Sujet :

le PS à la marge

Xuan
   Posté le 23-05-2018 à 23:30:42   

Le chef du PS trouve un moyen de se faire remarquer et ça n'est pas à son avantage.
Si on songe au monopole exercé par le PS sur la vie politique, notamment à sa campagne anticommuniste de plusieurs décennies, il est clair que la social-démocratie n'a pas d'autre ressource que de réapparaître sous un alias, Hamon ou Mélenchon.
Il ne faut pas oublier les leçons de notre histoire : la deuxième gauche du style PSU s'est fait passer pour révolutionnaire en mai 68, avant d'entraîner ses sympathisants dans les bras de Mitterrand tout en sapant le PCMLF.

La brochure des Editions Prolétariennes deuxième gauche, réformisme et lutte de classe décrit ce processus de façon détaillée.
Il importe de ne pas se laisser abuser par le caractère "antilibéral" de la "France Insoumise" et de ne pas confondre les motivations des Insoumis et la nature fondamentalement bourgeoise de Mélenchon.


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extrait du Figaro :
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/05/22/25001-20180522ARTFIG00204-greve-des-fonctionnaires-le-patron-du-ps-hue-et-exfiltre-de-la-manifestation.php

Grève des fonctionnaires : le patron du PS hué et exfiltré de la manifestation

Par Journaliste Figaro Arthur Berdah Pierre Lepelletier Mis à jour le 22/05/2018 à 17:22 Publié le 22/05/2018 à 16:40




Pris à partie à plusieurs reprises, Olivier Faure a d'abord tenté de rejoindre la tête du cortège via une rue parallèle. Il a finalement été contraint de renoncer à participer au mouvement du 22 mai.

Entre le PS et les mouvements sociaux, la greffe ne prend décidément pas. Alors que les cheminots avaient déjà sifflé et exclu Olivier Faure de leurs rangs en mars dernier, les fonctionnaires ont agi de la même manière avec lui ce mardi 22 mai. Quelques minutes seulement après son arrivée dans le cortège, le patron de Solférino a en effet été hué, pris à parti, puis exfiltré du mouvement.

...
DUROC
   Posté le 24-05-2018 à 21:50:45   

C'est rare, mais pour cette fois on est d'accord xuan !

duroc
Xuan
   Posté le 24-05-2018 à 23:19:27   

retour au congrès de Tours
pzorba75
   Posté le 25-05-2018 à 05:00:41   

Xuan a écrit :

retour au congrès de Tours

Ce propos mérite une explication. Pour ma part, il n'y a rien à espérer en séparant le PS en deux sections contrairement à la scission faite à Tours. L'essentiel du PS est démocrate chrétien et européiste, tout ce que les communistes et les révolutionnaires rejettent et doivent combattre s'ils veulent changer le monde. Le côté "gauchiste" du PS, influence des trotskistes, est un leurre, il suffit de voir les leaders du PS (Jospin étant un des plus accomplis) ayant affiché cette origine pour s'en convaincre.
Xuan
   Posté le 25-05-2018 à 22:49:19   

"retour au Congrès de Tours" : il ne s'agit pas de distinguer les bons et les mauvais socialos, mais juste une allusion aux termes des 21 conditions indiquant à plusieurs reprises la nécessité de rompre avec le réformisme et la social-démocratie.
En fait c'est la direction du pcf qui est visée.

On rappelle que ce congrès suivait à la fois la boucherie de 14 pour laquelle les socialos avaient voté les crédits de guerre le jour même de l'enterrement de Jaurès, une semaine à peine après avoir manifesté contre la guerre !
Et d'autre part la victoire de la révolution prolétarienne avait démontré la justesse de la ligne léniniste opposée à celle des menchéviks, les sociaux-démocrates russes.

C'est la ligne révisionniste dans le PCF qui a permis aux socialos de relever la tête alors qu'ils étaient discrédités dans le peuple. Et il a fallu des dizaines d'années de gouvernement socialo pour constater que la nature des socialos n'avait pas changé et que ce parti défend toujours les grands monopoles capitalistes et non les masses.
La conclusion évidente qui en résulte est la nécessité pour les communistes de rompre tout contact et toute alliance avec le réformisme, y compris Hamon et Mélenchon.

