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Khrouchtchev et la locomotive de l'histoire

Xuan
   Posté le 04-10-2024 à 21:19:14   

Comment Khrouchtchev a fait dérailler la locomotive de l’histoire


• 29 SEPTEMBRE 2024
https://HISTOIREETSOCIETE.COM/2024/09/29/COMMENT-KHROUCHTCHEV-A-FAIT-DERAILLER-LA-LOCOMOTIVE-DE-LHISTOIRE/#COMMENT-20223


Nous sommes entre nous… dans ce blog qui a rompu les ponts avec les réseaux sociaux et qui cherche à construire dans notre petit collectif un lieu de réflexion collective puisque cela n’est pas permis dans l’espace politico-médiatique qui court vers la guerre, la fascisation, les divisions clientélistes et la crainte d’affronter à la fois le passé et l’avenir. Comme j’ai tenté de l’expliquer, nous sommes dans un paradoxe temporel, celui d’un basculement historique. Il est clair que ce que nous affrontons est nouveau, les solutions sont inusitées et nécessitent expérimentation, réflexions collectives… Mais dans le même temps ce qui interdit ces coopérations indispensables est la manière dont on a réussi à convaincre la classe ouvrière, la jeunesse, toutes les victimes qu’il n’y avait pas d’autre alternative que la débrouille individualiste… Ce qui se passe est abominable et nos dirigeants nous conduisent vers l’apocalypse, mais le socialisme, le collectif c’est pire. Et on ne s’en sortira pas sans affronter ce traumatisme du passé comme le font les Russes, les Chinois. Une fois de plus cette traduction de Marianne sur le “déraillement khrouchtchévien” représente un apport et tant qu’il sera ignoré il ne pourra pas y avoir de parti révolutionnaire et même pas réformiste. Puisqu’avec la fin de l’URSS, il n’y a plus de parti réformiste, seulement des partis qui croient plus ou moins contrôler le rythme de la régression, la négocier. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop histoireetsociete)

Par Serguei Kostrikov et Elena Kostrikova (1)


Ce texte est en réalité la conclusion du livre de Serguei Kostrikov et Elena Kostrikova, Les locomotives de l’histoire : l’année révolutionnaire 1917, un titre qui fait allusion à la célèbre phrase de Karl Marx : « Les révolutions sont les locomotives de l’Histoire ». Je ne crois pas trahir les auteurs en imputant à Khrouchtchev une bonne part de responsabilité dans le déraillement de la locomotive, même s’il n’en est pas la cause unique. (notes et traduction de Marianne Dunlop pour Histoire et Société).
Nous sommes convaincus que les documents contenus dans ce livre, tirés des périodiques russes de l’année révolutionnaire 1917, prouvent de manière convaincante que la révolution bourgeoise de février et la grande révolution socialiste d’octobre étaient inévitables. Contrairement aux prédictions de ses ennemis, non seulement la Russie n’a pas sombré dans l’abîme de l’oubli, mais elle est devenue l’une des plus grandes puissances mondiales, elle a vaincu le mal universel du fascisme, elle a mené la lutte des forces avancées de l’humanité contre l’oppression, pour une démocratie réelle, pour la justice, pour la libération nationale et sociale – tel est le mérite historique du peuple travailleur dirigé par le parti bolchevique.

