et avons voulu sortir des clichés. Nous avons voulu voir s’il n’y a pas autre chose que les défauts de notre travail et cet examen nous a mené à la conviction profonde que l’existence prolongée de plusieurs centrales syndicales était un non sens et que tous nos efforts devaient être faits pour faire disparaître ce non sens. Nous sommes parvenus à cette conviction et l’expérience nous a montré que l’existence prolongée de deux centrales aboutissait infailliblement à donner à ces centrales un caractère de tendance très net, un peu étroit, sectaire et par exemple en France, notre CGTU apparaissait à des millions d’ouvriers comme une filiale du parti communiste. Cette conviction acquise, nous avons engagé une campagne pour réaliser l’unité syndicale comme une condition du développement du mouvement révolutionnaire de notre pays. Et cette campagne, nous l’avons menée avec constance et vigueur parce que déjà nous étions convaincus de sa nécessité.

Quel était avant, notre attitude à l’égard des dirigeants confédérés, et pendant cette période d’une année, comment avons-nous agi ? Vous savez camarades notre opinion à l’égard des dirigeants confédérés : elle n’a pas varié. Nous les voyons, même dans la période actuelle, s’efforcer de freiner le mouvement de masse. Même quand ils agissent différemment que dans les périodes précédentes, nous savons nous, communistes, que c’est le résultat du mouvement de masse. Mais, autoamorçage, ce que nous pensions des dirigeants confédérés nous l’écrivions, nous en parlions avec un peu de brutalité, et nous heurtions le sentiment de centaines de milliers d’ouvriers confédérés, dont c’étaient encore les dirigeants et en qui ils avaient leur confiance.

Nous avons jugé plus opportun de montrer pas à pas, de faire comprendre petit à petit, par des exemples, par leur expérience à ces ouvriers réformistes que ce nous pensions des dirigeants confédérés était juste. Nous, ne l’avons pas dit, nous n’avons pas rejeté des choses dont nous étions convaincus, parce que nous avons jugé inutile de parler pour nous-même, mais toute notre activité, toutes les propositions que nous avons adressées aux dirigeants confédérés avaient des objectifs ; faire comprendre aux ouvriers confédérés ce que sont vraiment leurs dirigeants et les amener à une politique plus proche de la nôtre.

Je dis mon opinion ici sur les dirigeants confédérés, camarades, ouvertement. Je dis qu’ils servent la bourgeoisie, parce que c’est une conférence fermée, je ne le dirais pas dans une conférence ouverte et si le sténogramme devait être publié, soyez assurés qu’il serait expurgé minutieusement de cette partie. Nous avons aussi pensé qu’il était nécessaire d’utiliser les différenciations qui s’exprimaient chez les dirigeants réformistes. Depuis plusieurs mois, parmi les cercles dirigeants de la direction centrale de la CGT, il y a maintenant des disputes sans fin, il y a des opinions divergentes et nous, militants des syndicats révolutionnaires, nous ne voulons pas ignorer qu’il y a ces divergences, nous ne voulons pas identifier tous les dirigeants réformistes de la même façon, mais nous pensons qu’il est utile pour le mouvement ouvrier, pour l’unité syndicale, d’utiliser ces divergences pour faire avancer le mouvement.

Nous nous sommes adressés, pendant un an, à la direction de la CGT d’une façon correcte ; nous avons éliminé de notre langage et de nos écrits tout ce qui est épithète et ne prouve rien. Nous nous sommes efforcés de remplacer les qualificatifs et les épithètes par des explications qui n’étaient pas destinées à la masse des ouvriers réformistes. Nous nous sommes adressés à eux en proposant des choses qui correspondaient aux intérêts, aux désirs des masses, et en particulier des masses confédérées. Évidemment, nous avons essuyé beaucoup de refus. Quand nous avons envoyé nos premières lettres aux dirigeants de la CGT, on nous a répondu par un refus un peu hautain. Le mouvement d’opposition dans la CGT n’était pas tel qu’il obligea les dirigeants confédérés à modifier déjà un peu leur tactique. On ignorait que nous, nous avions analysé les faits, comme je viens de vous l’indiquer, on se fiait encore à notre tactique du passé, on pensait qu’à une telle réponse négative nous allions répondre épithète et des qualificatifs. Que nous allions nous contenter d’enregistrer que les dirigeants de la CGT servaient une fois de plus le capitalisme. On s’est trompé.

Nous avons écrit de nouveau. Nous n’avons pas laissé une seule réponse des dirigeants de la CGT sans l’éplucher phrase par phrase, mot par mot, pour trouver le point faible dans cette réponse et ça a été pour nous, une satisfaction permanente, c’est que dans chaque réponse, nous avions trouvé les défauts de la cuirasse qui nous permettaient de poser le problème avec des éléments nouveaux. Nous avons renouvelé ainsi nos propositions à chaque occasion, chaque événement politique, chaque lutte économique des propositions ont été faites ayant pour objectif non seulement du travail pratique pour l’organisation du front unique, mais de propositions publiques à la direction de la CGT. Nous avons fait une petite brochure de documents échangés entre la CGT et la CGTU, depuis une année, des documents et lettres. Cette brochure a 100 pages.

Camarades, vous pensez bien que si notre travail consistait seulement à l’échange de lettres et de documents entre la CGT et la CGTU nous aurions une brochure de dix pages et pas de résultats. Mais quand nous faisons nos lettres, nous avions soin de mettre les éléments qui éveillaient la curiosité des ouvriers confédérés qui nous permettait de discuter avec eux et à chaque envoi de documents c’étaient des discussions qui s’établissaient entre ouvriers confédérés et ouvriers unitaires de sorte que le travail d’opposition dans la CGT n’était pas un travail mené schématiquement, il n’y avait pas une direction qui disait « vous allez faire ça et ça dans un syndicat », mais nous avions un développement d’initiative parmi nos syndiqués à qui nous donnons des arguments et ainsi nous sommes parvenus à nouer des rapports avec des centaines d’organisations confédérées dont les portes nous avaient été fermées jusque là, dans lesquelles on refusait de nous entendre, dans lesquelles la seule présence d’un unitaire qualifié de communiste, même s’il ne l’était pas, était considérée comme une menace et un défi.

Nous avons vu dans le pays se modifier les rapports entre ouvriers révolutionnaires et ouvriers confédérés dans la grande bataille contre les décrets-lois, où il n’y a pas eu un seul centre du pays et une seule ville où des manifestations communes n’aient été organisées, non seulement entre les dirigeants de syndicats de base, mais entre les dirigeants d’union confédérés et d’union unitaire. Cela nous a permis de réaliser avant l’unification nationale déjà les premières bases d’unification. Vous savez en France, nous avons maintenant plus de 600 syndicats unifiés, de nombreuses sections syndicales unifiées : cela représente environ 120 000 syndiqués, confédérés et unitaires qui sont effectivement unifiés malgré que la direction confédérée ait mené une campagne acharnée contre ces syndicats unifiés. Elle a essayé d’utiliser l’argument, qui avait si bien réussi contre l’OSR : que les syndicats unifiés c’était la dislocation du mouvement, que nous voulions détruire les syndicats confédérés. Si nous avons obtenu ce résultat intéressant, c’est que les ouvriers confédérés ne les ont pas écoutés, qu’ils ont compris que nous, unitaires, nous ne venions pas pour détruire leur syndicat, mais au contraire pour les renforcer.

Mais, camarades, ces formes d’unification elles ont fait passer bien des nuits blanches aux militants. Elles ont même fait blanchir des cheveux ; elles ont inquiété beaucoup de bons camarades. Pourquoi ? Parce que ces formes d’unifications n’ont pas été déterminées dans les détails dans un bureau de la CGTU. Elles sont venues de la base, des syndiqués eux-mêmes, qui suivaient la politique que nous désirions dans les syndicats, qui avaient compris qu’il fallait aller plus vite dans la question de l’unité. C’est ainsi que se sont formés les syndicats unifiés où chaque adhérent conserve la carte de sa propre organisation centrale. Ce n’est pas nous qui avions déterminé cette forme d’unification, ce sont les cheminots qui un jour ont dit : il faut faire l’unité. C’est eux qui ont trouvé cette forme qui facilitait leur tâche. Mais, quand nous avons reçu une première résolution qui nous faisait cette proposition ça n’a pas été tout seul chez nous. Il y en avait qui disaient cela n’est pas écrit dans nos résolutions et par conséquent cela doit être mauvais. Eh bien, là encore, nous avons tenu compte de la vie et nous avons pensé que les résolutions, si bien soient-elles, n’étaient pas capables d’entraver le cours de la vie et qu’une résolution bien faite devait indiquer aux communistes qu’ils devaient examiner chaque phase du travail. Nous avons soutenu et développé l’initiative, fait grandir le sentiment de la responsabilité chez tous nos militants et nous avons approuvé chaque forme d’unification, nous nous sommes bien gardés même quand ces formes comportaient quelques dangers nous nous sommes bien gardés de les corriger en freinant le mouvement d’unité. Sans doute, nous nous sommes efforcés de guider nos militants. Ces idées toutes frustres un peu brutes qui naissent de l’initiative des masses c’est notre rôle de les polir de les fignoler, mais pas de les repousser parce que nous n’en sommes pas les inventeurs.

La bataille actuelle contre les décrets-lois montre que ce travail d’unification a déjà abouti à de bons résultats. Depuis le 15 juillet le gouvernement interdit les manifestations : jamais il n’y en avait autant. Nous avons commencé le recensement des manifestations qui se sont déroulées depuis le 17 juillet, date à laquelle le gouvernement à mis en application les décrets-lois. C’est par centaines de milliers qu’il faut les chiffrer les manifestations dans toutes les villes grandes et petites y compris Paris. Et c’est par centaines et par milliers qu’il faut compter les manifestations.

Actuellement, nous avons des pourparlers avec les dirigeants de la CGT et les pourparlers se continuent pour trouver les points sur lesquels l’Entente puisse se réaliser. Ces réunions communes que nous avons avec les dirigeants de la CGT, ce sont de véritables batailles pas physiques, mais des batailles orales qui ont commencé à fleuret moucheté et maintenant on va jusqu’à frapper les coups de poings sur la table.

Interruption de Lozovski : Seulement sur la table ?

Frachon : Oui, seulement sur la table. On ne frappe pas sur la figure même si l’envie nous en prenait, nous sommes suffisamment maîtres de nous-mêmes pour ne pas aller jusque là. Mais, camarades, ce travail n’a pas été tout seul. Nous avons eu des discussions et nous avons fait des concessions et des concessions, qui nous ont coûté. Et parfois avant de les faire, ces concessions, nous avons eu des discussions dans le bureau politique, nous avons parfois passé plusieurs séances au bureau politique à discuter pour savoir si les avantages que l’on pouvait tirer compensaient la concession faite. Dans le développement de notre travail nous avons parfois payé cher quelques résultats et parfois même trop cher. C’est le cas pour les cheminots du PLM. L’unification s’est faite rapidement, mais nous l’avons payée plus cher que nous aurions dû. Mais l’examen des cas où nous avons payé trop cher, qu’est-ce qu’il nous montre ? Il nous montre que là où nous avons payé plus cher, c’est que nous avions apporté le moins de soins à la direction de l’organisation unitaire, c’est là où nous avons laissé des directions qui n’étaient pas très révolutionnaires et des difficultés que nous sentions moins parce que nous avions là une organisation un peu partisane, quand nous avons vu ensemble les syndiqués unitaires et confédérés, des dirigeants confédérés qui n’étaient pas venus à l’unité que contraints par leurs masses, nous avons évité toutes ces difficultés. Mais, camarades, même là où nous avons payé cher, le prix est moins élevé que ce que nous avons retiré […].

Mais, camarades, la plus grande concession que nous avons dû faire, celle qui nous a coûté le plus, c’est l’abandon des fractions. Pourquoi avons-nous abandonné les fractions ? Il fallait qu’il y ait des raisons bien sérieuses, bien impérieuses pour amener les communistes à faire cette déclaration d’abandon des fractions. Nous avions, nous, écrit, dit que jamais nous n’abandonnerions les fractions et nous les avons abandonnées. Parce que pour le communisme il n’est pas question d’amour propre, et quand la vie nous amène à prendre des décisions qui sont contraires parfois à ce que nous avions écrit et dit nous n’hésitons pas à le faire. Il y a dans les masses françaises un large préjugé, entretenu, développé par la bourgeoisie et les dirigeants réformistes, contre les fractions du parti communiste dans les syndicats. Il y a aussi chez les ouvriers socialistes ou socialisants qui sont dans les syndicats réformistes et qui en constituent l’ossature, la lutte pour la prédominance d’un parti et l’utilisation de ce qu’on a montré les fractions communistes comme des éléments de division ; qu’on a réussi à faire croire à des centaines de milliers d’ouvriers que les fractions étaient des éléments de discorde dans les syndicats. Il y a ce préjugé chez beaucoup d’ouvriers puis, il faut bien le dire camarades, il y a aussi des fautes dans l’utilisation des fractions. Il y a chez nous une petite histoire qui a trait à un moineau qui picorait du crottin de cheval duquel il extrayait les graines d’avoine, et après s’être bien repu, il était tellement heureux qu’il monte sur un toit et se met à chanter et voilà un chasseur qui passe l’entend et l’abat. La morale de l’histoire c’est que lorsqu’on a mangé du crottin il ne faut pas le chanter sur les toits. Peut-être pourrait-on prendre pour nous la morale de cette histoire. Nous avons souvent plus crié que fait…

Lozovski : Il y avait plus de bruit que de fractions ?

Frachon : Oui… Et pas seulement chez nous. Nous avons pensé que le parti communiste, quoique ce soit pour lui une grosse question, un gros problème, ne pouvait s’arrêter à ces questions. Pendant plusieurs mois, camarades, notre travail d’unité syndicale a été entravé par cela. Les dirigeants réformistes avaient trouvé la branche à laquelle se raccrocher et ils utilisaient cela, et ils enfonçaient le coin, et ils tapaient dessus. Et le résultat, camarades, c’était que le travail pour l’unité était freiné, était ralenti, qu’il commençait à y avoir chez un certain nombre d’ouvriers confédérés partisans de l’unité une certain désespérance, des désillusions ; et ceux qui maintenant disent : nous verrons l’unité, ceux-là commençaient à dire : il n’y a rien à faire, il n’y aura jamais l’unité. C’était une question grave, un problème sérieux. Nous ne pouvions pas, nous, communistes, dans une telle période laisser s’ancrer un tel état d’esprit chez les ouvriers et risquer pour une telle chose de porter atteinte au développement du Front populaire.

Nous avons fait cette déclaration, mais, camarades, cela n’a pas été sans discussion. La discussion, si on devait oui ou non abonner les fractions, vous pensez bien cela n’a pas été une petite affaire ; il n’y avait pas seulement des discussions entre nous mais des discussions avec notre conscience, avec nous-mêmes. Nous avons passé des heures et des nuits sur les textes ; nous avons cherché dans les résolutions des congrès ; nous avons remonté très loin ; nous avons lu les textes de Lénine et de Staline et nous n’avons jamais trouvé le fait actuel. Nous n’avons jamais trouvé cela dans les résolutions ni dans les écrits de Lénine et de Staline. Il y en a d’autres, il y a les éplucheurs de texte, il y a ceux qui cherchent dans les textes ou les articles la phrase qui permettra de lâcher le coup d’escopette, – vous savez ceux qui attendent au coin du bois le passant avec l’escopette. Nous avons dû nous battre avec ceux-là. Parce que nous avons lu dans les résolutions et dans les textes de Lénine et de Staline ce que les éplucheurs de textes n’ont jamais lu. Nous avons su lire, nous, dans les textes de Lénine et de Staline que le communisme c’est la vie et que les textes ne doivent pas l’empêcher d’aller à dans la vie [applaudissement]. Nous n’avons pas voulu ignorer la vie.

Est-ce que le parti y a perdu ? Eh bien, camarades, je vous le dis très tranquillement, jamais le parti communiste n’avait eu dans les milieux confédérés une telle influence que maintenant. On remercie le parti communiste d’avoir su enlever le dernier obstacle à l’unité, on est content du parti communiste, on est content du front unique et du Front populaire, on le salue d’avoir enlevé cet obstacle à l’unité et le résultat c’est que dans le congrès du plus grand syndicat de la CGT qui groupe 80 000 membres, celui des instituteurs, le dirigeant du syndicat a pu parler au congrès de la formule sublime que le parti communiste avait lancé : la paix, le travail et la liberté. C’est la première fois que dans un congrès confédéré on rend hommage, aux acclamations des congressistes, au parti communiste. On reconnaissait en fait, le rôle dirigeant du parti communiste ou il abandonnait les fractions.

Où en sont nos discussions ? Nous avons maintenant, après cette déclaration sur les fractions qui nous a permis de faire remonter l’intérêt en faveur de l’unité, il y a aussi la bataille politique, les décrets-lois, la menace du fascisme qui fait monter le mouvement des masses. Tout cela créé des conditions bien plus favorables à l’unité. Aussi les dirigeants confédérés qui avaient rompu les pourparlers, avec succès, avec cette question des fractions, les dirigeants confédérés ont été contraints immédiatement de reprendre les pourparlers ? Bien entendu, ça ne va pas tout seul. On essaye dans les discussions de faire voter des textes, de présenter des résolutions des éléments qui serviraient d’attaques contre le parti communiste. C’est bien plus difficile qu’auparavant. Ils ont dit, pendant des mois : ce sont les fractions qui sont l’obstacle, nous n’avons rien contre le parti communiste, les fractions sont disparues on cherche d’autres arguments. Ils sont devant une position bien plus difficile. Nous avons donc beaucoup plus de facilités pour faire monter le mouvement en faveur de l’unité syndicale.

Et puis nous-mêmes, nous avons appris au contact des dirigeants confédérés, que la direction de la CGT ce n’est pas un seul dieu en plusieurs personnes. Nous avons appris qu’il y avait des différences dans ces conceptions que les événements agissaient différemment sur l’un ou l’autre, et nous avons appris à utiliser cela. C’est un secrétaire adjoint de la CGT, je dis encore ça parce que c’est une réunion fermée, qui, un jour où j’étais dans son bureau – parce que nous allons dans les bureaux de la CGT, presque comme nous allons dans ceux de la CGTU, nous arrivons, nous frappons à la porte, nous entrons, nous avons telle chose à vous dire, et nous venons vous le dire – ce secrétaire adjoint me disait « c’est la dispute, maintenant tout le monde s’engueule, chacun tiraille de son côté ». Eh bien, nous utilisons cela camarades. Nous écoutons, nous savons lire entre les textes, nous apprenons un petit peu et quand l’un d’eux semble plus près de venir avec nous, celui-là on le loue publiquement, on écrit un article dans lequel on dit : avec lui, on pourra peut-être s’entendre. Et ainsi, nous essayons d’accentuer les divergences, toujours avec l’objectif de gagner à une politique de classe le plus grand nombre de syndiqués et de militants. Ça donne quelques résultats.

L’unité syndicale en France, c’est un gros morceau. Et la bourgeoisie de notre pays a plus d’un tour dans son sac. Elle sait utiliser le sentiment de masse, elle sait employer les manœuvres les plus habiles comme les plus hypocrites et malgré que nous ayons déjà signé un document en commun avec les dirigeants de la CGT, dans lequel il n’est pas question de lutte de classe, parce qu’on nous disait ce n’est pas notre affaire, c’est le congrès qui décidera, mais dans lequel nous avons introduit une phrase qui explique la lutte de classe et le rôle que les syndicats doivent mener pour la défense des intérêts des ouvriers, malgré cela ça ne va pas tout seul.

