Sujet :

Le non interventionnisme

gorki
   Posté le 01-04-2011 à 12:53:38   

« Le Conseil de sécurité * des Nations unies a adopté mercredi à l'unanimité une résolution imposant de nouvelles sanctions à Laurent Gbagbo et à ses plus proches collaborateurs. Des restrictions de déplacement et des gels d'avoirs ont notamment été décidés contre le président sortant de la Côte d'Ivoire et son entourage. Le Conseil de sécurité invite à nouveau Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir et il interdit l'utilisation d'armes lourdes à Abidjan. »

La chine la Russie non interventionniste ?

A la vue, de l’actualité toute fraîche nous pourrions relevé le paradoxe pour affirmer : surtout trop, pour ne pas avoir utiliser leur droit de veto et s’opposer l’intervention étrangère en Libye, et pas assez pour voter une résolutions, qui là pour le coup et un modèle d’intrusions directes dans les affaires intérieurs d’un pays, la Cote d’Ivoire.

Aussi à propos de cette dernière résolution, si l’on est renseigné que ses initiateurs sont la France flanquée de son partenaire le Nigeria, et que le Nigeria en question a signé dernièrement des accords dits stratégiques avec la Chine, on commence à mieux comprendre la position de cette dernière.
De plus si l’on ajoute, que cela se passait le jour de l’arrivée du haut représentant de l’impérialisme français en Chine, Nicolas Sarkozy, on se dit, que quel part ont raison ceux qui affirment que les instances onusiennes c’est une entreprise a l’échelle de la planète pour organiser la spoliation des peuples entre grandes puissances



La notion dite du non interventionnisme servant à qualifier l’attitude de certain pays en masquant leur forfaiture, (maquillée du droit international, droit qui régit l’entente entre les grandes puissances) n’est qu’une « nouvelle perle » de la pensée petite bourgeoise, opposées à l’impérialisme américain, désigné comme ennemi principal des peuples et qui ne s'oppose à leur propre impérialisme que lorsque celui-ci lui arrime ses chars.

Aussi, elle nous éclaire sur les difficultés de l’intelligentsia petite bourgeoise progressiste, qui en fait usage, à pencher définitivement en faveur des intérêts généraux de la classe ouvrière, totalement absorbée par les expériences en Amérique latine dite de la « transformation sociale » ou leur classe est appelée à jouer les premiers rôles pour une plus grande part dans la redistribution du butin.

Alors si il est exacte que l’interventionnisme des grandes puissances dans les affaires intérieurs des pays dominés c’est la continuation de la spoliation des peuples nous pouvons affirmer que leur non interventionnisme c'est la même chose faisant croire à son « contraire ». Bref! un sophisme du meilleurs cru

* 5 membres permanents pourvu d'un droit de véto : Chine - États-Unis - France - Royaume-Uni - Russie


Edité le 01-04-2011 à 15:41:31 par gorki


Xuan
   Posté le 01-04-2011 à 18:54:38   

Pour info dans ce cas de figure la Chine détermine généralement ses positions en fonction de celles des instances régionales, en l'occurrence l'OUA. Or l'OUA considère que l'élection de Ouattara est légitime...

Il n'empêche qu'il y a beaucoup à dire sur ces élections en Côte d'Ivoire.
Le Quotidien du Peuple avait publié une "opinion" disant que l'élection n'était pas la solution la plus appropriée pour résoudre les contradictions de la Côte d'Ivoire.


Edité le 01-04-2011 à 18:55:46 par Xuan


Xuan
   Posté le 05-04-2011 à 22:18:09   

Nouvelle ingérence de l’armée française en Afrique



Prétextant la demande de Ban Ki-moon pour " neutraliser les armes lourdes utilisées contre les populations civiles et les personnels des Nations Unies* à Abidjan" , Sarkozy a jeté par-dessus bord ses engagements les plus récents de ne pas intervenir en Côte d’Ivoire, de protéger les ressortissants français et de s’interposer entre les belligérants (ce qu’il n’a d’ailleurs jamais fait).
Or la résolution 1975 de l’ONU sur la Côte d’Ivoire, sur laquelle s'appuie l'intervention française, a été votée le 30 mars à l’initiative de la France .
"Compte tenu des intérêts francais en Côte d’ivoire, il faut que la france intervienne" avait déclaré Ally Coulibaly, représentant de Ouattara à Paris.