Quelques extraits des 21 conditions :


2. Toute organisation désireuse d'adhérer à l'Internationale Communiste doit régulièrement et systématiquement écarter des postes impliquant tant soit peu de responsabilité dans le mouvement ouvrier (organisations de Parti, rédactions, syndicats, fractions parlementaires, coopératives, municipalités) les réformistes et les « centristes » et les remplacer par des communistes éprouvés, - sans craindre d'avoir à remplacer, surtout au début, des militants expérimentés, par des travailleurs sortis du rang.

...

7. Les Partis désireux d'appartenir à l'Internationale Communiste ont pour devoir de reconnaître la nécessité d'une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des organisations. L'action communiste conséquente n'est possible qu'à ce prix. L'Internationale Communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture qui doit être consommée dans le plus bref délai.

...

15. Les Partis qui conservent jusqu'à ce jour les anciens programmes social-démocrates ont pour devoir de les réviser sans retard et d'élaborer un nouveau programme communiste adapté aux conditions spéciales de leur pays et conçu dans l'esprit de l'Internationale Communiste.

...

17. Conformément à tout ce qui précède, tous les Partis adhérant à l'Internationale Communiste doivent modifier leur appellation. Tout Parti désireux d'adhérer à l'Internationale Communiste doit s'intituler Parti Communiste de... (section de la IIIe Internationale Communiste). Cette question d'appellation n'est pas une simple formalité ; elle a aussi une importance politique considérable. L'Internationale Communiste a déclaré une guerre sans merci au vieux monde bourgeois tout entier et à tous les vieux Partis social-démocrates jaunes. Il importe que la différence entre les Partis Communistes et les vieux Partis « social-démocrates » ou « socialistes » officiels qui ont vendu le drapeau de la classe ouvrière soit plus nette aux yeux de tout travailleur.
pzorba75
   Posté le 26-05-2018 à 04:43:51   

Les 21 conditions d'adhésion à l'Internationale Communiste étaient claires. Surement au moment du vote en 1920, mais alors, comment expliquer la position du PCF dès 1934-1935 appelant au Front populaire, c'est-à-dire le renoncement à la rupture complète avec le réformisme, première trahison conduisant Blum et Daladier au pouvoir en 1936 avec l'abandon de la République espagnole au profit de Franco et les décrets Daladier conduisant à Vichy - Pétain et l'emprisonnement des élus communistes combatifs?
Xuan
   Posté le 26-05-2018 à 15:10:02   

Raccourci un peu rapide pour une période complexe : il faut préciser la montée du fascisme entre temps, l'élection d'Hitler en Allemagne et les ligues factieuses en France.
Mais il est certain que l'adhésion à la IIe internationale n'a pas supprimé tous les courants d'idées au sein du PCF, et dans tous les cas l'unité d'action n'exclut pas des opinions différentes.

La social-démocratie s'était une fois de plus glissée dans le mouvement des masses pour le trahir ensuite. Mais je n'incrimine pas la ligne du PCF à l'époque, le renoncement à la ligne marxiste-léniniste a certainement été porté par la victoire du révisionnisme en URSS lors du XXe congrès.

Ces conditions comprenaient :

14. Les Partis désireux d'appartenir à l'Internationale Communiste doivent soutenir sans réserves toutes les républiques soviétiques dans leurs luttes avec la contre-révolution .
et
16. Toutes les décisions des Congrès de l'Internationale Communiste, de même que celles du Comité Exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l'Internationale Communiste.

Lorsque l'Internationale a été supprimée, le PCF a continué à appliquer ce principe à l'URSS et au PCUS considéré comme "le parti père". Il a pratiqué le suivisme sans aucun esprit critique et a suivi la ligne de Khrouchtchev sans sourciller.


Edité le 26-05-2018 à 15:10:34 par Xuan


DUROC
   Posté le 26-05-2018 à 17:45:11   

Ce n'est pas simplement par suivisme à l'égard du "parti père" que le le PCF a sombré dans le révisionnisme. Avant même le coup d'état kroutchévien, Thorez s'était déjà "éloigné" du marxisme-léninisme (voir l'interview au Times).

duroc Le PCF n'a pas suivi. Il a été un précurseur!
Xuan
   Posté le 26-05-2018 à 18:18:49   

Avec des hauts et des bas oui, en fait c'est une lutte de tous les instants, et la position de "premier parti de France" avait laissé Thorez dans l'espoir de devenir président du Conseil. Espoir rapidement douché dix jours après sa candidature.