Les adversaires idéologiques du marxisme diront avec un sarcasme philistin : « Eh bien, où est passée votre puissance mondiale, pourquoi s’est-elle effondrée, où est votre marxisme-bolchevisme ? Le système soviétique, l’économie socialiste et l’amitié entre nos peuples ont résisté à l’épreuve de force pendant les années d’une guerre implacable. En URSS, contrairement à la Russie tsariste, il n’y avait pas de contradictions irréconciliables, pas de problèmes économiques et sociaux qui ne pouvaient être résolus dans le cadre du socialisme. Notre pouvoir ne s’est pas désintégré, il a été détruit. À la fin du XXe siècle, nous avons tous été témoins d’une trahison monstrueuse, dont il est difficile de trouver un exemple dans l’histoire. Cette trahison a été commise par des représentants de l’« élite » dirigeante, qui se sont mis au service de forces extérieures qui n’avaient jamais cessé de lutter contre le premier pays socialiste au monde.
Les racines de la tragédie qui s’est produite ne se trouvent pas dans les vices du socialisme, mais dans le fait qu’à un certain stade, la direction du parti communiste a cessé de s’appuyer sur la doctrine marxiste, n’a pas réalisé la nécessité de son développement. « Sans théorie, nous sommes morts », a averti Staline. Le monde changeait, la situation internationale posait des questions de plus en plus difficiles et, à cette époque, le domaine de l’idéologie dans notre pays a progressivement stagné.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’autorité de l’URSS et du socialisme avait atteint un niveau exceptionnellement élevé. En témoignent le nouveau rôle de notre pays dans le monde, l’émergence de nouveaux États socialistes, la montée au premier plan des partis communistes et ouvriers dans de nombreux pays, le développement du mouvement de libération nationale dans les empires coloniaux. Du point de vue des idéologues et des politiciens bourgeois, il était nécessaire de perturber cette vague de croissance de l’autorité du socialisme et de l’influence de l’idéologie marxiste. Et dans le camp bourgeois, il fallait trouver des moyens de moderniser le capitalisme. Cela se voit clairement non seulement dans l’alternance des partis conservateurs et libéraux au pouvoir, l’implantation du néolibéralisme et du néoconservatisme dans l’économie et la politique. Des mouvements réactionnaires, y compris néo-fascistes, ont été ravivés. Ils ont également tenté de pénétrer la sphère de l’idéologie de gauche, non seulement dans leur pays, mais aussi dans les pays socialistes. De nombreuses organisations de gauche sont apparues. Toutes se caractérisent par un révolutionnarisme petit-bourgeois, des phrases ultra-gauchistes, un éloignement du marxisme-léninisme, sa révision, des tentatives d’interprétation petite-bourgeoise par rapport aux nouvelles conditions, ou un rejet complet de la doctrine et une lutte contre elle.

Ces groupements reflétaient les tendances objectives des sociétés occidentales dans les conditions de la révolution scientifique te technique et des processus socio-économiques qu’elle a engendrés. Les ingénieurs, techniciens et autres intellectuels, auparavant privilégiés, se transformaient inévitablement en « prolétaires du travail mental » ouvertement exploités et se radicalisaient politiquement. D’autre part, les nombreux gauchistes reflétaient la lutte de la bourgeoisie contre le véritable mouvement communiste, contre le marxisme en tant que tel. Il est important que nous comprenions l’essentiel : en Occident, il y a eu une recherche intellectuelle active visant à créer des constructions idéologiques qui s’opposaient au marxisme ou le détruisaient. Il s’agissait d’un nouveau grand front de lutte idéologique. Et nous devions relever ce défi de toutes nos forces.

Pourquoi, après avoir créé un puissant État socialiste, après avoir remporté la Grande Victoire, n’étions-nous pas préparés à la confrontation sous une nouvelle forme ? Pourquoi, après avoir fait une percée gigantesque vers l’avenir, n’avons-nous pas été capables d’évaluer réellement ce que nous avions accompli et de le défendre au moment opportun ? Pourquoi des gens qui n’étaient pas seulement dogmatiques, qui ne développaient pas le marxisme, mais qui n’étaient pas marxistes du tout, se sont-ils retrouvés à la tête du parti ?

L’une des raisons réside dans les changements de personnes au sein de la direction de l’État et du parti qui ont eu lieu dans la période d’après-guerre, et en particulier après la mort de Staline. Notre victoire a été chèrement payée. Les pertes humaines ont été lourdes et irremplaçables. Dans une large mesure, la guerre a détruit toute une génération de Soviétiques nouvellement formés. Il s’agissait, pourrait-on dire, de gens de l’avenir, en bonne santé physique et morale. Des enfants d’ouvriers et de paysans qui, sans la guerre, seraient devenus des directeurs de production, des scientifiques, des représentants de professions créatives, des chefs militaires et politiques.
Ils constituaient un patrimoine génétique inestimable pour la nation. Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement eux qui nous manquent, mais aussi leurs enfants, qui auraient été élevés pour devenir de vrais Soviétiques, de vrais patriotes de leur pays. Ceux qui ont eu la chance de survivre ont accompli un véritable miracle : en quelques années, ils ont restauré ce qui avait été détruit, créé une superpuissance et été les premiers à faire une percée dans l’espace.

