Sujet :

Lettre ouverte aux militants

jejex68
   Posté le 26-05-2007 à 09:30:09   

Pôle de renaissance communiste en France- www.initiative-communiste.fr ;199 rue Zola, 62800 Liévin

Lettre ouverte aux militants du PCF qui veulent résister à Sarkozy,
combattre l’Union européenne du capital… et continuer le combat communiste

Cher(e) camarade,

Comme toi nous sommes des communistes attachés à notre idéal et décidés à remplir notre devoir de résistance face au fascisant Sarkozy.

Comme toi, nous ne pouvons nous résoudre à voir disparaître, en pleine période de fascisation, l’héritage et les perspectives révolutionnaires léguées par le PCF. Un PCF qui porta longtemps l’espoir de millions d’hommes, avant d’être dénaturé, divisé et paralysé par la « mutation ».

Pendant des années, (les premiers abandons idéologiques du PCF datent de 1976 !), nous avons lutté contre l’ennemi de classe à l’extérieur du PCF et contre l’opportunisme idéologique à l’intérieur du Parti. Mais malgré nos efforts, le réformisme et le révisionnisme n’ont cessé de monter en puissance dans le Parti, de Fizbin à Juquin, de Fiterman aux « refondateurs », jusqu’à ce que la « mutation » gagne totalement la direction du Parti.

Présentée mensongèrement comme une « modernisation » du parti, cette régression réformiste du PCF et d’autres PC a été puissamment aidée par Gorbatchev et Eltsine. Ceux-ci ont livré sans coup férir le camp socialiste à l’impérialisme, ouvrant la voie à la mondialisation néo-libérale, à la fascisation et à la pire réaction.

A chaque congrès du PCF, jusqu’au 32ème, nous avons fait le maximum pour unir nos camarades de Parti sur des textes fédérateurs (« nous voulons rester communistes » au 29ème congrès, « changer de cap » au 30ème, etc.). Chaque fois, la direction du parti, secondée par les refondateurs, a censuré nos positions, écarté des camarades, allant jusqu’à détacher certaines personnes connues en leur offrant des places dans l’appareil !

C’est pourquoi, nous avons constitué le PRCF où se côtoient des membres du Parti, des camarades qui n’en sont plus membres et de jeunes communistes qui n’ont jamais adhéré au PCF. Ce Pôle a déjà un riche bilan bien qu’il dispose de peu de moyens : dès juillet 2003, nous déposions une pétition de 1000 noms demandant un référendum pour dire non à toute constitution européenne ; nous sommes intervenus dans toutes les luttes (2003, CPE, etc.) sur des bases 100% anti-Maastricht, en combattant le slogan réformiste de « l’Europe sociale » ; nous avons initié le grand meeting unitaire à St-Denis (nov. 2005) pour la solidarité avec Cuba socialiste ; nous sommes en pointe contre la tentative européenne de criminaliser notre histoire ; nous publions le mensuel marxiste Initiative communiste ; nous luttons pour sauver le syndicalisme de classe, menacé par le syndicalisme européen d’accompagnement ; nous venons de fonder le mouvement des Jeunes pour la Renaissance Communiste ; aux législatives, nous aurons symboliquement quelques candidats pour prouver que les communistes fidèles à Marx ne sont pas passés sous la table et ont des idées pour l’avenir !

L’expérience nous a cependant appris qu’il est devenu impossible de redresser de l’intérieur ce parti qui a renié ses principes sous couvert de « rénovation » (les mots classe ouvrière, combat de classe, révolution socialiste, dictature du prolétariat, centralisme démocratique, indépendance nationale, internationalisme prolétarien… sont devenus des gros mots pour nos dirigeants !) ; si bien qu’aujourd’hui, dans ce parti profondément démoralisé, la « lutte des places » sur fond d’arrimage électoral au PS tend souvent à remplacer la lutte des classes.

Aujourd’hui le PCF muté n’est d’ailleurs plus maître en sa maison puisqu’il est affilié au Parti de la Gauche Européenne, dont le président italien, F. Bernitotti, est un proche compagnon de R. Prodi, le Bayrou italien.

