Sujet :

Indymedia Lille censure Annie Lacroix-Riz

Xuan
   Posté le 07-06-2013 à 23:52:46   


Indymedia Lille appelle à empêcher la tenue de débats par Annie Lacroix-Riz à Lille.

Nous pensons qu'il n'est pas légitime d'assimiler la période actuelle et celle de l'occupation de la France par les nazis, ni la période qui a précédé cette occupation. Les contradictions entre la France et l'Allemagne relèvent des contradictions inter impérialistes et du développement inégal de ces deux pays impérialistes dans le cadre de la crise mondiale du capitalisme, et non d'une menace contre la nation française.
Cette conception erronée aboutit à réaliser des alliances contre-nature avec des gaullistes partisans de l'Union Nationale comme Asselineau. Le développement du chauvinisme dans notre pays, en parallèle avec la crise et aux ambitions des monopoles français, fer de lance des agressions impérialistes, exige des communistes qu'ils rejettent toute ambiguïté.

Ceci ne retire rien aux travaux d'Annie Lacroix-Riz concernant l'attitude collaborationniste du patronat français, et la synarchie, que nous avons cités plusieurs fois ici.

Nous avions déjà eu un débat sur le sujet ici

Annie Lacroix-Riz répond à ses détracteurs :


"Cette affaire sent la manipulation à plein nez : un groupuscule ne représentant rien décide de qui peut parler et faire des conférences. Il ne s’agit en fait que de faire taire une pensée qui dérange et qui appelle à réfléchir, sous couvert d’antifacisme.

Nous appelons ceux d’entre vous qui sont à proximité de Lille à venir participer à ces conférences, pour ainsi aider à faire respecter la liberté d’expression "


La controverse ci-dessous :

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« Indymedia Lille » publie :


« Annulation venue d’annie lacroix-riz
Les conspirationnistes n’ont rien à faire dans les débats sur la Résistance !
Le cinéma L’Univers doit annuler la venue d’Annie Lacroix-Riz !


Dans le cadre d’un week-end (8-9 juin 2013) consacré à l’anniversaire du Conseil National de la Résistance, le cinéma L’Univers, à Lille, organise deux conférences auxquelles l’unique personne invitée est Annie Lacroix-Riz, une historienne et militante du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF).


Annie Lacroix-Riz et la réhabilitation de la thèse de la Synarchie
Annie Lacroix-Riz s’est notamment fait connaitre à partir de 2006 avec son livre, Le choix de la défaite (Armand Colin). Elle a son petit succès dans le milieu de la gauche alter, mais avec des conférences données en compagnie de Thierry Meyssan, Jacques Cheminade ou Ginette Skandrani, elle s’est également fait une place de choix parmi le gratin du conspirationnisme français.

Annie Lacroix-Riz défend l’idée que la défaite militaire de la France en mai 1940 est le résultat d’un complot préparé pendant près de 20 ans par la Synarchie, une organisation secrète composée de banquiers, de grands patrons (Comité des Houillères, Comité des Forges, etc.), de technocrates, de syndicalistes et de journalistes. La Synarchie avait un intérêt économique à la guerre et à la défaite, et donc mai 1940… c’est elle !

La Synarchie, vieille théorie pour fachos d’aujourd’hui

Jouant de son statut d’universitaire (elle est professeure émérite à l’Université de Paris VII), Annie Lacroix-Riz tente de faire passer la Synarchie pour un fait historique, alors que, jusqu’à ce qu’elle la remette à l’honneur, il s’agissait juste d’une théorie conspirationniste oubliée depuis qu’elle avait été en vogue dans les années 40. Annie Lacroix-Riz a une réputation exécrable parmi les universitaires, notamment à cause de sa méthode farfelue : se baser quasi-exclusivement sur des archives policières, qui rapportent certes des rumeurs de l’existence de la Synarchie… Pas besoin d’être universitaire pour savoir qu’écrire l’histoire à partir de fiches rédigées par des gens qui écoutent aux portes, c’est douteux. Et ceux/celles qui veulent lire un travail sérieux sur le mythe de la Synarchie peuvent se référer au livre d’Olivier Dard, La Synarchie. Le mythe du complot permanent (Perrin, 2012).

Le problème, ce n’est évidemment pas qu’Annie Lacroix-Riz soit une mauvaise historienne. Le problème est politique et Annie Lacroix-Riz n’est ni naïve, ni manipulée. Depuis la publication de son ouvrage, elle dénonce inlassablement, tout en faisant le parallèle entre la situation actuelle et celle des années 30, un « complot synarchique » qui serait en cours et elle n’a jamais exprimée de réticences à ce que des conspirationnistes et des fascistes de tous poils agitent ses grotesques travaux.

Aujourd’hui, le choix de la défaite, c’est de laisser se répandre les théories conspirationnistes. Il n’y a pas de complot, mais il y a un bien un monde d’oppressions à renverser ! Dans ce combat, les complotistes n’ont rien à offrir à part des théories fumeuses !

Conspis, fachos, on vous fera taire !

> Les programmateurs du cinéma L’Univers peuvent être alertés, soit par téléphone (03 20 52 73 48), soit par mail (cinema@lunivers.org et sophiearchereau.lunivers@gmail.com), de notre demande d’annulation de la présence d’Annie Lacroix-Riz lors du week-end sur la Résistance (8-9 juin 2013).

> Dans le cas où le cinéma L’Univers maintiendrait la présence d’Annie Lacroix-Riz, nous appelons à être présents le samedi à 20h30 et le dimanche à 17h (16, rue Georges Danton) pour informer les spectateurs et empêcher la tenue des événements programmés.
Conspis hors de nos vies !

des antifascistes de Lille »


NB : le lien direct ne fonctionne pas, il faut effectuer la recherche sur Google

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Ci-après la mise au point faite précédemment par ALR sur la question de la synarchie.


Mise au point d'Annie Lacroix-Riz




Chers amis,
Je me suis récemment fait mettre violemment en cause par Rudy Reichstadt, dénonciateur inlassable de mon présumé « conspirationnisme » et hagiographe de mon collègue Olivier Dard, dont j’ai beaucoup commenté la thèse du « mythe de la synarchie », notamment dans Le choix de la défaite et plus récemment dans L’histoire contemporaine toujours sous influence. Un correspondant m’a transmis les propos du pamphlétaire qui loue l’immense valeur historique des travaux de M. Dard, lequel aurait enfin découvert (il figure en F7, 15343, aux AN, et je l’y ai vu en 1999) un « Pacte synarchique » de synarques qui n’existent pas. Je n’ai pas l’intention de polémiquer avec M. Reichstadt, qui me dénonce à longueur de colonnes électroniques comme rouge voire rouge-brune (mais se garde de nous parler des options politiques de M. Dard, notoirement opposées aux miennes et d’un grand intérêt documentaire, mais qui m’importent peu en l'occurrence, ma seule préoccupation concernant ses écrits sur la synarchie étant son non-recours aux archives contemporaines des faits traités).

Je souhaite simplement, et surtout pour les membres de la liste qui m’écoutent mais n’ont pas lu mes ouvrages, vous confirmer que :

1° Pierre Béteille, magistrat, chargé des enquêtes sur les ligues et la Cagoule depuis 1936, et chargé du dossier Pétain après la Libération, et

2° les policiers du cabinet Mathieu, chargés de l’enquête sur la synarchie, n’ont pas, pendant plusieurs années, travaillé sur un « un chat noir » aussi inexistant que la synarchie-fantôme de MM. Dard et Reichstadt.

Les premiers interrogatoires de Pétain par Béteille, d’une précision et d’une virulence inédites, méritent lecture, de même que le déroulement de son procès, « farce » au cours de laquelle l’accusation, sur mandat étatique, abandonna l’accusation de haute trahison. Un certain nombre d’éléments de cet abandon d’après-guerre sont abordés dans les épilogues des ouvrages Le choix de la défaite et De Munich à Vichy. L’article qui vous est envoyé aujourd'hui, paru en septembre 2011, y ajoute des données intéressantes, trouvées dans des archives dépouillées depuis 2008-2009 (notamment les dossiers W3 de la Haute Cour de Justice).

D’autres dossiers sur la synarchie sous l’Occupation, tellement mythique qu’elle figurera dans l’intitulé de mon nouvel Industriels et banquiers français sous l’Occupation, sous-titré Collaboration économique et triomphe des synarques, seront évidemment traités au fil de l’ouvrage, prévu pour 2013.
L’article se concluant sur le dossier Renault, soyez attentifs aux délibérations de la Cour d'Appel de Paris qui seront rendues publiques le 21 novembre 2012.


Bien cordialement à tous,
Annie Lacroix-Riz


Pour Rappel :

Critique de livre par Claude Mazauric. La (grande) bourgeoisie et l'inavouable collaboration
Chronique de L’histoire contemporaine toujours sous influence, d' Annie Lacroix-Riz, Paris. En 2004, parut au Temps des cerises sous le titre prosaïque L’histoire contemporaine sous influence la première édition du présent essai : sa réédition entièrement refondée, élargie, corrigée et complétée, s’insère désormais dans le double catalogue du Temps des cerises et des Editions Delga. La réédition élargit le contenu de l’édition première et en accentue les angles saillants. Ce qu’exprime fort bien ce « toujours sous influence » qui en illustre le titre.



Depuis le dernier tiers du XXe siècle, Annie Lacroix-Riz poursuit avec persévérance un combat que je considère personnellement comme méritoire et nécessaire, contre les tentatives inlassablement réitérées d’exempter la grande bourgeoisie française de son essentielle responsabilité politique et morale dans la collaboration avec le nazisme, après la défaite de 1940. Idéologiquement travaillée par l’action de la « synarchie » et même de la « cagoule » et d’autres groupuscules fascisants et provocateurs, elle y était prête. Politiquement soumise à l’influence de l’oligarchie financière et industrielle qui demeurait hantée par le souvenir de 1936, une bonne partie des milieux dirigeants et influents de la Troisième république, était préparée à suivre la pente où les intérêts de classe et leur conservatisme social les entraînaient.

Tout comme la haute hiérarchie de l’Eglise catholique, soit dit en passant, ces gens-là considéraient que leur seul et véritable adversaire était le bolchevisme dont le Front populaire n’avait été à leurs yeux qu’une réplique plutôt fantomatique, instable et récupérable, de moins de deux années, mais inquiétante, toujours menaçante. Enquête après enquête, livre après livre, Annie Lacroix-Riz n’a cessé d’approfondir sa démonstration dérangeante concluant sans rémission à la responsabilité de la bourgeoisie française, entendue comme classe dominante, dans l’avilissement de la France, malgré le sursaut gaullien qui ne prit racines que très tardivement quand se profila la défaite des hitlériens.
Comment l’historienne s’est-elle engagée dans ce combat ?

La question est d’importance. Elle s’y consacra d’abord en montrant audacieusement à tous, que bardée de diplômes prestigieux à faire pâlir un lettré chinois de l’époque classique, d’un savoir-faire assumé doublé d’une énergie incroyable et d’une pratique des langues étrangères comme peu en disposent, enfin d’un statut universitaire qu’il a bien fallu lui reconnaître (d’abord à Toulouse, ensuite à Paris), elle connaissait les règles du métier. Pour lui répondre et invalider son argumentaire, il faudra donc déplacer des montagnes discursives et lire des tonnes de travaux, ce qui n’est pas à la portée de tous ! Ensuite, en raison de son infatigable travail d’enquête dans les fonds d’archives accessibles en France et hors de France dont elle a épuisé les ressources, il faudra mobiliser pour tenter de lui répondre sur le fond, un déplacement de forces équivalent, ce qui en vérité dépassait l’ordre habituel des choses. Que faire alors pour parer à la menace qu’elle incarnait sur le plan idéologique ?

Le procédé est classique et inépuisable : d’abord faire silence autant que possible dans les médias sur le contenu de l’œuvre; ensuite, quand la méthode précédente crée plus de mécomptes que d’avantages, en médire en évoquant moins le résultat final d’un travail dont on parlera peu, sinon globalement ce qui ne mange pas de pain, en traitant surtout des origines, des appartenances subjectives et des intentions supposées ou avérées qu’on prêtera à l’auteure ; enfin, en jetant le discrédit académique sur sa personne ce qui éloignera d’elle collègues empesés par l’habit doctoral ou jeunes chercheurs ; enfin, faire en sorte que l’œuvre d’Annie Lacroix-Riz ne sorte pas du cercle restreint, aseptisé et sous contrôle de ces « spécialistes » (comme on dit) qui dominent dans les institutions de recherche et autres appareils idéologiques d’Etat. Il est d’ailleurs souvent arrivé que par esprit chevaleresque, candeur ou arrogance, Annie Lacroix-Riz ait favorisé les manœuvres destinées à l’abattre, en facilitant face à elle la constitution d’un front adverse associant sycophantes attitrés et censeurs hypocrites, à de simples questionneurs indécis, sceptiques, timides ou portés à la conciliation par souci de préserver ce minimum de consensus professionnel qui aide à survivre dans le monde impitoyable de l’histoire du temps présent. Reste que beaucoup attendaient l’hallali : ils en seront pour leurs frais !

Voilà tout l’arrière-plan qui fait le grand intérêt du livre dont il est ici question. Mais en le lisant, on en apprendra beaucoup. En particulier (chapitre 2) sur la manière dont les bailleurs de fonds capitalistes qui soutiennent l’histoire des entreprises en bénéficiant de la complaisance de mandarins réputés, poursuivent, ce faisant, l’objectif de laver le cerveau des citoyens, par exemple en cherchant à effacer le souvenir des turpitudes passées (notamment lors de l’aryanisation des entreprises pendant l’occupation). A leur instigation, ce qui pour tout le monde relevait de la « collaboration économique » de la plupart des grandes firmes françaises avec le Troisième Reich, ne relève plus que de « taxinomies d’époque (sic) » … Et hop, passez muscade ! Chapitre 3 : qui ne se souvient de l’affaire Touvier ? On sait que le chef de la milice en Rhône-Alpes, abominable et fanatique tortionnaire, bénéficia après la Libération de la protection d’une partie de la hiérarchie catholique : devant la révélation de la chose, on inventa une « commission » (présidée par René Rémond dont la personne s’oublie plus vite que son discours) dont les conclusions bien balancées n’eurent pour effet que d’euphémiser la responsabilité de hiérarques plus ou moins compromis ou serviles, marquant ainsi le « triomphe du cléricalisme académique » comme écrit joliment Annie Lacroix-Riz.

Le « fichier juif » établi par l’administration française qu’on tint longtemps pour détruit et qui fut retrouvé, ce « fichier de la honte » fut certes soumis à l’expertise d’une commission puis d’une mission pratique (la « Mission Mattéoli » ) mais leurs conclusions se sont surtout signalées par l’art de ne rien dire ou presque mais de tout régler « au mieux » des affaires, c’est à dire en accréditant l’idée qu’il fallait d’abord montrer de la contrition avant de se soumettre au fameux « devoir de mémoire » mais avec un peu moins de colère rétrospective ! Heureusement pour l’honneur de la France, deux des plus hautes autorités de l’Etat, les présidents Jacques Chirac et François Hollande très récemment, sont allés au bout de la conclusion que les commissions avaient renoncé à formuler, en reconnaissant la responsabilité propre de la France et de son administration dans le génocide et la collaboration avec le nazisme. A quand le même aveu sur la question du colonialisme ?

Le livre d’Annie Lacroix-Riz s’achève sur l’évocation de l’ « affaire Renault », c’est à dire sur la tentative engagée par les héritiers de Louis Renault d’imposer la réhabilitation officielle de l’ancêtre dans toutes ses conséquences possibles. Rappelons que Louis Renault décéda en prison peu après la Libération où il avait été conduit pour collaboration industrielle avec l’occupant. La prétention de l’héritière et de son conjoint, l’historien « moderniste » Laurent Dingli, était d’obtenir que le peuple français, c’est à dire les contribuables, soit en outre condamné à leur verser une indemnisation pour le préjudice que le séquestre et la nationalisation des usines Renault, voulus par de Gaulle et son gouvernement inspiré par les propositions du C.N.R., firent prétendument subir à la famille Renault. Ils s’appuyaient sur la « recherche » (si l’on ose dire) d’une historienne allemande qui avait, disait-on, blanchi Louis Renault des accusations portées contre lui. De cette historienne, on lira avec jubilation le portrait en pied qu’en donne Annie Lacroix-Riz (pages 192-194) mais surtout on retiendra que les preuves fournies par Annie Lacroix-Riz ont eu raison des intentions initiales des héritiers que la complaisance d’historiens faux-culs, un tapage médiatique parfaitement organisé et la croyance aux vertus exclusives de l’anti-communisme viscéral pour emporter la décision, avaient encouragés à mener une bataille qui s’est révélée bien trop rude pour leurs médiocres épaules.

Assorti de 327 notes et justifications, le livre d’Annie-Lacroix-Riz mérite d’être lu, médité, soupesé et discuté sans préjugés, c’est à dire pour ce qu’il énonce et établit et non pour ce qu’on dit de lui. A mes yeux, il relève pour une part de ce qu’on peut désigner comme une exigence du salut public.

Annie Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Le Temps des cerises/Editions Delga, 2012, 265 pages, 12 Euros.



Edité le 08-06-2013 à 00:01:19 par Xuan


Xuan
   Posté le 08-06-2013 à 23:53:23   

Pour information, le message du site d'Annie Lacroix-Riz :

Cher(e)s ami(e)s

La conférence d’Annie Lacroix-Riz à Lille s’est tenue normalement après une très brève tentative de perturbation, rapidement maîtrisée.

Merci encore à toutes celles et ceux qui nous ont apporté leur amical et chaleureux soutien.
gorki
   Posté le 10-06-2013 à 00:12:08   

Exact que nous avons eu "ce débat" ... et je maintien ce que j'en avais conclu à l'époque...

"A un moment ou dans les médias ont « s’interroge » sur ce qui pousse, par exemple, des ouvriers anglais à la xénophobie sur fond de blâmes adressés à notre classe, le contenu cette conférence par le venin social chauvin quelle distille au nom des idéaux du communisme peuvent nous permettre d’en tirer des débuts de réponses... Marx écrivait : « les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante » et j’ajouterai que remettre au goût du jour les idéaux « anciens » de cette classe ne sert qu’a flatter ce qu’il y a de plus réactionnaire dans « la pensée des masses »"

Aussi j'ajoute que je n'ai pas analysé plus que cela l'argumentation de Indymedia Lille, Aussi je n'ai jamais eu besoin de leur opinion pour avoir classer définitivement cette historienne néo révisionniste dans la case ennemi de la classe ouvrière, dont les attachement à la "défense de Staline" ne lui servent qu'à motiver ses sentiments les plus chauvins etc.

Pour moi, avec ses amis de la direction du PRCF, elle appartient à toute cette intelligentsia de classe petite bourgeoise révolutionnariste qui face à la crise du système capitaliste impérialiste a opérée un repli politique sur la défense des valeurs de la nation, salissant à qui mieux-mieux les idéaux du communisme en cherchant à les arborer.

Il se répand dans ce pays une odeur de fond de basse fosse aux effluves de sentiments chauvins et xénophobes servant à la longue à armé le cerveaux d' assassins d’antifasciste ...

Notre ennemi est chez nous et peut-être même là ou l'on si attend le moins

A+
ocfr
   Posté le 11-06-2013 à 09:17:55   

http://futur-rouge.overblog.com/lettre-ouverte-%C3%A0-annie-lacroix-riz



Lettre ouverte à Annie Lacroix-Riz



Madame,

Militant-e-s communistes, nous avons suivi avec attention vos écrits, vos prises de positions, et le travail que vous avez fourni, tant de manière politique que dans le cadre de votre travail en Histoire. Certes nous reconnaissons que ce travail scientifique a apporté beaucoup de choses à l'analyse de l'héritage du mouvement communiste, cependant des points doivent impérativement être clarifiés. Aujourd'hui, les réactions d'hostilité que suscitent vos conférences chez beaucoup de militant-e-s antifascistes sincères - et le soutien public que vous accordent toutes sorte d'idéologues fascistes et réactionnaires qui cherchent à enrôler votre nom à leur combat douteux nous obligent à vous écrire publiquement, dans une volonté de clarification.