Maintenant, les dirigeants confédérés essayent de faire l’unification de façon, à conserver leur hégémonie sur le mouvement. Ils seraient même heureux d’être débarrassés sur les problèmes de l’unité en nous empêchant de développer notre point de vue, ils sont même prêts à nous donner des places dans la direction, deux secrétaires de la CGT. On nous offre cela et on s’arrangerait ensuite. Vous pensez bien que ce n’est pas un arrangement en famille que nous voulons, mais nous voulons des places pour notre mouvement et le plus que nous pouvons. Nous avons encore des difficultés. Jouhaux déclare : l’unité sera une réalité à la fin de l’année. Il dit cela pour se montrer unitaire, mais il ne fait rien pour cela, au contraire. Mais nous qui avons la conviction bien arrêtée que l’unité est indispensable à la montée du mouvement révolutionnaire en France, nous la ferons.

Mais peut-être, camarades, et c’est même certain, que dans une CGT réunifiée, nous serons en minorité, quant à la direction d’une telle CGT : ce sera aussi un problème qui ne se résoudra pas en quelques semaines. Nous allons à cette CGT unifiée avec le sentiment qu’au début nous serons en minorité, et avec cet autre sentiment que nous serons en masse. Nous ne brûlerons pas les étapes, nous travaillerons pour la direction de cette CGT, pour la direction communiste de cette CGT – sans le dire – mais ce travail peut être long. Combien ? Cela dépend un peu des événements et puis de nous. Deux ans, quatre ans, cinq ans peut-être, camarades nous travaillons avec une telle perspective. Peut-être cinq ans. Nous aurons cette patience. […] ».

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Commentaire Xuan :

Cette façon d’aborder le sujet correspond exactement à l’état d’esprit de la classe ouvrière.

Quant au débat actuel dans le PCF, je crois que la très grande majorité des camarades souhaitent sincèrement l’abolition du capitalisme et un monde nouveau, même s’ils sont abusés par des conceptions réformistes. Par conséquent il est négatif de leur coller des étiquettes, ça ne sert qu’à diviser et retarder l’unité.
Mais évidemment celle-ci ne peut se réaliser que sur des positions marxistes-léninistes qu’il est nécessaire de défendre. C’est bien ce que veut dire B. Frachon à propos de l’unité syndicale, il s’agit de positions de classe.

A noter que ce texte concerne le travail dans une organisation de masse, dirigé par un parti communiste, tandis que la lutte actuelle s’effectue à l’intérieur du parti communiste lui-même.
Il y aurait d’ailleurs matière à réflexion sur le « parti communiste de masse ». A mon avis c’est un oxymore qui n’a rien à voir avec la dialectique. Parce que cette notion va précisément à l’encontre du rôle dirigeant de ce parti dans les différentes organisations de masse, elle nie même l’existence des organisations de masse.
Pour diriger, ce parti devrait être l’avant-garde du prolétariat, et non une organisation comme les autres.


Edité le 20-12-2022 à 22:35:17 par Xuan


Xuan
L’histoire sert à se repérer dans le présent, réflexions sur l’opportunisme des milieux dirigeants de la classe ouvrière, par Danielle Bleitrach

5 DÉCEMBRE 2022

https://histoireetsociete.com/2022/12/05/lhistoire-sert-a-se-reperer-dans-le-present-reflexions-sur-lopportunisme-des-milieux-dirigeants-de-la-classe-ouvriere-par-danielle-bleitrach/

En survolant la base commune qui vient de sortir du conclave du conseil national du PCF du weekend, je dirais qu’elle marque un statu quo donc nécessairement un immobilisme. Pas la moindre avancée depuis le 38e congrès mais la droitisation est freinée. Il faut replacer ce statu quo dans ce moment où la politique française elle-même parait suspendue dans l’attente de ce à quoi elle refuse de faire face. On ne sait combien de temps cela va durer. Cela peut s’accélérer, alors le congrès en avril nécessitera d’autres thèses (d’avril comme il se doit, enfin pas jusque-là, soyons réalistes). Donc cette base commune reflète la médiocrité politique du moment, parce que le Parti communiste Français limite lui-même les enjeux réels de la période historique et retrouve la sécurité des ornières dans lesquelles tout le monde piétine. Et pourtant si j’étais une militante communiste, je m’intégrerais pleinement à ce congrès pour faire avancer les consciences quoi que je pense de cette base commune qui n’interdit rien, ne propose pas grand chose mais laisse toute latitude aux militants pour s’impliquer individuellement et en groupe… parce qu’on a rarement raison tout seul. Alors l’essentiel est dans ce travail d’amendement de ne pas perdre la vision du but : former une force qui soit en situation d’affronter le capital, son militarisme, sa répression et de passer outre les blocages opportunistes en proposant le changement de société, peut-être en parlant du grand absent de cette base commune, le socialisme avec son parti révolutionnaire… ça peut toujours servir…
illustration : Frossard et Marcel Cachin… nous avons le choix… encore faudrait-il savoir de qui il s’agit.

1-La base commune ou le statu quo
Pourtant, il y a déjà une contradiction entre cette peur de changer et l’impossibilité de continuer comme avant qui sourd dans la population française. De celle-ci, on préfère entendre la peur du changement plutôt que l’aspiration à changer. Cela se traduit chez les éléments les plus avancés, si je fais référence à mes informations sur l’état du parti, à un divorce croissant entre la prise de conscience de la base et le ronron des sommets, en tous les cas un besoin de réflexion et d’action avec les moyens de mettre en œuvre, ce qui n’existe pas dans cette base commune.

Ce qui caractérise d’ailleurs toute la vie politique de notre pays dans laquelle un personnel politique qui est littéralement intoxiqué par l’usage excessif des plateaux de télévision et leur ambiance hors sol, et qui finit par croire que c’est là réellement la préoccupation des Français. Leur horizon, celui de cette base commune et de la forfaiture du vote ce texte qui range la France derrière l’OTAN, c’est celui des élections législatives anticipées auxquelles songe Macron et qui les obsède. C’est l’horizon temporel de cette base commune.

Les dirigeants communistes qui ont rédigé ce texte ne sont pas pire que les autres partis, ils sont comme eux incapables de voir le basculement historique dans lequel nous sommes, incapables de concevoir un parti qui ne soit pas autre chose que des groupes de distributeurs de tracts pour élections. Leur horizon c’est une union de la gauche qui leur permettra la conquête des postes et une participation gouvernementale où ils auront un ministère qui leur permettra d’appliquer les thèses du secteur économique sur l’emploi : la formation etc… La base commune telle qu’elle est est un anesthésiant à toute ambition d’avoir un parti qui se batte pour un changement de societe. Bizarrement on retrouve la sortie de l’OTAN dans le texte, comme une sorte de concession à la sensibilité majoritaire du parti mais on sent que cette question n’a pas entrainé la moindre discussion sur le vote des députés. Pourquoi cette affirmation de principe sans remise au moins en discussion du vote des députés? Sans doute parce que le secrétaire national a la double casquette. Et malheureusement un manque de travail sur les questions internationales qui lui fait croire que le peuple français est complètement rangé derrière l’Ukraine, ce qui est pour le moins partiel. En fait le fond reste l’union de la gauche à l’assemblée et dans les médias, c’est cela qui est le vecteur principal de tous les opportunismes, mais le parti restant opposé à cette dérive, on joue les funambules et on évite ce qui fâcherait.

Tout le monde se moque du débat idéologique, la seule chose qui compte c’est outre les futures élections, les rapports de force en interne, à savoir à la fin du jeu qui occupera quoi à la fin du Congrès, conserver ses baronnies, faire élire un maximum des siens au futur conseil national, voilà pour le Parti. Nous en sommes exactement à ce qui caractérise les motions au PS, dont tout le monde se désintéresse du contenu mais se demande combien des siens on réussira à faire rentrer dans les instances nationales, avec partage des moyens matériels. La tournée en France du secrétaire national se préoccupe de moins en moins d’ailleurs du parti et ressemble de plus en plus à celle de Macron dans “les territoires”, c’est le choix électoral qui détermine le but que l’on donne à l’activité. Bref les absents de cette base commune sont le socialisme et le parti en revanche tout pour les futures législatives et même la présidentielle sur les plateaux de télévision.

Face à ces ornières qui sont celles dans lesquelles le parti communiste s’embourbe depuis plus de vingt ans et qui en font un parti comme les autres, il n’en reste pas moins qu’il n’est toujours pas un parti comme les autres. L’enjeu est de savoir ce que fera un parti qui a recommencé à espérer ? Se contentera-t-il de cette lutte des places avec le soin palliatif d’une distinction identitaire reposant sur l’exaspération de l’antagonisme avec Mélenchon et les siens pour éviter le piège de la Nupes où la FI serait aussi hégémonique que les USA dans l’OTAN ? Parce que cette base commune permet à peu près n’importe quoi et en particulier le partage de ce qu’il reste des dépouilles du PCF et des conquêtes espérées en matière de postes ministériels.

C’est exactement ça l’opportunisme… que l’on veut confondre avec le réalisme en se moulant dans les institutions existantes…

Pourquoi parler d’histoire, d’abord parce que ce qui est frappant c’est qu’un parti qui s’est voulu marxiste a rarement manifesté aussi peu d’intérêt pour la période historique dans lequel il est sensé s’inscrire : en matière idéologique nous sommes en état de coma dépassé, et il s’agit surtout de ne mécontenter personne, l’opportunisme à la doxa médiatique se substituant à l’écoute des masses tel que pourrait le faire un parti qui aurait ses racines dans notre peuple, dans l’entreprise, on lui substitue l’équivalent des préaux radicaux.

Parce que l’histoire nous aide à voir une issue en comprenant que nous n’en sommes pas du tout là où l’opportunisme s’obstine à croire que l’on est :

Il est clair que ce texte ne convient pas du tout à la situation dans laquelle se trouve le monde et notre pays mais il permet une intervention des militants qui auraient une telle préoccupation. Encore faudrait-il qu’ils se regroupent et fasse le travail qui manque ici. Le travail n’est pas seulement de réécrire un texte dont visiblement tout le monde se moque, le partage à tous les niveaux des postes étant le vrai enjeu. Il s’agit de recréer un parti qui soit combatif et conscient de la situation qui nous attend, au sein même de cette absence d’ambition et de cette courte vue au-delà de l’ego de ses inspirateurs. Cela peut toujours servir et pas seulement dans la préparation d’un congrès, avoir un tel parti peut s’avérer utile pour un avenir dont on peut craindre qu’il ne se borne pas à satisfaire le narcissisme des politiciens et de nos éditoriaux des médias. C’est là que les leçons de l’histoire peuvent servir. Non pas parce que l’histoire se répète à l’identique mais parce que les analogies nous aident à saisir quelques lignes forces enfouies sous l’incapacité à penser le présent et l’avenir, ce qui est le propre des sociétés en déclin enfermées dans des querelles byzantines.

Le propre des décadences, ce qui caractérise le capitalisme et l’épuisement de son modèle démocratique. Cela paradoxalement me conforte dans l’idée que s’il y a encore quelque chose à faire c’est bien au sein de ce qui est notre identité, l’histoire de la France, celle du mouvement communiste et donc à l’intérieur de ce malheureux PCF qu’il faut construire. Parce que c’est dans ce gisement-là qu’il y a encore à puiser, ce parti porte comme notre pays inscrit en lui des strates d’expériences, une archéologie mémorielle qui le font avoir des choix fondamentaux, comme le nucléaire mais aussi la bataille pour l’éducation, des emplois avec de bons salaires, la lutte contre la vie chère, un refus de l’impérialisme et ses guerres, donc de l’OTAN qui de temps en temps sont des rochers sur lesquelles viennent s’arcbouter les refus militants comme ceux du peuple français, le refus de changer de nom en témoigne… Donc il faut partir de là et recréer un collectif.

2- IL Y A CENT ANS, COMMENT LE PCF TENTAIT DE SORTIR DE L’OPPORTUNISME
Les mémoires de Jacques Duclos sont une mine historique et j’en relis souvent des chapitres. Celui consacré au combat contre l’occupation de la Rhur qui se passe en 1922-23 par bien des points nous fait songer à la situation présente et le jeune Jacques Duclos, qui sort de l’horreur des tranchées comme bien de ses camarades, est dans un état de colère compréhensible. Le nouveau parti qui nait à Tours est dans une situation confuse, il combine chez ses militants cette colère, une passion internationaliste qui combine adhésion à l’URSS et espérance de paix, colère contre ceux qui ont accepté l’union sacrée et la boucherie, volonté de classe. Il faut rompre avec la social démocratie, le parti socialiste qui a accepté cette guerre, qui a trahi la classe ouvrière, ce qui a fait naitre le parti à Tours avec à la tête de ce parti des planches pourries comme Frossard. Personne n’a la moindre idée de ce que serait un parti révolutionnaire, et suivant les sections on est pour l’internationalisme ou pour les postes d’élus et les petits arrangements, l’art de ne mécontenter personne. Sur la question de la paix, on assiste à l’intérieur de ce parti à une division cohabitation de fait.

En 1920, il y avait eu de grandes grèves en particulier celle des cheminots. Le gouvernement avait frappé durement les grévistes, mais comme le dit Duclos “les grandes grèves de 1920 eurent pourtant une influence positive. Elles éclairèrent des dizaines de milliers de travailleurs nouveaux sur la nécessité d’en finir avec le réformisme. Elles contribuèrent à de nouveaux progrès du courant favorable à la Troisième internationale” (p.181 volume 1) Et le jeune Duclos salue avec espoir le voyage à Moscou de Marcel Cachin et L.O Frossard. C’est sous ce voyage que nous plaçons notre article d’aujourd’hui, pour comprendre ce qu’est un parti qui a à sa tête Frossard et Cachin, ce dernier manque un peu à notre actualité.

Nous sommes loin aussi de l’idée d’un tel voyage à Moscou, ce n’est vraiment pas à l’ordre du jour… C’est vrai et pourtant toute proportion gardée les ambiguïtés de la délégation du PCF à la Havane, la signature du texte et son désaveu par censure seront probablement l’objet d’analyse des historiens du futur. Parce qu’il y a ce monde multipolaire en train de naitre, et la manière dont il est travaillé politiquement par les non alignés et l’existence de grand partis communistes comme le chinois et le cubain, le pays où est né le bolchevisme a connu une contrerévolution, mais n’a pas plus oublié sa révolution que nous n’avons oublié la révolution française. Il faut repenser tout cela sans reproduire à l’identique…

Le IIe Congrès de l’internationale auquel se rendent les Français du parti communiste naissant à Tours est marqué par un discours de Lénine contre l’opportunisme: “l’opportunisme est notre ennemi principal. L’opportunisme dans les milieux dirigeants de la classe ouvrière, c’est la social démocratie non prolétarienne, le socialisme bourgeois, il est pratiquement démontré que les militants ouvriers appartenant aux tendances opportunistes défendent mieux la bourgeoisie que les bourgeois eux-mêmes” (p.180)

Il est clair que Marcel Cachin et L.O Frossard sortirent de ce Congrès avec une vision tout à fait différente des orientations du jeune parti communiste qui nait à Tours même si les deux choisissent la rupture avec le parti socialiste et sa trahison.

Quel parti pour quel but ? Les belles âmes et les petits arrangements
L’état réel du PCF reflète d’ailleurs la confusion générale. Duclos décrit un parti où il y a beaucoup de beaux parleurs qui embobinent les autres et qui n’ont visiblement rien à y faire. Beaucoup d’éléments dit-il, s’ingéniaient à perpétuer dans le parti les habitudes et le type de travail de l’ancien parti socialiste, dans le même temps la CGT réformiste excluait à tours de bras les sections qui n’étaient pas d’accord avec son réformisme et se tournaient vers l’Internationale. “A la vérité, le nouveau parti conservait beaucoup de traits et de vieilles habitudes de l’ancien. Les réunions de section avec 200 ou 300 participants donnaient l’impression d’une sorte de parlement où l’on discutait beaucoup, après quoi il n’y avait plus personne pour appliquer les décisions prises” (p.197) On s’y croirait à la seule différence près que les sections actuelles du PCF d’aujourd’hui n”ont même plus la taille des cellules de jadis, et que si les discussions débouchent également sur l’absence de mise en œuvre, on chercherait en vain la passion et l’effervescence. Cette base commune en est la vivante preuve, le terme vivant n’est pas d’ailleurs réellement approprié…

Mais accélérons, en fait déjà à cette époque il y a des différences entre sections. Si les réformistes se soucient comme d’une guigne des travaux de l’Internationale et du IIIe Congrès (juin 1921) qui, entre autres, lutte contre l’opportunisme et l’inefficacité par la modification des structures du parti avec le souci prioritaire de la cellule d’entreprise, il y a un certain nombre de jeunes gens en colère et militants aguerris qui se réorganisent. Notons qu’à cette époque-là déjà, les pires réformistes du PCF invitent à la fois à un retour à la IIe internationale socialiste et à une refonte avec le parti socialiste et dans le même temps dénoncent la NEP comme ayant abandonné l’idéal communiste. On s’y croirait.

En avril 1922, l’URSS fait un retour fracassant sur la scène diplomatique internationale avec la conférence de Gènes. La délégation soviétique conduite par Tchitchérine avait reçu mandat de défendre la coexistence pacifique et de chercher des accords séparés avec les capitalistes occidentaux. Elle commence par signer à Rapallo un traité de renoncement aux dommages de guerre avec l’Allemagne. Ce qui va être utilisé pour dénoncer la collusion anti-patriotique supposée entre les communistes et l’ennemi “boche”. Les éléments droitiers à la Frossard et les gauchistes à la Souvarine s’allient pour une surenchère de chauvinisme et de communisme intégral.

Il faut voir que le gouvernement de Poincaré devenu président du Conseil s’avère au plan international le défenseur d’une politique qui vise “à faire payer le boche” alors que d’autres comme l’Angleterre veulent lâcher du lest. Cette dispute au sein de l’entente pas très cordiale européenne donnait lieu en France à une propagande anti-boche aux accents mâles auxquels il était difficile d’échapper comme il est difficile d’échapper au soutien inconditionnel à Zelensky notre héros otanesque. Et le gouvernement français décida d’occuper la Ruhr le 11 janvier 1923, comme il pourrait décider de faire entrer nos troupes stationnées en Roumanie actuellement dans la joyeuse mêlée ukrainienne derrière ou devant les troupes de l’OTAN, c’est là le sens de ce que les députés ont voté au parlement y compris les députés communistes en décembre 2022. Relisez cette déclaration et voyez ce qu’elle autorise.

Si l’on regarde la situation du parti en janvier 1922, la confusion y était assez comparable à celle qui règne aujourd’hui enfin au sommet. Frossard aurait voté sans état d’âme cette résolution. Pendant ce temps-là Marcel Cachin s’était rendu en Allemagne pour y rencontrer Clara Zetkine qui dirigeait la délégation des communistes allemands et un manifeste rédigé ensemble par eux appela les travailleurs français et allemands à s’opposer au traité de Versailles, à l’idée même que l’Allemagne pourrait payer, à l’entrée dans la Rhur. Ils dénoncent ce que cela peut provoquer d’esprit de revanche, c’est en effet la dépréciation du Mark, qui en une journée passe de l’achat d’un appartement à celui d’une miche de pain. Après que les socialistes se soient de fait associés à la répression des spartakistes, à l’assassinat de Rosa Luxembourg par les corps francs, c’est la porte ouverte aux séditions et voyous de l’extrême-droite.