Pourtant nous n’en tirons pas la conclusion que le PCF et ses militants encore communistes, ne soient plus « intéressants » politiquement et humainement. Au contraire, les militants auxquels nous adressons ce courrier sont de vrai(e)s communistes auxquels nous n’avons aucune leçon à donner :

-comme nous, vous êtes liés aux travailleurs plus qu’aux « bobos » qui hantent les couloirs de « Fabien » ;

-comme nous, vous respectez Marx et Lénine, auxquels aucun « théoricien » mutant n’arrive à la cheville ;

-comme nous, vous avez compris que l’URSS, malgré ses défauts, n’était pas un « enfer » mais un point d’ancrage essentiel dans le combat planétaire que se livrent le Capital et le Travail ;

-comme nous, vous soutenez les communistes cubains et le mouvement de l’Amérique latine vers le socialisme ;

-comme nous, vous défendez l’indépendance de la France et vous rejetez totalement l’Europe de Maastricht comme faisait G. Marchais ; comme nous vous refusez l’illusion, cultivée par Hue et F. Wurtz, qu’on pourra construire une « Europe sociale » dans le cadre de l’Union européenne de Maastricht ;

-comme nous, vous doutez que la « sécurité sociale professionnelle » puisse éliminer le chômage en restant dans le cadre de la propriété privée des moyens de production ;

-comme nous, vous défendez la perspective révolutionnaire du socialisme, c’est-à-dire d’une société dirigée par et pour les travailleurs ;

-comme nous, vous constatez que sans PC fortement organisé , il est impossible d’abattre le capitalisme et de résister à la fascisation ;

-comme nous, vous dénoncez l’impérialisme et vous tenez à la solidarité internationaliste des travailleurs…

-comme nous, vous savez qu’on ne battra pas le fascisant Sarkozy sans reconstruire un puissant mouvement syndical de lutte des classes, digne de B. Frachon et de G. Séguy ;


C’est pourquoi à l’heure où la direction du PCF n’a rien à proposer sinon une résistance dépourvue de pers-pective, la dissolution dans le magma « anti-libéral », voire la liquidation dans un « pôle de radicalité » ou dans le PS bis d’Emmanuelli, nous vous proposons d’adhérer au PRCF ; dès aujourd’hui il est vital d’aller aux masses avec des tracts franchement communistes, antifascistes et anti-Maastricht ! Ce n’est pas le PS qui va « résister » si NOUS, les vrais communistes, nous ne retroussons pas les manches !

Il faut faire vite : si comme on peut le craindre la « vague bleue » sarkozyste se double de la « vague rose » du vote « utile » et si M.-G. Buffet n’a rien d’autre à proposer qu’une décourageante « résistance » sans perspective révolutionnaire, alors le communisme organisé peut disparaître pour longtemps en France… à moins qu’une force communiste neuve mais fidèle à l’héritage révolutionnaire du PCF prenne le relais pour que revive dans les conditions d’aujourd’hui un vrai PC digne de Cachin, Duclos, Thorez, Sémard et autres D. Casanova.

Alors, OSEZ nous rejoindre ! N’ayez pas peur de VOS camarades de combat ! Cessons de suivre ceux qui mènent le peuple de défaites en catastrophes et aidez ceux qui n’ont d’autre ambition que de passer le relais des vrais communistes d’hier aux vrais communistes de demain. Méditons l’adresse du regretté résistant communiste André Tollet aux dirigeants du PCF : « il y a eu, il y aura un PC en France, SANS vous ou CONTRE vous » !

Certains d’entre vous croient cependant que le Parti peut encore être « redressé de l’intérieur ». Nous pensons qu’ils se trompent car la mutation réformiste a tué l’âme du parti actuel ; désormais l’appareil mutant dépend des subventions d’Etat, du PS (dont le PCF dépend électoralement), voire de Lagardère, sans lequel l’Huma aurait déjà cessé sa parution depuis longtemps.

Pourtant, nous sommes de cœur avec les camarades du Parti qui joueront leur va-tout au prochain (et ultime ?) congrès du PCF en espérant qu’à cette occasion le PCF soit « remis sur les rails de la lutte de classe » : même s’il est utopique à nos yeux de vouloir redresser ce parti dénaturé, cette ultime bataille interne peut avoir un intérêt si elle est menée SANS ILLUSIONS et JUSQU’AU BOUT.