Nous faisons partie de ceux, qui ont apprécié vos livres, la lutte sur le terrain historique que vous avez mené face à l'anticommunisme et à la réaction, dans des conditions difficiles. Nous avons apprécié votre combat pour faire reconnaître la réalité massive de la collaboration économique pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que l'existence d'une cinquième colonne, issue du sommet de la bourgeoisie, qui a agi pour l'instauration du fascisme en France depuis les années 1920 jusqu'en 1940. Nous avons apprécié votre combat contre les mensonges anticommunistes. Votre contribution, hautement documentée et argumentée, n'a jamais pu être combattue par l'ennemi sur le terrain du débat de fond, celui-ci préférant agir par le silence et par la calomnie.



Néanmoins, votre analyse historique du phénomène fasciste est pour nous entachée d'erreurs qui entraînent une analyse politique qui nous parait contraire à la réalité, et qui lance une logique viciée. Appliquées à la situation actuelle, ces erreurs peuvent s'avérer dangereuses pour l'intérêt du prolétariat de France et mener à des alliances plus que douteuses.



Pour vous, le fascisme est issu d'un groupe structuré, la Synarchie. Il semblerait que votre opinion est que la « Synarchie » existe de tout temps et aie toujours la volonté d'imposer le fascisme. Pour vous, la République semble être un régime qui est imposé par le prolétariat à la bourgeoisie, une forme de partage contraint et forcé du pouvoir. Certes, les luttes populaires permettent d'imposer à la bourgeoisie certains compromis, qu'elle ne peut concéder que grâce à l'existence du surprofit impérialiste. Ce sont justement ces compromis qui lui permettent d'assurer son monopole de classe absolu sur le pouvoir. Ces compromis on pour fonction d'acheter la classe ouvrière, et en ce sens la « république » est utile à la bourgeoisie.



Nous estimons que la « synarchie » était dans l'entre-deux-guerres une sorte de lieu commun, une expression générique renvoyant à une nébuleuse structurée autour du Comité des Forges. Nous ne souscrivons pas aux thèses d'Olivier Dard qui dédouanent le patronat français de sa responsabilité historique dans le le basculement dans le fascisme de la France, faisant du fascisme une question hors lutte des classes. Néanmoins, baser son analyse sur la Synarchie peut avoir le même résultat.



Pour nous la « synarchie » ne fut pas une organisation au sens pyramidal du terme. La « synarchie » n'était qu'un euphémisme pour qualifier ce que Dimitrov appelait « la fraction la plus réactionnaire, la plus chauvine et la plus impérialiste du capital financier », dans laquelle en France, le Comité des Forges jouait un rôle moteur.



Cette précision nous semble très importante pour nous différencier des conspirationnistes actuels, pour qui le pouvoir réel est une structure secrète monolithique et pyramidale. Pour nous, le pouvoir de la bourgeoisie est basé sur les rapports capitalistes. Les bourgeois étant en concurrence, les centres de pouvoirs sont basés autour de réseaux mouvants, d'alliances ponctuelles, sans cesse remis en cause par l'intérêt des capitalistes qui est de réaliser plus de profits. La bourgeoisie est une classe, et non pas une franc-maçonnerie dominatrice. Si, vraiment, le pouvoir bourgeois constitue un complot structuré, pérenne, centralisé, exempt de contradictions interne, alors la différence avec la conception des Thierry Messan, Alain Soral, et de beaucoup d'autres qui sous des appellations telles que « illuminati » ou autres, ne font que ressusciter sous une forme à peine voilée le mythe du « complot judéo-maçonnique », devient, pour le moins ténue. Il convient d'être extrêmement clair sur ce point.



Pour nous, la bourgeoisie n'a pas toujours la volonté et l'intérêt de remettre en cause la « république », la « démocratie » et la « nation ». Au contraire, elle s'appuie la plupart du temps sur ces trois éléments pour gagner à elle une partie des masses populaires et dissimuler sa propre dictature de classe. La bourgeoisie mise historiquement sur le fascisme lorsqu'elle veut écraser une révolution populaire ou une menace de révolution populaire, et essentiellement écraser le mouvement ouvrier. Elle peut également être amenée à le faire pour enrégimenter la population et préparer une guerre de masse.

Vous confondez semble-t-il « République », « Démocratie » et « Nation » comme des équivalents, de telle sorte que la bourgeoisie tendrait toujours à trahir l'intérêt national au bénéfice d'impérialismes étrangers. Il est vrai que la bourgeoisie française, suivant l'exemple de l'aristocratie en 1792 face aux monarchies européennes coalisées, s'est « couchée » à plusieurs reprises (notamment en 1871 et 1940) devant un impérialisme étranger, dans le but de mater la contestation intérieure.

Ce fait s'explique par la nécessité pour le capital financier d'assurer sa propre survie face un danger révolutionnaire. Pour la bourgeoisie française, les aspirations ouvrières et populaires sont l'ennemi principal, les autres impérialismes sont un ennemi secondaire. De 1945 à 1958, la bourgeoisie française s'est également complu dans une soumission à l'impérialisme américain, et ce pour les mêmes raisons. N'oublions pas, toutefois, que la bourgeoisie française n'a jamais fait de compromis sur ce qui constitue pour elle l'essentiel : son caractère monopoliste et impérialiste.



La préservation de l'Empire colonial, et par extension de sa force de projection, la flotte de guerre, fut l'enjeu essentiel des négociation Pétain-Hitler en 1940, de même dans les tractations franco-américaines sous la IV ème République. Dans ces deux derniers cas, le statut de la France comme un impérialisme autonome n'a pas été mis en cause. A ce propos le PCF de cette époque avait commis selon nous une erreur d'appréciation, erreur qui n'avait pas été complètement dissipée à la conférence de Varsovie en 1947. Il est normal que le mouvement communiste ait parfois commis des erreurs, ce qui n'enlève rien à sa position d'Avant-Garde de la classe ouvrière et du peuple. Mais ces erreurs doivent un jour être évaluées pour aller de l'avant.



Si nous vivons dans un pays impérialiste, alors, selon la phrase de Liebknecht :« l'ennemi est dans notre propre pays ». Nous estimons que la France est un pays impérialiste et non point un pays dominé. La France n'est pas dominée par les USA. Elle n'est pas dominée par l'Allemagne. Encore moins par l'Union Européenne, qui n'est qu'un cartel permettant le partage des pays les plus faibles du continent au profit des puissances impérialistes, partage sur lequel la France, comme l'Allemagne, a fait son beurre. Nous ne plaçons pas le combat pour « l'indépendance de la France » au premier plan. Ne pas mettre en avant la lutte contre l'impérialisme français et son régime pseudo-démocratique (dont le contenu exact, avant l'époque impérialiste, fut mis en lumière par Marx, dans « La Guerre Civile en France »), risque de nous confiner au réformisme, au social-chauvinisme et entraîne des alliances douteuses au service de l'ennemi.



Considérer que la France est dominée par des puissances impérialistes étrangères, c'est risquer de penser qu'il est possible de s'allier aujourd'hui avec tous ceux qui brandissent le drapeaux français, qui sont au mieux largement teintés de social-chauvinisme Bleu - Blanc - Rouge (comme le Parti de Gauche), ou, pire, des nationalistes réactionnaires.



Nous estimons pour notre part que la période actuelle nous impose comme tâche première, plutôt que l'indépendance de la France, l'indépendance de la classe ouvrière à l'égard de la bourgeoisie, qui doit reconstruire sa force, reconstruire son parti, rompre avec les institutions bourgeoises fussent-elles « démocratiques », « nationales », ou « républicaines ». En un mot, nous sommes dans une période dite « classe contre classe ».



Indépendamment de divergences théoriques et de différences d'appréciation que nous pouvons avoir, nous n'avons aucune volonté, nous ne trouvons aucun intérêt à vous voir cataloguée comme liée à des forces réactionnaires. Bien au contraire, nous voudrions pouvoir nous référer à vos livres pour appuyer la lutte que nous menons contre la bourgeoisie, le fascisme, l'anticommunisme et la réaction. D'où l’intérêt de cette lettre ouverte.

Il est aujourd'hui absolument crucial que vous montriez que vos prises de positions, que nous les partagions ou pas, n'impliquent pas, pour vous, une unité d'action avec des éléments réactionnaires et dangereux, et qu'au contraire vous récusiez avec force ce type de rapprochements.

Vous avez participé en 2005 à une conférence Axis For Peace (une émanation du Réseau Voltaire de Thierry Meyssan) en présence, entre autres de Jacques Cheminade, Helga Zepp-Larouche (épouse de Lyndon Larouche), Jean Bricmont, et Dieudonné. Vous vous étiez peut être rendue à cette conférence sans vraiment savoir où vous mettiez les pieds.,Cette conférence marquait le début de la fin pour le mouvement anti-guerre, qui, bien loin des exigences de l'internationalisme prolétarien, se vautre dans la boue de l'antisémitisme et du conspirationnisme.

Mais Errare humanum est sed persevare est diabolicum.

En 2006, vous avez de nouveau tenu une conférence avec les larouchistes de Solidarité et Progrès. Les soutiens que vous avez reçue, par exemple, d'Alain Soral de d'Asselinau nécessitent de votre part un clair rejet. Il y a des soutiens dont l'on ne veut pas, des forces avec lesquelles la moindre surface de contact est impossible pour une historienne se définissant comme communiste.



Nous pensons que vous pourriez avoir commis une erreur d'analyse du fait d'une information insuffisante sur la nature de ces individus.



Considérez vous tous ces personnages comme des alliés dans votre lutte contre la "Synarchie"?



Votre analyse est-elle toujours fondée sur la lutte des classes? Ou au contraire estimez vous que la lutte contre une organisation secrete contrôlant le monde dans l'ombre prend le pas sur toute autre considération?



Votre travail d'historienne - qui plus est, de l'entre-deux-guerres ! - fait de vous une des personnes les mieux placées pour savoir jusqu'où le deuxième choix peut vous conduire.



Notre référence commune à Staline fait que nous savons très bien jusqu'à quelles abîmes de trahison peuvent conduire la faiblesse idéologique et politique, l'éclectisme, le manque de vigilance révolutionnaire.



L'histoire tant soviétique que française en est la démonstration parfaite.



C'est précisément pour cette raison, au nom de votre responsabilité de personnage public, que vous vous devez de donner l'exemple et de faire toute la lumière dans cette confusion.



Vous n'avez encore jamais eu l'occasion de dissiper ce qui n'est peut être qu'une somme de malentendus, nous vous donnons l'occasion de le faire aujourd'hui. Aujourd'hui, votre nom est synonyme d'ambiance malsaine et ce sera le cas tant que vous ne vous serez pas exprimée. Vous devez comprendre que certain-e-s militant-e-s et organisations considèrent que votre silence quant à ces accusations signifie que vous n'avez rien à leur répondre et que donc votre position est tranchée. Dans ce cas, il est logique de leur part qu'ils exigent l'annulation de vos conférences. Ce qui s'est passé à Lille a eu le mérite de crever l'accès et nous a donné le courage politique de vous questionner par rapport à nos interrogations.



Nous vous enjoignons de nous fournir une réponse, ainsi qu'à l'ensemble des militant-e-s antifascistes - dont nous ne doutons pas une seconde de la bonne foi.



Salutations de lutte,



L'OC-Futur Rouge
Xuan
   Posté le 11-06-2013 à 12:14:26   

OK, ceci enrichit le débat.
Peux-tu te présenter dans cette rubrique ?
ocfr
   Posté le 13-06-2013 à 14:57:48   

Merci, cher Monsieur ou chère Madame, de signer cette « lettre ouverte ». J’ignorais qu’un document de ce genre, taxé de public ou d’ouvert, pût ne pas être signé.

Merci, aussi, de me lire.



Bien cordialement,

Annie Lacroix-Riz





Madame,
Nous sommes une organisation politique
Nous nous exprimons donc collectivement.
Bien cordialement,
Finimore
   Posté le 03-07-2013 à 10:11:46   

Cela fait déjà quelques années que Annie Lacroix-Riz ou Michel Collon sont victimes d'amalgames crapuleux et que certains appelle à empêcher la tenue de leurs conférences.

Le blog conspis hors de nos vies fait une campagne depuis quelques temps en faisant des attaques très ciblés contre Michel Collon, Jean Bricmont et Annie Lacroix-Riz. Il faut également se souvenir des attaques de Caroline Fourest, utilisant des amalgames douteux notamment contre Michel Collon.

http://conspishorsdenosvies.noblogs.org/

extraits du blog « Michel Collon, se prétend journaliste et est un marxiste stalinien qui ne s’est visiblement pas remis de la fin de la Guerre froide. » (...)

« - Jean Bricmont et Michel Collon sont deux intellectuels belges malheureusement encore trop souvent étiquetés à gauche malgré leurs compromissions nombreuses avec l’extrême droite antisémite. »

Affaire Michel Collon : Mise au point de l’UPAC et droit de réponse à propos du Front Syndical de Classe (FSC)

http://conspishorsdenosvies.noblogs.org/post/2012/03/16/affaire-michel-collon-mise-au-point-de-lupac-et-droit-de-reponse-a-propos-du-front-syndical-de-classe-fsc/

en date du 16 3 2012

extraits du blog:

« Annie Lacroix-Riz dans la position primaire d’un anti-impérialisme qui fait de l’OTAN, les USA et Israël les seuls ennemis des peuples. Tant pis si cela passe par la défense in fine des dictateurs comme Kadhafi. Mais cela coule de source quand on sait que cette dame excuse les actions morbides de Staline à son époque envers les peuples sous sa coupe. » (...)

« nous considérons les exactions de Staline à l’encontre de son peuple comme la non-application du communisme que nous lui attribuons le qualificatif de fascisme. »

site http://upac.over-blog.com/article-conspis-hors-de-nos-vies-sur-l-infiltration-des-mouvements-sociaux-par-l-extreme-droite-108944556.html

nous trouvons également une émission de radio paris plurielle intitulée :
Conspis hors de nos vies ! - Sur l'infiltration des mouvements sociaux par l'extrême droite.

http://www.dailymotion.com/video/xsatwb_conspis-hors-de-nos-vies-sur-l-infiltration-des-mouvements-sociaux-par-l-extreme-droite-conspiration_news

écoutable sur youtube ou sur dailymotion. Dans cette émission de juillet 2012 des amalgames crapuleux sont fait entre l’anti-inpérialisme, l’antisionisme, Jean Bricmont, Michel Collon et Annie Lacrois-Riz (présentée comme « historienne stalinienne » et les pires groupuscules néo-nazis.
Il est évident que la proximité de groupes comme l’UPR –Union Populaire Républicaine- du sieur Asselineau ou certaines positions du PRCF, du FSC… ne font que donner du grain à moudre à ceux qui se servent de ça pour faire des amalgames. Mais il faut le dire, c’est souvent un prétexte pour en remettre une couche contre Staline ou celles et ceux qui sont présentés comme staliniens.
Michel Collon et Jean Bricmont ont répondu aux attaques d’Alain Soral
http://www.dailymotion.com/video/xl0dve_itw-michel-collon-l-anlyse-de-soral-de-l-empire-est-dangereuse_news


Voici plusieurs vidéos récentes
Certaines de ces vidéos sont diffusées par l’UPR d’Asselineau.
La montée de l’extrême droite
Annie Lacroix-Riz - JP. Ravaux - A. Corbière Les Glières 18-05-2013
http://www.youtube.com/watch?v=rR5P2qeqgtk&feature=player_embedded

ou

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=rR5P2qeqgtk


Annie Lacroix-Riz : "l’extrême droite : son histoire, son actualité et les moyens de la combattre" –mars 2013-
http://www.dailymotion.com/video/xypvhn_annie-lacroix-riz-l-extreme-droite-histoire-actualite-et-moyens-de-la-combattre_news

"Éclairer la malfaisance de l’extrême droite, de ceux qui en sont les adeptes et qui ont plongé l’Europe dans l’abîme des années 1930 : le nazisme puis collaboration vichyste.
Le Front national, aujourd’hui, s’incruste à nouveau en s’appuyant sur les conséquences de la crise et en apparaissant comme étant le défenseur des victimes de la crise.
Il faut donc bien connaître la réalité de ces mouvements de la droite extrême et finalement fasciste, de la façon dont ils s’introduisent dans les peuples pour promouvoir les idées de haine envers les juifs, les communistes, pour propager le racisme etc.
En réalité, ils sont une force utile pour le capital en crise.
Aujourd’hui le Front national tente de pénétrer l’entreprise, cela doit retenir toute notre attention et notamment le mouvement syndical."

Annie Lacroix-Riz : stratégie du patronat synarchique et fasciste –9 mars 2013-
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=eoEnHPsRCnI

Annie Lacroix-Riz - LE FASCISME ENTRE-DEUX GUERRES - Université Paris X Nanterre - 14 mai 2013 -
Conférence à l’initiative de : Mouvement Jeunes Communistes de France et Union des Etudiants Communistes
Partie 1-
http://www.youtube.com/watch?v=nIjbVOlpcIg&feature=player_detailpage

Annie Lacroix-Riz - LE FASCISME ENTRE-DEUX GUERRES - Le Débat - Part 2/2
http://www.youtube.com/watch?v=yQiFSXKsxd0&feature=player_detailpage

Annie Lacroix-Riz : "Le Conseil National de la Résistance, son histoire, son actualité" MAI 2013 –
http://www.dailymotion.com/video/x10h679_le-conseil-national-de-la-resistance-son-histoire-son-actualite-annie-lacroix-riz_news
Xuan
   Posté le 04-07-2013 à 19:30:03   

Je mets en ligne ici un courrier adressé principalement à Futur Rouge par un militant du réseau faire vivre et renforcer le pcf.

Ce courrier porte sur l'ensemble de ce qui précède et dénonce essentiellement Indymedia qui a cherché à interdire A L-R et Michel Collon de parole, et dont on peut lire l'appel à la censure de la conférence à la bourse du travail de Fives organisée par le Mouvement des Jeunes Communistes du Nord et Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires.

Un des témoins à cette conférence écrit "à propos des "perturbateurs"
Sur Lille, je pense qu'ils vont sérieusement se calmer.

Il signale que quatre filles sont intervenues lors de la conférence d'Annie L-R et que Michel Collon a reçu un coup de pied d'un transsexuel
"Ces enfoirés de Lille soit disant "antifas" sont maintenant connus, et des comptes vont se régler au comité anti-fasciste de Lille, aussi avec des jeunes d'origine immigrée.
Peut-être aussi avec SUD, puisqu'ils sont de sud-étudiant.... ces couillons avaient d'ailleurs déclenché l'alarme à la bourse du travail....mais elle n'a sonné que dans l'aile de SUD !!!!"



Je mets en relief la fin et la conclusion de cette lettre


_________________


J'ai reçu ce texte de la part de futur rouge, - Lettre ouverte à Annie Lacroix-Riz - un certain nombre de questions y sont posées à Annie Lacroix-Riz et pas seulement à elle si l'on se réfère à certaines prises de positions récentes.

j'ai moi-même exprimé des réticences lors de la rédaction de "l'appel aux travailleurs en lutte" lorsqu’avait été proposé la création d'un front populaire et patriotique estimant que nous n'étions pas avec l'Allemagne dans la situation de 1945 et qu'il n'y avait pas lieu de se considérer comme dominé par elle en toute circonstance, oubliant du coup notre propre impérialisme et le rôle tenu par notre propre bourgeoisie dans la situation faite a un certain nombre de pays de la zone euro.

Je partage donc l'analyse ici proposé d'une Europe terrain de jeux où sévissent plusieurs impérialismes qui tantôt font cause commune tantôt divergent quand à la manière de traiter les plus faibles.
Ils restent entres crocodiles même s'ils se montrent, par intermittence les crocs pour protéger leur garde manger.