Malheureusement, pendant que les meilleurs représentants de notre peuple se battaient et créaient, des carriéristes munis de cartes du Parti se faufilaient vers le pouvoir, se faisant habilement passer pour des communistes idéologiques. Au milieu des années 1950, au sommet de la bureaucratie du parti, dont les vices avaient été impitoyablement combattus par Staline, il y a eu une ruée vers le pouvoir. Les résultats sont connus. Tout d’abord, la dénonciation et la liquidation de Beria, puis « le démantèlement du groupe antiparti Molotov-Malenkov-Kaganovitch et autres ». En fin de compte, Khrouchtchev, ignorant mais habile dans l’art de l’intrigue, l’a emporté sur tous les autres.
Sous Staline, tout fonctionnaire, quel que soit son rang, savait pertinemment que sa position ne le mettait pas à l’abri des plus sévères sanctions. Avec Khrouchtchev, les apparatchiks ont reçu une garantie d’immunité – c’est-à-dire, en fait, d’irresponsabilité – de l’appareil du parti et de la bureaucratie. À partir de ce moment, un processus de décomposition et de dégénérescence massive et accélérée de la bureaucratie dirigeante a commencé. « Les cadres décident de tout » (2), disait Staline. Les « dents du dragon » semées sous Khrouchtchev ont donné des germes empoisonnés pendant longtemps. Dans les années 1980, les « cadres » de l’époque Khrouchtchev ont atteint le plus haut niveau de pouvoir. C’est Khrouchtchev qui a permis à des gens comme Gorbatchev, Eltsine, Yakovlev et leurs semblables de se faufiler jusqu’aux plus hauts rangs du parti. « Nous avions trop de ‘Khrouchtchev’ », se souviendra plus tard avec amertume V.M. Molotov.

Pour Khrouchtchev, l’imprudente « dénonciation du culte de la personnalité » servait avant tout sa propre justification et son affirmation de soi, et pas du tout le rétablissement des normes léninistes. Il a lui-même facilement violé ces normes en démettant de leurs fonctions, en renvoyant de la capitale ou en mettant à la retraite tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec son orientation aventuriste et qu’il considérait comme dangereux pour lui-même. Il ne les emprisonnait pas et ne les fusillait pas uniquement parce qu’il s’était lui-même coupé cette voie. Mais il les a humiliés sans pitié. Molotov, Malenkov, Joukov, Chepilov, Fourtseva et bien d’autres l’ont parfaitement compris. Tout cela n’a pas amélioré le parti. Mais il a sapé son autorité, ainsi que l’autorité du socialisme sur la scène mondiale. Comme un marchand en goguette, Nikita a gaspillé et dilapidé le gigantesque capital moral et politique acquis au prix du sang et de la sueur de notre peuple.

Khrouchtchev a récolté sans le mériter les fruits des victoires remportées sous Staline. La percée dans l’espace (3) lui a permis pendant un certain temps de détourner l’attention des problèmes socio-économiques qu’il avait causés. Avec l’arrivée de Khrouchtchev, sa ligne de développement extensif du pays et de l’économie triomphe. L’essor inconsidéré et effréné des terres vierges au détriment de la restauration et du développement des zones agricoles indigènes de la Russie centrale, décimées par la guerre, est spectaculaire en apparence, y compris en termes de propagande. Mais elle ne se justifiait pas. Au début des années 1960, nous avions déjà puisé dans les réserves de l’État, puis commencé à acheter régulièrement des céréales à l’étranger, en finançant les producteurs étrangers.

Les échecs de l’économie et la hausse des prix ont provoqué le mécontentement de la population. C’est ainsi que l’on a fait tirer sur des ouvriers à Novotcherkassk. Pendant toute la période soviétique, aucun dirigeant du pays n’avait osé faire pareille chose !
En conséquence, la politique de Khrouchtchev s’est traduite pour l’URSS par des dépenses insensées à l’intérieur et à l’extérieur du pays, des décisions économiques et politiques aventureuses, de la démagogie, de l’escroquerie idéologique et de la propagande, la scission et l’affaiblissement du mouvement communiste international, la perte de l’autorité mondiale, des lignes directrices, des idéaux et la dégénérescence des cadres du parti. Sa politique arrogante de trublion a failli conduire à un conflit nucléaire avec l’Amérique en 1962.

