Sujet :

Le Hezbollah et le « fonctionnaire » Obama

Resistance
   Posté le 25-03-2013 à 23:15:24   




Le chef de la Maison blanche, en déplacement dernièrement en Israël et dans les territoires palestiniens, n’a pas épargné le Hezbollah, le « Parti de Dieu » libanais. Évacuant les questions syrienne et irakienne, Barack Obama a pointé du doigt le mouvement politico-religieux chiite dirigé par Hassan Nasrallah : « c’est une organisation terroriste et tous les États épris de justice devraient la considérer comme telle », a dit le président étasunien en rappelant au passage à l’Union européenne qu’elle ne l’avait pas inscrite sur sa liste noire des organisations considérées comme terroristes.

Le Hezbollah est considéré pourtant d’une toute autre manière par les Libanais. Après la poignée de main avec le général Aoun en 2005 et la victoire après trente-trois jours de combat contre Israël l’année suivante, l’organisation créée en réaction à l’invasion du Liban par les troupes de Tsahal en 1982 incarne aujourd’hui à elle seule la Résistance d’un peuple victorieux. Tant et si bien que lors des élections de 2009, l’Alliance du 8 mars, composée de Michel Aoun, d’Hassan Nasrallah et leurs alliés, décrochèrent 57 sièges sur 128. Un résultat historique qui a obligé le Président de la République Michel Sleiman et son Premier ministre Najib Mikati à former un nouveau gouvernement dans lequel figurent pour la première fois de l’histoire du Liban deux ministres du Hezbollah.

Dans la foulée de la victoire électorale, Hassan Nasrallah abandonna définitivement la volonté de mettre en œuvre la Révolution islamique et ouvrit ses rangs à tous les hommes de bonne volonté, fussent-ils non chiites. C’est un tournant pour le Parti de Dieu : d’organisation autonome, il devient un parti politique « libanisé ». Avec l’alliance interconfessionnelle voulue avec le général Aoun et la normalisation de la vie politique au Pays des Cèdres, le Hezbollah conserve ses armes mais adapte sa doctrine vis-à-vis d’Israël aux réalités du moment : la résistance contre le sionisme demeure un credo, mais les techniques d’approche diffèrent. Israël doit disparaître, mais pas au sens littéral du terme. La Palestine occupée ne doit plus quant à elle adopter une vision théocratique des institutions ; elle a l’obligation de reconnaître les droits fondamentaux des Palestiniens afin que le gouvernement puisse réunir des musulmans, des chrétiens et des juifs à travers une constitution multiconfessionnelle commune qui garantirait la paix civile. Le Liban en est un exemple concret.

Les propos de Barack Obama sont de facto infondés. Le président étasunien ignore manifestement l’histoire du Hezbollah. Pis, en utilisant à son encontre le mot « terroriste », il discrédite le consensus politique que connaît actuellement le Liban. La réponse du mouvement chiite ne s’est pas fait attendre : « la visite du Président étasunien en Palestine occupée couronne une période de collaboration avec l’entité sioniste et de soutien de ses politiques belliqueuses envers la Palestine, les Palestiniens et les peuples de la région », peut-on lire dans le communiqué qu’a fait le Hezbollah dans la nuit de jeudi à vendredi (21 au 22 mars, NDLR). « Obama veut que les Arabes acceptent un État strictement juif et s’engagent dans une phase de normalisation totale du conflit, alors qu’il ne s’est même pas intéressé aux droits fondamentaux et légitimes des Palestiniens, comme le retour des réfugiés, le statut de la ville de Jérusalem, l’arrêt de la colonisation, la judaïsation totale des lieux sacrés islamiques et chrétiens », continue le communiqué du mouvement chiite. « Obama est apparu comme un simple fonctionnaire de l’entité sioniste et non comme un dirigeant d’un État indépendant comme peuvent l’être les États-Unis. De plus, pour plaire à notre ennemi, il a conspué la résistance islamique et réclamé de la communauté internationale qu’elle place le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Les prises de position d’Obama confirment qu’il ne faut rien attendre des négociations et démontrent le bien-fondé de la résistance comme unique moyen pour garantir la rétablissement des droits des peuples et la protection de la liberté et de l’indépendance ».

Capitaine Martin

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