De l’opportunité ou de l’opportunisme des ruptures
Les réactions des uns et des autres étaient si prévisibles que Poincaré avait fait arrêter Monmousseau qui se battait contre la direction liquidatrice de la CGT et que dans la foulée il avait fait lever l’immunité parlementaire de Marcel Cachin qui fut arrêté peu après, on note aussi l’arrestation de Gabriel Péri pour la jeunesse communiste et du gérant de l’humanité Vandeputte. Ils ne furent pas les seuls, et tous furent enfermés à la prison de la santé et cette incarcération donna lieu à une campagne pour leur libération chez un grand nombre de militants. Duclos note que “l’arrestation de ces camarades m’amenait à considérer comme d’autant plus méprisable l’attitude de L.O Frossard et de ceux qui avaient donné leur démission du parti juste avant le déclenchement des mesures de répression. “(p.211)

Méprisable certes mais aussi “ailleurs”. En fait ce qui préoccupe ces gens-là ce sont les élections qui vont avoir lieu en 1924. Entre temps les capitalistes à l’échelle européenne s’étaient entendus, les capitalistes français avaient rencontré les barons de la Rhur et Poincaré fit une mâle déclaration sur l’unité des alliés : “Je ne veux pas après une victoire de la solidarité incarner une guerre de la solitude”. On croirait du Macron après sa rencontre avec Biden. Et il dut prendre des mesures d’amnistie en faveur des communistes et syndicalistes incarcérés.

Toutes ces grandes manœuvres et ces appels au chauvinisme français, à la solidarité des alliés permettent de trouver le moment opportun pour choisir des carrières, la démission de Frossard en pleine incarcération des camarades internationalistes est préparée depuis pas mal de temps. Les manœuvres tactiques se déroulent sur fond de choix à la fois à courte vue, c’est ce qui caractérise l’opportunisme, avec au centre la défense d’intérêts personnels et l’incapacité à voir ce qui est en train de naitre puisque c’est aussi à ce moment-là qu’Hitler tente se premiers coups de main.

Mais il faudra encore du temps pour que le parti communiste rentre dans sa propre histoire avec Maurice Thorez… il oscillera entre gauchisme groupusculaire et opportunisme, les deux faces d’une même réalité jusqu’à ce que la France dans sa masse exprime la nécessité d’une autre politique… Ce que l’histoire nous permet de voir c’est qu’il y a une dialectique entre le niveau des masses qui font l’histoire et leurs dirigeants et nous sommes entrés dans un processus.

L’histoire nous apprend beaucoup de choses, elle ne se reproduit jamais de la même manière, elle est à la fois dans son mouvement le produit de la lutte des classes mais aussi la synthèse de déterminations complexes que l’on ne saurait réduire à la psychologie des dirigeants, qu’il s’agisse de ceux de notre pays ou celui du mouvement ouvrier. Dans un tel contexte aucun combat n’est inutile, tous ont des conséquences et les acteurs réels de la transformation sociale ne sont pas ceux que l’on imagine dans une vision politique qui perd la profondeur historique de ses propres choix. L’opportunisme n’est pas seulement la mauvaise volonté ou la trahison de ceux qui le pratiquent, bien que cela s’en rapproche dans la mesure où cet opportunisme défend parfois mieux le capital que les partis dits conservateurs ne le font eux-mêmes, mais également le produit d’une situation où l’on s’acharne à ne pas voir ce qui est en train de changer à une rapidité qui fait que nous sommes déjà ailleurs sans l’avoir perçu…

Bref, moi si j’étais un militant communiste, je m’intégrerais pleinement à ce congrès pour faire avancer les consciences quoi que je pense de cette base commune qui n’interdit rien, ne propose pas grand chose mais laisse toute latitude aux militants pour s’impliquer individuellement et en groupe…

Danielle Bleitrach
Xuan
La question est qui a conduit le PCF jusque là, jusqu’à ce bradage d’une vie de lutte pour la paix, de desintéressement, d’intégrité ?


https://histoireetsociete.com/2022/12/06/la-question-est-qui-a-conduit-le-pcf-jusque-la-jusqua-ce-bradage-dune-vie-de-lutte-pour-la-paix-de-desinteressement-dintegrite/


Sur la déclaration du Ministère français des Affaires étrangères concernant les projets de la mise en place d’un “tribunal spécial pour la Russie” nous n’épiloguerons pas, cela regarde le peuple russe mais ce qu’elle nous dit mérite aussi que l’on y réfléchisse parce qu’il s’agit de la cécité volontaire de la France et c’est bien réel. Oui la France c’est le colonialisme, l’Indochine, et les horreurs de la guerre d’Algérie, mais c’est Henri Martin, Henri Alleg… Ils sont restés jusqu’au bout au PCF même en critiquant, en se retrouvant avec d’autres pour refuser la dérive. Ce que nous dit ici la Russie concerne particulièrement le PCF, non parce qu’il devrait au nom du passé soviétique s’aligner sur la Russie d’aujourd’hui, mais parce qu’en tant que Parti communiste, il doit œuvrer à la paix dans un monde nouveau qui cherche à naitre, le sens même de ce qui s’est dit au sommet de la Havane. Cette perspective a besoin de communistes, de patriotes, en ce qui concerne la paix, une solution diplomatique ne peut pas ignorer l’origine des guerres, et accorder du crédit au seul camp de l’OTAN, systématiquement appuyer sa propagande et finir par signer ce genre de chose. Il ne peut pas sans se détruire cautionner cette trahison de lui-même et de son pays.
Un communiste sait ou devrait savoir que la France ce ne peut pas être seulement cette vague militariste qui va au devant des souhaits des Etats-Unis, s’aligne sur cet État et ses intérêts qui la dupent par lâcheté, par complicité néo-coloniale ? Face à cette lâcheté, la stupéfaction de la France, “celle qui répond au nom de Robespierre”, le parti des 75.000 fusillés, de l’honneur et de la droiture malgré tous les colonialistes, les bourreaux, les messieurs Thiers, est encore plus douloureuse. Elle est la réaction d’un communiste simple et honnête qui n’a jamais rien demandé pour lui-même ni poste, ni honneur, quand il découvre qu’André Chassaigne, qui jusque-là le représentait dignement a porté ce genre de proposition au nom du groupe communiste, il s’interroge sur qui a pu obtenir que cet homme intègre accepte cette tâche indélébile sur une vie de militant droit et honnête, comme nous sommes tous salis? Il ne s’agit pas seulement de s’indigner mais bien de comprendre comment peut-on en arriver là?
Il est temps de demander : qui êtes-vous hommes de l’ombre, conseillers vendus à l’OTAN depuis de nombreuses années, vous alignant depuis toujours sur les allégations mensongères des Glucksman et autre BHL, menant campagne contre la Yougoslavie, la Russie, la Chine, en fait tous les pays que désigne l’empire. Est-ce dans le seul espoir d’avoir des accords de sommet avec le PS et les verts dans les futures législatives, est-ce le prix de ce reniement ? Qu’est-ce qui fait votre puissance au sein de ce parti? Le silence de ceux qui ne veulent pas voir, pas savoir mais jusqu’où iront-ils ?
Ce n’est même pas de l’opportunisme électoraliste, la courte vue pour avoir des élus communistes, l’électoralisme est une manière de rationaliser la forfaiture dans laquelle vous nous entraînez. Et même si l’horizon indépassable d’un élu communiste est désormais l’élection prochaine, Chassaigne et nous tous savons que suivre aussi aveuglement Macron n’est pas la méthode pour convaincre l’électorat, le nôtre mais notre peuple. Vous qui avez contribué avec les Joliot Curie à créer le nucléaire civil et dénoncé toujours le nucléaire militaire, vous vous alignez sur Macron qui a tout privatisé, lui et ses prédécesseurs ruiné notre indépendance énergétique et au moment où son gouvernement va nous plonger dans le noir, en cherchant des guerres prétextes, y compris nucléaire vous croyez qu’il y a là de quoi vous rapporter une voix? Alors pourquoi ? Vous croyez réellement aux inventions horrifiques des plateaux de télévision, des chaînes en continu à propos du Donbass et de l’héroïsme d’Azov? Il serait temps alors de faire le bilan de la manière dont vous vous êtes intoxiqués vous-mêmes ?
Nous sommes nombreux à avoir vécu l’expérience de la main mise sur le parti, de votre censure, de la manière dont vous manipulez les militants. Mais permettez mon expérience personnelle, sur la durée, trente ans environ, et dernièrement encore quand nous avons tenté Marianne et moi de faire connaitre les crimes ukrainiens dans le Donbass, les 48 personnes brulés vifs dans la maison des syndicats à Odessa. Nous avons été interdites y compris dans La Marseillaise, alors que les mères des martyrs dont un jeune JC de vingt ans sont venus dans les locaux de la CGT 13. Il n’y a pas eu un dirigeant du parti des Bouches du Rhône pour les accueillir. Cette omerta qui a pu être imposée au parti l’a été par quelle mafia en s’appuyant non seulement sur le carriérisme minable, mais aussi sur le désir des communistes de conserver l’unité de leur parti, et de plus en plus leur sous information, leur désorganisation.
La dérive vient de loin, les mêmes qui ont soutenu Robert Ménard contre Fidel Castro, les Patrick le Hyaric & Co… suivent fidèlement toutes les propagandes de l’OTAN. Ils s’intéressent aux kurdes parce qu’ils sont dans la coalition qui attaque la Syrie pour l’empire, aux femmes iraniennes pour les mêmes raisons, les causes humaines sont salies par ce fil à la patte. A quand l’adhésion à l’ordre d’envoyer des bombes sur ces pays pour leur apprendre à vivre en massacrant la population civile ?Jusqu’à quand exerceront-ils leur censure ces copropriétaires autoproclamés du parti, de sa presse, de tout ce qu’ils ont vendu et de l’argent qu’ils ne cessent d’exiger des militants sans jamais rendre des comptes.
Jusqu’à quand en les suivant approuvera-t-on la guerre, fera-t-on silence sur les communistes mis en prison, jusqu’à quelle folie conduira-t-on par censure de ceux qui protestent le parti communiste français, le journal de Jaurès et de Marcel Cachin ? … C’est avec ce bilan-là que vous espérez rencontrer les Cubains, mais ils ne peuvent que mépriser ce parti qui a caché la signature de la Havane pour chuter sur une telle ignominie …
Mais le pire est que vous êtes prêts à nous envoyer en guerre parce que comme tous les traitres de cette assemblée qui n’a rien de nationale, vous cédez à la vague militariste qui submerge cette chambre introuvable et avec eux vous trahissez la France…
Il faut que les députés fassent leur autocritique, qu’il y ait au sein du parti une discussion sur ce que l’on peut attendre de ses députés, du secteur international, de la formation nécessaire des militants, qu’on arrête les mondanités et que l’on s’intéresse au parti, au rôle d’intervention des militants, de l’organisation, que l’Humanité s’engage à ne plus censurer tout ce qui déplait à l’OTAN et que l’on arrête de mépriser les communistes, ce doit être l’engagement du 39e congrès pour que celui-ci ait un sens, pour qu’un début de confiance règne dans ce moment où se construit l’unité du parti. Pas de grand déballage, mais une ligne claire et les moyens d’y parvenir. Qui poussera la complicité jusqu’à vouoir ignorer cet acte là, parler d’autre chose ? Pour les encourager à aller jusqu’où ? cela n’a que d’autre duré…
Mais que ceux qui prétendent juger de ce parti en restant en dehors au lieu de contribuer à sa re-création, une fois de plus, se demandent quel rôle réel ils jouent, comment espèrent-ils vaincre le capital, convaincre la masse de notre peuple, s’ils ne sont pas capables de reconquérir leur propre parti? On a besoin d’eux … C’est ce que Lénine disait à Monmousseau le dirigeant syndical qui refusait de se mêler au parti de Frossard: “tant que tu n’y sera pas, les socialistes bourgeois feront la loi et te priveront du parti”. Monmousseau a adhéré et quelques mois après s’est retrouvé avec Marcel Cachin, Gabriel Peri à la Santé pour avoir dénoncé la guerre et fraternisé avec les communistes allemands… Comme le député Ambroise Croizat a été mis en prison avec les autres députés communistes par le gouvernement socialiste issu du Front populaire pour avoir refusé de dénoncer l’URSS dans son obligation après Munich de faire face à l’Allemagne et à qui on voulait attribuer la cause de la guerre… Ambroise Croizat qui nous apporta la sécurité sociale qu’ils veulent brader, qui mourut d’épuisement et qui jamais n’a trahi le chemin de l’honneur. Oui le PCF c’est cette histoire-là, la seule qui aura fait de notre vie le meilleur, la seule chose que l’on retiendra de nous tous, personne ne doit l’abandonner comme un étendard peut l’être par des lâches dans une bataille qu’ils fuient. Non vous ne recréerez pas de toute pièce un autre parti communiste, tout ce que vous ferez ce sont des groupuscules, autour de gens devenus malgré eux des liquidateurs, mais je puis vous dire parce que je vous connais tous que l’on a besoin de vous et qu’il est temps de le comprendre.
Et toi me diront-ils ? Moi, c’est vous qui m’avez abandonnée et rendue incapable d’agir, il y a mes défauts, ma franchise, mon manque de “diplomatie”, et c’est pourquoi j’ai décidé de les mettre au service de tous, là où avec Marianne et d’autres nous pouvions encore agir, je n’ai plus ma carte et je ne la reprendrai jamais justement parce que ce qui est important est ce que nous pouvons faire, c’est ça qui fait de nous désormais des communistes. Je n’ai pas été la seule à jouer ce rôle de sentinelle, c’est vrai et ceux que je critique souvent pour leur refus de renforcer le PCF, parfois en rejoignant la social démocratie dans ces pseudos-radicalismes, ont eu un tel mérite. Mais la plupart d’entre vous peuvent et doivent agir autrement que moi, ils n’y seront pas interdits comme je le suis, pour recréer ce parti, non pas le diviser – il y en a qui sont là pour ça – mais au contraire reconstruire son unité d’action et de pensée, son efficacité.
La situation est grave, elle peut encore devenir pire, et c’est pourquoi la France les travailleurs ouvriers, intellectuels, la jeunesse, tous ont un besoin urgent d’un parti communiste, de ses militants désintéressés, d’une direction voyant loin et agissant dans l’intérêt des travailleurs, de la paix, de l’égalité et de la fraternité, il n’y a pas d’autre parti pour jouer ce rôle, le détruire est prendre une responsabilité historique. Vous tous qui assumez un rôle de direction, vous n’êtes pas au dessus des communistes, vous n’avez pas reçu mandat pour le liquider et le déshonorer, les communistes sont tous responsables et à ce titre ils doivent entamer un véritable dialogue sur ce qu’ils veulent, sans chasse aux sorcières, fraternellement mais sans feindre de ne pas voir.
Nous n’avons pas sous la main de Fidel Castro, de Maurice Thorez, ni même de Marcel Cachin, il faut faire avec ce que l’on a, renforcer le collectif et de lui surgiront les personnalités à la hauteur de la situation. Le collectif doit donc suppléer à la faiblesse des dirigeants, les aider à naître c’est notre conception des “grands hommes”, ils ne sont rien sans les masses qui font l’histoire, aidons ceux qui tentent d’avancer vers un peu mieux par notre critique mais aussi par notre action : les yeux ne peuvent pas se fermer et les bouches se taire, au point où en est le parti pour pouvoir vivre ensemble, retrouver un début de confiance, il faut savoir ce que l’on veut. Sans ce minimum-là rien n’est possible et faute de cela vous signez l’acte de décès du PCF au moment où on en a le plus besoin. C’est de vous communistes dont tout dépend.
Danielle Bleitrach

2472-02-12-2022

Communiqué de presse

Nous sommes indignés par la déclaration du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères concernant le projet de créer un “tribunal spécial pour juger les crimes d’agression de la Russie”. En plus d’essayer d’impliquer la Cour pénale internationale, les pays occidentaux ont décidé de promouvoir l’idée de créer une autre instance “judiciaire” ouvertement politisée, qui, en fait, n’a rien à voir avec la justice.

Nous ne cessons de nous étonner du cynisme des autorités françaises. Soulignant que leur “priorité” était “la lutte contre l’impunité” en Ukraine, le Ministère français des Affaires étrangères refuse de voir les nombreux crimes de guerre documentés des forces armées ukrainiennes et les taisent délibérément. Pour une raison qu’on ignore Paris ferme les yeux sur l’arbitraire jurudique du régime de Kiev au cours des huit dernières années contre les habitants du Donbass, qui continuent de mourir sous les tirs quotidiens d’artillerie et de roquettes. Ils refusent de voir les meurtres de civils et les sévices dont ils sont victimes commis par les forces armées ukrainiennes dans les territoires contrôlés par Kiev. Ainsi, tout récemment, des images choquantes de l’exécution de prisonniers de guerre russes non armés par des combattants ukrainiens ont fait le tour du monde. Avec une indifférence totale de la part des zélatuers présumés de la légimité et des droits de l’homme parmi les démocraties libérales, la junte de Kiev crée année après année une atmosphère d’intolérance totale envers la dissidence, recourant aux formes de pression les plus odieuses sur les médias et les journalistes indésirables et soutient la violence à leur encontre allant jusqu’aux représailles physiques. Or, pour les autorités françaises, tout cela n’a pas d’importance. Pour elles, seul importe ce que rapportent les émissaires de Kiev et la propagande du régime criminel.

Nous exigeons des diplomates français, si attentifs à la protection des droits de l’homme, de ne pas diviser pas les gens en “bons” et “mauvais”, “les siens” et “les autres”. Parmi les nombreuses équipes d’avocats et de criminalistes envoyées par la France en Ukraine, au moins un expert aurait dû être désigné pour étudier les atrocités des nationalistes ukrainiens qui sont bien connues, ainsi que pour visiter les territoires russes bombardés par les forces armées ukrainiennes.

Ce n’est pas la première fois que nous faisons face à l’hypocrisie des pays occidentaux lorsque nous discutons des conséquences humanitaires des hostilités. Les crimes des États-Unis et de leurs alliés en Yougoslavie, en Irak, en Libye, en Syrie et dans d’autres pays, qui ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile avec des armes de l’industrie militaire américaine et européenne, sont évidents pour les résidents des États concernés, leurs voisins de la région, et tous ceux qui ne font pas partie du fameux “milliard d’or”. La tentative actuelle des pays occidentaux de mettre en place un mécanisme pseudo-judiciaire sans précédent dans son nihilisme juridique est un autre exemple de la pratique occidentale du deux poids deux mesures. Un tel “entre soi” n’aura jamais de juridiction sur la Russie.