Sarkozy avait déclaré en 2008 que Paris ne jouerait pas "un rôle de gendarme en Afrique". "La France n'a pas vocation à maintenir définitivement des forces armées en Afrique. L'Afrique doit prendre en charge les problèmes de sécurité"
En juin 2010, à Nice, lors du sommet Afrique-France, puis en janvier 2011, Sarkozy déclarait encore que "les soldats de la France" n'avaient "pas vocation à s'ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire" .
La semaine dernière il n’était question que d’aider l’évacuation des civils.
Des témoignages impliquaient alors Ouattara dans le massacre de civils
Mais lundi la force Licorne a pilonné les dernières positions de Laurent Gbagbo pour le contraindre à se rendre.

L’impérialisme français apparaît bien dans les faits comme le gendarme de l’Afrique .
Juppé a clairement reconnu qu’il s'agit d'obtenir le départ de Laurent Gbagbo : "Il y a eu des élections. Laurent Gbagbo n'a pas reconnu le verdict des urnes. Nous souhaitons son départ parce que c'est très symbolique: si des élections en Afrique sont bafouées, c'en est fait de la démocratie en Afrique." Autrement dit la France fait appliquer la démocratie en Afrique !

Et cette nouvelle intervention armée signifie que l’impérialisme occidental, avec l’impérialisme français en tête, prétend conserver le pré carré de l’Afrique et que ce continent ne doit pas établir de liens commerciaux avec les pays émergents et avec la Chine en particulier.

A l’évidence des élections ne pouvaient en aucun cas résoudre la quasi sécession déjà existante en Côte d’Ivoire, et cette solution ratifiée par l’ONU et l’Union Africaine n’en était pas une.
De même le conflit armé qui a suivi et sa solution militaire imposée ne résoudra pas l’unité de la Côte d’Ivoire.
D’autre part les ambitions de l’impérialisme français imposées par la force armée ressortent plus nettement que jamais pour tous les pays africains.


Afrik.com relève le 5 avril qu’une des raisons essentielles de l’intervention française est de

« Pérenniser ses intérêts économiques

Une guerre civile longue et meurtrière mettrait en péril les nombreux intérêts français en Côte d’Ivoire. 50 % des investissements étrangers du pays sont français, selon la mission économique de l’ambassade de France à Abidjan. Une place renforcée ces dernières années par une politique de privatisation et de grands travaux dont ont profité tous les grands groupes français. Ainsi Bouygues est l’actionnaire de référence de la Compagnie ivoirienne d’Electricité (CIE) et de la Société des eaux de Côte d’Ivoire (SODECI) ; la Société Générale, le Crédit lyonnais et la BNP dominent le marché bancaire via leur filiale locale ; France Télécom possède 51 % de Côte d’Ivoire Télécom et est devenu le principal opérateur des télécommunications en créant la Société Ivoirienne de Mobiles (SIM) ; Total etBolloré ont eux aussi pris part à l’eldorado ivoirien. Autant d’intérêts économiques et financiers qui sont dans la balance depuis le début du conflit post-électorale. Le camp Gbagbo a développé un puissant sentiment anti-français, estimant que Paris agirait depuis le départ de l’offensive main dans la main avec les forces républicaines pro-Ouattara. Ces imputations ont sans doute encouragé davantage les autorités françaises à participer à l’opération militaire pour assoir Alassane Ouattara au pouvoir, qui leur garantirait un marché fleurissant. »


Dans le même temps, le journal du Cameroun titre :
Au nom de quel principe la France agit en Côte d'ivoire, messieurs les intellectuels africains?
et se fend d'une citation de Victor Hugo : "Allez, Peuples! Emparez-vous de cette terre. Prenez là ! A qui ? À Personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la!"