Reste que vouloir enjoindre n'est pas donner le ton le plus propice à la discussion et qu'il existe des manières pour le faire, une manière de savoir laisser les portes ouvertes pour en permettre la tenue qui manque dans les dernières lignes.
Question de style n'est-ce pas ! cette maladresse de bas de page risque de braquer alors qu'un vrai débat à partir de questions formulées sérieusement avec argument ouvrait dans le déroulé du texte, une discussion grave et de grande porté comme celle découlant de l'intérêt porté a la triade république, démocratie, nation et au positionnement de la bourgeoisie, celui de leur influence et le jeux de leurs relations ou encore sur la nécessité pour la classe ouvrière de retrouver son autonomie politique et de renouer avec une période classe contre classe avant de retrouver la position d'hégémonie politique nécessaire à la reconstruction d' un système d'alliance. Mais lapsus intéressant l’abcès peut être l’accès

Dans un courrier du 13 juin Annie Lacroix Rize répondait aux auteurs de cette lettre par un message laconique en ces termes "Merci cher monsieur ou chère madame de signer cette lettre ouverte, j'ignorais qu'un document de ce genre, taxé de public ou d'ouvert pût ne pas être signé. Merci aussi de me lire bien cordialement .

Pour ma part, je répondrai a ces camarades qui pour certains d'entre eux me sont connus depuis longtemps;

Je pense qu'il faut tenir compte de ce qu'il vous ai dit là qui était prévisible. Comme elle vous le laisse entendre, Annie Lacroix Rize à une œuvre qui témoigne pour elle.
Elle milite aussi au P RC F, une organisation communiste qui fait du léninisme une question de fond à sa structuration, ce qui déjà en soi devrait réduire à zéro les querelles qui lui sont faites au sujet de ses prétendues proximités avec une idéologie brunâtre. Par cette appartenance elle se trouve aux côtés de Pierre Pranchère ancien responsable FTP et de Leondini ancien du bataillon Carmagnol liberté qui sont tout de même difficilement assimilable aux rouges bruns qui obsèdent ses détracteurs puisque tout deux ont fait le choix des armes contre le fascisme en portant très haut le drapeau rouge de la classe ouvrière dans une période ou nombreux étaient ceux qui laissaient faire ou collaboraient.

Pour qui sait les lire, les Travaux d'Annie Lacroix-Riz sont clairement antifascistes. Elle montre avec clarté dans ceux-ci les relations qui existaient entre les ligues, le comité des forges, les milieux du grand patronat et les hautes sphères de l'état ou avaient été placés des fonctionnaires et un personnel politique qui leurs était dévoué ce qui d'ailleurs étant donné la nature de classe de l'état ne devrait pas étonner un marxiste.

A l'exemple de ce qui est écrit dans ce livre le "choix de la défaite " qui s'ouvre par un premier chapitre "la toute puissance politique du grand patronat " ou encore dans son dernier ouvrage "'histoire contemporaine toujours sous influence" publié aux éditions Delga / le temps des cerises ou elle révèle l'implication de l'industrie française dans la fabrication du gaz zyklon ou encore dernièrement dans sa lutte contre les héritiers de Louis Renaud engagés dans une véritable opération révisionniste visant à les blanchir de leur collaboration quand on sait trop bien dans les milieux syndicaux, la place prise par celui ci dans la lutte contre les dirigeants syndicaux au cours du mouvement de trente-six et sa contribution plus que volontaire à l'équipement de l'armée Nazie dans sa guerre contre l'union soviétique.

Elle nous montre aussi que les choses n'ont pas fondamentalement changées, puisque ce sont toujours les mêmes firmes qui demeurent au cœur des grands enjeux politiques européen et qui décident des orientations politiques des pays qui en forment l'espace. Elle démontre en particulier que ce sont toujours les mêmes régions qui sont convoitées par ces dernières comme un certains nombres de ces conflits pudiquement appelés conflits régionaux nous le prouvent aux jours d'aujourd'hui et qui peuvent ainsi reprendre leur prétention sur le contrôle des matières premières en toute liberté, maintenant qu'a été refermée la parenthèse soviétique.

Il est pourtant évident pour qui se penche un peu sur l'histoire que ces zones géographiques, quelles soient internes à l'Europe ou plus au sud, qu'elles sont disputées depuis des siècles par les différents impérialismes dominants qui complotent, déstabilisent, détruisent, dans l’indifférence générale, ou au contraire avec l’appui de toutes ces consciences de gauches ultrasensibles gagnées à ces "droit d'ingérences" grâce aux campagnes de préparation idéologiques qui devancent toujours les opérations militaires meurtrières, ces campagnes qui dénigrent et couvrent de mensonge les pays visés sans que personne ne cille, sans que personne ne démentent sinon quelques rares sentinelles des milieux intellectuels que la bourgeoisie combat à chaque fois avec les armes de la calomnie. Autre fois ils étaient a la solde de Moscou ou de Pékin aujourd'hui ils sont suspects d’antisémitisme quand ils soutiennent la cause palestinienne ou de complotisme lorsqu'ils mettent en cause la CIA et les politiques de l’impérialisme.

Mais tant qu'on y est pourquoi ne pas demander a Marc Bloch des comptes sur son "étrange défaite" ou a louis Aragon sur le dernier roman de sa série le monde réel "les communistes " quand l'un et l'autre montre les liens qui unissent grand patronat, et milieu d’extrême-droite, qu'ils montrent que ces gens là se réunissent les uns agissant pour le compte des autres, qu'ils ont des relais et des appuis dans l'état, dans l'église, dans certains clubs privés bref qu'ils sont organisés, font de la politique et des affaires, et ne supportent pas que celle-ci soient troublées par tous ces syndicalistes qui revendiquent et détournent les bons travailleurs de leurs fonctions productives.
Nul ne peut dégager en touche et nier leur rôle ni leur responsabilité au cours des années qui suivront le front populaire pour chercher à remettre en cause une fois la grande peur passée, les changement acquis de haute lutte, quand patrons, hommes de main, et policiers se retrouvent main dans la main dans les entreprises pour combattre le mouvement ouvrier tout en claironnant "mieux vaut Hitler que le front populaire."

Comme le dira le dirigeant communiste Arthur Ramette, dans un témoignage pour le livre de Francis Crémieux et de Jacque Estager "sur le parti 1939- 1940 " ce n'est pas nous qui avons évacué la dimension antifasciste de notre combat , mais les dirigeant français dont la politique insensée à sapé le moral de la nation comme devait le prouver ensuite les événements" , pour lui en effet " Il était évident que le gouvernement Daladier et les deux cents familles étaient plus soucieux d'anéantir le parti communiste et de museler la classe ouvrière que de vaincre Hitler. L'état de guerre servait aux classes dirigeantes à prendre leur revanche sur le front populaire. Cela devenait un peu plus clair pour les travailleurs. Car fin septembre, la note à payer pour cette politique est déjà très lourde. La semaine de quarante heures est abolie. Jusqu’à quarante-cinq heures on est payé quarante (curieusement le MEDEF demande la même chose avec les trente-cinq heures soixante dix ans plus tard) Dans les établissements travaillant pour la défense nationale, la durée hebdomadaire de travail est portée a soixante-douze heures. Une taxe de 15% est prélevée sur les salaires. On travaille plus pour gagner moins. Mais les profits montent en flèche et l’arrogance patronale règne a nouveau dans les entreprises."

Pendant ce temps le Munichois Frossard, cet ancien secrétaire de la SFIC, revenu à la SFIO, puis devenu ministre de l'information dans le gouvernement Daladier " inaugure le 7mai 40 une série de conférences sur la trahison des chefs communistes qui veulent poignarder nos soldats dans le dos" ( sans doute au nom de cette vieille convergence rouge brun).
Il affirme : " la répression, c'est la sécurité" .
Tout est mis en œuvre pour créer contre les communistes un véritable climat de pogrom.
Avant lui le général Pierre Héring gouverneur de Paris "fait surveiller les ouvriers des usines métallurgiques par des détachements de soldats. Il épure le contingent des affectés spéciaux (tous ces suspects que la police n'a pas arrêté, rappelons que suite a l'interdiction du PCF 5000 cadres communistes seront interpellé, emprisonnés et pour la plupart d'entre eux, remis a la Gestapo après la capitulation)

Pour les deux auteurs de cet ouvrage,mais combien d'autres l'on démontré aussi, premièrement l’effondrement militaire de la France est aussi rapide que brutal parce qu'il "est la conséquence directe de la drôle de guerre
qui a démobilisé la nation devant le danger hitlérien et de la politique Munichoise qui nous a privé de l'alliance soviétique"
deuxièmement il existe a cette époque "au sein des cercles dirigeants français un véritable parti de la capitulation qui estimant très vite que la guerre est perdue, s'active pour signer rapidement un armistice et établir sous la protection de l'Allemagne hitlérienne le régime autoritaire qui n'avait pu être imposé " ,

Le parti communiste réagit rapidement devant cette capitulation, il fait le 13 juin dans la revue de langue anglaise "Communist international" une déclaration qui sera reprise par l'appel du 10 juin de Duclos ou il porte le fer dans la plaie et accuse :

" Après avoir déclenché la guerre, conduit le pays à la catastrophe et envoyé à leur perte sur les champs de bataille des millions de travailleurs et de paysans, les impérialistes français se préparent à capituler, sur le dos du peuple. La France est menacée de disparaître en tant que nation, en tant qu'état indépendant. Puis situant les responsabilités la déclaration poursuit " c'est la faillite des Laval, des Flandin, Daladier, Bonnet, et Blum, qui, contre les intérêts du peuple français et au détriment de la cause de la paix, ont apportés tout le soutient possible aux machinations de la réaction dans le monde entier

Ce sont les Laval qui ont signé les accords de Rome qui laissaient le champ libre pour conquérir l’Éthiopie et préparer les attaques actuelles du fascisme italien contre la France. Ce sont les Flandin qui ont renforcés l'impérialisme allemand en autorisant la remilitarisation de la rive gauche du Rhin. Ce sont les Blum qui par leurs criminelles politiques de soit disant non-intervention, ont rapprochés le danger jusqu'aux frontières pyrénéennes et ouvert la voie aux vainqueurs. C'est Daladier et ses ministres qui avec la Tchécoslovaquie, ont livré à Allemagne les armes de ses quarante divisions comprenant 1600 avions et 500 chars qui sont maintenant utilisés pour massacrer des soldats français.

Ce sont des créatures de la bourse, comme Bonnet, qui ont systématiquement saboté le pacte franco-soviétique d'assistance mutuelle. Toutes ces crapules sont directement et immédiatement responsables de la guerre impérialiste. Ce sont eux qui ont lancé notre peuple dans ce carnage criminel.(.....)

Avec Daladier directement responsable puisqu'il fut pendant huit ans, ministre de la guerre, le commandement en chef a dilapidé des milliards dans la construction de la ligne Maginot, condamnant ainsi la France à la défense passive. Il n'a pas su reconnaître l'importance des deux types d'armée les plus importants de la guerre moderne qui est une guerre de mouvement ; le char et l'avion.

La bourgeoisie française et son état-major général pouvait en huit mois rattraper le temps perdu et organiser réellement la défense du pays. Mais ils n'étaient pas capables et n'avaient pas la volonté d'utiliser ce laps de temps pour accélérer la production de chars et d'avions(...)
Elle était trop occupée à organiser une attaque sournoise contre l'Union Soviétique, qui n'était pourtant pas en guerre avec la France.

C'est dans cet esprit qu'elle soutint et arma la garde blanche finlandaise et envoya un corps expéditionnaire en Syrie ( tien déjà à cette époque !) pour préparer une attaque sur Bakou et la côte soviétique de la mer noir ( encore et toujours le pétrole )

Pendant ces huit mois, la bourgeoisie impérialiste française, obsédée par ses petits intérêts de classe, ne s'est absolument pas occupée de la défense de la France elle-même, ni de l'organisation de la défense des frontières au nord de la France et de Paris. Elle ne pensait qu'a une chose : comment maintenir et consolider sa domination sur les colonies.

Pendant ces huit mois ce n'est pas contre l'armée allemande que la bourgeoise a déclenchée la guerre, mais contre la classe ouvrière de son propre pays, jetant en prison et dans des camps de concentration des milliers d'ouvriers qualifiés et des milliers des meilleurs fils du peuple(...)

Puis la déclaration assène cette vérité qui devrait faire réfléchir les détracteurs d'Annie Lacroix-Riz, à moins que ceux ci ne se montrent sous leurs visages le plus probable qui est celui de l'anti -communisme. "La bourgeoisie a conduit notre pays au bord de la destruction. Aujourd'hui où l'impérialisme allemand est en train de réaliser son projet de réduire la France en esclavage, la seule chose dont la bourgeoisie se préoccupe, c'est la sauvegarde de ses privilèges, de son capital,et de sa domination de classe. Elle est prête à sacrifier l'indépendance de notre pays à sacrifier les intérêts vitaux de notre peuple (cela -a -t-il changé aujourd'hui ?)

Enfin la déclaration conclue par cette résolution

" Comme toujours comme dans touts les circonstances, dans les jours actuels d'épreuves dramatiques, d’horreurs et d'immenses désastres, nous, communistes, avons toujours été et resterons aux côté de notre peule. Son destin est le nôtre. Nous avons profondément confiance dans l'avenir de notre peuple, dans l'avenir de la France. Notre peuple ne périra pas. Sa volonté et son amour de la liberté, ne seront pas brisés par les forces obscures des traîtres, des exploiteurs, des envahisseurs et des conquérants"

L'intérêt de cette déclaration en plus de l'écho qu'elle peut faire avec certains aspects de la situation actuelle, n'en déplaise à nos antifascistes autos-proclamés, est de nous montrer que le phénomène fasciste ne peut s'appréhender sans faire le constat de ses liaisons avec le grand capital dont il est l'instrument et souvent le dernier recours en période de monté des luttes.
Nous pouvons d'ailleurs remarquer que ce type d'observation n’apparaît à aucun moment dans l'argumentaire haineux et grossiers de ceux qui au nom de l'anti- fascisme prétende interdire à Annie Lacroix-Riz de s'exprimer en public et qui affirment péremptoirement "conspi on vous fera taire" reprenant en cela les postures de toute une partie de la petite bourgeoisie branchée qui se répand dans des médias complaisants sur les vertus du politiquement correct et du sociétal plus tôt que de prendre le risque de se laisser emporter dans les remous de la lutte des classes qu'elle a tendance à considérer comme des combats d'arrière garde.

Je le dis l'attaque dont a fait l'objet Annie Lacroix-Riz est grossière voire délirante par moment à moins qu'il ne s'agisse de façon délibérer de cibler une personnalité qui au fil de ses travaux devient gênante pour tout un tas de raisons en particulier pour celle des liens qu'elle établit entre les milieux du grand patronat et les mouvements fascistes avant et après Munich mais aussi de cet autre lien qu'elle fait avec la situation actuelle

Les auteurs du courrier qui prétendent lui interdire la parole remettent en cause ses compétences d'historienne au prétexte qu'elle s’appuie sur des fiches de police et qu'il n'est pas sérieux selon eux de se référer aux rapports de gens qui écoutent aux portes.
Mais savent -ils vraiment ce qu'est une police politique, savent-ils que celle-ci loin de se satisfaire de petit potins glanés derrière des portes s'informe de l'intérieur des dispositifs ou des organisations qui l'intéresse et que les rapports rédigés par ses indicateurs ou ses infiltrés sont d'une précision qui laissent pantois plus d'un historien qui utilisent ainsi des sources pour leurs travaux que la mémoire humaine ne peux égaler, prise qu'elle est dans les a peu près de ses reconstructions ou les censures que ses systèmes défensifs lui imposent ?

Le savent-ils ou font-ils semblant de ne pas le savoir, tout entier absorber par leur parti prix ? Où sont-il tout bonnement de ces amateurs qui calomnient par indigence et paresse intellectuelle ?

Reste l'argument rouge brun.

Pour ceux qui les dénoncent, les complotistes dont ferait partie Annie Lacroix-Riz sont souvent leurs cousins mais qu'est ce qu'un rouge brun, et d’où nous vient la formule.
N'y a -t-il pas là trace de ce vieil amalgame qui remonte aux temps du pacte germano-soviétique et qui associe les rouges à leurs nouveaux partenaires une fois toute référence enlevée du terme "de non-agression" pour les salaires en espérant ainsi pouvoir leur régler leur compte une bonne fois pour toute avec l'accord et la participation de la populations abusées qui auront crue en donnant leur accord combattre les complices de ces ennemis héréditaires, et cette anti-France que Vichy le traître véritable continuera à combattre aux côtés de l'adversaire d'hier.
Ainsi pour toute une classe d'embrouilleurs professionnels à laquelle appartiennent certains courants de l’extrême gauche, s'engager a ne pas envahir son voisin signifiait s'allier à lui et partager ses orientations politiques. Si une telle signature peut aujourd'hui choquer il faut se gardant de toute réaction affective se rappeler dans quel contexte elle intervenait.

En avril 1938 Daladier devient président du conseil. Sa première pensée est alors de liquider définitivement le front populaire. Il abolit immédiatement par décret la semaine des quarante heures pour complaire au patronat et cède aux partisans de l'agenouillement qui avec George Bonnet au ministère des affaires étrangères ne cessent de proclamer leurs sympathies pro-hitlérienne.

Ils signent un accord avec Hilter à Munich qui l'autorise à faire main basse sur la Bohème sans même en référer a la Tchécoslovaquie le pays concerné ni même à l'URSS l'allié potentiel avec qui des accords étaient signés, tout cela dans le secret espoir que l'Allemagne hitlérienne ainsi satisfaite tournerait son agressivité et ses visées expansives du côté de l'est.
Cette trahison encouragera Hitler à accélérer la mise en application du programme décliné dans « mein kampf » , et déclencher dans la foulée dans son pays la nuit de cristal premier acte de la mise en application de la solution finale. Il convient de rappeler qu'alors au palais Bourbon, seul les soixante-treize députés communistes, le socialiste Jean Bouhey et le nationaliste Jean de Kéréllis, ont voté contre ces accords.

"Le destin des Occidentaux et du monde (écrit Pierre Juquin dans sa biographie consacrée à Aragon) a reposé sur des personnages, complexes bien sûr, mais tous inquiétants. Leur médiocrité nous glace. La peur des rouges, la peur de l'URSS, l'égoïsme de classe ont décidé en dernière instance... A munich, le ressort à été bandé, qui déroulera jusqu’à cinquante millions de morts" .
Les Soviétiques depuis des mois proposait la négociation d'un accord tripartite pour contenir l’Allemagne Nazie et intervenir au cas où ses prétentions dépasseraient les bornes. Pendant des mois ils n'ont eut droit qu'à l'esquive et le mépris. Que leur restait-il à faire.

Aragon écrivait à l'époque à ce sujet dans le journal ce soir " Voilà cinq mois que vous lanternez. Cinq mois que vous inventez des raisons pour ne pas signer avec l'URSS .Mais il est encore temps. Seulement, au lieu d'envoyer à Moscou des sous-ordres, faites donc comme Hitler: envoyer des ministres (..) Monsieur Chamberlaine nous a montré qu'il savait prendre l'avion. Il y a à Paris et à Londres des avions pour Moscou. J’en tiens respectueusement l'horaire à la disposition du président du conseil(...) Signez et signez vite, est encore possible.
Dans le numéro du vingt-cinq août 1939 il écrivait encore "et je veux répéter et réaffirmer que rien n'est changé, que le plus grand danger pour la paix est le danger Hitlérien que la lutte menée depuis toujours par les anti-munichois que nous sommes, et qui n'avons pas noué d'idylle avec M Hitler sur le corps mutilé de la Tchécoslovaquie, que la lutte contre l'hitlérisme nous paraît toujours devoir être menée sans merci"
Puis il rappelle la déclaration du parti communiste français qui réaffirme sa position de principe en cas d'agression " dans le vrai combat contre le fascisme agresseur, le parti communiste français revendique sa place au premier rang" .
Enfin après avoir martelé "union contre Hitler" Aragon poursuit " je crois qu'il est du devoir des Français non pas de saisir l'occasion pour une opération de politique intérieure mais de s'unir, et de s'unir contre l'hitlérisme " au lieu de chercher à détourner la vigilance des uns et des autres dans une attente passive qui cherche à tourner ennemie, le retourner vers la rouge URSS tout en déchaînant avec l'appui des journaux prétendument antifasciste une singulière campagne contre la classe ouvrière organisée de France qui par par instinct de classe en est l'irréductible adversaire.