Il est particulièrement étrange d’entendre de telles déclarations venant de Paris. Les crimes de guerre commis par les Français pendant la période du colonialisme en Algérie pendant la guerre pour l’indépendance, en Indochine, et, à partir d’exemples récents, en Libye, sont restés impunis et ont privé la France du droit moral de faire de telles déclarations. On ne se souvient pas que le Ministère français des Affaires étrangères ait désigné à haute voix ces dossiers comme ses “priorités”. Nous recommandons que Paris commence par créer un tribunal spécial pour ses propres crimes au cours des guerres coloniales, de diverses opérations punitives, d’interventions dans diverses parties du monde.
Xuan
Pour un parti utile à notre pays, trois priorités pour notre congrès ! | Histoire et société

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Pour un parti utile à notre pays, trois priorités pour notre congrès !4 DÉCEMBRE 2022

Pourquoi je soutiens le texte qui suit, qui pose clairement et avant toute base commune le parti qu’il nous faut, défendant quoi et avec quelle organisation ? Parce que je vais vous raconter une histoire vraie : Une amie m’envoie cette anecdote qu’on lui rép
était enfant dans sa famille communiste en Corse pour lui enseigner ce qu’est la lutte des classes : c’est l’histoire de cet ouvrier agricole sartenais, un journalier du siècle dernier, qui tous les jours descendait à pied dans la vallée du rizzanese travailler la vigne pour son riche propriétaire terrien.
Un soir, au retour de son travail, alors qu’il pleuvait à torrents, son patron sur sa calèche, s’arrêta sur le chemin à sa hauteur et lui proposa de le ramener chez lui.
L’ouvrier tout reconnaissant monta sur la calèche qui repartit aussitôt.
Après une centaine de mètres, le seigneur” (sgio en corse), c’est ainsi que le riche possédant se faisait appeler, stoppa net et lui dit sur un ton sec : “descends maintenant!”
L’ouvrier tout surpris lui demanda: :”mais pourquoi” et le “seigneur” de lui répondre:
“Sache que le bien des pauvres est de courte durée “… La question est à quel prix le bien des pauvres ne sera-t-il pas de “courte durée” quand ils auront le pouvoir, ils n’auront pas le pouvoir sans être en capacité d’imposer leurs intérêts ? Il leur faut des élus mais sans un parti il semble qu’ils ne soient pas une garantie …
Le vote des députés français à l’Assemblée Nationale s’est fait en connaissances de cause puisqu’aucun d’entre eux ne peut ignorer que les États-Unis font payer le prix des crises à leur alliée, l’Europe, elle paye pour la guerre, pour les sanctions, l’OTAN, pour sa rivalité avec la Chine, les Français n’ont aucune protection à attendre de cette alliance criminelle. Cette Assemblée nationale sait de quoi il retourne et elle envoie le peuple français dans une guerre qui n’est pas la sienne et l’effort de guerre va se traduire par une justification de tous les autoritarismes, toutes les décisions arbitraires. Tous ces députés le savent et en se ralliant à l’OTAN, ils ont fait descendre de la voiture ceux qui espéraient encore en des gens pareils, en confortant le consensus autour du pouvoir des riches. A la suite de quelle pression, quel chantage il ne s’est pas trouvé un seul député communiste pour refuser de signer ce texte qui violait toutes les décisions du parti ? Termineront-ils comme Robert Hue, se ressaisiront-ils? c’est leur problème, seul la mort transforme une vie en destin et c’est à eux de voir… L’histoire les jugera…
Mais aussi ils ont démontré a contrario à quel point il est urgent pour tous qu’il existe un vrai parti communiste, merci de la leçon c’est au moins le service que vous aurez rendu, nul ne peut se satisfaire de vos éternels compromis et de votre “unité” de façade qui retombe toujours du même côté, celle où l’on vous fait descendre de la voiture.
Paradoxalement oui les Etats-Unis veulent la guerre, oui nos politiciens répondent à leur appel, mais ils ne sont plus maitres du jeu. Le monde n’est déjà plus le leur et ils sont grotesques, sinistres et pitoyables à s’inventer des victoires dans la débâcle de leur monde. Ils votent des sanctions le G7 plus l’Australie et reprennent en choeur les délires de leurs marionnettes… Et en violation de tous les textes du dernier congrès voici qu’une assemblée nationale de pleutres avec une douzaine de députés “communistes” unanimes se rallie à cette union sacrée du capital réduit à la portion congrue. Mais le fait est que cela ne peut plus durer cette liquidation et cette trahison permanente de ce que sont les communistes. Le texte qui suit a le mérite d’enfin dire ce qu’il y a dire, il prend ses responsabilité, qui les tiendra? Qu’il existe ce texte-là avant toute base commune est une bonne chose parce que cela prouve qu’enfin on prend les communistes pour des adultes et qu’on arrête les tractations de sommet, les petits arrangements dans les travées du parlement, voire les chantages, le parti ne se limite pas à cela, il n’est pas un appendice de ses élus, y a-t-il un pilote dans l’avion?
Notre peuple français va faire son expérience et celle-ci s’inscrit à contrario de la lâcheté de ceux qui ont trahi sa confiance, il va souffrir, nous allons tous souffrir plus que nous l’imaginons puisqu’il ne s’est pas trouvé à l’Assemblée Nationale un parti, une force pour nous défendre, mais cela dit l’urgence d’aller au bout de la volonté des communistes de défendre l’existence d’un parti communiste, de mener jusqu’au bout la clarification. Que les communistes sachent qu’ils ont derrière eux une longue histoire, celle de la France, celle de ce parti, celle d’une planète qui a choisi d’affronter le capitalisme, les uns en conscience et la plupart parce qu’il leur est impossible d’agir autrement. Ceux là seront-ils capables? En tous les cas ils ont déjà pris leurs responsabilités et ils les prennent encore dans un moment qui est aussi celui d’un changement d’époque dans lequel le rôle des communistes s’avère indispensable comme cela a été dit à la Havane et cela passe par la paix. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Samedi 3 décembre 2022, 39 éme congrès 2022 |

Le 38éme congrès, en décidant de réaffirmer la place et l’utilité du PCF dans la vie politique, a permis un nouvel élan de notre activité. Ces quatre dernières années ont été marquées par de nouvelles propositions et actions, tant dans la période du COVID que dans les élections européennes et présidentielles. Pleinement engagés dans ce renouveau du PCF, nous identifions trois questions qui nous semblent essentielles pour déployer toute notre activité politique et nous ancrer comme le parti de la transformation sociale capable de porter l’espoir populaire alors que le capitalisme en crise systémique menace l’avenir de l’humanité.

La priorité de la bataille pour la paix et notre engagement pour un nouvel internationalisme
L’identification de notre projet, contenus et combats, comme « Le socialisme des jours heureux »
Le PCF pour permettre au plus grand nombre d’être acteurs du processus révolutionnaire, priorité à la cellule
I. Pour la Paix et un nouvel internationalisme
La situation internationale se révèle extrêmement dangereuse. Le risque d’une guerre mondiale et de l’utilisation de l’arme nucléaire sont aujourd’hui évoqués ouvertement par les dirigeants de ce monde.

La guerre en Ukraine est d’abord un affrontement entre l’Otan et la Russie, une guerre où les stratèges américains affirment « Faire la guerre jusqu’au dernier ukrainien ». L’OTAN élargit toujours plus son champ d’action et accentue sa force de frappe en Europe orientale, au mépris des engagements pris avec la Russie par les États-Unis et leurs supplétifs européens à la fin de la guerre froide. Si le militarisme du régime de Poutine est indéniable et que celui-ci rêve de restaurer la Russie au rang des puissances impérialistes, cela ne saurait cacher qu’à ce jour la Russie n’est pas une puissance impérialiste, mais une puissance militariste acculée par l’OTAN. Si les opérations russes doivent être questionnées voire condamnées quand des crimes sont avérés, cela ne doit pas masquer que la responsabilité première se trouve du côté de l’OTAN, c’est-à-dire, in fine, des États-Unis et de ses alliés européens. Nous ne pouvons être dupes. Il s’agit pour les Etat-Unis d’atteindre la République populaire de Chine, de s’emparer de nouveaux marchés et de nouvelles richesses, de garantir la suprématie idéologique de l’occident capitaliste sur le monde.

Le blocus impérialiste contre Cuba persiste ainsi que les intimidations contre le Venezuela et le Nicaragua.

Les fossoyeurs néolibéraux s’organisent toujours plus, comme en décembre 2021 au “Sommet pour la démocratie”, initié par les États-Unis, pour décider disent-ils, de “renouveler le monde” au nom du marché libre, au nom des libertés individuelles et au nom de ce qu’ils appellent « leur démocratie ».

L’objectif affiché est clair, créer toutes les conditions pour poursuivre la soumission des peuples qui produisent les richesses, et celle des Nations qui perdent leur souveraineté, à la volonté du capital et à son accumulation durable.

La paix est donc la condition pour ne pas laisser s’installer la barbarie.

La déclaration et les objectifs de travail des 78 partis communistes et ouvriers à la rencontre de La Havane d’Octobre 2022, constitue une base de travail permettant de relancer un mouvement international pour la Paix et nous demandons que le PCF y prenne activement sa place. L’internationalisme doit se décliner dans les initiatives prises par la direction du PCF mais aussi par l’impulsion d’initiatives locales d’informations, de rencontres et de solidarités concrètes.

La France doit sortir de l’OTAN et exiger sa dissolution !

Le 39ème congrès doit prendre la décision d’une campagne pour la Paix dans toute la France permettant d’éclairer l’opinion publique et débouchant sur une grande marche avec l’ensemble des forces progressistes pour stopper cette escalade et exiger la Paix !

II. HUIT THÈSES POUR OSER LE SOCIALISME DES JOURS HEUREUX
Le programme « Des Jours heureux » porté par Fabien Roussel à l’élection présidentielle a rencontré un écho dans la société française. Dans leur diversité, les communistes se le sont appropriés. Ils veulent lui donner corps, le développer au-delà du cadre électoral comme un projet de société.

Car les luttes de ces dernières années buttent sur l’absence d’une perspective politique crédible, alternative à la société capitaliste actuelle. L’électorat populaire qui subit de plein fouet la violence de cette société s’exprime dans l’abstention, ou trop souvent dans la recherche d’un bouc émissaire.

Il appartient aux communistes de porter dans la société un projet politique de rupture en faveur des milieux populaires, avec au centre la question du travail, de son organisation, de la maîtrise des richesses produites. Il reste fort à faire !

Notre prochain congrès est un moment clé pour mettre en débat un tel objectif que nous proposons de nommer « le socialisme des jours heureux », le situant résolument dans le mouvement historique national de 1793 et la commune, du CNR à la dernière présidentielle, comme dans le mouvement historique mondial de toutes les révolutions progressistes, ayant démontré aux peuples qu’une autre société est possible, qu’elle est difficile, marquée par des avancées et des reculs, des tâtonnements et des erreurs, mais que les peuples peuvent y gagner beaucoup pour les salaires, les services publics, les droits fondamentaux (éducation, santé, culture…).

Pour travailler à une telle refondation globale de la société française, nous avons besoin des outils marxistes et léninistes pour mieux comprendre le mouvement du monde capitaliste, en innovant pour construire une perspective socialiste adaptée à la réalité française du 21ème siècle dans un monde en plein bouleversement. En ce sens, il nous faut interroger les « éléments de conquis sociaux » en France, comme leur difficulté à résister à la guerre du capital. Nous devons innover en relation fraternelle avec les forces communistes et progressistes qui se battent partout sur la planète.

Dans cet esprit voici quelques thèses que nous souhaitons porter au débat :

1. Pour envisager un autre projet de société, il faut rompre avec un capitalisme en crise systémique.
Le 22ème congrès en 1976 proposait de prolonger les acquis du CNR dans une « étape de démocratie avancée » par une stratégie d’union de la gauche orientée vers une victoire électorale. L’histoire a tranché, la gauche livrée au parti socialiste s’est tourné vers l’accompagnement du capitalisme en crise, jusqu’au macronisme.

La vague « libérale » initiée par Thatcher, a montré la violence de l’état contre les milieux populaires. On ne peut gagner ni même conserver des acquis partiels sans mettre en cause la domination des pouvoirs économiques. Le capitalisme en crise systémique n’accepte aucun compromis. Il faut rompre tout de suite avec la domination de l’état par la bourgeoisie.

2. Au niveau mondial, l’impérialisme sous égide étasunienne se raidit dans une succession de crises qui mettent en cause sa domination monétaire, économique, technologique et même culturelle.
Aux impérialismes concurrents du début du 20ème siècle a succédé une mondialisation intégrée sous égide étasunienne. Présenté comme le gendarme d’un monde censé protéger la démocratie face aux États dits « totalitaires », cet impérialisme assure en fait un pillage systématique des ressources des nations du Sud. En délocalisant dans ces pays une part toujours croissante de leur industrie, les multinationales peuvent compter sur une main-d’œuvre à exploiter à moindre coût et sur la relance de l’accumulation du capital dans les nouveaux pays ouverts à leur règne pour tenter de contrer une baisse tendancielle du taux de profit, pourtant irrémédiable.

3. Au plan national, l’impérialisme prend la forme d’un capitalisme monopoliste d’État financiarisé contestant de plus nos conquis sociaux. Pourtant, la manne financière versée aux entreprises privées est un puissant facteur de socialisation des grands moyens de production et d’échange.
Profitant des délocalisations et du chômage qui en résulte, le capital a pu attaquer avec succès le pouvoir des syndicats, détruire les conquis sociaux et comprimer les salaires. Fermant la parenthèse du capitalisme monopoliste d’État social où les institutions publiques étaient ambivalentes, à la fois au service des intérêts du capital et du bien public du fait du rapport de force issu de la 2nde guerre mondiale, le capital, avec la diminution progressive de sa plus-value causée entre autres par la décolonisation, a mis l’appareil des États impérialistes à son seul service pour qu’il garantisse son taux de profit.

4. Le capitalisme en crise doit briser toute résistance populaire. Il ouvre la voie aux fascismes
Face au sentiment généralisé de déclassement et à la colère grandissante du peuple, le capitalisme joue la carte de la division, usant tour à tour de son influence pour faire monter le populisme ou le fascisme. Si nous voulons parler à tous ceux qui doutent du système nous ne pouvons nous contenter de leur parler de nos valeurs progressistes, il faut en fait proposer une rupture avec le système qui apparaissent comme un projet alternatif.

5. Briser le règne du capital, sortir de la logique du taux de profit, réorienter les sommes prodigieuses que l’État met au service du capital, nécessite la prise du pouvoir d’État.
Le rôle du Parti communiste est de rendre le contrôle de l’État à la classe des travailleurs et des travailleuses, de les aider à prendre le contrôle des entreprises et à les laisser décider de l’usage des fonds mis à la disposition des entreprises.

Un tel choix concourt à la remise en cause systémique des pouvoirs de la grande bourgeoisie et se traduit forcément par un affrontement total dont l’enjeu est la prise définitive de contrôle de l’appareil d’État. Mais nous pourrons enfin disposer des leviers nécessaires pour résoudre les grands enjeux de civilisation. Une fois conquis cet appareil d’État, il sera plus aisé de créer les outils d’une planification démocratique de réorienter l’allocation du capital vers le bien commun et progressivement mettre en place de nouveaux critères de gestion. C’est ainsi que le programme des Jours heureux pourra finalement transformer la société et bâtir le socialisme des Jours heureux en France.

6. Parce que nos conquis sociaux, comme le financement public des monopoles privés, sont des constructions nationales, la souveraineté de la France face à l’UE et à l’OTAN est primordiale.
La forme pervertie de socialisation de l’investissement et d’une large partie des profits qui a déjà eu lieu s’est faite à l’échelle nationale, y compris au sein de l’Union européenne (UE). C’est dans l’histoire nationale que sont construits nos conquis sociaux. Loin de minorer les interdépendances entre les États, notamment au sein de l’UE, et le besoin de larges coopérations, nous aurons besoin d’autres révolutions ailleurs qu’en France pour desserrer l’étau que le capital ne manquera pas de faire peser sur la France des Jours heureux. Le capitalisme dont nous hériterons est un capitalisme de monopoles nationaux financé par leurs États-Nations.

7. Nous pourrons nous appuyer sur un début de rééquilibrage des forces entre l’impérialisme mondialisé et les pays du sud.
Malgré l’effondrement des pays de l’Est et l’affirmation d’une victoire totale de l’impérialisme, en trente ans la part de l’économie mondiale contrôlée par l’impérialisme n’a cessé de régresser passant de près de 50 % à moins de 30 %. Les BRICS en voie d’élargissement, et notamment la Chine subvertissent la mondialisation qui bénéficiait tant à la classe capitaliste des pays impérialistes.

C’est vers l’ensemble de ces pays en voix d’émancipation de l’impérialisme que nous trouverons aide et coopération comme le font déjà des pays comme Cuba ou le Venezuela. Une prise de distance avec les traités de l’UE se traduira par un internationalisme renouvelé.

8. Nous avons besoin d’une internationale, loin de la trahison de 1914 , qui ouvre de nouvelles relations internationales préfigurant une « communauté de destin pour l’humanité » nécessaire à la résolution des enjeux climatique et de développement mondial. [1]
On ne peut espérer construire et réussir une telle rupture seul sans avoir au préalable tissé de nombreux liens de coopérations et d’échange avec tout ceux qui nous ont précédés ou qui comme nous cherchent une voie vers le socialisme. Dans cet esprit, la coopération avec les partis communistes et ouvriers telle qu’elle s’est matérialisée lors de la conférence de la Havane doit s’intensifier.

III. Le PCF : Son organisation, une clef indispensable pour gagner la bataille idéologique, un outil pour construire le socialisme des jours heureux.
Pour agir et bâtir la France des Jours Heureux, notre 39e congrès doit affirmer clairement la nécessité du Parti, de son organisation, de son activité, du redéploiement des communistes en France qui exige une politique de formation ambitieuse. Seul un parti organisé, un parti de proximité, en phase avec les réalités concrètes peut mener la bataille idéologique et un combat émancipateur.

1. Un PCF utile, au plus près des préoccupations populaires : Priorité à la cellule

Par sa structuration, le parti doit offrir des champs d’action et d’intervention aux travailleurs et travailleuses et se donner les moyens de son renforcement.

La cellule est aujourd’hui l’outil pouvant nous permettre un travail de proximité efficace. Notre but est la prise du pouvoir politique et économique, cela passe par notre ancrage sur le terrain au plus près des travailleurs et travailleuses, des citoyens et citoyennes.

Notre objectif est de structurer le PCF avec des cellules, en dépassant les difficultés. Nous devons travailler la question de fond de notre ancrage local, de son renouvellement de la formation des militants à la base. Être un parti populaire contre tous les populismes, c’est permettre à nos concitoyens de s’emparer du fait politique à chaque instant.

Notre rôle est d’éveiller les consciences et de faire vivre la démocratie. Il nous faut rompre avec l’électoralisme qui nous pousse trop souvent à n’agir qu’en fonction des échéances électorales, dans un pays où la constitution et l’hyper présidentialisation structure la vie politique.

Il est essentiel de montrer jour après jour la pertinence du socialisme des jours heureux pour répondre aux problèmes concrets que rencontrent la population.

Dans un contexte de défiance vis à vis de la politique, l’ancrage et l’identification de nos camarades par leurs collègues de travail, leur voisinage permet de montrer que le PCF n’est pas un parti comme les autres. Loin des professionnels de la politique, il est le parti de ceux qui s’organisent et s’activent.

Avec la dévitalisation financière de nos cellules, les lieux d’échanges des communistes se sont fortement reportés vers les AG de section. Nous constatons que si elles sont parfois nécessaires, elles tendent à scléroser l’activité du parti autour d’un petit nombre de camarades, réduisent l’expression et la mobilisation du plus grand nombre.

En revanche, la cellule permet au parti de confier à chacun de ses adhérents une part dans l’effort commun et dans la discussion commune, condition préalable à la démocratie interne et à la mobilisation de chaque adhérent.

Lors de la réunion de cellule, c’est au travers des échanges et des discussions sur la situation internationale, nationale et locale que se forgent les actions et la feuille de route. C’est dans ces moments que chacun apprend, enrichit ses analyses, et se forme.

Il importe également d’accentuer vigoureusement l’effort de formation, préalable à l’efficacité de notre activité ainsi qu’au renouvellement des cadres. Il nous faut mettre en œuvre, à tous les niveaux de notre parti, des temps de formation. Ces temps doivent également mettre en avant les revues et publications du parti.

La forme parti est une nécessité. C’est un gage d’efficacité dans le combat révolutionnaire pour la prise du pouvoir.

2. Un parti présent et actif sur les lieux de travail

C’est dans les entreprises que s’exerce la contradiction capital/travail ; lieu d’exploitation, l’entreprise est l’endroit où le capital assure sa domination.

A l’inverse de ce qu’affirme le capital, la classe ouvrière est une réalité inhérente au monde du travail. Bien qu’hétérogène, le monde du travail a des intérêts communs et des aspirations communes dont nous devons nous emparer.