La coordination des intellectuels d'Afrique a aussi dénoncé l’intervention française "Licorne dégage. Onuci dégage !"

Jeune Afrique titre sur les réserves de l'Afrique du Sud face aux attaques par l'ONU et la France des derniers bastions du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo à Abidjan, et sa volonté de trouver "une solution pacifique" au conflit.
"Je ne me rappelle pas avoir donné un mandat à quiconque pour un bombardement aérien sur la Côte d'Ivoire" , a déclaré la ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane.

Sur Afriscoop :la Russie exige un cessez-le-feu immédiat

Camerounvoice titre sur la déclaration de l'Afrique du Sud et indique
"Le président de l'Union africaine, Teodoro Obiang Nguema, a dénoncé mardi le recours à la force par l'Onu et la France."

L'impérialisme français se prépare un sévère revers en remettant ses bottes dans l'ornière coloniale et en utilisant la violence armée pour imposer sa loi.

* [le 2 avril l’ONU reconnaissait que l’ONUCI avait tué 5 soldats de L. Gbabgo lors d’un accrochage]


Edité le 05-04-2011 à 23:28:39 par Xuan


Xuan
   Posté le 06-04-2011 à 08:07:56   

La Voix du Nord s'interroge sur la légitimité de l'intervention française :

Ainsi hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a dit « étudier la question de la légalité » des frappes en Côte d'Ivoire « parce que le mandat des forces de maintien de la paix implique leur impartialité » . Cette notion étant écrite noir sur blanc dans l'article 6 de la résolution 1975. L'Afrique du Sud a aussi émis des réserves, tandis que le président de l'Union africaine, le président de Guinée Équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, dénonce « l'intervention d'une armée étrangère » .
Xuan
   Posté le 06-04-2011 à 09:58:51   

05/04/2011 Un article du Petit Blanquiste :


COTE D'IVOIRE : LA FRANCE, ETAT VOYOU



Je me suis déjà exprimé sur la situation en Côte d’Ivoire (Le Petit Blanquiste, 18 janvier 2011)
Mon article montrait que l’ingérence de la France dans les affaires de ce pays - la violation délibérée de sa souveraineté - ne datait pas d’aujourd’hui.
Elle a consisté, en particulier et depuis longtemps, à intervenir militairement (opération Licorne) pour soutenir des forces sécessionnistes du Nord contre le gouvernement central.
Le comble a été atteint en 2004 lorsque le gouvernement français s’est permis d’envoyer son aviation détruire la quasi-totalité des forces aériennes ivoiriennes. Cette violation de la légalité internationale, digne d’un Etat-voyou, aurait mérité la condamnation la plus ferme de l’ONU. Il n’en a rien été.
On aurait aussi pu penser que la population française manifesterait sa désapprobation massive. Il n’en a rien été non plus. A croire que, dans l’inconscient collectif des Français, les méchants sont toujours les autres, surtout s'ils sont non-Européens et non-Américains du Nord.
Même constat de désintérêt et de passivité quand, la même année, l’armée française tire sur la foule d’Abidjan faisant au moins 50 morts.


Une armée d'occupation

Ces jours-ci la situation s’est aggravée. Le camp appuyé par l’Occident, avec ses milices armées et équipées de neuf par la France, se livre à une attaque contre son adversaire.
Cette guerre civile est extrêmement malheureuse mais elle ne devrait concerner que les Ivoiriens. En sachant que l’on n’en serait pas là si l’ingérence étrangère n’avait existé et mis de l’huile sur le feu.
La pseudo-neutralité de la France a, d’ailleurs, volé en éclat hier avec l’intervention des soldats de l’opération Licorne contre des positions de l’armée ivoirienne. [1]
Comme toujours, la main sur le cœur, on nous affirme que c’est en vue de la « protection des civils ». Ben voyons ! Grotesque.
Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, a cautionné cette mystification. Mais qui croît encore à la neutralité de l’ONU laquelle n’a jamais levé le petit doigt pour mettre fin aux crimes des dirigeants israéliens en dépit d’une dizaine de résolutions les condamnant ?