Ainsi nous voyons que dans ces heures dramatiques où se noue le destin du monde, la bourgeoisie et avec elle les forces qui prétendent s'opposer au fascisme mais sur des bases idéalistes et politiquement concomitantes avec le pouvoir, n'ont qu'une idée en tête la lutte contre les rouges et le pays qui en porte les espoires l'URSS, quitte pour cela à utiliser les plus vils stratagèmes par le mensonge et l'amalgame à l'identique de ces contemporains qui prétendent débusquer des convergences contre-nature à chaque fois que certaine situation qui mettent aux prises des intérêts stratégiques et délicats sont abordés. On ne touche pas aux intérêts stratégiques des multinationales !

Mais qu'en est -il réellement du fascisme, que recouvrent ces brunes postures ?
Marc Harpon dans une conférence donnée devant des militants de l'UEC rappelait que le fascisme ne se définissait jamais pour quelque chose mais toujours contre. Il est contre les juifs, contre le marxisme, contre les francs-maçons, contre les étrangers, contre les capitalistes.
Mais comme l'explique Roger Bourderon il est surtout caractérisé par sa haine du mouvement ouvrier et des marxistes en particulier
Il est ainsi significatif que les premiers actes de violence qu'il a commis lorsqu'il est apparu en Italie et en Allemagne n'ont pas visé contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre des personnes de confession Juives, mais des syndicalistes et des militants ouvriers.
En effet comme nous l'apprend Roger Bourderon dans son essai paru à la fin des années soixante dix aux éditions sociales "Le fascisme idéologie et pratique", "le fascisme apparaît en Italie en mars 1919 et se constitue en novembre 1921 en parti national fasciste. En Allemagne il apparaît sur la scène politique à Munich sous le nom de parti national des travailleurs allemand. Ces deux exemples nous permettent de comprendre qu'ils apparaissent immédiatement après la première guerre mondiale et qu'ils sont la conséquence des bouleversements auxquels elle a conduit c’est-à-dire à la fois la mise en place du capitalisme monopoliste d'état mais aussi à la fin de sa domination exclusive sur le monde en tant que système économique, avec le triomphe de la révolution d'octobre alors qu'un peu partout une forte poussée révolutionnaire et revendicative du mouvement ouvrier traverse les pays des anciens belligérants avec entre autre l'apparition de parti communistes qui s'implantent durablement pour structurer et conduire ces luttes.
Ainsi se pose dans tous les grands pays capitalistes a la fois la question de la restructuration née de l'évolution interne du système capitaliste et celle de sa domination à partir de la donnée nouvelle qui résulte de la révolution d'octobre et de la création partout de partis communistes dont les objectifs sont la transformation révolutionnaire de la société. Ce double phénomène conduit la bourgeoisie à repenser la nature et le rôle de l'état, de son fonctionnement, de ses modes d'intervention dans les différents aspects de la vie sociale et économique. Cette question devient pour elle une question primordiale. Elle est celle de la continuité du système, elle est celle de sa survie ce n'est pas un hasard si dans ce contexte, dans tous les pays capitalistes, se pose à un degré ou a un autre la nécessite d'une restructuration autoritaire de l'état.
Mais il lui faut pour y parvenir trouver des alliances avec des forces sociales qui lui permettront d'endiguer cette monté des périls tout en profitant de leur désarroi devant les conséquences des refontes misent en œuvre par l'appareil productif et l'état qui le soutient.

Or comme l'expose Marc Harpon "quel type de position sociale peut à la fois être porté à haïr le capitalisme et à haïr le mouvement ouvrier qui en est l'antidote ou comme le disait Marx, le fossoyeur, sinon une position petite bourgeoise, position de ceux qui ne sont pas tout à fait bourgeois pas tout à fait prolétaire" .
C'est celle de ceux qui expriment l'idéal d'une société de petits propriétaires et de petits producteurs ceux-là qui iront grossir les bataillons des organisations fascistes, cette même petite bourgeoisie qui a aujourd'hui muté sous la fausse catégorie des classes moyennes, devenues le fourre-tout dans lequel viennent se contempler tous ceux qui n'ont pas une identité de classe bien établie et que l'on retrouve en masse dans toutes ces organisations qui de l'humanitaire au sociétal cherchent à exprimer des combats qui fondamentalement ne compromettent pas la domination du capital et du système qui le reproduit et qui dans certaines circonstances viennent lui apporter les coups de main dont il a besoin pour freiner toute expression qui pourrait lui nuire et contribuer à relancer la conscience de classe.

N'en sommes-nous pas là avec Annie Lacroix-Riz et quelques autres qu'il s'agit de faire taire avec des méthodes qui frisent le totalitarisme.

Une chose est de ne pas partager avec Annie Lacroix-Riz ou nos camarades du PCRF leur posture bleue blanc rouge alliée au drapeau rouge au nom de ce que furent les combats de la résistances et les rassemblements qui en sont issue, ou leur recherche de convergences avec des personnalités ou des groupes de sensibilité gaulliste qui n'ont rien à voir avec les glissements invoqués, une autre est de prétendre voir dans leurs débats des confluences avec le discours Lepeniste.

Leur attachement au marxisme léninisme n'est pas à mettre en doute, seule leur stratégie construite autour d'une valorisation excessive du CNR qui les conduits à considérer la période actuelle comme étant celle d'une période ou des alliances de type nationales doivent se faire pour défendre les intérêts de la classe ouvrière, sont et doivent pouvoir être mis en débat.

Car il est en effet est discutable de dire que le moment historique dont était issu la libération est appelé à se répéter, comme si nous étions de nouveau soumis a une Allemagne toute puissante et dominatrice, raciste et liberticide.

Ce serait comme dire que la classe ouvrière allemande n'existe pas qu'elle n'est pas soumise aux contradictions avec le capital.

C'est la partie intéressante de ce que vous développez dans votre lettre ouverte et qui pose a mon sens les véritables éléments du débat.

Or cette question là n'est pas à placer qu'entre le PRCF et vous, ou l'une de ses adhérente, elle travaille l'ensemble des composantes communistes.

Il s'agit de fait de revenir à ce qui produit la contradiction capital travail et de la redéployer sur le plan international.
Il s'agit de reposer la question réforme ou révolution, qui au fond demeure celle du socialisme dans les pays dit de tradition démocratique c’est-à-dire en fait où le capital s'est historiquement développé dans un rapport avec le reste du monde qui est celui de sa mise sous tutelle et de son exploitation.

Pour autant cette situation n'invalide pas la nécessiter de lutter contre cette autre situation dans laquelle sont enfermés les peuples européens, et de la nécessite de sortir de la prison dans lesquels les capitalistes les ont enfermés, celle de se préserver de la dictature d'une monnaie qui brise tous les cadres par commencer celui dont chaque peuple a pu bénéficier pour arracher ses droits à partir de ses luttes, le droit au suffrage universel, le droit de choisir ses représentants et donc d'une certaine manière les lois qui vont rompre avec le système ou le continuer.


Sources :
http://futur-rouge.overblog.com/lettre-ouverte-%C3%A0-annie-lacroix-riz
http://www.historiographie.info/


Edité le 04-07-2013 à 23:01:59 par Xuan


ocfr
   Posté le 10-07-2013 à 12:15:26   

http://futur-rouge.overblog.com/d%C3%A9bat-autour-d-annie-lacroix-riz

Nous te remercions, Xuan, de ta réponse et des discussions que tu peux avoir avec le PRCF.

Toutefois, pour nous, ce qui s'est passé à Lille lors de la venue d'Annie Lacroix-Riz (nous condamnons fermement par ailleurs les propos violemment sexistes tenus à l'encontre des militantes autour de photos publiées sur Facebook, propos tenus au nom de la défense du communisme mais en eux mêmes anticommunistes.) soulève deux questions séparées que tu ne soulèves pas clairement dans ton texte.

La première question est celle de la possibilité ou non de s'allier avec des groupes qui n'ont rien de progressistes, mais qui sont au contraire des agents de la réaction. Par exemple, on ne peut classer en aucun cas le groupuscule d'Asselineau dans les alliés potentiels du mouvement communiste, on doit au contraire dresser une barricade infranchissable entre lui et nous. Asselineau n'est pas plus de Kerillis que Merkel n'est Hitler! Depuis l'époque du Comité Valmy, le PRCF semble tenter de nouer un partenariat stratégique avec l'UPR qui ne s'est pas démenti après son retrait fin 2012 du comité Valmy. Le PRCF a refusé de cautionner le rapprochement du comité Valmy avec l'antisémite et négationniste Alain Soral, mais Asselineau ne vaut guère mieux ! De plus, nous regrettons qu'An nie Lacroix-Riz, militante au PRCF, ne repousse pas publiquement le soutien d'Alain Soral.Nous pensons que ce genre de proximité est insupportable pour un groupe qui se revendique du marxisme-léninisme.

L'autre question est celle de la ligne du PRCF sur la question anti-impérialiste, et les conceptions sur ce point du PRCF sont précisément, exprimées de façon caricaturales, celles qui empêchent une véritable expression anti-impérialiste dans l'Etat Français.

Il est nécessaire et urgent de remettre l'impérialisme français au cœur du combat anti-impérialiste. Pour mener a bien cette perspective il nous semble important de travailler à la reconstruction d'un véritable front anti-impérialiste dans l'etat

Français. Les conceptions du PRCF sont la cristallisation des conceptions erronées qui peuvent exister dans le mouvement communiste en France et c'est pourquoi nous avons décidé d'écrire cette lettre ouverte.

Au cours de ton texte, tu abordes des thématiques historiques fort intéressantes sur la résistance et la seconde guerre mondiale. Par contre, permets nous de te renvoyer la critique quant à la nécessité pour nous de nous pencher sur les livres d'Annie Lacroix-Riz et de te renseigner sur notre activité. Nous n'opposons pas la lutte des classes et les luttes que tu appelles sociétales qui en font partie intégrante pour nous et de toute façon, nous nous battons aux côtés des ouvriers et ouvrières. Nous nous demandons aussi d'où tu tires tes conclusions sociologiques à propos des antifascistes lillois et lilloises et ce que tu sais de leur activité militante quotidienne. Nous te conseillons également de te pencher sur le cas de l'UPR car nous sommes ébahis que tu ne t'aperçoives pas l'idéologie réactionnaire derrière le groupuscule de François Asselineau.

Nous pensions que tu avais saisi quel est l'essentiel du débat, c'est pourquoi nous regrettons que tu ne l'abordes pas plus dans ta lettre.



Ce que nous reprochons au PRCF et à Annie-Lacroix-Riz, ce n'est pas de considérer les Etats-Unis, Israël, l'Europe comme des ennemis, car ennemis du prolétariat et des libertés démocratiques, ces états le sont. Ce nous reprochons à certaines organisations et militant-e-s, c'est de NE PAS VOIR LES AUTRES ENNEMIS. Ou plutôt de leur prêter un caractère faussement inter-impérialiste, ce qui risque de les faire pencher du côté d'un bloc inter-impérialiste contre un autre plutôt que de pratiquer le défaitisme révolutionnaire) La Chine, la Russie, pas plus que leurs alliés tels que la Syrie ne sont communistes. La Syrie est un terrain de lutte entres différents impérialismes notamment ou s'affronte d'un coté l'impérialisme Russe et Chinois, de l'autre l'impérialisme Français et
d'autres.

Russie, Chine, sont des pays impérialistes. L'impérialisme chinois a par exemple armé le gouvernement soudanais, afin de s'affirmer face aux USA à l'Est et au sud et aux français présents au Tchad. Que la propriété des moyens de production appartienne au Parti Communiste Chinois n'empêche pas l'exploitation des travailleurs par une bourgeoisie d'Etat, il s'agit du pays où les grèves les plus importantes ont lieu à l'heure actuelle.

Si elles sont opposées à l'autre bloc impérialiste, celui de l'OTAN, La Chine, la Russie, n'en sont pas meilleures pour autant, et prendre partie dans la guerre qui déchire d'ores et déjà le monde entier, pour un camp ou pour l'autre, ne fera pas avancer d'un centimètre le mouvement communiste. Lénine nous apprend bien qu'il ne faut pas prendre parti pour un camp impérialiste plutôt qu'un autre. Il critiqua avec la violence méritée les social-chauvins qui prenaient partie pour un état ou l'autre dans un conflit, et ce avant la constitution de l'Union Soviétique.

Que peux tu dire à des ouvriers en lutte ou des militants qui se revendiquent basques, corses, martiniquais, guadeloupéen, occitans, kanaks? On doit souhaiter la défaite de la France dans ses attaques impérialistes, et soutenir les minorités qui sont opprimées par elle dans ses frontières ou au-dehors.

Nous sommes contre l'Union Européenne, en premier lieu parce que ses instances servent la politique impérialiste de la France pour mettre sous sa coupe les pays les plus faibles, par exemple la Roumanie. Parler de l'UE comme une prison pour le peuple français est insultant pour les bulgares, roumains, polonais, etc.

Nous sommes contre l'OTAN, en premier lieu parce que l'adhésion à cette instance permet aux impérialistes français d'exprimer toute leur agressivité et d'avoir une part du gâteau assurée dans toutes les guerres de rapines.

Bien qu'il aie été critiqué sur ce point par l'Internationale communiste dès 1929, Le PCF a persisté dans l'erreur à ce sujet, par exemple il n'a pas été capable de prendre une position claire pour soutenir l'indépendance de l'Algérie quand celle-ci combattait par les armes pour se libérer, alors même que ce soutien internationaliste a contribué à unifier de façon positive la gauche du mouvement indépendantiste breton.


Il reste beaucoup de travail à faire, et il faut déterminer avec qui on s'allie et qui on attaque. Nous n'avons pas le temps de nous complaire dans la brillance d'un passé héroïque ou de faire de la politique approximative.



Nous avons à reconstruire un front anti-impérialiste, nous sommes prêt-e-s à travailler dans ce sens avec d'autres organisations et tâcherons nous même de formuler des propositions..



Salutations fraternelles



L'Organisation Communiste Futur Rouge
Xuan
   Posté le 10-07-2013 à 13:16:44   

Le texte auquel tu fais référence n'est pas de moi , il m'a été adressé par un militant de "faire vivre et renforcer le pcf" comme je l'ai indiqué dans le chapeau d'introduction.

En ce qui concerne Asselineau son parcours est connu et je l'avais déjà épinglé :

Je rappelle également le pedigree de François Asselineau, créateur de l’UPR , qui préconise – en prenant prétexte de la résistance antinazie - l’unité des ouvriers et des patrons pour la défense de la Patrie en danger :

En 1999 François Asselineau est devenu membre du Rassemblement pour la France (RPF), créé par Charles Pasqua et Philippe De Villiers, dont il est devenu membre du bureau national en 2001
Diplômé d'HEC Paris, vice major de l’ENA, Inspecteur général des finances, il a été membre de cabinets ministériels (notamment auprès de Gérard Longuet, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, ministre des affaires étrangères).

Directeur du cabinet de Françoise de Panafieu, ministre du Tourisme, dans le gouvernement Juppé, puis en janvier 1996 chargé de mission au cabinet d’Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Juppé.

Le 19 mars 2001, François Asselineau a été choisi comme membre du conseil de Paris dans les 19e d'arrondissement Paris. Sa liste, liste dissidente de droite a fait un accord avec Jean Tiberi et Charles Pasqua, dans une triangulaire contre le Rassemblement pour la République (RPR).
Directeur de cabinet du président du Conseil général des Hauts de Seine Charles Pasqua de 2000 à 2004.
Vice président du conseil général des Hauts De Seine ( responsable des affaires économiques et internationales).

Le 25 mars 2007, jour du 50ème anniversaire du Traité de Rome, il a décidé de créer un nouveau mouvement politique, l’Union Populaire Républicaine (UPR)


source

L'auteur de la lettre ci-dessus est lui aussi bien informé du passé d'Asselineau, mais je ne peux pas m'exprimer à sa place et je vous invite à prendre contact avec lui si vous ne l'avez déjà fait.

Par ailleurs il faudrait aussi se pencher sur la vraie nature du M'PEP, présenté ici ou là comme un groupe progressiste. J'ai adressé à l'OC FR un courrier concernant la sortie de l'Euro, dont vous partagez le contenu et auquel vous avez répondu hier.
salutations fraternelles


Edité le 10-07-2013 à 13:17:13 par Xuan


Xuan
   Posté le 10-07-2013 à 14:44:42   

Ci-dessous le communiqué du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires concernant l'intervention des antifa de Lille :




Communiqué Lille, le 09 juillet 2013

Les antifascistes du FUIQP 59/62 à propos de la curieuse « Coordination Antifasciste (Lille) »


Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, comité Nord-Pas-de-Calais dénonce l’intervention d’un petit groupe de personnes venues insulter et provoquer le public, les intervenants et les organisateurs du débat public organisé sur les guerres impérialistes ce jeudi 20 juin 2013 à la bourse du travail de Lille-Fives. Avec une technique bien connue (que résume la formule « le pyromane qui crie au feu » ) ce groupe s’autoproclamant « antifa » a diffusé sur le net un communiqué déformant la réalité et les présentant comme des victimes agressées. Rétablissons les faits avant de mettre en circulation dans les prochains jours la vidéo de cette conférence.

Préalable

Aux personnes ayant spontanément adhéré à la version des ces « antifa » sans être informé : qui sommes-nous ?

Le Front uni des immigrations et des quartiers rassemble dans notre région des associations, collectifs militants, connus et identifiés des luttes de l’immigration et des classes ouvrières et populaires. Nous ne sommes pas un mystérieux nouveau collectif, mais sommes parmi les acteurs centraux des luttes de l’immigration et des quartiers. Pour ce qui est de l’histoire récente d’une nouvelle dynamique nationale et locale de création du FUIQP, lire l’appel (en pièce jointe).

Notre positionnement politique est anticapitaliste, antiraciste, antisexiste, anticolonialiste, antisioniste, antifasciste et anti-impérialiste. Ces combats nous les avons menés contre la droite Sarkoziste hier et nous le menons aujourd’hui contre Hollande et son gouvernement. Ces combats ne doivent pas nous séparer, puisqu’ils sont issus d’un même système pour lequel la maximisation du profit exige de diviser les classes populaires selon la couleur ou le sexe et de déclencher des nouvelles guerres impérialistes pour le contrôle des matières premières.
Le terreau de paupérisation, de précarisation et de division ainsi créé est pour nous la véritable base de l’émergence et du développement d’une galaxie de groupes fascistes directement ou indirectement reliés au Front National. Le combat antifasciste n’est pour nous, ni nouveau, ni secondaire, ni à durée déterminée et à géométrie variable. On comprendra notre colère de nous voir insulté de « fasciste » par des soi-disant « antifa » donneurs de leçons.