Entre 1937 et 1996, les cellules d’entreprises ont groupé entre 25 % et 35 % des adhérents du parti [2]. Se retrouver et militer sur le lieu de travail est essentiel, même si cela exige de la prudence.

Aujourd’hui, les 50 plus grandes entreprises françaises regroupent plus de 15 % des salariés du privé, soit plus de 2 millions de salariés. Les 500 plus grandes entreprises en regroupent plus du double. Et les petites et moyennes entreprises sont le plus souvent organisées au sein d’un groupe : 80 % des PME de plus de 40 salariés font partie d’un groupe. En France, 6,5 millions de salariés travaillent pour une multinationale (française ou à contrôle étranger).

Le pouvoir économique de ces groupes et de ces entreprises est immense et le combat au sein de ces entreprises pour un pouvoir populaire est essentiel. Être capable de contester les choix des capitalistes, les choix économiques des directions des entreprises et des groupes suppose d’acquérir une connaissance concrète de l’outil de production, des enjeux d’investissement. C’est seulement ainsi que nous sommes capable de montrer que d’autres politiques, des politiques de développement, d’investissements sont possibles et nécessaires.

Dans l’entreprise, le travail politique et le travail syndical sont complémentaires. Un tract du parti peut apporter des explications, des perspectives qui vont au delà du combat syndical et sont essentielles à la compréhension des enjeux et des combats. Le syndicat peut alors se centrer sur ses missions et rassembler largement les salariés.

Les lieux de travail, les lieux d’activité sociale et économique, ce ne sont pas que les entreprises privées. Dans la plupart des villes, les premiers employeurs sont souvent l’état, une collectivité, un hôpital… Là aussi, une présence communiste régulière, auprès des travailleurs, par un bulletin ou un tract thématique diffusé massivement, animé si possible par une cellule communiste fraternelle et ouverte doit être une priorité.

Notre congrès doit faire de l’activité du PCF en direction des travailleurs et travailleuses une priorité politique et d’organisation.

Être au plus près des travailleurs et travailleuses, c’est se donner les moyens d’être visible et de rayonner sur tout un bassin de vie. C’est le lieu pour relayer nos grandes campagnes politiques et thématiques et notre conception du socialisme. Tourné vers l’avenir et combattant du bonheur universel, le PCF doit être la force qui bouscule l’ordre établi.

Les élections Européennes avec Ian Brossat et les élections présidentielles avec Fabien Roussel ont permis notre retour dans le paysage politique et sur le plan médiatique.

L’engagement déterminé de milliers de communistes à travers le pays à pu s’exprimer lors de ces batailles. Faisons de cette force un moyen de poursuivre le renforcement de notre parti au travers de notre présence auprès des travailleurs et travailleuses.

Le Parti Communiste doit reprendre le chemin de la proximité, travailler d’arrache-pied à sa réimplantation au plus près des intérêts populaires pour construire la France des Jours Heureux.

Contribution collective : Kamel BEN AZZOUZ, Stephane BAILANGER, Pascal BRULA, Robert BRUN, Marie-Christine BURRICAND, Michèle CARBONNIER, Esteban EVRARD, Clara GIMENEZ, Kevin GUILLAS-CAVAN, Jonathan JUILLARD, Jean-Paul LEGRAND, Fabienne LEFEBVRE, Anne MANAUTHON, Franck MARSAL, Jean-Pierre MEYER, Pierre-Alain MILLET, Leila MOUSSAVIAN-HUPPE, Michèle PICARD, Hervé POLY, Gilbert REMOND, Benoit ROGER, Laurent SANTOIRE, Nicolas STIENNE, Danielle TRANNOY


Edité le 04-12-2022 à 17:15:22 par Xuan


Xuan
L'article de PAM :

https://lepcf.fr/Roussel-une-chance-pour-reconstruire-l-unite-populaire?fbclid=IwAR3AxDwU5knCnPIIBHz5oGVUyxxf_N8Y7HSiLASGL6XKNA07W3yxuynz-PI

Roussel, une chance pour reconstruire l’unité populaire un parti communiste pour repolitiser les quartiers populaires
Mardi 1er novembre 2022, par pam


Pour médiapart, Roussel est un problème. Un article repris par le bondyblog titré "le problème Roussel des élus des quartiers populaires", cite des élus communistes critiques qui seraient représentatifs de ces quartiers populaires...

Médiapart, c’est inutile de demander, mais peut-être que BondyBLog acceptera le débat en donnant la parole à d’autres élus communistes de quartiers populaires qui contestent totalement cette analyse critique et au contraire, se battent pour l’unité populaire dans ces quartiers comme avec cette France ouvrière périphérique qui rejette massivement la gauche ?


L’article publié par par Héléna Berkaoui et Olorin Maquindus le 4 octobre est titré Le problème Roussel des élus des quartiers populaire. Il affirme que « dans l’ancienne banlieue rouge, les élus locaux du PCF sont légion à serrer les dents face aux sorties réactionnaires de leur secrétaire national ». Et de citer quelques noms,
- Josselin Aubry, adjoint à la mairie de Fresnes (Val-de-Marne) qui parle d’une « ligne de fracture entre les quartiers populaires »
- Hadrien Bortot, élu de Paris qui pointe ce qu’il qualifie de « posture politique et idéologique “anti-woke”, assumée mais pas débattue en interne »
- une élue parisienne anonyme qui affirmerait « Beaucoup d’élus de banlieue n’ont pas voté pour Roussel au précédent congrès » et qui explique leur silence parce-que « il ne faut pas casser Roussel »
- et le maire de La Courneuve, Gilles Poux, qui pense que pour Fabien Roussel « La connaissance de ce que sont les grands centres urbains le marque peut-être moins que la désindustrialisation des villes du Nord. »

S’ils avaient interrogé d’autres élus de banlieue, cela aurait conduit à un article très différent. On peut leur proposer des noms, Michèle Picard, maire de Vénissieux, Marie-Christine Burricand, élue métropolitaine du Grand Lyon et habitante des minguettes, ou Pierre Bell-Loch, maire de Vitry-sur-Seine, ou Ian Brossat élu parisien d’un des arrondissements de paris avec le plus de quartiers populaires...

Oui, il y a un débat à gauche, chez les communistes, et chez les élus communistes sur l’orientation du PCF. Le 38ème congrès a, pour la première fois, refusé le texte proposé par la direction du parti. Les auteurs croient que ce serait un "malaise", la relation entre La France insoumise (LFI) et les communistes a été cahoteuse, le chef de file de LFI allant même jusqu’à qualifier le PCF de « parti du vide et du néant ».

C’est une vue réductrice mais au fonds révélatrice des motivations électorales des critiques de Fabien Roussel. Que ce soit pour les présidentielles ou pour les polémiques à répétition, l’enjeu est la relation avec la France Insoumise, que ce soit sur le contenu, les communistes ont-ils ou pas des divergences profondes avec les insoumis ? sur les pratiques politiques, comme on l’a vu avec les réactions au vote par le RN de la motion de censure Nupes, ou sur les pratiques militantes, le rapport aux mouvements sociaux avec notamment l’attitude face aux manifestations syndicales ou à la marche d’octobre décidée par Jean-Luc Mélenchon.

Pourtant, la motivation fondamentale du texte choisi par les communistes en 2018" est claire dès son introduction « Notre affaiblissement électoral et notre perte de visibilité nationale étaient et sont toujours au coeur des préoccupations des communistes qui veulent reconquérir l’influence de notre parti et reconstruire une organisation révolutionnaire de notre temps », son premier chapitre faisant un bilan critique sévère de la situation du parti et concluant, bien loin des seules préoccupations électorales

Ces erreurs ont un lien avec le doute qui s’est installé sur le communisme après la disparition de l’URSS, semblant consacrer un triomphe définitif du capitalisme. Les enseignements de cette tentative de révolution, qui a ébranlé le monde mais a finalement été défaite, continuent de susciter des débats importants dans le mouvement communiste. Ce qui est certain, c’est que la disparition de l’URSS nous plaçait, dans les années 90, au défi d’une analyse approfondie et du choix d’une novation communiste. Au lieu de cela, les directions successives du PCF ont été gagnées par le renoncement, jusqu’à des choix qui ont déstabilisé et déstructuré notre parti, comme l’abandon de la bataille à l’entreprise, et qui ont brouillé le repérage de classe du parti dans la société.

Les communistes constatent que l’accumulation d’élections depuis le 38ème congrès n’a pas permis d’avancer de manière significative sur des gains en organisation des communistes ni en lien avec les entreprises. Ce pourrait être l’enjeu central du prochain congrès. Mais ce n’est pas la préoccupation des critiques de Fabien Roussel.

Pourtant l’enjeu fondamental révélé par cette longue séquence électorale est bien celui de l’unité du peuple, mise à mal par des décennies de privatisation, de concurrence, de précarité, de recul des services publics. Résultat politique au premier tour des présidentielles ; une abstention dominante dans les milieux populaires malgré la colère contre Macron et le vote utile Mélenchon, une gauche incapable d’être écouté du monde ouvrier, des fractures géographiques et sociales béantes... En résumé, un peuple désuni, trop faible dans le combat de classe que lui impose un capitalisme débridé. On sait que Jean-Luc Mélenchon fait tout pour masquer cette réalité difficile dans une stratégie qui conduit à l’impasse populaire. Certains communistes ne veulent pas la regarder en face. Ils ont tort. Seule la vérité est révolutionnaire.

Mais prenons les débats qu’évoque cet article.

Les critiques des interventions de Fabien Roussel
Fabien Roussel réduit à une stratégie médiatique


Les communistes avaient tellement pris l’habitude de dirigeants absents des médias et ne provoquant aucune réaction que le "succès" médiatique de Fabien Roussel dérange. Il serait « devenu le communiste préféré de la droite ». Certes, la droite utilise bien sûr les contradictions à gauche dans cette vie politicienne, et chacun y accorde ou non de l’importance, mais pourquoi pas de réactions quand les mêmes utilisent les conflits entre dirigeants écologistes ou insoumis ?

La grande majorité des militants communistes sont heureux que leur choix d’avoir un candidat à l’élection présidentielle permette, malgré un résultat trop faible, d’avoir regagné de l’audience médiatique pour les communistes. Mais il est vrai que cela oblige à assumer les débats.

Ainsi, Josselin Aubry « est en permanence en train de se défendre de ses déclarations (...) Nous, on est sur le terrain, ce sont des propos difficiles à justifier devant les associations ». Et bien de nombreux militants et élus communistes sont sur le terrain et constatent au contraire que cela permet d’avoir un vrai débat avec des habitants des quartiers populaires qui ne supportent plus le "bcbg" d’une gauche médiatique qui ne parle pas des réalités qu’ils vivent.

Ceux qui reprochent à Fabien Roussel ses "succès" médiatiques, sont les premiers à réduire la bataille politique à cette dimension médiatique. Quand Josselin Aubry dit « Le plus catastrophique, c’est que cette stratégie tue toutes capacités de remettre des idées de gauche dans le débat politique », c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Fabien Roussel pose des questions au coeur de l’abstention massive des quartiers populaires. Sur les conséquences de la concurrence généralisée sur les divisions du peuple, au premier chef la sécurité, la propreté, les incivilités, mais aussi l’injustice des politiques dites de solidarité, mais "caritatives", qui donnent le sentiment à ceux qui travaillent qu’ils ne sont pas aidés, à l’iniquité de politiques dites environnementales comme les ZFE, aux contradictions d’une aide aux migrants qui fait des choix entre ceux qui sont protégés et ceux qui ne le sont pas, et bien sûr à l’exigence d’un emploi pour tous, digne et avec un bon salaire...

Oui, la gauche est dans une impasse et Fabien Roussel, a sa place, commence à dessiner une autre voie. L’essentiel sera cependant la capacité des communistes à s’organiser pour sortir enfin de ce vieil échec d’une union de la gauche dirigée par les socialistes, et de reconstruire un parti communiste et un rassemblement populaire autour du monde du travail, pour une gauche politique qui retrouve sa force d’abord dans ses liens avec le monde du travail.

Unir le peuple malgré les divisions liées à la mise en concurrence généralisée

C’est le fonds des désaccords. Pourquoi de telles divisions dans le peuple ? Le débat sur le travail et les allocs est-il une invention médiatique ou une réalité politique de terrain ? Qui n’a jamais rencontré un habitant de quartier protester contre ceux qui sont aidés pendant que lui travaille dur ? Ou demander pourquoi les jeunes du quartier ne sont pas embauchés sur les chantiers de rénovation urbaine où on retrouve des immigrés de l’Est ? Ou demander pourquoi il y a tant d’attributions de logement prioritaires quand il attend depuis des années ?

Quand Fabien Roussel affirme que sa gauche est celle d’un bon travail et d’un bon salaire, pas celles des allocations et minima sociaux, pourquoi les réactions de quelques dirigeants à gauche sont aussi violentes [1] ? Il suffit pourtant de lire Fabien Roussel pour savoir qu’il ne défend pas les attaques contre les allocations et minima mais affirme le droit au travail et au salaire pour tous ! Faut-il comprendre que ceux qui le dénonce sont pour les minimas pour tous et un emploi pour ceux qui ont de la chance ?

Quand Gilles Poux explique ce désaccord en supposant que « La connaissance de ce que sont les grands centres urbains le marque peut-être moins que la désindustrialisation des villes du Nord. », on se demande de quoi il parle à propos de grands centres urbains, en tout cas, pas des quartiers populaires qui vivent ces "contradictions au sein du peuple" créées par la concurrence généralisée. Et quand un élu parisien dit « Ici, on n’a pas les populations qui sont ciblées par Fabien Roussel », on se demande comment est son quartier que le journal dit "en voie de gentrification"

Dans mon quartier des minguettes, un des plus grands quartiers prioritaires de France, dans ma barre de 15 étages avec son point de deal et ses problèmes d’incivilités sur la propreté ou le stationnement, je peux témoigner du sentiment général de mes voisins, très majoritairement d’origine immigrée et exigeant "moins de laxisme" ! ou de ce que disaient deux femmes anciennes du quartier lors d’une assemblée générale à l’automne 2021, en plein scandale Zemour des prénoms : "avant il y avait ici des mohamed et des paul, maintenant, il n’ y a que des mohamed". Ce sont les élus communistes de Vénissieux qui leur répondent, en affirmant que leurs difficultés ne viennent pas des prénoms des habitants...

Il serait stupide de nier les fractures de la France entre régions, rural et urbain, banlieues et centres villes métropolitains... Mais si l’article a raison de refuser une opposition des "pauvres contres la pauvres", il devrait justement poser la question "comment unir les différentes catégories du peuple, dans la diversité de leur habitat et conditions sociales ?.

Cela commence par unir le peuple dans les quartiers populaires, ce que les communistes Vénissians ont engagé dans leur débat "repolitiser les quartiers populaires", et bien sûr pour ne pas enfermer ces quartiers dans le discours de victimisation qui nie les raisons de classes de leur ségrégation, condition pour unir entre les différent quartiers.

C’est le défi posé aux communistes et que relève Fabien Roussel à sa manière et dans son rôle, unir le peuple. Et, contrairement à la stratégie en échec de Jean-Luc Mélenchon, il faut d’abord reconnaitre les divisions bien réelles qui existent dans le peuple, faire des choix sur les revendications prioritaires à mettre en avant, pour unir non à partir de valeurs supposées "de gauche", mais à partir des conditions concrètes de mise en mouvement de tous.

La stratégie électorale

Stéphane Peu aurait dit , selon l’article, que « La ligne de Roussel se distancie et se marginalise du rassemblement de la gauche et du peuple » . Je n’ai pas vu de critiques par Stéphane Peu du résultat de son choix présidentiel de Jean-Luc Mélenchon qui pour le coup marginalise la gauche dans la division du peuple

L’article semble opposer Fabien Roussel qui

revendique de vouloir séduire l’électorat du Rassemblement national (RN). Dans son livre Ma France heureuse, digne, solidaire (Le Cherche midi, 2021), il accuse les directions précédentes d’avoir « laissé au seul Front national la mainmise sur des sujets comme la nation, la souveraineté, la sécurité, le vivre-ensemble »

et Stéphane Peu qui dirait

« Le sujet, c’est la mobilisation des abstentionnistes, pas des électeurs du RN. » [2]

Les auteurs n’oublient pas le député François Ruffin appelant à ce que la « France périphérique » devienne une priorité de LFI au lendemain du premier tour de la présidentielle, et reconnaissent malgré tout que « L’ancien candidat à la présidentielle de 2022 incarne un enjeu désormais ancien de la gauche : la reconquête d’un électorat populaire en dehors des grandes villes. ».

Sauf qu’ils tombent ainsi dans ce piège de l’opposition entre quartiers populaires et périphéries populaires, comme si les difficultés politiques de la gauche n’étaient pas les mêmes dans tous ces quartiers ! Car le discours médiatique de la réussite de Jean-Luc Mélenchon dans les banlieues populaires est une construction sans fondement. Si le vote RN reste faible dans ces quartiers, l’abstention reste dominante et Jean-Luc Mélenchon 2022, dominant une gauche affaiblie, fait moins bien dans ces quartiers que la gauche de Mitterrand !

En fait, la bataille de l’unité populaire se joue aussi bien avec les abstentionnistes, que la stratégie de vote utile de JLM a délaissé, qu’avec l’électorat populaire "énervé mais pas fachos" qu’il a finalement délaissé aussi pour se consacrer à pomper l’électorat de gauche restant, signant ainsi lui-même sa défaite.

Il n’y aura pas de reconquête électorale sans marquer des points en faveur de l’unité populaire avec les abstentionnistes comme l’électorat RN, dans les villes comme dans les campagnes !

La préparation du congrès
Il est frappant de voir que les communistes reprenant les polémiques contre Fabien Roussel évoquent très vite le congrès et sa supposée "ligne autonomiste", Josselin Aubry espérant que le congrès permettra de redéfinir une ligne politique. Gilles Poux vent la mèche en remontant dans l’histoire...

« le PCF a déjà eu dans son histoire « des raidissements » mais aussi des stratégies de personnification et d’agitations médiatiques, notamment à l’époque de Georges Marchais. »
(...)
Le prochain congrès du parti, en avril, sera le moment pour clarifier « une ligne qui sur des aspects identitaires frôle le repli sur soi », assure-t-il.


Le retour à Georges Marchais est un hommage peut-être inconscient à une réalité médiatique comme politique. Marchais reste dans la mémoire politique populaire celui qui tient tête au système en portant les intérêts populaires. Que de fois ai-je entendu dans un porte à porte "s’il y avait encore Marchais...". Mais l’époque Marchais est aussi celle où se joue cette union de la gauche qui, de Mitterrand à Mélenchon, se construit sur l’affaiblissement des communistes et est incapable d’organiser un mouvement populaire majoritaire.

C’est bien de cette histoire longue de la stratégie d’union que le 38ème congrès a engagé la critique, affirmant qu’il ne pouvait y avoir de rassemblement populaire majoritaire portant une vraie rupture sans reconstruire un parti communiste portant la révolution du XXIième siècle. Et c’est bien cette critique qui dérange des élus, notamment en région parisienne, élus dont la place hérite le plus souvent de cette union de la gauche électorale et perdant ses attaches de classe. Elle a conduit à la perte du département de la Seine-Saint-Denis qui fournissait une grande part de l’appareil organisé du PCF et symbolisait la mutation de Robert Hue comme la métamorphose de Marie-Georges Buffet, autrement dit sa dissolution dans un mouvement de gauche pour Jean-Luc Mélenchon.

