Sujet :

Lubrizol et la Voix de son Maître

Xuan
   Posté le 05-10-2019 à 21:01:52   

Après un incendie dans une entreprise classée Seveso seuil haut, qui produit des additifs pour lubrifiants (vidéo) :

E. Philippe : les odeurs sont “gênantes mais pas toxiques”
Le Préfet : “lorsqu’il n’y a pas de trace, il n’y a pas de pollution”
Ajoutant que finalement il n’y a pas de toxicité avérée, tandis que les agriculteurs seront indemnisés :
si les agriculteurs sont indemnisés, et que leurs productions sont mises sous séquestre, ça veut bien dire qu’on sait bien en haut lieu, avec les résultats des analyses qui ont nécessairement été faites sur les camions NRBC, qu’il y a de véritables risques !

On parle d'erreur de communication : c'est faux.
Huit jours après l'incendie le PDG de Lubrizol n’attend pas "de conséquences pour la santé des populations"
"Selon notre connaissance des produits et de leur composition, nous n’attendons pas de conséquences en dehors des irritations provoquées par les fumées"
Les entreprises pollueuses mentent systématiquement lors d'un incendie en prétendant qu'il n'y a aucun danger, et l'Etat les couvre systématiquement.

Il est évident que ces individus sont les porte-parole de l'entreprises pollueuse, celle-là qui affirmait aussi que l'incendie venait de l'extérieur, refusant toute interview et prétendant qu'il n'y avait aucun risque.
Et porte-parole en règle générale de la bourgeoisie et de la grande bourgeoisie.

Lubrizol Corporation est une société américaine qui appartient depuis 2011 à la holding « Berkshire Hathaway » de Warren Buffett, troisième fortune mondiale, lequel avait déclaré en 2005 sur CNN : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de la gagner » .

Nous constatons régulièrement que la course au profit maximum aboutit à mettre la sécurité à la ramasse.
Bien que le patronat ait dû payer des amendes dans les années 70, et se plier parfois aux injonctions des CHSCT, il s'est rattrapé ensuite.
Au lieu de mettre en place les protections collectives comme le capotage des machines bruyantes, le nettoyage des zones polluées et glissantes, les sécurités et arrêts d'urgence sur machine, ce sont les protections individuelles qui sont mises en avant, comme les casques, lunettes, gants et bouchons d'oreille, pour faire porter la responsabilité des accidents aux ouvriers, et notamment aux sous-traitants qui sont régulièrement sous équipés et sous formés sur les risques.

La formation régulière des équipiers de seconde intervention est progressivement laissée de côté et l'intervention est confiée aux pompiers extérieurs.
Or le personnel usine, connait le réseau d'incendie armé, sait utiliser les lances et les extincteurs, s'équiper des masques et des bouteilles respiratoires, connait tous les recoins de son entreprise, les zones à risque, les produits dangereux, les fluides caloporteurs et les manoeuvres d'isolement des canalisations, les méthodes à privilégier dans un local électrique ou une zone de stockage, etc.
Tandis que les pompiers ne peuvent pas intervenir à l'intérieur faute de connaissance des lieux, aspergent les murs ou pataugent dans les produits inconnus pendant que l'état-major brasse de l'air.
« Il faut savoir que mes sapeurs-pompiers ont pataugé dans trois à quatre centimètres d'hydrocarbures » , expliquait le colonel Jean-Yves Lagalle, directeur du Sdis de Seine-Maritime « Il suffit d'une flamme dans cette nappe de produits pour que ça explose » , ils ont dû se replier à plusieurs reprises à cause d' « explosions de fûts entreposés dans l'entreprise » .

La recherche du profit capitaliste aboutit à des catastrophes de plus en plus insurmontables.

L'article suivant apporte quelques informations. Il faut ajouter que 9050 tonnes de produits ont partiellement brûlé chez l'entreprise voisine qui fabrique des matières premières pour Lubrizol et stocke aussi ses produits finis.




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Lubrizol : les produits étaient potentiellement "mortels en cas de pénétration dans les voies respiratoires"

La préfecture de Seine-Maritime a mis en ligne la liste des substances qui ont brûlé durant l'incendie. Les produits présents dans les plus grandes quantités sont classés cancérogènes, voire mortels en cas d'ingestion ou de pénétration dans les poumons.