JPD

[1] Cette intervention militaire de la France est approuvée par le Parti socialiste. Dans un communiqué sa direction « soutient les initiatives de l'ONU et des forces mandatées par elles pour faire respecter les droits de l'Homme et la sécurité des Ivoiriens et des ressortissants étrangers, en particulier des Français, notamment à Abidjan ». Ce n'est pas une surprise. Le PS a été toujours un des plus fidèles soutien et protagoniste des guerres coloniales et impérialistes de la France. Guy Mollet, Mitterrand, Jospin, ils ont tous été à la manoeuvre.
Xuan
   Posté le 11-04-2011 à 23:55:42   

L’impérialisme français remet son casque colonial


Le Figaro annonce fièrement :Un dénouement possible
grâce au soutien français


En s’empressant de préciser que « selon l’état-major » : «À aucun moment les forces françaises n'ont pénétré» dans la résidence présidentielle »
En effet c’eut été ballot de s’esquinter les rangers dans les gravats.
Et Le Figaro ajoute « Une précision de taille: elle vise à ancrer l'idée que la France a agi dans le strict respect de son mandat onusien. »


La bourgeoisie française aura du mal à convaincre les pays et les peuples d’Afrique que le bombardement d’un bâtiment officiel africain figurait dans le « mandat onusien » de la résolution 1975, réclamée au Conseil de sécurité puis revue et corrigée par MM Sarkozy, Guéant et Juppé.
Mais reconnaissons au Figaro le mérite d’une certaine lucidité :
« Pour ce dernier [Alassane Ouattara], le soutien français dont il a bénéficié constitue aussi un assez lourd héritage politique. Rétabli dans ses droits, il va affronter les critiques de ceux qui vont dénoncer un président arrivé dans les fourgons de l'ex-puissance coloniale. »

« Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté lundi par les forces spéciales françaises » [Reuters].
En suivant le fil des événements, on apprend successivement que La Licorne ne va pas «chasser militairement » Gbagbo [ Henri Guaino], au moment où elle intervient à la mitrailleuse lourde. Deux heures après des blindés, des soldats et un hélicoptère français foncent vers la résidence de Gbagbo.
Que les soldats français soient rentrés les premiers ou qu’ils aient juste tenu la porte ne retire rien à l’ ingérence manifeste de l’impérialisme français dans les affaires intérieures d’un pays africain .

La palme du déculottage revient sans nul doute au parti révisionniste :
"Le soutien des forces françaises à l'arrestation de Laurent Gbagbo par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire donne tout lieu de s'inquiéter des traces que laissera, dans le pays et sur le continent, le choix fait par la France de la confrontation militaire". "Les armes ont parlé et des crimes ont été commis des deux côtés (...) Le PCF (...) exige du gouvernement français qu'il n'entreprenne rien qui puisse faire obstacle à un rétablissement de la paix et de l'Etat de droit en Côte d'Ivoire" .



Mais laissons le PCF à ses « inquiétudes » pour évoquer quelques dessous de l’affaire :
Afrik.com écrit : Une victoire à prix d’or

La participation des soldats français dans le conflit ivoirien a donc commencé avant même la bataille d’Abidjan, où Paris a justifié son intervention par la nécessité de mettre hors d’état de nuire les armes lourdes des pro-Gbagbo. Elle a été déterminante dans la victoire des FRCI qui, bien que numériquement supérieures aux hommes restées loyaux à Laurent Gbagbo, peinaient à déloger celui-ci, du fait de leur manque de coordination et d’expérience. Pour Le Canard Enchainé , une des questions qui restent en suspens concerne le financement des armes flambant neuves des FRCI , qui ont impressionné les Ivoiriens. Le journal révèle, citant des documents obtenus des proches de Ouattara, qu’un important trafic d’or a été effectué en 2009 et 2010 par le camp du président élu. Extraites des mines du nord de la Côte d’Ivoire. Cet l’or, estimé à plusieurs tonnes, a été emmené au Ghana voisin « sous couvert des voitures de l’Onu ». Acheminé en petites quantités à Anvers (Belgique), cet or a été négocié, à l’été 2010 à 15 000 euros le kilo.