Le nom de Khrouchtchev est associé à la stagnation dans le domaine de l’idéologie. Homme sans éducation et à la mentalité petite-bourgeoise, il a adopté le slogan « rattraper et dépasser l’Occident dans tous les domaines » comme stratégie de développement de base. Dans l’essence même de ce slogan se trouvait l’idée non pas de notre identité, non pas des avantages déjà réalisés du socialisme, non pas d’une suffisance raisonnable. L’idée de notre retard et même d’une sorte d’infériorité a été imposée au peuple soviétique. Bien sûr, Lénine a également parlé de la nécessité pour la Russie soviétique de « rattraper les pays avancés ». Mais il parlait du progrès scientifique, technique, culturel et industriel, de l’organisation avancée de la gestion et de la production, sur la base desquels une société complètement différente devait se développer. Lénine raisonnait à partir de la position d’un homme politique des années 1920, à la tête d’un pays dévasté par les guerres et les interventions et en retard sur le plan culturel et technique. Khrouchtchev, en revanche, était à la tête d’une superpuissance qui avait obtenu d’énormes succès dans les domaines de l’économie, de la science et de la culture, et qui avait réussi à gagner une guerre sans précédent grâce aux réalisations du socialisme. Il était nécessaire d’envisager de manière dialectique la poursuite du développement, et non de courir après l’Occident bourgeois. Le slogan de Khrouchtchev « rattraper et dépasser » était profondément philistin et reflétait une vision petite-bourgeoise du développement et de son objectif. On nous proposait de battre l’ennemi sur son terrain et selon ses règles. Khrouchtchev a psychologiquement orienté la population vers une société de consommation, sans tenir compte des traditions de nos peuples, de l’opportunité économique, des possibilités de l’État et des conséquences socio-psychologiques, idéologiques et politiques probables.

Les avantages évidents du socialisme, qui permettaient à chacun de se développer normalement, sainement et de manière créative, ont été remplacés par des instincts de consommation petit-bourgeois – « chez eux c’est mieux, plus grand, plus beau ». L’Occident s’est transformé en une vitrine étincelante d’une quantité infinie de pacotille, de biens nécessaires et moins nécessaires – une véritable cave d’Ali Baba. Comme un sauvage aveuglé par les paillettes d’une boîte de conserve et abandonnant les vrais bijoux pour des babioles bon marché, l’homme du peuple de Khrouchtchev était prêt à donner son âme pour du chewing-gum et du Coca-Cola, ne doutant pas que tous les bienfaits du socialisme lui étaient garantis à tout jamais. Nous avions perdu notre « immunité » idéologique face au capitalisme ! Au quotidien, l’Occident nous a surpassés.
Après Staline, l’idéologie en URSS a stagné. À partir de Khrouchtchev, aucun haut dirigeant du parti soviétique, contrairement à ses prédécesseurs, n’a écrit quoi que ce soit lui-même. Dans le même temps, la nouvelle « élite » du parti était terriblement éloignée de la vie du peuple. Lénine et Staline, animés par le désir d’un ordre mondial juste, ont su enflammer les masses avec leurs idées. Aux heures les plus difficiles, ils ont su trouver des mots proches et compréhensibles pour le commun des mortels, touchant leur âme et leur insufflant la foi en la victoire. Ils ont incité au travail et à la lutte. Mais celui qui ne se consume pas lui-même ne pourra jamais entraîner les autres.
Ils ont incité les autres à le suivre. L’« agitation » sans âme et bureaucratique de l’époque de la « stagnation » ne pouvait que décourager l’étude du marxisme. Malgré les nombreuses universités de marxisme-léninisme, les écoles et les cercles où les études étaient formalisées, la masse du Parti est devenue politiquement et idéologiquement infantile et facilement infectée par des instincts petits-bourgeois.