C’est d’ailleurs le nœud de la contradiction à gauche.
- D’un coté, le point de vue de Jean-Luc Mélenchon qui limite la critique de l’union de la gauche à la critique de la droite du PS ayant empêché la contre offensive populaire en 1983, comme si Mitterrand avait jamais envisagé autre chose qu’une gestion loyale du capitalisme !
- De l’autre, un parti communiste cherchant à son dernier congrès des chemins nouveaux pour un rassemblement populaire majoritaire, et affirmant en discutant de ses bases sociales :

Une unité populaire est possible. Elle reste toutefois à construire, d’autant plus que le ressenti des fractures et divisions a progressé.

Ce travail difficile, qui se conduit dans les luttes comme dans les efforts d’organisation, a besoin d’un travail théorique pour repenser une stratégie d’union qui ne dépossède pas le monde du travail de son rôle historique, contester la domination de la bourgeoise, affirmer son rôle dirigeant !

Voir en ligne : l’article publié d’abord sur mediapart puis sur bondyblog


[1]avec un effet indirect surprenant, passer au silence les déclarations de Mélenchon à la fête
[2] Notons que la stratégie insoumise de Stéphane Peu n’a absolument pas fait reculer l’abstention.


Edité le 02-11-2022 à 23:15:19 par Xuan


Xuan
LE PCF EST BIEN TROP FAIBLE, QUELLE VOIE POUR LE REDRESSER ? (Version complétée et finalisée déposée comme contribution au débat du congrès du PCF)

L’obstacle majeur pour créer un rassemblement populaire majoritaire transformateur c’est la faiblesse du PCF dans le prolétariat, car c’est aujourd’hui encore un appareil trop tourné sur lui-même obnubilé par les alliances politiques pour les élections au lieu de l’être par la nécessité d’organiser politiquement la classe ouvrière et les couches populaires afin de lutter pour développer les forces productives, d’agir avec les populations pour un aménagement du territoire qui combat la métropolisation et s’occupe sérieusement de la ruralité.

Le parti communiste d’aujourd’hui a des effectifs très âgés, il n’a pas les jeunes cadres ouvriers qui eux connaissent les réalités de la production et de l’exploitation, ni même des responsables de fédération et de section formés au marxisme. C’est un PCF qui ne procède que très peu à une vraie connaissance des réalités internationales et nationales.
Il hérite de la destruction de l’organisation entamée par Robert Hue et ses affidés qui continuent à défendre des thèses farfelues comme celle du « communisme déjà là » qui relèvent plus de l’intellectualisme de l’entre-soi que de l’analyse de la réalité concrète du développement la lutte des classes contemporaine.

La voie du redressement de la force communiste indispensable est celle de la création de cellules tournées vers le monde du travail et vers la jeunesse et la formation de cadres et de directions à la connaissance du marxisme et de sa mise en oeuvre créatrice.
A l’approche du Congrès du PCF, chaque communiste doit s’exprimer. Fabien Roussel a commencé, par un travail remarquable à rendre visible une identité communiste, par l’affirmation de positions marxistes dans un certain nombre de domaines. Il est l’objet d’attaques à l’extérieur comme à l’intérieur du parti. C’est bien la lutte des classes, l’affrontement ideologique qui s’exprime et il ne faut pas s’en étonner, cela est bon signe car le communisme revient dans le débat.

Cependant, tous les efforts de Fabien Roussel seront vains si il n’y a pas l’expression de chaque communiste afin que le débat permette de faire émerger ce qu’il faut absolument changer dans le parti.

Le dernier congrès a ouvert une porte que certains voudraient refermer pour que la force vitale du communisme ne se déploie pas dans la classe ouvrière et le monde du travail. Car idéologiquement cette société capitaliste craint comme la peste le fantôme qui la hante : celui d’un prolétariat conscient de son rôle historique de devenir la classe dominante.

Tous ceux qui trainent les pieds, qui trouvent toujours des pretextes pour ne pas developper l’activité communiste en direction des ouvriers et des salariés de façon concrète, tous ceux qui refusent que des ouvriers prennent des responsabilités dirigeantes dans le parti, qui ont abandonné l’objectif majeur et fondamental de créer des cellules d’entreprises ou au moins une activité régulière de la cellule de quartier vers l’entreprise, tous ceux là se trompent lourdement car ils tournent le dos à ce qui est historiquement le communisme, le mouvement de ceux qui sont contraints de vendre leur force de travail pour survivre. Car il n’y a de communisme que dans et à partir de l’affrontement capital/travail, que dans et à partir de l’exploitation capitaliste.
Cela necessite donc sans attendre de concentrer et de multiplier les initiatives du parti en direction des entreprises selon un plan de travail au moins hebdomadaire. C’est à partir des liens avec les salariés que le parti se renforcera d’adhésions ouvrières et de jeunes camarades qui deviendront les dirigeants de nos organisations.

Jean-Paul LEGRAND
Xuan
On croit toujours avoir atteint le fond… de la liquidation de la démocratie… mais non!
par Danielle Bleitrach
26 AOÛT 2022


https://histoireetsociete.com/2022/08/26/on-croit-toujours-avoir-atteint-le-fond-de-la-liquidation-de-la-democratie-mais-non-par-danielle-bleitrach/

Les déclarations successives de Macron concernant la manière dont en Ukraine nous défendrions notre espace de liberté, la fin de l’ère d’abondance, ont suscité en France une certaine conscience de la manière dont le pouvoir “élu”, nous prenait pour des crétins. Le niveau de l’argumentation équivalant à celui de leur propagande des amuseurs de plateau de télévision montrait ce avec quoi il croyait possible de gruger le plus élémentaire bon sens. Cette manière de tomber les masques n’existe pas seulement en France, et si elle est inquiétante parce qu’elle accompagne un recours à l’autoritarisme, un bellicisme affiché jusqu’à ses conséquences ultimes, elle peut également nous aider à nous réveiller. A mesurer à quel point nous avons été dépossédés de la démocratie, de la possibilité pour le citoyen d’intervenir sur la conduite de sa propre vie comme de celle de la nation apparaît au grand jour. Ce qui se passe aux Etats-Unis, en Europe, au Japon et dans tous les pays satellites de l’empire marque cette perte de souveraineté sur laquelle il faudra nécessairement se donner les moyens d’agir.

UNE DÉMOCRATIE QUI TOURNE A LA PARODIE ET AU FASCISME D’UNE CLASSE CAPITALISTE

Je ne m’étendrai pas sur ce qui se révèle au Japon, à partir de l’assassinat d’un ex-premier ministre, à savoir l’emprise d’une secte anticommuniste (Moon) pour imposer au pays qui a vécu Hiroshima une course en avant vers le surarmement et le désastre nucléaire. Le fait divers révèle l’état de la société et le fond d’un appel aux forces conservatrices les plus rétrogrades, la “tradition”, la nation illusoire, est conçue pour contraindre un peuple et elle est partout à l’œuvre. Au fur et à mesure que montent les colères populaires, l’impossibilité à vivre, devant la manière dont une classe capitaliste toujours plus enflée de profits, de spéculations prétend encore et toujours faire pression sur le travail, on retrouve alors comme en Ukraine cette alliance entre des mafias, des troupes poussant l’anticommunisme jusqu’à l’ésotérisme. Ce cirque masque de moins en moins l’essentiel, le pillage opéré sur les biens de la nation et du peuple, leur dépossession.

Il faut alors voir quels individus acceptent d’être les élus d’une telle “démocratie”, ce qu’une telle forfaiture engendre. L’arrogance jusqu’à la stupidité d’un Macron se retrouve partout au plan européen, des têtes à claques, des faux durs, qui se croient tous les droits, et il est stupéfiant de mettre en regard la colère et les luttes de peuples face à l’attitude puérile et effrayante de leurs dirigeants et la manière dont on a désorganisé, dépossédé la classe ouvrière, pour mieux ne pas laisser d’autre alternative à une gauche déconsidérée et le fascisme. L’élite a partout le même profil minable et complètement hors sol.

L’exemple de ce qui se passe en Grande Bretagne en est une illustration saisissante : pendant que la paillasse qui assure son propre intérim Johnson multiplie les visites à son homologue ukrainien tout aussi parodique, celle qui prétend à sa succession Liz Truss a déclaré qu’elle serait « prête » à utiliser l’arsenal nucléaire du Royaume-Uni si elle devenait Premier ministre. La dirigeante conservatrice a déclaré qu’elle serait prête à appuyer sur le bouton nucléaire, même si cela signifiait « l’anéantissement mondial ». S’exprimant lors d’un événement hustings à Birmingham, Truss s’est entretenue avec l’animateur de Times Radio, John Pienaar, qui a déclaré que cela le rendrait « physiquement malade » s’il était confronté à la décision. Truss a déclaré que ce devoir était un « devoir important du Premier ministre », et a reçu une salve d’applaudissements après avoir déclaré qu’elle n’aurait aucun problème à ordonner l’utilisation de l’arsenal nucléaire du Royaume-Uni si nécessaire.

La folie de cette déclaration et les applaudissements courtisans qui l’ont saluée dit jusqu’où ces gens comme le malade ukrainien sont prêts à aller contre leur propre peuple. Cela fait apparaître l’arrogance du président Macron comme un moindre mal, une bouffonnerie impuissante à la mode du chancelier allemand, pourtant il ne faut pas sous-estimer ce qu’elle porte de danger, les pas en avant accomplis vers le pire. Dans la même logique, celle du grand remplacement, celui de ces dirigeants incohérents par des malades fascistes, que l’on fabrique comme la seule alternative, le processus est le même : ce qui se passe en Italie montre qu’il ne s’agit même plus de populisme fascisant ou de mafias berlusconiennes mais bien du retour mussolinien dans lequel l’adhésion à l’Ukraine là encore joue son rôle. On sait en effet que la candidate promue à coup de sondage qui font d’elle la seule en situation de débarrasser les Italiens d’une classe politique qui n’a cessé de mener le pays dans le mur n’a pas craint d’utiliser une vidéo montrant une réfugiée ukrainienne violée par des ressortissants du Moyen Orient comme argument à sa xénophobie et de fait son alignement sur l’OTAN, alors même qu’en Italie il y a un fort mouvement pour refuser l’envoi d’armes.

LE RÉSULTAT DE TRENTE ANS DE CONTRE RÉVOLUTION

illustration : ’BFM TV. BFMTV @BFMTV INFO BFMTV Volodymyn Zelensky tiendra le discours d'ouverture de la rentrée du Medef lundi bfmtv.com/politique/volo... 12:19 25 25août22 TweetDeck’


Ne nous faisons pas d’illusion : si nous en sommes arrivés là non seulement en France mais dans ce qu’on appelle l’occident c’est le résultat d’une contre révolution qui a systématiquement et patiemment dépouillé le peuple, la classe ouvrière, les travailleurs de tous ses conquis en matière d’organisation et d’expression. Oui le peuple a besoin d’une patrie souveraine et de démocratie.

Les passions (intérêts) qui culminent dans des campagnes médiatiques doivent être dénoncées pour ce qu’elles sont : le choix de toutes les aliénations, le fétichisme de la marchandise et l’autodestruction.

Il faut se méfier des formules dans lesquelles on prétend résumer le matérialisme historique, cette arme intellectuelle dont on a dépouillé la classe ouvrière et les travailleurs, ainsi en est-il de ces raccourcis comme “le prolétariat n’a pas de patrie” ou encore ce qui parait remettre en cause la nécessité de la démocratie. Ce que dit Marx c’est que la capital prive la classe ouvrière de patrie comme de droits démocratiques, ce dont il est privé il doit l’acquérir mais ce faisant il en transforme la nature. La liberté du travailleur est, pour sa survie, de se vendre au propriétaire des moyens de production et d’en subir la tyrannie. Idem pour la patrie… Cela signifie pour Marx que le travailleur doit construire une autre conception de la nation dont la paix et la coopération entre peuples est l’essentiel, comme il doit construire une démocratie véritable dans laquelle les appétits de la bête sauvage qu’est le capital sont politiquement interdits.

Ce savoir-là a été aboli, partout le capital a patiemment entretenu des complices pour détruire les organisations ouvrières. Ce qui se passe en France où une course de vitesse semble engagée sous des formes diverses entre la fascisation et l’autodestruction à gauche et dans le PCF là aussi témoigne pour qui a le courage de regarder la réalité en face de cette contrerévolution, de la manière dont comme à son habitude le capital tente de créer la confusion entre anti-impérialisme et vrais nazis… L’utilisation y compris du juste combat pour la Palestine, de mouvements en Amérique latine et dans des mouvements de libération nationale de la défense de la patrie avec le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme, l’indulgence dont bénéficient les individus à la Soral et Dieudonné. Ils sont un prétexte à haut-le-cœur démocratique pour ceux qui agissent dans le même sens qu’eux pour attiser les conflits, les divisions. Ici nous avons toujours pris garde de les dénoncer. Les groupuscules sont les lieux où sous couvert de radicalisation impuissante mais de vrais haines et compromis se réalisent de telles confusions et le dévoiement anti-impérialiste. Cela aussi plaide en faveur de la reconquête du PCF.

Parce que dans le même temps, il faut réaliser la manière dont le capital et la CIA ont réussi à placer leurs pions à la tête de la gauche et du PCF. Nous retrouvons jusqu’à la caricature les traits caractéristiques de ce personnel du capital de la classe bourgeoise: à gauche, dans le PCF, on a les mêmes, la manière dont ils ont utilisé pour leur carrière les postes, les biens conquis par leurs prédécesseurs, des finances opaques dont plus personne ne maitrise qui possède quoi mais qui en vingt ans ont bradé tous les biens comme toute l’organisation et la formation des militants. Ce qui s’est passé au niveau international a débuté sur le modèle de l’URSS par le placement à la tête d’individus liquidateurs qui se sont taillé des sinécures dans les biens vendus du peuple. Et ces gens-là, de la race dont on fait les oligarques ou leurs complices, se bat jusqu’au bout pour jeter un rideau de fumée sur le crime dont s’avère capable le capital, crée un signe d’équivalence… Ils sont les ultimes atouts de la manière dont cette classe capitaliste tente jusqu’à la révélation du caractère grotesque de la démonstration d’empêcher la souveraineté nationale autant que l’intervention démocratique des citoyens en lui substituant la violence. Ils déconsidèrent la gauche, le PCF et donc ouvrent un espace pour la “radicalisation” fasciste.

Est-il encore possible de surmonter une telle dépossession ?

L’avantage si l’on peut dire de cette farce ukrainienne c’est que les faits se rassemblent et obligent à voir la réalité en face, ainsi en est-il des dirigeants européens mais ce qui se passe dans les partis politiques, dans les médias est tout aussi révélateur.

En ce qui concerne le PCF, la mutation est en train de prendre son sens, non seulement dans le soutien à l’OTAN, dans le refus du secteur international et de la presse dite communiste, l’Humanité en tête de pratiquer le moindre internationalisme actif en faveur des communistes, comme les communistes russes, ukrainiens ou même cubains.

Je cite ici le texte de Michel Strulovici publié hier dans les réseaux sociaux: “Il est des moments où se cristallisent des éléments apparemment disjoints et qui prennent sens. Il en est ainsi du communiqué du directeur de L’Humanité, Fabien Gay, à propos de la fête du journal. Par le pouvoir des mots, Fabien Gay, vient d’installer une distance officielle entre le PCF et ce qui fut son “organe central”. En effet, la direction de L’Humanité invite Fabien Roussel de la même manière qu’il le fait pour JLM, Olivier Faure, les dirigeants écologistes, etc… Si je comprends bien le sous-texte de cette déclaration, L’Humanité largue les amarres et décide que le PCF n’est qu’un parti le soutenant comme les autres. Si mon père était vivant, lui qui comme des centaines de milliers de communistes se battit, bec et ongles, pour la diffuser, il en resterait coi. Et je pense que tous les Résistants journalistes qui arpentèrent les couloirs du journal en seraient saisis de stupéfaction. Si le journal croit se sauver en devenant le porte-parole de l’éphémère NUPES, c’est à dire du mouvement “gazeux” populiste, il se trompe lourdement. A mon avis. Mais peut-être que je n’y comprends rien. La vieillesse certainement.”

Ce constat nous sommes nombreux à le partager y compris dans ce blog, nous ne nous faisons depuis pas mal de temps aucune illusion sur la manière dont le parti communiste a été détruit de l’intérieur et avec lui, privés de perspectives politiques, les syndicats, les associations. Ce qui s’est passé au 38e congrès, pour limitée que soit la poussée témoigne cependant de ce qui couve dans la société française, la non résignation de celle-ci et il ne faut pas comme certains le sous-estimer.

J’ai dit à plusieurs reprises que vu l’état organisationnel et démocratique des forces populaires, il était nécessaire de partir des forces déjà rassemblées et de rechercher une centralité de reconquête parce que tout l’effort du capital depuis trente ans a été de créer les conditions d’une marginalisation tant au plan international qu’au plan interne.

Mais ce dont témoigne aussi la guerre en Ukraine, que l’on soit pour ou contre l’intervention (aventure ou nécessité c’est un processus totalement contradictoire avec isolement et fragilité de la force hégémonique, l’Europe étant la zone la plus malade et l’Ukraine sa caricature, de la stratégie de l’impérialisme américain. C’est un point d’appui essentiel pour la reconquête et une nécessité de cette reconquête que la conscience de ce basculement historique. La seule réponse est dans le Socialisme, l’abolition des mises en concurrences, xénophobies, guerres au profit des coopérations.

C’est ce que veulent à toute force nous faire ignorer les liquidateurs qu’il faut impérativement battre au prochain congrès pour opérer une reconquête politique des droits de la majorité de notre peuple.

Danielle Bleitrach


Edité le 26-08-2022 à 15:50:36 par Xuan


Xuan
Pour info le texte - pétition à l'offensive


À l’offensive !



L’approfondissement de la crise démocratique, sociale et économique, l’absence d’alternative transformatrice caractérisent la situation issue de la dernière période électorale. Pourtant le rejet de la politique d’Emmanuel Macron s’est exprimé fortement. Relevons le défi de transformer cette colère en mobilisation, engagement et espoir. C’est urgent alors que le peuple, atteint dans son pouvoir d’achat, les salaires et conditions de travail, sa dignité, souffre toujours plus de la politique brutale du capital.

Organisation, projet, éducation populaire, le chantier doit s’ouvrir rapidement. Le 39ème congrès ne devra pas craindre la confrontation d’idées tout en recherchant la construction collective et fraternelle pour permettre de nouveaux progrès pour le PCF et pour notre peuple.

La crise politique et démocratique ainsi que la décomposition des institutions de la Vème République dominent la situation, exacerbées par la présidentialisation renforcée par le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral.

L’abstention reste dominante pour tous les scrutins de la période. Aux deux tours des législatives, plus d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé.

L’extrême droite progresse dangereusement en installant un groupe de 89 députés à l’Assemblée nationale, après s’être hissée au second tour des présidentielle. Le cumul Zemmour/Le Pen représentait 34,91 % soit 10 622 312 voix au premier tour de la présidentielle. La droite LR s’effondre aux présidentielles, tout en limitant la casse aux législatives avec 61 députés. Emmanuel Macron est réélu président sans dynamique. Il est sanctionné aux législatives ; il lui manque 44 députés « Ensemble » pour une majorité absolue.

La gauche progresse légèrement par rapport à 2017 mais son poids électoral reste historiquement faible même si le choix de la candidature unique au premier tour permet de progresser en nombre de députés soit 131 députés NUPES et 22 divers gauche. Elle recule en nombre de voix et en pourcentage par rapport à la présidentielle.

Le choix de pousser au « vote utile » renforce à l’extrême la compétition au profit des trois premiers sans en modifier l’ordre, au détriment du débat et du vote sur les projets.

Macron est fragilisé mais la droite et l’extrême droite sont dominantes, tandis que l’électorat populaire reste divisé et la gauche affaiblie.