Dans les années 47 à 50 le PCF avait mené de dures luttes contre la bourgeoisie et l'impérialisme, notamment US.
pzorba75
   Posté le 27-05-2018 à 04:42:22   

Xuan a écrit :


Dans les années 47 à 50 le PCF avait mené de dures luttes contre la bourgeoisie et l'impérialisme, notamment US.

Certes oui, mais les dirigeants de l'Union soviétique avaient brisé les liens entre les partis communistes en supprimant le Komintern, laissant leurs soutiens des pays de la zone américaine face aux vainqueurs et sans objectifs révolutionnaires, finalement à la merci des échéances et des magouilles électorales.
DUROC
   Posté le 27-05-2018 à 15:03:57   

Le komintern avait été dissout dans les conditions de la deuxième guerre mondiale, en particulier pour ne pas diviser la nécessaire alliance de l'URSS et des démocraties bourgeoise occidentales . Le fallait-il? Cela peut se discuter. Mais après la défaite du III ème Reich, une internationale a été reconstruite: le Kominform. Dans le cadre du Kominform, le PCF a été sévèrement critiqué pour sa politique opportuniste de droite. Des autocritiques ont eu lieu. C'est ce qui explique que durant une courte période, le PCF a rectifié sa ligne pré-révisionniste, poussé aussi par les luttes ouvrières en particulier dans les mines.
Après la mort de Staline et la trahison kroutchévienne, le révisionnisme l'a vite emporté dans le PCF. La majorité des cadres y était déjà dominante.
pzorba75
   Posté le 27-05-2018 à 17:25:48   

La décision de Staline de dissoudre le Komintern signait la condamnation des partis communistes de la zone américaine, prise alors que la défaite allemande était assurée à l'Est, elle signifiait la faiblesse de l'URSS dans le règlement de la guerre en Europe qui sera orchestré par l'impérialisme américain, ce dernier n'allait pas tarder à relancer l'impérialisme allemand et lancer la guerre froide contre l'URSS et obtenir la marginalisation des partis communistes , le PCF au premier rang de ceux à abattre.
Tout cela est bien lointain et oublié, mais la première trahison date de la politique d'union dès 1935 avec les socialistes, alliés peu fiables et toujours au service de l'impérialisme américain et de son valet allemand.
Les militants sont restés, pour l'essentiel, combatifs mais quand les cadres dirigeants dévient de la ligne marxiste de lutte des classes, toutes les luttes conduisent dans le mur et finissent par décourager les militants. Ce qui s'est amplifié dès 1947 en particulier avec la naissance de FO, diviseur socialo américain de la CGT.
Xuan
   Posté le 29-05-2018 à 00:09:34   

je partage l'avis de DUROC sur ce sujet.

Quelques repères historiques :

C'est fin septembre 47, peu après l'annonce du plan Marshall et juste après la création de la CIA, que s'est déroulée la conférence de Szklarska-Poreba, où le PCF et le PCI se sont fait sévèrement rappeler à l'ordre, parce qu'ils se fiaient à la possibilité d'une transition légale au socialisme.
Deux mois après Thorez avait rencontré Staline à Moscou.