• L’antifascisme, Clément Méric, agressions islamophobes et « nous »

Investi-e-s pour les plus ancien-nes d’entre nous depuis les années 1970 dans les luttes ouvrières et immigrées, mais aussi les luttes antiracistes et antifascistes, nous avons été plus récemment au cœur de l’organisation par
exemple d’une contre-manifestation opposée à l’opération de récupération de l’histoire ouvrière de gauche par l’extrême droite (Troisième Voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub, les Identitaires, la Maison Flamande, etc.) le 8 octobre 2011 à Lille-Fives, contribuant effectivement à brouiller les repères politiques. Nous avons dénoncé et appelé à la mobilisation pour la mort de Clément Méric assassiné par les fascistes. Nous avons également été à l’initiative de la manifestation contre les trois agressions islamophobes d’Argenteuil le 19 juin dernier dans laquelle ces soi-disant « antifa » ont brillé par leur absence. Plus largement nous sommes au 1er rang des mobilisations contre le racisme, les discriminations racistes, l’islamophobie, et
autres violences d’État contre les étranger-es, immigré-es avec ou sans papiers.
Si nous sommes prêts à débattre des tactiques nécessaires pour développer la lutte antifasciste, nous n’avons aucune leçon d’antifascisme à recevoir de singletons absents des luttes concrètes.

Revenons sur les faits et sur leur chronologie.

I) Sur la démarche de la « coordination antifasciste de Lille »

1) Insultes publiques et courage masqué

Alors que notre initiative sur les guerres impérialistes est publique, que nos organisations sont connues et reconnues sur la région Nord-Pas-de-Calais et au-delà, nous avons découvert ce mercredi qu’un étrange appel à manifester contre notre initiative circulait sur internet. Le FUIQP 59/62 et la MJCF 59 était nominativement sommé de « prendre position ». Plusieurs 1ers problèmes se posent à nous :

1) nous sommes interpellés, mais aucun courrier ne nous a été adressé, aucune tentative de joindre une seule des 20 associations et collectifs ou individu-es membres du FUIQP 59/62.

2) nous ne trouvons aucun contact téléphonique ou mail pour « répondre ».

3) les auteur-es sont inconnu-es et non identifié-es. Seule une mystérieuse « Coordination antifascistes » (Lille) » est indiquée. Aucun nom d’organisations connues n’est mentionné dans cette « coordination » comme s’est pourtant l’usage dans le militantisme local. Étrange donc : une coordination sans qu’aucun
syndicat, parti, association, collectif, habituellement présents dans ces collectifs ou coordination antiraciste ou antifasciste n’y figurent. Cette coordination se coordonnerait donc elle-même et seule ?

Nous avons donc douté du sérieux de ces « antifascistes » inconnu-es. Ce d’autant qu’après quelques coups de téléphone, personne n’avait entendu parler de ce collectif, ni de cette initiative isolée. De plus, alors que leur appel à manifestation était prévu à 19h, à 19h30, lorsque notre conférence commence, toujours pas un seul manifestant en vu. Les organisateurs commencent par inviter d’éventuel-les manifestant-es présente-s dans la salle à venir à la tribune pour exposer leur analyse et critique afin d’engager un débat sur leurs accusations et leur « demande » de « prise de position ». Personne ne répond dans la salle. Cela nous surprend d’abord, puis nous fait rire. N’était-ce qu’une énième blague ou manœuvre d’obscurs web-militants ?

2) Finalement ces « antifa » arrivent et sont (plus ou moins) identifié-es
Après 30mn de débat, une dizaine d’individu-es arrivent avec un mégaphone (qui sera confisqué à l’entrée). À notre grande surprise, la petite 10aine de personnes venues perturber le débat regroupent des militant-es d’Indymedia Lille, du « Centre J'En Suis, J'Y Reste - Centre LGBTQIF de Lille Nord Pas-de-Calais », Gewola Ricordeau, sociologue à l’université de Lille 1, et d’autres personnes inconnues. Précisions ici que nous ne tenons pas responsable les organisations citées ici puisqu’officiellement les individu-es ne se sont pas présenté-e-s comme affilier à elles. Néanmoins cela pose question. Si nous sommes surpris, c’est que leurs organisations d’appartenance sont traditionnellement des soutiens anti-racistes et anti-fascistes des luttes de l’immigration en région, et traditionnellement aussi des militant-es opposé-es aux guerres impérialistes (Irak, Afganistan, etc.).

3) «Coordination Antifasciste » : votre action est politiquement violente pour les 1ères victimes du racisme, du fascisme et de l’impérialisme
D’abord, soulignons la violence politique de cette démarche. Ces individu-es viennent lire un texte intitulé « Fascistes, conspis, on vous fera taire ! » . Le public et les organisateurs assistent médusés à une scène de théâtre
surréaliste : un groupe « antifasciste » insulte d’autres « antifascistes » « de fascistes » . S’agit-il d’un simple conflit entre militants de gauche aux points de vue divergents ? Cela se pourrait. Le 1er problème qui s’impose à nos yeux
sur le moment et qui semble entièrement passer inaperçu pour ces individu-es est qu’ils/elles sont tou-s-tes Blanches, tandis que l’assemblée insultée est composée de Noires, Arabes, Asiatiques, Latinos, de Musulmannes et d’athée,
de Blanches, français ou étrangers.
Comment en tant «qu’antifascistes» n’avez-vous pas mesuré la violence symbolique de vos propos ? Les personnes présentes se trouvent ainsi assimilé-es- aux « fascistes », « négationnistes », « antisémites », « conspirationnistes » , au « front national », à « l’extrême-droite » ou encore accusé-e-s d’être « soutien » aux « régimes les plus ouvertement dictatoriaux, anticommunistes, où les militants ouvriers, les féministes et les militantes des droits des femmes risquent à chaque instant la prison et la torture, des régimes qui massacrent leur population » (extrait du communiqué).

4) Refus du débat : Diffamation, rumeur, et insultes sans explication et sans preuve.

Après vous avoir indiqué que si vous souhaitiez saboter le débat vous seriez mis dehors, puisque nous organisions un débat démocratique public, nous vous avons convié à entrer et à participer au débat. Vous avez alors lu votre
communiqué à la tribune, que la plupart des personnes avaient déjà lu. Nous avons alors proposé d’en débattre, mais nous attendions aussi que vous exposiez les sources sur lesquelles vous basiez vos affirmations insultantes.
Après lecture d’un tract par Gwenola Ricordeau, sociologue à l’Université de Lille 1, rempli d’affirmation diffamante et calomnieuse, le conférencier insulté lui demande donc de citer ses sources et d’engager une discussion sur le fond. Celle-ci refuse de débattre, s’engageant sur le départ. Une sociologue refusant de citer ses sources et se faisant le relai d’insultes diffamantes sans éprouver le besoin de fournir un minimum d’explication.
Comment une sociologue, même dans une action « politique », peut-elle refuser de citer ses sources, b.a.-ba de la démarche sociologique ? Puisque vous êtes porte-parole de ce texte, auteure ou relaie de ce dernier, nous vous appelons à un débat public argumenté et sourcé. Votre démarche est d’autant plus incompréhensible que nous connaissons la qualité de certains de vos travaux. Est-ce que l’anonymat vous sert de défouloir pour quitter toute déontologie et éthique ?

5) Un départ méprisant en usant de la violence

Le groupe s’est donc mis en mouvement vers la sortie. Des personnes du public insultées de « fascistes » et de « soutiens à l’extrême droite » , et se voyant refusées tout droit de réponse, se sont alors dirigées vers le collectif en leur disant qu’ils/elles ne pouvaient pas insulter les gens et partir sans ’expliquer. Gwendola Ricordeau hurle immédiatement alors « ne me touchez pas ». Une personne de cette « Coordination » pousse violemment des personnes du public. En quelques secondes à peine la tension est montée. Votre version consistera certainement à inverser les causes et les conséquences et à omettre le fait que vous avez provoqué la situation de tension et à nier que vous en êtes venus aux mains et même une de votre groupe a donné des coups de pieds.

6) Continuité coloniale de votre antifascisme

Devant une salle pleine, vous vous êtes permis d’adopter un ton paternaliste/maternaliste, faisant de ceux qui se sont déplacés pour s’opposer aux guerres anti-impérialistes des « ignorants » à qui il fallait expliquer qui étaient
les intervenants. Est-ce parce qu’une partie importante du public était Noire et Arabe que consciemment ou non, vous avez repris cette posture du maitre s’adressant aux élèves? Pensez vous vraiment que nous ne connaissons
pas les polémiques et débats concernant l’antifascisme ou l’anti-impérialisme, son contenu, ses tactiques, ses lignes de clivages, ses instrumentalisations, ses manœuvres de divisions ou de détournement de cible ? Qui êtesvous pour
considérer pouvoir définir qui «mérite » le titre d’antifasciste et qui mérite le titre de fasciste ?


Sous prétexte que vous ne souhaitez pas débattre avec des « soutiens aux fascistes et des conspi » , votre mépris contribue à maintenir une vieille logique coloniale et raciste faisant des colonisé-es et des immigré-es des groupes considéré-es comme incapables de penser et de parler, avec qui « on ne débat pas ». Votre antifascisme nous construit comme des objets pensés et parlés par d’autres et non comme des sujets pensants et parlants. Votre
antifascisme tente de priver de droit à la parole politique les étranger-es, immigré-es, et français-es dits issue-es de l’immigration du mouvement antifascistes de Lille.
Il y a bien longtemps que nous refusons ce rôle de « victime à protéger » (ou « d’ennemi de l’intérieur à contrôler» ) et que nous revendiquons et imposons le rôle d’acteurs de notre émancipation. Avec les antiimpérialistes et les antifascistes de toutes origines, nous voulons à égalité construire les rapports de forces nécessaires pour éradiquer les causes réelles des guerres et du fascisme. Une telle union suppose de bannir tout rapport de domination. Votre mépris sans discussion ce jeudi 20 juin relève de l’arrogance colonialiste et
raciste.



II) Sur le fond

Ce rétablissement des faits, de la chronologie des évènements, et de la manière dont les participants au débat ont vécu cette intervention « antifa » était nécessaire, mais n’est pas l’essentiel. Le plus important est pour nous les
divergences que révèle cet incident tant sur la nature de l’impérialisme que du fascisme, sur les réponses militantes à développer et sur les stratégies des classes dominantes et de leurs outils que sont les multiples groupes fascistes et leur « maison-mère » qu’est le Front National.

1) Sur la nature du fascisme : Votre antifascisme est illisible et incompréhensible

Puisque vous avez refusé de nous parler, de débattre, de vous expliquer, votre message « antifasciste » nous est incompréhensible. Comment pouvez-vous insulter de « fascistes » parce que nous organisons un débat sur l’impérialisme ? Peu avant votre arrivée, un citoyen de la Centre Afrique décrivait les coups d’État à répétition subit depuis 40 ans parce que son pays est au cœur de la Françafrique et des luttes entre impérialismes français, américains, etc. Votre lecture des faits est qu’il est un « conspi. » et un « fascistes » ? De même sont « conspi. » et « fascistes » les personnes présentes dans la salle ce jeudi soir : des chilien-nes présent-es qui ont vécu le coup d’État militaire, organisé par les États-Unis, d’Augusto Pinochet, militaire fasciste ; des Latinos exilé-es d’Amérique après avoir vécu au plus prêt les violences fascistes et autres escadrons de la mort ; des organisations communistes ayant dans leur rang des « résistants » au nazisme et au fascisme ; des Africains héritier-es de la violence raciste de l’esclave et de la colonisation ; des juifs antisionistes et des réfugié-es Palestinien-nes en France pour avoir fuit la colonisation raciste de l’État d’Israël ; des sans-papiers du CSP 59 (y compris ceux non encore régularisés après 74 jours d’une grève de la faim suspendue en janvier 2012) qui subissent l’exploitation et les oppressions les plus intolérables, fruits par des politiques capitalises, impérialistes, racistes et stigmatisantes ; des immigré-es insistant sur le fait que le racisme en France est moins le fait d’individu-e raciste de classes populaires que la mise en place d’une politique raciste d’État ; de soutiens aux collectifs en lutte contre les crimes policiers qui affirment qu’il y a une logique d’État derrière ce qui est présenté comme des « bavures » policières
accidentelles et isolées ; de toutes les personnes affirmant qu’il y a bien, depuis 30 ans, la construction de boucs émissaires érigés en nouvel ennemi de l’intérieur ; que les classes dominantes sont bels et bien dans une stratégie
de reprise en main du monde, fusse au détriment de la vie des dominé-es ?

Nous sommes en présence d’une première ligne de clivage entre vous qui concevez le fascisme uniquement sous l’angle d’une abstraction théorique et nous qui l’analysons comme au service d’intérêts sociaux et économiques
et donc possédant une base matérielle. C’est parce que justement le fascisme est un résultat systémique (et non seulement la folie d’individus déboussolés) que nous le relions à l’impérialisme, mais également à l’islamophobie, aux attaques contre les conquêtes ouvrières (retraites, droits du travail, etc.), au contrôle policier sur les quartiers populaires, etc. Le même système enclenche des mesures de fascisation de la part de l’état capitaliste, déclenche
de nouvelles guerres coloniales, construit les musulmans comme population dangereuse, paupérise et précarise les classes populaires et les couches moyennes, etc., créant ainsi le terreau de développement des groupes
fascistes et de leur maison mère, le Front National.

2) Sur la nature de l’impérialisme : Votre antifascisme sans anti-impérialisme

Ne basant pas votre antifascisme dans la prise en compte des intérêts sociaux qui s’affrontent dans la société, vous ne pouvez qu’être silencieux sur les guerres coloniales et sur l’anti-impérialisme. Votre analyse sur ce point
se résume au « A bas les dictateurs » c'est-à-dire à exactement la même logique que celle des états qui déclenchent ces guerres coloniales. C’est en prétendant mettre à bas Saddam Hussein, Kadhafi, Assad, etc., que
ces états impérialistes ont justifié des crimes contre l’humanité, des implantations militaires durables, des destructions totales de pays comme en Irak. Constater cela ne veut en aucun cas signifier une approbation de ces
régimes. L’approbation ou la condamnation d’un régime ne peut venir que du peuple concerné. L’émancipation ne s’exporte jamais par les bombes. La libération ne s’exporte pas avec les exocets.

L’impérialisme n’est pas le résultat de l’agressivité de tel homme ou de tel gouvernement (qu’il soit de France ou des USA). Il n’est rien d’autre que le résultat de la logique de maximisation du profit des grands monopoles les
conduisant à une concurrence sans merci. Les guerres coloniales de retour sont une des conséquences parmi d’autres de cette logique, à côté des crises de surproduction, des crises structurelles, de la remise en cause de toutes nos conquêtes sociales. On ne peut donc être antifasciste de manière conséquente sans s’opposer aux guerres impérialistes.

Plus grave la non-prise en compte de l’origine systémique du fascisme conduit à une instrumentalisation au service des guerres impérialistes. Que cela soit inconscient ne change rien au résultat et à sa gravité. En effet cette occultation des causes économiques du fascisme conduit à traiter de « conspirationniste » toute analyse mettant en exergue les stratégies des états impérialistes et leurs argumentaires idéologiques consistant à diaboliser les chefs d’État des pays à agresser pour justifier l’urgence d’une intervention. Pour nous qui tentons de
construire un front anti-impérialiste et anti-guerre en France, cela vous met objectivement du côté de nos ennemis. C’est parce que nous espérons que l’ « objectivement » ne signifie pas un « subjectivement » c'est-à-dire un choix conscient de servir l’impérialisme, que nous voulions débattre avec vous et que nous vous avons permis de prendre la parole en dépit de vos insultes.

3) Sur votre confusion entre antisionisme et antisémitisme

Parmi les arguments avancés pour taxer Michel Collon de « négationniste » figure le fait qu’il reprenne sur son site des caricatures du dessinateur brésilien Carlos Latuff. Nos « antifa » amateurs d’anathèmes le taxe de « dessinateur antisémite ». Les positions antisionistes du caricaturiste deviennent sans aucune argumentation des positions antisémites. On peut ne pas apprécier le fait que le dessinateur insiste sur des similitudes entre certaines méthodes nazies et le traitement infligé aux Palestiniens par l’État d’Israël. On peut trouver exagéré
qu’il dénonce une liberté d’expression à géométrie variable lorsqu’elle porte sur les « caricatures de Mahomet » ou au contraire sur des « caricatures de l’holocauste ». Mais en conclure à de l’antisémitisme est soit de la
mauvaise foi cachant un soutien à l’oppression israélienne sur le peuple palestinien, soit de l’ignorance.
« Calomniez audacieusement, il en restera toujours quelque chose » disait déjà Francis Bacon en 1597.

L’amalgame entre antisionisme et antisémitisme n’a, bien entendu, aucun fondement. Bien sûr des antisémites peuvent également se revendiquer de l’antisionisme. Mais des Israéliens peuvent être antisionistes. Des antisémites notoires peuvent également se définir comme sionistes comme les représentants du parti d’extrême droite Vlaams Belang ou les évangélistes états-uniens. Et on peut bien entendu être antisioniste et combattre à la
fois l’État d’Israël et l’antisémitisme. La vraie question est : à qui profite l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme ?

Nul besoin ici de croire à un complot occulte ou à une secrète conspiration pour comprendre l’intérêt pour l’État d’Israël de voir se développer de tels amalgames. Le ministre israélien de l’intégration et de l’immigration a ainsi
annoncé, la création d’une Brigade du Net et d’une « armée de blogueurs » en janvier 2009. visant à « occuper le terrain en inondant de commentaires les sites antisionistes qui pullulent sur la toile » 1. Ceux qui comme ces
« antifascistes lillois » ont remplacé l’effort d’analyse pour comprendre le monde par la consultation des rumeurs du Net, deviennent ainsi les « idiots utiles » non pas d’une « conspiration », mais d’une stratégie rationnelle défendant les intérêts d’un État.

4) Sur le concept de « conspirationnisme » et de théorie du complot.

Ces soi-disant concepts sont désormais à la mode. On les retrouve dans les propos de commentateurs des médias
lourds, comme dans la prose de ces « antifa lillois » amateurs d’anathèmes. Ils sont utilisés à toutes les sauces, dans toutes les directions et à tort et à travers. Ils deviennent de ce fait des concepts fourre-tout permettant de diaboliser une opinion critique sans même argumenter. Ils permettent ainsi d’occulter les controverses les plus gênantes pour la classe dominante en les ramenant à la thèse idiote du « grand complot mondial juif» .

Combattre la thèse du « grand complot » ne nous oblige cependant pas à avoir une vision du monde bisounoursienne. Est-ce que si nous affirmons qu’il existe bien des rapports de force géopolitiques et nationaux dans lesquels les classes dominantes défendent de manière organisée leurs intérêts sociaux, cela est du
« conspirationnisme » ?

Selon vous Denis Kessler ancien vice-président du MEDEF n’a jamais dit : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la
Résistance ! »
, (Denis Kessler, Adieu, 1945, raccrochons notre pays au Monde, Challenges, 4 octobre 2007) ?

Waren Buffett le 3ème homme le plus riche du monde en 2011 n’a jamais dit non plus : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de
la gagner »
, (cité par Pinçon, M., Pinçon-Charlot, M., Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, La Découverte, 2010) ? Dire cela est « conspirationniste » et « complotiste » ?

L’histoire est emplie de stratégies, de « conspiration » de ce type. Ces stratégies construites masquent les véritables causes que sont les conflits d’intérêts des groupes sociaux. Ce caractère de paravent ne peut pas nous
amener cependant à sous-estimer ces stratégies, à faire l’économie de leur déconstruction, à sous-estimer leurs effets sur les rapports de forces qui décident d’un combat social. Des exemples, ils existent à foison sans qu’il
faille pour cela recourir à une « théorie du complot » .

La réécriture frauduleuse par le chancelier Prussien Otto Von Bismarck en juillet 1970 de la dépêche d’Ems en y introduisant des termes humiliants pour la France produit l’effet escompté par Bismarck : la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet. « Théorie du complot » ?

L’incendie du Reichstag dans la nuit du 27 au 28 février 1933 est immédiatement imputé par les services de propagande de Goering aux communistes. Cette manipulation idéologique produit de nouveau l’effet escompté :
le 28 février Hindenburg suspend les libertés individuelles, réintroduit la peine de mort avec effet rétroactif et fait arrêter 4000 militants communistes et plusieurs autres dizaines de milliers de militants de gauches, syndicalistes, antinazis, etc. Ils seront les premiers internés des camps de concentration et en particulier de celui de Dachau. « Théorie du complot » ?