Le PCF atteint un objectif essentiel. Nous avons présenté, comme nous l’avions décidé au 38ème congrès, un candidat à l’élection présidentielle. Si la campagne dynamique de Fabien Roussel méritait plus que 2,3 % et 802 588 voix , les Jours heureux sont un point d’appui pour l’avenir. Ils nous ont permis d’installer notre parti et notre candidat dans le paysage politique national.

Le rapport de force se joue toujours dans la réalité des résistances et mobilisations du pays, que la gauche soit au pouvoir ou pas. L’accord électoral NUPES ne peut masquer que la question de l’unité populaire et de la construction d’une alternative de transformation sociale et démocratique de caractère révolutionnaire reste posée. D’autant que les désaccords entre les forces de gauche sur la nature des mesures nécessaires pour dessiner une issue aux diverses crises sont profonds. S’ils n’interdisent pas les alliances électorales ponctuelles et les batailles communes sur ce qui fait consensus, ils s’opposent à toute dilution dans un cadre et un programme commun.

Le deuxième objectif atteint est l’existence d’un groupe communiste, un atout important pour notre visibilité et l’activité du PCF. Mais l’obtention du groupe s’est faite sous la contrainte de la France Insoumise et de son leader Jean-Luc Mélenchon. Elle se paie au prix fort de plus de 500 circonscriptions interdites de candidats communistes, malgré des ancrages et des enjeux locaux importants pour aujourd’hui et pour l’avenir. Cela nous a éloignés de l’engagement du 38ème congrès de présenter des candidats à toutes les élections.

Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont affirmé dès le premier tour de la présidentielle leur volonté d’installer la NUPES et son parlement comme un cadre permanent pour la gauche. Leurs représentants locaux ne se privent pas de dire que la NUPES s’imposera dans les collectivités locales, décidera des accords pour l’ensemble des élections à venir, des européennes jusqu’aux municipales, pour aboutir à une candidature commune aux prochaines présidentielles. C’est donc une nouvelle tentative d’effacement des partis que tente d’installer le leader de la France insoumise, une fédération de la gauche sociale-démocrate teintée de populisme substituant à la lutte des classes l’affrontement peuple/élites. L’existence du PCF est évidemment un obstacle pour ceux qui veulent effacer le choix de 1920 et l’héritage marxiste-léniniste du 20ème siècle.

Céder à cette entreprise de destruction des partis alors que notre pays et le monde affrontent de graves crises, sociale, économique, sanitaire et climatique dramatique pour tous les peuples et que l’impérialisme US nous prépare avec l’OTAN à une nouvelle guerre serait mortifère pour le PCF, affaiblirait le mouvement social et le monde du travail faisant la part belle au capital.

Dans ces conditions, alors que les diktats de Mélenchon pèsent jusque dans les débats du Conseil national, les communistes doivent disposer de tous les éléments de discussion et être consultés jusqu’au vote statutaire sur toute éventuelle participation permanente aux instances de la NUPES.

L’essentiel à l’issue de cette période, c’est que PCF poursuive les Jours heureux et développe très vite ses propres initiatives.

Nous avons posé des marqueurs de notre projet, poursuivons : financement de la Sécurité sociale et de la retraite par la cotisation, enjeux de l’énergie nucléaire, lutte contre le réchauffement climatique, appropriation collective des moyens de production et les nationalisations, droits nouveaux des salariés, avenir de l’industrie automobile et du moteur thermique, universalisme et laïcité, refus de rajouter de la guerre à la guerre dans les différents conflits….

Le renforcement de notre organisation en nombre et en cellules est essentiel. Le Conseil national doit préparer une grande campagne de pétition sur la hausse des salaires et des pensions commençant dès l’été pour faire connaître notre revendication. Le parti doit aussi être à l’initiative pour proposer à l’ensemble des forces de progrès social, politiques, syndicales et associatives, l’organisation d’une campagne pour les retraites, utilisant toutes les formes de mobilisation depuis les manifestations, les grèves, la structuration de cellules d’entreprises jusqu‘aux pétitions pour un référendum. Faisons de la paix, de la sortie de l’OTAN et sa dissolution un combat essentiel.


Edité le 20-07-2022 à 17:48:48 par Xuan


Xuan
A rappeler : ce que dit Brecht aux militants du PCF sous tutelle

20 JUILLET 2022
https://histoireetsociete.com/2022/07/20/a-rappeler-ce-que-dit-brecht-aux-militants-du-pcf-sous-tutelle/


Brecht a l’art des évidences… Il se contente de rappeler la vérité, celle des “faits”, les faits – ou cette preuve du pudding qui tient au fait qu’on le mange – sont de même nature que la découverte que la propriété privée n’est pas le bien de tous… Que quand cette propriété conditionne le travail, le moyen de vivre de ceux qui dépendent d’elle mais que les exploités n’ont plus de pouvoir sur cette propriété financiarisée qui les dévore, il n’y a pas à espérer être libre si le pouvoir politique n’exerce pas une dictature sur leurs appétits. L’armée de ces charognards n’est pas destinée à restaurer la justice mais à vous faire crever pour leurs profits. Une vérité qui était jadis l’ABC des communistes, cela s’appelait la dimension de classe. Pour mesurer à quel point cette vérité est tous les jours depuis plus de trente ans bafouée par les “”directions” de l’Humanité, du secteur international, pour mesurer à quel point les communistes sont trahis, il faut voir que les intellectuels fidèles à Marx, au léninisme, sont aujourd’hui interdits dans l’Humanité, en revanche voici le personnage qui a eu droit à une tribune dans l’Humanité P. Leclerc, dans laquelle des gens comme moi sont interdits depuis plus de trente ans parce que le boulet “trotskiste”(1) a la haute main sur ses complices des médias, c’est à dire que le parti est sous tutelle du capital et la question est de savoir jusqu’à quand les militants accepteront la trahison. Cela ne me concerne plus mais les concerne eux. Pour préciser la question : quelle est la nature de la “divergence” ? peut-elle être résolue par un débat fraternel ou touche-t-elle à ce qui fonde l’utilité du PCF ? C’est cette question qu’il faudra bien trancher. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

« La grande vérité de notre époque – la connaître n’est pas tout, mais l’ignorer revient à empêcher la découverte de toute autre vérité importante – c’est celle-ci :
Notre continent sombre dans la barbarie parce que la propriété privée des moyens de production est maintenue par la violence. À quoi sert d’écrire courageusement qu’on sombre dans la barbarie si on ne dit pas clairement pourquoi ?
Ceux qui torturent le font pour conserver la propriété privée des moyens de production. »

Bertolt Brecht, (1898-1956), communiste, dramaturge, poète, créateur du théâtre dialectique.


Alain Girard nous parle de celui dont l’Humanité publie une tribune au nom des communistes, P. Leclerc

Sur la petite histoire, lorsque MGB devint la candidate que l’on sait à l’élection présidentielle, avec à la clé la rupture dans les collectifs anti-libéraux, P Leclerc avait annoncé son départ du PCF je cite
“En décembre 2006, douche froide avec la proposition de candidature de Marie-George Buffet, (lettre ouverte à MGB) comme candidature unitaire, alors qu’il était évident que cette proposition de la première secrétaire du PCF ne pouvait pas faire le « double consensus » nécessaire. Janvier 2007, je me mets en congé de parti. Je parraine Bové, mais je ne soutiens aucun candidat aux présidentielles.”

19 juin 2007
“En profond désaccord, avec les changements d’orientation sur les élections présidentielles, je m’étais mis en congé de parti tout le temps des présidentielles jusqu’à ce jour. Il est temps pour moi, après y avoir mûrement réfléchi, de clarifier mon rapport au Parti communiste français.
Je vous propose donc de ne plus me considérer dans les effectifs du PCF. Je ne suis plus adhérent.


Octobre 2012, reprise de la carte au PCF pour succéder au maire sortant PCF de Genevilliers, sans commentaire…

Sur le fond, le discours de P. Leclerc est celui de la dilution, de la dissolution dans un magma, avant collectifs anti libéraux, puis un Front de gauche puis la cerise sur le gâteau, la Nupes.

Électoralement déjà un constat, échecs à tous les coups, les stratégies de regroupement autour d’une ligne contre le libéralisme, en clair contre le capitalisme d’aujourd’hui en regret du capitalisme si cool d’hier, car il s’agit dans bien des discours de s’associer à cette démarche de fond qui a pour toile de fond l’idée que le capitalisme est soit invincible soit déjà mort et que dans tous les cas il suffirait de presque rien, de s’accommoder, de négocier les marges…

Le refus de partir du concret sur ces alliances, leurs contenus, leurs résultats, le triomphe de la Nupes en étendard, entendre que la preuve que ça marche parce que le groupe communiste à l’Assemblée est plus fort…

65% des ouvriers employés dans l’abstention avec une autre forme d’abstention, celle des luttes populaires, syndicales…

Sans parti de classe à l’entreprise, sans éveil politique en son sein, sans organisation en son coeur, difficile pour la conscience d’appartenance de classe de se révéler.

Dans le discours dominant nous pouvons lire également que le capitalisme dans sa phase de développement actuel est déjà l’antichambre du socialisme, un tigre de papier, mais pas si mâché que cela.

Sur les différents points mis en exergue sur ce texte, sur les thèmes des droits à la sécurité, sociale et pouvoir retrouver sa voiture tous les matins c’est un droit, ne pas devoir présenter une pièce d’identité à un groupe de dealers pour franchir une entrée d’immeuble c’est un droit, ne pas être obligée de se voiler pour ne pas être emmerdée par des gugusses dans la cité, c’est un droit.

Au fait, en décousu, voir des jeunes en lignes, guidés par les dealers jusqu’aux bureaux de votes, j’ai vécu, il s’agissait de voter Royal qui allait légaliser… Tiens comme JLM d’ailleurs, nous devons prendre en compte que nombre de jeunes des cités ne votent que pour l’immédiat, la survie, parfois celle de toute la famille.

C’est cela l’humanisme bêlant, ne rien toucher au système, le légaliser, belle manière de régler la question, fume et vote.

L’immigration ou les immigrations, j’y ai travaillé 35 ans, le tour du monde gratis, surtout le tour de nombre d’exils, de misères mais le tour de gens extraordinaires pour l’essentiel, leur courage, leur volonté de vivre, de faire la nique au désespoir.
Entre kurdes aux villages rasés, femmes congolaises victimes des viols des soldatesques, algériens privés de soins au pays car tout y est miné par un pouvoir discrédité, entre un étudiant palestinien en errance, chassé de sa propre terre et ces hommes du Darfour pour qui les violences que nous subissons ici n’inspirent que sourires grimaçants, si vous saviez chez nous et ces travailleurs maliens où figure sur le titre de séjour ce métier, trieur de déchets, eux qui me disaient, on va rentrer, il y a du pétrole chez nous et qui n’arrivaient pas à concevoir que ce ne serait pas pour eux…

L’immigration, le migrant ne choisit pas l’exil, d’ailleurs en matière de migrations en intérieur du pays avec la casse des services publics, des industries, les métropoles carnivores…

Le débat et sans doute pire, l’engagement militant pour le développement, le droit au développement, le droit d’exiger que les pillards payent, désormais c’est quelques lignes, petites, en programme, on est si bien chez soi et entre soi sans voir que l’un sans l’autre c’est pas gagné…

Oui j’ai vu des familles algériennes attendre et attendre un logement social avec les ressources à la clé et les politiques désignant des prioritaires, histoire de semer un peu plus de divisions voire de haines.
Tel “public” prioritaire avec une évidence, le non respect d’une priorité, l’égalité et le droit d’accès à un logement qui exigent, par exemple, un ministère du logement, y’a pas, y’a plus, c’est comme les lignes budgétaires, austérité à tous les étages des besoins populaires.

La question centrale du combat pour la paix, le désarmement nucléaire doit retrouver sa place également, c’est peu dans le texte et pourtant c’est génétique chez les communistes et surtout, c’est l’urgence. Etre irradié avec un Smic à 2000 euros ce n’est pas la panacée..

Sur l’ensemble de ce texte, la volonté de rendre à notre peuple un parti qui soit le sien, utile et de transformation sociale est présente, il demeure la nécessité de travailler, non seulement un programme mais la stratégie pour qu’il aboutisse, un programme non seulement porté, adopté par les couches populaires mais qui en soit le fruit. Pour récolter, semer à l’entreprise, dans la cité demeure la seule perspective quand il s’agit d’organiser et de récolter.

Perso je n’ai pas de divergences avec P. Leclerc car je n’ai aucune convergence d’emblée pour un fossoyeur quittant le PCF pour y revenir pour la gamelle. Il faut mesurer les dégâts de ce genre de comportements, le PCF n’est pas un parti comme les autres, c’est celui du combat révolutionnaire, P. Leclerc, Autain sont passés de l’autre côté.

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(1) je reste convaincue que tous les trotskistes ne sont pas de la même espèce que les “lambertistes” qui méritèrent le titre peu glorieux d”hitlero-trotskistes, préférant les nazis aux “staliniens”, ni les “Boulets” du secteur international inféodés aux fondations allemandes, et nous publions ici très volontiers les trotskistes des Etats-Unis qui s’avèrent d’abord des anti-impérialistes et qui soutiennent Cuba, le Venezuela, dénoncent le rôle de l’OTAN.
Xuan
NB : dans un article relevant le limogeage de la procureure ukrainienne qui avait enquêté sur le massacre de Bucha, Danielle Bleitrach écrit "Mais bientôt il n’y aura plus que ces médias et Vincent Boulet, l’homme du secteur international du PCF , pour croire en pareil régime"
Larticle de pam se trouve sur https://lepcf.fr/Oui-nous-avons-des-divergences-sur-le-communisme-du-XXIe-siecle


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Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle ! par Pierre Alain Millet


https://histoireetsociete.com/2022/07/19/oui-nous-avons-des-divergences-sur-le-communisme-du-xxie-siecle-par-pierre-alain-millet/
19 JUILLET 2022
Dimanche 17 juillet 2022, par pam,

Patrice Leclerc, qui par parenthèse n’a pas parrainé Fabien Roussel, maire de Gennevilliers a publié le 8 juillet dernier une tribune sur la stratégie du PCF, intitulée “Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle” , relayée dans l’Humanité dès le 11 juillet. Au passage, Pierre Alain Millet souligne que l’huma n’avait pas consacré une seule ligne à la déclaration “A l’offensive” publiée le 27 juin par 132 militants dont Michèle Picard, la maire de Vénissieux, la plus grande ville communiste hors région parisienne. Cela confirme que Patrice Leclerc a raison, nous avons des divergences. Mais il faut constater que l’Humanité n’est pas le journal du débat sur ces divergences, mais un journal prenant parti le plus souvent contre l’opinion majoritaire des communistes. Ceux-ci doivent exiger que ce journal qui fut le leur, respecte leurs débats et publie donc l’appel “A l’offensive” signée de Michèle Picard à la même place que la tribune de Patrice Leclerc.

En attendant, il faut mener ce débat ailleurs que dans l’Humanité, ce site va y contribuer, parmi d’autres, dit le site PCF/ débat, le site histoire et societe relaye quelques textes. Histoire et société a renoncé à espérer quoi que ce soit de l’Humanité et de la totalité de la presse qui se réclame encore (surtout quand il y a des appels à contribution financière) des militants communistes mais qui pratique une censure totale, voire la diffamation contre ceux qu’elle a désignés comme “staliniens”, ce qui est une manière bien commode et bien digne des trotskistes qui tiennent désormais une bonne partie de l’appareil pour en fait ne donner la parole qu’aux soutiens de l’OTAN et du capital. Mais le futur congrès du PCF sera-t-il démocratique ou les “liquidateurs” une fois de plus par inertie, viol des choix collectifs et censure conduiront-ils le PCF à sa fin? Nous en sommes là… et cela dépend des communistes eux-mêmes. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société )

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Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers a publié le 8 juillet dernier une tribune sur la stratégie du PCF, intitulée "Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle", relayée dans l’Humanité dès le 11 juillet.

Au passage, l’huma n’avait pas consacrée une seule ligne à la déclaration "A l’offensive" publiée le 27 juin par 132 militants dont Michèle Picard, le maire de Vénissieux, la plus grande ville communiste hors région parisienne. Cela confirme que Patrice Leclerc a raison, nous avons des divergences. Mais il faut constater que l’Humanité n’est pas le journal du débat sur ces divergences, mais un journal prenant parti le plus souvent contre l’opinion majoritaire des communistes. Ceux-ci doivent exiger que ce journal qui fut le leur, respecte leurs débats et publie donc l’appel "A l’offensive" signée de Michèle Picard à la même place que la tribune de Patrice Leclerc.

En attendant, il faut mener ce débat ailleurs que dans l’humanité, ce site va y contribuer, parmi d’autres.


Commentaires de lecture de la tribune de Patrice Leclerc
Oui, la longue séquence électorale doit conduire à une réflexion stratégique comme nous y invite Patrice Leclerc.

La séquence présidentielle et législative pourrait permettre de discuter à partir des faits de la stratégie et de la tactique du PCF pour chercher à ce que le courant communiste soit vraiment utile pour transformer le monde.

Mais première remarque, qu’est-ce que le “courant” communiste ? Pour nous, le communisme est un parti organisé, un parti d’action pour qui l’élection est d’abord un thermomètre et pas le cœur de son activité, un parti au service d’un large rassemblement populaire qui lui aussi se construit à partir des luttes. Dans ce rassemblement, le parti n’est pas un “courant” parmi d’autres, mais un outil nécessaire au monde du travail, l’outil pour affronter la guerre idéologique qu’impose toujours le capitalisme pour diviser, dévoyer, détourner justement ce mouvement populaire du seul but qui peut lui permettre de “transformer le monde”, la remise en cause du capitalisme, la construction d’une autre société.

Ensuite, Patrice Leclerc affirme qu’on peut se mettre d’accord sur des faits, sans avoir proposé aucune analyse des résultats de ces élections fondant ce qu’il appelle des faits. Aucune analyse des résultats factuels en voix, pourcentage, élus, ou même analyses politiques, sociologiques de ce que ces élections traduisent. Résultat, non, nous ne sommes pas d’accord sur ces faits. Ils sont une interprétation médiatique, peut-être dominante dans l’entourage de Patrice Leclerc, mais pas du tout fondée sur une “analyse concrète des situations concrètes”, et qu’il faut contester.

Des faits ? Non, nous avons une autre analyse des résultats !

-Que le danger préfasciste que nous décrivions pour obtenir une candidature unique de la gauche n’était pas une peur, mais une réalité au regard des résultats présidentiels et législatifs.

On ne sait pas qui est ce “nous” puisque la tribune est signée d’un maire souvent présenté “PCF” [1], mais que ce “nous” n’est évidemment pas le nous communiste, puisque les communistes avaient très majoritairement décidé, au contraire, que pour affronter l’abstention comme le vote d’extrême-droite, il fallait poser le premier jalon de la reconstruction d’un grand parti communiste et donc une candidature communiste.