Sans illusion : s’il s’agit seulement d’« influer » sur la direction, de « l’infléchir à gauche », la bataille est perdue d’avance ; la direction peut lâcher quelques miettes symboliques pour passer le cap. Elle peut faire une plus grande place aux pseudo-opposants comme le maire de Vénissieux (qui flirte avec « Nicolas »!), ou aux permanents de la Fédé du Pas-de-Calais qui font mine de « s’opposer » alors qu’ils siègent depuis des années à l’exécutif du parti mutant. La question se pose donc. Communistes sincères, ne servez-pas la soupe à quelques notables qui n’ont en tête que leur plan de (fin) de carrière pendant que les acquis et les retraites des travailleurs sont passés au broyeur !

« Jusqu’au bout », car si le PCF sort non redressé du congrès, attendre à nouveau le congrès suivant revien-dra à enterrer la renaissance communiste pendant que la France ouvrière et républicaine agonisera sous la rupture sarkozyste ! Pour s’opposer à la « rupture » de Fachozy, les communistes doivent eux-même rompre totalement avec la direction réformiste ; communistes de l’extérieur et de l’intérieur, retrouvons-nous pour faire renaître un vrai PC indépendant de tous les réformistes : c’est le seul moyen de rendre espoir au peuple ! Sous prétexte d’être fidèles à l’appareil, ne soyons pas plus proches de la direction réformiste que des communistes privés de carte qui ont consenti de grands sacrifices depuis des années pour faire vivre une politique communiste à l’extérieur du parti !

Bref, camarades, certains d’entre vous veulent « inverser la donne » dans le PCF : à l’expérience, nous ne croyons plus cela possible ; mais, tout en continuant à construire notre organisation de classe, le PRCF, nous pouvons vous aider ; car sans l’appui des milliers de communistes qui ne sont plus au parti, vous ne pèserez pas assez lourd face à l’appareil. Et si d’aventure vous arriviez à renverser la donne au sortir du congrès, TANT MIEUX, nous nous féliciterions de vous avoir aidés ; car l’essentiel n’est pas pour nous d’avoir raison à tout prix mais de reconstruire ensemble et au plus tôt un vrai parti, car c’est vital pour la France !

En revanche, si vous échouez, direz-vous alors : « la suite au prochain congrès » ou nous aiderez-vous à faire du neuf et à reconstruire en nous adressant largement aux travailleurs et à la jeunesse ?

Dès aujourd’hui il existe un moyen simple pour nous tous de ne pas se tromper : c’est de répondre à l’Appel de G. Hage intitulé « Groupons-nous dès demain ». Membres ou pas du PCF, le doyen communiste de l’Assemblée nationale nous invite de manière émouvante à créer sur des bases claires une Confédération d’Action Communiste pour nous aller ensemble aux entreprises, dans les facs et dans les quartiers populaires pour exprimer un vrai point de vue communiste, anticapitaliste, antifasciste et anti-Maastricht.

Aidons-nous les uns les autres dans cette période dramatique pour le parti, pour le monde du travail et la République ! Dès cet été défendons le droit de grève et refusons toute constitution supranationale ! Ensemble adressons-nous aux visiteurs de la Fête de l’Huma et célébrons de manière militante le 90ème anniversaire d’Octobre 17, que Fachozy et S. Courtois va utiliser pour nous criminaliser et nous réprimer ! COMMUNISTES, GROUPONS-NOUS DES DEMAIN car comme le dit Aragon :
« Quand les blés sont sous la grêle / Fou qui fait le délicat / Fou qui songe à ses querelles / Au cœur du commun combat ».
Fraternellement, les militants de la direction du PRCF

Message édité le 26-05-2007 à 15:15:36 par jejex68
armenak
   Posté le 31-05-2007 à 09:58:38   

y-a-t-il des militants du P"c"F sur ce forum qui pourrait être "séduit" par cet appel?
Armenak
Melestam
   Posté le 31-05-2007 à 13:48:07   

Oulà ! ça ratisse de plus en plus large, on arrive à Marchais !
jejex68
   Posté le 31-05-2007 à 15:09:26   

C'est dommage, j'aurais préféré une critique constructive......Car c'est bien l'unité que nous cherchons tous: même dans des orgas différentes.
Finimore
   Posté le 31-05-2007 à 15:20:38   

jejex68 a écrit :

C'est dommage, j'aurais préféré une critique constructive......Car c'est bien l'unité que nous cherchons tous: même dans des orgas différentes.