A titre d’information un autre article d’Afrik.com :


Côte d’Ivoire : et si on avait fait la guerre pour le cacao ?

Bruits de bottes et spéculation


09/04/2011 / Falila Gbadamassi

Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), proches d’Alassane Ouattara, le président élu selon la commission électorale ivoirienne, se sont emparées d’Abidjan le 31 mars.
Une date qui correspond à l’ultimatum fixé par le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo aux négociants de cacao dont il a menacé de nationaliser les stocks. L’Union européenne a décidé ce vendredi de lever les sanctions contre le port d’Abidjan et de San Pedro. C’est de ce dernier qu’est exportée la production de cacao dont le marché a fait face à une opération spéculative d’envergure menée par un fonds de pension dénommé Armajero en juillet dernier.

L’offensive des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), pro-Alassane Ouattara, visait-elle la reprise des exportations de cacao ?
Elles représentent 40% de l’économie ivoirienne et la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de la matière première du chocolat.


Dès les premières heures de la crise post-électorale le 2 décembre, Alassane Ouattara, déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010 par la commission électorale ivoirienne, prône l’usage de la force pour déloger le président sortant, Laurent Gbagbo.
Mais les évènements s’accélèrent brusquement lors de la dernière semaine du mois de mars et le 31, la capitale économique Abidjan, se retrouve aux mains des FRCI, qui quelques heures plus tôt se sont emparées du port de San Pedro, principal port d’exportation du cacao.
Quelque 400 000 tonnes attendent de prendre la mer et risquent à cette date du 31 mars d’être nationalisées par le camp Ggagbo.
Environ 100 000 tonnes appartiendraient à la Société africaine de cacao (Saco, filiale du groupe suisse Barry Callebaut, premier producteur mondial de cacao) et 50 000 autres à son concurrent, l’américain Cargill, selon les autorités ivoiriennes.

Afin d’asphyxier le régime de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a ordonné « l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao à compter du lundi 24 janvier 2011 et ce jusqu’au 23 février 2011 » . Une interdiction qui sera prorogée. « Le gouvernement rappelle que les contrevenants à cette mesure seront considérés comme finançant les activités de l’administration illégitime de Monsieur Laurent Gbagbo et s’exposent à des sanctions internationales » , indiquait le communiqué publié par Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, le 22 février dernier.

Pour soutenir la démarche du président ivoirien, l’Union européenne (UE) impose des sanctions aux deux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro. Il est interdit aux navires européens d’y accoster alors que le Vieux Continent consomme environ 80% du cacao ivoirien.
A la mi-février, les planteurs ivoiriens, menés par Bléhoué Aka, le président du Conseil national des sages de la filière café-cacao (CNS), avaient protesté devant les locaux de l’UE contre cette mesure qui les pénalisaient.
Plus tard, les négociants menaceront le camp Ouattara de se tourner vers Laurent Gbagbo s’il ne leur était toujours pas possible d’exporter leur production.
Ricardo Leiman, directeur exécutif de la maison de commerce chinoise Noble Group (Hong Kong), confie le 21 mars au Financial Times qu’il est prêt à payer des taxes à l’administration de Laurent Gbagbo pour vendre ses stocks. Les traders européens et américains se diront également disposés à lui emboîter le pas. Ce ne sera finalement pas nécessaire.

Le port de San Pedro tombe aux mains des FRCI le 31 mars, mais la victoire n’est pas suivie d’effet immédiat. « Toutes les sanctions restent en place, y compris celles sur le port de San Pedro (..). Aucune exception n’était prévue dans la liste initiale de sanctions » , indiquait une source européenne citée par Reuters le 31 mars dernier. Il faudra attendre ce vendredi pour que la situation se décante. « Les ports autonomes d’Abidjan et de San Pedro, la Société ivoirienne de raffinage et le Comité de gestion de la filière café et cacao (acteur du négoce international) sont retirés de la liste des entités soumises par l’Union européenne à un gel des avoirs », indique le document de l’UE.
Jeudi soir, Alassane Ouattara avait demandé « que les sanctions de l’Union européenne sur le port d’Abidjan et San Pedro et sur certaines entités publiques du fait du régime illégitime de Laurent Gbagbo soient levées » .