Et l’analyse des résultats permet d’affirmer ce que l’observation des campagnes indiquait, la candidature Mélenchon qui représentait cette candidature unique possible et s’en est approchée en absorbant le plus gros de l’électorat de gauche, n’a en rien freiné ce danger pré-fasciste. Au contraire, la campagne de Mélenchon s’est progressivement concentrée sur le vote utile à gauche, délaissant et les abstentionnistes et le vote d’extrême-droite. La contribution de Mélenchon à la mise en scène de Zemmour dans deux débats télés a aidé la dédiabolisation de Marine Le Pen, préparant son succès.
Pire, pour les législatives, le délire médiatique du “élisez-moi premier ministre” a contribué à effacer ce danger fasciste que toute analyse électorale sérieuse pouvait annoncer. Mais Mélenchon a concentré ses efforts pour imposer des candidats LFI dans les circonscriptions les plus à gauche [2], délaissant les circonscriptions à risque RN [3], laissant une grande part des militants de gauche surpris et désemparés devant le nombre de députés RN. Et il a ensuite continué à minimiser ce danger fasciste en laissant croire que l’important était d’avoir mis LREM en minorité et présentant le résultat comme un succès de la gauche, pourtant à son plus faible niveau historique après un mandat de droite

-Que la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale a changé les termes du débat public face au danger préfasciste et au gouvernement. Notre désunion à la présidentielle a permis à Macron, au RN et aux LR de faire dominer le débat sur la sécurité, l’islamophobie, le séparatisme. La NUPES, avec les Insoumis, les communistes, les socialistes, les verts et des personnalités du mouvement social a imposé un débat lors de ces législatives sur les vrais problèmes : salaires, emplois, logement, social. La diversion identitaire n’a pas été possible dans le débat mais pas disparue en six semaines après la présidentielle. Le danger préfasciste persiste.

Oui, le danger préfasciste persiste, il est même nettement renforcé par cette séquence électorale. Et non, comme l’a souvent dit Fabien Roussel, ce n’est pas la désunion de la gauche qui a laissé la place aux idées de droite, c’est sa faiblesse. Par contre, la question du pouvoir d’achat a bien été présente dans la campagne présidentielle, notamment grâce à la belle campagne des jours heureux, et la colère sur ces questions contre Macron a été au coeur du vote Mélenchon dans les quartiers populaires [4]. Mais cette colère n’a pas permis d’unir un peuple très divisé entre abstentionnistes, majoritaire chez les ouvriers, colère noire du RN, dominante dans les zones périphériques, et vote Mélenchon, dominant dans l’électorat historique de gauche des grandes agglomérations.

La Nupes n’a rien imposé en dehors du mythe délirant de Mélenchon premier ministre, qui a médiatiquement masqué au contraire le risque fasciste, et aggravant la division du peuple devant les exubérances mélenchonistes qui ne passent pas dans un électorat rejetant les joutes médiatiques oratoires et ce qui est perçu comme un “théâtre” loin du concret populaire.


- Que la candidature de Jean-Luc Mélenchon a rassemblé nettement plus au premier tour que la candidature communiste, socialiste et EELV et que c’est un vote réparti dans toutes les couches sociales qui rassemble particulièrement dans la jeunesse des quartiers populaires contrairement au vote pour le candidat communiste.

Oui, Mélenchon a pompé la gauche [5]. Mais non, au contraire, l’analyse des résultats électoraux montre l’incapacité du vote Mélenchon à unir le peuple, à progresser dans toutes les couches sociales. Dans plus de 40% des communes, Mélenchon fait moins en 2022 qu’en 2017 ! Ces résultats sont géographiquement très inégaux, les ouvriers l’ont rejeté, et son succès dans les quartiers populaires et leur jeunesse se fait là où la gauche historique faisait ses plus hauts scores. Et le fait principal que tout analyste devrait mettre en avant est que Mélenchon fait moins dans ces villes que Mitterrand. Au total, il absorbe la gauche en la réduisant à son plus bas niveau historique !

-Que s’il y a eu un phénomène de vote utile à gauche, il faut aussi voir qu’il n’y avait aucune hésitation entre plusieurs candidats dans le vote des jeunes et moins jeunes des quartiers populaires. Ils ont utilisé le bulletin Mélenchon pour se faire respecter, se donner de la force, agir contre toutes les stigmatisations et est le résultat du contenu de la campagne de Mélenchon.

Oui, dans certains quartiers, comme le mien aux Minguettes, beaucoup de jeunes (et de moins jeunes) ont cru que Mélenchon était la force pour combattre à la fois Macron et Le Pen. Pourtant, dans les bureaux de vote des Minguettes, il y a plus d’abstentionnistes que de votes Mélenchon ! Mais tout communiste devrait s’interroger sur les ravages de l’idéalisme de citoyens, jeunes ou moins jeunes, qui viennent voter une fois tous les cinq ans sans jamais s’engager dans les luttes sociales, et sans revenir voter quelques semaines plus tard aux législatives. Et que dire de ce “culte de la personnalité” qui mise tout sur un sauveur suprême qui passe bien à la télé en délaissant toute organisation locale et toute lutte ? Une force pour se faire respecter, nous dit Patrice Leclerc ? Un énorme idéalisme mortifère pour la gauche et qui affaiblit les quartiers populaires, devrait dire tout communiste !

-Qu’après la colère contre la division de la gauche aux présidentielles est venue l’espoir des électrices et électeurs de gauche de retrouver de la force grâce à leur union. Les candidatures non NUPES ont échoué quasiment partout face aux NUPES, y compris contre des personnalités implantées localement. Celui ou celle qui décevra l’aspiration à l’Union pour être plus fort en payera le prix politique durablement.

Oui, Mélenchon a réussi son OPA sur la gauche, et comme il le disait dans son “bilan raisonné de 1981 et de la présidence de François Mitterrand, quand l’union s’est imposée comme l’espoir populaire, celui qui s’en écarte est battu.

Confirmation, mais Patrice Leclerc devrait justement aller au bout de cette comparaison. Car la force de ce formidable espoir de l’union de la gauche a produit quoi en 1981 ? en 1997 ? en 2017 ? A chaque fois, cet espoir s’enferme dans un électoralisme mortifère qui d’échec en échec affaiblit le monde du travail et les quartiers populaires ! Après 2017, où est passé cette force insoumise électorale dans les combats sociaux des années suivantes ? 7 Millions de voix Mélenchon, 3 Millions de grévistes du samedi au mieux ? Et le résultat, répétons-le, c’est le plus bas niveau de la gauche après un mandat de droite, moins de députés de gauche 2022 qu’en 2002 (voir les trois raisons du troisième échec de Jean- Luc Mélenchon) !

Faut-il donc continuer sur cette voie qui répète comme une farce l’union de la gauche ? Comment ne pas exploser de rire ou de colère devant ces dirigeants socialistes ou écologistes qui nous rejouent la pièce mitterrandienne ou holandienne de la gauche contre le système ? Ne faut-il pas s’inquiéter de cette Nupes blanchisseuse des trahisons socialistes ?

Les questions qui opposent les communistes

Patrice Leclerc sur cette base présentée comme des faits, mais dont la lecture critique montre que ce sont des erreurs de lecture de cette séquence électorale, identifie « quatre questions qui « opposent » les communistes :»

1/ La lutte contre l’extrême droite doit-elle se faire en partant du constat que « les électrices et électeurs du FN posent de vraies questions mais pas la bonne réponse et qui conduit à aller sur leur terrain : sécurité, immigration, violence, lutte contre l’islam »… ou cette lutte doit-elle se mener en développant les questions sociales, les luttes contre toutes les discriminations, la stigmatisation de l’extrême droite et de la haine de l’autre, en donnant espoir d’une alternative politique. Bref s’agit-il d’agir pour convaincre que ceux qui votent FN se trompent ou d’agir pour que celles et ceux qui ne votent pas, votent à gauche.

Vous excuserez le simplisme de cette présentation, mais elle permet de mettre le doigt sur une divergence fondamentale par exemple sur notre relation avec le Printemps Républicain qui trouvait bien la campagne du PCF et condamnait la campagne de Mélenchon. Stigmatise-t-on une partie du peuple de France en le qualifiant de « la fraction radicalisée des quartiers périphériques » ou comme une fraction du monde du travail et de la création, porteuse d’une diversité qui peut construire du commun avec le monde du travail sur tout le territoire.


Patrice Leclerc oppose ainsi l’action sur les questions « sécurité, immigration, violence ou islam » , aux questions sociales. Notons d’abord qu’un communiste ne devrait pas accepter cette liste qui est sans fondement. Car quel lien entre sécurité et immigration ? sécurité et islam ? Admettons que Patrice Leclerc veut en fait dire qu’il ne faut pas répondre à la bataille idéologique de l’extrême-droite, qui elle relie ces sujets, et qu’il faut en quelque sorte la subvertir en imposant d’autres batailles idéologiques, sur les questions sociales.

C’est une grave erreur pour une raison fondamentale. L’extrême-droite n’a pas inventé ces sujets parce que ce serait son idéologie. Elle part bien d’un réel, vécu par des millions de gens dans les milieux populaires, pour poser les questions à sa manière, préparant ses réponses politiques. Mais ne pas reprendre le discours de l’extrême-droite ne doit surtout pas conduire à nier le réel vécu par les milieux populaires.

Or le réel vécu est bien marqué par les trafics et les violences, l’insécurité et les incivilités. C’est un fait tout aussi important que de dire que le réel est aussi marqué par la pauvreté, la précarité, les inégalités. Nier une partie du réel, c’est se “couper des masses” et c’est ce qu’a fait le parti communiste depuis des décennies, comme une large partie de la gauche. J’habite dans une grande barre de copropriété sociale aux Minguettes, marquée depuis des années par un “point de deal” qui détruit matériellement une allée, rend la vie invivable à plusieurs familles, et devant laquelle des groupes de jeunes attirés par l’argent facile narguent la police, les services publics, et même les techniciens des réseaux ou d’ascenseurs ? Faut-il dire à ces habitants qu’il ne faut pas reprendre les thèmes de l’extrême-droite ?

De même, le réel est bien marqué par l’immigration et l’islam, le nier alors même que la concurrence dans le travail, le logement fait rage dans les milieux populaires ? Que dire à une famille immigrée du Maghreb de deuxième génération qui voit un chantier de rénovation de son immeuble être presqu’entièrement réalisée par des immigrés récents de l’Est de l’Europe ? Que l’immigration est une chance pour la France ?

Et que dire aux musulmans qui font face à des pressions religieuses pour leur imposer un islam rigoriste et très politique ? Comment leur garantir leur liberté de culte, de conscience, de pratiques, comme à tous les autres, comme aux non croyants, comme aux femmes qui refusent la contrainte vestimentaire du regard d’un islam réactionnaire ? Que la laïcité est une idée d’extrême-droite ?

Construire du commun, une formule très mode, mais qui veut dire quoi ? que l’immigration est une originalité pour construire du commun ? Quelle expérience réelle font les habitants des quartiers populaires comme les Minguettes où des dizaines de logements sont squattés par des familles roumaines poursuivies depuis des années par l’état et coincés dans une situation de non droit ? Le “commun” dans ce réel, c’est la misère et la concurrence violente dans le peuple ! Faut-il dire que c’est normal qu’un grand quartier populaire soit une porte d’entrée pour les arrivants et que ceux qui s’en sortent mieux doivent en partir dès qu’ils peuvent, théorie de la ville populaire terre de transit ?

Non, l’opposition n’est pas celle que présente Patrice Leclerc entre une “tactique” reprenant les “questions” de l’extrême-droite et une autre les ignorant. Elle est dans l’effort ou le refus de prendre en compte le réel vécu des milieux populaires, même et surtout quand il est révélateur des concurrences dans le peuple qui sont le vécu concret de millions d’habitants. Faire croire que les “valeurs” humanistes, ou les bons sentiments des couches moyennes éduquées vont résoudre ce défi de la guerre dans le peuple est une impasse. Il faut relever le défi du droit à la tranquillité, de la bataille contre l’économie parallèle et les mafias, Il faut aussi unir le peuple dans une bataille contre les causes de l’immigration, les guerres et le développement inégal. Dans les deux cas, ce n’est pas en opposant les questions sociétales et sociales, au contraire, mais en les articulant, en en montrant la cohérence qui est dans la cause de toutes les difficultés vécues. C’est le capitalisme qui crée les concurrences dans le peuple. C’est contre lui qu’il faut l’unir. Voilà la réponse communiste à l’extrême-droite, sur toutes les questions, sociétales ou sociales !

2/ Quelle est notre utilité communiste devant l’enjeu climatique. Cela pose les questions de nos propositions et luttes contre le productivisme (produire moins et autrement), pour changer les rapports de productions, contre le capitalisme du désir consumériste pour développer une frugalité heureuse, et de nouveaux rapports de l’humanité au vivant.

Oui, il y a une opposition claire sur l’enjeu climatique. Patrice Leclerc reprend les thèses écologistes dominantes, dédouanant le capitalisme avec le productivisme et renvoyant les causes de l’impasse climatique sur les comportements en déviant les luttes vers l’acceptation de la frugalité heureuse du gourou réactionnaire Pierre Rahbi. Les communistes au contraire doivent inventer une autre société sortant du “capitalisme de la séduction”.

Non, le capitalisme n’est pas un productivisme. Il cesse de produire dès qu’il n’y a plus de profit, il détruit même. Il ne produit que pour le profit, c’est un “profitivisme” ! C’est très différent. Ce n’est pas la production qui est la cause des attaques contre la nature, de l’incapacité à décarboner rapidement l’électricité, c’est le profit, partout et toujours. C’est pour le profit dans l’affrontement entre US et Russie que l’Europe vient de relancer son électricité au charbon en refusant de prolonger les dernières centrales nucléaires allemandes. Un contresens total et scandaleux même pour ceux qui veulent sortir du nucléaire et qui souvent reprennent le dernier rapport du GIEC nous disant que “nous n’avons plus que trois ans”.

C’est pourquoi on ne peut inventer de nouveaux rapport au vivant sans inventer de nouveaux rapports sociaux, et donc sortir l’intérêt privé du pouvoir d’état, c’est à dire construire un pouvoir populaire, c’est à dire construire une société socialiste !

On ne peut le faire en expliquant au peuple que ce sont ses choix de consommation qui sont la cause des dérives du capitalisme. La frugalité heureuse est l’outil idéologique du capital pour faire accepter l’austérité contrainte. Elle masque les inégalités profondes dans les consommations et le fait que sans sortir du capitalisme, on pourra refuser l’avion aux familles immigrés qui veulent aller “au pays”, mais on ne pourra refuser les jets privés des premiers de cordées ! On pourra limiter la viande aux familles populaires dont beaucoup n’y avait que peu accès, mais on ne réduira aucune des gabegies des plus riches !

Les communistes ont une grande utilité dans le débat climatique, démontrer le vide et l’inefficacité des discours écologistes dominants, montrer l’impasse de l’accord de Paris et de la loi de transition énergétique pour une croissance verte du gouvernement PS-Verts de Hollande. Les communistes sont très utiles pour montrer que le discours dominant écologiste cache le système derrière les techniques, impose un débat sur des choix techniques pour ne pas mener le débat sur les choix politiques.

Cela les conduit à être très utiles pour montrer qu’un grand service public de l’énergie a besoin d’énergies pilotables décarbonées, donc du nucléaire dans l’état des techniques, pour construire les conditions du droit de tous à l’accès à une énergie décarbonée, propre et accessible.

3/ Le communisme est-il du capitalisme monopoliste d’état, une forme de keynésianisme qui fait du crédit bonifié un moyen de pilotage du capitalisme ou le mouvement réel qui remet en cause toutes les dominations, économiques, sociales, de genre, ainsi que sur la nature et qui agit pour l’appropriation sociale des moyens de production.

Sur ce point Patrice Leclerc a raison, le projet de société communiste ne peut pas être simplement un “capitalisme monopoliste d’état”, et donc ne peut seulement s’inspirer du programme des “jours heureux” de 1945. Il doit être redéfini à partir de la crise actuelle du capitalisme mondialisé et on peut par exemple ouvrir ce débat avec la contribution de notre camarade Jean-Claude Delaunay “rompre avec le capitalisme, construire le socialisme . Pour une part, c’est ce que Fabien Roussel a commencé à faire dans son “projet des jours heureux”, qui reprend une formule représentative de notre histoire et de la force potentielle du rassemblement populaire, mais en esquissant par exemple une autre conception des rapports sociaux et des droits des travailleurs.

Mais si le travail est immense pour engager réellement la remise en cause de toutes les dominations, les communistes sont en difficulté depuis qu’ils sont dominés par l’idée que le communisme était un “déja-là” qu’il suffisait de faire grandir, en masquant le caractère décisif du pouvoir de la bourgeoisie sur l’état. Car la question centrale pour remettre en cause les rapports sociaux en général, au travail comme dans la ville ou la consommation, c’est bien d’enlever l’état à la grande bourgeoisie et de construire un pouvoir “populaire”. Il faut aller au bout de la question de Patrice Leclerc sur l’appropriation sociale des moyens de production, il faut affirmer la nécessité de l’appropriation sociale de l’état et de ses moyens de coercition et donc l’expropriation de la grande bourgeoisie de l’état. Il faut donc bien une “révolution” et aucune élection ne suffira à la rendre possible, même si une élection peut en être un moment.

4/ Quelle place et rôle des communistes dans la NUPES comme mouvement pluraliste au service du peuple pour transformer le monde. Comment être utiles dans cet espace d’échanges, de débats et de luttes dans lequel nous pourrions développer en réflexion et en acte nos originalités communistes au service du mouvement réel de transformation sociale ?

Bien évidemment, si les communistes doivent proposer un véritable changement de société pour arracher l’état à la bourgeoisie, organiser un nouveau pouvoir populaire pour de nouveaux rapports sociaux engageant la sortie du capitalisme, alors ils ne peuvent exister ou même raisonner à travers la NUPES comme “mouvement pluraliste”. Nous avons déjà donné. L’union de la gauche construite dans des négociations d’appareils réduites aux enjeux électoraux est une impasse mortelle pour le mouvement populaire. Nous en avons fait la cruelle expérience historique avec un programme commun qui était pourtant beaucoup plus sérieux et construit qu’un programme de la NUPES qui n’est qu’une série d’accords électoraux bricolés entre partis deux à deux et même pas consolidés !

Comment être utile dans cet espace ? C’est impossible pour les communistes. Cet espace n’a existé que pour un accord électoral des législatives, un mauvais accord très en défaveur du parti communiste et entièrement au service du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas un espace de luttes, le mouvement social a montré avec les gilets jaunes que le réel est plus fort que les accords d’appareils. L’urgence pour être utile au mouvement populaire, c’est de reconstruire un parti communiste d’action, de terrain. C’est la condition pour unir notre peuple qui n’a jamais été autant divisé, faire grandir un projet de société porteur de cette unité populaire en faisant grandir les consciences.

Oui, Patrice Leclerc a raison. Nous avons des divergences. Mais ses propositions sont une impasse qui enfermerait encore plus le mouvement social dans la division et le réformisme. Il ne tire aucune leçon de l’échec historique de l’union de la gauche et propose de recommencer. Les communistes auront l’occasion au contraire de s’appuyer sur les atouts et les limites de la campagne des jours heureux pour franchir de nouvelles étapes dans la reconstruction d’un grand parti communiste, capable d’impulser un mouvement populaire uni et organisé, délaissant les combinaisons politiciennes de la grande famille socialiste dont Mélenchon a pris la tête.

je ne sais pas si Patrice Leclerc est toujours membre du PCF, sans doute que non, en tout cas, il n’a pas parrainé Fabien Roussel pour l’élection présidentielle, et n’a d’ailleurs parrainé personne

[2] dont les circonscriptions historiquement communistes, comme la 14ème du Rhône

[3] a-t-il tenu compte de son échec face à Marine Le Pen dans le Nord en 2012 ?

[4] Comme militant communiste d’un grand quartier populaire, je sais que notre belle bataille qui a bien mobilisé sur les idées communistes a conduit la plupart des électeurs gagnés au... vote Mélenchon !

[5] et plus il pompait la gauche, plus Macron pompait LR et plus Le Pen pompait la colère noire populaire, la stratégie du vote utile était tactiquement tournée contre la gauche et donc s’est révélée au grand profit des droites !


Edité le 19-07-2022 à 16:55:17 par Xuan


 
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