Risques - 02 octobre 2019 - Laurent Radisson


5 262 tonnes de produits dangereux partis en fumée


" Tous les produits ne sont pas dangereux. La dangerosité dépend de la quantité présente, du devenir des molécules après avoir brûlé et de la manière dont on est exposé (contact cutané, inhalation, ingestion)" , veut rassurer la préfecture de Seine-Martime. Cette dernière a publié le 1er octobre au soir la liste des produits qui ont brûlé les 26 et 27 septembre lors de l'accident de l'usine Lubrizol classée "Seveso seuil haut" .

Les informations contenues dans cette liste sont loin d'être aussi rassurantes que les messages lénifiants diffusés par les pouvoirs publics, même si l'analyse complète des données va demander un peu de temps.

Plus de 5 000 tonnes de produits

La préfecture a publié le tableau, annoncé comme "exhaustif", des substances impliquées dans l'incendie, tel que communiqué par Lubrizol. Selon ces données, pas moins de 5 262 tonnes de produits dangereux sont partis en fumée. Les informations publiées permettent de savoir où se trouvaient ces produits lors du sinistre. Ils étaient situés principalement dans le bâtiment A5 qui abritait les unités de conditionnement et d'enfûtage et dans le bâtiment A4 qui stockait des produits conditionnés. D'autres lieux apparaissent également sur la liste comme ceux de la société SCMT voisine, qui figure dans le périmètre couvert par le plan de prévention des risques technologiques (PPRT).

Les informations publiées permettent également de connaître les mentions de danger et les conseils de prudence associés à chaque substance ou mélange. Ces mentions sont définies par le règlement européen relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances et des mélanges, dit "règlement CLP". "Il est confirmé à travers [ces] mentions (…) que des substances corrosives, irritantes, nocives, cancérogènes, narcotiques, très dangereuses pour l'environnement aquatique ont été dispersées sur les sols de l'usine, les voiries urbaines, la Seine et dans l'atmosphère" , analyse l'association Robin des bois, dont l'expertise sur les produits dangereux est reconnue.

La préfecture a également publié les 479 fiches de données de sécurité (FDS) des substances et mélanges que Lubrizol met en œuvre dans son établissement. "Pour avoir une vision précise de la situation, il faudra dépouiller plus de 470 fiches de sécurité et cela prendra du temps" , prévient l'association Générations futures, qui salue la publication de ces informations.

Informations inquiétantes

Les informations contenues dans un deuxième tableau, qui liste les dix produits présents dans l'entrepôt A5 dans les plus grandes quantités, permettent toutefois d'avoir des informations plus précises. Des informations qui se révèlent inquiétantes puisque les sept premiers produits de cette liste portent tous la mention de danger H304 "Peut être mortel en cas d'ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires" .

Les trois produits présents dans les plus grandes quantités (129, 127 et 117 tonnes) contiennent des distillats de pétrole qui sont classés cancérogènes comme le rappelle l'Agence européenne des produits chimiques (Echa) sur son site. Mais les dangers présentés par les produits listés ne s'arrêtent pas là puisque plusieurs d'entre eux portent les mentions "Très toxiques pour les organismes aquatiques", "Provoque des lésions oculaires graves" ou encore "Provoque une irritation cutanée" .

"Cet inventaire partiel ne concerne que les produits finis et conditionnés en fûts, fait en outre remarquer Robin des bois. Manquent les matières intermédiaires, les déchets de production et les déchets consécutifs à la destruction de certaines installations fixes ou mobiles" .

Évaluer la dangerosité des produits de combustion

L'exposition directe au produit à laquelle peuvent être confrontés les opérateurs les manipulant n'est certes pas la même que celles résultant d'une exposition aux substances en mélange après combustion dans un panache de fumée. Ces informations restent toutefois préoccupantes pour l'environnement, les personnels de secours et la population exposée, d'autant que celle-ci n'était pas dotée d'équipements de protection individuelle (EPI) lors du sinistre comme peuvent l'être les opérateurs confrontés à ces produits dans les usines chimiques.

"Il faut (…) qu'au vu des compositions individuelles des molécules déclarées, une évaluation de la nature et de la dangerosité des produits de combustion possiblement émis par ce mélange puisse être réalisée" , réclame François Veillerette, directeur de Générations futures. "Nous demandons qu'un suivi épidémiologique de la population soit mis en place car il nous semble indispensable de vérifier dans les années à venir si des pathologies chroniques surviennent ou non plus fréquemment dans la population exposée aux fumées et suies de Lubrizol" , ajoute le représentant de l'ONG.

site https://www.actu-environnement.com/ae/news/lubrizol-seveso-toxicite-produits-chimique-sante-34146.php4


Edité le 05-10-2019 à 22:25:13 par Xuan