Or brun pour sang rouge

Des fluctuations du cacao, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis 1979 le 22 février dernier à cause de la crise ivoirienne, le fonds de pension britannique Armajaro a certainement profité.
L’une de ses activités, le négoce de produits agro-alimentaires, est incarnée par Armajaro Trading Limited, « leader du marché de la durabilité en Côte d’Ivoire » , dont la direction Afrique est assurée par Loïc Folloroux, le beau-fils d’Alassane Ouattara.
La stratégie d’Armajero : « paralyser l’offre par des achats massifs » , selon Money Week. Ainsi, en juillet 2010, Armajaro est à l’origine de l’achat de 241 000 tonnes de cacao. Une opération « non conforme » du fait de la livraison physique de la marchandise qui pourrait « remplir cinq fois le Titanic » , lit-on dans un article du journal économique Les Afriques signé par Guy Gweth, conseiller en intelligence économique.

Cette opération « légale » d’un milliard de dollars, « la plus importante jamais réalisée depuis 1994 » , a également « provoqué une flambée des prix » , indiqueFrance 24. « Peu de temps après la transaction, la tonne est montée à 2 725 livres (3 247 euros) » , son niveau le plus haut depuis septembre 1977.
La transaction a secoué le marché mondial du cacao bien que les prix soient revenus à la normale. Même la multinationale Nestlé, « qui absorbe à (...) 400 000 tonnes/an (soit 12% de la production mondiale) » , ne se serait même pas risquée à la réaliser.
En outre, la quantité acquise représente « la quasi-totalité des stocks européens et 7 % de la production annuelle mondiale » .
Ce cacao stocké en Europe aurait été revendu en décembre notamment, indique Financial Times avec quelques pertes mais l’opération aurait permis au hedge fund d’améliorer ses performances.

La dernière opération de ce type du co-fondateur d’Armajaro, Anthony Ward, surnommé "Chocfinger (Chocolate Finger)" , remonte à août 2002.
Celui dont certains pensent qu’il « saurait des choses que les autres ne savent pas privilégiées » , s’était porté acquéreur de « 203 320 tonnes de cacao, juste avant de voir les prix passer de 1400 à 1 600 livres la tonne » .
Gain de l’opération : « près de 60 millions de dollars » , rapporte Les Afriques.
Anthony Ward aurait spéculé sur « une hausse du prix de la fève, fondée, selon lui, sur l’instabilité politique dans le Nord de la Côte d’Ivoire » , indique Money Week. Le 19 septembre 2002, la rébellion des Forces nouvelles (FN) tentera de renverser le régime de Laurent Gbagbo.
Ces derniers mois, les ventes du stock de cacao d’Armajaro auraient contribué à stabiliser le cours de l’or brun en Europe.

La reprise des exportations de cacao est une victoire pour Alassane Ouattara, qui a beaucoup misé, sur l’asphyxie économique pour tenter de faire céder Laurent Gbagbo. Pour l’heure, c’est le seul succès du camp Ouattara.
Laurent Gbagbo, retranché dans le bunker de sa résidence, n’a toujours pas renoncé à la présidence ivoirienne. Au moins 800 personnes seraient mortes fin mars, notamment dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ils viendraient s’ajouter au bilan précédent d’environ 400 décès établi par les Nations unies depuis le début de la crise post-électorale.
Xuan
   Posté le 28-04-2011 à 20:45:37   

Après le coup de pouce de la force Licorne, triomphe de la démocratie en Côte d'Ivoire :


quelques heures avant son exécution, une photo du chef de guerre Ibrahim Coulibaly.

Un règlement de comptes parmi d'autres