L'unité de qui ? sur quoi ? pour quoi faire ?
L'unité ne doit pas être un prétexte pour justifier n'importe quoi !
Membre désinscrit
   Posté le 31-05-2007 à 23:43:29   

jejex68 a écrit :

C'est dommage, j'aurais préféré une critique constructive......Car c'est bien l'unité que nous cherchons tous: même dans des orgas différentes.

OK mais c'est une lettre à l'attention de certains membres du PCF, pour leur proposer de rejoindre le PRCF, par conséquent ça ne nous concerne pas directement.
Qu'il y ait encore des communistes au PCF pourquoi pas, mais je n'y ai jamais rencontré un révolutionnaire.
Rassure-nous on parle bien de recherche d'une unité entre tous les révolutionnaires communistes dans le but de créer le Parti qui nous conduirait à la révolution?
Xuan
   Posté le 01-06-2007 à 23:57:29   

jejex68 a écrit :

C'est dommage, j'aurais préféré une critique constructive......Car c'est bien l'unité que nous cherchons tous: même dans des orgas différentes.

Les socialos recherchent également l'unité.
Tout communiste souhaite non seulement qu'ils ne la retrouvent pas avec le peuple mais qu'ils ne la retrouvent pas entre eux-mêmes et qu'ils retournent dans les oubliettes.
On ne doit pas rechercher l'unité avec des partis et des lignes politiques réactionnaires comme les révisionnistes et les socialos.

Si tu te penches sur l'histoire du mouvement communiste en France, tu observeras que les marxistes-léninistes ont été exclu du parti révisionniste dès les années 60. Et cela sur des questions de principes fondamentales qui ont traversé le mouvement communiste international.
Tu trouveras une documentatin sur ce sujet sur le site des Editions Prolétariennes
http://membres.lycos.fr/edipro/

Les abandons sont donc bien antérieurs à 76, ce n'est donc pas un hasard si j'ai relevé des similitudes entre "le programme candidat" et le Programme Commun de Gouvernement .
Le site des EP présente une brochure sur ce sujet:LE PROGRAMME COMMUN DE "LA GAUCHE" = UN PROGRAMME BOURGEOIS !
En particulier la thèse d'un passage graduel au socialisme par des nationalisations dans le cadre du système capitaliste est un élément essentiel de la ligne révisionniste, qui a été repris tel quel par le PR"C"F.
On a vu à quel désastre a conduit cette théorie, associée à la tactique électorale d' Union de la Gauche . Mais vous ne l'avez pas remise en cause.

C'est que résume la question de mon camarade Finimore "L'unité de qui ? sur quoi ? pour quoi faire ? "


Message édité le 02-06-2007 à 00:10:39 par Xuan
SMT
   Posté le 03-06-2007 à 20:59:46   