En 1957 les services secrets français dressent de fausses listes de prétendus collaborateurs algériens avec l’armée coloniale et les font parvenir à des responsables de l’armée de libération nationale. Le virus de la suspicion
dénommé par la suite « bleuite » produit l’effet escompté : des purges sont déclenchées contre des innocents. « Théorie du complot » ?

De manière plus récente, au cours de la décennie 70, a été développée la « théorie des totalitarismes » , mettant sur le même plan communisme et nazisme. Journalistes, intellectuels et hommes politiques de droite et du parti
socialiste, mais également certains d’extrême-gauche ont repris cet amalgame. Le résultat escompté est devenu réalité. Il est résumé de la manière suivante par Michael Scott Christofferson : « ouvrir ainsi la voie aux solutions
politiques modérées, libérales et postmodernes qui allaient dominer les décennies suivantes. Capitale de la gauche européenne après 1945, Paris devenait la [i]« capitale de la réaction européenne
(2) » »[/i]. « Théorie du complot » ?

L’acharnement des USA au point de dicter à la France, à l’Italie, le Portugal et l’Espagne, le refus du survol de leur espace aérien à l’avion présidentiel Bolivien par suite de « rumeurs » selon lesquelles Edwards Snowden serait avec le président Evo Morales. « Théorie du complot » ?

Nous pourrions citer également l’usage tous azimuts du terme de « populisme » (pour désigner Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon en passant par Chavez ou simplement l’ensemble des opposants à l’Union Européenne réactionnaire) ou encore la « théorie des extrêmes », consistant à associer le Front de Gauche au Front National, ce qui a justement permis à Jean François Copé de mettre sur un même plan, lors de l’assassinat de Clément Méric, les militants d’extrême droite fascistes et les militants antifascistes de gauche, etc. « Théorie du
complot »
?

L’accusation de « conspirationnisme » et de partisan de la « théorie du complot » est une formidable machine idéologique empêchant toute interrogation critique, fermant la discussion, faisant l’économie de pensée, en
renvoyant au seul anathème. Seuls les dominants ont intérêt à ce que la réalité soit illisible. Par inconscience (nous l’espérons) vous participez à cette mise en illisibilité des dominations et des exploitations.


5) Mais au fait d’où vient le succès relatif des véritables « conspirationnistes »
Avec l’envie de vomir, nous réaffirmons aux personnes et organisations visiblement complètement déconnectées des luttes des quartiers populaires et des immigrations, mais aussi du mouvement ouvrier en général, que nous
avons condamnés et condamnons encore : toute la clique de la constellation d’extrême droite : le bloc identitaire, Civitas, Sos tout petit, jeunesses révolutionnaires, le front national, la maison flamande, la droite extrême, la
droite populaire, etc., mais aussi la ligue de défense juive (skinheads d’extrême droite juive), ou encore Riposte Laïque. Croyez vous que nous vous avons attendu pour dénoncer l’aristocrate Alain (Bonnet de) Soral et « Egalité
et Réconciliation »
organisant des débats un soir avec les Identitaires, un autre avec des jeunes de quartiers déboussolés politiquement, et le lendemain avec le Front National ? Nous ne nous reconnaissons derrière aucune
« théorie » expliquant l’évolution de l’histoire humaine passée ou récente par un « complot des illuminatis » , des « franc-maçons » ou autre « complot juif » . En revanche, accuser toutes personnes ayant une analyse soulignant l’existence de conflits d’intérêt, de lutte de pouvoir et d’influence de « complotiste » est profondément antidémocratique et politiquement malhonnête.

Est-ce à dire qu’il n’existe pas de véritables porteurs d’une vision « complotiste » du monde ?
Pour le Front Uni des immigrations et des Quartiers Populaires il y a bien un « problème » d’interprétation croissante du monde et de ces conflits et injustices au travers du filtre « de théorie du complot » . Il faudrait être aveugle pour ne pas constater ces tentatives d’implantation dans les quartiers populaires. Mais d’une part ces tentatives ont pour objectif de détourner les colères sociales légitimes vers de fausses cibles. D’autre part elles rencontrent de plus en plus d’oreilles attentives dans les jeunesses des quartiers populaires du fait d’une coupure objective entre les « gauches » et une partie des classes populaires. Nous sommes en présence d’un résultat social et non d’une débilité de classes. Il est la conséquence directe d’une fracture de classe entre les gauches et les quartiers populaires, c'est-à-dire de l’abandon massif du travail politique des gauches et extrêmes gauches dans les quartiers populaires et banlieues qui ne sont pas des déserts politiques, mais qui sont désertés politiquement. C’est aussi un résultat social marquant la fracture politique entre une partie des gauches ne se mobilisant pas ou rarement sur des oppressions telles que la colonisation palestinienne, crimes policiers, l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie, l’impérialisme, mais aussi la violence de la lutte des classes pour les banlieues et quartiers populaires. Quand une partie des classes populaires, immigré-es ou non, vivent ou se sentent directement solidaire et concernée par ces injustices et qu’ils/elles n’ont à disposition aucun travail militant pour poser des grilles de lecture et des cadres d’interprétation, les manipulateurs, les sectes ou les fachos, se donnent à cœur joie de saisir l’espace vidé par les gauches.
Quand votre antifascisme préfère traquer les « conspi. », notre antifascisme se donne pour tâches de reprendre le terrain de l’argumentation, de la preuve, de l’analyse avec celles et ceux qui noyé-es dans l’air du temps, dépolitisé et dépolitisant, sont attirés par les charlatans « conspi ». Chaque absence et chaque silence des gauches sur certaines injustices donnent du grain à moudre aux manipulateurs « conspi. ».

6 ) Un antifascisme à géométrie variable ?

L’antifascisme n’est pas un combat abstrait. Il est à la fois action pour éradiquer les causes profondes du fascisme (et en particulier les intérêts sociaux qu’il défend) et combat contre les conséquences concrètes du fascisme ici et
maintenant. Or ces conséquences sont variables historiquement et géographiquement. Si l’antisémitisme est ainsi la forme dominante du fascisme de la décennie 30, l’islamophobie est une des formes principales du fascisme
contemporain. Combattre le fascisme sans parler d’islamophobie (en noyant le poisson dans des expressions vagues, en refusant de prononcer le terme comme s’il était maudit, etc.) revient à la même logique que de parler du fascisme de la décennie 30 sans parler d’antisémitisme.
Mais il ne s’agit pas que de paroles, mais aussi d’actes. Nous sommes contraints de constater que nous étions 1000 à Lille pour réagir au meurtre de Clément, et seulement à peine 300 pour riposter aux trois agressions islamophobes et fascistes d’Argenteuil. Et pour répondre aussi aux Attaques et pogroms contre des camps de Roms à Hellemmes. Nous sommes également forcés de constater l’absence de nombreuses forces démocratiques et politiques de gauches dans la manifestation contre les agressions islamophobes alors qu’elles
étaient toutes (et c’est très bien) présentes pour Clément. Cela ne nous empêchera, bien entendu pas, d’être présents à toutes les mobilisations contre des agressions fascistes quelle que soit la couleur ou la religion réelle
ou supposée des victimes. Cet antifascisme à géométrie variable ne peut que nous conduire à la défaite collective.
Et cela n’est pas une critique générale, mais concerne aussi les « antifascistes lillois » amateurs d’anathèmes.
Comment interpréter le fait que votre Collectif appelle à la mobilisation pour la mort de Clément Méric (vous aviez semble-t-il une réunion mardi 16 juin) et qu’il n’appelle pas à la mobilisation (mercredi 17 juin) pour la mort du bébé de Leïla O., agressée à Argenteuil par deux skinheads d’extrême-droite ? Il semble que votre priorité d’action a été de rédiger un tract et un appel à manifester (le jeudi 20 juin) pour dire que Michel Collon est un « fasciste » et un « conspi. » ? Comment voulez vous que nous comprenions « votre » antifascisme ? Oui nous
aussi nous avons des questions à vous poser et nous exigeons des explications.
De plus comment ne pas être choqué lorsque l’un de vous affirme ce jeudi soir que, dixit : « les sans-papiers ont récupéré Clément Méric ?» . Qu’est-ce que cela veut-il dire ?
A défaut d’être autorisés par vos soins à avoir quelques précisions, nous nous interrogeons gravement ?
Cela signifie que vous ne reconnaissez pas la
contribution majeure à la lutte antifasciste du CSP59 depuis 1996 ? Un sans-papiers ne peut être antifasciste ? Ou est-ce parce que les sans-papiers avec le FUIQP 59/62 ont appelé à un rassemblement antifasciste ce mercredi 19
juin en faisant le lien entre la mort de Clément Méric assassiné par des skinheads d’extrême droite, les jets de cocktails molotovs sur le Rroms et la mort d’un bébé assassiné parce que sa mère est musulmane ? C’est cela de la « récupération » ?
Votre antifascisme s’arrête-t-il à la porte de l’islamophobie ? Votre antifascisme s’arrête-il à la porte de l’impérialisme et en particulier de la Françafric ? Est-ce que vos prochaines interventions de censeurs porteront sur un débat sur la Palestine ? sur l’islamophobie ? pour les cataloguer de « conspi. » ?

7) Le camp antifasciste ne peut pas se construire en excluant les premières victimes du fascisme

Nous constatons déjà le délire consistant à envisager une « gauche sans ouvriers » et nous avons maintenant celui de projeter un « antifascisme sans immigré-es » . En effet de manière artificielle la thèse d’un passage en masse des ouvriers du PCF au Front National a été diffusée à longueur de médias jusqu’à devenir une « vérité » qui n’est plus interrogée. Or cette thèse occulte que le 1er parti ouvrier en France est l’abstention et non le Front National même si celui-ci voit son influence augmenter dans les classes populaires, comme dans les « classes » moyennes et bourgeoises d’ailleurs. Surtout cette thèse oriente vers un mépris de classe laissant justement ces ouvriers avec le seul interlocuteur qui prétend parler de leurs problèmes concrets : le Front National.
Les colères populaires devant les régressions sociales sans précédent sont à la recherche d’explications et de canaux d’expressions radicaux. A ne pas les fournir, la place est laissée à d’autres.
Les pratiques de ces « antifascistes lillois » amateurs d’anathèmes et d’amalgames conduisent à renforcer cette première coupure par une autre : celle d’un antifascisme excluant une partie des victimes. Nous avions déjà subi
la stigmatisation raciste et islamophobe par les médias et les politiques d’une partie des nôtres, regardés et perçus comme nécessairement « soutient aux intégristes » et à l’extrême droite intégriste islamiste, parce que « voilées », « parce mangeant hallal » , parce que soutenant la lutte des palestiniens, parce que s’opposant aux nouvelles guerres coloniales, etc. Vous, «coordination antifa » , ajoutez une nouvelle étape à ce processus de
séparation entre une partie de la gauche et les opprimé-es. Construisez-vous « votre » antifascisme sans immigrées et français-es dits issu-es de l’immigration ?

Nous pouvons bien sûr nous tromper dans nos analyses et sommes prêts à en débattre avec quiconque veut développer une véritable résistance antifasciste et anti-impérialiste. Par contre nous ne sommes pas prêts à subir sans réagir les insultes et sabotages à chaque fois que nous tentons de développer les résistances concrètes dont nous avons tant besoin.

Nous demandons :

- Aux organisations membres de la « Coordination antifascistes (Lille) » (Indymedia Lille, Sud-étudiant, CNT, Centre LGBT, Flamands Roses, etc.) de nous indiquer, puisque les individus ont signé de votre identité, si cette action engage vos structures ? Soutenez-vous désormais que le FUIQP et les associations de luttes de l’immigration et des quartiers populaires sont des soutiens aux fascistes ?

- Nous invitons Gwenola Ricordeau, porte-parole de cette intervention insultante, à s’expliquer dans un débat public, argumenté et affichant ses sources.

- Nous invitons les accusateurs à s’expliquer publiquement dans un débat contradictoire avec Michel Collon. Si vos accusations, sont selon vous, fondées, de quoi auriez-vous peur ?

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, comité Nord-Pas-de-Calais (FUIQP 59/62).
fuiqp59-62@riseup.net

______________


notes :

1 - L’information est diffusée pour s’en réjouir sur le site officiel de la chambre de commerce France-Israël :
http://www.israelvalley.com/news/2009/01/21/21320/israel-net-flop-la-brigade-du-net-d-israel-debarque-a-la-fin-de-laguerre-son-but-occuper-le-terrain-en-inondant-de-commentaires-les-sites-anti-sionistes

2 - Michael Scott Christofferson, Les intellectuels contre la gauche, l’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981), Agone,
2009, quatrième de couverture.
Xuan
   Posté le 12-07-2013 à 13:13:20   

Gilbert Remond me communique une vidéo d'Annie Lacroix-Riz sur le fascisme en France, accompagnée d'un article qui s'adresse à nouveau à l'OC-FR :

___________________


"voila une vidéo qui arrive a point nommé pour faire le point sur les allégations qui assimillent Annie Laroix riz aux complotistes et aux fascistes.

Dans cet exposé elle fait remonter le problème fasciste comme j'ai moi même tenté de vous expliquer a la période d'avant Vichy cette période que vous avez appeler période de brillance dans un de vos courrier en réponse a ma contribution au débat lancer par votre lettre ouverte.

En effet l'installation du fascisme en france en tant que force politique prégnante dans les institutions de l'état et de la société et donc en tant que force de la collaborationiste se situe dans la période qui précède celle dite de collaboration .
Elle commence en fait à la suite de l'immense désastre humain qu'a été la guerre impérialiste de 14/18, elle commence en tant que contre feu allumer par la grande bourgeoisie pour lutter contre les forces du mouvemment ouvriers qui s'organisent pour s'opposer à la guerre, a ses conséquences et pour défendre ses conditions de vie, ses salaires, ses emplois etc.

Elle explique et c'est fondamental de le comprendre aujourd'hui, qu'il a existé un fascisme français, qui s'est structuré autour de Maurras, de son mouvement , que cette structuration s'est faite au moment de l'affaire Dreyfus qui elle même intervient après l'écrasement de la commune de Paris en pleine période de chauvinisme revanchard anti- prussien alors que la Prusse vient de jouer un rôle déterminant dans l'anéantissement du mouvement révolutionnaire parisien, révélant les ambivalences du partiotisme bourgeois qui fait passer avant tout ses intérêts de classes oubliant d'un coup ses devoirs a légard des valeurs auquelles elle prétend soumettre le peuple pour exprimer sans état d'âme sa solidarité de classe avec ses semblables d'outre Rhin qui eux même leur renvoie l'assensseur en libérant immédiatement les troupes nécéssaire a la répression et restent l'arme au pied quand celle-ci montent a l'assaut de la ville.

Elle explique aussi qu'il n'y a pas eut de résistance inter-classique pendant l'occupation, constat qui devrait être mis en cohérence avec les postures d'aujourd'hui qui voudraient nous faire accroire de possibles alliances avec des secteurs de la bourgeoisie au nom de l'interêt national, pour lutter contre "le libéralisme" ce qui ne peut être qu'une autre manière de prolonger le système capitaliste en repoussant l'alternative de sa sortie.

Cela entretient surtout une fable, celle que l'on nous raconte pour effacer cette page de l'histoire aux effets redoutables, quand cette bourgeoisie française a fait le choix de la défaite, montrant alors les limites de son nationalisme, et où les forces politiques qui alors exprimaient ses orientations et donc ses interêts étaient celles de l'extrème droite royaliste et du catholiscisme conservateur, ces mêmes forces qui reviennent sur le devant de la scène et défilent avec la manif pour tous, ces mêmes forces qui veulent se présenter comme la seule véritable alternative a l'umps et au libéralisme.

Il devient alors claire que ceux qui font la démonstration de cette supercherie sont gênant et qu'il faut les faire taire ou a défaut disqualifier leurs démonstrations.

Pour cela l'imfamie suprème aujourdhui est celle d'une conivence avec le fascisme alors que le facsime lui s'intalle partout, dans les medias dans nos cité et peut déverser en toute impunité ses themes et sa propagande.

Ce ne sont plus les meetings fascistes qui sont perturbés et contre les quels les anti fa se mobilisent ce sont les débats de ceux dont les fascistes confisquent les thèmes pour avec leur démagogie habituelle récupérer les aspirations populaires et les dévoyer ( la nation, l'anti impérialisme l'anti capitalisme etc) ces derniers font les frais d'ardeurs bien mal utilisées et l'on peut comprendre de cela que les fascites sont en train de gagner leur hégémonie politique."
Xuan
   Posté le 13-07-2013 à 23:07:26   

A lire également "Nous sommes entrés dans une phase de guerres impérialistes continues" - entretien d'A. L-R avec la Nouvelle République.


Edité le 13-07-2013 à 23:09:26 par Xuan


Finimore
   Posté le 27-12-2013 à 09:05:42   

Lu sur http://www.michelcollon.info/L-air-du-soupcon.html

L’air du soupçon


François Ruffin

9 octobre 2013

Pierre Carles, Hervé Kempf, Alain Gresh, Étienne Chouard, Jean Bricmont… tous fachos ? Les accusations pleuvent sur les sites des « antifas ». Et Fakir n’échappe pas à cette suspicion : des « nationaux-staliniens moisis », qui entretiendraient des liens obscurs avec des gens pas clairs. Alors, amis lecteurs, êtes-vous, sur le site d’un journal d’une officine du Front National ? Marcherez-vous bientôt au pas de l’oie à nos côtés ?

Cet été, à peine le numéro sorti, j’ai reçu ce courriel de Sarah :

De : sarah@mac.com


À : francois@fakirpresse.info



Objet : Explication

Cher François,


J’imagine que tu es déjà au feu de la nouvelle polémique qui vous secoue sur le réseau : affiliation véritable avec ce cher Chouard ?


Je sais ton ignorance des réseaux sociaux, mais j’espère que tu nous feras l’honneur d’une explication de tout ceci.


Je t’embrasse



Non, je n’étais pas au courant de la « nouvelle polémique » ni de cette « affiliation » avec Étienne Chouard. J’ai donc à mon tour demandé des explications.



De : sarah@mac.com


À : francois@fakirpresse.info



Objet : Ce qui fait débat

Antifa 75 dit :

5 juillet 2013 à 15:35


De pire en pire Pierre Carles salit la mémoire de Clément Méric. Mais ce n’est pas une première : son film récent « DSK, Hollande, etc. » a été réalisé avec une proche du dieudonniste Olivier Mukuna, la colloniste Aurore Van Opstal (1). On peut y visionner une séquence dans laquelle François Ruffin du journal Fakir fait l’apologie de Cheminade et Dupont-Aignan (2). Rien de surprenant donc à ce que Carles salisse aujourd’hui la mémoire de Clément.


À propos de Ruffin, avez-vous lu le dernier Fakir ? Il y est fait l’apologie de Chouard (dont Ruffin, tout comme Lordon, est un ami)(3) et de la nation et Ruffin y rend hommage à « l’hyper-efficacité »du FN (4) dans une interview assez hallucinante d’Emmanuel Todd. A noter que dans ce journal une rubrique est tenue par les souverainistes de Bastille-République-Nations qui compte parmi ses membres le négationniste Bruno Drewski et le cadre de l’UPR Laurent Dauré (5), ceci sans compter les nombreux autres dérapages passés de Fakir (apologie des « matons humanistes » de la prison d’Amiens(6), des super flics que sont les douaniers (7) ou interview de l’économiste larouchiste Maurice Allais (8). Mais comme dirait Bricmont, c’est sûrement de la « culpabilité par association »… En tout cas tous ces nationaux-staliniens moisis n’ont vraiment aucune leçon d’antifascisme à donner !