Notre appareil officiel de propagande idéologique, dirigé par M.A. Souslov, n’a pas trouvé de réponses adaptées à l’époque, n’a pas réagi correctement aux nouveaux phénomènes mis en avant par les processus de la révolution scientifique et technique et de la mondialisation. Une idéologie étrangère a commencé à s’infiltrer discrètement dans l’espace laissé vacant, des idées ont été empruntées à des philosophes, des sociologues et des économistes occidentaux. Certaines institutions académiques sont devenues des sanctuaires de l’opportunisme : l’Institut des États-Unis et du Canada, l’IMEMO, l’IMRD, etc. Toute une couche d’intellectuels qui ne pensaient pas de manière marxiste a été créée. Mais ce sont eux qui se sont retrouvés à l’époque dans des rôles de conseillers, de consultants et de rédacteurs de discours au sein du Comité central du PCUS. Les « Burlatski-Arbatov-Bovine » et d’autres écrivaient les discours des dirigeants, les programmes du parti et les résolutions sur les questions les plus importantes.
Le fameux « dégel », qui a valu à Khrouchtchev d’être tant aimé par nos libéraux et ceux de l’Ouest, ne s’est pas produit par sa volonté. Il s’en est servi comme toile de fond sociale pour affirmer son pouvoir en écrasant ses prédécesseurs et ses opposants politiques. Khrouchtchev et le libéralisme ne se recoupent guère. Le personnage lui-même incarnait le radicalisme petit-bourgeois. Le « dégel » de Khrouchtchev a donné naissance aux « années soixante », ces « enfants adultes » du socialisme. Pourquoi le socialisme ? Parce qu’ils lui doivent tout : une vie sauvée du fascisme, une meilleure éducation, et même leur créativité. Avec des voix de sirènes enchanteresses, ils ont entraîné des romanciers naïfs à chanter « le brouillard et l’odeur de la taïga », alors qu’eux-mêmes ne croyaient fermement qu’en l’argent. Comme des coucous, ils ont détruit et ravagé le nid qui les abritait. Attendant leur heure, ils étaient heureux de se détendre dans les maisons de la créativité et les datchas d’État, distrayant avec grâce la nomenklatura quand elle le demandait. Ils ne risquaient pas grand-chose, car ils étaient fermement convaincus que leurs mécènes occidentaux ne les laisseraient pas tomber. À la première occasion, ils se sont « enfuis » à l’étranger. Aujourd’hui, ils sont professeurs, comme le fils de Nikita Khrouchtchev, dans des universités étrangères, laissant le peuple se sortir de la boue dans laquelle ils l’ont entraîné.

Les véritables héros des années soixante et soixante-dix étaient bien différents. Ces jeunes gens qui, suivant l’exemple de leurs pères et de leurs frères aînés, ont construit de nouvelles villes et usines, construit les barrages sur l’Angara et l’Ienisseï, conduit à travers une taïga infranchissable le chemin de fer du Baïkal à l’Amour, exploré l’espace, réalisé des découvertes scientifiques, et tout simplement travaillé honnêtement là où la Mère Patrie les appelait. Il s’agissait de véritables idéologues, de vrais patriotes, dont la devise était : « Pourvu que mon cher pays vive ! » (4). Les autorités actuelles s’efforcent de ne pas se souvenir de cette époque. Mais les monuments de cette grande époque et de ses héros sont des livres et des films magnifiques, des chansons vraiment talentueuses et bien d’autres choses encore.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Notre pays, notre peuple, le monde entier ont-ils une perspective socialiste ou la « fin de l’histoire » bourgeoise est-elle arrivée ? Que faut-il faire pour que les travailleurs du monde entier retrouvent l’espoir d’une vie meilleure ?
Tout d’abord, ne pas renier notre grand passé, y puiser la force d’une nouvelle percée vers l’avenir. Les enseignements révolutionnaires du marxisme ne sont nullement obsolètes. Ses fondateurs ont vu loin. C’est dans leurs écrits que se trouve la clé pour comprendre l’ère moderne. Revenons au marxisme, réapprenons à penser scientifiquement, dialectiquement, du point de vue de la classe, et non d’une manière philistine.
Il y a cent ans, V.I. Lénine a déclaré de manière prophétique : « Imaginer que l’histoire du monde va de l’avant de façon lisse et nette, sans de gigantesques sauts occasionnels en arrière, est non dialectique, non scientifique, théoriquement incorrect. »
Ce qui signifie : « Il y aura de nouvelles victoires, de nouveaux combattants se lèveront ! » ; « Un nouvel octobre s’annonce ! » (4)


Notes :
1) Les auteurs du livre « Les locomotives de l’histoire : l’année révolutionnaire 1917 » sont deux historiens russes spécialistes des mouvements révolutionnaires. Serguei Kostrikov dirige la chaire d’histoire et de politologie de l’Université d’Etat de gestion à Moscou ; Elena Kostrikova est docteur en droit, membre de l’Institut d’histoire russe de l’Académie des sciences de Russie. Nous avons publié sur H&S des articles de leur fils journaliste à la Pravda.
2) Cette célèbre phrase de Staline ne doit pas être interprétée à mauvais escient : elle signifie simplement que choisir les bons dirigeants (à tous les niveaux) est de la plus haute importance.
3) 1957 : 1er Spoutnik ; 1962 : 1er homme dans l’espace. Ces projets ont été planifiés et préparés sous Staline.
4) Citations de chansons soviétiques :
https://www.youtube.com/watch?v=x3KVAByJids
https://www.youtube.com/watch?v=O8QWh6LX38Q