Sur la période Marchais qui est évoquée positivement dans cet appel du prcf :
« ………..
Les dirigeants du PCF, rongés par l’opportunisme et inquiets de la poussée électorale de la social-démocratie décidèrent de s’attaquer à l’ensemble de l’héritage légué par le marxisme-léninisme, pour tenter de concurrencer la social-démocratie. Le résultat sera dramatique puisque pan après pan, l’identité révolutionnaire va être liquidée. Une fois, le PCF social-démocratisé, la classe ouvrière désertera les rangs d’un parti « devenu comme les autres ».
Le 22ème Congrès du PCF vit la victoire définitive du courant révisionniste, à la suite de la disparition des derniers dirigeants historiques
…….
La campagne antistalinienne, mise en veilleuse depuis les années 60, fut relancée. Georges Marchais présenta le « stalinisme » comme « une perversion monstrueuse du socialisme ».
« Ce fut vraiment en 1976 avec le 22ème Congrès que le PCF rompit avec le modèle soviétique et définira le socialisme original qu’il faut pour la France » ( « Révolution », nov. 81 – page 31 ).
A ce congrès, Georges Marchais critiqua la notion de « Dictature du Prolétariat ». Selon lui, le mot « dictature » était mal ressenti par les travailleurs suite aux dictatures de Franco, Salazar, Hitler, Pinochet. Cela était utilisé comme prétexte pour G. Marchais afin d’aller plus loin et liquider la notion de prolétariat « qui ne saurait correspondre à la classe ouvrière d’aujourd’hui ».
C’est donc en 1976, que le parti communiste renonça définitivement à inscrire son action et stratégie, dans la validité de la théorie marxiste de l’Etat comme dictature de la classe dominante. Le pouvoir du Capital n’était plus dépeint comme dictature de la bourgeoisie monopoliste, le congrès évoquait la démocratie (sans caractéristiques de classe) comme moyen et but des communistes. On dénonçait les restrictions et atteintes aux libertés mais on refusait de dénoncer la « démocratie capitaliste » comme fausse démocratie, à l’avantage exclusif des oligarques financiers.
A ce Congrès fut affirmé le concept de « voie démocratique au socialisme », « c’est au moyen, à chaque étape, du suffrage universel (tous les partis y compris réactionnaires et financés par le capital, ayant les mêmes droits- Note de l’auteur) que se sera fixé le rythme de l’édification de la société nouvelle » (XXIIème Congrès) ou la décision de stopper cette édification « si les électeurs en décident ainsi »! Ce crétinisme parlementaire se situait trois ans après le coup d’Etat fasciste de Pinochet et de l’Armée au Chili. Aucune autocritique ni même réflexion ne vint troubler le cours des révisionnistes français, sur la validité de la voie parlementaire au socialisme. On sentait là toutes les graves déviations antimarxistes et réformistes de l’eurocommunisme, auquel le PCF venait de se rallier avec le parti communiste italien, le PC d’Espagne.
Le XXIIIème Congrès consacra le ralliement du PCF à « l’autogestion comme voie et moyen ». Il y avait là une vision instrumentale, utilitaire. Le PS devenu hégémonique glissant toujours plus à droite et rendant difficile l’accession au pouvoir par la voie des élections, le PCF tenta de reprendre l’initiative (en fait de passer électoralement devant la social-démocratie) en se ralliant aux concepts autogestionnaires à la mode lancés par le syndicat social-démocrate CFDT. Fût abandonnée la notion d’étapes (la « démocratie avancée ouvrant la voie au socialisme ») pour prôner l’idée encore plus opportuniste que le « socialisme se construit chaque jour pas à pas, dès maintenant » (résolution du XXIIIème congrès du PCF).
Les « théoriciens » révisionnistes attaquaient toujours plus les principes révolutionnaires pour mieux les liquider, dans un parti au très faible niveau d’éducation marxiste. « Cette notion (la dictature du prolétariat) formulée au 19ème siècle renvoie indiscutablement à des pays qui ont un certain type de structures sociales, à majorité paysanne (…) La prise du pouvoir d’Etat par la classe ouvrière lui permettait d’agir de façon centralisée sur l’ensemble de la société pour la transformer dans le sens du socialisme. Cette conception d’une action centralisée de l’Etat telle que nous venons de la définir est en quelque sorte rejetée comme ne correspondant plus à la stratégie de transformation de la société française que nous entendons mettre en œuvre pour aller au socialisme ». (Jacques Scheibling « Pour une stratégie autogestionnaire »pages 38/39. Editions sociales. 1979).
Cette « théorie » tenta, de manière impuissante, à combler par un substitut, le rejet de la théorie matérialiste de l’Etat, en reprenant la fable de Proudhon sur la validité des transformations économiques, la question de l’Etat étant présentée comme négligeable !