Apparemment, ce gloubi-boulga circulait sur Facebook et trois lecteurs m’ont, à leur tour, réclamé des « explications ». Cette salade, touillée par une passionaria de l’antifascisme, Ornella Guyet, m’a paru grotesque. Mais tellement symptomatique, en même temps, d’une littérature qui pollue le Net, qui assimile, en vrac, Frédéric Lordon, Alain Gresh, Étienne Chouard, Jean Bricmont, Hervé Kempf, maintenant Pierre Carles, et j’en passe, à du « rouge-brun ». Du coup, je me suis dit : « Tiens, on va s’arrêter sur ces quelques lignes, on va faire une mise au point », non pas pour Fakir, mais parce que ces petits procureurs qui confondent leur écran avec des miradors, qui flinguent toute idée qui dépasse, non seulement salissent des hommes, mais pourrissent le débat démocratique de leur suspicion généralisée. Et si l’ « antifascisme » c’est ça, cette police de la pensée, ma foi, c’est une publicité vivante pour leurs adversaires.


Je vais donc étudier ce texte, phrase par phrase, comme un cas d’école, pour trier le grain de l’ivraie.



(1) Pierre Carles



Le réalisateur de Pas vu, pas pris a publié, dans Siné Mensuel, une tribune autour de l’affaire Méric : « Méric et ses amis n’ont-ils pas été victimes d’un certain complexe de supériorité sociale ? Ne faut-il pas percevoir dans ce drame l’incapacité de certains membres de la petite bourgeoisie intellectuelle à percevoir à quel point un fils d’immigré espagnol Esteban Murillo peut se sentir profondément humilié par des jeunes perçus comme des nantis ? »


Pierre Carles avait, au préalable, adressé son article à Fakir. Mais Siné l’a accepté avant que nous n’ayons eu le temps de le refuser. Car nous l’aurions refusé : l’enquête nous apparaissait insuffisante, les faits trop maigres pour soutenir sa thèse. N’empêche, dans le martyrologue consacré à ce drame, ça tranchait, ça apportait un autre regard.
Mais il ne suffisait pas, alors, à nos « antifas » de contester ce papier, d’argumenter contre cette lecture de classe d’un fait divers, il fallait encore montrer que cette prise de position n’avait « rien de surprenant » : car Pierre Carles serait, sinon « facho », du moins pas très clair. Et comment le prouver ?



Par une espèce de contagion du soupçon.


Le site La Horde – « portail méchamment antifasciste » – a ainsi dégotté une photo de Pierre Carles aux côtés de l’écrivain Marc-Édouard Nabe, et une autre photo de l’écrivain Marc-Édouard Nabe aux côtés de Dieudonné. Pierre Carles était ainsi assimilé à Dieudonné… c’est-à-dire à Le Pen !


La bloggeuse « Antifa 75 » procède de même : Pierre Carles a co-réalisé un documentaire avec une jeune journaliste, Aurore Van Opstal, dont jamais une prise de position n’est citée. Mais elle-même serait proche d’un dénommé Olivier Mukuna, qui lui-même a écrit un livre sur Dieudonné, et voilà Pierre Carles ramené à Dieudonné… c’est-à-dire à Le Pen !


C’est mathématique, non ?


À ce tarif-là, les suspects seront nombreux.



(2) Ma pomme







Circonstance aggravante pour Pierre Carles : il m’a filmé.




J’ai la mémoire courte, parfois : je ne me souvenais pas avoir fait une « apologie de Cheminade et Dupont-Aignan » – moi qui me considère plutôt, en gros, comme un compagnon de route du Front de Gauche.


J’ai donc re-visionné « DSK, Hollande et Cie ».


Durant la dernière campagne présidentielle, sur Canal +, Jacques Cheminade était qualifié de « candidat inutile » par Jean-Michel Apathie. Et Nicolas Dupont-Aignan était traité avec la même condescendance par Michel Denisot, toujours sur Canal + : « Si vous promettez le retour au franc, moi je promets le retour de la télé en noir et blanc ».


Interrogé sur ces séquences, je réagissais comme suit : « Quand on dit “Cheminade est un candidat inutile”, certes, il ne sera pas président de la République, mais est-ce qu’il n’a pas des idées sur la finance, par exemple, qui peuvent être utiles ? De la même manière pour Nathalie Artaud de Lutte Ouvrière. C’est, au contraire, les candidatures les plus utiles sur le terrain démocratique, parce qu’elles portent des idées, qui peuvent être des idées loufoques, mais qui peuvent être aussi des idées de rupture intéressantes. On voit bien le mépris pour Nicolas Dupont-Aignan parce qu’il envisage de rompre avec l’euro, qui est quand même une question qui peut se poser légitimement quand on a 80% des ouvriers qui y sont favorables. Donc ça n’est pas une question qui peut se traiter avec mépris, dédain, arrogance. »



Qui lira dans ces lignes une « apologie » ? Il est évident que je ne partage pas les idées de Cheminade, par exemple, sur la colonisation de la planète Mars, ni davantage celles de Dupont-Aignan sur l’immigration. Mais réclamer que, pour une fois qu’ils passent à la télé, on les écoute sans morgue, on les laisse s’exprimer, cela dépasse-t-il, déjà, le seuil de tolérance de nos « antifas » ?



(3) Étienne Chouard



Suite à ces alertes, j’ai cherché, dans le dernier numéro, une« apologie d’Étienne Chouard ». Je n’ai rien trouvé.


Je l’ai re-parcouru.


Ah, ça y est.


C’était dans l’agenda, page 2, en tout petit : « À Avignon, ne manquez pas “ la dette expliquée à mon banquier ! ”, une pièce d’Étienne Chouard. » Et c’était tout. Un peu court, comme« apologie ». Mais bon, cette pub m’avait échappé, sans doute rajoutée en dernière minute par Eric, notre Monsieur Commerce, ou par Mathilde, notre metteuse en page. Pas trop au courant des controverses gauchistes, eux ignoraient que, depuis quelques semaines, Étienne Chouard était devenu « facho ». Ils avaient manqué un épisode. On m’avait prévenu, moi, que le héraut du « non » en 2005 était passé chez les méchants.

Puisqu’on proclame, comme ça, qu’Étienne Chouard serait mon« ami », je voudrais décrire nos maigres liens – non pas pour prendre mes distances, mais parce que c’est tout simplement la vérité. J’ai rencontré Étienne Chouard une fois, chez lui, à côté de Marseille, en 2009, avant le passage de Fakir en national. Une heure ensemble, une seule : avouez que ça fait un peu court pour des « amis ».


À moins que ce ne soit un coup de foudre. Ce ne le fut pas. Pourquoi ? Mon impression est confuse, mais j’avais le sentiment qu’il raisonnait trop en juriste, prenant les mots – la Constitution, sa marotte – pour les choses, ne partant pas assez du réel, des conditions effectives d’existence. Que du coup, ses propositions, le tirage au sort des élus, par exemple, intéressantes en soi, rouvrant l’imaginaire démocratique, me paraissaient plaquées, utopie voulant recréer un monde idéal en dehors du monde – alors que, à l’inverse, je pars de la gadoue où nous traînons, et de la boue dont nous sommes faits. Et puis, intervenant dans mes débats, ou aux Rencontres Déconnomiques d’Aix-en-Provence, il m’a gentiment gonflé, ramenant tout - le protectionnisme, la crise économique, la guerre des classes - à ses lubies, « tirage au sort… tirage au sort… tirage au sort… », comme une espèce de Géo Trouvetout qui aurait découvert la pierre angulaire.
Pour toutes ces raisons, embrouillées, intuitives, je n’ai pas accroché à sa pensée. Et en quatre années de Fakir, malgré son aura dans les milieux militants, et des réclamations de nos lecteurs, jamais nous n’avons réalisé une interview d’Étienne Chouard.
Voilà pour notre « amitié ».



Malgré ces réserves, je l’ai toujours considéré, de loin, comme un homme sincère, un profond démocrate. Alors, quand Fabien – un copain de Lyon – m’a prévenu par courriel : « J’ai rencontré Chouard, et quand un mec te dit (ce qu’il m’a dit à moi, en face) que « quand même on peut pas nier que Soral est un patriote et qu’il est tout sauf d’extrême droite », ça a de quoi te scotcher », quand Sarah et Arthur m’ont raconté le même genre d’anecdotes, ça m’a troublé.


Parce que, pour moi, on ne blague pas avec Alain Soral : c’est un mec d’autant plus dangereux que talentueux. Son site, Égalité et Réconciliation, fait un carton. Son influence dans les quartiers populaires est réelle. Et j’entends combien, jusque dans mon entourage, des jeunes se politisent par Soral, adoptent son discours.
Et quel discours ?


« Quand avec un Français, Juif sioniste, déclare Alain Soral, en 2004, sur France 2, tu commences à dire “y a peut-être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.” Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est-à-dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme sionisme qui confine à la maladie mentale. » Bref, la Shoah, c’est quand même un peu parce qu’ils l’ont cherchée.
Son chemin le conduit, naturellement, au Front National : « Le Pen méritait la France mais je ne suis pas sûr que la France méritait Le Pen », déclare-t-il au lendemain de la présidentielle 2007. Il est alors nommé, à l’automne, au Comité central du FN. Un parti qu’il quitte, deux années plus tard – mais non pas pour des divergences idéologiques : parce qu’il n’obtient pas la tête de liste FN en Île-de-France.


Profondément dandy, avant tout opportuniste, en quête de renommée, Alain Soral avait démarré bien à gauche, au Parti communiste, avant de basculer à l’extrême-droite. Il se prétend aujourd’hui « transcourants », réconciliant « la gauche du travail et de la droite des valeurs », affiche Hugo Chavez en une de son site – mais tout en rejoignant Dieudonné sur « l’antisionisme et le lobby juif ».



De voir que, en effet, Étienne Chouard donne des entretiens à Égalité et Réconciliation, participe à des débats publics avec les membres de ce groupe, et défend Alain Soral - « un type bien » - au nom de la liberté d’expression, voilà une ambiguïté qui, pour moi, devenait rédhibitoire.


Il fallait rendre cette position publique.


Sans pour autant blesser un homme isolé, et déjà largement attaqué.



Mardi 23 juillet, Trets.



Au milieu de ces réflexions, je voyageais justement dans le Sud, pour le « Fakir Provença Tour ». J’ai envoyé un SMS à Étienne Chouard, l’avertissant que je souhaitais l’interroger sur « les antifascistes », et je me suis pointé chez lui, en plein cagnard, entre la piscine et la table de jardin.



Sur Soral



Étienne Chouard : Je ne supporte pas quand il parle des féministes et des “pédés”. Ça me hérisse. Mais il m’a rendu sensible à un point qui, pour moi, n’existait pas auparavant : c’est le sionisme, le poids du sionisme au niveau mondial.


Fakir : Mais tu pouvais y parvenir par Mermet, par Gresh, par des lectures beaucoup plus nettes, sans trace d’antisémitisme !


Étienne Chouard : C’est vrai. Mais je suis rentré par là.


Fakir : Et quand il parle du « lobby juif »…


Étienne Chouard : Il évoque davantage les sionistes. Mais si certains Juifs disent : « Nous, on est élus, et on va dominer le monde », c’est grave. C’est grave aussi quand ce sont des musulmans ou des chrétiens.



Sur les complots



Fakir : Tu crois qu’il y a un complot, alors, pour dominer le monde ?


Étienne Chouard : Mais il y en a plein, des complots. C’est normal. Les gens conspirent, ils complotent pour maintenir leur pouvoir.


Fakir : Mais par exemple, le MEDEF : est-ce qu’il s’organise ou est-ce qu’il complote ?


Étienne Chouard : Bien sûr qu’ils se réunissent en secret…


Fakir : Quand j’entends Pierre Gattaz à la radio, à peine élu à la tête du Medef, et qu’il assène ses objectifs avec clarté, j’ai pas tellement l’impression qu’il garde ses buts secrets… Pour moi, toutes les forces sociales s’organisent pour défendre leurs intérêts – et avec, à l’intérieur de cette organisation, une part de secret, mais qui est une part minoritaire.



Sur le FN



Fakir : Et que Soral ait appartenu au FN, qu’il ait déclaré que « la France ne méritait pas Jean-Marie Le Pen » ?


Étienne Chouard : Mais alors, on va faire quoi ? On va trier selon les appartenances politiques : « Toi tu votes mal, je ne discute pas avec toi », ça n’est pas ça la démocratie. Quand tu dis à un raciste,« t’es un sale raciste », il va rester raciste. Mais si tu parles avec lui, il peut évoluer.


Fakir : Qu’on cherche à convaincre les électeurs du Front National, qu’on change les conditions économiques et sociales qui produisent ce vote, c’est une priorité politique. Mais là, il ne s’agit pas du mécontent de base, mais bien d’un idéologue, d’un cadre du FN.
Étienne Chouard : Moi, je suis le défenseur de toutes les paroles. Il faut débattre avec tout le monde, là où le régime des partis nous enferme dans une guerre électorale.


Fakir : Je ne suis pas d’accord. Je suis partisan d’un cordon sanitaire autour du FN.


Étienne Chouard : Et qu’est-ce que je devrais faire, alors ? Insulter leurs dirigeants ?


Fakir : Je ne te demande pas d’insulter quiconque, juste de ne plus te répandre dans leurs médias, ne plus te compromettre dans des débats avec eux. Et, éventuellement, une fois que tu l’aurais mûrie, de rédiger un texte qui explique ta nouvelle position.

J’étais pressé.


J’ai dû partir à la va-vite pour un débat à Aubagne. En roulant, j’ai réfléchi à cet échange, et mon intuition se confirmait : Étienne Chouard est un homme de bonne foi. Mais en même temps, sa construction idéologique me paraissait bien récente, bien fragile, bien confuse : avant 2005, la politique ne l’intéressait pas trop, et d’un coup, voilà que le référendum sur le TCE l’a porté au pinacle, mis sous le feu des projecteurs, transformé lui-même en modeste guide. Et c’est ensuite, seulement après, qu’il s’est formé politiquement. En accéléré. De bric et de broc, comme tout le monde. Sauf que chacune de ses réflexions, chacun de ses errements, sont publics, consultés par vingt mille lecteurs, twittés et facebookés. Alors que ce mûrissement aurait réclamé, peut-être, un temps de retrait, de silence et de solitude.



Mercredi 24 mars, Marseille.



Étienne Chouard m’a adressé un long texte, déjà préparé d’avance, pour répondre aux détracteurs qui lui reprochent ses « mauvaises fréquentations ». Je le lis, et bien des choses m’horripilent. Cette opposition, déjà, entre un « faux suffrage universel » et une « vraie démocratie » :

« La scène politique actuelle est, de mon point de vue un théâtre trompeur qui permet de tout décider sans nous. Et ce n’est pas nouveau, c’est structurel : depuis deux cents ans, on nous donne le spectacle (et on nous invite à lutter dans) une fausse confrontation, un jeu de dupes… Je rappelle que nous ne pouvons rien gagner politiquement dans la cage du faux « suffrage universel »… Si on en cherche la cause des causes, c’est l’élection de maîtres parmi des candidats, le faux « suffrage universel »…

Ensuite, ce consensus nécessaire à la rédaction d’un nouveau contrat social :

« Mais pour arriver à un tel résultat (notre mutation en très grand nombre en citoyens constituants), il faut que je touche tout le monde, de gauche à droite et même les abstentionnistes (qui se méfient souvent de tous les partis), et pas seulement « le peuple de gauche » ! Je ne peux évidemment pas dire, même diplomatiquement : « non, pas vous : vous êtes « fascistes », ni vous car vous êtes nationalistes, ou racistes, ou machistes, ou nucléophiles, ou bourgeois, ou banquiers, ou publicitaires, etc. donc on ne vous parle pas »… Impossible de faire société en tenant à l’écart de l’écriture du contrat social des pans entiers de la société. Ces gens dont tu hais l’idéal de société (je le redoute moi aussi), ce sont bien des êtres humains, n’est-ce pas, on ne va pas les tuer ? Alors ? On va bien (être obligés de) vivre ensemble dans le même pays avec le même contrat social, non ? »

Et plein d’autres désaccords.


Du coup, je reprends rendez-vous avec Étienne, à Marseille cette fois, l’après-midi, accompagné de mon copain Kamel, un gars de la cité, camionneur et intello.
Et cette fois, j’ai décidé de mettre la gomme – quitte à démarrer mollo :

Sur la démocratie



Fakir : Tu essentialises le suffrage universel, comme s’il n’était, pour toujours et depuis toujours, qu’une gigantesque tromperie, comme s’il n’y avait pas des étapes. Comme si, surtout, toutes les conquêtes sociales du XXème siècle n’étaient pas liées, pour partie, à ce suffrage universel, avec des élus qui même à droite ne doivent pas complètement se brouiller avec le peuple.


Étienne Chouard : C’est possible. Mais tu considères que, aujourd’hui, on vit dans une vraie démocratie ? Étymologiquement,« le pouvoir au peuple » ?


Fakir : Mais cette expression de « vraie démocratie », moi, je ne peux pas l’endosser. Je considère qu’on est dans un système imparfait mais que, de toute façon, on sera toujours dans un système imparfait, que l’imperfection de l’homme, de la société, ça fait partie du monde, qu’on est juste dans des dégradés de gris. Et qu’à défaut d’un idéal, je me bagarre juste pour que ce soit un peu mieux ou un peu moins pire. Donc la « vraie démocratie », la république pure et parfaite, je n’y crois pas, moi, ni hier à Athènes ni demain en France.
Et le risque, c’est que tu invites à balayer la « fausse démocratie »– dans laquelle, tout de même, et je ne le compte pas pour rien, nous pouvons exprimer nos opinions – et ton message contre cette « fausse démocratie » est entendue, répandue, même à l’extrême-droite, mais qui garantit que, derrière, nous n’aurons pas une vraie tyrannie ?


Étienne Chouard : Mais parce qu’il y a tout le travail des citoyens constituants, avec l’instauration du tirage au sort. Je parie sur une prise de conscience, sur une contagion.



Sur le contrat social



Fakir : Tu écris, par ailleurs, qu’il faut discuter avec le Front National – et y compris, semble-t-il, avec leurs dirigeants – parce que, pour rédiger le nouveau contrat social, il faudrait que tout le monde, le peuple entier, soit d’accord…


Étienne Chouard : C’est bien ça.


Fakir : Mais quand est-ce que ça a fonctionné avec cet unanimisme ? Le contrat de 1789 se fait très largement contre l’aristocratie, contre le clergé, et contre des fractions importantes des classes populaires qui se solidarisent avec leurs anciens maîtres. En 1944, le Conseil National de la Résistance n’a pas demandé l’avis des collabos – et encore moins de Pétain et de ses ministres – pour rédiger son programme !
Étienne Chouard : Mais s’il n’y a pas un consensus, allez, des 99 % contre les 1 %, ça signifie que, derrière, il y aura des violences.


Fakir : D’abord, je ne suis pas d’accord du tout sur cette structure de classes : 99% contre 1%. Ça serait trop facile pour nous. Et ensuite, si tu souhaites vraiment une redistribution des cartes – des richesses, des statuts, des lois –, ça se fera de toute façon avec une immense tension. D’autant plus si, d’après toi, ça ne peut pas passer par les élections.



Sur Soral (fin)



Fakir : Vas-y, Kamel, raconte-lui ta rencontre avec Alain Soral.


Kamel : L’an dernier, tu sais, Soral est venu à Marseille. Comme il attire vachement de jeunes dans les quartiers, comme mon petit frère était sous son charme, je suis allé l’écouter. Y avait plein de mecs avec des djellabas, des barbes, les filles avec le voile, et là Soral leur dit en gros : « Si vous êtes dans la merde, c’est à cause d’un banquier sioniste à New-York. » Moi j’ai pris la parole, après, et je lui ai demandé pourquoi il indique « sioniste » ? pourquoi il dit pas un « capitaliste », un « oligarque » ? Et là, il m’a répondu qu’il fallait appeler un chat un chat.


Étienne Chouard : C’est pas raciste. Il ne dit pas « Juif », il dit« sioniste ».


Fakir : Est-ce qu’il a précisé, dans son exposé, qu’il ne fallait surtout surtout surtout pas confondre « juif » et « sioniste » ?
Kamel : Non, il n’a rien précisé.