Entre temps la grève chez Renault, débutée le 25 avril, s'était étendue aux cheminots et aux fonctionnaires. Le 5 mai Ramadier avait renvoyé les ministres communistes.
Le 27 juillet De Gaulle traitait les communistes de "séparatistes"
Le 28 octobre Puzzoli est matraqué à mort par la police. La grève prend un tour insurrectionnel. Les manifestations se succèdent après l'assassinat de Vincent Voulant.
Jules Moch est nommé à l'intérieur le 22 novembre.
Le 24 le MRP Schumann est à la tête du gouvernement
Le comité central de grève est dirigé par la PCF et la CGT. Les réservistes sont rappelés.
Après le sabotage du Paris-Tourcoing, Jules Moch Moch propose à l’Assemblée nationale d’adopter des textes visant à « défendre la République ». Parmi les mesures envisagées, la suppression du droit de grève dans la police et la dissolution de 11 des 54 compagnies républicaines de sécurité (CRS), parce que celles-ci comportent, dira le ministre, « des éléments douteux », c’est-à-dire des hommes provenant des “milices patriotiques” contrôlées par les communistes et dissoutes.
Le même jour les CRS tuent Penel, Chaléat et Justet à la gare de Valence.
Bettini est abattu à l'Estaque.
La CGT appelle au repli général le 9 décembre. Peu après, c'est la scission FO- CIA.

La chronologie n'est pas exhaustive, mais il apparaît que le PCF se tenait sur des positions de lutte de classe et sur la ligne de la "grève politique de masse" préconisée par Thorez dans les années 30, comme prélude à l'insurrection.
En tout état de cause la politique d'union avec les socialistes était bien oubliée.
Mais il semble que l'action, pour massive et déterminée qu'elle fût, n'était pas en mesure de déborder la répression policière, et qu'elle se déroulait face à une offensive concertée de la bourgeoisie française et de l'impérialisme US.


Aux USA l'impérialisme US était dans une position ascendante qui ne pouvait en aucun cas tolérer un parti communiste. Bien que le maccarthysme n'ait été officialisé qu'en 1950, dès 1946, le président Harry Truman avait instauré une commission temporaire, chargée d'écarter les fonctionnaires "subversifs", partisans d'idéologies ou de régimes dits « totalitaires » comme le fascisme, le communisme ou le nazisme.
En fait ce sont les communistes qui sont visés.
Cinq mois plus tard, l’Executive Order 9835 rend le programme permanent.

Dans la même période, le PCC finissait de chasser l'occupant japonais et prenait le pouvoir.

Ces exemples montrent que la situation était relativement complexe et qu'on ne peut pas incriminer l'URSS pour le succès ou l'échec de tel ou tel parti.
L'échec ou le succès des partis communistes dans tel ou tel pays dépend des conditions extérieures, dont les orientations de l'internationale communiste, mais fondamentalement c'est sa ligne politique qui le détermine. C'est une loi de la dialectique qui veut que les transformations sont dues aux conditions internes et non externes.
Finimore
   Posté le 29-05-2018 à 07:02:42   

La critique de la dissolution de l'internationale communiste peut paraitre en apparence juste. Mais il ne faut pas se laisser avoir par ce qui est très souvent le fond et la forme de cette critique, c'est-à-dire une façon d'enfoncer un coin pour faire encore une fois de l'antistalinisme (anticommunisme) à bon compte en justifiant en loucedé certaines thèses trotskisantes.
C'est très paradoxal de la part des trotskistes de faire toute une propagande contre l'internationale (qui selon eux aurait été stalinisé etc..) et critiquer sa disparition.
A signaler que le très trotskisant groupe qui publiait "Regroupement Communiste" mettait en avant le thème de la critique de la dissolution de l'internationale pour s'attaquer à Staline.

Il y a quelques années le Cercle Henri Barbusse
http://cercles.communistes.free.fr/chb/

avait publié une brochure sur le sujet de la dissolution de l'internationale communiste.
http://cercles.communistes.free.fr/chb/publi_liste.php

Bien qu'ayant des divergences avec le CHB, je partage globalement les analyses de cette brochure dispo et lisible sur son site :

Dissolution de l'Internationale Communiste

Texte présenté à la journée commémorative du 75ème anniversaire de la Révolution d'Octobre
http://cercles.communistes.free.fr/chb/publi/tracts/1992_Dissolution_Internationale.pdf
Xuan
   Posté le 30-05-2018 à 08:00:08   

Le texte de la brochure : http://cercles.communistes.free.fr/chb/publi.php?idArticle=1992_Dissolution_Internationale

Un texte très documenté. Il est signalé que le PC américain avait été critiqué au même titre que le PCF et le PCI. Egalement que la dissolution était le résultat d'un consensus et non de la volonté du seul PCbUS.

Par contre la notion de "parti père" n'est pas abordée.