Les conquêtes sociales accumulées, selon les révisionnistes, même inégales selon les entreprises et régions, constitueraient la transformation sociale, le fameux « pas à pas ».
Théorie absurde qui ne tient aucunement compte des capacités de riposte de la bourgeoisie forte de sa mainmise sur l’ensemble de l’appareil d’Etat répressif et administratif. Doux rêves anarchistes, dans un parti se réclamant du communisme !
Les révisionnistes reprirent aussi la théorie d’une démocratie neutre pour toutes les classes, ils affirmaient que la « démocratie » est la voie choisie pour pas à pas, réformes après réformes, aller au « socialisme autogestionnaire », sans que cela nécessite de forcément gagner les élections, aller au gouvernement, à fortiori de briser l’Etat bourgeois par une révolution socialiste. Ainsi, un triste théoricien de cette époque (aujourd’hui anticommuniste) affirmera qu’on peut construire le socialisme pas à pas même sous un gouvernement de droite !
« La « nouvelle croissance française » prônée par le PCF était jugée indifférente au parti qui dirige, puisque le socialisme peut se construire sans prise du pouvoir ! ! !
L’économisme était le corollaire de l’ensemble de ces déviations, l’anarcho-syndicalisme faisait un retour en force.
Le PCF appela, évidemment à ce congrès à rompre avec « un trop grand respect de la lettre des classiques du marxisme ». Les nouveaux statuts supprimèrent la référence au marxisme-léninisme, à Lénine. Comme Gorbatchev, des années plus tard, on se revendiquait des divers fondateurs de la pensée sociale, y compris donc les penseurs révisionnistes du début du XX ème siècle.
………
Au 24ème Congrès, alors que le PCF, encore affaibli électoralement avait choisi de participer à un gouvernement à direction socialiste, le PCF changea une fois de plus de cap. La stratégie autogestionnaire qui prônait la construction du socialisme en bas, sans se soucier d’aller au pouvoir, fut abandonnée. G. Marchais vantait alors un mode de consommation petit-bourgeois : « Le socialisme à la française est inconcevable sans que la possibilité soit offerte aux personnes, aux familles d’être propriétaire du logement qu’elles occupent, de leur automobile, de leur résidence secondaire ». « La France n’est plus le pays des – Misérables – de Victor Hugo ou du Germinal d’Emile Zola » (G.Marchais. « Rapport du Comité central. XXIVème Congrès du PCF).
A ce congrès, est lancé un nouveau concept qui accentue la critique du socialisme en URSS, « les socialismes », avec l’idée centrale qu’ « il y a autant de socialismes que de pays » pour justifier le « socialisme à la française ». On aboutissait ainsi à nier la validité et l’existence de lois universelles dans la construction du socialisme !
De plus, ce « socialisme » emprunte plus au « socialisme du goulasch » de Khrouchtchev, mettant l’accent plus sur la consommation individuelle que collective et ne traitant ni de la liquidation de l’exploitation du salariat, de l’oppression nationale, de la nécessité historique d’abolir le salariat et liquider les classes.
Les questions de l’Etat et de la révolution restaient totalement éludées. G. Marchais écrivit un livre intitulé « Démocratie » dans lequel il se livrait à une apologie de la démocratie bourgeoise devenue la finalité du combat du PCF. « J’ai montré que nous avions totalement extirpé de nos têtes, la conception d’une société socialiste qui succèderait en bloc à la société capitaliste, d’une révolution qui se ferait un ‘ grand soir’ ». (« Démocratie ». G.Marchais. pages 209-210. Editions grasset).
Les concepts de classe découlant de l’analyse des rapports de production d’exploitation sont abandonnés au profit d’une vague « approche sociologique », le PCF parlait de plus en plus des « pauvres », des « gens ».
G. Marchais divisait le capitalisme en bons et mauvais côtés, la lutte consiste à corriger les mauvais côtés notamment pour Marchais, « l’absence d’intervention des salariés dans la gestion ». Marx réfute ce genre de « dialectique » « Pour lui, M. Proudhon toute catégorie économique a deux côtés : l’un bon, l’autre mauvais. Le bon côté et le mauvais côté, l’avantage et l’inconvénient pris ensemble, forment pour M. Proudhon, la contradiction dans chaque catégorie économique ; (K. Marx, Misère de la philosophie, Editions sociales 1947, page 89). »

« SUR CERTAINES PARTICULARITES DE LA LUTTE CONTRE L’OPPORTUNISME EN France ». 22 pages A4 ; ( JL.SALLÉ. secrétaire général de l’Union des Révolutionnaires-Communistes de France. (URCF-Construction du Parti)