Fakir : Mais Étienne, comment tu penses que c’est reçu, dans la salle ? Tu penses qu’ils donnent dans la nuance, les mecs ? Moi, pendant que je faisais mon bouquin Quartier nord, à Amiens, y a plein de gars qui me prenaient pour un juif à cause de mon gros pif, et c’était pas amical crois-moi.


Étienne Chouard se tait, frappé.


Kamel : C’est dangereux ce jeu-là. Là, pour moi, Soral déplace la question de la lutte des classes à la lutte des races.



Sur l’adolescence



Fakir : Mon sentiment profond, c’est que tu es comme un adolescent en politique. Tu voles d’émerveillements en indignations. C’est beau, en un sens, ça apporte de la naïveté, de la fraîcheur, de la hardiesse aussi. Mais ça comporte une part d’errance.
Moi, avant de lancer Fakir, je me suis tapé une traversée du désert : durant sept années, j’ai écrit écrit écrit, sans que rien ne soit publié.« Malheureusement », je pensais à l’époque. « Heureusement », je me dis aujourd’hui. Parce que c’était complètement immature : en gros, il fallait flinguer l’humanité (à commencer par les présentateurs du jité).


Tu es loin de ces sommets du ridicule, mais je vois là un danger, avec des prises de position un peu sur tout. D’autant plus que tu aimes flirter avec la ligne jaune.



Ça tournait à la leçon.


Et je devais filer à mon débat.


Il m’a remercié.


J’ai reçu un SMS, encore : « Je te remercie pour ta gentillesse et ta patience. » Et c’est là que Chouard est un mec pas banal. Parce que c’est lui, l’aîné, vingt ans de plus que moi, c’est lui le prof, c’est lui la star, « Don Quichotte du non », etc., et moi un gamin m’aurait avoiné comme ça, je n’aurais pas apprécié. Mais lui, plus tu lui rentres dans la gueule, plus il te remercie ! C’est soit un masochiste, soit un démocrate !



On a repassé une heure, ensemble, le jeudi, à Aix cette fois.
Et j’ignore ce que va donner, politiquement, tout ce baratin, s’il va rompre avec ces machins de Soral et de complots. Je crains que non. Je sais, en revanche, qu’au fil de ces trois jours, j’ai mesuré le fossé qui, politiquement, nous sépare. Mais aussi que, personnellement, je me sens davantage son « ami », un peu, pas trop mais un peu, après ces échanges.



(4) Le Front National



Dans le dernier numéro de Fakir, Emmanuel Todd déclarait : « Au Front de Gauche, sur le protectionnisme, ça avance, mais avec quel retard sur les classes populaires ! »
J’ajoutais : « Et quel retard sur le Front National, aussi, qui est devenu hyper-efficace sur ces questions. Vous voyez le FN comme le parti des dominés, le refuge pour le refus du libre-échange, pour le refus de l’euro…
- Le parti des dominés, il n’y a qu’à regarder les statistiques, il n’y a qu’à regarder les cartes. Le vote FN se déplace des marges anti-maghrébines, situées à l’est, pour aller se loger dans le vieil espace révolutionnaire égalitaire français. »



Je ne rends pas hommage, ni ici ni dans mon esprit, à l’efficacité du FN : elle m’inquiète. Le virage idéologique pris avec Marine Le Pen – fût-il superficiel, traversé par des contradictions –, le tranchant des prises de position – notamment par la voix du vice-président à la stratégie, Florian Philippot – marquent des points, je le crains, j’en ai l’impression quand je bois un coup au bistro. Ce que vérifient les législatives partielles.
Je ne m’en réjouis pas, bien au contraire. Mais jamais je ne méprise l’adversaire – qu’il soit patronal, eurocrate, libéral, président de la Banque centrale européenne, ou en l’occurrence d’extrême-droite : oui, il peut être « hyper-efficace » et « talentueux ». Non, nous ne sommes pas forcément les plus intelligents, complexe de supériorité culturelle qui habite, bien souvent, une gauche truffée d’étudiants, d’universitaires, de surdiplômés. Oui, « l’ennemi de classe » est parfois plus stratège, plus organisé, plus malin que nous ne le sommes. Sans quoi, nous n’en serions pas là.



(5) BRN



Il y a deux ans, déjà, en juin 2011, Ornella Guyet nous sommait de« supprimer le partenariat qui vous lie à BRN ». Et pour quelles raisons, déjà ?



« Dans son comité de rédaction figure Laurent Dauré, membre de l’UPR - un groupuscule souverainiste situé très à droite sur l’échiquier politique. Vous ne pouvez donc pas, en toute décence, travailler en confiance avec une revue animée par un tel personnage.

Par ailleurs, je vous signale qu’on trouve aussi dans l’équipe de cette revue Bruno Drewsky, un ami du négationniste Claude Karnoouh, qu’il publie régulièrement dans sa revue La Pensée libre (la plus récente remonte à janvier 2011) :http://lapenseelibre.fr/contenudesn...


Le même Drewsky a donné en 2009 une interview à Rebellion, organe d’un groupuscule d’extrême droite toulousain qui est une émanation du Parti national-bolchevique russe en France et est distribué par la maison d’édition d’Alain Soral :http://rebellion.hautetfort.com/arc...
Je demande donc à ce qu’une mesure de rétorsion immédiate soit prise par Fakir à l’encontre de BRN et le partenariat qui vous lie à cette revue supprimé.

O. »

Nous avions repoussé cette mise à l’index :

« Chère Ornella,


La citation est notre arme préférée, à Fakir - comme dans bien d’autres publications de médias-critique et de critiques des médias qui nous ont précédés.


Pour me convaincre de ne pas publier quelques brèves de BRN, un argument primera donc : qu’à partir de citations, tu démontres leur appartenance ou leur proximité avec l’extrême droite. Pour l’instant, sans adhérer à tout leur contenu, ce qui m’intéresse dans BRN – et ce qui, je pense, peut intéresser les lecteurs de Fakir – ce sont leurs citations, justement, des commissaires européens, des parlementaires, de Business Europe, etc.
Pour me convaincre, là, tu me dis que Bruno Drewski (que je n’ai jamais rencontré collabore à BRN – ce qui suffirait à disqualifier la revue. Mais qu’a donc dit ou écrit Bruno Drewski de si scandaleux ? Tu ne m’apportes, sur ce point, aucune citation. A la place, tu me dis qu’il a accordé une interviou à Rebellion (que je ne connais pas). J’ai lu l’interview : sans être, encore une fois, en accord avec tout, je ne vois absolument pas dans ses propos de quoi discréditer un homme. Ça me paraît même de plutôt bonne tenue. Tout comme son Que sais-je, sur la Biélorussie (que j’ai lu).


Pour me convaincre encore, tu me dis que Bruno Drewski publie avec le négationniste Claude Karnouh sur le site La Pensée libre. J’ai circulé sur ce site et, à première vue, très rapidement, je n’ai rien aperçu de cette nature. Bien que, en toute sincérité, ce compagnonnage me trouble.


De même, pour dénoncer l’UPR et François Asselineau (mouvement que je méconnais : je ne suis franchement pas un spécialiste de toute cette mouvance), dans ton article, tu ne fais pas une seule citation, démontrant qu’ils seraient bel et bien « ultra-nationalistes », « fascistes », etc.


Pour me convaincre, et pour convaincre tous les hommes de bonne volonté (qui existent), mieux vaudrait, à mon sens, en revenir à cette arme majeure : la citation. L’analyse. Les preuves, comme disait Jaurès.
Quant à un futur éventuel oukase sur Fakir, j’aimerais qu’il s’établisse sur des bases claires : qu’avons-nous publié qui le mérite ? »

Cette réponse, je l’avais également transmise à Pierre Lévy, le directeur de BRN. Pour l’avertir que, bien sûr, nous romprions notre partenariat au moindre propos en faveur, par exemple, du Front National. Mais notre vigilante « antifasciste » ne nous a, en retour, pas adressés la moindre citation – et n’en continue pas moins de récidiver, usant sans la moindre preuve de l’accusation – extrêmement grave – de « négationniste ».



(6) Le maton sympa



Dans un dossier consacré à la maison d’arrêt d’Amiens, en 2003, nous avons, en effet, consacré un portrait à Luc Rody, gardien de prison, habitant juste derrière, et délégué CGT : « À la réunion d’arrivants, témoignait-il, on leur raconte des histoires : “ Avec la Mission locale, on va vous aider à trouver du boulot, un logement, une formation… ”, mais c’est faux. On promet, on promet énormément, mais on ne fait rien. Alors, le gars a la haine. La nuit, j’en surprends beaucoup qui pleurent, même si ça joue aux hommes…


- La prison compte combien de travailleurs sociaux ?


- Six. Six pour plus de six cents prisonniers. Comment ils peuvent faire ? comment ils régleraient des difficultés de santé, de famille ? Certains détenus, ils ne les voient qu’une fois en deux ans ! Pour la sortie, ils ne peuvent même plus payer un billet de train, même pas donner un ticket repas, on grignote sur tous les budgets. Alors, dehors, les gars retournent à la rue, limite clochards… J’en croise, souvent : “Alors, tu as décroché un job ? – Non. – Qu’est-ce que tu vas faire ? – Je vais remonter bientôt.” La vérité, c’est qu’on fait de la répression, mais à côté, rien n’existe. Le vide. On n’a même pas le plaisir de se dire ‘on fait un métier utile’, même pas, parce que derrière, la réinsertion, c’est du bidon… »


Voilà qui, apparemment, ne mérite pas d’être entendu. Et constitue un grave « dérapage », une « apologie des matons humanistes ».



(7) Les douaniers



Notre antifasciste qualifie de « dérapage », à nouveau, notre« apologie » des « superflics que sont les douaniers ». C’est en-deçà de la vérité, pour une fois : car c’est avec constance que nous dérapons !


« Vive les douaniers ! » proclamions-nous en Une de notre numéro 57. Un titre que je reprenais pour un chapitre de mon ouvrage, Leur grande Trouille. Et la même déclaration nous sert encore, cet été, pour notre T’chio Rouge et Vert : « Contre le libre-échange, vive les douaniers ! »


Réclamer une transformation de la douane, exiger qu’elle s’occupe moins des clandestins – à vrai dire plus du tout – mais davantage d’entraver la circulation des capitaux et des marchandises, voilà qui, bizarrement, est douteux. Tend vers le fascisme.





(8) Maurice Allais



Depuis son virage protectionniste, au début des années 90, Maurice Allais était privé de médias. Au printemps 2009, Fakir sera le seul journal à avoir publié un entretien avec le seul prix Nobel d’Économie – ou plus exactement : le prix de la banque de Suède d’économie. Doit-on tenir cela, franchement, pour une honte ?
Et pourquoi le qualifier de « larouchiste » ? Parce que, après la chute de Lehman Brother, Maurice Allais a signé une lettre soutenant l’appel de Lyndon Larouche – le Cheminade américain – pour le« sauvetage de l’économie mondiale ».


Mais signer une lettre, une fois, sur un thème précis, suffit-il à faire de vous un « larouchiste » dans l’âme ? Et à discréditer tout propos qui sort de votre bouche, ou de votre plume ? Fût-il de bon sens :« L’histoire n’est pas écrite, concluait pour nous Maurice Allais, et je ne vois dans ce processus mondialiste aucune fatalité. C’est en fait de l’évolution des opinions publiques, c’est du poids relatif des forces politiques, que dépendent les changements de politique réalistes qui nous sauveront du désastre et détermineront notre avenir.


Et si j’insiste sur le “-isme”, c’est que je dresse un parallèle. Les perversions du socialisme ont entraîné l’effondrement des sociétés de l’Est. Mais les perversions laissez-fairistes mènent à l’effondrement des sociétés occidentales.


En réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne connaît qu’un seul critère, “l’argent”. Elle n’a qu’un seul culte, “l’argent”. Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même. »





Mise au point : Pour un cordon sanitaire



Je le disais à Étienne Chouard, je le répète ici : je suis partisan d’un cordon sanitaire avec l’extrême-droite. On ne joue pas avec le feu, on ne fait pas mumuse avec les héritiers de Doriot et Déat, même relookés et souriants.


C’est d’autant plus impératif pour Fakir – et pour d’autres intellectuels de gauche, Lordon, Todd, Sapir, etc. – que, avouons-le, nous partageons des analyses avec le Front National : sur l’Europe et la mondialisation.


Circonstance aggravante, nous sommes prêts à recourir à quelques outils communs : protectionnisme, sortie de l’euro, cadre national.


Raison de plus, alors, pour ne pas se mélanger, et pour rappeler que les fins poursuivies sont aux antipodes : à nous l’émancipation sociale (avec, notamment, une réduction et un partage du temps de travail), la justice fiscale (relèvement des impôts sur les sociétés, ainsi que des taxes sur les hauts revenus), la transformation environnementale (tout est à revoir, ici, des transports à la production). Autant de thématiques qui ne figurent pas dans le fonds de commerce des Le Pen and co.

Le combat contre le FN n’est clairement pas la raison d’être de Fakir.
Ou alors, indirectement.


Notre ADN, depuis la naissance du journal en 1999, c’est une attention portée aux classes populaires, à leurs conditions d’existence, et en particulier à ce fléau qui les lamine depuis trois décennies : le chômage. Rédigeant ce journal depuis Amiens, nous avons assisté à des délocalisations en série, des lave-linge (Whirlpool), des canapés (Parisot), des pneus (Goodyear), et même des chips (Flodor) ! Voilà le meilleur carburant pour un vote de désespoir – et nous voyons lentement la Picardie, « première région ouvrière de France » (d’après le Figaro), terre jacobine durant la Révolution, à la tradition rouge dans bien des coins, nous la voyons glisser lentement au Front National. Alors, rouvrir l’espoir, rassurer un peu sur l’avenir, nous paraît plus utile que de dessiner des moustaches d’Hitler à la Marine, que de crier « F comme fasciste, N comme nazi ». L’un, il est vrai, n’empêchant pas l’autre.



Mais comme nous y sommes peu attentifs, justement, nous avons besoin de vigies. Des guetteurs, qui examinent la nouvelle rhétorique du FN, qui veillent sur ses clubs de pensée, qui informent sur ses stratégies de récupération. Et qui nous avertissent, à l’occasion : « Attention, là, faites gaffe ! Terrain miné ! »


Les antifascistes que nous citons ici, largement repris sur le web, qui nous fustigent, ne remplissent pas ce rôle.


Ou fort mal.


Ils s’avèrent même, de notre point de vue, contre-productifs.

À force de crier « au loup », qui croira qu’il existe encore un loup ? Comment puis-je lire avec sérieux, maintenant, un auteur qui trace un trait d’union entre Pierre Carles et Dieudonné ? des sites qui font un petit paquet avec Frédéric Lordon, Hervé Kempf ou moi-même, et vous classent tout ça allègrement dans le « rouge-vert-brun » ? Et pourtant, en ces temps politiquement troublés, brouillés, ce serait une nécessité : des lanceurs d’alerte en qui, sur ce terrain, nous ayons confiance. Mais il y a, chez ces « antifas », une telle joie de la calomnie, un tel bonheur d’avoir découvert une tâche – quitte à l’inventer, avec malhonnêteté.


À la moindre incartade, avérée ou fantasmée, les voilà qui traitent des camarades d’hier en quasi-ennemis. Un vague courriel privé fut-il, par exemple, adressé à Hervé Kempf, avant que ne soit publiquement pointé le « confusionnisme » de son site Reporterre, parce que le communiqué d’un « micro-parti fascisant » - la Dissidence française - se serait égaré dessus ?

Le risque, aussi, c’est de créer des Dieudonné en série. Car qu’était cet humoriste ? Une outre politiquement vide et qui, prétendant s’engager, pouvait se remplir de n’importe quoi. Je me souviens de son passage, au journal télévisé de France 2 en 1997, alors qu’il se présentait aux élections législatives à Dreux. C’était gentiment démago de gauche, il se voulait l’héritier de Coluche, il rouvrirait les casernes pour les SDF. Et puis il y eut ce sketch chez Fogiel, pas drôle, mais non, pas antisémite, et le lendemain, le voilà lapidé en place publique, banni des peoples, et sans grand monde pour le défendre, sans personne pour lui ouvrir une porte de sortie. Il est resté avec ceux qui lui restaient, les pires. Et empirant chaque jour avec eux.


Voilà ce que produisent des mises à l’index hâtives.

J’ai gardé le plus grave pour la fin : la paresse de ces raisonnements, qui prolifèrent désormais à gauche. Il n’y a plus à argumenter et contre argumenter, à comprendre les forces à l’œuvre dans le peuple, à imaginer les chemins tortueux de la transformation, non : il suffit de vous amalgamer à des noms propres, supposés sales, « dieudonniste », « colloniste », « larouchiste », « Dupont-Aignan »,« Cheminade », pour que la vilénie vous couvre à votre tour.



Il suffit d’annoncer qu’Untel a débattu avec Machin qui a publié une préface pour Truc qui connaît bien Bidule, lui-même proche de l’extrême droite, pour qu’Untel soit compromis. Et il devient dès lors inutile d’écouter ses propos, de contester son point de vue avec des chiffres, des concepts, des comparaisons historiques.


C’est à un terrorisme de la pensée – et des fréquentations – qu’aspirent ces inquisiteurs : songer à un nouveau rôle pour les douaniers, réfléchir au cadre national, et même discuter avec un surveillant de prison, voilà qui relève de l’interdit. Et vous vaut, sans débat, d’ajouter votre patronyme à une liste noire, publiquement tenue.

Pareille malhonnêteté intellectuelle, même juste 10 %, vous vaudrait, à la fac, dans un parti, même dans la presse, un discrédit immédiat. Sauf qu’Internet bénéficie, en la matière, d’un régime d’exception.

Mais regardons ces anathèmes comme un signe, aussi.
Presque encourageant.


Pourquoi ces salves d’injures qui s’intensifient, sur Lordon, Todd, Sapir, etc., voire Mélenchon ? C’est qu’une controverse s’ouvre, à gauche, comme un clivage. Il a vécu, le consensus altermondialiste, ou alter-européiste, le temps où l’on se laissait bercer par un internationalisme angélique et impuissant. Face à la débâcle de l’Euro, aux dommages du libre-échange, l’offensive est lancée, et nous en sommes des artilleurs : « frontières », « souveraineté », ces mots ne nous sont plus tabous. Une réponse politique, concrète, réaliste, de masse, ne pourra plus demain, pensons-nous, se priver d’eux, s’interdire de les prononcer et de les repenser.



Cette bataille des idées, interne à notre camp, peut être, doit être menée en douceur, autant que possible, sans désir de heurter, de déchirer, de perdre des camarades en route : à quoi bon se brouiller, quand on se retrouvera côte à côte dans les grèves et les manifs ? Mais on comprend que ces avancées – de notre point de vue, ces reculades du leur – hérissent le poil de militants, libertaires par exemple, que ces vocables à eux seuls font gerber, et qu’ils nous renvoient, comme par réflexe, sans trop s’embarrasser de fioritures, à la guerre de 14 ou au fascisme.



No pasaran !


Nous ne cèderons pas à ces autoproclamés « antifas », sectaires, paranos, minoritaires, qui dénaturent l’antifascisme, le trahissent, qui en font la chose d’un clan, recroquevillé sur lui-même, excluant les hérétiques, gardiens d’une nouvelle pensée unique. Quand le véritable antifascisme, historique, généreux, né en 1934 avec les syndicats ouvriers et les partis de gauche, existant toujours mais avec moins de tumultes, doit retrouver les profondeurs du pays et embrasser tout le mouvement social.
Dont nous sommes.

PS : Fakir est si manifestement fasciste que, dans le dernier numéro en kiosques, nous consacrons quatre pages à une usine tunisienne (contre une relocalisation en France !), autant à un portrait de Kamel, deux pages et un livre au Résistant – et antifasciste de la première heure – Maurice Kriegel-Valrimont.


Source : Fakir